Paroles de Citoyens

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paroles de citoyens


Préambule Après “Sur le Vif”, “Remue méninges” et “Visions jeunes : carnet de balade”, “Paroles de citoyens” est la quatrième et dernière contribution du Conseil de développement à “Destinations 2030”, vaste réflexion lancée par la CARENE sur l’avenir de l’agglomération à l’horizon 2030. “Paroles de citoyens” comprend les contributions spécifiques des membres du Conseil de développement -représentants d’associations, d’organismes divers et citoyen(ne)s volontaires, à la démarche. Ces travaux révèlent la diversité et la richesse des points de vue et des compétences de la société civile. Ils sont donc, en sus et au-delà de l’expression collective du Conseil de développement, intéressants et importants. René Terrien, Président

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sommaire • Anémone CAILLON, citoyenne volontaire “Barquar, un réseau au fil de l’eau à travers la CARENE” • Anémone CAILLON, citoyenne volontaire “Le nouveau parc urbain de Saint-Nazaire, sur le toit de la base sous-marine” • Anatole DANTO, citoyen volontaire • Gilles Du Perray, Michel Calvez, UL CFE-CGC “Projetons-nous un jour de 2030” • Christophe RICHARD, citoyen volontaire • Daniel GARDAIS, citoyen volontaire “Faisons un rêve” • Jacques ROCHE, Monique DUBÉ pour la CFDT • Bernard DROUILLET, Andrée JOALLAND, Bernadette CHOUIN pour la CLCV (Consommation, Logement et Cadre de vie) • Jean-Marie IMBERT, personnalité qualifiée “17 janvier 2030 : Une journée de coopérations ordinaires” • Jean-Paul JUIN pour LAGRENE “Embarquement immédiat pour la CARENE Agricole de 2030” • Jean-Pierre CAILLON, Président Chantier Ecole, pour le Collectif du Bassin de Saint-Nazaire : “Vivre un bassin d’emploi aux activités qui permettent l’accès au travail du plus grand nombre” • Marcellin GOYET, personnalité qualifiée • René TERRIEN, Président, Conseil de développement de la CARENE • Sarah TRICHET-ALLAIRE, citoyenne volontaire “Agriculture et alimentation” • Sarah TRICHET-ALLAIRE, citoyenne volontaire “L’aménagement du territoire” • Sarah TRICHET-ALLAIRE, citoyenne volontaire “Vers du numérique libre” • Sarah TRICHET-ALLAIRE, citoyenne volontaire “Vers du numérique privatif” • Sophie FAŸ, citoyenne volontaire “Saint-Nazaire 2030, l’opportunité de l’avant-garde” • Sophie FAŸ et Sarah TRICHET-ALLAIRE, citoyennes volontaires “Petite enfance” • Sauvegarde et Protection de la Corniche Nazairienne et de son Environnement (SPCNE)

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Anémone CAILLON, citoyenne volontaire Le nouveau parc urbain de Saint-Nazaire, sur le toit de la base sous-marine Crédit illustration : Anémone Caillon et Sylvain Baudrier

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Anémone CAILLON, citoyenne volontaire Barquar, un réseau au fil de l’eau à travers la CARENE Crédit illustration : Anémone Caillon et Sylvain Baudrier

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Anatole DANTO, citoyen volontaire Ce document ne se veut en aucun cas exhaustif ; il représente une vision de l’agglomération nazairienne dans une vingtaine d’années, en présentant de nombreuses actions réalisables ou utopistes. Différents domaines seront abordés, d’autres laissés aux professionnels (finances, déchets non recyclables, etc.).

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la nature, les espaces naturels, et le secteur primaire

Les espaces naturels tiennent encore une grande place dans l’agglomération, et il est nécessaire de les protéger et de les mettre en valeur : - Les nombreux cours d’eau qui se jettent en Loire ou dans l’océan (Priory, Brivet, ruisseau de l’Écumière, ruisseaux de Villès, de Porcé, de Gavy ou du Prazillon, ...) ont été remis à l’air libre, dépollués, leurs berges ont été aménagées pour des promenades en mode doux (bancs, arbres d’essence locale, etc), en lien avec les associations de protection de la nature (LPO, SEPNB...). - Les rives du Brivet ont été aménagées jusqu’au pont de paille, idem pour les nombreux étangs de l’agglomération, en lien avec le PNRB. - Les espaces agricoles sont protégés de l’urbanisation, et la CARENE a engagé depuis longtemps des actions pour passer à 100% d’Agriculture Biologique sur son territoire. - Des ruches ont été installées sur les toits des bâtiments municipaux et communautaires. - Toutes les rues où cela est possible, des pistes cyclables à chaussée séparée sont installées ; ces rues sont plantées d’espèces locales et ombrageantes (chêne, platane, tilleul...). - Sur les terrains communautaires et municipaux non bâtis en zone urbaine ou périurbaine, des vergers ou des jardins ouvriers sont créés. - Enfin, de nombreuses éoliennes sont posées dans les zones industrielles (Espaces portuaires, chantiers, Brais...), car éloignées des habitations, et même sur les piles du pont de SaintNazaire. le secteur secondaire

& les industries navales et aéronautiques

Ce secteur est emblématique pour notre agglomération, sa protection paraît donc plus qu’évidente, à la vue des enjeux en présence : - Diversification de l’activité navale (développement de la filière off-shore, des grands ouvrages métalliques, retour vers les navires de marchandise). - Poursuite des recherches dans les matériaux composites. - Renforcement du pôle aéronautique à Cadréan. - Création d’un centre de recherche industrielle mêlant université, entreprises, et d’autres acteurs publics (GPMNSN, DGAC...), sur les rives du Brivet. les centres commerçants

& le secteur tertiaire

- Les polarités sont renforcées par l’installation d’épiceries solidaires dans chaque centre de quartier, d’île ou de village, où des places sont (ré)-aménagées, et des services publics de proximité installés (bibliothèques, centres médico-sociaux, postes, cabinets de santé). - Les cœurs de villes ont été entièrement refaits en lien avec les commerçants, et sont accessibles en transports en commun. Des enseignes indépendantes bénéficient d’aides à l’installation en centre-ville (pas de porte). 9 ¦ 94


- Les halles sont réaménagées pour devenir plus conviviales, un marché est créé le mercredi de 16h à 20h à St-Nazaire, le vendredi sur le même créneau à Pornichet, pour les actifs. Les petits marchés de quartier voient le droit de place des commerçants diminuer pour augmenter leur nombre. Enfin, en saison, un marché semi nocturne, pas alimentaire, est implanté deux soirs par semaine sur les remblais de Saint-Nazaire et Pornichet, avec des animations. A Saint-Joachim, un marché du terroir a lieu tous les samedis après-midi, en lien avec le PNRB. les loisirs, les festivités

& le sport

- La flagrante lacune de lieux de vie nocturne sur l’agglomération (excepté le quartier de la gare à Pornichet) a été résolue : un quartier de bars et restaurants a été fondé en remblayant les parties du DPM de l’avant-port entre les jetées et les môles, côté capitainerie, et côté usine élévatoire. Un service de nuit connecte l’ensemble des communes de l’agglomération à ces lieux festifs le week-end. - Des restaurants avec terrasses sont installés tout le long du front de mer, et sur les rives du Brivet (auberges et guinguettes). - Les équipements sportifs ont été refaits (ils produisent de l’énergie en excédent), et un complexe aquatique de qualité (solarium, jacuzzi, sauna, hammam, toboggans...) a été implanté sur la place du commando, avec vue sur mer. Les gymnases scolaires sont prêtés aux associations locales en dehors des heures de cours. - Des skates parcs ont été créés dans des zones arborées, avec un cadre propice aux déambulations familiales, et des parcours sportifs complètent l’aménagement des rives du réseau hydrographique. Entre le Petit-Maroc et Méan, le front de mer a été étendu grâce à un partenariat avec le port et les chantiers. la culture

- L’Université Inter Ages (UIA) bénéficie d’un bâtiment digne de ses fonctions d’enseignement, en plein centre. - Des musées sont créés : un musée municipal des beaux-arts regroupe les riches collections de la ville de Saint-Nazaire, un musée de la Brière et des zones humides est installé à Fédrun, le château de Porcé est restauré pour en faire un grand musée d’art contemporain (statues dans le parc descendant sur la mer, comme à Louisiana, au Danemark). Le collège lycée Saint-Louis a cédé gratuitement ses terrains à la ville, en échange d’un emplacement au Moulin du Pé (regroupement avec le lycée Sainte-Anne), et une délocalisation d’un musée national y est fondée (comme le Louvre-Lens ou le centre Pompidou-Metz). Enfin, la majeure partie des collections “maritimes “ du Muséum National d’Histoire Naturelle est installée à St-Nazaire, dans une antenne du musée, sur le site de l’école d’infirmière de Gavy. L’aspect architectural de ces musées sera évidemment de grande qualité.

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- Comme à Bergen, en Norvège, un grand centre culturel avec terrasses et scènes en plein air est construit au bord de la mer, plein sud, au Petit-Maroc. - Le site de Gavy est réutilisé pour une antenne d’Angers-Nantes Opéra, avec vue sur mer, et terrasses au soleil. la santé, les actions sociales

- Pour faire face au déficit de professionnels de santé et au vieillissement de la population, le site universitaire d’Heinlex et la Cité Sanitaire accueillent de nombreuses formations médicales et paramédicales : kinésithérapeutes, ergothérapeutes, manipulateurs en électroradiologie médicale, infirmières, aides-soignants, gérontologues, assistantes sociales, ostéopathes, etc. - Des maisons médicales et des centres médico-sociaux sont installés dans toutes les communes de l’agglomération, et les bâtiments d’école non usités sont utilisés pour des EHPAD. - Les actions sociales en faveur des populations sont multiples : logement, transport, ... les transports

- La gare de Saint-André-des-Eaux est ré ouverte, la voie ferrée vers le Croisic est mise à 2 voies. - Les anciennes voies ferrées de l’agglomération sont toutes réutilisées pour un réseau de trains périurbains : lignes vers Guérande, La Chapelle-des-Marais, Pontchâteau. Ces réouvertures permettent des liaisons TER plus lointaines : Vannes/Lorient/Quimper/Brest via la Roche-Bernard, Rennes via Pontchâteau, Châteaubriant/Segré/Le Mans via Besné... - Un tunnel ferroviaire relie désormais Donges à Paimboeuf, permettant des liaisons TER Saint-Nazaire/Pornic ou Saint-Nazaire/St-Gilles-Croix-de-Vie. - L’ensemble des gares de l’agglomération est connecté au réseau STRAN, des parkings relais et des garages à vélo gratuits y sont installés. - Des lignes intra-urbaines gratuites font des boucles entre gares et centres-villes. - Les lignes scolaires sont ouvertes à tous. l’éducation, l’enseignement supérieur

& la recherche

- Outre l’installation sus-citée des formations paramédicales et du centre de recherche industriel, de nombreuses formations en lien avec la mer sont créées. L’institut universitaire européen de la mer de Brest et l’institut universitaire de la mer et du littoral de Nantes se sont associés pour fonder un grand campus maritime à St-Nazaire, avec des équipes de recherche de l’IFREMER, du CNRS, de l’IRD, du SHOM, du CEDRE, etc. - Des écoles publiques supérieures sont délocalisées de Paris à St-Nazaire. - Des formations en lien avec les arts (école d’arts appliqués, école de design, école de vitraux...), l’environnement, ou l’architecture sont mises en place.

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l’urbanisme, l’architecture

& le patrimoine

- La mode des cubes est terminée, et comme dans les pays scandinaves, le bois et le verre sont au goût du jour, avec des bâtiments épurés, végétalisés. - Pour éviter l’étalement urbain, un partenariat entre la CARENE et les Chantiers a permis de construire plusieurs milliers de logements en structures métalliques, avec des bardages en bois, des panneaux solaires, etc... Ces modules sont installés sur les garages, nombreux dans les centres-villes et sur les bâtiments à toits plats. - Le petit patrimoine (écluses, moulins, croix, calvaires, fours à pain, lavoirs, calvaires, chaumières, corps de fermes, vestiges défensifs) est restauré et mis en valeur avec des associations (Aestuaria, fondation du patrimoine...). - Une convention avec la Direction Inter-régionale de la Mer Nord-Atlantique MancheOuest permet la restauration des ouvrages des Phares & Balises (phares, quai), et le baliseur Charles Babin est cédé à la ville comme musée flottant (en lien avec Escal’Atlantique). la carte à jouer de la carene

: l’eau

En 2030, la CARENE a tout misé sur l’eau et les zones humides. Le réseau hydrographique a vu ses berges mises en valeur, et dépolluées. L’industrie navale s’est diversifiée vers l’offshore, et la recherche sur les mondes marins est en pleine expansion. Des maisons sur pilotis ont été construites, positives en énergie, et les vasières attirent des ornithologues. Un pôle portuaire regroupant les acteurs publics maritimes (gendarmerie maritime, brigade nautique des douanes, grand port maritime, direction inter-régionale de la mer nordatlantique manche-ouest, délégation à la mer et au littoral de la direction départementale des territoires et de la mer, antenne du comité des pêches, pilotes de Loire, centre national de formation SNSM…) est installé dans un bâtiment sur pilotis, le long de la jetée Est, et son toit fait office de solarium d’où l’on peut admirer les couchés de soleil sur la baie de SaintNazaire. En parallèle, le ministère de la mer, créé récemment, est installé non pas à Paris, mais à Saint-Nazaire, à la place des citernes de Stock-Ouest (Ville-Halluard). La mer attire toujours plus de touristes, et un poste de secours estival est installé devant la Sous-préfecture. Escal’Atlantique a vu ses collections s’enrichir, et le musée s’est agrandi grâce à des structures construites aux chantiers. Les bassins de Saint-Nazaire accueillent des vieux voiliers. Le conservatoire du littoral et les associations de protection de la nature aident à la mise en valeur des sites naturels maritimes ou estuariens. Une ligne de bus relie Pornichet à Donges en longeant la mer puis la Loire, et la ligne de train entre Le Croisic et Savenay circule jusqu’à tard dans la nuit. Des bacs font la liaison entre Saint-Nazaire et Mindin, entre Donges et Paimboeuf, ou encore entre Le Migron et Cordemais. De nombreux restaurants avec vue sur mer ou sur les marais existent dans l’agglomération. Les bords de mer sont ponctués d’équipements publics de loisirs (piscine,

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solarium, skate-parc, terrain de football, boulodrome, comme au Havre). Au départ de Montoir, on peut partir vers Gijon, Lisbonne, Cadiz, Casablanca au sud, Dublin, Plymouth, Breme et Bergen au nord, tandis qu’au départ de Pornichet, on peut rejoindre Noirmoutier via Préfailles. La “Petite Californie Bretonne “ est devenue un havre tourné vers l’Océan Atlantique, l’estuaire de la Loire et les zones humides de Brière.

Source : www.geoportail.fr/

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Gilles Du Perray, Michel Calvez, UL CFE-CGC La vision que nous exposons de Saint-Nazaire en 2030 résulte d’une politique qui dans tous les domaines a recherché l’excellence. En conséquence la notoriété grandissante de l’agglomération a attiré de nouveaux venus et la ville a crû dans tous les domaines Projetons-nous un jour de 2030…

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industrie, tertiaire

1. La politique d’accueil et d’aide à la création a porté ses fruits. De nouvelles industries liées à l’énergie, aux composites, à l’électronique, au port, etc. ont permis de diversifier davantage le tissus industriel qui était trop dépendant de la navale et de l’aéronautique 2. Les plateaux tertiaires sont maintenant étendus tout au long du boulevard de Bougainville et sur des terrains achetés à RFF et à la SNCF. Placés en bordure de la ligne TGV, ces banques, sociétés médicales, d’ingénierie, d’informatique, de communication, etc. représentent une source de diversification importante. Plus de 2000 personnes y travaillent. 3. Le renforcement du pôle aéronautique, avec le concours de l’IRT Jules Vernes et la présence d’un nombre important de sous-traitants de rang 1, a récemment débouché sur l’installation de l’unité d’assemblage de l’A380HP (Hight Perform successeur d’ l’A380. Ce pôle est devenu le moteur industriel de la région. 4. L’activité historique de construction navale a évolué vers un pôle des systèmes de production d’énergie, à base des énergies marines, du vent et du soleil.

tourisme

5. Depuis plus de 10 ans, après un gros travail de communication, il est acquis dans les médias que Saint-Nazaire est en Bretagne et en 2030 la ville a encore été élue n°1 pour la qualité de vie. 6. Le “Front de mer “, baptisé “Promenade des Anglais et des Américains “, a réussi à conserver l’avance acquise dans les années 2010. Il se prolonge jusqu’au “Rocher du Lion “. Les restaurants nombreux, type resto de plage, y marchent bien. Ils retiennent les jeunes. L’été, on vient de la Baule dîner à Saint-Nazaire, surtout depuis que le “tram de la côte “ en site végétalisé, relie Pornichet à Saint-Nazaire. Ce Front de mer s’est enrichi d’un nouveau monument aux morts comportant les noms de tous les nazairiens morts pendant les guerres et conflits. 7. Tout du long du front de mer, les concours lancés par la ville ont permit l’érection de nombreuses œuvres d’art : statues de bronze, mobiles etc. qui attirent beaucoup de monde du à la notoriété des artistes exposés. Cette promenade est référencée dans le “Guide Vert “ de Michelin. 8. Sur la plage, à proximité des jeux d’enfants, un plagiste s’installe tous les étés, et pour faciliter les baignades, sur la plage, il y a un grand bassin de retenue d’eau de mer. 9. Le “Grand Mémorial des Guerres et de la Paix “, dans l’esprit du Mémorial de Caen a été inauguré il y a maintenant 8 ans. Il occupe l’emplacement des Affaires Maritimes,

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réinstallées sur la nouvelle Marina. De nombreux touristes notamment anglo-saxons visitent ce musée en mémoire des évènements militaires qui ont marqué la ville (Les américains en 1917, le Jean Bart, le Lancastria, l’Opération Chariot, la base sous marine, la poche de Saint-Nazaire) 10. La place du Commando a été entièrement restructurée, les façades de la reconstruction repensées. Sous des arcades on y trouve de nombreux bars, restaurants, ainsi que quelques boutiques spécialisées (bouquins, puces, antiquaires) 11. Le grand port de plaisance (Marina-Atlantique), installé dans le premier bassin et dans les alvéoles libérées de BSM, a une capacité de 500 places, et 400 autres bateaux sont stockés à sec sur les anciens emplacements industriels. Plus de 250 emplois directs et induits ont été crées. Et le restaurant panoramique installé sur la BSM a une étoile au Guide Rouge. 12. B ientôt le nouveau parc paysager va être inauguré, après d’importants travaux de réorganisation. Dans la démarche de la préservation des espèces en voie de disparition, et en partenariat avec l’Ecole Vétérinaire de Nantes et l’Association Française des parcs Zoologiques, un grand espace est réservé à l’élevage et la protection d’espèces mammifères rares. 13. La Brière est devenue une zone humide reconnue au niveau mondial. Les forêts de pylônes électriques ont été supprimées grâce à l’enfouissement des câbles et aux nouveaux champs éoliens offshore. La RN171 est maintenant en vert sur les cartes routières. La zone humide a été reconstituée jusqu’aux pieds de la gare avec un canal navigable qui donne aux voyageurs, arrivant par le New TGV, un premier aperçu de la Brière. 14. Avec l’ouverture du nouvel aéroport de NDL, le projet de Gare Maritime Internationale, s’est concrétisé et Saint-Nazaire est devenu un “hub “ important du Grand Ouest pour les croisiéristes de la façade Atlantique. Cette gare accueille aussi les nouvelles autoroutes de la mer qui relient les îles Britanniques et les ports de la Mer du Nord. urbanisme, société

15. Le transfert du développement dans les Zones portuaires Industrielles ou artisanales a permis de libérer de grandes étendues de terrains urbains. 16. Le développement économique ainsi qu’une politique de communication a permis d’attirer une nouvelle population qui ne souhaite plus habiter La Baule, permettant un nouveau mixage sociologique de l’agglomération. 17. Les besoins des jeunes sont bien pris en compte par l’installation d’un casino, de lieux festifs, avec des discothèques sans alcool, et de petits restos à la mode.

