OPUS 2013

Page 1

2030-2040

LES VISIoNS CIToYENNES SUR :

lES ENErGIES marINES rENOuVElablES  synopsis  La prospective est un exercice nouveau pour le Conseil de développement mais intéressant lorsqu’il permet de dépasser l’horizon du court terme et des convictions individuelles pour imaginer collectivement le futur de l’agglomération nazairienne. opus 2013 est consacré à la restitution des travaux menés en 2013 par le Conseil sur les énergies marines renouvelables. L'ensemble de ce travail n'a pas la prétention d'être une parole experte et encore moins définitive mais voudrait révéler tout autant des analyses et des questionnements que des rêves et des craintes de la société civile. A ce titre, il constitue davantage l’amorce d’une dynamique citoyenne qu'un résultat figé.

Conseil de développement de la CARENE Saint-Nazaire agglomération " www.agglo-carene.fr/rubrique:connaitrelacarene



composition #01

parOlES D’EXpErTS  composition #02

VISIONS JEuNES  composition #03

VISIONS parTaGEES ET INTEllIGENCE COllECTIVE  a. SUR LE VIF b. "IMAGINoNS LES PoSSIBLES"

composition #04

parOlES DE CITOYENS  bretagne vivante - groupe Mer & Littoral  "L'éolien en mer" Thierry CHARTRAIN, Fédération des Parents d'Elèves de l'Enseignement Public 44  "Mutation possible des enjeux et perception de la société civile" Anatole DANTo, citoyen volontaire  "Quelle filière EMR pour la région nazairienne ?" bernard DRoUILLET, CLCv (Consommation Logement et Cadre de vie)  "EMR : énergies de demain" Sophie FAŸ, personnalité qualifi ée et Daniel MoyoN, citoyen volontaire  Conversation sur "L’éolienne et le paysage" Daniel gARDAIS, citoyen volontaire  "Le 3 juin 2043" Jean-Marie IMbERT, personnalité qualifi ée  "Au large de nos côtes en 2035" Daniel MoyoN, Envie 44  "Energies marines renouvelables" Nantes Saint-Nazaire Port "Energies marines renouvelables : un enjeu national, un ancrage territorial" Christophe RICHARD, citoyen volontaire

composition #05

rEmErCIEmENTS › 3


"

Lorsque je me suis inscrite dans le groupe de travail sur les EMR au Conseil du développement, je n’avais pas l’intention d’en faire un objet de peinture. En effet, j’ai l’habitude de partager ma vie en tronçons, chaque tronçon vivant sa vie de façon autonome : j’ai toujours considéré mon travail de peintre comme un espace de vie en dehors des différents quotidiens. Le business alimentaire, la famille, la vie associative, occupant chacun des espaces délimités, je suis assez heureuse de retrouver ce lieu qui concerne un monde intérieur écarté. Mais je ne peux pas nier qu’il y ait une certaine porosité dans les cloisonnements, et surtout, si je ne cherche pas la fusion, je ne m’en défends pas non plus. Je laisse faire ce qui doit se faire. Pour ce qui est des trois "laminaires", c’est une petite série qui était déjà là depuis l’an dernier, qui avait surgi de façon autonome, et qui me semblait tout à fait close. Juste avant, je sortais d’une série d’une vingtaine de petits profils qui s’était clôturée par des portraits d’animaux sur des toiles rondes, comme des médaillons faisant face aux figures humaines. Et puis je me suis mise à peindre des horizons maritimes vides, sans pouvoir ni peindre autre chose ni remplir ces horizons par quelque objet que ce soit. Vers la fin de l’année, j’avais une dizaine de toiles très vides, j’aimais ce vide qui me ressourçait et à la fois m’inquiétait un peu. J’ai fini par dessiner timidement trois très petites éoliennes sur l’horizon rose. Puis j’ai eu envie de dessiner des rythmes énergétiques sur l’horizon gris. Je ne peins jamais de toiles abstraites, aussi j’étais la première étonnée de ce surgissement. Puis j’ai eu envie de recommencer cette expérience de rythmes verticaux sur les autres horizons. Et, en fin d’année, la réflexion du groupe de travail EMR a commencé à s’introduire dans ce travail qui était déjà presque abouti, et à lui insuffler une signification que je n’y avais pas mise au départ. J’ajoute que la mairie de Piriac m’ayant demandé pour une expo d’été des toiles représentant le phare du four, j’ai trouvé cela évident de représenter le phare vu de très haut depuis la nacelle d’une éolienne… comme une vision du temps qui passe. Temps qui passe aussi sur une citerne de Donges vue d’une fenêtre de TGV." www.flickr.com/photos/sofay2012/sets/ (travaux après 2008) www.sofay.com (travaux avant 2008) sofay@sofay.com

les energies marines renouvelables

prEambule Le Conseil de développement souhaite donner de "l'épaisseur" à la participation citoyenne. Ainsi, cherche-t-il à travers ses travaux et au-delà des échéances électorales, à éclairer et à interpeller les élus de la CARENE. Le territoire, riche d'atouts naturels et humains, capable de relever des défis technologiques, saisit l'opportunité de participer à la diversification de son économie et à la transition énergétique avec l'exploitation envisagée des champs d'éoliennes en mer. Au-delà, l'expérimentation d'une centrale houlomotrice au large du Croisic ou encore la perspective de production de biocarburants de troisième génération avec la création d'un démonstrateur préindustriel de production de micro-algues sur le site de l'université de Gavy, semblent dessiner de nouvelles promesses pour l’agglomération nazairienne. C’est pourquoi, il nous paraissait important que le Conseil de développement et, plus largement, la société civile se saisissent de la connaissance, de l'analyse et du questionnement des enjeux locaux liés aux Energies Marines Renouvelables (EMR) à l’horizon des 20 ou 30 prochaines années.


Forts de notre expérience de réflexion prospective sur le territoire, encouragés par l’enthousiasme des jeunes à participer à ce travail1, nous avons mis en place un groupe de travail avec des membres du Conseil de développement et interrogé des étudiants de l’IUT et du Lycée Aristide Briand de Saint-Nazaire. Nous restituons dans le chapitre III, les espoirs, les rêves et les craintes pour l’avenir formulés par les membres, et dans le chapitre II, les résultats du sondage auprès des jeunes. Pour nous, animateurs, partant d'une faible connaissance du sujet des EMR, nous pouvons témoigner de l'intérêt de ces travaux et de la qualité des échanges. Nous avons été impressionnés par le niveau de connaissances des participants et leur mobilisation. Comme vous pourrez le constater, les visions divergent parfois mais le consensus se fait sur la recherche d’un équilibre entre la volonté d'aménager et celui de "ménager" notre espace maritime. Nous avons également sollicité des experts qui nous ont apporté leurs éclairages et réalisé des visites de terrain. Les interventions sont

résumées dans le chapitre I et consultables dans leur intégralité sur le site de la CARENE, dans la rubrique consacrée au Conseil de développement2. Le chapitre IV reprend les contributions de citoyens et de structures membres du Conseil de développement qui ont bien voulu s’exprimer librement sur le sujet. Enfin, nous remercions Sophie Faÿ, Sofay de son nom d’artiste, peintre plasticienne à SaintNazaire et personnalité qualifiée au Conseil de développement, pour ses illustrations inspirées qui apportent une autre dimension à la réflexion. L'ensemble de ce travail n'a pas la prétention d'être une parole experte et encore moins définitive sur les EMR mais voudrait révéler des convictions, des analyses et des questionnements de la société civile. A ce titre, il constitue davantage l’amorce d’une dynamique citoyenne qu'un résultat figé.

Jean-Marie Imbert, personnalité qualifiée et Daniel Gardais, citoyen volontaire Animateurs de la réflexion

1 : "2030, Les visions citoyennes", contribution du Conseil de développement à "Destinations 2030". 2 : Travaux consultables sur : www.agglo-carene.fr, Connaître la CARENE, Le Conseil de développement

› 5


composition #01

PAROLES  D’EXPERTS Pour "nourrir" la réflexion et le potentiel créatif des membres du Conseil de développement, trois conférences mobilisant des experts et des élus ainsi que deux visites ont été organisées entre janvier et octobre 2013. Soucieux de relayer une information distanciée auprès de tout un chacun, le Conseil de développement a souhaité ouvrir les conférences au grand public. Les présentations des conférenciers sont consultables sur le site de la CARENE : agglo-carene.fr/, rubrique Connaître la CARENE, le Conseil de développement


les conférences Les thèmes ont été choisis en cohérence, dans la mesure du possible, avec le débat public relatif au parc éolien en mer de Saint-Nazaire qui s’est déroulé de mars à août 2013 et pour répondre aux principales attentes exprimées par les membres du groupe de travail EMR, à savoir : - connaître les différentes technologies EMR quel que soit leur stade de développement économique. Les membres ont souhaité dépasser la question des éoliennes offshore afin de mener une réflexion prospective globale et de ne pas focaliser les débats sur le parc de Saint-Nazaire, - appréhender les conditions économiques de structuration d’une filière EMR sur le territoire et mesurer les atouts de l’agglomération, - comprendre les enjeux liés à la formation, la recherche et l’innovation dans ce domaine. La conférence initialement prévue sur le thème de l’impact environnemental et de l’acceptabilité sociale des EMR n’a finalement pas été programmée. Il s‘avère que l’impact environnemental est, à ce jour, essentiellement appréhendé pour l’éolien en mer. Une conférence sur ce thème aurait été redondante avec le débat public, débat auquel, par ailleurs, plusieurs membres du groupe ont participé.

Energies Marines Renouvelables : que savons-nous ?

Lundi 21 janvier 2013 à 18h00 à Saint-Nazaire, salle Brière, Bâtiment Météor "Face au réchauffement climatique et à l’impératif d’un développement soutenable, la vision des Etats en matière d’énergie a évolué. L’accent est mis aujourd’hui sur la nécessité de diversifier les sources d’approvisionnement en énergie favorisant ainsi le recours aux énergies renouvelables, dont les énergies marines. Ces dernières ont un avenir prometteur en France, pays qui dispose d’un véritable potentiel énergétique exploitable." Quelles sont les avancées techniques et scientifiques dans ce domaine ? Quelles sont les expérimentations menées dans le monde, en France et dans notre région ? Permettront-elles de déboucher sur la création de nouvelles filières industrielles ? Intervenants : Christian BERHAULT, Directeur du site d’essais SEM-REV à l’Ecole Centrale de Nantes Pascal JAOUEN, Directeur de l'Institut Universitaire Mer et Littoral de l'Université de Nantes-Ifremer-ECN-CNRS, directeur-adjoint du laboratoire GEPEA-CNRS à Saint-Nazaire, Directeur du Département Génie des Procédés et des Bioprocédés à l'école d'ingénieurs Polytech Nantes

› 7


Emr : une fi lière économique en devenir  sur le territoire ? Jeudi 4 avril 2013 à 18h00 à Saint-Nazaire, salle Brière, Bâtiment Météor L’émergence d’une nouvelle filière industrielle est un phénomène rare en France, qui ne se produit que tous les 40 ou 50 ans. L’agglomération de Saint-Nazaire se prépare à jouer un rôle majeur dans la structuration, l‘accueil et l’intégration d’une filière "Energies Marines Renouvelables" sur le territoire, porteuse d’emplois et d’activités. Quelle structuration du tissu économique local pour répondre aux marchés des énergies marines renouvelables (EMR) ? Quels sont les acteurs et les entreprises locales parties prenantes ? Quelles sont les conditions de réussite pour le développement d’une filière EMR ? Quelles coopérations avec les régions voisines ?

Saint-Nazaire agglomération : terre de  compétences pour le développement  d’une fi lière Emr ? les défi s de la r&D  et de la formation

Mercredi 12 juin 2013 à 18h00 à Saint-Nazaire, salle Brière, bâtiment Météor La région Pays de la Loire et Saint-Nazaire agglomération se préparent à jouer un rôle majeur dans la structuration et l’accueil d’une filière "Energies Marines Renouvelables" sur le territoire. Quel impact en termes d’emplois ? De quelles compétences disposons-nous ? Quels sont les atouts de la région dans le domaine de la Recherche & Développement et de la formation ? Quels défis devons-nous relever ? Intervenants : Christophe CLERGEAU, 1er Vice-président de la Région Pays de la Loire, Président de la commission Economie - Innovation -

Intervenants : Philippe JAN, Directeur du développement des entreprises

Laurent MANACH, Directeur Général Adjoint en charge du

à la Chambre de Commerce et d’Industrie de Nantes-Saint-

développement à l’Institut de Recherche Technologique (IRT)

Enseignement supérieur

Nazaire

Jules Verne,

Jean-Claude PELLETEUR, Président de Neopolia, réseau

Amaury MOURCOU, Directeur de l’Action Economique à la

local d’entreprises

CARENE Saint-Nazaire agglomération

les energies marines renouvelables


les visites Plusieurs visites ont été envisagées pour permettre aux membres du Conseil de développement de découvrir les différentes technologies présentes sur le territoire en phase d’industrialisation (l’éolien), de recherche et d’expérimentation (la biomasse marine, l’énergie houlomotrice). Deux visites ont été organisées : les laboratoires nazairiens et l’école centrale de Nantes. Très sollicité en ce qui concerne Haliade, Alstom n’a pu répondre favorablement à la demande du Conseil de développement.

Le GEPEA

+ gepea.fr Le laboratoire de Génie des procédés – environnement – agro-alimentaire a été créé en 2000. Il réunit les équipes de Génie des procédés de l'Université de Nantes, de l'Ecole des Mines de Nantes et de l'ONIRIS (Nantes). Le laboratoire GEPEA est associé au CNRS depuis le 1er janvier 2002 (UMR CNRS 6144). L'objectif est de développer le Génie des procédés dans les domaines de l'agro-alimentaire, de l’environnement et de la valorisation des bioressources marines. Directeur : Pr Jack LEGRAND Directeur Adjoint : Pr Pascal JAOUEN

Défi-Microalg : démonstrateur pré industriel de production de micro algues "A Saint-Nazaire, l'algue devient carburant", Les Echos n° 21354 du 15 Janvier 2013 (extrait) : En 2014, Saint-Nazaire disposera d'un démonstrateur pré-industriel de production de microalgues, étape cruciale vers les carburants de troisième génération. Cette plate-forme de R&D, baptisée Défi-Microalg, "vise à faire la preuve de la production industrielle de microalgues à vocation énergétique, en consommant évidemment moins d'énergie que l'on en produit", résume Jack Legrand, directeur du Gepea. Ce laboratoire mixte (université de Nantes, CNRS, Oniris, Ecole des mines) mène notamment des travaux sur des panneaux

fins, optimisant l'exposition au soleil des cultures et limitant la consommation d'eau.