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18. Le “Paquebot “ petit centre commercial, a été démoli pour remettre en valeur le seul grand ensemble architectural de la reconstruction. Celui-ci a été rénové et bientôt cet ensemble sera classé, comme au Havre. L’emplacement libéré a été réaménagé avec jardins, fontaines et kiosques, à l’abri des vents dominants. 19. Le patrimoine architectural a été inventorié et l’un après l’autre les secteurs remarquables sont revalorisés par la ville: le marché et ses immeubles, le quartier du Jardin des plantes, Le Front de mer, l’avenue de la République et l’avenue de Gaulle, le chemin des douaniers, les parcs et jardins, les monuments religieux de la reconstruction, le marché et les bains-douches de Penhouët, la BSM, les écoles Jean Jaurès et Carnot, etc. 20. Grâce à l’augmentation de la population, le marché est maintenant ouvert tous les jours. 21. L es communautés d’agglomération CARENE et Cap Atlantique sont réunies. 22. D es poubelles sélectives, enterrées sur tout le territoire ont remplacé le ramassage des ordures ménagères. Le personnel de ce service est redéployé sur les nouveaux besoins. 23. A l’issue d’un grand concours d’architecte, les tours de Kerlédé on été transformées. Pas une ne dépasse 5 étages. Elles ont été réunies par des bâtiments en linéaire. En final il y a davantage de places qu’avant. Le centre commercial a été modernisé. 24. A ucune nouvelle construction ne dépasse la hauteur des arbres. 25. L’installation d’un système de vidéo surveillance a mis fin aux actes d’incivilité : encombrants, mégots, déchets canins, tags, tapages nocturnes, engins bruyants, vols etc. 26. Lors des opérations de réaménagement des anciens immeubles du centre avec les cours et les garages, on a proposé des appartements suffisamment grands, avec des terrasses pour compenser le désir de petits pavillons périurbain et faire venir les jeunes ménages au centre ville. 27. La population urbaine s’étant rajeunie, le problème de la garde des enfants a été réglé sur chacune des zones d’activité (industrielles, tertiaires et commerciales), par la mise en place d’autant de crèches interentreprises, ouvertes sur de grandes plages horaires. 28. Un grand programme de ravalement est maintenant obligatoire sur toute l’agglomération. Les façades de la reconstruction sont repeintes selon une palette de couleurs définie par les urbanistes. 29. Plusieurs maisons et résidences de personnes âgées se sont installées dans des bâtiments libérés par d’anciennes administrations

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commerce

30. La population de la ville étant passée de 68000 habitants à 80000 habitants, ceci a eu un effet induit et immédiat sur le commerce local. 31. Suite à la fermeture du Paquebot les commerçants ont été redéployés grâce à une politique d’accompagnement de la ville, dans le nouveau centre ville, 32. L a modification sociologique de la population a permis l’apparition de commerces nouveaux. (Mode, décoration, artistes, antiquaires, restaurateurs, brocanteurs, puces, etc.). Ce phénomène est soutenu par la tenue de la Biennale de Saint-Nazaire et la présence du Port de Plaisance.

transport

33. Un vaste réseau de pistes cyclables en site propre traverse la ville dans toutes les directions. Elles empruntent les coulées vertes : Saint-Nazaire - Saint Marc sur Mer par la côte, le Port le Nouveau Parc Paysager - L’Immaculée, et bien d’autres plus petites, ainsi que le périphérique vert (Trignac - Guindreff - l’Immaculée - Saint Marc). Ailleurs des aménagements urbains (tourne à droite, feux prioritaires) facilitent la circulation des vélos. La rue de la République est réservée aux cyclistes sur une voie. Un système de vélos électriques est proposé à la population. 34. La gare ferroviaire est intégrée au pôle tertiaire, avec des accès Nord et Sud et des parkings suffisants. 35. La nouvelle liaison rail, directe Saint Nazaire Redon, permet de récupérer les trains de Rennes, ou de rejoindre la ligne Quimper Nantes Bordeaux. 36. Les tarifs régionaux ferroviaires sont similaires à ceux pratiqués pour les Franciliens. Il n’y a plus de supplément TGV entre Nantes et Saint-Nazaire. 37. Le covoiturage a été élevé au niveau d’un véritable service public avec des “gares “ pour le parking des voitures et un système d’affichages des demandes en attente, sur les routes 38. De nouvelles lignes hélYce desservent maintenant les ZI, le port, les écoles, le Ruban Bleu et la première ligne a été prolongée jusqu’à La Baule. 39. On a pris en compte des besoins des automobilistes en créant des parkings décentralisés avec des navettes, l’automobile ayant continué à se développer avec les nouvelles technologies.

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culture

40. Suite à la mutualisation des moyens culturels des communes, la fréquentation des petits musées périphériques (Saint Joachim, Trignac, Montoir …) est en hausse (ticket unique) 41. L e patrimoine industriel de l’agglomération est préservé : grues, vieilles machines, bâtiments. 42. L a Grande biennale sur le thème Tintin, attire désormais antiquaires, artistes, et est la source de colloques et expositions. Des boutiques spécialisées ont vu le jour. 43. Un Musée National a été implanté au Petit Maroc, à l’emplacement des bâtiments des années 2010. Le fond de ce Musée est constitué de dépôts du Musée du Louvre et de la Marine. Ce Musée est centré sur le thème de la mer, mais accueille aussi des expositions temporaires. 44. Le Théâtre, inauguré en 2012, fait le plein, avec des représentations de qualité.

Sport 45. L ’année dernière, l’équipe de Rugby de Saint-Nazaire a gagné la coupe d’Europe en finale contre Cardiff, clôturant 15 années d’investissement dans cette discipline. 46. Les installations construites à SNZ en 2024 à l’occasion des Jeux Olympiques de Paris (centenaire des jeux de 1924), pour les sports nautiques et la boxe, sont pleinement utilisées par la population. 47. l’Insep de Fontainebleau a décentralisé à Saint-Nazaire sa division Mer et Voile 48. Des régates de bateaux se sont multipliées à la Baule, maintenant associée dans la même communauté d’agglomération, et dans l’Estuaire. santé, démographie

49. Avec l’installation de la Cité Sanitaire, et une volonté de management, SaintNazaire a acquis une notoriété dans un domaine pointu (ex : Médecine nucléaire, ou neurochirurgie ou médecine sportive) 50. On a enfin inversé le sens de déclin démographique de : la ville, le seuil de 80000 habitants a été fêté il y a 3 ans.

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education, formation

51. L’Université de Nantes a développé à Saint-Nazaire des spécialités d’avenir jusqu’au niveau Doctorat, en relation avec les pôles de compétences locaux (industriels, tertiaire, médicaux, logistique.) 52. P olytec a ouvert de nouvelles filières. 53. G râce à un partenariat Education Nationale et Entreprises locales, un important pôle de formation professionnelle s‘est ouvert et alimente en personnel les entreprises locales 54. L ’école Hôtelière Sainte-Anne s’est hissée au niveau des grandes écoles européennes (telle que Lausanne) 55. Science-Pô a ouvert à Gavy un troisième cycle de gestion. pêche et agriculture.

56. Les criées de La Turballe et du Croisic sont toujours en pleine activité.

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Christophe RICHARD, citoyen volontaire Ma contribution veut être le reflet d’une vision humaniste et pas seulement administrative de l’organisation du territoire en 2030. Elle a été conçue à l’aune de mon expérience vécue de terrain, d’une part comme habitant de cités HLM de quartiers populaires de Saint-Nazaire, d’autre part comme éducateur et travailleur social auprès de jeunes, d’adultes, de personnes handicapées et comme agent d’insertion par le travail ou le logement. Nantais d’origine, arrivé à Saint-Nazaire en 1980, j’ai habité cinq ans dans l’immeuble collectif bioclimatique et autogéré de la Bosse et j’habite depuis plus de 20 ans dans diverses cités HLM. Quand on a vécu et travaillé à la Bouletterie notamment, où j’ai créé, avec les habitants et à leur demande, une association d’entraide et de solidarité citoyenne, on connaît les difficultés des habitants mais aussi la richesse des relations de voisinage. J’ai pu mesurer les richesses de solidarité entre voisins, notamment envers les plus vulnérables et les plus démunis, les personnes handicapées. J’ai pu observer qu’il y avait malgré cela des personnes qui restaient isolées, comme il en existe dans le centre-ville de Saint -Nazaire. Quand on a pas vécu en HLM à Avalix, comme c’est mon cas, il est difficile de se rendre compte de l’importance pour un locataire d’entendre le chant des oiseaux qui gazouillent par milliers au lever du jour, d’un matin de printemps à six heures, avec une vue sur les espaces verts et les arbres des bois voisins. D’où l’importance de maintenir des espaces verts, notamment pour les personnes âgées qui ne quittent jamais leur logement. A propos des personnes isolées et démunies, j’ai eu la chance de conduire à Guérande, une mère de famille du quartier méconnu de la Richarderie, proche de la Bouletterie, qui n’avait pas de moyen de locomotion pour assister au conseil de classe de son fils au collège. Cette femme de 40 ans, déficiente intellectuelle, dont le mari était emprisonné pour acte de pédophilie -notamment sur son fils- n’avait jamais quitté la ville de Saint-Nazaire. Pourtant son mari avait une automobile, mais il s’en servait pour d’autres usages que transporter sa femme et ses enfants. Pendant le trajet, en circulant sur la route bleue à la hauteur de la zone de Brais, elle m’a déclaré : “comme c’est beau ici, j’aimerais bien venir y pique-niquer “. Lorsqu’on imagine la CARENE en 2030, et à l’urbanisation, il faut penser à ces personnes démunies ou isolées, -il en existe que j’ai rencontrées dans le centre-ville de Saint-Nazaire- qui ne quittent pas la ville, ne voyagent pas ou ne peuvent voyager. D’où l’importance des espaces verts et des espaces publics de rencontre et des dispositifs sociaux pour favoriser la convivialité entre les habitants. Je m’occupe bénévolement de plusieurs personnes handicapées en fauteuil. Savez-vous qu’il est impossible, quand on circule en fauteuil roulant manuel, de traverser en sécurité la route de la Côte d’amour aux feux de Kerlédé, par les passages protégés parce que le temps d’autorisation par signal lumineux est trop court ? Tout cela fonde ma contribution. 21 ¦ 94


urbanisme

En 2030, les principes de zonages de la Charte d’Athènes ne seront plus appliqués. Partout où ce sera possible, des entreprises de service ou des entreprises artisanales non gênantes pour le voisinage seront installées au milieu des logements et des commerces. De même, des logements seront créés dans les zones commerciales, en utilisant par exemple le toit des grandes surfaces. Les zones industrielles n’accueilleront que les entreprises qui ne sont pas compatibles avec des logements, pour des raisons de sécurité, de nuisance sonore ou olfactive par exemple. Pour préparer 2030, dans le but de créer une vie harmonieuse dans les villes de la CARENE, il faut dès à présent préempter des espaces publics pour y préserver une vie sociale. Il faut dans tous les quartiers de Saint-Nazaire et dans les quartiers des villes de la CARENE, créer des espaces de plein air adjacents à une salle commune, pour favoriser les rencontres entre les habitants, avec accès facile et protocole d’utilisation souple. Dans tous les lotissements de la CARENE seraient réalisés des cheminements piétonniers intérieurs et d’autres pour les liaisons avec les autres quartiers. Pour tous les lotissements à construire, il existerait une obligation de prévoir cet aménagement. Il faudrait sauvegarder le maximum d’espaces verts accessibles à tous dans tous les quartiers des villes de la CARENE. En matière de logement, il est indispensable de concilier à la fois les demandes de maisons individuelles et les exigences d’urbanisme, sachant que les surfaces urbanisables sont limitées dans toutes les communes de la CARENE. Dans toutes les villes de la CARENE, les terrains bâtissables sont en quantité limitée. De ce fait, il est indispensable de limiter l’étalement urbain. Il n’est pas possible que chacun des carèniens qui le souhaite puisse construire sa maison individuelle avec jardin privé. La solution que je préconise est de développer les logements collectifs, HLM ou privés, de deux ou trois ou quatre niveaux. Pour le logement social, on pourrait envisager la réhabilitation des maisons anciennes dans les communes rurales de la CARENE comme cela a déjà été fait. Toutes les communes doivent construire des petits collectifs HLM sans concentration excessive, des ensembles de 50 logements maximum, ceci, afin d’éviter les phénomènes de ghettoïsation. Depuis plusieurs décennies déjà, des carèniens ont choisi de vivre dans des bâtiments collectifs HLM ou privés. Pour ceux-là il s’agit d’un choix de vie en matière de mixité sociale, pour éviter que ne se retrouve en HLM que des personnes démunies, et en matière de développement durable, pour économiser les terrains disponibles. Les personnes concernées avaient les capacités financières de se faire construire une maison individuelle traditionnelle occupant beaucoup d’espace au sol, mais elles s’y sont refusées. Des citoyens propriétaires, comme ceux de l’immeuble La Bosse à Saint-Nazaire, dans une

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optique de vie alliant le logement individuel, la vie collective, le développement durable, la convivialité, et pour diminuer l’emprise au sol, ont choisi de réaliser ensemble, avec la collaboration d’un architecte et d’entreprises locales, un immeuble collectif bioclimatique. Celui-ci comprend des terrasses partagées et des salles communes ainsi que des jardins potagers individuels et une pelouse collective. Parallèlement à la construction de logements sociaux, pour le privé, la CARENE pourrait encourager ce type de construction sur trois niveaux pour économiser l’emprise au sol dans les différentes communes, favoriser les relations de voisinage et le mieux-être collectif. Pour le troisième âge, en 2030, les permis de construire ne seront accordés que pour les logements conçus de manière évolutive, pour permettre aux habitants de vieillir dans leur logement. Des crédits seront dégagés pour adapter les logements anciens pour les personnes vieillissantes. Ceci dans un but humanitaire mais aussi économique pour éviter les frais de construction de maisons de retraite. Tous les lotissements et les immeubles collectifs devront comporter une part de logement pour les personnes âgées afin de réaliser une véritable mixité sociale et intergénérationnelle. Pour les personnes handicapées, tous les immeubles collectifs, publics ou privés, devront comporter une proportion de logements adaptés. De la même manière, tous les lotissements devront comporter une part de maisons accessibles aux personnes en situation de handicap. Tous les immeubles d’habitation, les bâtiments publics, les trottoirs, l’organisation de la circulation seront organisés pour permettre aux personnes handicapées de circuler en toute sécurité. Dans toutes les communes de la CARENE, les “mètres carrés sociaux”, locaux qui permettent aux locataires et aux associations de se réunir seront rétablis.

centre ville

– ville port de saint-nazaire

Le centre-ville et le quartier ville-port ont besoin d’une animation qui ne soit pas uniquement commerciale Il faudrait, comme cela a été commencé, renouer les contacts de la ville avec son port. Dans cet esprit, une première nécessité, détruire la base sous-marine, “verrue “ très coûteuse en frais d’entretien à cause des dégradations dues au délabrement du béton. Ce bâtiment vieillit d’autant plus mal que des personnes ayant travaillé à sa construction ont déclaré publiquement qu’elles avaient saboté le béton par divers stratagèmes pour diminuer sa résistance. Cette verrue nous empêche d’avoir une belle vue sur l’estuaire depuis la place de l’Amérique latine, les boulevards de la Légion d’honneur et Paul Leferme. En 2030, cette base et tous les bâtiments industriels auront été rasés, dégageant la vue et des espaces

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propices à des animations festives, ludiques, gratuites de préférence mais aussi commerciales. Par exemple, pourquoi de pas envisager des jeux surdimensionnés favorisant les rapports conviviaux, comme le jeu d’échec géant en plein air de Montpellier ? Pour la mise en oeuvre, il existe des savoirs faire locaux en matière de bâchage avec des entreprises présentes sur le territoire de la CARENE, comme Technitoile à Trignac par exemple. On pourrait imaginer des bâches rétractables en cas de temps pluvieux ou venteux. Dans l’espace dégagé, on peut imaginer une esplanade qui prolongerait la place de l’Amérique latine, avec des commerces d’artisanat d’art, des bars à tapas, kebab, … autour d’un solarium. En 2030, on aurait résolu les problèmes d’utilisation des bassins par le grand port maritime. Il serait possible de les utiliser pour la plaisance car les anneaux de mouillage sont très recherchés dans la région. En complément, des bateaux de pêche effectueraient la vente de poissons et crustacés dans l’esprit de valoriser les productions locales et d’attirer les touristes. Parallèlement, l’espace dégagé par la base et les bâtiments industriels démolis permettrait à des groupes folkloriques ou des troupes de spectacles de rue de se produire. Tout cela contribuerait à l’animation de l’espace ville-port et de la ville. On peut facilement constater le pouvoir d’attraction des ports du Croisic, de la Turballe, du Pouliguen, de Pornichet et de Pornic. Pour l’animation et la mixité sociale, il faudra prévoir des animations de rue modernes, mais aussi des bals musettes, dont les anciens très nostalgiques sont demandeurs. saint-nazaire en brière, saint-nazaire port de brière

Notre ville fait partie des communes de Brière. Quand on fréquente Prézégat et les autres quartiers qui bordent la Brière-Cuneix, le Grand Marsac, le marais d’Ust, on mesure réellement le caractère briéron de Saint-Nazaire. En 2030, on aura valorisé le port du vivier en bordure de la route du vivier proche du centre équestre des Sabots d’or, qui donne accès aux canaux de Brière. En liaison avec le parc régional de Brière, des animateurs touristiques organiseront des sorties et des visites en chaland. Le public pourra aussi accéder aux canaux de Brière, dans le respect de l’environnement et des coutumes (périodes de nidification, périodes de chasse, pas de dépôts de déchets). Pourquoi ne pas utiliser le canal de la Belle Hautière, situé après Prézégat, qui rejoint le canal de Trignac, pour en faire une base de départ vers la Brière ? On pourrait aussi imaginer d’établir une jonction avec les bassins de Guindreff, si les pêcheurs à la ligne pensent que leur tranquillité ne sera pas trop affectée.

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Il serait également envisageable de creuser un canal qui permettrait de relier le pôle multimodal de la gare -en passant par la ZAC de Grandchamps, au Brivet et au port de Méan -en passant par Certé, car de petits étiers reliés au Brivet et à la Brière existent déjà. Nous avons constaté la présence d’écrevisses de Louisiane dans le cours d’eau de Grandchamps, donc une connexion avec la Brière. La ZAC de Grandchamps avec son plan d’eau pourrait servir de base de départ pour des chalands qui rejoindraient le Brivet et la Brière. Quand on a travaillé dans les travaux publics, on sait que le creusement d’un canal est techniquement et rapidement réalisable et pas très onéreux. Lors de la restitution du travail des élèves du lycée Aristide Briand, plusieurs groupes ont exprimé le souhait de créer un canal depuis Saint-Nazaire vers la Brière.

quartier moulin du pé

: saint-nazaire ville-phare de l’estuaire

Le quartier témoigne de l’existence d’un moulin dans le passé, et donc d’une butte, une surélévation de terrain, dans un environnement qui manque de relief, une ville à plat. On pourrait profiter de ce relief pour en donner un à la ville, donner de la hauteur et de l’élévation à Saint-Nazaire, en profitant de l’immeuble de l’hôpital qui sera désaffecté en juillet 2012. Il suffirait de garder une partie haute de l’immeuble ou bien de construire une tour avec terrasse panoramique dotée d’une table d’orientation et d’un restaurant, qui pourrait être celui du lycée hôtelier Sainte Anne tout proche, dont la réputation internationale n’est plus à faire. Ceci permettrait de prendre en compte les savoir-faire locaux. Comme ce lycée ne forme pas uniquement des cuisiniers mais aussi des serveurs et d’autres professions du social, il pourrait être joint dans la partie haute de cet immeuble, un espace branché de jeux vidéos, de jeux internet interactifs et un espace de jeux surdimensionnés. Ce lieu serait animé soit par les élèves du lycée Sainte Anne et des autres établissements du secteur social (LEP Heinlex) comme espace d’application, soit par une association des étudiants de Saint-Nazaire comme espace de rencontres. Pourquoi ne pas créer une junior entreprise ? On pourrait imaginer tout en haut de l’immeuble un phare qui signalerait Saint-Nazaire depuis le sillon de Bretagne. Quand on roule sur la voie express Nantes-Brest, on aperçoit à l’horizon le portique des chantiers navals et le pont de Saint-Nazaire. Un signal lumineux, comme ces faisceaux lasers qui attirent dans la nuit le regard des automobilistes pour indiquer l’emplacement d’un dancing. Ce phare dans la nuit pourrait inciter les touristes et les gens de passage à faire un détour par Saint-Nazaire. Ce phare pourrait également être repérable depuis la mer afin d’inviter les plaisanciers qui font de la navigation côtière à s’arrêter dans notre ville.

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On pourrait imaginer d’équiper de signaux lumineux passifs, de diodes LED par exemple, tous les points élevés de l’estuaire et de la Brière, comme les clochers des églises, les éoliennes de Saint-Père-en-Retz, les châteaux d’eau. Tous ces lieux seraient visibles la nuit, et peut-être de jour ; ils serviraient à se repérer de manière ludique, avec la féerie de la nuit. On pourrait dans cette perspective créer un réseau de faisceaux lumineux qui serait alimenté par un système éolien et photovoltaïque. Tout cela devrait se réaliser en tenant compte du bilan carbone.

transports

En 2030, toute la circulation dans la ville de Saint-Nazaire se ferait avec des moyens de transport doux pour favoriser les économies d’énergie, le développement durable et la faible production de carbone. Tout serait conçu pour favoriser la marche à pieds, donc des trottoirs dignes de ce nom comme au Pays-Bas, et des pistes cyclables comme dans les pays du nord de l’Europe. Pour les transports collectifs, en plus d’un réseau de bus électriques, on pourrait favoriser l’aspect ludique et exotique en créant un réseau de triporteurs à traction humaine (comme les pousse-pousse asiatiques), à traction animale (comme les chevaux de Zermatt), ou bien avec des moteurs électriques ou solaires. Toutes les villes de la CARENE seraient reliées par des pistes cyclables sécurisées et des sentiers de randonnée. Au niveau de la CARENE, la ligne de tramway ou le réseau de bus cadencés, électriques ou économes en énergie et le moins polluants possibles, seraient améliorés pour favoriser les transports en commun entre les différentes villes. Il faudrait prendre en compte les horaires de travail décalés des ouvriers qui travaillent en 2X8 ou 3X8, des employés de nettoyage, de restauration et de commerces. Pour Saint-Nazaire, afin de favoriser la circulation des piétons et la fréquentation des commerces, toutes les avenues commerçantes seraient équipées de stores rétractables qui seraient déployées en temps de pluie. La ligne rapide hélYce serait prolongée jusqu’au Pouliguen. Pour utiliser les ressources fluviales, des navettes électriques permettraient de relier directement Saint Brevin et Paimboeuf pour faciliter les liens avec le Sud Loire, désengorger le pont de Saint-Nazaire et redonner un cachet à l’Estuaire. Afin d’économiser l’énergie dans un objectif de développement durable, il faudrait favoriser le transport fluvial des matériaux et produits et encourager la batellerie. Le tourisme fluvial entre Nantes et Saint-Nazaire sera une partie importante de l’activité touristique locale. 26 ¦ 94


faire vivre l’agriculture locale, les produits locaux et les productions locales artisanales ou industrielles

Il s’agit de valoriser les productions locales pour favoriser les productions locales tout en agissant concrètement pour le développement durable au moyen d’économies d’énergie. En 2030, toutes les communes de la CARENE seraient engagées par une charte de consommation des produits locaux de l’agriculture et de la pêche pour les cantines scolaires et les restaurants d’entreprise. Ceci dans un souci écologique et moral, afin d’empêcher que les élèves ne consomment de l’ail d’Argentine, des pommes d’Italie ou des poires du Chili, des crevettes du Viet-nam, de la viande de Nouvelle- Zélande, par exemple qui sont une aberration écologique à cause des coûts de transport, alors que des producteurs locaux sont capables de fournir les produits demandés Pourquoi ne pas imaginer un label et un logo : “Produit dans la CARENE “ ? On pourrait innover en réalisant chaque année une foire commerciale, artisanale et industrielle de la CARENE, à l’inverse de la foire internationale de Nantes. Ne seraient présentées que les productions agricoles, artisanales, industrielles (principalement des TPE ou PME) des entrepreneurs locaux. Beaucoup de carèniens ignorent la richesse des producteurs locaux et des produits élaborés par les entreprises de la CARENE, qui ont parfois une envergure internationale comme Firadec par exemple. Il s’agit de valoriser les productions et les entreprises locales, pour créer ou maintenir des emplois dans le territoire de la CARENE, pour favoriser l’économie locale et pour participer au développement durable.

label social carene

En 2030, les entreprises qui le souhaitent pourraient bénéficier d’un label social de qualité en matière de conditions de travail, de respect des instances représentatives des personnels et des syndicats. Il existerait une charte engageant les syndicats de salariés comme les directions d’entreprise dans ce sens, pour un développement harmonieux de l’économie locale et pour favoriser la rentabilité en évitant le blocage des entreprises dans l’intérêt de tous. Il serait créer une Conseil Permanent de Coopération pour l’Emploi qui réunirait les citoyens volontaires pour aider les employeurs à trouver le personnel adéquat qu’ils ne trouvent pas quand ils passent des annonces et dont le manque nuit au développement des entreprises tout en augmentant le nombre de demandeurs d’emploi. Ce conseil travaillerait en concertation avec les instances de l’emploi existantes.

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social

La CARENE agit principalement dans le domaine des infrastructures et des dispositifs mais il ne faut pas oublier que l’urbanisme, l’encouragement à l’installation d’équipements collectifs, d’activités commerciales, artisanales, ou industrielles, ne suffisent pas. Les aménagements et les équipements collectifs, s’ils sont nécessaires, ne sont pas suffisants. La réhabilitation de quartiers comme dans le cadre de l’ANRU ne résoudra pas les problèmes d’exclusion, de mixité sociale, de mieux être des habitants et d’équilibre des villes, s’il n’est pas accompagné d’un volet social, d’un accompagnement social. Les observateurs l’ont bien remarqué lors des différents Projets Globaux de Développement de Saint-Nazaire (PGD) et les opérations de Développement Social de Quartiers (DSQ ), les importants travaux réalisés n’ont pas vraiment résisté aux dégradations, aux incivilités, aux attitudes anti-sociales et n’ont pas enrayé l’augmentation de la délinquance. Les petites communes de la CARENE comme la ville de Saint-Nazaire sont confrontées à la délinquance de désoeuvrement. Quand on a travaillé dans le domaine éducatif et social, en observant et agissant sur le terrain, on a pu constater que les bandes de jeunes des quartiers de Saint-Nazaire sont en relation avec celles des petites villes voisines comme Saint-Malo-de-Guersac ou Trignac. Les réseaux délinquants avaient mis en place l’intercommunalité avant les élus. Les chefs d’entreprises connaissent bien le problème, eux qui constatent le manque d’assiduité, de motivation, d’engagement dans le travail, chez beaucoup des jeunes qu’ils embauchent, eux qui se plaignent de ne pas trouver de jeunes sérieux alors qu’ils leur proposent des situations de travail correctes. Si des dispositifs d’accompagnement social ne sont pas mis en place, les infrastructures ne pourront pas fonctionner. Il existe déjà un Conseil Intercommunal de Prévention de la Délinquance. Il n’est pas avéré que son travail soit satisfaisant et suffisant. En 2030, pour harmoniser la vie sociale dans les villes de la CARENE, il existera un Conseil Intercommunal de la Vie Sociale qui sera un observatoire et une instance de proposition d’accompagnement des politiques d’urbanisme et économiques.

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Daniel GARDAIS, citoyen volontaire “Faisons un rêve”

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17 avril 2030 : visite de l’agglomération Mesdames et Messieurs, nous allons profiter de ce temps radieux pour vous faire visiter notre “écoloville “ qui a la particularité d’avoir fusionné dix communes tout en gardant les spécificités de chacune. L’agglomération s’est bien étendue et a su mettre en valeur ses espaces naturels. Vous pouvez remarquer au premier abord, un réseau de canaux reliant les différentes communes, canaux servant de voies de communication. Pour protéger la biodiversité des espaces naturels, les canaux ont été endigués, ce qui a permis la création de pistes cyclables. Nous allons emprunter un des nombreux “bus d’eau “ mis en place pour les déplacements sur ces canaux. Vous ne remarquez rien ? Et oui, il ne fait pas de bruit car il est électrique. Bien entendu, il y a aussi des particuliers qui utilisent ces canaux avec leur propre barque électrique pour leurs déplacements (travail et loisirs). Sur votre droite, vous remarquerez un ensemble de cultures sur pilotis créé par une association de maraîchers. Cette initiative intéressante évite le grignotage des espaces naturels et permet de répondre à une demande croissante en produits locaux, de la part d’une population qui a beaucoup augmenté ces dernières années. Regardez devant vous ce train de chalands qui, avec un seul poussoir électrique, permet le cheminement des marchandises depuis le port de Saint-Nazaire jusqu’aux différentes communes. Voilà un moyen bien plus écologique que l’utilisation de camions. A ce sujet, je tiens à vous préciser que plusieurs éoliennes en mer ou terrestres servent à alimenter des batteries spécialement pour ces poussoirs, sur un site à Saint-Nazaire. De même, il y a tout près d’ici des stations de recharge à énergie solaire pour véhicules électriques hybrides mis à disposition en libre-service. Nous allons maintenant nous intéresser aux bâtiments que nous voyons apparaître à l’entrée de cette commune. Voyez ce petit immeuble, qui date des années 90. Il a pourtant un petit air de nouveauté avec ses avancées vitrées. Ce sont, en fait, des modules préfabriqués, entièrement vitrés, qui ont été rajoutés en façade des appartements existants ; ces extensions, balcons et jardins d’hiver, régulent la température extérieure, inondent les espaces de lumière et permettent une diminution importante de la facture de chauffage . Vous devez savoir que depuis 2020 la réglementation française oblige la construction de bâtiments à énergie positive. Nous avons donc établi les constructions récentes près de bâtiments anciens de façon à fournir à ces derniers l’énergie manquante .

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Voyez maintenant ces maisons qui ont une particularité architecturale intéressante car elles tournent en fonction du soleil. Elles ont été conçues de manière à ce que les zones de vie soient toujours orientées vers le soleil, ce qui produit des économies d’énergie substantielles. Regardez ici, des lieux de convivialité ont été développés par des bénévoles pour encourager des échanges “entre voisins “ sur tout sujet intéressant la vie locale, et çà marche, même si les débuts ont été délicats ! Nous avons aussi de nombreux chemins piétons qui relient l’ensemble des communes. Ils sont très fréquentés par les familles et permettent la découverte des milieux naturels de l’agglomération. Maintenant, nous allons aborder auprès d’un quai où nous attendent quelques minibus qui ont la particularité de fonctionner avec une pile à combustible. Nous arrivons sur Saint-Nazaire et admirez ces immeubles avec leurs murs végétalisés qui amplifient “l’aspect vert “ de la ville. Remarquez comme la ville a su utiliser tous ses espaces de toits publics (écoles, administrations…) pour implanter des panneaux photovoltaïques et solaires. Ce furent les premières réalisations d’économie d’énergie réalisées par la ville. Je vais maintenant vous emmener voir des immeubles où chaque appartement possède balcons ou terrasses agencés pour avoir des potagers en carrés. Ceci donne à l’immeuble ce petit air de campagne au bord de mer qui fait la spécificité de Saint-Nazaire. Vous noterez également ces zones de “compostage citoyen “ situées en pied d’immeuble. Elles existent depuis de nombreuses années et permettent une réduction significative des déchets . J’attire aussi votre attention sur les éoliennes, dites urbaines, placées sur les toits des immeubles et dont le profil évite les nuisances sonores. Voyez ces rues verdoyantes aménagées il y a 20 ans grâce au réseau “hélYce “. Celui-ci est toujours l’axe central de la ville mais il fonctionne maintenant avec des moteurs à hydrogène. Regardez, sur votre gauche ! Cet homme roule en triporteur électrique mis à disposition en libre-service. C’est une initiative qui permet de transporter un volume plus conséquent que sur un vélo. C’est une utilisation qui monte en puissance et, d’ailleurs, on constate une diminution du nombre de voitures en ville. Je ne vous ai pas encore parlé des activités qui relient les différentes communes entre elles suivant un schéma de polarités complémentaires. Il y a plusieurs années, les communes, autour du “point de convergence Saint-Nazaire “, pouvaient être considérées un peu comme de petites cités dortoirs.

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Depuis, l’aménagement de chaque polarité s’est inscrit dans un objectif de service à tous les citoyens et il y a eu un redéploiement de l’activité économique et commerciale. Penchons nous un peu plus sur le cas de Saint-Nazaire qui a su conserver les grandes activités industrielles traditionnelles mais aussi développer de nouveaux centres d’intérêts grâce à un élargissement des actions universitaires et de formation. Une autre approche a aussi été innovée dans le cadre de zones d’activités que l’on a baptisées “Zones d’Activités Vertes (ZAV) “. Je vais vous présenter un peu plus longuement cette innovation. Ce sont des zones, gérées par la commune, en fait comme un service public. Les utilités (eau, gaz, électricité, vapeur, air comprimé) sont distribuées par la ZAV et par conséquent, en assure les équipements nécessaires et l’entretien. En complément de cette livraison “des utilités “ la ZAV assure la reprise des rejets (liquides, solides et gazeux) pour mutualiser les systèmes de traitement. Chaque entreprise utilise un “produit “ d’une entreprise voisine. Par exemple, si une usine a un rejet d’eau chaude potentiel, elle peut “livrer “ cette eau à un autre site voisin qui a besoin de chaleur. De même, si une société “produit “ des boues à mettre en décharge ou au mieux en compostage, il peut être possible de les transformer en emballage pour une autre société. Bon, ceci n’est pas l’objet de votre visite, mais la région a été très novatrice dans ce domaine. La liaison en bateau Saint-Nazaire - Nantes, mise en place il y a quelques années en complément de la navette ferroviaire, fonctionne bien. Elle permet le transport des marchandises et accueille également des touristes, ce qui a contribué au développement des petites communes sur les bords de Loire. Pour finir, tous les différents moyens d’échange que j’ai essayé de vous montrer, ont encore permis d’améliorer “le vivre ensemble “ de l’agglomération. En espérant que cette courte visite aura pu vous montrer l’intérêt d’en connaître plus, nous vous souhaitons un bon séjour dans notre “écoloville “.

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Jacques ROCHE, Monique DUBÉ, CFDT Bernard DROUILLET, Andrée JOALLAND, Bernadette CHOUIN, CLCV 33 ¦ 94


habitat et cadre de vie

Nous sommes en 2030. Maintenant, les constructions sous label “Haute Performance Energétique” et même “Très Haute Performance Energétique” répondent au souci environnemental et économique en énergie. Il y a eu suffisamment de constructions permettant un habitat de qualité à un coût plus modéré pour que tous trouvent un logement accessible financièrement. Ce rapport de force a obligé les investisseurs et propriétaires privés à proposer des tarifs accessibles par le plus grand nombre. Les éco-quartiers continuent à se développer et prévoient des chemins de traverse pour les piétons et les cyclistes. Une attention particulière est portée à la qualité urbaine et architecturale : bonne intégration sur le site, façades esthétiques, adaptation du bâti à l’évolution des usages et des modes d’habiter. Il y a bien eu une densification des constructions mais elles respectent l’intimité des voisins et leur qualité de vie (ensoleillement, nuisances sonores et visuelles). Elles favorisent aussi la mixité générationnelle et sociale, et des logements adaptés aux handicapés ont été prévus en nombre suffisant ainsi que des logements évolutifs pour permettre aux personnes âgées de continuer à vivre le plus longtemps possible dans leur environnement. Lorsque des modifications ou de nouveaux aménagements doivent être effectués dans un quartier, les riverains donnent leurs avis et même peuvent faire des propositions. Les immeubles construits le long des trottoirs sont bannis et sont construits quelques mètres en retrait, ce qui évite aux piétons de recevoir l’eau qui tombe des balcons (pluie ou arrosage). Cela permet aussi de favoriser le cadre de vie en rendant la ville plus agréable avec possibilité de plantes (vertes et fleuries). Une ville fleurie donne un environnement plus gai et plus agréable. D’autre part, les trottoirs sont bien accessibles aux piétons, aux handicapés ainsi qu’aux poussettes, les revêtements sont bien entretenus, les voitures ainsi que les crottes de chiens y sont proscrites. Les pistes cyclables sont bien matérialisées et bénéficient d’un revêtement de bonne qualité pour le confort des cyclistes. Comme moyen plus souple de locomotion et de déplacement, les trottinettes permettent de laisser la voiture au garage et sont moins encombrantes qu’une bicyclette

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des personnes âgées bien intégrées dans la ville, un habitat adapté au vieillissement.

Au fil des années, l’espérance de vie a progressé. Les seniors représentent une part importante de la population “carénienne”. Ils participent largement à la vie économique et socio-culturelle non seulement à travers leur consommation mais aussi par leur investissement dans les associations ou au niveau politique auprès des enfants, des jeunes, des personnes défavorisées ou des personnes âgées (entraide scolaire, coach sportif, transmission des savoirs dans les entreprises, formation, accompagnement, etc…). L’évolution de l’urbanisme a permis la construction de bâtiments respectueux de l’environnement, à taille humaine, favorisant la convivialité et la solidarité entre voisins. Tous les bâtiments répondent aux normes d’accessibilité et disposent à proximité d’allées piétonnes protégées, d’espaces verts, d’espaces conviviaux permettant la rencontre intergénérationnelle. Chaque “carénien” dispose, à proximité de son domicile, de services et commerces de première nécessité ; de même, il lui est possible de participer à la vie sociale, dans les nombreux clubs, associations ou Maisons de quartier. Sur St Nazaire, le pôle animation prévention pour les personnes âgées organise des animations décentralisées sur l’ensemble des quartiers. L’ensemble des logements collectifs construits depuis les années 2012/2015 selon les normes d’accessibilité en vigueur, est adaptable. Ils peuvent donc être modifiés facilement pour répondre à la perte éventuelle d’autonomie de leurs occupants. Des logements sociaux adaptés au vieillissement ont été mis en place par Silène, soit au gré des nouvelles réalisations, soit en adaptant des logements anciens occupés par des personnes âgées. Ils ont été disséminés sur l’ensemble du Parc Silène, en veillant au maintien de l’équilibre intergénérationnel. L’adaptation des logements individuels, plus anciens, occupés par des personnes âgées est encouragée. Des conseils techniques sont apportés gratuitement par les services de la CARENE. Les aides financières accordées aux personnes aux revenus modestes, permettent à tous de recourir à ces aménagements. Les personnes âgées en perte progressive d’autonomie peuvent donc trouver facilement une solution pour continuer à vivre à domicile. En fonction de leurs besoins, elles peuvent faire appel aux services d’aide ou de soins à domicile dont le mode d’intervention et les prestations dispensées par du personnel qualifié, ont évolué au cours du temps pour s’adapter aux diverses situations. La Loi sur la prise en charge de la perte d’autonomie adoptée en 2013, permet à tous de recourir à ces aides spécifiques qui bénéficient d’un financement public.

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Les personnes désorientées sont accueillies, au sein des EHPAD, dans des structures spécialisées avec un accompagnement spécifique et un environnement adapté qui privilégient leur maintien dans la vie sociale. Une structure spécifique d’hébergement temporaire accueille des personnes dépendantes pour permettre aux aidants, soit de disposer d’un temps de repos ou de partir en vacances l’esprit libre. Pour les personnes qui le souhaitent, des formules d’habitat intermédiaires ont été créées : - Résidences autogérées où domine l’esprit de solidarité : chaque personne dispose de son logement propre, avec lieux de rencontres et locaux communs. - Villages seniors : regroupement de quelques maisons individuelles bien intégrées dans la cité, avec accompagnement des résidants. - Résidence mixte avec une majorité de personnes âgées où domine le principe de l’entraide et de la solidarité. - De nombreux projets voient le jour impulsés par les personnes âgées elles-mêmes. Les foyers-logements ont évolué. Ils sont couplés avec une unité EHPAD (Etablissement d’Hébergement pour Personnes âgées dépendantes) ce qui permet aux résidants dont la perte d’autonomie a évolué, de passer dans un statut d’EHPAD sans changer de logement. La diversification de l’offre d’habitat intermédiaire a permis de limiter le développement de façon exponentielle des EHPAD. Malgré tout, ceux-ci restent une solution pour accueillir les personnes dépendantes. Ces établissements ont beaucoup évolué au fil du temps, notamment au niveau de l’architecture, de la surface des chambres, du cadre de vie et du souci de partenariat avec l’extérieur. Ils proposent tous des places d’accueil de jour.