Le GeM

+ gem.ec-nantes.fr/ Le GeM est une UMR du CNRS installé sur deux établissements, d'une part l'Ecole Centrale de Nantes, d'autre part l'Université de Nantes sur deux sites : la Faculté des Sciences et des Techniques à Nantes et l'I.U.T. à Saint-Nazaire. Scientifiquement, l'Institut est centré sur l'étude des interactions qui caractérisent les systèmes complexes et couplés en mécanique des solides et en génie civil. Directeur : Laurent STAINIER, Directeur adjoint : Frédéric JACQUEMIN › 9


L’IREENA

+ ireena.univ-nantes.fr/ L'Institut de recherche en Energie Electrique de Nantes Atlantique développe ses activités sur le site de Saint-Nazaire. Les thèmes traités ont en commun l'approche système et sont axés sur la modélisation des dispositifs électromagnétiques, la conversion et la maîtrise de l'énergie. Les domaines d'application concernent le transport et les énergies durables. Directeur : Mohamed MACHMOUM

L’École centrale   de Nantes (ECN)

LES ENERGIES MARINES RENOUVELABLES (EMR) : REPERES Le contexte énergétique Protocole de Kyoto : réduction de 8 % des Gaz à Effet de Serre pour l’Union Européenne Grenelle de l’Environnement : 23 % des énergies renouvelables dans le bilan énergétique à l’horizon 2020

+ ec-nantes.fr/ Les membres se sont intéressés à ses activités de recherche sur les énergies marines renouvelables, l’énergie de la houle en priorité et plus récemment celle des courants et du vent offshore à travers : Le Laboratoire de Recherche en Hydrodynamique, Énergétique et Environnement Atmosphérique est une Unité Mixte de Recherche du C.N.R.S. (UMR 6598) Les principaux moyens d’essais du laboratoire : un bassin d’essais des carènes et un bassin de houle

SEM-REV :   une plate-forme d'essais pour la Récupération de l'Energie des Vagues

+ semrev.fr/fr/ Le SEM-REV est une plate-forme de démonstration et d'expérimentation en pleine mer des technologies de récupération de l'énergie des vagues. L'expérimentation en pleine mer de ces systèmes, dits houlomoteurs, permet de valider le dimensionnement de la phase de conception et les essais de maquettes en bassins. L'expérimentation sur SEM-REV est la dernière étape avant le développement commercial d'un houlomoteur. Bertrand ALESSANDRINI, Directeur du développement et des relations industrielles à l’Ecole Centrale de Nantes, directeur scientifique de SEM-REV

Aurélien BABARIT, Ingénieur de recherche au Laboratoire de Mécanique des Fluides

Christian BERHAULT, Directeur du site d’essais SEM-REV les energies marines renouvelables

Les EMR L’énergie marémotrice : exploitation des courants de marée L’énergie de la houle et des vagues (houlomotrice) : utilisation des mouvements verticaux des ondes de houles L’énergie des courants marins (courant de houle, courant thermohalin, etc.) L’énergie éolienne off-shore : exploitation des vents marins L’énergie thermique des mers (ETM) : exploitation du gradient thermique entre les eaux de surface et les eaux profondes L’énergie osmotique : utilisation des différences de salinité pour produire un flux d’eau La biomasse marine : production en particulier des biocarburants à partir des algues


SOurCES D'ÉNErGIE DaNS la CONSOmmaTION EN FraNCE, 2010 (corrigées du climat d'après données SoES*)

déchets  solaire  urb. inc. th + pv

0,09%

0,3%

gaz naturel

22,7%

biogaz

0,8%

géothermie

0,6%

0,8%

paC

0,6%

éolien

énergies  renouvelables

bois +  biomasse

11,8%

pétrole

hydraulique

6,4%

3,5%

42,1% agrocarburants

1,7%

nucléaire charbon

17,1%

4,7% www.23dd.fr, o. Dumont d'après Chiffres clés de l'énergie, SoeS 2011, et Bbilan énergétique de la France, SoeS 2011 *Chaque pourcentage indique la part relative à l'énergie finale consommée, usage énergétique.

lES ENJEuX Du DÉVElOppEmENT DES Emr construire la filière industrielle

1er segment des EMR modernes à avoir atteint le stade commerciale

maturité

Eolien  offshore posé

Segment mature à faibles perspectives de développement

marémoteur

hydraulien Eolien  offshore fl ottant

ETm

pression osmotique après 2015

Segment faisant l'objet d'investissements et de développements technologiques soutenus

houlomoteur

• Segment très peu mature • Faible visibilité sur le développement à court et moyen termes après 2015

avant 2005

date de démarrage

Degré de maturité relatif aux 7 segments des énergies marines Source Indicta 2011 - France Energies Marines

› 11


composition #02

VISIONS  JEUNES Donner la parole aux jeunes, de façon concrète, paraissait essentiel tant ils restent sous représentés dans le Conseil de développement et parce qu’ils seront les forces vives de la société de demain. C’est ce que le Conseil a souhaité faire en allant à la rencontre d’étudiants de l’IUT et du lycée Aristide Briand de Saint-Nazaire. Les jeunes rencontrés ont entre 18 et 30 ans environ. Ils ne sont certes pas représentatifs de toute la jeunesse mais leur diversité d’origine sociale et géographique, leur dynamisme et leur capacité naturelle à se projeter dans l’avenir rendent leurs expressions intéressantes et importantes. Ils ont été interrogés de deux manières : à l’aide d’un sondage réalisé en partenariat avec l’IUT et le lycée Aristide Briand auprès de 214 étudiants (175 hommes et 39 femmes) et au cours d’entretiens avec trois classes1. 1 : L’enquête a été réalisée avant l’ouverture du débat public pour le parc éolien en mer de Saint-Nazaire.

Formations concernées IUT de Saint-Nazaire : DUT Génie Chimique (GC) 1ère année DUT Génie Civil (GC) 1ère année DUT Génie Industriel et Maintenance (GIM) 1ère année DUT Gestion Logistique et Transport (GLT) 1ère année DUT Mesures Physiques (MP) 1ère année DUT Techniques de Commercialisation (TC) 1ère année DAEU (Diplôme d’Accès aux Etudes Universitaires) Licence professionnelle Gestion de Projets Industriels Navals et Nautiques (GPI2N) et aéronautique (GPIA) Lycée Aristide Briand : BTS Electrotechnique 1ère année BTS Electrotechnique 2ème année Les jeunes ont été interrogés à la fois sur leurs connaissances et leurs visions d’avenir des EMR toute technologie confondue. A la demande des enseignants, les étudiants du BTS Electronique ont été "sensibilisés" aux EMR (enjeux, solutions exploitées en France et à l’étranger, éléments concernant la production d’énergie pour l’éolien offshore… ) à travers l’organisation d’une rencontre avec l’entreprise STX.


les resUltAts de l’enQUete jeUnes Les étudiants interrogés, convaincus de l'urgence d'une transition énergétique à opérer, restent optimistes  quant au rôle économique que pourraient jouer les EMR. L'impact environnemental local ne semble guère les  inquiéter car ils associent surtout les EMR au développement d'une énergie durable et propre. Les questions qu’ils se posent embrassent un large spectre de problématiques révélant chez eux une certaine  vigilance et un souhait d'avoir des informations précises notamment en ce qui concerne les métiers.

1. Des Emr connus des jeunes, ne serait-ce que de nom

188

141

125

122

53

27

Eolien

biomasse

marémotirce

hydrolien

thermique

salinité

Sondage Jeunes 2013 Synthèse - 214 questionnaires Source : Conseil de développement de la CARENE - IUT - Lycée Aristide Briand Mai 2013

190 houlomotrice

Quelles sont les EMR que vous connaissez, ne serait-ce que de nom ?

Les étudiants connaissent en grande majorité l’éolien et l’énergie houlomotrice. La biomasse, l’hydrolien et l’énergie marémotrice sont connus pour un peu plus de la moitié d’entre eux. Leurs connaissances sur les EMR et sur les questions énergétiques en général ont été acquises, en grande partie, au cours de leur formation.

› 13


2. les Emr : un avenir prometteur

Pensez-vous que les énergies marines renouvelables constituent un potentiel énergétique important pour la France ? Pensez-vous que notre région, en particulier le bassin industriel de Saint-Nazaire, dispose d'atouts propres à relever les défis d'exploitation de ces énergies ? 6% Non ne sait pas

46% Sondage Jeunes 2013 Synthèse - 214 questionnaires Source : Conseil de développement de la CARENE - IUT - Lycée Aristide Briand Mai 2013

48% Oui

Les étudiants sont plutôt optimistes -même si la moitié d’entre-eux réserve sa réponse par manque d’information, sur le potentiel des énergies marines renouvelables en France et les capacités de la région nazairienne à relever les défis d'exploitation de ces énergies : Les EMR : une énergie non polluante et renouvelable "La mer est sans doute le moyen de se procurer une immense quantité d’énergie non polluante et renouvelable". "L’énergie est une vraie question d’avenir qu’il faut dès maintenant prendre en compte". "Il faut passer progressivement du nucléaire aux énergies renouvelables." "Le manque d’énergie fossile doit être compensé au plus vite". "Les EMR ont un impact environnemental positif non négligeable". Les étudiants estiment, dans l’ensemble, qu’il est possible de concilier le développement des EMR avec la protection de la nature : "pourquoi ne pas créer des zones de reproduction de poissons autour des projets d’éoliennes off-shore pour repeupler la mer ?". Autrement dit, il faut permettre à la nature de reprendre ses droits tout en accueillant les nouvelles technologies. Cependant, ils considèrent que des précautions doivent être prises en amont de l’implantation d’un projet pour vérifier son impact environnemental : "si hier on disait amen à tous les projets, aujourd’hui on dit oui mais, attention, prenons des précautions avant de lancer des projets". Des atouts locaux pour développer une filière EMR "Nous avons la plupart de ces énergies à portée de main". "Le développement des EMR est adapté au potentiel naturel et au positionnement géographique de Saint-Nazaire." "La région nazairienne peut jouer un rôle considérable dans le développement des EMR". Les EMR : une nouvelle dynamique en faveur de l’emploi local "Les EMR vont apporter un nouveau dynamisme au territoire". "Les EMR vont contribuer au développement économique et à l’emploi". "Le développement des EMR sera bénéfique pour la région." "Les EMR pourraient contribuer au développement du tourisme industriel". les energies marines renouvelables


Quelques doutes et interrogations pour l’avenir Quelques étudiants ont fait part de leurs doutes et de leurs interrogations quant au potentiel des EMR : "Il y aura pénurie de pétrole avant que les projets EMR deviennent effectifs". "Les EMR peuvent être aussi polluantes que d’autres formes d’énergie". "Les éoliennes off-shore vont-elles gâcher le paysage ?" "Les moyens financiers seront-ils au rendez-vous ?". "Quel sera, à terme, le coût de l’énergie pour le consommateur ?".

3. l’houlomotrice et l’éolien : des énergies perçues comme exploitables localement

121

102

93

45

36

biomasse

hydrolien

Salinité

Thermique

141

Eolien

Sondage Jeunes 2013 Synthèse - 214 questionnaires Source : Conseil de développement de la CARENE - IUT - Lycée Aristide Briand Mai 2013

houlomotrice

169

maremotirce

Quelles sont les EMR qui vous paraissent exploitables dans les 20 à 30 prochaines années dans la région de Saint-Nazaire ?

L’énergie houlomotrice est placée en tête par les étudiants. Si certains ont entendu parler de SEM-REV, ils n’en ont pas gardé un souvenir précis. Ils ont également répondu favorablement pour l’énergie marémotrice.

4.  la formation et la recherche :  des conditions importantes au développement d’une fi lière

147

102

19

r&D

Information

autres

Sondage Jeunes 2013 Synthèse - 214 questionnaires Source : Conseil de développement de la CARENE - IUT - Lycée Aristide Briand Mai 2013

164 Formation

Quelles sont, selon vous, les conditions à remplir pour développer ces EMR dans la région nazairienne dans les 20 à 30 prochaines années ? (question à choix multiples)

› 15


La formation et la recherche & développement sont les principales conditions de réussite pour les étudiants, même si l’information et la concertation occupent une place importante. Les étudiants citent, dans le désordre, d’autres conditions de réussite pour le développement d’une filière EMR sur le territoire : - Les moyens financiers - L’investissement des industriels, de l’Etat et des collectivités - La communication à l’échelle nationale sur le potentiel EMR et les projets développés à Saint-Nazaire - Une sortie de la crise économique au niveau national - Une entreprise capable d’assurer des contrats (Alstom) - L’exploitation des données issues d’autres sites "prototypes" - La préservation du milieu marin et de la qualité des eaux - Un renforcement de l’attractivité de Saint-Nazaire - La lutte contre le gaspillage d’énergie

5. Des métiers "Emr" peu connus

Vous sentez-vous bien informé(e) au sujet des métiers d’avenir dans le domaine des EMR ? 9% Oui n'est  pas  intéressé

29%

62% Non

Sondage Jeunes 2013 Synthèse - 214 questionnaires Source : Conseil de développement de la CARENE - IUT - Lycée Aristide Briand Mai 2013

Plus de la moitié des étudiants se dit peu ou pas informée sur les métiers liés aux EMR. Près d’un tiers se dit peu intéressé et une infime partie d’entre eux envisage de suivre une formation dans ce domaine. Ces réponses s’expliquent par le fait que la filière EMR est en cours de développement et que les besoins des entreprises sont encore peu connus. 6%

6. les Emr : des emplois pour l’avenir ?

Oui

Pensez-vous travailler dans le domaine des EMR ?

39% Non Sondage Jeunes 2013 Synthèse - 214 questionnaires Source : Conseil de développement de la CARENE - IUT - Lycée Aristide Briand Mai 2013

les energies marines renouvelables

ne 55% sait pas


Seule une petite minorité d’étudiants envisage de travailler dans le domaine des EMR. Plus de la moitié ne sait pas à ce jour et donc ne l’exclut pas dans l’attente de connaître l’évolution des technologies et d’un développement de la filière en France. Les domaines d’activité cités par quelques étudiants : installations éoliennes, maintenance des parcs éoliens, développement durable, développement des carburants de 3ème génération, contrôle qualité des éoliennes. Ceux qui sont intéressés par ces métiers insistent sur la nécessité de disposer de formations de qualité et de pratiquer couramment l’anglais. Les plus réticents à l’idée de travailler dans le domaine des EMR citent le risque de concurrence avec la main d’œuvre étrangère et les difficultés du travail en mer.

7. les Emr : une information citoyenne à renforcer

En tant que citoyen(ne) de l’agglomération et de façon générale, vous sentez-vous bien informé(e) au sujet des EMR (projets prévus ou envisagés dans la région nazairienne, impacts en terme d’emplois, d’environnement, etc.) ? 18% Oui

37% Sondage Jeunes 2013 Synthèse - 214 questionnaires Source : Conseil de développement de la CARENE - IUT - Lycée Aristide Briand Mai 2013

Sans avis

45% Non

Près de la moitié des étudiants interrogés se dit peu ou pas suffisamment informée en tant que citoyens sur les EMR. Seul un cinquième se dit suffisamment informé. Les interrogations des jeunes : Quels sont les projets locaux en cours et envisagés ? Quels sont le coût des projets EMR et leur rentabilité ? Les moyens financiers seront-ils au rendez-vous ? Quel impact pour l’économie locale ? Quelles sont les perspectives d’emplois et de recrutements en local ? Quel sera l’impact environnemental ? Comment sera aménagé le littoral ? Quelles conséquences sur la biodiversité marine ? Ces EMR seront-elles suffisantes pour se substituer aux énergies actuelles ? Quel est le potentiel de production d’énergie des EMR ? Quelles sont les formations existantes ? Quel impact pour les pêcheurs ? A-t-on mesuré l’impact touristique du parc éolien en mer de Saint-Nazaire ? Quel impact des projets d’éoliennes en mer sur les propriétés immobilières situées proches du rivage ? L’avis de la population sera-t-il requis ? › 17


8. une vision positive de l’impact local des Emr

12

188

Conserver

Diminuer

Favoriser

Conserver

Diminuer

Favoriser

attractivité

Evènementiel

18

8

136

39

28

Diminuer

126

Conserver

67

Favoriser

17

Diminuer

130

Conserver

62

Favoriser

En tant que citoyen(ne) de l’agglomération, quel sera selon vous l’impact du déploiement des EMR sur la région nazairienne ?

activité

Environnement

Sondage Jeunes 2013 - Synthèse - 214 questionnaires Source : Conseil de développement de la CARENE - IUT - Lycée Aristide Briand - Mai 2013

Les étudiants interrogés ont une vision plutôt positive de l’impact local du développement d’une filière EMR sur le territoire. En majorité, les EMR n’auront pas d’impact négatif sur l’attractivité du territoire et auront même tendance à la renforcer. Il en est de même pour la question relative à l’organisation d’évènements nationaux ou internationaux (arts, sports, culture, etc.). De façon très nette, les EMR auront un impact positif sur l’emploi. Les étudiants perçoivent également positivement le développement des EMR d’un point de vue environnemental. Comme à travers les réponses à la question 3 (scénario optimiste), ils associent surtout les EMR au développement d’une énergie durable et propre. "Un complément énergétique" " Espoir" "Futur" "Emploi"

les energies marines renouvelables


composition #03

VISIONS PARTAGEES   ET INTELLIGENCE   COLLECTIVE Chaque individu ne possède qu'une connaissance partielle de l'environnement et n'a pas conscience de la totalité des éléments qui influencent un groupe. Sachant qu’il est en relation avec un ou plusieurs autres individus, il trouve un bénéfice à collaborer, parfois instinctivement, et sa propre performance au sein du groupe est meilleure que s'il était isolé. C’est dans cette recherche d'une intelligence collective que le Conseil de développement a décidé modestement de travailler en réunissant 16 membres volontaires. Les travaux ont été menés de façon collective, dans l’écoute des paroles et des idées de chacun. Plutôt qu'un consensus systématique, il s’agissait de faire émerger des convergences sur les principaux enjeux du territoire, mais aussi d'éclairer sur les divergences, les points de vue décalés ou différents (chapitre 4 "Paroles de citoyens"). Le groupe de travail s’est réuni à cinq reprises entre fin novembre 2012 et septembre 2013 dans le but de partager : - des connaissances - des questionnements, des points de vue et des réflexions - une vision de la société civile de la question des EMR à l’horizon 2030-2040


A › SUR LE VIF espoir, rêves, possibles doutes craintes questions pour l’avenir "Sur le vif" est un recueil des expressions instantanées et individuelles des membres du groupe réalisé au cours des premières séances de travail. Il comprend donc les premiers regards, les premières visions et les premières questions des membres sur les EMR et le territoire. Les points de vue et les réflexions collectives sont restitués dans le chapitre suivant "Imaginons les possibles".