“saint-nazaire a de l’énergie”, peut-on lire sur les d’informations aux quatre coins de la ville.

la région de panneaux

La ville, impactée par son industrie lourde notamment navale & aéronautique, certes, dépense de l’énergie de manière conséquente mais en contrepartie sait la récupérer & la démultiplier par une production offshore. La filière de production d’éoliennes, d’hydroliennes, d’houlomotrices est maintenant bien implantée dans le secteur. Cette nouvelle industrie créatrice d’entreprises & d’emplois a permis de sauvegarder le tissu industriel mis à mal par le déclin des commandes dans la navale dans les années 2015. L’implantation des champs d’éoliennes au large de nos côtes a été un tremplin au développement du tourisme. A l’instar de ce qui a été réalisé en Norvège au large de Stavanger, nous avons nous aussi implanté un complexe hotelier-musée-spa sur des plateformes attenantes aux éoliennes, des navettes desservent cette base ; nous avons su 36 ¦ 94


élaborer un nouveau genre de tourisme. La Rochelle était souvent citée en exemple pour son panel de véhicules propres, pour l’aménagement de ses voies destinées aux cyclistes & piétons. Nous n’avons plus à rougir devant l’avance prise à l’époque par cette agglomération. Notre réseau de bus sérieusement remanié a su évoluer, de nouvelles ramifications se sont ajoutées afin de créer un maillage optimisé. Pour parfaire la mobilité, les véhicules électriques sillonnent nos voies, des places de parking dédiées équipées de bornes rechargent ces voitures, scooters, gyropodes, vélos élect. en énergie. A noter une innovation pour les déplacements qui sont maintenant facilités par la location de “gyropode Segway” (transporteur personnel à deux roues parallèles autostabilisé à position debout & propulsion élect.). Les véhicules électriques ont la possibilité d’emprunter certains couloirs de bus ce qui favorise la fluidité du trafic. Ce qui frappe les touristes (maintenant nombreux depuis la rénovation de notre métropole & son image positive) observant nos bâtiments c’est l’aspect chatoyant des façades et des toitures rénovées. En effet les ravalements ont été refaits incluant une isolation extérieure, les couleurs vives réchauffent l’atmosphère un peu triste que dégageaient autrefois nos grandes artères. Les toitures imitation ardoise sont en fait recouvertes en photovoltaïque ; ces fausses ardoises fournissent de l’électricité réinjectée dans le réseau Edf ou concurrents. L’effort apporté à l’habitat donne non seulement un autre caractère à nos villes mais aussi contribue à diminuer notablement la facture énergétique de l’habitat. Il faut se rappeler que les prévisionnistes des années 2012 tablaient sur des coûts de l’énergie d’1/3 à 2/3 plus élevé pour 2030. Il faut se féliciter d’avoir su anticiper cet état de fait. Dans le même esprit d’économie d’énergie, certaines petites villes de la communauté de communes ont développé le chauffage collectif urbain. Ces unités de chauffage centralisées alimentent via un réseau de canalisations enterrées les diverses collectivités, administrations, piscines. Les combustibles employés sont de type renouvelable (roseaux, bois, granulés.).Les agriculteurs se sont fédérés & participent aux sources énergétiques des communes à savoir la collecte de lisier & autres déchets qui par fermentation produisent des gaz servant de combustible. Ainsi les communes gravitant autour de St Nazaire sont en partie autonomes face aux apports d’énergies. Ces options prises sont des gages de bons retours sur investissements. Certaines rues piétonnes sont équipées de trottoirs à restitution d’énergie, les piétons empruntant ces passages génèrent de l’électricité qui alimente les éclairages de proximité. Force est de constater que la “CARENE” a su en son temps anticiper la hausse galopante du coût de l’énergie ; aujourd’hui nous maîtrisons notre consommation électrique de manière satisfaisante & ce grâce à nos équipements, nos transports, nos aménagements high tech optimisés. Les options avant-gardistes retenues à une époque pas si lointaine nous donnent aujourd’hui raison dans nos choix. 37 ¦ 94


consommer autrement

2012 Lors d’un 1er conseil municipal d’Enfants, leur premier souhait : Les déchets de la cantine, pourquoi, “peut-on les réduire, les transformer, les composter” ? Ces enfants seront les citoyens de 2030. Voilà comment ils seront des consomm’acteurs 2030, des propositions, des rêves, mais plus que des souhaits, une réalité vers laquelle on doit aboutir, en devenant des usagers éclairés Consommer autrement La possession n’est pas une fin en soi. Une nouvelle pratique s’est développée : la consommation collaborative. Elle correspond donc au fait de prêter, louer, donner, échanger des objets. Sans véritablement s’en apercevoir, le consommateur privilégie maintenant, l’usage à la possession. L’enracinement dans le développement durable a obligé à innover, à faire des recherches pour protéger la planète et ses ressources, en consommant autrement. Aujourd’hui nous n’en sommes plus aux balbutiements, voilà les réalités d’aujourd’hui : - Une économie solidaire et équitable est en place. Les AMAP (association pour le maintien d’une agriculture paysanne) crée un lien direct entre paysans et consommateurs, elles font connaître leur terroir On mange mieux et c’est meilleur pour la santé, pour la planète, car les circuits courts sont privilégiés, le transport est réduit, le budget de la famille aussi, en consommant des produits frais et de saison, on retrouve le plaisir de faire soi-même ses repas. Les coopératives de producteurs ayant les mêmes objectifs se sont créées. Nous retrouvons également les circuits courts dans nos quartiers ou communes dans les marchés locaux. Les horaires sont en matinées, et beaucoup en soirées : 16 h à 20 h. Les consommateurs salariés apprécient ces horaires. Il y règne une autre ambiance de détente et de convivialité. - Les Ressourceries recyclent des objets voués à la déchetterie et leur donnent une 2ème vie. - Des systèmes permettent de transformer un produit en service (vélos, voitures en libreservice). - Les styles de vie collaboratifs regroupent des formules de partages (achat de logement groupé avec des parties communes. - Les jardins collectifs ou partagés se sont multipliés créant ainsi du lien social. - Location de matériel ou achat en copropriété dans les quartiers Avec la mutation des comportements, l’ hyper consommation a été rejetée.

l’eau L’eau est une ressource précieuse, indispensable à la vie. L’eau potable en France est la plus contrôlée d’Europe, la majorité des habitants boit l’eau du robinet. Son coût est en moyenne 130 fois moins cher que celui de l’eau en bouteille! Elle ne 38 ¦ 94


produit aucun déchet d’emballage et n’est pas transportée par camion. Nos gestes au quotidien ont eu une influence sur la consommation et ont permis de préserver la qualité des ressources naturelles de la planète, telle que l’eau. Nous avons réduit notre consommation de 30 %, par des gestes simples, chasse aux fuites … et en nous équipant d’économiseurs d’eau. L’eau de nos toilettes vient de nos lave-mains ou de la salle de bains…..Une récupération de chaleur est associée à ce recyclage dans l’habitat collectif. L’eau de pluie est collectée directement et stockée pour être utilisée pour laver les voitures, les trottoirs, et arroser les jardins et également pour les WC et les lave-linges. Des produits ménagers moins polluants, labellisés “NF environnement” ou biologiques se sont développés. Les entreprises, les collectivités appliquent les mêmes règles, elles sont pénalisées fortement, s’il est prouvé qu’elles polluent. Une nouvelle agriculture s’est mise en place en pratiquant les rotations de cultures diversifiées et en développant des cultures moins gourmandes en eau. Une agriculture plus écologique protège les nappes souterraines au lieu de les polluer ou de les surexploiter.

l’assainissement Il y a ceux qui sont reliés au tout à l’égout, mais avec 2 systèmes d’évacuation, l’un pour les eaux peu sales qui n’ont besoin que d’un traitement léger, l’autre pour les eaux noires qui demandent des traitements plus importants. Des mini-stations sont créées pour les hameaux non raccordés, on utilise des plantes pour épurer les eaux .Dans les grandes agglomérations, l’énergie des eaux usées est en partie récupérée.

les déchets Les communautés ont incité les citoyens à préserver leur environnement. Ces derniers se sont engagés dans une spirale de responsabilité citoyenne : tri + valorisation de ces déchets + compostage et retour au sol + consommation intelligente. Les administrations assument les responsabilités, environnementale, sociale, économique, choix des achats, pour une démarche de limitation. Nos cuisines sont toutes équipées de trois poubelles : la plus grande pour le tri en vue du recyclage, une 2ème pour les déchets organiques en vue du compostage, et une 3ème pour ce que l’on appelait autrefois : “les ordures ménagères”. 39 ¦ 94


les déchets valorisables Dès le projet de fabrication, afin de réduire le poids et le volume de leurs déchets, les entreprises sont contraintes de rechercher de nouvelles filières permettant une valorisation de ceux-ci, ou leur donner une 2ème vie. Les industriels finançant la totalité du recyclage et de l’élimination des déchets d’emballages, ont été incités fortement à en diminuer leur quantité. Le tri : la collecte sélective en porte à porte a permis à tous d’accroître l’efficacité du tri. Le verre est remis en apport volontaire dans les colonnes, on sépare le verre incolore et de couleur ; dans les circuits courts, la consigne est développée. Beaucoup de pots : yaourt, crème … sont en plastique recyclable et sont désormais valorisés. Les publicités en distribution systématique ne nous sont plus imposées. Les autocollants “STOP- PUB” fleurissaient, mais les citoyens se plaignaient de ne plus recevoir les journaux publics .Au sein de la région ou du département, une négociation a été engagée pour qu’ils puissent être distribués dans tous les foyers. Certaines revues et publicités, venant de nos collectivités ou de l’Etat, n’arrivent plus avec un suremballage plastique non dégradable .Désormais, seules les boîtes aux lettres qui disposent d’un autocollant : “j’accepte la pub,” reçoivent la publicité ; elles ne représentent plus que 20% du parc. Le compostage : En retirant de nos poubelles les déchets organiques, nous avons réduit leur poids de 25 à 30%, le compostage individuel a permis aux habitants possédant un jardin de le faire eux-mêmes, puis, aux pieds des immeubles, nous avons vu pousser, comme des champignons, des composteurs, souvent “tagués” joliment et avec poésie, ils s’appellent “coccinelle”, “fleurs des champs” ou même “vers de terre”… Ils ont créé du lien social, c’est un lieu de rencontre qui permet de se parler entre voisins. Le compost est utilisé pour enrichir les parterres des immeubles ou des jardins partagés. Les déchetteries : leur objectif 1er est de favoriser la valorisation au sein même de chacune d’elle .La collecte séparative des déchets (encombrants) se fait par secteur en porte à porte, suivant un rythme différent, puis vient également l’apport volontaire. Une équipe de Gardiens Valoristes aide les usagers à bien trier en faisant de la pédagogie. Elle permet de maximiser les recettes liées à la revente des matériaux récupérés. D’autres matériaux, en les préservant en bon état, rejoignent diverses ressourceries. Ces ressourceries ont signé une convention avec le service de gestion des déchets. Une nouvelle organisation de l’espace proposé de la déchetterie permet de satisfaire tous les usagers .Nous y retrouvons un nombre de casiers très divers et nombreux (plus de 20) permettant un tri très performant (ex : les vieux vélos, ou roues, se retrouvent ensemble, et suivant un rythme étudié, sont repris par une association de réinsertion, la revente de ces 40 ¦ 94


objets permet d’offrir, à faible prix, des biens aux personnes qui en ont besoin, puis en vente libre ensuite). La grande benne “Tout venant” a presque disparu. Elle est remplacée par de nouveaux casiers plus spécifiques. Une collecte des produits dangereux se fait à date régulière, en porte à porte, après appel téléphonique des consommateurs. Les communautés doivent continuer d’informer la population, sur toutes les possibilités, notamment en augmentant le nombre des ambassadeurs, qui peuvent intervenir sur les marchés, dans les centres commerciaux, les établissements scolaires …. Le déchet qui coûte le moins cher n’est-il pas celui qu’on ne produit pas ?

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Jean-Marie IMBERT, personnalité qualifiée “17 janvier 2030 : une journée de coopérations ordinaires”

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Un pâle soleil d’hiver éclaire le loft de Yannis, un appartement qu’il avait consciencieusement choisi sur les bords du Brivet. Cette réalisation incluant un centre multiservice ménageait pour chaque occupant une terrasse dégoulinante de verdure. Seul le chuintement des véhicules hybrides sur la voie express toute proche pouvait troubler le calme de cet ensemble résidentiel de l’écoquartier “Brivet est “. A peine réveillé, il tapote nonchalamment sur son vieil écran tactile de la cuisine maculé de traces suspectes. Qu’allait-il préparer pour son repas ? La réponse ne se fait guère attendre et un choix de menus s’affiche en fonction de ses résultats d’analyse de sang, des impératifs de souveraineté alimentaire à l’échelle du territoire de la CARENE et, depuis peu, le logiciel prend également en compte le boycott des produits à base d’huile de palme dont les monocultures continuent de fragiliser les petits paysans d’Indonésie ou encore la quantité précise de protéines animales journalières nécessaire à son organisme. Il faut dire que depuis 20 ans, c’est deux milliards de personnes supplémentaires à nourrir alors que tout le monde sait que la productivité ne progresse guère et les surfaces cultivables ne sont plus extensibles. Heureusement les produits agricoles ne font plus l’objet de spéculations effrénées de la part des fonds d’investissement des banques ou autres fonds de pensions. L’ONU et les ONG n’ont cessé de dénoncer ces pratiques depuis le début du 21ème siècle. Sur l’injonction de ses amis dongeois, Yannis avait participé, sans grande conviction d’ailleurs, à la première manifestation mondiale virtuelle et avait allumé sa diode solaire comme beaucoup d’autres habitants pour dénoncer les ravages de telles pratiques. Dans la nuit glaciale de ce mois de janvier 2019, toutes ces diodes scintillaient dans les rues. Le G 22 d’octobre 2021, sous la pression d’une opinion publique très motivée, a enfin réussi à imposer aux investisseurs de tous poils le code de bonne conduite salué par les pays de Sud. Ce résultat encourageant n’a pas fait pour autant de Yannis un militant. Il se consacre toutefois tous les jeudis aux échanges de services. Son expertise sur les modes alternatifs de bricolage à base de récupération de matériaux nobles (cuir, bois, cuivre …) est très apprécié. Ses réalisations confinent à des œuvres artistiques et il croule sous les propositions de services des bénéficiaires de ses conseils. Cet après midi notre artiste décore la pergola couverte de chaume de Yasmina, laquelle, pour sa part, lui a concocté un itinéraire dans l’espace de la CARENE en utilisant uniquement le vélo et les bateaux solaires. Elle connaît bien le subtil réseau de petits canaux irriguant même la partie nord de Saint-Nazaire et loue l’un de ces bateaux solaires aux touristes voire croisiéristes en escale. 17 heures, il est temps de prendre le bus à HNS qui le mènera en 10 minutes à une réunion du Conseil de développement de la CARENE. Habitant Trignac, il lui a semblé nécessaire de ne pas laisser aux seuls nazairiens la participation à ce débat citoyen. L’ordre du jour l’enthousiasme : la CARENE horizon 2050 !

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Jean-Paul JUIN, pour LAGRENE “Embarquement immédiat pour la carene agricole de 2030”

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saint nazaire, le

30 avril 2030

Il est bien loin le temps où l’agriculture de la région nazairienne était presque ignorée dans les politiques locales, finie et révolue cette époque des années 60 à 2006 où l’on taillait allègrement dans les espaces nourriciers pour “aménager” et “développer” sans se soucier de l’avenir. Aujourd’hui, une stricte protection des zones agricoles et naturelles à vocation alimentaire s’impose dans les grands documents d’orientation politique (Scot, agenda 21…). Il était temps ! Le travail engagé il y a 30 ans autour de l’agriculture a permis de jeter les bases d’une politique agricole locale nouvelle totalement refondée et relocalisée permettant ainsi le maintien et même l’accroissement du tissu agricole et rural. Production, transformation, vente ; le tout en lien avec les consommateurs et le commerce local sont devenues la base des pôles d’activité économique agricole “Careniens”.

1. un développement urbain harmonieux respectueux des espaces d’activité économique agricole C’est en 2020, à l’occasion du renouvellement de son schéma de secteur, que la CARENE a décidé d’inscrire la protection renforcée du dispositif PEAN* sur la totalité des 14 600 hectares utilisés pour les activités agricoles (dont 6 000 hectares en terres arables). Cet acte politique majeur place désormais la Communauté d’agglomération Nazairienne dans une position d’avant-garde pour la protection de l’agriculture périurbaine. Aucune spéculation foncière à destination urbaine ou de loisir n’est désormais possible sur le zonage PEAN. Depuis 10 ans, les projets agricoles fleurissent en toute sérénité sur ces espaces : - la consommation d’espace pour l’urbanisation ne se fait plus qu’en privilégiant le renouvellement et la densification, et aussi en réalisant les extensions urbaines prévues près des centres villes sur des espaces déjà dédiés à cela et largement suffisants pour envisager le développement de l’agglomération à long terme ; - l’étalement urbain est stoppé ainsi que le mitage de l’espace rural ; - S’ajoutant à l’outil foncier créé dans les années 2000 (plate forme foncière), un dispositif local d’acquisition foncière a vu le jour dans le but de renforcer l’outil PEAN. Les objectifs agricoles, économiques et démographiques, sont ainsi plus aisés à atteindre. Ce dispositif d’intervention foncière assure aussi un soutien à l’acquisition des terres pour les exploitants confrontés aux surcoûts de la multipropriété écrasante des espaces agricoles. Ces orientations fortes assurent un avenir plus durable aux exploitations existantes. Elles permettent aussi de reconquérir pour l’agriculture des espaces délaissés ou spéculés, notamment ceux des Gagneries de Brière autrefois en friches ou sous utilisés. Ces espaces ont fait l’objet de nombreuses installations en circuits courts.

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Les espaces agricoles sont maintenant considérés comme des espaces à protéger pour l’avenir, mais aussi comme des lieux dédiés à une activité économique agricole de proximité. *périmètre de protection et de mise en valeur des espaces agricoles et naturels périurbains.

2. une économie agricole de plus en plus liée avec la consommation locale. une économie agricole maintenue dans sa diversité Le territoire de la CARENE a toujours été riche d’initiatives et de créations collectives en matière de valorisation des circuits courts. Déjà, il y a 30 ans, les réseaux locaux de “vendeurs directs” étaient acteurs d’opérations de promotion et de communication de l’agriculture locale. Cette dynamique s’est aujourd’hui largement renforcée, surtout depuis la mise en place des 2 fameux “agro pôles CARENE” : Ouest “St André /L’Immaculée “ et Est “Bois Joubert/ Six Croix “). Ces 2 agro pôles sont devenus de grands espaces agricoles, équipés de magasins de producteurs de détail et de gros, d’unités de transformation des produits (légumeries, équipements d’abattage et de transformation pour les viandes locales, conserveries des produits de la terre et de la mer, biscuiteries boulangeries…), de salle de réunion/centre de formation. L’économie agricole a quasiment été relocalisée sur 2 décennies dans le but d’obtenir une meilleure valorisation économique des produits et de renforcer le lien social. Le coût de l’énergie lié aux déplacements a obligé les acteurs à réfléchir à l’organisation de la production, de la transformation et de la mise en marché locale. Quelques éléments du contexte actuel : - l’installation et création de nombreux projets en circuits courts (maraîchage, volailles, porcs, bovins, produits laitiers, arbres fruitiers, …) et aussi maintien des sites agricoles historiques en lien avec les pôles de transformation agricole locaux ; - l’agriculture biologique poussée par la “green-attitude “ occupe une place de choix dans le paysage agricole local et dans l’alimentation des consomm’acteurs ; - la marque Parc de Brière labellise aujourd’hui une forte proportion des productions agricoles locales en lien avec des outils de transformation locaux (viande bovine, maraîchage des gagneries de Brière, production laitière, apiculture, boissons, …). L’association Produire en Presqu’île de Guérande et de Saint Nazaire crée en 2012 s’est beaucoup développée. Les produits agricoles et les produits transformés ont bénéficiés d’une image qui a fortement augmenté la consommation par les consommateurs locaux dans tous les réseaux de distribution. Une partie de la production laitière est maintenant commercialisée localement comme le sont les autres productions agricoles : - l’extension et la création de 2 grands magasins de producteurs sur chacun des 2 agro pôles CARENE ;

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- le développement du e-commerce local de proximité autour des agro pôles. - la restauration collective locale (scolaires, entreprises, cité sanitaire, …) fait maintenant appel à tous les produits locaux, surtout depuis la mise en place d’une plate forme logistique d’approvisionnement et de préparation alimentaire. Cette plate forme couvrant les territoires de la CARENE, CAP Atlantique et du Parc de Brière, travaille localement avec les 2 “agropoles CARENE”. Elle permet de valoriser la proximité, la diversité et la saisonnalité des produits agricoles issus de la ferme CARENE. - la production et la fourniture d’énergie sont aussi devenues des activités économiques à part entière : roseau/bois énergie à partir du marais et du bocage Briéron pour alimenter des chaudières collectives, méthanisation à partir d’effluents d’élevage et de déchets d’industries agro-alimentaires locales et urbains ; - l’organisation tous les 3 ans “du Salon agricole en ville “ sur la Place “Joël Guy BATTEUX “ (ancienne place de l’Amérique Latine) obtient un franc succès auprès de la population. - des d’évènements culturels se déroulent sur des fermes de l’agglomération (spectacles, animations diverses, …) - l’accueil pédagogique des scolaires dans les fermes est intégré dans les programmes d’enseignement locaux par un module spécial lié au dernier agenda 21 de 2025. Le trait dominant est le maintien d’une dynamique agricole forte grâce à une diversité et à une complémentarité de tous les modes de productions, l’âge moyen des agriculteurs ayant baissé (recensement agricole de 2028), le renouvellement des générations agricoles est conforté.

3. des espaces agricoles périurbains

attractifs et faciles à vivre

L’agglomération Nazairienne reste un territoire qui fait cohabiter des espaces à vocations très marquées (grandes zones d’activités économiques et d’habitats, espaces agricoles et vastes espaces naturels protégés, le tout jouxtant ou étant inclus dans le PNRBEL : Parc Naturel Régional de Brière et de l’Estuaire de la Loire). En 2015, l’agglomération a lancé un plan décennal pour améliorer son image et son attractivité tant au niveau de l’environnement et des paysages qu’au niveau des relations sociales et du bien vivre ensemble entre populations. S’appuyant du management environnemental conduit sur le Parc d’activité de Brais/Pédras, la CARENE a généralisé la démarche à toutes les grandes zones d’activité économique. Le dispositif est maintenant bien rodé depuis 2018. Sous l’impulsion du Grand Port Nantes/ Saint-Nazaire et du nouveau Parc naturel régional de Brière et de l’Estuaire de la Loire créée en 2022, la zone industrielle Nord estuarienne de Montoir/Donges à St Nazaire s’est elle aussi engagée dans le système de management environnemental sur la base d’un plan d’action opérationnel. Le résultat : une qualité de l’air 47 ¦ 94


et une image locale en nette amélioration tout en maintenant une forte activité économique. L’interpénétration des espaces urbains et industriels avec les espaces agricoles faisait craindre à un accroissement des problèmes de voisinage et à un effritement des vocations de la part des jeunes pour reprendre les exploitations agricoles. La mise en place de plusieurs médiations de type “bien vivre ensemble “ à l’échelle des communes, autour des nouveaux lotissements et en lien avec les usagers historiques des espaces a fait naître une conscience des quartiers (maison et conseil de quartier). Ces démarches se sont traduites par des actions diverses et variées étant toutes de nature à faire progresser le respect mutuel, la compréhension et la citoyenneté. C’était le point noir des années 2000, 30 ans plus tard : c’est devenu un atout ! C’était en 2010 dans Ouest France !

Le travail mené depuis 30 ans par les générations successives d’agriculteurs, d’élus et de techniciens territoriaux a permis d’atténuer les soucis liés aux circulations d’engins agricoles sur le réseau routier de l’agglomération. Un plan des déplacements agricoles a été défini sur la CARENE en 2018. Dans chaque programme d’aménagement urbain, l’accessibilité aux activités agricoles est prise en compte. Des axes de circulation sécurisés et fluides pour les véhicules agricoles ont été mis en place au niveau des bourgs des communes de la CARENE.

4. l a proximité estuarienne et la zone humide: une fragilité, mais un atout local indéniable face au changement climatique

Le changement climatique annoncé a bien eu lieu, la sécheresse des années 2010 n’était que le début d’une période d’instabilité : une submersion marine, sans gros dégâts toutefois, a eu lieu en 2022 à la faveur d’effets conjugués (vents puissants, coefficients de marée élevés et très faible pression atmosphérique). Dès 2023, les autorités administratives et politiques

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ont mis en place un Plan de prévention des risques d’inondation afin de sécuriser les sites concernés : construction de digues en bordures de Loire, renforcement des écluses situées en aval des principaux exutoires des marais du Brivet. - les effets sur l’agriculture des terres hautes : Les pratiques agricoles ont dû s’adapter pour continuer à produire : pas d’orangeraies ni de bananeraies sur la CARENE en 2030, mais des cultures de printemps plus hasardeuses à cause de précipitations plus faibles. Bon nombre d’éleveurs ont donc été contraints de mettre en place davantage de cultures d’hiver, plus sécurisantes, pour assurer l’affouragement de leurs animaux. L’eau du bassin versant du Brivet est devenue un atout. Des stockages d’eau hivernaux ont été crées pour l’irrigation estivale dans le but de maintenir un niveau de production fourragère pérenne. Bénéficiant d’un climat plus doux, le maraîchage s’est développé à la faveur d’une forte demande locale en légumes. Quelques éleveurs ont diversifié leur activité avec une activité de légumes plein champs ou ont permis l’installation de jeunes maraîchers sur plusieurs hectares. - les effets sur l’agriculture de marais : La gestion hydraulique devient de plus en plus pointue, les conflits d’usages d’autrefois avec les activités de loisirs se sont effacés devant le nécessaire partage de la ressource entre les activités économiques agricoles : besoin en eau pour l’irrigation, avec de nouvelles technologie d’arrosage des terres hautes (cultures et maraîchage), et besoin d’un niveau d’eau pour l’activité traditionnelle d’élevage exercée dans le marais. Le marais indivis et privé est en totalité (il n’y a plus de zones de friches sur le marais) valorisé par les activités humaines : élevage, cultures, Roseau/ bois énergie, tourisme, …). La zone humide autrefois délaissée connaît aujourd’hui en 2030 une forte attractivité.

5. réflexion prospective : “notre territoire en 2050” Le Conseil de développement de la CARENE nous sollicite en ce moment sur une réflexion prospective en 2050, nous allons étudier cette demande en prenant en compte les changements radicaux en cours (climat, démographie, mutation de l’économie, …) et leurs impacts sur les activités humaines, l’agriculture va avoir un rôle politique central dans l’orientation de l’économie et de la stabilité du monde (alimentaire et économique, …) suite aux difficultés de sécurité alimentaire et leurs conséquences sociales déjà constatés…

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Jean-Pierre CAILLON, Président Chantier Ecole, pour le Collectif du Bassin de Saint-Nazaire : ACCES-REAGIS, APIE, ASC, La Banque Alimentaire, Envie 44, Fédération des Maisons de Quartiers, Geiq BTP, Insérim, Les restaurants du cœur.

“Vivre sur un bassin d’emploi aux activités diversifiées qui permettent l’accès au travail du plus grand nombre.”

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vivre sur un bassin d’emploi aux activités diversifiées qui permettent l’accès au travail du plus grand nombre.

La notion de sécurisation du parcours professionnel doit pour cela être un sujet de préoccupation permanente qui anticipe les évaluations du contexte local, régional, national, mondial et dépasser le mandat politique de cinq ans. Accidenté de la vie, victime de sous charge d’activité dans les grandes industries du bassin …De Multiples raisons conduisent aujourd’hui des personnes en situation de rupture. Ces phénomènes contribuent à déconstruire la cohésion sociale. Les acteurs de l’insertion par l’activité économique rassemblés en collectif proposent des pistes d’actions de réflexions d’aujourd’hui à 2030,

1. insertion et gouvernance Se doter d’une gouvernance locale cohérente qui mette en harmonie la politique nationale régionale et locale de l’insertion. Aujourd’hui, les acteurs qui portent des actions ou sont dans une perspective de développement pour répondre aux besoins du territoire sont confrontés aux incohérences des différents niveaux de décision. D’ores et déjà, une quinzaine de structures agissent et emploient plus de 400 salariés par an sur le territoire de la CARENE malgré l’incohérence de la gouvernance des politiques publiques en faveur de l’insertion. Cette situation est aujourd’hui intenable dans la durée et dessert l’intérêt général. Or, une cohérence d’action politique pour soutenir les projets en faveur de l’emploi, du social et de l’économique serait un formidable vecteur de dynamisation du tissu local. C’est un des principaux enjeux pour 2030 qui devrait donner tout son sens au concept de cohésion sociale aujourd’hui en danger. Des pistes de réflexions peuvent nous permettre dès aujourd’hui de construire de tendre vers cet idéal d’accès pour tous à un travail d’ici à 2030. Ce vœu reprend tout simplement les premiers articles de la convention des droits de l’homme, ou encore dit d’une autre façon reprend les trois concepts de notre république : Egalité, Liberté Fraternité

2. insertion / éducation Aujourd’hui l’éducation nationale veut répondre aux besoins de tous : accéder à la connaissance par l’école. Or, de nombreux élèves sortent très tôt du système scolaire sans préparation, sans perspective d’apprentissage à court terme. L’IAE, par son organisation du travail, qui conjugue accompagnement, formation et production, a fait la preuve qu’elle peut 51 ¦ 94


être une réponse à ce besoin crucial sur le territoire. Pourtant les passerelles entre le système éducatif et l’insertion par l’activité économique sont à construire, les lieux de rencontre sont à inventer.

3. insertion et handicap Deux types d’établissements sont très présents sur le bassin d’emploi de St Nazaire : les ESAT et les entreprises adaptées. Les structures de l’IAE accueillent également des personnes qui relèvent du handicap. L’économie locale a besoin de ces modèles économiques d’entreprenariat social pour faciliter l’accès au travail du plus grand nombre. L’entreprenariat classique a des contraintes économiques fortes qui autorisent à un très petit nombre de personnes qui relèvent du handicap d’accéder au travail. La loi, certes contraignante, est une étape. Les responsabilités des acteurs locaux, des élus, des partenaires sociaux…pour porter en action sur le territoire une politique ambitieuse en faveur du handicap permettra l’accès au travail du plus grand nombre.

4. clause sociale dans les marchés / achat responsable Engagée depuis plusieurs années dans le développement des clauses sociales, la CARENE a fait un bilan début 2012 de l’impact sur le territoire des clauses. Encore une fois, l’IAE pourra se développer si l’accès au marché est facilité par la loi et l’obligation de mettre dans les marchés un minimum de clauses. Ceci étant, ces obligations sont perçues par les entreprises très souvent comme des contraintes. Le dialogue avec le monde de l’entreprenariat classique est nécessaire pour dépasser l’effet de contrainte et construire des collaborations qui conjuguent obligation légale et engagement sociétal. Un lieu de consultation est à inventer entre les partenaires sociaux et l’entreprenariat social (IAE, ESAT, entreprises adaptées). L’objectif de 7 % des marchés publics diversifiés d’ici à 2030 est ambitieux et nécessaire dans une perspective de cohésion sociale.

5. insertion et jeunes Aujourd’hui, le taux de chômage des jeunes de moins de 25 ans reste très élevé, notamment pour les populations de niveau infra V. Or, cette population construit l’avenir de demain. Les entreprises locales peinent à recruter sur le territoire dans des métiers en tension (soudure, chaudronnerie….). Cette incohérence met la cohésion sociale à rude épreuve, aujourd’hui le secteur de l’IAE malgré l’effort certain qu’il fait pour accueillir ces jeunes peinent à répondre à la demande. Et pourtant ce secteur fait la preuve que le travail conjugué à de l’accompagnement, de la formation est pour nombre de ces jeunes un des moyens de se réconcilier avec la société. C’est un acte de prévention, de justice sociale ainsi, on active les principes de l’ordonnance de 45 (protection de l’enfance votée après la guerre). On évite 52 ¦ 94


alors l’encombrement des systèmes judiciaires et ses conséquences en amont et en aval. La problématique des seniors est aussi réelle, le secteur de l’IAE est également attentif à cette situation. D’un côté nous avons de très jeunes en rupture faute d’avoir acquis les connaissances pour aborder la société sereinement, de l’autre des séniors que la société met trop tôt sur les bancs de l’inutilité sociale. Le secteur de l’IAE ancré dans l’innovation sociale construit déjà ces passerelles entre génération, par son organisation du travail. Ce mouvement peut aujourd’hui être amplifié, étendu à l’économie locale et produit de la richesse et se mesure également en “coût évité”.

6. insertion / mobilité / logement Le secteur de l’IAE et de l’insertion en général est également très soucieux des politiques de mobilité et de logement. En effet, notre secteur dans le cadre d’un travail salarié peut accompagner, former les personnes accueillies. Mais si les personnes accèdent difficilement au logement, notre investissement reste vain. De la même façon, la préparation à la sortie de nos structures, les passerelles à construire avec le monde économique se concrétisent dans beaucoup de situation avec l’accès au permis de conduire. Il est urgent de repenser la mobilité, dans l’espace géographique. Nombre d’emploi à équivalence de salaire et de compétence sont occupé à Nantes pour des salariés habitants à St Nazaire et inversement. Est-ce une utopie d’imaginer un autre schéma de déplacement ? Un tram/train Nantes/St Nazaire peut sans doute répondre partiellement à cette problématique et pourquoi pas des échanges de postes. Le défi pour 2030 s’appuie sur les richesses et faiblesses de nos territoires, et nous avons volontairement mis en exergue ce qui pourrait permettre de relever ce défi sans détour avec notre histoire de plus de 20 années d’action. Nous avons la chance dans le bassin de Saint NAZAIRE d’avoir su dialoguer entre acteurs socio-économiques depuis plusieurs années. Pour cela, une gouvernance pour mettre en cohérence les politiques d’emploi, du social, du logement de l’économique s’impose pour enclencher une dynamique locale avec les acteurs de l’IAE et plus généralement de l’insertion qui sont aussi des contributeurs actifs à une cohésion sociale apaisée. Il en va de “l’engagement sociétal” de tous pour réussir “cette destination en 2030” dans un contexte de mutation économique, social et environnemental sans précédent. L’économie sociale et solidaire qui rassemble cet entreprenariat social sans but lucratif dans un objectif d’utilité sociale, vise à accompagner la transition sociétale en cours. Son développement est en marche et est porté par un mouvement citoyen, il est urgent de l’accompagner d’une cohérence politique.

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Marcellin GOYET, personnalité qualifiée

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lundi

7 mai 2030.

Cette nuit, j’ai fait un rêve. Hier, tous les êtres humains de la planète étaient appeler à voter pour donner leur accord sur un programme dont l’enjeu était ceci : et si tous les hommes et les femmes décidaient de vivre comme les Nazairiens ? (petit coin de France, au bord de l’Atlantique). Le programme affichait, qu’à Saint-Nazaire, il était possible de respirer un air pur vivifié par les embruns de l’Océan, qu’il était possible de manger à sa faim et de boire de l’eau dépourvue de nitrate, qu’il était possible, dans un cadre verdoyant, d’instruire adultes et enfants pour comprendre et répondre aux nouvelles technologies du monde, qu’il était possible de se baigner dans une mer transparente et non polluée. Le tout dans un cadre de vie paisible et fraternel. En êtes-vous d’accord ? Et au soir du 6 mai, à 20 h, les résultats indiquaient que le programme était plébiscité à 100% par les 8 milliards d’habitants qui peuplent cette planète. Alors, le lendemain, le défi se mit en marche dans toute la ville de Saint-Nazaire avec ses habitants qui voulaient aider et démontrer au reste du monde le bien-fondé de leur choix. Le port de Saint-Nazaire charge et décharge, jour et nuit, des marchandises qui repartent aux quatre coins du monde. Heureusement, le port s’était équipé dans les années 2000 d’un terminal méthanier dont la capacité de production fut doublée. Il en est de même pour la raffinerie de Donges, mais dans une proportion moins grande car, aujourd’hui, ce n’est pas comme dans les années 2010, les voitures roulent avec des batteries rechargeables. Pour cela, nous avons multiplié la longueur des quais et élargi les voies pénétrantes dans Saint-Nazaire. Avec zéro voiture à l’intérieur de la ville, la desserte des transports en commun est multipliée par quatre. Heureusement, la ville avait anticipé cette démarche dans les années 2010 avec son programme hélYce. Les transactions et les déplacements aux quatre coins de la planète imposent des moyens de transport aérien de fiabilité et de qualité ? Ça tombe bien ! La région ayant soutenu le programme aéronautique d’Airbus dans les années 2010, nous pouvons fabriquer suffisamment d’avions pour répondre à la demande. Les vacanciers désirent s’offrir des vacances dans les mers chaudes, et, pour la première fois, s’y rendre en paquebot. Là aussi, ça tombe bien ! Les chantiers de construction navale sont en possession d’un savoir-faire qui répond à leurs demandes. Alors, ces entreprises embauchent des milliers de jeunes et profitent du savoir-faire des plus anciens pour qui le spectre du chômage d’hier s’éloigne à jamais. Heureusement que les lycées, l’université et l’école d’ingénieurs de la ville forment, sur place, des hommes et des femmes à ces technologies du 21ème siècle.

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Toutes ces activités génèrent une consommation d’énergie sans précédent. Heureusement, la Ville et la Région s’étaient engagées dans les années 2010 dans un vaste programme éolien au large de nos côtes. Ce programme est amplifié avec des turbines marines qui fonctionnent jour et nuit au gré des marées en ne rejetant aucun CO2. Nous les fabriquons sur place, ce qui fait la curiosité des peuples en manque d’énergie marine. Toutes ces personnes qui travaillent à Saint-Nazaire veulent habiter sur le territoire de la CARENE. Heureusement, là aussi, la ville avait anticipé ce boum démographique dans les années 2010 avec des constructions de logements qui répondaient aux normes d’économie d’énergie. Il faut reconnaître que nous étions des précurseurs à l’époque. Nous avons juste à continuer le programme engagé puisque nous avons la maîtrise de ces constructions. Il en est de même pour l’utilisation de l’eau potable. Merci à la Ville qui, dans les années 2010, s’était équipée d’usines de traitements des eaux innovantes et performantes. Les habitants désirent des soins de proximité et de qualité. Là aussi, la ville s’étant enrichie dans la décennie 2010 d’un pôle de soins tout neuf, il suffit d’agrandir le programme initié à l’époque. Alors, pétri de bonheur de voir tous ces êtres humains vivre en harmonie, je me suis réveillé. Totalement anéanti par le contraste de ce rêve fou et la réalité, je suis allé raconter ce rêve à mon père qui fêtait ses 110 ans. Je lui ai demandé si ce rêve pouvait être fondé sur un espoir. Il m’a répondu qu’il était possible de passer du rêve à la réalité si c’était pour le bien des êtres humains à condition qu’ils aient l’envie farouche d’y arriver ensemble (et là, dans mon rêve ils l’avaient plébiscité à 100%, alors …). Papa avait connu les horreurs de la guerre et les bombardements de Saint-Nazaire. Alors il me dit “Regarde mon fils, aujourd’hui les plaies de la guerre sont cicatrisées, nous estimons et respectons nos ennemis d’hier et la ville de Saint-Nazaire est reconstruite. Alors si les humains ont réalisé aujourd’hui ce qui semblait impossible hier, pourquoi ton rêve ne deviendrait-il pas réalité ?”