REVES Grands équilibres

» Un vaste développement des EMR à l'échelle de l'agglomération nazairienne, de tous types (marées, courants, houles, vents...), avec de grands ensembles au large, et de plus petits proches des côtes. Un développement fort en direction de la nature, avec la création de zones propices aux poissons, crustacés et planctons au pied de l'implantation des EMR. » Un développement des EMR conciliable avec les autres activités maritimes et la préservation du milieu marin. » Un développement de l’énergie houlomotrice plus respectueux du paysage marin que les éoliennes.

Poumon économique

» Une reconnaissance et un développement des savoir-faire locaux pour le développement d’une filière économique d’envergure européenne voire mondiale. » La création d’une nouvelle filière économique faisant de la région Pays de la Loire un acteur incontournable à l’échelle mondiale pour pallier la raréfaction des énergies fossiles.

» Les EMR deviennent "le nouveau poumon" de la région Pays de la Loire en permettant la création de 10 000 emplois directs et indirects. » Un développement coopératif avec d’autres zones littorales à l’échelle européenne » La création d’un pôle diversifié de recherche et développement reconnu au niveau mondial.

Autonomie

» Un développement des EMR qui concilie autonomie et efficacité énergétique » Une région Grand-Ouest quasiment autonome en énergie du fait de ses économies d’énergie.

Citoyenneté

» Un développement des EMR avec des projets de taille humaine où les citoyens seraient acteurs.

CRAINTES Visions économiques • Une "internationalisation" des processus (construction, étude, assemblage, entretien, ...), et donc peu de retombées vraiment locales en termes d'emplois. » Le développement d’une mono industrie EMR en


remplacement de la navale et de l’aéronautique. » Une prise en compte insuffisante -notamment par l’éolien off-shore- des autres activités maritimes. » "Passer à côté" du développement d’une filière économique locale. » Un développement économique finalement peu important. » Une trop forte concurrence. » Un développement des EMR qui occulte la recherche et le développement d’autres formes d’énergie (exemple : nucléaire au thorium, énergie solaire,… ).

Mère nature

» Une mauvaise prise en compte de la question environnementale ou des études trop tardives, concernant, notamment, les bancs de sables accueillant des nourriceries ou des zones de frayères et certains oiseaux. » Des champs d’éoliennes trop importants impactant négativement le paysage. » La question environnementale contraint l’implantation locale de sites d’essais et le développement des EMR. » Le développement des EMR n’a pas comme corollaire la diminution de la production et consommation d’énergies non renouvelables (charbon, nucléaire).

Proximité

» Une mauvaise prise en compte de la question environnementale ou des études trop tardives, concernant, notamment, les bancs de sables accueillant des nourriceries ou des zones de frayères et certains oiseaux. » Des champs d’éoliennes trop importants impactant négativement le paysage. » La question environnementale contraint l’implantation locale de sites d’essai et le développement des EMR. » Le développement des EMR n’a pas comme corollaire la diminution de la production et consommation d’énergies non renouvelables (charbon, nucléaire).

ANTICIPATION* Le développement concerté de formations locales EMR (au-delà de la licence professionnelle de l'IUT), du lycée professionnel à l'université en passant par les écoles d'ingénieurs, ou les baccalauréats technologiques et généraux. Le développement d’une "polyvalence industrielle". Le développement de la R&D. Faciliter l’implantation locale des entreprises. Le développement d’une filière économique à l’échelle régionale, interrégionale voir européenne. Lever les peurs et les "a priori" sur le développement industriel en général et le développement d’une nouvelle filière. La conciliation des trois piliers du développement durable (économie, social, environnement) dans les projets EMR.

QUESTIONS  POUR L’AVENIR » En quoi les EMR sont-elles prometteuses pour le territoire sur le plan énergétique et sur le plan économique ? » Quels sont les verrous technologiques et sociétaux des EMR? » Pourquoi la France a-t-elle pris un tel retard par rapport aux autres Pays dans le domaine des éoliennes off-shore ? » Comment pourra-t-on prendre des marchés dans ce domaine ? » Anticipe-t-on l’installation sur le territoire de la CARENE de nouvelles sociétés concernées par les marchés des EMR ? » Comment créer un "EADS" sur les EMR à l’échelle européenne ? » Existe-t-il une réelle volonté à l’échelle nationale de soutenir la recherche dans le domaine des EMR ? » La recherche met-elle l’accent sur les énergies régulières et prévisibles ? » Comment oriente-t-elle son travail ? Le critère de l’emploi généré par telle ou telle énergie exploitée est-il pris en compte ? * ou les conditions de développement d’une filière locale

› 21


» Quelles sont les raisons pour lesquelles la Rance ne s’est pas développée ? » Les techniques pour l’utilisation des microalgues seront-elles matures en 2030 et quelle sera la part des biocarburants ? » Le charbon ne sera-t-il pas la 1ère source d’énergie dans le monde en 2050 ? » Quelle est la durée de vie des éoliennes en mer ? » Quelle est la rentabilité financière des EMR ? » Quel retour sur investissement pour l'éolien offshore français ? » Quels sont les coûts de production de ces énergies ? » Quel recyclage des matériaux utilisés ? » Connaît-on le nombre d’emplois générés par les différents projets de parc éolien en mer ? » Les établissements de formation seront-ils associés au développement de la filière EMR ? » Quelles actions peut-on mettre en place pour augmenter l’attractivité de la filière EMR chez les jeunes ? » Quels impacts le développement des EMR peutil avoir sur l’aménagement du territoire ? » Comment ces nouvelles formes d’énergie s’intégrerontelles à l’environnement ? » Les éoliennes : une présence agressive dans le paysage ? » Quel partage du domaine public maritime ? Comment concilier les différentes activités (pêche, tourisme) et la protection des espèces avec les EMR ? les energies marines renouvelables

B › IMAGINONS LES POSSIBLES "Imaginons les possibles" rassemble les visions partagées et les idées émises par le groupe au cours des différentes séances de travail. Pour mieux se projeter, elles ont été rédigées sous la forme de récits situés en 2030-2040. Ces récits racontent une histoire, celle de l’agglomération de Saint-Nazaire dans 20 ou 30 ans, et portent un regard plutôt optimiste sur le territoire. Les divergences, les points de vue décalés ou différents ont pu trouver un cadre d’expression dans les contributions individuelles (chapitre 4 "Paroles de citoyens").

Projetons-nous... Et si… l’agglomération nazairienne regardait au-delà des éoliennes posées en mer ? En 2030-2040, l’énergie éolienne offshore s’est développée au large des côtes. Certes, elle ne couvre pas tous les besoins énergétiques régionaux mais la multiplication de machines d'un nouveau type et l’amélioration de leur performance laisse espérer une accélération des capacités de production d'énergies propres. En effet, les parcs de Saint-Nazaire accueillent des fermes composées d’éoliennes flottantes et d’hydroliennes très au large du premier champ de 80 éoliennes installées en 2018. Des bioréacteurs permettent, à partir des micro-algues, de produire des huiles entrant dans la composition des biocarburants de troisième génération. Même si la recherche progresse, l'énergie marémotrice n’a pas été retenue car les technologies ne permettent pas encore de réduire suffisamment ses conséquences sur l'environnement. Tous les acteurs locaux se félicitent des orientations prises dès 2014 par la CARENE et la Région Pays de la Loire de soutenir très fortement la recherche et l’innovation dans le domaine des EMR.


Et si... émergeait sur le territoire une véritable " silicone valley" des EMR ? Les différents acteurs de la recherche à la production ont su très vite dépasser l'effet d'aubaine que constituait l'éolien posé en mer. Ils ont créé une véritable "silicone valley" des EMR, pôle diversifié de recherche et de développement, reconnue au niveau mondial. A l'exception de l'énergie des gradients thermiques et de salinité, la collaboration entre les différents laboratoires et industries à l’échelle de la métropole Nantes Saint-Nazaire et de la région Pays de la Loire permet de développer la plupart des technologies EMR. Un réseau de coopération inter régional (Pays de la Loire, Bretagne, Normandie et Aquitaine) et européen a été créé et permet d’impulser des synergies fécondes. Et si… la coopération économique était la clé de la réussite ? Il n'y a plus de "donneurs d'ordre" mais un réseau dense et complémentaire d'entreprises locales de toutes tailles capables de répondre aux demandes internationales. Néopolia, la CCI et la CARENE travaillent de concert pour rassembler les entreprises autour des appels d’offres nationaux et internationaux. Et si… la polyvalence industrielle devenait une spécificité du territoire ? La polyvalence industrielle reconnue à Saint-Nazaire permet de répondre aux appels

d’offres concernant à la fois les matériels de production d’énergie et d’autres matériels connexes. Des filières en lien étroit avec la production d’énergie se sont créées notamment celle pour la production de bateaux pour la pose et la maintenance des éoliennes flottantes et des hydroliennes. Les acteurs se sont mobilisés dès 2013 dans ce domaine, conscients de la concurrence étrangère dans la production des éoliennes. Les entreprises sont aujourd’hui en mesure d’exporter dans le monde entier. Et si… les EMR devenaient le nouveau poumon économique de la région ? Grâce à la mobilisation de tous, les EMR sont devenues "le nouveau poumon" économique de la région en permettant la création de nombreux emplois directs et indirects à l’échelle régionale. Si les emplois créées n’atteignent pas les projections faîtes en 2013, elles permettent néanmoins de pallier la fermeture partielle et la reconversion en cours de la Raffinerie de Donges ainsi qu’à à la baisse conjoncturelle de l’activité des Chantiers. Et si… la mutualisation des idées et des compétences "dopait" l’emploi local ? En 2013, lors de la réflexion sur le développement local d’une filière EMR, une question s’est posée sur les possibilités de concurrence de la main-d’œuvre étrangère. La mutualisation des idées

et des compétences de nos réseaux d’entreprises a permis de réguler ce type de soustraitance et même de faire venir des entreprises étrangères qui se sont installées dans notre région du fait de l’accueil qu’ils ont reçu et de la qualité de vie. Et si… le territoire devenait un pôle d’excellence dans le domaine de la formation et de l’insertion ? Les entreprises, les établissements de formation et les associations d’insertion ont très vite pris conscience de la nécessité de dialoguer pour mettre en adéquation les besoins et les compétences. Soutenus par la CARENE, la Région et l’Etat, ils ont pu contribuer à créer une formation locale de soudeurs et à renforcer les formations existantes notamment dans les domaines de l’électrotechnique, l’électronique, et l’électromécanique. Dans le domaine de l’insertion des publics en difficultés, l’expérimentation du "dialogue multi-parties prenantes en faveur de l’emploi pour le plus grand nombre"1 a porté ses fruits. La démarche, aujourd’hui labellisée au niveau national, permet de sécuriser les parcours vers l’emploi des bénéficiaires du RSA et aux entreprises, de répondre à leur besoin de main d’œuvre qualifiée. Et si… les acteurs misaient sur leur intelligence collective ? Le comité de site EMR installé en 2012 par la CARENE est une instance aujourd’hui reconnue › 23


qui fonctionne grâce à la concertation de tous les acteurs parties prenantes : élus, institutionnels, industriels, chercheurs, établissements de formation, usagers de la mer (pêcheurs, plaisanciers, plongeurs, habitants,… ). L’ensemble des questions relatives au développement des EMR sur le territoire est débattue en son sein et donne lieu à des rapports publics. Ce comité travaille particulièrement sur les questions d’environnement et d’acceptabilité sociale des EMR. C’est grâce à lui, d’ailleurs, que le site pour l’implantation des fermes composées d’éoliennes flottantes et d’hydroliennes a pu être choisi. Un site internet ouvert aux citoyens permet de suivre au quotidien les discussions du comité et de les commenter. Et si… le déploiement des EMR se faisait avec l'environnement ? On sait combien les citoyens s’étaient inquiétés des études du milieu marin jugées trop tardives au regard des appels d'offre amorcés en 2012. Les études d'impact pour l'installation d'éoliennes posées avaient révélé la richesse du milieu marin et les incidences des aménagements sur la faune et la flore. Forts de ces connaissances fines capitalisées depuis, notamment sur les bancs de sables accueillant des nourriceries ou des zones de frayères, tous les aménagements concilient l'urgence de produire une énergie propre avec l'impérieuse nécessité de préserver la biodiversité. La capacité de résilience du milieu marin est maintenant intégrée dans les études d'impacts lancés très en amont des projets. Et si… les projets industriels intégraient la vision des paysages marins ? La question de l’impact visuel du champ d’éolien en mer de Saint-Nazaire a soulevé beaucoup d’opposition au projet et a fait couler beaucoup d’encre en 2013. La concertation des acteurs a permis de trouver un compromis sur la localisation du champ et de concilier au mieux enjeux économiques et environnementaux. Au-delà, l’expérience a montré la nécessité les energies marines renouvelables

d’intégrer dans les nouveaux projets de recherche et d’industrialisation la question du paysage spécifique de la Côte d’Amour, de Saint-Nazaire à Mesquer. Les technologies développées permettent aujourd’hui une implantation très au large des champs lesquels, dorénavant, ne se voient pas de la côte. Ainsi, les paysages à travers leurs différentes fonctions sont pris en compte. De son côté, le tourisme balnéaire à Saint-Nazaire se porte bien ; il n’a même jamais été aussi florissant. Et si… Saint-Nazaire misait aussi sur le tourisme industriel ? Nous savons que l'acceptabilité sociale des projets repose sur leur capacité à concilier les enjeux économiques avec les enjeux environnementaux. Qui aurait parié que le tourisme industriel si spécifique à Saint-Nazaire concernerait à présent les EMR, à la fois les champs en mer et les sites de production d’éoliennes, d’hydroliennes et de bateaux ? Le patrimoine archéologique marin avec 21 épaves dans le secteur, préservé lors des choix d’implantation des éoliennes et des hydroliennes, est lui aussi valorisé à travers le tourisme. ET si… le bonheur était dans le mix énergétique ? Les EMR se sont fortement développées en France. Elles représentent en 2040 un pourcentage significatif de la production électrique et leur prix de revient concurrence celui des autres énergies. Cependant, consciente très tôt des limites de la part des EMR dans la production d’électricité, la Région Pays de la Loire a décidé de soutenir la recherche et l’innovation dans d’autres domaines comme l’énergie solaire et l’énergie au thorium. De façon concomitante, des actions sont menées par la CARENE, les communes membres, la société civile et les entreprises locales pour que la priorité reste la baisse de la consommation d'énergie.


composition #04

PAROLES   DE CITOYENS "Paroles de citoyens" comprend les contributions spécifiques des membres du Conseil de développement (représentants d’associations, d’organismes divers et citoyen(ne)s volontaires). Ces contributions permettent aux membres d’étayer leurs réflexions et d'éclairer sur les divergences, les points de vue décalés ou différents qui s’expriment au sein du Conseil de développement. Elles révèlent ainsi la diversité et la richesse de la société civile et sont donc, en sus et au-delà de l’expression collective, intéressantes et importantes. › 25


Bretagne Vivante,   Groupe Mer & Littoral1

"l’éolien en mer" Préambule La mise en œuvre de l’éolien en mer, indispensable au développement des énergies renouvelables, doit s’inscrire dans une politique énergétique globale en vue d’un Développement Durable. Celle-ci passe par une politique affirmée et ambitieuse d’économies d’énergie dans tous les secteurs, de lutte contre le gaspillage et d’éducation à l’écocitoyenneté.