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René TERRIEN, Président, Conseil de développement de la CARENE

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hiver

1970

Après 6 mois d’acclimatation dans une entreprise de la région parisienne, l’activité est décentralisée ZI de Brais. Nous arrivons à Saint-Nazaire et bénéficions d’un logement neuf à Kerlédé, quartier en totale (re) construction. C’est le début d’une nouvelle vie ! Saint-Nazaire n’est pas pour nous la destination rêvée. La vie en ville se termine à 18h, et est au rythme des Chantiers. Quand les Chantiers “s’enrhument” pour une baisse de charge, tout le bassin d’emploi est malade ! La vie culturelle est limitée : 3 cinémas commerciaux en ville avec séance unique à 21h, et un film par salle et par semaine : à la sortie de séance vers 23h, il est difficile de prendre un pot entre amis dans le centre !

printemps

2010

L’heure de la retraite a sonné. Nous vivons toujours dans le même quartier et avons décidé de rester à Saint-Nazaire, tout en nous étant posé des questions sur notre transfert à Nantes. Les plus l’emportent : nous avons été heureux de faire carrière, d’élever nos enfants, de participer à la vie citoyenne, associative et avons trouvé des lieux de réflexion qui nous valent de solides amitiés, avec les difficultés de la vie que chacun connaît. Nous en sommes arrivés à aimer vivre ici : que de l’ordinaire !

eté

2030

Nous vivons toujours ensemble dans ce beau quartier au bord de mer : quel bonheur ! Nous y sommes maintenant depuis 60 ans ! Les années pèsent, mais l’optimisme et la capacité d’émerveillement intacts nous permettent de contempler avec la même joie la mer toujours vivante et changeante et les nombreux navires qui passent dans le chenal, arrivant de et partant aux 4 coins du monde avec leur réalité économique et notre part de rêve. Nous essayons chaque jour de faire un petit tour à pied sur la promenade du front de mer rénovée dans les années 2010 et qui offre la possibilité d’aller du petit Maroc au Croisic à pied ou en bicyclette. Une animation permanente nous est offerte sur ce bord de mer qui attire nombre de touristes journaliers de Nantes et même de La Baule : restaurants, bars, boutiques et nombreux espaces de jeux. Un gros effort a été fait pour développer les infrastructures de transport en commun : routière, ferroviaire et fluviale, grâce à la volonté commune des élus de tous bords qui ont fait front commun pour faire de notre agglomération un exemple que toute la France nous envie. Nous pouvons nous déplacer sans problème sur l’ensemble de cette agglo avec hélYce

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et les TER qui ont une fréquence tout à fait raisonnable. Au fait, quand je parle d’agglomération, j’oublie de dire que c’est celle créée il y a une dizaine d’années qui regroupe la CARENE, Cap Atlantique et le Sud Loire. La Métropole Nantes Saint-Nazaire a pris toute sa dimension et jouit d’une reconnaissance planétaire permettant un développement économique à l’international que l’on ne pouvait imaginer il y a 20 ans ! Ceci est aussi le fruit de la qualité des produits liée à l’imagination, à l’innovation, aux établissements de recherche, à la main d’œuvre et au développement des facilités naturelles de transport : terrestre, maritime, ferroviaire et aérien. Saint-Nazaire et l’ancienne CARENE vivent bien de l’activité touristique. La Brière, en développant des navettes fluviales sur de nouveaux canaux, permet l’émerveillement des touristes et le transport des briérons vers le bassin d’emploi et bientôt vers une gare multimodale à Pontchâteau ou Savenay permettant la jonction avec le réseau ferré. SaintNazaire multiplie les propositions de sorties maritimes d’une journée, et même de quelques jours. Et puis, grande joie : la gare !! Honte des nazairiens et chefs d’entreprise il y a 20 ans, elle a été totalement refaite. Cela a commencé par une amélioration des accès et des parkings vers 2014 et une refonte totale récente créant un pôle d’attractivité : commerces, services. Il n’y a plus de problème de parking !! Il est vrai que la fréquence et la qualité des transports en commun diminuent le trafic routier. L’aéroport de Notre Dame des Landes a pris un peu de retard et est maintenant opérationnel : richesses insoupçonnées et développement économique pour notre métropole. Des sociétés internationales créent chez nous leur siège européen ou français, vu l’offre et la facilité des vols internationaux et intercontinentaux. Il y a de nouvelles sociétés liées à l’entretien et à la maintenance des infrastructures, des avions. Un pôle formation créé sur ces nouvelles activités a beaucoup de succès. Une navette relie la presqu’île via Saint-Nazaire à Notre Dame des Landes et Rennes maintenant. Et les annonces en gare sont faites en français et.en anglais ! Etant maintenant vieux retraité, j’allais oublier l’important ! L’activité économique, nerf et poumon du développement de notre agglomération, se porte bien. Les activités industrielles qui ont fait cette région subsistent avec des évolutions sensibles liées au respect de l’environnement, aux évolutions technologiques et aux changements d’habitudes des citoyens. Les navires construits sont de moyenne taille et polyvalents pour desservir et visiter tous les sites de la planète, les Energies Marines Renouvelables ont permis de pallier sans trop de rupture de charge à la diminution du volume de la construction navale classique des années 2010, et il est question maintenant de remplacer les éoliennes par de nouveaux équipements sous-marins sophistiqués sans conséquence sur la faune et la flore marine : où

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sont les bagarres idéologiques d’antan ! L’avionique évolue et reste présent ici ; le tertiaire technique nous enrichit de nouveaux arrivants qui désirent vivre sur notre territoire. Plus, des écoles pointues liées à ces nouvelles activités ont permis de créer un campus transformant totalement la vie et les habitudes de notre agglomération. Ces nouvelles générations ne remettent pas en cause les vertus qui ont fait notre vie ici : sérieux, travail, persévérance dans l’adversité, implication dans la vie, solidarité. Elles fustigent gentiment avec humour l’ouvriérisme désuet de certains anciens en les taquinant. Contrairement à ce que nous pensions il y a 20 ans, ces jeunes générations participent à la vie de la cité et de l’agglo, à l’élaboration du futur. Avec les comités de quartiers et le conseil de développement qui a pris toute sa dimension d’expression de la société civile au fil des années, tous ces citoyens aident les élus à prendre les décisions qui décideront du futur fixé à 2050. Nous sommes toujours très heureux, au soir d’une vie, de passer de bons moments avec des amis sur cette promenade que nous avons tant fréquentée. Avec Joël Batteux., ancien président de cette agglomération qui a tant fait pour son développement économique, son embellissement et sa renommée, nous déjeunons quelquefois ensemble dans un de ces nombreux petits restaurants créés sur ce lieu qui portera certainement un jour son nom. Nous regardons tous ces gens marcher sur le bord de mer avec bonheur, et en particulier ces jeunes qui ont changé notre cité. Nous parlons du bon vieux temps avec joie, des docteurs de la loi que nous avons connu et de qui nous rigolons aujourd’hui ! Avant de nous quitter, en nous esclaffant, nous n’oublions jamais de nous redire cette merveilleuse pensée de Rémo Forlani : “Les anciens combattants, c’est beau de les voir défiler, c’est fatigant de les entendre parler”.

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Sarah TRICHET-ALLAIRE, citoyenne volontaire “Agriculture et alimentation”

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2030 c’est demain, et ce qui nous attend a déjà commencé aujourd’hui. L’augmentation de la population pose rapidement la question “Comment nous nourrir ?”. Certains auteurs de science fiction (souvent visionnaires, mais heureusement pas toujours) ont imaginé de la nourriture lyophilisé, artificielle, voire pire (souvenez-vous de Soleil Vert1) ... Mais nous pouvons aussi imaginer un avenir plus radieux. Les études sont formelles : il est possible, dès aujourd’hui, d’alimenter toute la planète avec une nourriture saine2 – à condition d’en avoir la volonté politique, et ce au niveau mondial. Ce sont souvent les conflits armés et les politiques alimentaires internationales qui sont cause de famine. À l’horizon 2030, nous devons nous donner un objectif d’une agriculture de qualité, locale, respectueuse des saisons et non intensive.

une agriculture de qualité

L’objectif pour 2030 doit être de travailler la terre avec le minimum d’intrants, et que ceux-ci soient respectueux de la nature, de provenance végétale ou animale. Respecter la terre, c’est la préserver pour les générations futures, mais aussi pour les générations actuelles. Aujourd’hui, certains produits chimiques sont dangereux pour les agriculteurs, causant chez ceux-ci des taux de cancers plus élevés3. Ces produits pénètrent la terre et s’écoulent dans les rivières, engendrant une pollution nocive pour son écosystème : pour la vie aquatique qui disparaît, et pour nous-mêmes, êtres humains, qui devons traiter les eaux pour des coûts toujours plus élevés. Les engrais et pesticides utilisés pénètrent ensuite dans les fruits, légumes et céréales que nous mangeons, ou qui sont mangés par des animaux destinés à la consommation. Ces ajouts chimiques ne sont pas sans risque sur notre santé, comme le montre le film de Jean-Paul Jaud sorti en 2008 “Nos enfants nous accuseront”. Mais une agriculture de qualité, c’est aussi de bons produits gustatifs. Manger de bonnes choses est un plaisir essentiel de la vie ! La plupart des tomates qui sont vendues aujourd’hui sont calibrées pour minimiser l’espace pris dans des cagettes, mais n’ont plus de goût. Et alors que plusieurs milliers variétés de tomates existent, dont 2600 inscrites sur le catalogue européen des espèces et variétés et 430 (seulement !) dans le catalogue officiel français des espèces et variétés potagères4, une seule nous est bien souvent proposée. Pourtant, toute 62 ¦ 94


cette biodiversité est une défense à l’adversité. Une attaque massive de maladie, d’insectes, de bactéries, peut faire disparaître une variété, mais pas toutes les variétés. Nous avons cinq sens. Le goût en est un à part entière. Nous devons en prendre soin, et l’enrichir tout comme nous enrichissons notre vue avec la peinture, la sculpture ou l’architecture, et l’ouïe avec la musique. une agriculture locale, saisonnière et non intensive

Les transports, que ce soit par la route, par le fret, par les airs ou par les mers, sont une source importante de pollution. 4,5 millions de tonnes de soja sont importées chaque année en France pour l’alimentation animale. 90% des vaches sont exclusivement alimentés par cette voie, tandis que l’élevage en herbe reste méconnu5. Outre une moindre consommation de céréales, l’alimentation en herbe diminue les dépenses des éleveurs, pour moins de travail. Mais ce savoir-faire tend à disparaître, par méconnaissance mais aussi du fait de la Politique Agricole Commune qui encourage la nourriture au maïs plutôt qu’à l’herbe, via les subventions européennes. Plus globalement, la formation des agriculteurs et agricultrices doit redevenir une formation paysanne (façonner le pays) et non une formation d’exploitation agricole industrielle. Nous dépensons beaucoup d’énergie à nous alimenter de façon illogique. Donner des farines animales aux vaches, chauffer des serres pour avoir des fruits et légumes hors saison, faire venir des produits de pays où les salaires sont moins élevés, au détriment de la qualité de vie des paysans d’ici et d’ailleurs... Et pourtant, c’est un tel plaisir de suivre les produits de saison. Manger des tomates en été, des champignons à l’automne, des choux fleurs en hiver et des asperges au printemps. Estce vraiment un luxe d’avoir des fraises insipides en hiver, quand on sait les dégâts que cela cause, tant environnementalement qu’humainement ?

un territoire varié pour

2030

Relocaliser la production agricole, c’est privilégier la consommation de produits locaux, et les particularités régionales. Cela signifie avant tout préserver les terres agricoles, mais aussi les petites exploitations. Aujourd’hui, quand un agriculteur cède sa terre, priorité est donnée à un autre agriculteur pour qu’il agrandisse ses terres. Cette logique doit changer pour privilégier l’installation de jeunes agriculteurs et agricultrices. Des terrains plus petits, c’est aussi plus d’emploi, plus de vie dans les zones rurales et 63 ¦ 94


des fermes à taille humaine, plus proches les unes des autres, réduisant l’isolement des agriculteurs. C’est également la possibilité de réhabiliter le tractage animal.

Dans les villes, de nombreuses personnes souhaitent avoir un jardin potager sans en avoir le terrain. Pourtant, de nombreux espaces existent qui peuvent être mis à disposition : des friches urbaines, mais aussi des espaces d’agrément qui pourrait devenir des espaces potagers. L’association nantaise ECOS a ainsi recensé 5000 ha de friches urbaines pouvant être destinées à des jardins partagés6.

Sur la CARENE, en 2030, cela signifie une augmentation des espaces destinés à la production alimentaire, que ce soit personnel ou professionnel. Des espaces qui peuvent être dispersés dans les communes, ou de grands espaces sur les terres actuelles.

une alimentation en cohérence avec le territoire

Localement, nous avons des élevages de qualité, mais ils ne suffiraient pas à nourrir la population si nous prenons de la viande quotidiennement. Manger moins de viande, mais de meilleure qualité, et de provenance locale, c’est aussi favoriser des repas végétariens, notamment dans les collectivités. Une réflexion analogue doit être entamée pour une pêche respectueuse de l’environnement. Avoir des repas bios avec de bons produits, c’est aussi prendre goût à la vie et favoriser une bonne santé. Dans les foyers logement et les maisons de retraite, en milieu hospitalier, dans les crèches et les écoles, c’est une nécessité.

une économie réelle

Une nouvelle conception de l’alimentation a émergé en 2003, et croît de manière exponentielle ces dernières années : les Associations pour le Maintien de l’Agriculture Paysanne (AMAP) . Dans ces associations, les consommateurs payent directement un producteur en échange d’un panier de légume hebdomadaire. La solidarité avec les aléas

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climatiques est incluse dans le contrat : même si une récolte est mauvaise ou perdue, le prix reste le même. Mais si la production est bonne, le panier peut augmenter. La production est donc locale. Elle n’est pas obligatoirement en bio, mais la culture des terres est toujours respectueuse de l’environnement. La consommation des légumes est saisonnière. Et un lien se fait entre paysans et membres de l’AMAP7. L’agriculture n’est plus une activité vague et éloignée de nos préoccupations quotidiennes, mais un lien concret entre des femmes et des hommes qui travaillent et le contenu de notre assiette.

1.

Roman de Harry Harrison adapté au cinéma par Richard Fleisher en 1973

2. Pour une étude en français, cf. Jean-Marc Jancovici : http://www.manicore.com/documentation/manger_bio.html 3. Références sur le site du MDRGF : http://www.mdrgf.org/210pesticides.html 4. Catalogue critiqué car il restreint le nombre de variétés. Il est en effet interdit de vendre les variétés qui ne sont pas inscrites sur ce catalogue, ni ses propres semences. 5. À voir, le film documentaire de Matthieu Levain et Olivier Porte sorti en 2008 : “Herbe” 6. Projet des jardins partagés : http://www.ecosnantes.org/?page_id=1232 7.

Réseau des AMAP : http://www.reseau-amap.org

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Sarah TRICHET-ALLAIRE, citoyenne volontaire “L’aménagement du territoire”

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Il y a deux visions possibles pour l’aménagement de la CARENE et plus globalement des villes en France. La première possibilité : les grandes agglomérations deviennent de plus en plus grandes, condensant emplois, services, culture. Dans ce cas de figure, le reste du territoire serait occupé par des exploitations agricoles très étendues, augmentant l’isolement des agriculteurs, et faisant des petites communes des cités dortoirs pour les personnes n’ayant pas les moyens de se payer des loyers sans cesse croissants dans les métropoles. Mais une deuxième possibilité existe : non pas concentrer l’activité sur les grandes agglomérations, mais la répartir sur l’ensemble des communes. Nous aurions alors un ensemble de communes petites et moyennes, bien vivantes, proposant des bibliothèques, cinémas, concerts, théâtre, et bien sûr des services au public tels que la petite enfance, l’accueil des populations vieillissantes, les services postaux et de télécommunication. Ces communes seraient reliées par un réseau important de transport en commun. Pas dans le but de permettre des déplacements quotidiens pour le travail, puisque l’emploi serait réparti dans les communes et le télétravail développé, mais pour développer un enrichissement personnel et multiplier les échanges et rencontres. L’application de cette idée sur notre territoire, c’est l’idée que la métropole Nantes SaintNazaire doive céder le pas à une agglomération riche de toutes ses communes. Chacune doit proposer tous les services nécessaires, des activités culturelles et artistiques de qualité – nous ne manquons pas d’artistes qui ne demandent qu’à se produire, mais qui se bousculent dans les grandes villes en espérant “percer”. Ce déploiement d’activités et le maillage plus étroit du territoire dynamisera nos campagnes et rendra les villes plus vivables et plus démocratiques, car à taille plus humaine.

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Sarah TRICHET-ALLAIRE, citoyenne volontaire “Vers du numérique libre”

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10 juin 2030, 8h30. - En route pour le dernier cours avant les vacances ! lance Ada en finissant son petit déjeuner. ZX-38, son assistant personnel, vérifie les horaires du bus hélYce pour elle et lui envoie les prochains passages à l’arrêt le plus proche. ZX-38 pourrait se connecter sur le site de la STRAN, mais Ada lui a demandé d’utiliser plutôt un site développé avec ses amis de la licence Informatique. Depuis que les données publiques sont devenues entièrement ouvertes8, les applications pour consulter les horaires se sont multipliées. Leur site internet permet de connaître en temps réel les prochains horaires de bus en fonction de la position géographique donnée par un Galileo9. ZX-38, suivant ce qu’il sait d’Ada, désactive aussitôt la fonction de géolocalisation. Elle n’aime pas l’idée que son ordiphone la trace dans tous ses déplacements. Certaines personnes aiment bien ça, mais globalement, elle trouve que c’est plutôt inutile. L’usage des téléphones portables est devenu bien moins courant qu’il y a 20 ans. Lassés de devoir en changer tous les ans, les gens les ont remplacés petit à petit par des miniordinateurs appelés ordiphone. En plus des appels téléphoniques, possibles grâce à des applications de “voix sur IP”10, ils permettent tous les usages d’un ordinateur. Non seulement ils sont plus solides, mais ils se réparent beaucoup plus facilement11. Et les réparations en tout genre sont devenues monnaie courante avec l’émergence des Bricolabs12 dans l’agglomération. Les bornes WiFi gratuites de la CARENE couvrant tout le territoire, la connexion à internet est très facile et permet aux ordiphones d’avoir une couverture aussi bonne que celle des téléphones. Contrairement aux détracteurs de cette idée qui est apparue il y a 10 ans, le taux d’ondes par habitant est bien moins élevé qu’auparavant. En effet, la presque totalité des logements équipés de connexion internet avait une connexion WiFi ouverte. Ainsi, chaque appartement était exposé aux ondes des voisins sans pouvoir s’y connecter. Aujourd’hui, la connexion internet partagée et mutualisée permet d’éviter cela dans l’espace public. Quant aux écoles et bâtiments publics, ils sont équipés exclusivement en filaire, grâce à une grande opération “Le WiFi dans la rue, pas dans les bâtiments”. Pourquoi se faire inonder d’ondes électromagnétiques quand des câbles réseau rendent le même service ? De plus, les émissions d’ondes de téléphonie mobile ont drastiquement diminuées, respectant la norme des 0,6V/m, grâce à l’équipement d’antennes moins puissantes et plus nombreuses12. De toute façon, les nouvelles normes plus restrictives rendaient obligatoire la mutualisation et le changement de certains équipements. Sur le chemin de l’arrêt de bus, Ada converse avec ZX-38. - Tu es dans la fenêtre de dépôt de candidature pour le poste d’activation numérique. Souhaites-tu l’envoyer maintenant ? 69 ¦ 94


- Ok. Relis-moi la lettre de motivation. - “Madame, Monsieur, je vous envoie...” Ada écoute la voix robotique de ZX-38 lui lire la lettre qu’il a lui-même composé. Elle l’interrompt pour faire quelques ajouts puis lui fait envoyer sa candidature. ZX-38 pourrait avoir une voix et un prénom humains, mais Ada préfère savoir qu’elle a affaire à un cyborg. C’est lui qui se charge de toutes ses tâches personnelles, sociales et professionnelles sur le réseau internet. Les trop nombreuses sollicitations et démarches ont rendus ces assistants quasi-obligatoires, au moins pour les personnes ayant une vie sociale numérique intense. Cela permet de se protéger des grandes entreprises qui collectent de nombreuses informations personnelles. Certains services, parfois même publics, revendent des données à des industries spécialisées qui s’en serve pour la publicité et la communication. Le mouvement de l’OpenData, ce n’est pas que pour les citoyens, mais aussi pour les entreprises ! Et parfois, cela peut être intéressant. C’est là que les cyborgs deviennent essentiels : ils permettent de faire un tri entre ce qui est utile ou pas. Évidemment, il faut un peu de temps pour que les cyborgs sachent vraiment la différence entre une information pertinente ou pas. Mais en quelques semaines, c’est réglé, et ensuite, cela permet vraiment de dégager du temps à partager avec ses amis, sa famille, ou à s’investir dans les associations et la vie démocratique via les conseils de quartier, le conseil de développement, ou encore les contributions sur le site interactif de la CARENE. Les cyborgs, développés initialement par des hackers13, ont rapidement été adoptés par l’ensemble de la population, devenant de véritables compagnons de vie numérique. Ils sont personnalisés en fonction d’un profil type à la création, puis un algorithme d’apprentissage artificielle affine le comportement virtuel. Ils répondent à certains courriels automatiquement, ou bien sollicitent la personne humaine lorsque c’est nécessaire, parfois en priorisant les tâches. En montant dans le bus, ZX-38 lui envoie une alerte. Si elle s’arrête sur le chemin, elle pourra passer chez un adhérent de l’association Lien Élémenterre14 pour prendre un plant de tomate et le déposer chez un autre adhérent qui habite près de la fac. C’est sur son trajet, et ZX38 a calculé que cela ne lui prendrait que 11,32 minutes de plus – sans compter le temps à discuter, évidemment ! Ada est membre de l’association depuis maintenant plusieurs années. Elle ne fait pas trop de potager, et n’a pas de jardin à prêter, mais rend volontiers ce genre de services. Cela permet parfois de profiter des jardins des adhérents avec qui elle s’entend le mieux. C’est le cas de Jérôme, justement, et Ada fait ce détour avec plaisir. Malgré la différence d’âge (Jérôme approche les 80 ans), ils s’entendent bien, tous les deux. Ils ne se seraient jamais rencontrés sans cette association. - Alors, Ada, tu veux venir voir les abeilles de ma nouvelle ruche ? - Désolée, mais je dois aller à mon cours de Réseaux. On présente les PiratesBox que nous 70 ¦ 94


avons monté. - Les Pirates Box ? Vous allez naviguer sur la mer dans des boites ?”, plaisante Jérôme. - Mais non, c’est pour se connecter à internet ! On peut les déposer dans n’importe quel endroit, on appuie sur un bouton, et hop, on ouvre un accès internet pour tout le monde. On peut l’utiliser dans un bar, par exemple, qui veut faire un événement une fois mais ne pas inonder ses clients d’ondes tous les jours. - Ouais, c’est pas ça qui aidera mes abeilles à fabrique du miel... - N’empêche, tu as beau critiquer tout ce qui touche de près ou de loin aux ordinateurs, c’est ça qui m’a permis de passer aujourd’hui prendre ton plant de tomate. Et si je suis prise cet été, je te montrerai comment mettre tes ruches sur une carte de la CARENE ! Ada ne s’inquiète pas trop pour son embauche. Avec la réduction drastique du temps de travail, les congés estivaux sont beaucoup plus longs, et il y a assez de postes pour les étudiants qui veulent augmenter un peu leur revenu d’autonomie, versé automatiquement à chaque personne en étude. Et c’est un travail qu’elle a déjà fait l’été dernier. Les activateurs numériques, embauchés par la CARENE, accompagnent les personnes qui souhaitent collaborer aux outils participatifs du territoire mais qui ne savent pas encore comment s’y prendre. Elle se souvient de cette dame qui avait fait des recherches généalogiques sur les familles malouines et qui voulait les mettre en ligne : un sacré travail ! Elles y avaient passé plusieurs jours, puis d’autres personnes ont apporté leur pierre pendant l’année. Aujourd’hui, le nombre d’informations avait doublé, et plusieurs autres collectivités avaient contactées Ada pour la remercier de son travail. Elle avait écrit spécialement un logiciel permettant de remplir facilement un arbre généalogique, bien sûr sous licence libre. Ainsi, elle n’a pas besoin de répondre aux sollicitations des personnes souhaitant utiliser son travail pour leur collectivité : ils téléchargent l’application eux-mêmes. De toute façon, elle n’aurait jamais eu le temps de répondre à tout le monde, et c’est toujours intéressant à mettre sur son CV. Elle espère qu’elle rencontrera encore des personnes avec des projets intéressants. Il n’y a rien de plus difficile que de recevoir des personnes qui pensent maîtriser l’informatique parce qu’ils utilisent un réseau social quotidiennement. Il a fallu du temps pour décréter que la fracture numérique ne concernait pas seulement les personnes qui n’avaient pas d’outils informatiques, mais également des personnes équipés qui n’utilisent que 0,01% de leur matériel, avec un comportement entièrement passif devant l’écran. Le plus difficile est de faire comprendre à ces personnes qu’elles sont également en fracture numérique, car elles ne savent pas se servir de toutes les possibilités qu’offrent un ordinateur et internet. C’est pour accompagner toutes ces personnes que les postes d’activation

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numérique ont été multipliés, et que les lieux avec des postes ouverts au public ont également fleuris. De plus, ces lieux deviennent des vrais lieux d’échange et de lien social. Des personnes très différentes s’y côtoient et échangent des informations, des tuyaux, se donnent des coups de main. L’entraide y est très présente, et du coup, la créativité également. D’ailleurs, les espaces de convivialité avec cafetière et petits gâteaux proposent également des panneaux couverts d’annonces de projets, de demande de collaboration, de propositions d’idées. Et quand plusieurs personnes souhaitent travailler ensemble, des espaces sont mis à leur disposition ponctuellement pour leur projet, à condition qu’il soit publié sous licence libre. D’ailleurs, tous les espaces publiques, les collectivités, les écoles et les maisons de quartier sont équipées de systèmes d’exploitation15 libres, et les projets développés sont tous sous licence libre. Les problèmes de virus ont disparus, la sécurité est beaucoup plus facile à mettre en place et les économies de licence et de maintenance sont réelles. Le matériel dure plus longtemps et tout le monde est plus autonome, car le fonctionnement des logiciels est transparent. De plus, les liens avec les autres collectivités ont été développés. Désormais, quand un nouveau logiciel est créé, ou une nouvelle fonctionnalité ajoutée, c’est partagé avec tout le territoire européen. Et chacun a le sentiment d’appartenir à une grande communauté européenne, solidaire et coopérative, tout en ayant les spécificités du territoire de la CARENE. Cette fiction est entièrement basée sur des innovations technologiques déjà existantes ou émergentes. Elle est totalement réalisable dans les 10 ans à venir.

8. Le mouvement d’ouverture des données publique, ou Open Data, nous vient des États-Unis d’Amérique et s’est accru considérablement depuis 10 ans. En France, le mouvement est plus récent, avec l’ouverture d’un portail national des données publiques suite à la mission Etalab de décembre 2011. http://www.data.gouv.fr. Plus localement, Libertic est une association nantaise pour la promotion de l’ouverture des données publiques, l’edémocratie, le gouvernement 2.0 et l’accompagnement de notre territoire dans le développement et l’utilisation d’applications numériques d’utilité publique. http://libertic.wordpress.com 9. Le projet Galileo est l’équivalent du système GPS (Global Positioning System) qui permet une géo-localisation grâce à des satellites. Les puces GPS n’émettent pas d’ondes, et ne font que donner une position grâce à certains satellites. Le projet Galileo, en service en 2014, souhaite donner la possibilité aux pays européens de s’affranchir des satellites américains, en lançant plusieurs satellites. Le système Galileo sera sous contrôle civil, contrairement au système GPS d’aujourd’hui. Les

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puces GPS, aujourd’hui, sont en vente libre à prix modique (10 €). http://fr.wikipedia.org/wiki/Galileo_%28syst%C3%A8me_de_positionnement%29 10. Les applications de voix sur IP, ou téléphonie sur internet, sont nombreuses. La plus connue aujourd’hui est Skype, qui est un logiciel gratuit, mais propriétaire, c’est à dire dont le code source est fermé, causant des failles de sécurité – d’où l’interdiction de son installation dans de nombreux établissements publics, dont les universités. Il existe cependant d’autres logiciels libres remplissant les mêmes fonctions : QuteCom (anciennement WengoPhone), My SIP Switch, Ekiga. http://www.qutecom.com http://www.codeplex.com/mysipswitch http://ekiga.org 11. Les téléphones portables, comme la plupart des équipements aujourd’hui, sont non seulement fabriqués de manière à ne pas pouvoir être réparés, mais sont également conçus pour ne pas durer très longtemps. Les matériaux plastiques sont soudés ou collés, voire utilisent des vis spécifiques nécessitant des clés brevetées, comme c’est le cas (dans le secteur automobile?). Les lave-linge, autrefois conçus pour durer 20 ans, tombent aujourd’hui en panne dans les 5 ans. C’est ce qu’on appelle l’obsolescence programmée, qui est un calcul économique afin de maintenir une consommation forte. 12. Les Bricolabs sont une forme plus citoyenne des FabLabs. La revue Ecorev “Réseau(x) et société de l’intelligence” propose plusieurs articles et références sur ces “laboratoire de fabrication” (Fabrication Laboratory) http://bricolabs.org http://ecorev.org/spip.php?article891 http://fablab.fr 13. La norme de 0,6V/m est le seuil d’exposition maximal au public demandé par l’association Robin des toits, s’appuyant sur la position consensuelle de tous les scientifiques indépendants. Il a déjà été appliqué en Italie (Toscane), en Autriche (Salzbourg), Espagne (Valencia). http://www.robindestoits.org 14. Les hackers sont des amateurs (au sens de connaisseurs, ou esthètes, dont ce n’est pas le métier) militants de l’informatique et de l’électronique. À ne pas confondre avec les “crackers”, qui piratent les systèmes à des fins malveillantes, et les “makers” qui sont des bricoleurs sans vision politique. Ces catégories ne sont évidemment pas si strictes, et il est difficile de séparer les “gentils” des “méchants”. Les anonymous sont justement à cette limite de la légalité, mais à des fins justifiée par une plus grande démocratie. Voir le dossier “tous pirates !” de courrier international. http://www.courrierinternational.com/dossier/2011/10/27/tous-pirates Les hackers et makers se retrouvent souvent dans les hackerspaces, aussi appelé FabLab. 15. Lien ÉlémenTerre met en relation des personnes disposant d’un jardin en ville, dont elles ne s’occupent pas, avec d’autres personnes souhaitant pratiquer le jardinage. http://lienelementerre.perso.sfr.fr 16. Le système d’exploitation est l’ensemble de logiciel installé sur un ordinateur qui permet de faire fonctionner le matériel et qui est un support pour les logiciels. Les systèmes les plus connus aujourd’hui sont Microsoft Windows, Mac OS X et GNU/Linux. Seuls ce dernier est libre. Il existe aussi des systèmes dédiés aux téléphones portables, dont les plus connus sont Androïd, Nokia Symbian et Apple iOS, mais aucun de ceux-ci ne sont libres.

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Sarah TRICHET-ALLAIRE, citoyenne volontaire “Vers du numérique privatif”

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10 juin 2030, 8h30. Ada se presse de ranger le balai et la serpillière en regardant l’heure : elle ne peut pas se permettre d’être en retard à son dernier cours d’informatique de l’année, ou bien elle risque de perdre sa bourse. Et si elle perd sa bourse, elle ne pourra plus payer ses études. Depuis que Gavy a passé un contrat avec Ubik© pour l’ensemble de son parc informatique, l’université a dû faire des choix : augmenter les frais d’inscription, mais aussi utiliser exclusivement leurs logiciels. Mais depuis la création de cette grande firme issue de la fusionacquisition de Google, Microsoft et Apple, le choix des logiciels n’est de toute façon plus si important. L’exclusivité permet seulement de s’assurer que les travaux des étudiants et des chercheurs restera bien la propriété d’Ubik©. Pendant que Mme Dieye va chercher son téléphone, Ada regarde le voisin par la fenêtre. Âgé de 80 ans, il arrache péniblement les herbes folles de son jardin. Cela fait quelque temps qu’il n’a plus l’énergie de s’occuper du potager qui part à l’abandon, ni les moyens de payer quelqu’un pour l’entretien. De toute façon, depuis que les décrets d’application d’ACTA17 sont parus en France il y a 10 ans, les jardins potagers sont devenus de plus en plus rares. Replanter ses graines et repiquer ses plants sont devenus interdits, et cela a fait monter à l’extrême le prix de ceux qu’on pouvait acheter, tous issus de grandes firmes de l’agroalimentaire. Les magasins militants qui vendaient des produits locaux tels que Socali ont bien essayé de résister et de continuer à vendre des graines de Kokopelli18, mais les procès intentés les ont obligés à fermer ou à arrêter cette activité. Mme Dieye sort Ada de sa courte rêverie en tendant son téléphone. Ada active le transfert d’argent grâce au lecteur RFID19 de son téléphone et le versement se fait instantanément sur son compte. - Excusez-moi, je ne peux pas rester plus longtemps, ou je vais rater mon bus. - Oui, oui, vas-y, file ! Ada court jusqu’à l’arrêt hélYce, et l’attrape juste à temps. Son abonnement étudiant pour prendre tous les bus de la CARENE est inscrit sur son téléphone qui communique par bluetooth20 sans qu’elle ait besoin de le sortir de son sac. Toutes les informations importantes de sa vie sont stockées sur son téléphone : numéro de sécurité sociale, dossier médical, paiement bancaire, abonnement de bus, inscription à l’université, à Pôle Emploi, certificat d’identité qui a remplacé la carte d’identité : avoir son téléphone sur soi est devenu obligatoire. Soudain, un message arrive sur son téléphone : la réponse pour sa candidature ? Un travail pas vraiment passionnant, mais elle est toujours à courir après l’argent. Et sans travail cet été, elle ne pourra pas payer son loyer toute l’année suivante. C’est vraiment la galère, les études 75 ¦ 94


quand on n’a pas d’argent ! Elle aurait pu prendre un prêt étudiant, mais la perspective de devoir payer les remboursements pendant 5 ans après son diplôme l’a un peu freinée. De toute façon, elle n’aura pas le choix, si elle ne trouve rien pour la saison. Et puis si elle réussit à être dans les premières de sa promotion, elle pourra peut-être décrocher un poste à Ubik©. Non, ce n’est pas la réponse attendue, mais son téléphone qui vient se faire attaquer. L’antivirus se met en route automatiquement, et Ada ne peut que saisir les premiers mots : “Une autre informatique est possible ! Ubik© vous ment et vous êtes libre...” Les mots s’effacent de l’écran, faisant place au message devenu de plus en plus fréquent : “Pour la protection de votre vie personnelle, mettez à jour votre anti-virus Ubik©.” Ada l’efface rageusement : oui, la mise à jour, mais avec quel argent ? Et ces pirates... Ils deviennent de plus en plus forts. Pourvu que son téléphone ne soit pas bloqué un jour ! Le débloquer demande des papiers administratifs à ne plus en finir. Il faut passer par la mairie, qui transmet à la CARENE, qui doit déposer une demande auprès d’Ubik©, qui a un contrat de gestion exclusive des données personnelles. La CNIL est devenue une filiale de la multinationale : cette dernière s’occupe de la gestion technique, tandis que la commission a un droit de regard sur l’utilisation des données. Toutes les remarques sont consignées dans un rapport annuel remis au Conseil d’Administration d’Ubik©, en même temps que pour les 186 autres pays gérés par la société. Le CA d’Ubik© est devenu tellement ancré dans la société que son élection est placée sur le même rang que les élections politiques. Pour toutes ces élections, un profil citoyen sur le téléphone d’Ada enregistre les derniers votes effectués et lui propose les avatars de la personne ou du parti pour lesquels elle est susceptible de voter. Les avatars sont des représentations numériques calculées statistiquement en fonction du programme politique proposé et du profil psychologique d’Ada. Ainsi, l’avatar se calque sur les personnalités pour que les idées soient correctement perçues. C’est tellement plus simple ! Il n’est plus nécessaire de lire les professions de foi qui sont parfois complètement fantaisistes, voire alarmistes. Le parti de la résistance, par exemple, est toujours sur le mode du complot d’Ubik©. Quasiment inexistants, ils n’ont que très peu de temps disponibles pendant les campagnes officielles, et tentent même de diffuser des tracts sur du papier, alors que celui-ci a été interdit pour défendre l’environnement. Ils multiplient les critiques sur la société, alors qu’elle a tellement fait pour le bonheur de la population.

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17. ACTA : Anti-Counterfeiting Trade Agreement ou Accord Commercial Anti-Contrefaçon est un traité international multilatéral sur le renforcement des droits de propriété intellectuelle, négocié entre 2006 et 2010 par une quarantaine de pays de manière opaque. Il est dénoncé par de nombreuses associations de défense des logiciels libres, mais touche également d’autres domaines, comme les médicaments génériques ou les semences paysannes. Une vidéo explicative est disponible sur le site de l’APRIL (Association pour la Promotion des Logiciels Libres). http://media.april.org/video/acta/ACTA_2_big.ogg http://april.org 18. Kokoppelli milite pour le droit de semer librement des semences potagères et céréalières, de variétés anciennes ou modernes, libres de droits et reproductibles. http://kokopelli-semences.fr 19. Les puces RFID (radio frequency identification ou radio-identification) permettent la transmission de petites informations par des ondes radio, d’une portée inférieure à 10m (mais de nouvelles technologies pourrait la porter à 200m). En général, l’information est un code renvoyant à un profil plus complet stocké à un autre endroit. Les applications sont multiples : transfert d’argent (Moneo), transports publics (RATP), passeports biométriques français. http://fr.wikipedia.org/wiki/Radio-identification#Applications_existantes 20. Le bluetooth est une technique de transfert d’information par ondes radio pour connecter divers appareils. La portée est de 1 à 100m.

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Sophie FAŸ, citoyenne volontaire “Saint-Nazaire 2030, l’opportunite de l’avant-garde”

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Considérant le territoire de la CARENE comme étant en devenir, nous pouvons nous autoriser une fiction à la mesure de nos espérances, loin des difficultés politiques et des problèmes budgétaires. Après un aperçu des différentes orientations que nous nous sommes données, nous entrerons “dans le vif” en explorant les lieux qui nous paraissent cruciaux l’un après l’autre, pour former un puzzle qui nous parait envisageable et harmonieux.

1.

la liberté d’une reconstruction sur un territoire de traditions

Spécificités du territoire Il s’agit d’abord de valoriser les zones humides qui forment la plus grande surface de la CARENE, et de leur donner une présence réelle au sein de l’activité et de l’économie locales. C’est un effort de communication nécessaire pour faire accepter au niveau national, voir international, l’importance primordiale de ces espaces rares à protéger et à accompagner, pour une préservation accrue de cet environnement naturel. Le choix de la densification Préserver absolument le fragile équilibre entre les espaces naturels et l’urbanisation, c’est accepter la démarche de densification du centre-ville et refuser la croissance urbanistique à tout prix. Cela signifie également accepter un vieillissement de la population en insérant étroitement toutes les générations dans des processus d’activité. Mais la ville a su trouver sa dimension optimale, permettant de préserver l’équilibre entre nature et construit, consciente que cet équilibre est la source essentielle de sa qualité de vie. Pôles reliés par des transports rapides Saint Nazaire bénéficie de cette chance qu’ont les citoyens des agglomérations moyennes de pouvoir participer à la plupart des activités dans un rayon d’action suffisamment modeste pour être parcouru à pied, à vélo, en bus. Aller d’un pôle d’activité à l’autre ne demande généralement pas plus d’un quart d’heure. Il faut préserver cette grande qualité, qui engendre un dynamisme et une capacité de réactivité, et rend secondaire, voire obsolète, l’usage de la voiture. Des rapprochements CARENE Cap Atlantique et CARENE Nantes Cette compacité doit pouvoir permettre une aisance relationnelle avec les communautés de communes avoisinantes : complémentarité avec Cap Atlantique, collaboration avec Nantes. Les moyens de la mobilité dans le parcours professionnel Ces atouts rendent le territoire attractif pour une population active jeune et mobile, inventive, dynamique, prête à construire ici une activité dans la mesure où elle n’est pas enclavée mais ouverte sur la France et sur l’étranger.

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Couleurs Les couleurs sont une marque de caractère dans la ville. Comme dans beaucoup de villes portuaires à travers le monde, le parti pris s’est peu à peu imposé : des couleurs extrêmement vives, couleurs saturées contrastées, habillent les petites maisons de rue de centre-ville, donnant chaleur et pittoresque à ces quartiers.

2. la place du commando, cœur de vie L’usine élévatoire constitue un repère géographique fort qu’on n’a pas souhaité négliger. Elle marque l’entrée de la fonction portuaire industrielle de la ville, et sa haute cheminée de brique est comme un pivot qui ouvre sur la mer, sur le port, sur la ville. Ses tuyauteries magnifiques sont entretenues soigneusement, leur colorisation ayant été confiée à un concours d’artistes. Autour de ce dispositif existant transformé en musée de l’Estuaire est organisé un espace concédé par la ville à un magasin de type FNAC ou Virgin a fort pouvoir d’attractivité. De ce fait, la place du commando est devenue un lieu de convivialité : à l’abri des vents mais au soleil, ouvrant une vue sur la mer, sur Vilès Martin, sur l’entrée Sud du port et l’aire de jeux pour enfants, des cafés-brasseries se sont naturellement implantés, d’autant plus que la mairie a concédé des emplacements pour des terrasses qui fonctionnent été comme hiver. Un parc à vélos de type velib complète l’attractivité de cet îlot ouvert. Cette place est devenue un lieu de rencontre et de rendez-vous pour toute la presqu’île et ses visiteurs.

3. la base sous-marine, lieu d’histoire et de transmission Ce témoin historique, dont la pérennisation a longtemps été sujette à controverses, n’a plus cet aspect de barrière infranchissable entre la ville et son port : le terminal frigorifique ayant déménagé à Paimboeuf, redonnant à cette ville un peu de sa fonction première, et trouvant là une main d’œuvre disponible. Cargill aussi a libéré la place, s’installant en amont de Loire, vers Donges. A droite et à gauche du blockhaus on a donc un accès ouvert au port en eau profonde, lequel présente maintenant un quai pour la navigation de plaisance, à moteur et à voile. L’écluse latérale est réservée à cette navigation comme aux navires de pêche. La ville respire, le nouveau théâtre et les cinémas ont retrouvé une perspective ouverte sur une activité portuaire augmentée. La ville-port justifie plus que jamais son titre. Le toit de la base est engazonné pour partie, et ouvert à la flânerie et à la contemplation.