La situation

Le Grenelle de la mer a fixé comme objectif de déployer une capacité de 6 000 MW d’électricité d’origine éolienne en mer d’ici 2020, ce qui est déjà un objectif particulièrement faible au regard des enjeux énergétiques des prochaines années. Cela représente plus de 1000 éoliennes à installer en 10 ans alors qu’aucune n’est opérationnelle aujourd’hui au large des côtes françaises. Dans ce cadre suite à la demande du MEEDDM d’identifier les sites d’implantation potentiels, le préfet de Région a annoncé le 23 novembre 2009 à Rennes l’établissement d’un schéma régional de développement des EMR (Energies Marines Renouvelables) en Bretagne pour fin mars 2010. Un système géo référencé des caractéristiques et des contraintes des sites a déjà été mis au point par les services de l’État. La directive cadre européenne sur le milieu marin oblige à mesurer les impacts de toutes les activités en mer. A la sortie des réunions organisées à la hâte dans chaque département breton pour présenter la "Planification des énergies renouvelables en mer", les associations environnementalistes, les pêcheurs et d’autres professions (bureaux d’études) ont fait part de leurs préoccupations concernant le choix les energies marines renouvelables

des sites, les conditions de la mise en œuvre de ce programme et ses conséquences sur les écosystèmes. Mise en place dans le cadre du débat sur le Grenelle 2 la mission parlementaire présidée par le député des Hauts-de-Seine Patrick Ollier a remis le 2 avril 2010 son rapport qui, dans sa dernière partie émet le souhait que soit constituée une filière française compétitive dans le domaine des énergies marines et notamment de l’éolien en mer2. Par ailleurs la mission considère que c’est l’État qui doit décider des implantations et que les spécificités des activités éoliennes en mer nécessitent des règlementations particulières3. Mais plusieurs amendements ont été déposés début 2010 lors des débats parlementaires sur le projet de loi Grenelle 2 qui risquent, aux dires des opérateurs, de freiner le développement de la filière : - z one d’exclusion dans une bande de 10 kms le long du littoral, -p rocédure d’appel d’offre obligatoire pour tout projet, -c lassement des éoliennes en ICPE -g aranties financières en vue du démantèlement et de la remise en état du site après exploitation, constituées par l’exploitant en cours


d’exploitation et non plus à la construction Dans ces conditions comment Bretagne Vivante peut-elle participer au débat public, quelle attitude doit-elle avoir face aux enjeux souvent contradictoires présentés par les différents acteurs et quelles positions doit-elle prendre pour assurer la prise en compte de la biodiversité et la protection de la nature sur ces espaces littoraux et maritimes.

Participer   au débat public

L’éolien en mer est une composante non négligeable des énergies renouvelables dont le développement constitue un objectif majeur pour toutes les APNE. Il revêt une importance particulière sur la façade atlantique et spécialement en Bretagne compte tenu du potentiel que représentent les espaces maritimes proches sur le plan de la géomorphologie et de la climatologie. Le Grenelle de la mer a confirmé le principe de gouvernance à cinq dans laquelle les APNE ont désormais toute leur place. Forts de cette légitimité nous devons être présents dans les structures de concertation au plan local comme au plan régional. C’est le cas en Bretagne où Bretagne Vivante est membre du comité de pilotage et du comité de concertation mis en place par la région en 20094. Cette présence doit se démultiplier au plan

local où nos bénévoles et nos salariés des sections littorales devront être associés aux travaux des commissions mises en place par les collectivités territoriales. Il ne s’agit pas d’être présents en mode défensif dans les commissions publiques mais d’y contribuer avec une qualification voire une expertise reconnue par toutes les parties. Même s’il l’on a du mal à faire entendre nos points de vue dans les instances de concertation surtout lorsqu’elles traitent de planification – voir les réunions départementales sur les EMR en janvier-février 2010 – nous devons exiger d’être associés aux réflexions dès lors qu’il s’agit de projets précis comme ceux en cours en Bretagne et Pays de la Loire5. Une telle mobilisation impose donc de prendre connaissance localement des projets, de disposer de l’état des connaissances environnementales – et pas seulement naturalistes – des zones concernées et d’identifier les intérêts en jeu (stratégiques, économiques, sociaux, financiers,… ).

Réagir face aux   enjeux contradictoires

Le débat suscité par l’éolien depuis plusieurs mois fait apparaître des positions très tranchées sur son développement aussi bien à terre qu’en mer. La campagne anti-éolien actuelle à terre est surtout alimentée par des oppositions paysagères (souvent de type "nimby"),

parfois masquées derrière des considérations de spéculation foncière voire des arguments de défense environnementale. On assiste au même type d’opposition sur l’éolien offshore, les conséquences sur les usages du milieu maritime remplaçant en partie les considérations foncières. Une concertation le plus en amont possible dès la phase de planification est donc indispensable pour parvenir à un niveau d’acceptabilité des projets. La technique éolienne off-shore est aujourd’hui la plus mature et l’objectif de 23% d’énergies renouvelables en 2020 pour la France ne pourra être atteint sans elle. Mais d’autres techniques moins impactantes et moins coûteuses doivent être développées en parallèle, à commencer par l’éolien flottant et les hydroliennes. Le raccordement au réseau électrique constitue aussi une composante à prendre en compte dans le schéma de planification territoriale autant en raison de ses impacts environnementaux que du délai de renforcement des réseaux qui est de 5 à 6 ans pour RTE et de son coût dont le partage avec les opérateurs nécessite une négociation souvent délicate. Nous serons attentifs à ce que l’électricité produite soit destinée aux besoins des communes proches des installations. Sans chercher à minimiser les impacts sur les paysages il faut › 27


dans les instances et dans notre communication recentrer le débat sur le terrain de la biodiversité et de la protection des milieux naturels.

Défendre la biodiversité   et protéger la nature

L’étude d’impact obligatoire est le moyen règlementaire d’analyser les incidences d’un projet éolien en mer sur l’environnement et sur les activités dans la zone impactée. Nous devons être partie prenante dans son élaboration et veiller à ce qu’elle soit facilement accessible, complète et claire à analyser. Elle doit prendre en compte les effets de toutes les composantes du projet : éoliennes, câbles sous-marin, installations d’atterrage, raccordement au réseau électrique terrestre à la fois pendant les phases d’installation, de production, de maintenance et de démantèlement. Les étapes principales dans lesquelles nous devons être activement présents pendant cette étude sont : 1. le recueil et la validation des données sur les sites, les milieux, la biodiversité, 2 les enjeux et les contraintes à prendre en compte en fonction de la technologie, 3. les mesures et les engagements de l’opérateur pour contrôler, réduire et éventuellement compenser les impacts qui ne pourront pas être évités, 4. la définition du suivi des impacts pendant toute la durée de l’exploitation.

1

La connaissance des milieux marins en Bretagne comme ailleurs est aujourd’hui très incomplète, c’est reconnu par tous les acteurs. Cela ne doit pas être une raison pour s’en affranchir mais au contraire pour mettre à profit les projets afin de rassembler les données disponibles et lancer des programmes d’acquisition en vue de définir un état "zéro". L’apport des associations comme Bretagne Vivante peut certainement être valorisant sur certains domaines de la biodiversité, par exemple les oiseaux marins.

les energies marines renouvelables

2

La protection des zones sensibles est un des enjeux sur lequel nous devons être extrêmement vigilants. Aucune règlementation n’interdit aujourd’hui juridiquement l’implantation d’éoliennes en mer dans une zone remarquable (AMP, parc naturel marin, zone Natura 2000, trame bleu marine). C’est donc l’évaluation d’incidence – obligatoire – et les contraintes règlementaires attachées à la zone qui fixeront le niveau de protection applicable et par voie de conséquence la faisabilité du projet. BV doit mettre à profit ses compétences propres et/ou solliciter des experts extérieurs pour donner un avis sur la qualité de chaque dossier. Pour cela nous devons veiller à ce que les dossiers soient accessibles et les délais de réponse suffisants. Face à une expertise qui viserait à minimiser ces incidences, nous n’hésiterons pas à demander une contre-expertise.

3

Une fois les impacts analysés et reconnus par les opérateurs notre rôle est de s’assurer que des engagements ont été pris par les opérateurs pour mettre en œuvre des mesures de réduction de ces impacts et en cas d’incidence grave de définir avec eux les mesures compensatoires.

4

Notre vigilance doit s’exercer aussi sur les aménagements induits sur le littoral : installation d’atterrage, plateforme logistique, station électrique, cheminement des câbles électriques,… et la prise en compte des règlementations liées à la protection des espaces côtiers.

5

En phase d’exploitation BV doit être présent dans le comité de suivi chargé de mesurer les effets des installations sur la biodiversité et le milieu. Les effets des mesures compensatoires seront aussi suivis.


Position de Bretagne Vivante sur l’éolien en mer

La Bretagne et ses façades maritimes représentent un potentiel important de développement pour les énergies marines en particulier l’éolien en mer. Bretagne Vivante se prononce clairement pour la mise en œuvre des techniques d’éoliennes en mer les plus respectueuses des milieux et des espèces maritimes. Pour minimiser les effets néfastes de cette nouvelle source d’énergie sur la biodiversité et l’environnement, Bretagne Vivante demande que les conditions suivantes soient réunies : - Les projets sont planifiés très en amont et en concertation avec tous les acteurs, dont les APNE (Associations de Protection de la Nature et de l’Environnement) ; - Des états des lieux des zones choisies sont réalisés en collaboration avec les associations compétentes sur des durées d’observation pertinentes (cycle biologique faune/flore) ; - Les cahiers des charges sont approuvés par les scientifiques et les associations parties prenantes et ils engagent les opérateurs ; - Les résultats des différentes études menées sur les sites s’appuyant sur les états des lieux sont communiqués aux acteurs et aux populations ; - Dans les cas où des impacts ne peuvent être évités, les maîtres d’ouvrage proposent des mesures compensatoires qui permettent de restaurer les fonctionnalités écologiques des milieux ; - Des comités de suivi locaux et régionaux sont systématiquement mis en place avec présence des représentants de tous les acteurs.

1 : Contribution adoptée à l’Assemblée Générale de mai 2011 2 : Dans l’optique d’une dynamisation des industries maritimes pour le XXIe siècle, l’éolien off shore doit être conçu comme une étape importante mais certainement pas unique d’un programme portant sur l’ensemble des énergies marines. Il n’en reste pas moins que la France ne peut être absente de l’éolien off-shore. » 3 : L’application du droit de l’urbanisme terrestre s’avérant illusoire en mer, il paraît légitime de substituer à la procédure du permis de construire, celle de l’occupation du domaine public maritime (ODPM) en exigeant l’intervention d’une étude d’impact à forte dimension environnementale et d’une enquête publique comme préalable à la décision. Les professionnels de la pêche et des élevages marins devraient être associés dès la phase d’élaboration des cahiers des charges de futurs appels d’offres ou à projets. (La durée d’une concession d’utilisation du domaine maritime, régie par un décret du 24 mars 2004, ne peut excéder 30 ans). » 4 : Une planification et une concertation pour l’implantation des projets énergétiques en mer : Éléments et données de contexte – Recommandations pour une concertation régionale » Rapport d’étape 12/ 2009 par le Conseil Régional de Bretagne. 5 : En baie de Saint-Brieuc un projet de Nass & Wind (240 MW) et un projet de Powéo de 200 MW (35 éoliennes), En baie de Saint-Malo (zone des Minquiers) trois projets de Nass & Wind (200 MW), de WPD Offshore France et de Neonen, Sur le banc de Guérande un projet de Nass & Wind 480 MW (80 éoliennes) à 12 km des côtes, Sur le banc de la Banche à 7 km au large de La Baule un autre projet de N&W de Au large du Croisic un projet d’Enertrag de plus faible puissance, Au large de l’île de Ré un projet d’Enertrag de 400 MW, Au nord de l’île d’Yeu un projet de WPD de 120 éoliennes à 20 km des côtes

› 29


Thierry CHARTRAIN

Fédération des Parents d'Elèves de l'Enseignement Public 44

"Mutation possible des enjeux et perception de la société civile" Les énergies maritimes deviennent une réalité énergétique, mais aussi une réalité industrielle. Mais au quotidien, quels sont les exemples concrets de la "renouvelabilité" de nos énergies consommées ? Quasiment aucune. Même le tri est flou chez nos concitoyens, voire inexistant pour certains. Peu de présence de compost dans le jardin… L’adhésion des particuliers aux EMR doit peut être se faire par leur vécu quotidien, soit en y travaillant (les ERM devraient produire des emplois de proximité, non délocalisables) avec une mutation des compétences mises en œuvre dans l’entreprise, soit en ayant des actions ou une technologie axée sur l’énergie renouvelable dans la sphère privée (habitat, transport,… ). Au niveau du particulier, j’apprécierais qu’une mutation se fasse par la concrétisation d’appareillages ou de biens technologiques qui permettraient une économie d’énergie de nos ressources "fossiles" (gaz, fuel, électricité, eau… ). Par exemple, un meilleur usage de l’eau par une neutralisation des eaux usées avant rejet, un recyclage ponctuel, ou une domotique abordable en utilisation. Cela génèrera une prise de conscience au quotidien de l’importance des énergies renouvelables (surtout auprès des enfants !). Cette prise de conscience individuelle de la nécessité des énergies renouvelables se concrétisera par une nouvelle génération de nouveaux métiers industriels. Hors, si les énergies marines renouvelables ne constituent pas une révolution industrielle au niveau technologique les energies marines renouvelables

(c’est l'adaptation d’un savoir-faire déjà maitrisé de longue date), la nouveauté viendra du fait que nous allons devoir travailler sur mer et cela est nouveau pour les industriels de la zone de Brais ou de Montoir. Allons-nous "mariniser" des électriciens ou mécaniciens habitués aux technologies et aux environnements terrestres ? Cela s’avèrera peut être difficile. Par contre, nous allons peut- être devoir former à la mécanique ou à la logistique offshore des marins… Il y a là, peut-être, un tournant dans les modes de vie des futurs concitoyens de la CARENE : avoir de nouvelles populations, valoriser un secteur métier atrophié aujourd’hui. Dans la sphère privée ou économique, la communauté d'agglomération et la Région vont peut-être devoir aider à l’accompagnement vers de nouveaux emplois (logisticien portuaire et maritime, techniciens Offshore..) ou dans l’habitat qui réorganisera la sphère privée. Saint-Nazaire port d’estuaire de La Loire deviendra un port réellement maritime avec des habitants qui regarderont leur ville de la mer. Il y a donc deux axes de réflexions à mener :

1

Quel mode de vie pour les personnes travaillant dans le secteur de l’énergie renouvelable ?

2

Quel impact les énergies renouvelables auront-elles sur le quotidien de nos citoyens?


Anatole DANTO   citoyen volontaire

"Quelle filière EMR pour la région nazairienne ?" L’arrivée de cette nouvelle filière est déjà actée et engagée localement, avec des acteurs aussi bien publics que privés. Cependant, l’émergence d’une industrie énergétique de ce type ne se fait pas sans un accompagnement territorial réfléchi et notamment d’un point de vue géographique, au sens large du terme (géo-sociologie, aménagement, urbanisme, géoéconomie, transports, etc.). Les réflexions sont certes déjà bien avancées, mais certains points restent encore à approfondir de mon point de vue, comme les impacts environnementaux, la formation, la recherche, ou encore la logistique, tous bien évidemment liés. Il ne faut surtout pas cantonner les impacts envirtonnementaux aux zones d’implantations prévues des machines, mais au contraire à l’ensemble des territoires concernés de près ou de loin par les différents projets (parcs éoliens, zone expérimentale SEM-REV, etc.). Effectivement, l’installation de plusieurs entreprises bord-àquai, la chaîne de transport entre celles-ci et les lieux

d’implantation, ou encore le tourisme engendré par les EMR sont à prendre en compte dans les impacts sur l’environnement. C’est donc bien de l’ensemble de la filière dont il faut tenir compte sur le long terme. Concernant la formation, les différents documents produits étudient en priorité le potentiel de formations initiales, ce qui est une bonne chose, mais peut-être pas assez celui de formations continues. Je pense notamment aux métiers en lien direct avec la filière EMR (métiers de la mer – pêche, phares et balises, pescatourisme, etc. – et métiers de production industrielle), qui devront composer avec ces nouvelles technologies sans forcément avoir été formés spécifiquement à leur environnement. Au niveau de la recherche, un des problèmes majeurs qui peut se poser est l’apparition d’équipes de recherches travaillant à proximité sur des sujets proches (cf. universités de l’ouest, comme Brest et Nantes, centre d’études techniques maritimes et fluviales, etc.), entraînant

parfois des phénomènes de concurrence. D’un point de vue logistique, la structuration et la rationalisation de l’ensemble de la chaîne est nécessaire, en réduisant au maximum les emprises au sol des lieux d’assemblage, et en diminuant autant que possible la fréquence des transports, notamment ceux des grands ensembles (privilégier le fret ferroviaire vers les zones portuaires et les liaisons maritimes ou fluviales – nouveau projet "Villes-Estuaire" à suivre...). La création de la nouvelle filière EMR dans la région suscite légitimement de grands espoirs, en termes de retombées économiques et d’emplois mais pas seulement. Il est donc nécessaire, comme pour chaque nouveauté, d’analyser les retours d’expérience dans les pays où la filière est déjà structurée depuis de longues années, comme autour des mers du Nord et de la Baltique. Il ne faudrait pas non plus omettre les EMR autres que les éoliennes, moins médiatisées, mais tout aussi porteuses d’innovations sur le temps long. › 31


Bernard DROUILLET

pour la CLCV (Consommation Logement et Cadre de Vie)

"EMR : énergies de demain" Nos ancêtres utilisaient déjà les énergies renouvelables sans en être vraiment conscients, la pollution n’était pas un sujet d’actualité. Le réchauffement climatique aidant, et son lot de perturbations envisagées nous ont fait réagir au niveau mondial sur les remèdes à apporter pour enrayer le phénomène. En ce début de 21ème siècle nous avons une panoplie de solutions alternatives aux énergies conventionnelles ; les EMR (énergies marines renouvelables) ont été une composante de l’éventail disponible. La France exploite déjà depuis un certain temps la filière bois & hydraulique notamment ; à grande échelle, les sites pouvant accueillir des barrages sur cours d’eau étaient tous pratiquement utilisés. L’exploitation du bois a encore du potentiel avec les nouveaux conditionnements. Le photovoltaïque stagne depuis la diminution du rachat du kWh. L’éolien terrestre s’implante avec parcimonie, les rendements faibles et les contraintes environnementales auront eu vite raison de cette technologie somme toute assez aboutie. Doté d’un littoral conséquent, la France a décidé récemment de mettre l’accent sur les EMR afin d’être en phase avec ses objectifs, les energies marines renouvelables

à savoir couvrir 23% d’énergie renouvelable à l’horizon 2020.En 2040 nous en couvrons environ 50%. Les EMR comprennent plusieurs technologies : l’hydrolien, l’énergie houlomotrice, marémotrice, biomasse, osmotique, thermique, éolien off-shore sont couramment utilisées en 2040. Courant 2012 les zones d’implantations d’éoliennes off-shore ont été déterminées dans notre région, sur la façade atlantique. Plus précisément, le "Banc de Guérande" non loin de St Nazaire a été retenu. La construction du parc éolien s’est étalé de 2015 à 2020 avec un démarrage progressif de fourniture d’électricité à compter de 2018. En 2013 nous étions dans le concret, les grandes décisions ont été prises : les sites définis, les intervenants désignés ainsi que les implantations d’usines de montage. Le réel c’était aussi l’éolienne Alstom Haliade 150 en cours de validation sur le site du Carnet. Ainsi la filière EMR prend corps dans la périphérie de l’agglomération de St Nazaire. En 2040, cette filière est le troisième grand employeur de la région, après la navale et l’aéronautique. Après la phase d’implantation des usines, du parc,

des infrastructures qui ont généré des millions d’heures de travail étalées sur plusieurs années ; le Banc de Guérande emploie un volume de salariés destinés à la maintenance et l’exploitation depuis 2020. Le bassin d’emploi de St Nazaire a donc bénéficié d’une bonne expérience dans un premier temps dans le domaine de l’éolien, puis de l’hydrolien et enfin d’autres technologies. La situation géographique de l’agglomération Nazairienne propice à l’industrie EMR a étoffé ses infrastructures pour répondre à la demande croissante d’éléments de production électrique. A l’horizon 2040 des linéaires de quais ont été aménagés en bord de Loire afin de stocker et d’acheminer via la mer les pièces constituant le puzzle des machines EMR. Le chantier naval, en marge de la construction de navires transporteurs-poseurs d’éoliennes a diversifié sa production ; un département EMR est intégré au sein du site pour élaborer, construire, les éléments annexes (ancrages, flotteurs, stations électriques etc.) aux éoliennes et hydroliennes. Ainsi, le Chantier est devenu le 1er sous-traitant d’Alstom et consorts. Le savoir-faire reconnu


en matière d’hydroliennes notamment permet d’exporter une production de qualité vers les pays dépourvus d’infrastructure industrielle. La filière EMR a été un vecteur, une opportunité pour relancer l’emploi, la formation. D’emblée dans la charte des entreprises figure l’obligation de formations et le respect d’un quota de contrats d’apprentissages en alternance pour les jeunes de 14-16 ans. Un enseignement réalisé en partie sur le "tas" donne de bons spécialistes et une image valorisante auprès des grands donneurs d’ordres. Autre volet de cet engouement actuel pour les EMR aurait été de prendre les mauvaises options. L’éolien assez abouti sera le 1er à être exploité. L’hydrolien au stade d’expérimentation aura été plus rentable économiquement. D’autres procédés en cours d’élaboration arrivent sur le marché. Un mixte de divers procédés a été souhaitable, mais à terme un type de machine s’est avéré plus performant. L’erreur aurait été sans doute de miser sur un seul procédé de transformation d’énergie. Les EMR ont leur place sur l’échiquier de la production électrique. La diversité des types de génératrices et autre provenance énergétique marine auront été une des clés pour conserver notre autonomie en la matière. Chaque région a utilisé selon sa position géographique tel ou tel type de production. Dans le sud on a privilégié l’énergie solaire plus qu’une autre. En France on a des idées. La société GEPS TECHNO a imaginé, étudié, un navire "tout en un" le M. Liner exploitant l’énergie des vents et de l’eau pour produire de l’électricité. Autonome, il peut facilement être déplacé pour des actions de maintenance par exemple. Ce concept innovant a été construit également chez STX ; facilement manœuvrable, sa destination en bordure de côtes peut être envisagée sur pratiquement toutes les mers du globe. Le 1er prototype construit en 2014 s’est avéré performant… , nombre d’unités sont maintenant opérationnelles au large de nos côtes. En 2040 c’est le concept retenu par la majorité des états ayant accès à la mer. Afin de limiter le transport de l’électricité, on a imaginé exploiter le flux & reflux de la mer en une multitude d’unités de productions aménagées le long du littoral en utilisant des anses naturelles ou artificielles favorisant des retenues d’eau afin d’alimenter des turbines. La production électrique est consommée à proximité des

ouvrages. Nos côtes recèlent d’anciens moulins à marée mus par ce procédé. En 2040 d’autres pistes ont abouti : la biomasse, l’osmotique, etc. Des unités utilisant ces sources d’énergies marines seront implantées en territoire ligérien. La poussée d’Archimède (en rapport avec l’eau) force non exploitée a trouvé une application dans un mécanisme actionnant un générateur. Le transport de l’électricité sur de longues distances engendre des déperditions non négligeables. Consommer la production électrique des éoliennes-hydroliennes avec leurs fluctuations, en prise direct, n’ayant pas été envisageable techniquement ; stocker l’électricité à grande échelle, on ne savait pas faire à cette époque. Au lieu de produire de l’électricité, on a produit de l’air comprimé que nous utilisons (via de grands réservoirs) à notre gré, selon des besoins ponctuels, de proximité, en réduisant les distances producteurs-consommateurs. L’air comprimé est l’énergie nécessaire à l’entraînement d’un alternateur via une turbine ; nos voitures de ville propulsées à l’air comprimé bénéficient également de cette production d’air sous pression. Déjà dans les années 2010-2015 on sentait la volonté des constructeurs de véhicules individuels à traction électrique de proposer des modèles en adéquation avec les besoins des consommateurs habitant en ville. Nos constructeurs hexagonaux avaient vu juste, l’engouement pour ce genre de voiture ne s’est pas fait attendre. Les transports en commun sont maintenant également équipés de propulsion électrique. Tout ceci conjugué, il faut avouer que nous respirons un air plus sain, ceci depuis l’année 2020 où les autos thermiques ont été bannies de nos cités. Le bassin Nantes-St Nazaire est assez bien loti au niveau d’unités R&D, les écoles d’ingénieurs sont à proximité, la matière grise est assez concentrée dans le secteur, la main d’œuvre qualifiée se trouve sur place, les centres de formation existent, en somme tous les ingrédients ont existé pour la réussite de la filière EMR. Le pari de la transition énergétique n’était pas gagné, mais la pression anti-nucléaire aidant ainsi que la volonté des acteurs locaux qui s’étaient bien investis dans le projet initial a permis à la région d’être en 2040 moteur en France en matière "d’énergie salée", plus communément appelée EMR. › 33


Conversation de Sophie FAŸ, personnalité qualifiée et Daniel MOYON, citoyeN

"L’éolienne et le paysage" Tant de choses ont déjà été dites, tant d’infos ont déjà circulé, tant de débats ont eu lieu pour portraiturer ces objets maritimes de plus en plus précisément identifiés… Pourtant, des questions flottent encore, des interrogations qui n’ont pas trouvé de réponse assez précises, des peurs peut-être, entrent en conflit avec notre envie d’accueillir ces grands anges blancs… Pour soulever ce qui ne l’a pas encore été, nous avons décidé d’engager un débat contradictoire libre, comme un jeu dont le but n’est pas d’avoir le dernier mot, mais de réfléchir, de trouver des arguments, d’ouvrir de nouveaux regards sur la question de l’implantation dans notre région des Energies Marines Renouvelables. Comme à la radio, nous nous sommes rencontrés. L’un a choisi de penser plutôt CO2, emploi, progrès économique et technologique, l’autre plutôt attractivité régionale, tourisme, esthétique, nature, la mer comme un dernier refuge. SF › Pourquoi la question esthétique n’est-elle généralement pas abordée dans les débats publics ? Est-ce que cela fait peur ou est-ce négligeable ? DM › Parce qu’on n’a pas de réponses. SF › Pourquoi a-t-on lancé les projets d’éoliennes ? Parce qu’on est dans l’urgence ? Est-ce suffisant pour motiver un projet ? Est-ce définitif comme projet ? DM › C’est un projet sur 25 ans. On s’engouffre dedans parce qu’on n’a pas d’autres solutions. SF › A-t-on mesuré tous les impacts ? Notre pays est la première destination touristique mondiale, et c’est une richesse qu’il ne faut pas détruire. Quid du tourisme et de l’attractivité du territoire ? Le tourisme industriel ne peut pas être comparé avec le tourisme maritime. Le tourisme industriel est ponctuel. Il ne remplit pas la vie des gens comme le tourisme balnéaire. DM › Le plaisir de la plage n’a pas seulement à voir avec le plaisir visuel. Il y a aussi le bain, le plaisir de l’eau, du les energies marines renouvelables

sable et tous les plaisirs nautiques que les éoliennes n’affectent pas forcément. SF › les touristes ne choisissent-ils pas plutôt les lieux où il n’y a pas d’usines ? DM › Les usines ont effectivement un impact visuel et sont rattachées à l’idée de pollution. SF › à Saint-Marc l’eau n’est plus transparente. Il y aura aussi une turbidité avec le banc de Guérande. DM › Alstom a levé les doutes à ce sujet parce que ce sont des pieux. Quid des jackets? Elles seraient plus adaptées aux fonds marins selon STX. SF › Il faut prendre en compte également les pêcheurs amateurs : qu’en pensent-ils ? Leur plaisir sera-t-il entaché ? DM › Il y a plus important que la pollution visuelle. Le plus insupportable c’est la pollution sonore. SF Ce projet va permettre de produire 0,6 % de notre énergie. C’est peu. La question c’est, que va-t-il se passer si on multiplie ce projet, du point de vue de la transformation du paysage, du besoin d’esthétique, de calme, du désir de nature, d’horizon ? L’entrepreneur qui construit les éoliennes n’a-t-il pas lui-même envie d’emmener sa famille sur un rivage pour les vacances ? L’équilibre humain est en jeu lui aussi. DM › Il n’y aura pas de projets partout. Ils dépendent du vent et de sa localisation. Il y en aura ailleurs. SF › Le tourisme, c’est la recherche du plaisir. DM La grandeur de Saint-Nazaire c’est l’industrie. SF › On réfléchit toujours sur une éolienne. Une éolienne, c’est beau : ça ressemble à un grand oiseau blanc. Une éolienne me va très bien. La masse de cent éoliennes, toutes identiques, m’agresse, me gêne. L’argument écologique au sens large est un argument légitime : La méditation de l’été, le repos de l’âme sont des dimensions importantes. Prenons en compte cet élément dans la réflexion. Il est généralement négligé. On fait les constats vingt ans après, lorsque les gens