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4. le paquebot,

une base de vie pour la recherche

Le ruban bleu drainant une bonne partie du commerce nécessaire aux usagers, on a pu utiliser le paquebot à d’autres fins, le transformer dans le sens de l’identité accentuée de la ville. Si de par sa forme il justifie toujours son appellation de paquebot, il a été surélevé de plusieurs étages (5 ou 6), qui ont été affectés comme annexe à l’université de Gavy, reliés l’un à l’autre par des bus rapides. Ce sont des locaux affectés à des cycles interuniversitaires de formation spécifique : DIU, 3ème cycles et unités de recherche. Trading, shipping, commerce maritime, construction navale et aéronautique. Recherche sur les zones humides, écologie, échanges avec le Parc de Brière. Cette extension est devenue un lieu de spécialisation en lien permanent avec l’activité économique locale, et en tant que telle une plateforme de référence. La zone piétonne environnante s’est peu à peu habillée de librairies spécialisées, alternant avec des cafés, cybercafés et restauration rapide. Les étudiants qui effectuent un cycle à Saint Nazaire ont la chance de pouvoir échanger avec des professionnels, et l’insertion dans la vie active en est facilitée, les échanges sont gagnant/gagnant. Des options sont accessibles en Validation des Acquis de l’Expérience en cours du soir, et à ces heures tardives une mini crèche a été prévue. La parité est en bonne voie mais a du mal à s’installer aux plus hauts niveaux de la société. Les femmes, même et surtout à haut niveau de compétence, ont toujours une mauvaise visibilité. Pour y remédier localement, et utiliser au mieux leur compétence, une antenne s’occupe de la mise à jour d’un répertoire détaillé interactif des compétences des femmes, et se met à la disposition des entreprises, administrations et instances locales pour les aider à respecter la parité jusqu’aux plus hauts niveaux. Cette insertion universitaire en cœur de ville est porteuse d’une grande richesse : - Les jeunes se plaisent en cœur de ville et y développent un quartier très vivant. - Leur insertion professionnelle ultérieure a de bonnes chances de se réaliser sur place, la ville est devenue très attractive pour ces jeunes qui s’y installent volontiers. - C’est un marquage d’identité très fort pour Saint Nazaire et sa région, et une ouverture sur le monde.

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5. la zone de brais, un dynamisme appuyé de convivialité Le bassin d’emploi de la zone de Brais s’est développé et concentré. Sa force d’attraction s’est accrue par l’installation d’un “mall” central abritant différentes ressources complémentaires à la vie sociale des employés : - Crèche à horaires adaptés aux entreprises locales - Cabinet médical, dentiste, kiné, infirmière - Salle de gym - Lieux de restauration rapide et cafés permettant aux employés des différentes entreprises de se rencontrer et d’échanger aux heures de pause - Une supérette et une boulangerie. - Ce mall abrite également des “bureaux partagés”, locaux fonctionnels que l’on peut louer à l’heure, à la journée, à la demande et avec accès aux équipements de bureaux. Pour un moindre coût, un jeune peut ainsi démarrer une entreprise de façon extrêmement légère. Une entreprise externe peut aussi trouver un moyen progressif de s’implanter, et des particuliers, auto entrepreneurs, associations y trouveront leur compte. Parmi ces bureaux partagés, certains sont aussi des salles de réunion. Une ligne rapide de bus relie la zone de Brais au Centre-Ville

6.le bois joalland, un espace pour les rencontres sportives Le Bois Joalland a peu à peu relayé le Parc Paysager dans son rôle de parcours sportif. Sur la rive Sud /Ouest, Salles et terrains accueillent des compétitions sportives nationales et internationales. Le parc paysager accueille à présent un centre aéré et une piscine ludique.

7. méan-penhoët, une mixité riche de créativité Ce quartier, à habitat majoritairement ouvrier en raison de sa proximité avec les chantiers et Airbus, abrite aujourd’hui des lieux collectifs mis à la disposition d’artistes locaux dans le but d’assister à l’émergence d’une création pluridisciplinaire. Un artiste, musicien, plasticien, vidéaste, chorégraphe, metteur en scène, peut demander pour un loyer faible à utiliser un local pendant un temps limité. Des évènements ouverts au public y sont possibles et même recommandés. Des ateliers individuels à vocation d’habitation sont également proposés aux artistes pour une durée de deux ans. En outre, quelques jours par mois, les jours sans marché, la belle halle de Penhoët est utilisée comme lieu d’exposition ou de work-in-progress, avec accès libre et régulier du public. Il y a également dans cette halle, comme dans celle du centre-ville, un jour par mois dédié au troc, échanges gérés scrupuleusement par les associations pour éviter tout débordement.

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8. la brière, mise en œuvre d’une reconnaissance historique et écologique

Un spectacle d’été s’est créé sur l’île d’Errand, en relation avec l’Ecomusée de Saint Nazaire, et avec le théâtre Athénor, mettant en scène les spécificités du Parc de Brière et de l’Estuaire, l’histoire du territoire, et rendant accessible au public l’avancée des recherches sur le thème des zones humides. Les briérons volontaires de tous âges sont très impliqués dans la réalisation de ce spectacle, valorisant les caractéristiques de cette zone très particulière qui représente la plus grande part du territoire de la CARENE.

9. les transports Une ligne de batobus régulière relie d’une part Saint Nazaire à Nantes, passant par Paimboeuf, d’autre part Ville-port à St Marc sur mer, qui permet un tourisme local les week-ends, vacances et jours fériés. Des gares à vélos type Velib sont situées à La gare SNCF, place du commando, à Savine, à Gavy, à Saint Marc, au Bois Joalland, au Paquebot. Une ligne de train-bus spéciale métropole est installée en parallèle de la ligne traditionnelle. Chaque demi-heure on peut aller de Nantes à St Nazaire ou retour par cette navette Estuaire, et un abonnement est possible à prix modique pour les riverains, donnant également accès aux trams nantais et à Helyce. La ligne maritime St Nazaire-Giron s’est développée et enrichie de plusieurs destinations régulières (Bordeaux, Lisbonne, Dublin) redonnant à Saint Nazaire son identité ancienne de port d’embarquement. A la gare, on trouve : une mise à disposition de vélos de type Velib, une mise à disposition de voiturettes électriques, un site de rendez-vous de covoiturage.

10.

l’opportunité de l’avant- garde

Une préoccupation primordiale sur notre territoire est la mixité sociale : par mixité sociale, s’entend le brassage des catégories sociales, mais aussi et à égale urgence le brassage des générations : développer au maximum la richesse qui se dégage des échanges intergénérationnels en terme d’ouverture et de qualité de vie. La reconstruction d’après-guerre a mis l’accent sur des petites maisons individuelles (maisons Baizeau, …) ou de petits immeubles encadrant pour la plupart des jardins, le tout formant des îlots rectangulaires. Ce rêve des années 50, une maison avec jardin pour chacun, a évolué peu à peu pour devenir : une maison à certaines époques de la vie, l’accès possible à un jardin tout au long de la vie. La ville s’est donc adaptée peu à peu. Dans ces îlots de maisons

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de ville, on trouve maintenant dans la partie Nord de chaque îlot un immeuble de 4 étages avec ascenseurs et balcons en lieu et place des maisons individuelles. Ainsi le soleil entre dans l’immeuble, et n’en prive pas les maisons voisines. La partie du jardin central affectée à l’immeuble est transformée en jardin partagé pour les habitants de l’immeuble. Les immeubles sont pour la plupart occupés par de jeunes célibataires ou des personnes âgées, tandis que les maisons abritent plus souvent des couples avec enfants. Au rez-dechaussée des immeubles, on trouve des services collectifs : mini crèches, bureaux partagés (les jeunes, les gens travaillant avec l’étranger ne rechigneront pas à utiliser ces bureaux de proximité la nuit à moindre coût), mais aussi salle à manger collective, buanderie collective, salle de télé collective… les épiceries de quartier y trouvent spontanément leur raison d’être. On optimise ainsi l’espace tout en favorisant la convivialité et le partage des services. On lutte contre l’isolement des personnes âgées et on permet aux étudiants de financer leurs études par de petits emplois dans le périmètre immédiat (courses pour le 3ème âge, gardes d’enfants, aide périscolaire, petits travaux domestiques…). Les personnes âgées trouvent aussi le moyen d’utiliser leurs compétences au sein de l’îlot, ces échanges étant gérés par des associations. Les nombreux garages en batterie qui ont été construits dans l’après-guerre ont évolué de plusieurs façons : selon l’emplacement, certains ont été utilisés pour l’implantation d’immeubles, mais, l’usage de la voiture ayant perdu son rôle quotidien, certains ont été purement démolis pour retrouver des espaces nécessaires en cœur d’îlots. Lorsque cela a été possible, on a construit un parking en étages, avec murs et toits végétalisés. Les habitants comme la ville ont peu à peu implanté une bonne part d’arbres fruitiers dans le parc arboré, de la même façon qu’une bonne part des jardins partagés est utilisée en potagers. Les quelques descriptions abordées ici ne prétendent pas à l’exhaustivité. On a par exemple volontairement éludé les questions du traitement des déchets et de l’énergie, laissant ces domaines à de plus experts. On s’est attaché à l’attractivité du territoire et à une mixité harmonieuse des populations, souhaitant voir la CARENE devenir un modèle enviable et recherché.

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Sophie FAŸ et Sarah TRICHET-ALLAIRE, citoyennes volontaires “Petite enfance”

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L’égalité entre les femmes et les hommes à la maison et dans la société contribue à un meilleur équilibre entre les enfants et les parents. La place des enfants est trop souvent occultée, et les personnes qui s’en occupent ne sont pas valorisées, ni financièrement ni socialement.

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La CARENE attire et retient une population jeune en favorisant l’accueil de la petite enfance. l’arrivée de l’enfant dans la famille

Dès l’arrivée du bébé, les pères ont tendance à ne pas se sentir impliqués dans la réalité quotidienne de cette nouvelle configuration familiale. Leur ancrage dans la vie familiale doit être favorisé par une implication dès la grossesse : - présence lors des échographies et des séances de préparation à l’accouchement ; - sensibilisation à l’importance de la présence du père, notamment par le contact, la voix. Les accouchements surmédicalisés n’aident ni les pères ni les mères à être à leur juste place. L’accouchement est un moment qui appartient aux deux parents. Les nombreux actes médicaux systématiques (monitoring permanent, position allongée, etc.) ne favorisent pas un accouchement “naturel”, ou plutôt physiologique. Il ne s’agit pas de laisser faire entièrement la nature, mais la démarche motrice est bien d’écouter son corps. Il est important de souligner que l’accueil de l’enfant et les premiers soins sont un apprentissage autant pour le père que la mère. C’est un apprentissage qui n’est pas plus “naturel” pour la mère que pour le père.

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Une Maison de la Naissance sur la CARENE favorise cet apprentissage ainsi que l’implication des pères. Cet établissement accueille en couple les futurs parents pour informer, pour des séances de préparation à l’accouchement, mais également pour abriter des accouchements qui ne nécessitent pas de suivi médical particulier, en un déroulement harmonieux. C’est également un lieu de rencontre possible entre parents pour échanger leurs expériences et leurs vécus, et accueillir également les activités des PMI (Protection Maternelle et Infantile) et des associations telles que L.P.L.M (les papas = les mamans), Allô allaitement, la Leche League, les Petites Graines (portage de bébé en écharpe). Le planning familial y fait également des interventions. L’éducation sexuée des enfants (poupées, dînette) contribue à la culpabilisation des mères (anormales, en dehors de la norme) si elles ne prennent pas en charge l’ensemble des 86 ¦ 94


nouvelles tâches domestiques, tandis que les pères ne portent pas cette culpabilité, ni même en conséquence la responsabilité. Les pères ne sont pas toujours conscients que leur rôle ne saurait se limiter à gagner de l’argent pour la famille. C’est d’ailleurs à l’arrivée du premier enfant que les inégalités du partage des tâches domestiques se creusent, entraînant une différence de carrière entre les femmes et les hommes. Devant ce constat, un partage équitable des congés parentaux permettrait d’établir un équilibre dès la constitution de la nouvelle famille.

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La CARENE propose des campagnes d’informations auprès des particuliers pour le partage des tâches domestiques (par exemple, partenariat avec LPLM) et auprès des entreprises pour démontrer que les congés parentaux, que ce soit pour les hommes ou pour les femmes, ne sont pas des freins dans l’avancement des carrières. Un label est créé afin de valoriser les entreprises encourageant la pratique de congé parental alterné ou limitant voire interdisant les réunions tard le soir. Des avantages fiscaux (taxe professionnelle) sont accordés en fonction de l’obtention de ce label. l’arrivée de l’enfant dans la société

Ce moment particulier de la vie des femmes ne concerne que 5 à 10 ans d’une vie professionnelle de 40 ans, puis d’une retraite qui est conditionnée par la régularité de la carrière. Les pouvoirs publics ont donc une responsabilité particulière dans la prise en charge de l’accueil des enfants, que ce soit lors de la reprise des activités professionnelles ou bien tout au long de la carrière. Pour le bien de la société, cet accueil doit permettre aux femmes de poursuivre leur vie professionnelle en toute sérénité : - souplesse des horaires d’accueil - diversification des modes d’accueil - augmentation du nombre de places dans les structures d’accueil - développement des crèches d’entreprise La souplesse des horaires d’accueil doit pouvoir permettre de gérer les imprévus professionnels, y compris des rencontres informelles et impromptues qui sont cruciales dans l’évolution des carrières. Il serait équitable d’interdire les réunions professionnelles tard le soir.

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Les équipements publics de la CARENE (locaux de la CARENE, Agora, Maisons de quartier, Mairies, salles municipales) ont intégré la place des jeunes enfants en équipant par exemple les bâtiments publics de tables à langer. Lors des réunions (conseil municipal ou communautaire, conseil de développement, événements publics), un accueil des enfants est prévu pour n’avoir à exclure ni l’un ni l’autre des parents. Les lieux publics pouvant accueillir des réunions sont systématiquement équipés d’une salle permettant d’accueillir des enfants en bas âge. Cette salle peut ponctuellement accueillir des professionnels de la petite enfance pendant les réunions et événements. La CARENE et les mairies proposent des services de crèche pour leurs salariés (es) et élus (es), montrant la voie pour les entreprises et collectifs d’entreprises. La formation des professionnels de la petite enfance a intégré une réflexion sur une éducation ne reproduisant pas les stéréotypes de genre. l’arrivée de l’enfant à l’école

La France est pionnière dans le principe de l’école dès l’âge de 3 ans. Il serait intéressant d’amener les pays européens à adopter cette avancée. La socialisation dès le plus jeune âge, outre la possibilité pour les femmes de poursuivre leur carrière, permet à l’enfant d’acquérir des réflexes civiques qui lui seront utiles, à lui ainsi qu’à la société, tout au long de sa vie. C’est un élément non négligeable de l’égalité des chances. Comme pour la petite enfance, les professeurs des écoles peuvent intégrer les principes d’une éducation non genrée.

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L’implication dans des choix qui sont habituellement centralisés au niveau de l’État est possible et intéressante dans une agglomération à forte implication associative et à forte population ouvrière. Les bienfaits sociaux en sont rapidement mesurables.

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Sauvegarde et Protection de la Corniche Nazairienne et de son Environnement, (SPCNE)

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dynamiser le territoire

Faciliter les productions de richesses par un développement accru d’une industrie diversifiée (PMI et PME) et du commerce. Promouvoir les qualités particulières régionales avec les communes environnantes : La Brière, la Presqu’île, les marais salants, la côte littorale et ligérienne. Arrêter de faire un “copier coller” de Nantes Métropole et porter une réflexion sur la qualité et les opportunités de notre territoire si particulier en personnalisant la démarche.

rendre la ville plus attractive

Sortir d’une “architecture” agressive, sans intérêt et massive, en béton coloré ou non, ou habillé de bois pour” faire joli”, mais privilégier dans la composition des façades des matériaux “vivants” tels que la pierre apparente, le jeu des appareillages de briques, le placage ou habillage de matériaux céramique, etc... L’aménagement du Front de Mer est une étape positive, il faut le compléter en y favorisant l’implantation de commerces, restaurants, ... Le renouvellement urbain du quartier de Sautron est une opportunité pour y créer “une rue gourmande” où l’offre de restauration pourrait être concentrée et attirer de nombreux consommateurs. En harmonie avec la vocation de notre Port de transit et d’accueil de visiteurs touristiques maritimes, donner à l’îlot du “Vieux Saint-Nazaire” un aménagement dynamique approprié et attendu avec la pratique de l’espace maritime. Se réapproprier le Port et le ré intégrer à la ville en démolissant la base sous- marine et en libérant les quais d’appontement pour les navires de croisières. améliorer et compléter l’offre de transports sur tout le territoire

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Désenclaver Saint-Nazaire et la communauté d’agglomération via le port de Montoir de Bretagne en développant le ferro-routage, les porte-containers pour la desserte des entreprises qui viendraient s’installer. Créer une gare maritime et rétablir le bac Nord Sud Loire. Créer une liaison fluviale ligérienne et touristique vers les Iles, entre Saint-Nazaire et le Croisic, la Turballe, etc. Doubler la ligne ferroviaire Saint-Nazaire - Le Croisic ainsi que la ligne Saint-Nazaire Pontchâteau Chateaubriand pour y créer un tram-train pour amener les populations à laisser leurs véhicules particuliers. 90 ¦ 94


Remettre en circulation un petit train ou tramway vers la Brière pour le transport des usagers locaux mais aussi pour l’offre touristique. Compléter “hélYce” par une offre de transport à destination des populations qui travaillent, notamment vers la zone de Brais et la zone portuaire. Instaurer des navettes pour desservir ces zones d’emploi au départ de parkings extérieurs. Poursuivre le “partage citoyen de la ville” avec des sites propres aux voitures, bus, vélos, piétons et des trottoirs suffisants pour les fauteuils roulants et les poussettes.

envisager une communauté élargie

Regrouper La CARENE, Cap Atlantique, la communauté de communes Loire et Sillon et celle du Pays de Pontchâteau pour gérer notamment le traitement des déchets et peut-être imaginer un aménagement du territoire (transport, tourisme, ...) étendu à un tiers de la Loire Atlantique.

mettre en place un plan de prévention des risques naturels sur tout le territoire de la carene. créer à saint-nazaire une vraie

“cité administrative” parfaitement

desservie

Regrouper la majorité des services publics (Mairie, Sous-Préfecture, Services Sanitaires Maritimes, CCI, Tribunal, Conseil Général et Conseil Régional) dans les bâtiments Météor sous occupés. Avec la proximité du pôle d’échange multimodal, ce regroupement devrait permettre de limiter les déplacements en ville.

réhabiliter certains bâtiments

Réhabiliter les bâtiments administratifs (Sous-préfecture, Services Sanitaires Maritimes) libérés par la création de la “Cité administrative” et dont la fonctionnalité est devenue inadaptée. Réhabiliter le château de Porcé et son environnement paysager.

penser un pôle santé

A côté de la Cité sanitaire, préserver une offre de médecine de proximité, créer des “dispensaires” ou maisons de santé dans les quartiers et mettre l’accent sur la prévention. Conserver des éléments du Moulin du Pé (tripode entier) pour de services de soins type gériatriques, soins infantiles (conservation de la maternité), convalescence.

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améliorer l’offre de logements en ville pour les étudiants

Réhabiliter une partie du tripode du Moulin du Pé, proche de la cité scolaire et utiliser l’ancien bâtiment des Télécoms, boulevard Laënnec. préserver la présence d’artisans de proximité en ville. prévoir suffisamment de salles de réunions ou d’expositions

Dans les différents secteurs de la ville, des salles de capacités différentes, pour les particuliers et les associations.

éducation

Déployer des dispositifs éducatifs permettant de contribuer à l’éducation collective : eau, projets urbains, qualité de l’air, espaces naturels, éco citoyenneté, environnement sonore, solidarité internationale, gestion des déchets. Soutenir des projets de rapprochement Ville-Ecole. C’est le cas des labels Ville internet, ou plus récemment École internet. Ces expériences participent à promouvoir les usages d’Internet dans le cadre d’une égalité d’accès et d’appropriation pour tous les élèves des écoles du premier cycle.

la jeunesse

Améliorer l’offre de loisirs pour les jeunes dans les quartiers afin qu’ils ne soient pas obligés de se déplacer systématiquement vers le Parc Paysager qui concentre les activités. Instituer un conseil municipal des jeunes qui serait un espace d’échanges entre les jeunes. Ce serait un moyen d’apprentissage de la citoyenneté et l’occasion de participer activement à la vie de sa ville où les sujets abordés pourraient porter sur l’amélioration de leurs conditions de vie, la sécurité, l’environnement, la solidarité, la santé, ….

communications et télécommunication

Développer le réseau numérique pour l’usage du très haut débit sur le territoire de l’agglomération par un maillage efficace de la fibre optique, du câble, etc.

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Conseil de développement

de la CARENE Saint-Nazaire Agglomération 4, avenue du Cdt l’Herminier BP 305 44605 Saint-Nazaire cedex tél. 02 51 16 48 07 - fax : 02 40 19 59 20 conseil.developpement@agglo-carene.fr · picto-gramme.fr · 06/2012 · W0303 ·

www.agglo-carene.fr, rubrique : connaître la CARENE

juin 2012


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