absorbent des antidépresseurs… De plus, l’argument esthétique est aussi un argument économique. A-t-on des études à ce sujet ? Que recherchent les gens ? La virginité, les espaces vierges… c’est ce que vendent les agences de tourisme. Elles vendent du rêve. DM › Il y a d’autres formes de tourismes : des lieux plus urbains avec des espaces culturels, des innovations architecturales, etc. Le plaisir visuel n’est pas le seul à prendre en compte. Il n’impacte pas seul le plaisir. La curiosité d’esprit est un moteur SF › Il faudrait vérifier si le projet peut impacter le tourisme local. Il faudrait interroger des touristes à ce sujet, français et internationaux, pour savoir si un projet comme celui du banc de Guérande changerait leur perception du territoire et leur envie de revenir. DM › Les éoliennes sont une réponse à la lutte contre le Co2 et donc un argument écologique. Cimenter le fond de la mer pour des raisons écologiques interroge certes, mais les champs d’éoliennes ne sont pas définitifs. D’autres énergies vont peut-être naître dans le futur. L’énergie au Thorium pourrait se développer par exemple. Si on arrête la guerre nucléaire, on pourrait imaginer le développement d’autres formes d’énergie. Il faut défendre notre pouvoir économique et industriel. Il ne faut pas laisser les défis écologiques aux voisins. SF › La question des coûts pourrait remettre en cause le développement des éoliennes. Comment pourra-t-on les réduire de 40 % comme cela a été demandé ? La France ne doit pas baisser les

bras mais pourquoi ne cherche-telle pas davantage dans d’autres formes d’énergies ? DM › C’est un autre défi technologique à relever. L’éolien est l’instrument le plus mature aujourd’hui. Nous ne sommes pas prêts dans les autres technologies. SF › Quid des simulations sur le champ d’éoliennes ? DM › Elles sont en cours. SF › Le champ fera 1,5 fois la surface de l’île de Noirmoutier, les éoliennes seront cinq fois plus hautes que l’île et la distance de Saint Nazaire à Noirmoutier est sensiblement la même que celle de Saint Nazaire au banc de Guérande. Ce n’est pas anecdotique. DM › Le viaduc de Millau, la Tour Eiffel,… fascinent aujourd’hui alors qu’ils ont été contestés à l’époque de leur construction. Il faut mettre en balance la question touristique, esthétique avec celle du bénéfice économique et de l’emploi. L’annonce de 4000 emplois prévisionnels n’est pas négligeable. Cela m’attristerait que l’on ne sache plus faire de voitures, de grille-pains ou de stylobilles en échange de palmiers et de sable fin. Relever les défis technologiques est une très belle aventure. Il y a toujours une marge d’incertitude dans un projet industriel. . SF › Qu’est-ce qui fait la valeur d’un Pays, d’un territoire ? Il n’y a pas que le PIB. Ne doit-on pas prendre en compte tous les aspects d’un projet y compris les questionnements et les doutes des citoyens ? Les éoliennes vont être très vite obsolètes. Quelle sera la part de la recherche et développement ? DM › L’IRT Jules Verne fera le

travail. SF Ne faudrait-il pas demander à l’IRT de prendre en compte la question du long terme, la question de ce que nous faisons de notre planète ? DM › Ce n’est pas son rôle. C’est celui des politiques. Ils prennent en compte cette question mais donnent priorité aujourd’hui au développement économique et à la lutte contre le chômage. Ils arbitrent dans ce sens. Le citoyen ne réfléchit pas toujours en termes d’intérêt général. Les défis, il faut les régler au fur et à mesure. Il faut se poser les questions au fur et à mesure et impliquer les citoyens. SF › Ce qui est intéressant c’est de soulever le sujet de la légitimité de l’esthétique avec les citoyens et de la mettre en balance avec les autres arguments du projet. Comment imaginer l’avenir dans le domaine des EMR d’un point de vue esthétique ? DM › Pour limiter les champs maritimes industriels, il faudrait développer les autres formes d’EMR au pied des éoliennes. SF › Il faudrait également inscrire systématiquement cette dimension dans les débats publics. DM › Et puis, il y a d’autres formes d’énergie à développer (l’hydrogène,… ). Le banc de Guérande est un banc d’essai dont il faut tirer les leçons pour l’avenir. SF › Le débat public n’arrive-t-il pas trop tard ? DM › Sans doute... Il n’en reste pas moins un pas supplémentaire pour plus de démocratie et d’information citoyenne. Ensuite ne faut-il pas faire confiance aux élus dans les arbitrages à faire pour le futur ? › 35


Daniel MOYON  Envie 44

"Energies marines renouvelables" Bien qu'elle bénéficie d'un parc de production (hydraulique et nucléaire) parmi les moins émetteurs de CO2 de l'Union européenne, la France a pour objectif de porter à 23% la part des Energies Renouvelables dans sa consommation d'énergie finale d'ici 2020. Nul ne peut nier aujourd’hui, le rôle indispensable que doivent jouer les EMR (Energies Marines Renouvelables) dans le mix énergétique français La France s’est engagée dans le processus de réduction des gaz à effet de serre pour répondre au grand défi du réchauffement climatique de la planète et elle a pour cela des atouts importants : - 2ème façade maritime au monde après l’Amérique grâce à l’outremer (11 millions Km2), - dans les sources renouvelables représentant environ 9 % de la production française d’électricité, l’éolien fournit 2,8% de la production totale donc une marge importante de progression, - une technicité suffisamment avancée pour se lancer dans ce défi. Les EMR ne restent toutefois les energies marines renouvelables

que des énergies d’appoint, puisque soumises aux humeurs de dame Nature (vent, marées, soleil). Et, d’ailleurs, pour assurer la stabilité de la distribution électrique, 75% de la production française d’électricité est produite par les centrales nucléaires. Rappelons que le type de nucléaire choisi, qui a été fait dans un contexte militaire (sortie de l’OTAN pendant la guerre froide) n’a pas permis de privilégier les meilleures filières à mon avis. Je pense à la filière Thorium, beaucoup moins dangereuse et plus propre (moins de déchets et d’une durée de vie plus courte) mais on ne refait pas l’histoire et peut-être cette filière verra-t-elle prochainement le jour. Les autres énergies assurant la stabilité du réseau sont les énergies fossiles génératrices de CO² donc allant à l’encontre du but recherché. Même si les EMR avaient pour effet, dans un premier temps, de stopper la progression des énergies fossiles avant de les faire régresser, ce serait déjà un énorme progrès ! Toutefois, n’oublions pas que la meilleure énergie est celle que nous

ne consommons pas. Donc, continuons d’explorer tous les moyens pour économiser cette énergie. Aujourd’hui plusieurs parcs éoliens offshore sont programmés en France et un premier est prévu au large de Guérande–Le Croisic. Ce projet, voulu par l’état et ses représentants, s’il a quelques inconvénients (pollution visuelle pour certains) est une chance inouïe pour notre région.

La création d’une filière   "éolienne marine offshore" Même si nous avons pris un peu de retard par rapport à l’Allemagne, notre région a tous les atouts pour remporter le défi du développement de cette future industrie : sa recherche fondamentale, son potentiel de développement technologique, avec l’IRT Jules Verne, un site d’essai en mer, son tissu industriel (grands groupes et PME.). Ce pôle de recherche et développement fera progresser les technologies dans tous les secteurs concernés et, ainsi, permettra à notre région d’être encore mieux armée


pour remporter la bataille des prochains projets nationaux et internationaux.

Le développement de cette filière EMR   doit permettre :

J’ose croire dans les capacités humaines et intellectuelles des hommes et des femmes qui se lancent dans cette aventure ! Qui aurait cru qu’une poignée d’individus se lançant dans la fabrication d’hydravions à Penhoët dans les années 20, eut été à l’origine d’une grande aventure aéronautique sur notre territoire, appelé aujourd’hui AIRBUS !?!

Un développement de l’emploi Il est annoncé 1000 emplois directs : 500 pour Alstom (300 en production et 200 en recherche et développement) +500 pour EDF (100 à 150 pour la maintenance du parc et 350 pour l’assemblage et l’installation des éoliennes) + tous les emplois indirects on peut compter sur 4000 emplois au total. Même si ces chiffres sont optimistes, qui peut les bouder par ces temps de crise ?

Même si nous n’avons pas aujourd’hui toutes les compétences, elles viendront en faisant. Les partenaires industriels, économiques et politiques sont déjà en place, tous mobilisés pour relever les uns après les autres les défis technologiques qui sont loin d’être insurmontables ! L’installation du champ d’éoliennes du banc de Guérande, nous permettra de nous appuyer sur des connaissances acquises, et ainsi de mieux répondre aux prochains appels d’offres. J’ose imaginer dans 20 ans un parc éolien transformé en ferme énergétique optimisée par des hydroliennes ou des " houlomotrices ", ainsi le vent, combiné aux courants et aux marées, permettra de doubler la production du banc de Guérande.

1

2

Un développement des compétences et de nouvelles formations Mise en place d’un programme pour augmenter et développer la recherche et les formations universitaires.

3

Un développement économique de la région Avec ses emplois induits : commerce, habitat, formation, etc.

4

Une vitrine internationale de notre région Comme ses paquebots sillonnant les mers, ses Airbus traversant le ciel, la filière éolienne plantera ses "Haliades" dans les mers du globe ! La transition énergétique facteur du développement régional ? On peut y croire… non !?!

› 37


Daniel GARDAIS  citoyen volontaire

"3 JUIN 2043" Enfin, ce mix énergétique, tant attendu et dont on parlait tant en 2013, est une réalité. Rappelez–vous les débats, les conférences, les controverses sur la réalisation d’un parc d’éoliennes off-shore au large de nos côtes ! Bien entendu, il y a eu des progrès pour d’autres types de sources énergétiques comme le gaz de schiste avec le développement de nouveaux systèmes d’extraction ou encore ces premières réalisations en fusion nucléaire mais, pour notre région, quels bouleversements la réalisation des parcs éoliens a apportés ! A l’époque, on parlait surtout d’éoliennes posées, mais des études étaient déjà en cours pour des éoliennes flottantes et des projets d’autres types d’EMR commençaient à voir le jour. Maintenant, on peut voir ce que ces premières réalisations ont pu apporter à notre région, d’un point de vue économique et touristique. Les premières réalisations d’éoliennes posées ont, d’abord été des vitrines pour nos sociétés car elles ont pu démontrer leur savoir-faire pour de nouvelles technologies avec des puissances de plus en plus élevées et surtout par la manière de réaliser les projets en développant des partenariats très forts entre les grands donneurs d’ordre et les sous-traitants, sans oublier les centres de recherche et de formation. C’est ainsi que l’on a pu voir STX s’associer avec Polytech pour le développement de nouveaux matériaux mais aussi parrainer des étudiants de l’IUT pour apprendre des métiers dont STX pressentait le besoin. Il en a été de même avec ALSTOM qui a associé, très tôt, des étudiants pour le développement de ses turbines. Les grandes sociétés et leurs sous-traitants ont aussi développé des méthodes de travail en équipe qui ont bouleversé et même révolutionné la manière de réaliser des projets, à tel point que des installateurs étrangers ont les energies marines renouvelables

opté pour nos sociétés régionales. Depuis ces années 2018/2020 qui ont vu les premières réalisations, il y a eu un foisonnement avec les autres EMR. C’est ainsi que des hydroliennes ont pu être placées au pied des éoliennes en créant même des venturis pour améliorer les performances. Des systèmes houlomoteurs ont aussi été installés au large. Le développement de ces techniques a amené tout un panel de besoins pour les lieux de production et notre agglomération s’est montrée très "agressive" pour dynamiser les compétences existantes et aussi pour la création d’entreprises dans des domaines comme la mécanique, l’analyse des risques, l’électronique de puissance, la maintenance… A côté des techniques purement EMR, on a vu se développer des "complémentarités", par exemple des fermes marines pour l’élevage de poissons, qui ont utilisé les ancrages des éoliennes pour réaliser les parcs. Il a été aussi essayé, ces derniers temps, des jardins hors sol, fixés sur les "jackets" des éoliennes. Ces jardins "de mer" permettent un développement de zones maraîchères et comme ils consomment moins d’eau douce qu’un potager normal, il a été mis en place de petites unités d’osmose inverse pour faire du dessalement en utilisant un peu de l’énergie électrique produite. Le développement des EMR a fait de la région nazairienne une région économique internationale dans des domaines comme l’hydrodynamique, le travail de métaux, la construction en matériaux composites, la maintenance électrotechnique et électronique et bien d’autres, grâce à la volonté de toutes les instances publiques et privées qui ont su mettre en commun leur " pack" offensif.


Jean-Marie IMBERT  personnalité qualifiée

"Au large de nos côtes en 2035" Profitant des chaudes soirées de ce mois d'octobre 2035, un long ruban de promeneurs défile sur l'esplanade du front de mer de Pornichet. Les marcheurs et rouleurs ne prêtent guère attention au curieux ballet des éoliennes offshore de seconde génération sur l'horizon cramoisi de cette fin de journée. Ces machines de 14 MW chacune remplacent, sur un champ voisin, les bonnes vieilles Haliade, dont seuls émergent les ancrages. C'était une bonne idée de reconvertir leurs mono-pieux en supports de treillis horizontaux que colonisent maintenant la flore et la faune. Les pêcheurs sont ravis de constater que cette singulière nurserie contribue au développement des richesses halieutiques locales. Par ailleurs, l'ensemble de ces structures absorbent une partie de l'énergie des vagues dont les effets sur l'érosion sont atténués sur la côte. Ce n'est pas le moindre des avantages au regard de la lente mais inexorable montée des eaux devenue obsessionnelle pour l'ensemble de l'humanité. Centrales houlomotrices et éoliennes font bon ménage

ici comme sur les champs plus éloignés des éoliennes flottantes. Quelques promeneurs observent le remorquage de l'une d'entre elle vers le port de Saint-Nazaire. Le nombre croissant de ces sveltes et élégantes structures a contribué à la reconversion du site de montage des éoliennes posées en site pérenne de maintenance. Il n'y a plus guère de critiques sur l'ensemble des énergies marines renouvelables ; les citoyens européens se font maintenant de plus en plus les plaidoyers de l'accélération de la transition énergétique en attendant la maturation de prometteuses découvertes pour l'instant hors de portée des budgets de la France comme de la Chine pourtant première puissance économique de la planète devant les États-Unis.

développement. Certes leur production ne consomme pas de terres agricoles mais leurs effets vertueux sur la moindre consommation d'énergie à partir de ressources fossiles a paradoxalement entraîné de vives réactions de la part des écologistes engagés dans la campagne "Pour mes loisirs, l'avion, non merci !". Les LED discrets et économes viennent de s'allumer pour baliser sobrement le front de mer. " Sobrement !" : un mot d'ordre pour tous depuis 20 ans !

Par contre les bioréacteurs, dont on extrait des huiles à partir de micro-algues, sont loin de faire l'unanimité. Ces biocarburants de troisième génération qui fournissent aux avions le bio kérosène, sont parfois accusés d'endormir l'opinion publique quant à l'urgence de penser un autre modèle de › 39


Nantes / saint-nazaire PORT

"Energies marines renouvelables" Le Grand Port Maritime de Nantes Saint-Nazaire est un établissement public, une entreprise dont l'Etat est l'unique actionnaire. Plusieurs missions lui sont confiées : la réalisation, l'exploitation et l'entretien des accès maritimes, la police, la sécurité et la sûreté, la valorisation du domaine, la préservation des espaces naturels, la construction et l'entretien des infrastructures, la promotion de l'offre de dessertes ferroviaires et fluviales, l'aménagement et la gestion de zones industrielles et logistiques et la promotion générale. Nantes Saint-Nazaire Port est ainsi un outil industriel de développement économique et un aménageur, qui travaille en partenariat avec les autres acteurs publics et privés du territoire. Il est propriétaire d'un domaine de 2 700 hectares (ha), dont 1 350 ha de zones portuaires, logistiques et industrielles aménagées, et 1 000 ha à vocation d'espaces naturels.

Nantes Saint-Nazaire Port s'engage pour l'émergence   de la filière des énergies marines renouvelables (EMR)

En tant qu'établissement public, le Grand Port Maritime de Nantes Saint-Nazaire est chargé de mettre en œuvre les politiques publiques d'aménagement et de développement durables en composant avec l'économie, l'emploi et l'environnement. Son action s'inscrit ainsi dans la lignée du Grenelle de l'environnement ; elle accompagne également la réflexion conduite sur la transition énergétique de la France. Depuis 2008 et l'adoption de son projet stratégique en 2009, le Grand Port Maritime réfléchit et travaille à l'émergence de la filière des énergies marines renouvelables sur le territoire estuarien. Fort d'un puissant réseau de partenaires industriels et scientifiques, de l'implication des collectivités territoriales et du soutien actif des services de l'Etat, Nantes Saint-Nazaire Port se mobilise dans l'objectif de contribuer à l'implantation des futurs parcs éoliens en mer au large des côtes nazairiennes et vendéennes, de permettre l'implantation de nouvelles entreprises et de conforter le tissu industriel et logistique local susceptible de se positionner sur ce secteur. les energies marines renouvelables

Energies marines renouvelables Un enjeu national, un ancrage territorial En tant qu'établissement public, le Grand Port Maritime de Nantes Saint-Nazaire met en œuvre les politiques publiques d'aménagement et de développement durables sur le territoire estuarien, dans la continuité du Grenelle de l'environnement. Mobilisé aux côtés des collectivités territoriales, des organismes de développement économique associés, des chambres consulaires et des services de l'Etat, Nantes Saint-Nazaire Port apporte des solutions industrielles, logistiques et foncières à différentes étapes du déploiement de la filière des énergies marines renouvelables à travers la synergie de sites complémentaires : SaintNazaire, Le Carnet et Montoirde-Bretagne. Il s'implique activement en faveur du projet de parc éolien en mer au large de SaintNazaire, notamment à travers la mise à disposition d'un site de livraison et d'assemblage des pièces constituant les éoliennes en mer - dit hub logistique - à Saint-Nazaire. Réaffirmant sa volonté de porter un projet de territoire, il souhaite contribuer à la nécessaire diversification industrielle nazairienne tout en confortant les potentiels d'excellence, comme la construction mécanique.


Dans ce cadre, il apporte des solutions industrielles, logistiques et foncières à travers la synergie de sites portuaires complémentaires : Saint-Nazaire, Le Carnet et Montoir-de-Bretagne.

Nantes Saint-Nazaire Port s'implique en faveur   de l'implantation du parc éolien en mer au large   de Saint-Nazaire

S'agissant de la phase temporaire de construction des parcs éoliens en mer au large de Saint-Nazaire dans un premier temps, puis entre l'île d'Yeu et Noirmoutier dans un second temps, le Grand Port Maritime de Nantes Saint-Nazaire propose la mise à disposition d'un hub logistique de 12 hectares sur le secteur de Saint-Nazaire. Le site nazairien constitue un outil industrialo-portuaire remarquable, notamment avec la forme Joubert aux dimensions de 350 m x 50 m, la grue "bigue" d'une capacité de levage de 400 tonnes installée près des bassins… Il offre également des conditions nautiques adaptées, notamment s'agissant du tirant d'air, puisqu'il est positionné en aval du pont de Saint-Nazaire. C'est un avantage au regard des navires de pose d'éoliennes en mer, transportant des pieux montant jusqu'à 70 m. Energie Maritime France (EMF) pourrait ainsi utiliser cet ensemble pour la réception, le stockage, le pré assemblage et la logistique portuaire des

composants des éoliennes offshore destinées au futur parc au large de Saint-Nazaire. Le Grand Port Maritime de Nantes Saint-Nazaire s'inscrit ici dans l'accompagnement de la diversification nécessaire des industriels nazairiens. Réaffirmant sa volonté de porter un projet de territoire, il souhaite contribuer à conforter ses potentiels d'excellence, comme la construction mécanique à Saint-Nazaire. La problématique majeure est celle du redéploiement des espaces, qu'il faut s'appliquer à optimiser. S'agissant du hub logistique au service de la construction des parcs éoliens en mer, il s'agit de restructurer l'existant pour mettre à disposition un outil pertinent contribuant à l'enrichissement du tissu industriel local. Dans le cadre du parc éolien en mer au large de SaintNazaire, le Grand Port Maritime est également concerné par le raccordement électrique, à la fois sous l'angle des accès nautiques et sous celui de la zone d'atterrage. Un point de vigilance sera porté afin de pouvoir garantir les accès portuaires, leur entretien et leurs éventuelles évolutions, qu'il s'agisse du chenal ou de la zone d'attente des navires. La zone d'atterrage du câble devra également tenir compte des projets de développement portuaire, et ne pas interférer dans l'accès à l'avant-port et aux formes de Saint-Nazaire. Le Grand Port Maritime est à la disposition de RTE afin d'étudier

les solutions optimales de trajectoire maritime du câble et des dispositions techniques de ce raccordement.

La dynamique   d'un territoire et la complémentarité de sites portuaires aval

Saint-Nazaire bénéficie d’une conjonction rare, voire unique sur la façade atlantique, de très importantes infrastructures et d’un tissu serré d’acteurs industriels. Ses infrastructures décrites ci-dessus offrent un vrai potentiel pour accueillir de nouvelles activités comme les énergies marines renouvelables (montage, maintenance, accueil des bateaux qui chargeront les futures éoliennes offshore… ). Le site est un maillon important du projet portuaire global, complémentaire des autres sites. Ses atouts sont ceux de la concentration des activités industrielles et de la qualité de l’accès nautique. Sa principale contrainte est celle du manque d’espace, qui conduit à devoir le mettre en synergie avec d’autres sites où au contraire l’espace disponible, au Carnet notamment, sur l'autre rive de l’estuaire, par le biais d'une liaison fluviale. Le 16 décembre 2011, le Conseil de Surveillance du Grand Port Maritime de Nantes SaintNazaire a entériné la création d’un pôle industriel sur le site portuaire de Montoir-deBretagne. Sur une zone de 30 hectares dédiée à l'industrie des énergies marines renouvelables, une parcelle de › 41


14 hectares accueillera prochainement les usines de construction de nacelles et d’alternateurs d’éoliennes du Groupe Alstom. Les travaux ont été officiellement lancés par le Premier Ministre, JeanMarc Ayrault, le 21 janvier 2013. Compte tenu d'un calendrier serré, issu de l'appel d'offres national, la zone portuaire de Montoir a été choisie pour une telle implantation en raison des caractéristiques dimensionnelles et de la logistique des futurs ensembles, ainsi que la proximité avec le tissu industriel existant. Un autre enjeu est d'accompagner l'émergence de la filière des énergies marines renouvelables en facilitant le développement des technologies (à leurs diverses phases : prototype, travaux, maintenance… ) au fur et à mesure de leur maturité : éolien offshore posé et flottant, hydroliennes, dispositifs houlomoteurs, filières bio marines, etc. Dès 2008, le Grand Port Maritime identifie Le Carnet comme site dédié aux écotechnologies marines et l'inscrit comme tel dans son projet stratégique de 2009, en affirmant que la prise en compte des enjeux environnementaux et de respect des espaces naturels passerait par un plan de gestion intégré. Cette zone a vocation à accueillir certaines activités à forte valeur ajoutée : recherche, développement, assemblage… Cela nécessite, par la taille et le poids des composants pouvant être intégrés dans les process industriels associés, des voies de circulation à grand gabarit, des aires de stockage à proximité du bord à l'eau et des parcelles de grandes dimensions.

les energies marines renouvelables

En avril 2012, un prototype d'éolienne offshore, l'Haliade 150, y a été inauguré par le Groupe Alstom.

Conclusion

L'opportunité du développement d'une nouvelle filière industrielle dans un pays ne se présente que tous les vingt à trente ans seulement. L'émergence de la filière des énergies marines renouvelables répond au besoin de transition énergétique de la France, elle participe également à sa nécessaire diversification industrielle et à la création d'emplois. Situation géographique, densité de son tissu industriel, capacité de recherche et de formation… , le territoire ligérien bénéficie d'atouts majeurs pour implanter durablement cette nouvelle filière, confortés par la mobilisation collective des acteurs privés et publics. Le Grand Port Maritime de Nantes Saint-Nazaire, outil industriel de développement économique, s'engage activement en faveur du déploiement des EMR. Son offre industrielle, logistique et foncière contribue à l'implantation de la filière de façon pérenne, elle répond également aux besoins spécifiques et temporaires de la construction des parcs éoliens en mer. Le projet de parc éolien en mer au large de SaintNazaire est une formidable occasion donnée au territoire de démontrer sa capacité à participer à un défi industriel d'enjeu national, contribuant à l'enrichissement du tissu industriel local


Christophe RICHARD  citoyen volontaire

Après avoir participé à plusieurs réunions du groupe de travail EMR du Conseil de développement, à des conférences, à des rencontres organisées dans le cadre de la consultation citoyenne, à une réunion organisée par la CCI, après avoir lu des articles dans différentes revues et écouté des émissions scientifiques à ce sujet sur les ondes de France Culture, je me suis fait un avis pour aujourd’hui, qui n’est bien sûr pas définitif. Il s’agit d’une ponctuation dans mes réflexions. Pour me situer, je me revendique comme citoyen participant, militant de la démocratie participative, des droits humains, de la défense des conditions de travail, de l’économie et de l’entreprise citoyenne, militant écologiste et environnementaliste. Ce sont les raisons qui m’ont incité à me présenter comme citoyen volontaire au Conseil de développement de la CARENE. Au départ, j’étais plutôt favorable aux EMR en général, comme alternative au nucléaire, et favorable à l’idée d’une réalisation locale et concrète, mais aussi dans la perspective de création d’emplois locaux et durables. Je veux d’abord évoquer un point qui me semble secondaire.

Au sujet du préjudice qui serait dû à l’impact visuel des éoliennes.

En traversant la France, j’ai vu de nombreux sites éoliens terrestres et je suis allé voir de près différents sites éoliens de Loire-Atlantique et de Vendée. Je n’ai pas été choqué par leur impact sur le paysage, j’y ai toujours trouvé une réelle esthétique et une intégration acceptable dans l’environnement. Ces éoliennes m’ont rappelé les nombreux moulins à vent des Pays-Bas. Pour ma part, je trouve les éoliennes beaucoup plus belles que certains châteaux d’eaux, beaucoup plus belles que les pylônes électriques qui ont envahi les campagnes, les villes de France et des sites magnifiques notamment en montagne. En tant que responsable d’un club d’alpinisme national à l’époque, j’ai œuvré à la protection de la nature, notamment pour la défense des parcs nationaux contre les projets urbanistiques. J’ai lutté contre la pollution visuelle due aux aménagements électriques, parce qu'en montagne, j’avais vu de près des vallons, des versants, des forêts remarquables saignés à blanc par les conduites forcées de centrales hydroélectriques, des vallées défigurées par des

lignes à haute tension. Pour de nombreux habitants des régions concernées, pour les touristes, comme pour moi, le préjudice esthétique des aménagements électriques est très important. Amoureux de la montagne sauvage, j’ai enragé à de nombreuses reprises contre les implantations de stations de ski qui défiguraient des sites extraordinaires, avec les conséquences sur la flore, la faune, l’activité pastorale et paysanne, ainsi que les ravinements catastrophiques. J’ai milité contre ce bétonnage et cette industrialisation de la montagne. Pour avoir travaillé comme ouvrier forestier dans les Eaux et Forêts, j’ai appris que bon nombre de forêts de montagne ont été créés pour lutter contre l’érosion causée par les pluies torrentielles. Avant que l’homme ne le façonne pour sa survie, le paysage n’était pas celui qu’il est aujourd’hui. Par mes origines paysannes et mes cours de géographie à l’école, je sais que le bocage de notre région qui nous est familier est une création de l’homme. Beaucoup de forêts et paysages de notre campagne sont des constructions humaines. La création de terres cultivables s’est faite à partir du défrichage de la forêt. Pour avoir sillonné à pieds › 43


de nombreux sentiers pédestres de la région, je connais la richesse des espaces naturels encore vierges, c’est à dire non envahis pas des routes ou des constructions, et ils ne sont pas si nombreux. Je suis également un admirateur des vieux moulins à vents et les éoliennes dans le bocage régional ne me choquent pas, ne m’apparaissent pas incongrues dans le paysage. Cependant, je suis vigilant à ce qu’elles ne deviennent pas envahissantes par une omniprésence dans nos campagnes. En comparaison avec les outrages à la nature

les energies marines renouvelables

réalisés dans les montagnes, les éoliennes modernes ne m’apparaissent pas comme des verrues dans les paysages, même si je suis un amoureux de la nature et des espaces vierges de constructions humaines.

Pour ce qui est de la pollution visuelle du paysage maritime :

Pendant de nombreuses années de navigation côtière, j’ai pu observer la côte de l’île d’Yeu jusqu’à l’estuaire de la Vilaine. Parallèlement, je fréquente régulièrement le bord de mer, notamment par le


chemin côtier, de Saint-Marc jusqu’à Piriac, et souvent je passe par le remblai de La Baule. Il m’est arrivé de travailler au quatrième étage d’un immeuble donnant sur le remblai de La Baule. J’ai constaté que les nombreux navires -pétroliers, cargos, porte-conteneurs et autres, qui attendent de pouvoir accéder aux différents terminaux du Port, vus de la côte, représentent une pollution visuelle quasi permanente. Chacun peut observer quotidiennement qu’ils sont très nombreux, souvent plus d’une dizaine, à stationner au large. Au niveau du remblai comme depuis les étages des immeubles du front de mer de Pornichet au Pouliguen, ils sont très visibles derrière l’île des Evens et constituent, pour bien des gens, une gêne ou une pollution visuelle bien réelle, même si tout à fait acceptable. Pour moi, ils sont pourtant beaucoup moins beaux que des éoliennes. Je sais bien que certaines personnes estiment que les paquebots modernes construits à SaintNazaire, qui ressemblent à des HLM flottants, et les porte-conteneurs, à des entrepôts industriels, sont d’une esthétique remarquable. Il se trouve que j’ai navigué sur des paquebots magnifiques et que j’ai quelques relations avec des architectes navals : ils m’ont présenté des navires dont les silhouettes sont de véritables œuvres d’art, bien plus beaux que les dernières productions nazairiennes. Il est

vrai que d‘aucuns trouvent une certaine esthétique à la base sous-marine de Saint-Nazaire. Pour ma part, je préfère le château d’Amboise ou certains immeubles très modernes à l’architecture futuriste. Tout cela pour dire que des éoliennes à 12 km au large de la Baule ne m’apparaissent pas comme un préjudice esthétique, pas plus que le phare du Four au large du Croisic. Les propriétaires d’immeubles à La Baule qui craignent une dévalorisation de leur patrimoine, à cause de la présence d’éoliennes, me semble de mauvaise foi.

Plus sérieusement,   les risques pour la faune   et la flore marine et donc pour la pêche et ceux   qui en vivent : Avec tous les éléments que j’ai recueillis, notamment sur l’impact des éoliennes au Danemark, il n’y a pas eu de catastrophe écologique, ni même de conséquences négatives par rapport aux trois points concernés. Pour le site de Saint-Nazaire, je crois avoir compris que le lieu d’implantation retenu est d’une très grande richesse écologique mais que l’inventaire écologique complet reste à faire. Les risques de destruction de la flore, donc de la faune qui y prolifère, sont très probables. Mais à ma connaissance, ils n’ont pas été calculés scientifiquement. Je pense que ce travail doit être réalisé avant la décision de réalisation du projet.

Néanmoins, l’expérience de catastrophes maritimes passées en Bretagne, depuis le Torrey Canyon, n’a pas affolé les pêcheurs locaux, et de nouvelles espèces sont même apparues ou ont proliféré. Chacun sait que la mer à d’énormes capacités de régénération ce qui n’est pas une raison pour en faire un dépotoir, notamment avec les sacs en matière plastique. En matière d'écologie, les chaluts des bateaux de la Turballe ou d’ailleurs, notamment, ceux qui pêchent selon la technique de "la pêche en bœufs", labourent les fonds marins depuis des dizaines d’années et occasionnent d’énormes dégâts. Des associations environnementalistes protestent régulièrement contre ces pratiques et alertent quant à la disparition de certaines espèces halieutiques. Je pense que les éoliennes causeront beaucoup moins de dégâts que ce chalutage destructeur. Je m’étonne que les écologistes qui s’opposent au projet ne parlent pas de cet aspect du problème.

Au sujet de l’intérêt économique de la création d’une industrie locale EMR : Je partage l’avis de ceux qui estiment qu’il y a une opportunité exceptionnelle à saisir. J’en ai été convaincu notamment lors de la conférence organisée par le Conseil de développement et lors de la réunion à la CCI. L’enthousiasme des porteurs du projet et notamment des

› 45


représentants de Néopolia, la présence de nombreux employeurs à la réunion de la CCI, démontrent un gros potentiel. Cet enthousiasme est révélateur d’un grand dynamisme des promoteurs, des employeurs et des décideurs locaux. Cependant, pour avoir travaillé sur le site STX, sur le site de la Cité Sanitaire, à la Raffinerie de Donges et dans diverses entreprises sous-traitantes qui avaient été sélectionnées comme prestataires pour les entreprises exerçant sur ces chantiers, je tiens à émettre quelques réserves à partir de constats et d’exemples concrets. Les promoteurs du projet nous ont annoncé que la réalisation du site EMR de Saint-Nazaire allait être une vitrine qui devrait permettre d’obtenir des chantiers semblables dans le reste du monde. Lorsque j’étais comme intérimaire sur le site STX pour la fabrication de paquebots, j’ai travaillé au milieu de centaines d’ouvriers dont la plupart venaient des pays de l’Est de l’Europe, beaucoup d’Afrique et d’autres du Portugal ou d’Espagne. Sur le site, les intérimaires étaient très nombreux, plus que les salariés de STX, et probablement plus que le nombre de salariés en CDI et CDD. Leurs horaires de travail, comme les miens en tant qu'intérimaire, dépassaient largement les 35 heures. Quel était leur taux de travail les energies marines renouvelables

horaire ? Bénéficiaient-ils de la législation du travail française ? Et aujourd’hui, la plupart de ces ouvriers sont repartis dans leur pays. Ne pouvait-on pas employer des demandeurs d’emploi nazairiens ? Comme intérimaire, j’ai travaillé dans les locaux de soustraitants de STX, qui employaient des ouvriers très qualifiés dont la plupart étaient intérimaires et d’autres venaient de pays de l’Est de l’Europe. Sur le site de la Cité Sanitaire, j’ai travaillé pour des entreprises dont certaines étaient aussi en contrat avec STX et AIRBUS. J’ai pu constater la présence de salariés de 10 nationalités différentes. Il s’agissait d’emploi de peintre, de maçon, de plombier, des professions que des salariés français pouvaient exercer dans cette période de chômage important. J’ai connu le cas d’un salarié qualifié d’une entreprise qui fait partie de Néopolia, de nationalité portugaise et employé par une société de travail temporaire portugaise. Il travaillait depuis deux ans dans l’entreprise nazairienne, à la grande satisfaction de son employeur. Il est retourné dans son pays pour prendre quelques semaines de vacances. Il a appris au Portugal, à la fin de ses congés, que son contrat à Saint-Nazaire n’était pas renouvelé alors qu’il avait laissé dans notre ville de nombreux effets personnels dans son logement temporaire qu’il continuait de payer.

A la fin du chantier de la Cité Sanitaire, ces centaines d’ouvriers sont retournés dans leur pays et de nombreux emplois d’intérimaire ont disparu. A la fin du chantier, de très nombreuses malfaçons, et parfois graves, ont été constatées. Il s’est même produit des accidents. Pendant l’arrêt pour Grands travaux à la raffinerie TOTAL de Donges, là encore, j’ai travaillé au milieu de centaines de salariés étrangers pour la plupart venu du centre de l’Europe pour travailler comme échafaudeurs ou dans la métallurgie. Il y avait également de nombreux salariés qualifiés ou très qualifiés, d’entreprises françaises, en CDI, souvent des spécialistes du travail en raffinerie en déplacement de longue durée. Mais là aussi les intérimaires étaient très nombreux. Aujourd’hui les intérimaires ont terminé leur mission et les salariés étrangers sont repartis. Il me semble qu’il y a quelques années, des syndicats avaient parlé d’un "montage exotique" réalisé par la direction des chantiers navals à l’époque pour favoriser le recrutement de salariés à moindre coût. Je pense que ce n’est pas en payant des salariés au salaire minimum ou à un taux horaire ne correspondant pas à leurs compétences que l’on pourra contribuer à construire ce beau projet EMR à Saint-Nazaire.


Réflexions…

Dans les divers sites que j’ai mentionnés, il y a eu des centaines ou même des milliers de salariés qui ont travaillé. On peut comprendre que pour certains chantiers, il y ait recours à des CDD et du travail intérimaire pour répondre au surcroît de travail des entreprises. Il me semble important d’insister sur le fait que les emplois nécessaires pour la construction, le transport, et la mise en place des supports ne seront pas des emplois durables. Ceci dit, il me semble indispensable que les salariés employés soient soumis au droit du travail français. J’ai entendu des représentants de Néopolia qui évoquaient la nécessité de formation spécifiques de personnels parce que les soudeurs locaux n’étaient pas habitués à travailler des matériaux d’une telle épaisseur. Ils constataient également une pénurie locale de personnels qualifiés en soudure. Ces deux constats me confortent dans l’idée de la nécessité d’une charte éthique pour les salariés employés à la construction du site. Pour ce qui est de la souplesse de travail, sur ces trois sites, j’ai travaillé en tant qu’intérimaire, avec des salariés en CDI, parfois jusqu’à 48 heures par semaine. Preuve que même les salariés en CDI peuvent faire preuve de souplesse et que les entreprises ne sont pas bloquées par les 35 heures. Au niveau de la pénibilité du travail, j’ai vu des salariés, même

proches de la soixantaine, porter des charges lourdes, sur parfois 10 étages, même à la raffinerie pourtant très contrôlée. On peut se poser la question de la vie familiale et de la santé future des salariés français ou étrangers, qui travaillent régulièrement plus de 45 heures par semaine. J’ai rencontré un roumain qui n’avait pas vu ses jeunes enfants depuis 8 mois. Au niveau du coût du travail, beaucoup d’employeurs se plaignent du coût trop élevé de la main d’œuvre. Pour des travaux pénibles, avec parfois des responsabilités et des tâches complexes, j’ai le plus souvent travaillé au tarif du SMIC et constaté que les salaires de mes collègues en CDI, pour des emplois d’ouvrier qualifié même très qualifié avec des responsabilités étaient rémunérés à des tarifs horaires à peine plus élevés que ceux des intérimaires comme moi. J’ai travaillé pour le même type de tâche, dans différentes entreprises, toutes confrontées à un plan de charge très aléatoire. Alors que j’étais rémunéré au tarif du SMIC horaire, l’une d’elle m’a embauché à 1€ de l’heure au-dessus du SMIC. Dans cette entreprise, les salariés avaient des salaires plus élevés que chez les concurrents J’ai pu constater qu’ils s’investissaient beaucoup plus dans leur travail. J’en déduis que les employeurs ont une certaine latitude quant au niveau de salaire. J’ai travaillé au tarif du SMIC dans des emplois non qualifiés

parce que je suis reconnu comme travailleur consciencieux, mais je comprends que des jeunes ne soient pas motivés s’ils ne sont pas payés plus qu’un collègue qui s’investit moins. J’ai aussi travaillé au SMIC pour des tâches qui exigeaient une réelle compétence technique et avec des responsabilités importantes (si j’étais défaillant, des pièces ou du matériel de haute valeur risquait d’être gravement endommagé). Je comprends que des salariés ne soient pas motivés et plus investis dans leur travail, et donc plus rentables, si on les paye au tarif minimum. A salaire minimum, travail minimum ... Toujours en matière de coût du travail, je veux signaler les pertes de temps, donc les dépenses supplémentaires, dues à des défauts de logistique. Sur le site STX, il m’est arrivé de travailler 3 heures dans la journée alors que j’ai été payé 8 heures parce que l’organisation du travail était déficiente. Sur le site de la Cité Sanitaire, pendant un mois j’ai constaté qu’il n’y avait qu’un seul ascenseur en fonctionnement pour les centaines de salariés, de différents corps de métiers, qui devaient monter ou descendre leur matériel, évacuer les résidus de chantiers, parfois jusqu’au 5ème étage. Quelles pertes de temps, quel gâchis d’argent alors que les employeurs disent que les salariés leurs coûtent trop cher !

› 47


EN RÉSUMÉ

Les représentants de Néopolia ont exposé leur projet lors d’une conférence du Conseil de développement de la CARENE, en insistant me semble-t-il sur l’existence d’une CHARTE ETHIQUE entre les entreprises partenaires du projet. Au regard des exemples et réflexions que j’ai écrits précédemment, je suis favorable au projet à deux conditions : 1) Qu’une étude scientifique d’impact ne signale pas des dommages graves et durables du milieu marin lors de la construction des piliers. 2) Que les promoteurs incluent dans leur projet une CHARTE ETHIQUE POUR L’EMPLOI DES SALARIES APPELES À TRAVAILLER SUR LE SITE Si les promoteurs affichent leur certitude qu’ils sont sur un projet d’avenir porteur sur le plan économique et donc de l’emploi, bien au-delà de l’agglomération nazairienne, ils doivent y mettre

les energies marines renouvelables

les conditions et le prix, notamment des salaires et des conditions de travail motivants. Si les promoteurs veulent attirer de la main d’œuvre compétente, cela à un coût notamment en matière de reconnaissance salariale. De bonnes conditions de travail pour les salariés sont un élément essentiel pour la réussite du projet, des salariés bien considérés sont plus motivés donc plus productifs et même plus inventifs, ce qui n’est pas anodin dans un projet expérimental. Je pense que les promoteurs ont tout intérêt, pour la réussite de leur projet, à établir cette charte avec la Direction du Travail et de l’Emploi. Je pense que l’association des syndicats représentatifs à la réalisation de cette charte serait un plus. J’ai entendu dire que les syndicats n’avaient pas eu l’autorisation de pénétrer sur le chantier de la Cité Sanitaire. Je ne sais pas si l’information est exacte, mais si tel est le cas, ce n’est pas un gage de confiance de la part des employeurs ou du maître d’œuvre.


REMERCIEMENTS Un grand merci à tous les membres du Conseil de développement qui ont accepté soit à travers le groupe  de travail, soit à travers des contributions individuelles de participer à cette réflexion prospective :  Anatole DANTO, citoyen volontaire André MARTIN, Natur’action Antony BARILLE, citoyen volontaire Bernard BAYLE, citoyen volontaire Bernard DROUILLET, CLCV Bertrand LEJAY, personnalité qualifiée Christophe RICHARD, citoyen volontaire Daniel MOYON, Envie 44 Florence GEOFFROY, citoyenne volontaire

Jean Claude BLANC, SPCNE Jérémie RABILLER, Les Sirènes du patrimoine Michel CALVEZ, CFE-CGC Michel CHAUSSE, SPCNE Nicole MAILLARD, Bretagne Vivante SEPNB Sarah TRICHET-ALLAIRE, citoyenne volontaire Sophie FAŸ, personnalité qualifiée

Un remerciement particulier à deux personnalités qualifiées : − Sophie FAŸ, pour avoir accepté de porter son regard d’artiste sur les travaux des membres, − Bertrand LEJAY, pour avoir accompagné la réflexion notamment auprès des jeunes.

L’enquête auprès des jeunes a été un moment fort de la démarche. Le Conseil de développement remercie sincèrement l’IUT et le lycée Aristide Briand de Saint-Nazaire pour leur investissement et leurs précieux conseils :

L’IUT de Saint-Nazaire

Jean-Michel LANCIEN, Directeur Hélène CAPUTO, Responsable pédagogique

Le lycée Aristide Briand   de Saint-Nazaire

Annie CASTAGNE, Proviseure Eric Geoffroy, enseignant en génie électrique, BTS

Ces travaux n’auraient pas pu être menés   sans la collaboration de :

L’entreprise STX

Patrick PIRRAT, expert industriel et chef de projet R&D Pauline RHEIN, ingénieur projet Ouahid Dahmani, ingénieur d’étude chez STX Solutions

L’Ecole Centrale de Nantes

Bertrand ALESSANDRINI, Directeur du développement et des relations industrielles à l’Ecole Centrale de Nantes, directeur scientifique de SEM-REV, site d'essais EMR

Laure QUEDILLAC, chargée des relations avec les entreprises

Electrotechnique

Pascal GERMAIN, enseignant en sciences appliquées, BTS Electrotechnique

Daniel DREAU, chef de travaux industriels Benjamin MONFURT, enseignant en sciences appliquées,

Les laboratoires de recherche   de Saint-Nazaire

Franck HAVARD, enseignant en mécanique construction,

Jack LEGRAND, Directeur du GEPEA Laurent STAINIER, Directeur du GeM Frédéric JACQUEMIN Directeur adjoint du GeM, Conseiller du

BTS Electrotechnique,

Président de l'Université pour le site de Saint-Nazaire

BTS Electrotechnique

Mohamed MACHMOUM, Directeur de l’IREENA

› 49


REMERCIEMENTS La CARENE

Lorraine BERTRAND, chargée de mission Innovation et EMR Sophie SAUPIN, chargée de Mission Enseignement supérieur Recherche & Filière Logistique

Les conférenciers

Amaury MOURCOU, Directeur de l’Action Economique à la CARENE Saint-Nazaire agglomération Christian BERHAULT, Directeur du site d’essais SEM-REV à l’Ecole Centrale de Nantes Christophe CLERGEAU, 1er Vice-président de la Région Pays de la Loire, Président de la commission Economie - Innovation Enseignement supérieur

Jean-Claude PELLETEUR, Président de Neopolia, réseau local d’entreprises Laurent MANACH, Directeur Général Adjoint en charge du développement à l’Institut de Recherche Technologique (IRT) Jules Verne, Pascal JAOUEN, Directeur de l'Institut Universitaire Mer et Littoral de l'Université de Nantes-Ifremer-ECN-CNRS, directeur-adjoint du laboratoire GEPEA-CNRS à Saint-Nazaire, Directeur du Département Génie des Procédés et des Bioprocédés à l'école d'ingénieurs Polytech Nantes

Philippe JAN, Directeur du développement des entreprises à la Chambre de Commerce et d’Industrie de Nantes-Saint-Nazaire


Conseil de développement

de la CARENE Saint-Nazaire Agglomération 4, avenue du Cdt l’Herminier BP 305 44605 Saint-Nazaire cedex tél. 02 51 16 48 07 - fax : 02 40 19 59 20 conseil.developpement@agglo-carene.fr ∙ picto-gramme.fr ∙ 11/2013 ∙ W0333 ∙

www.agglo-carene.fr, rubrique : connaître la CARENE

novembre 2013


vieillissement demographique et dynamiques socio-economiques


2030-2040

LES VISIoNS CIToYENNES SUR :

VIEIllISSEmENT  DEmOGraphIQuE  ET DYNamIQuES  SOCIO-ECONOmIQuES  synopsis  La prospective est un exercice nouveau pour le Conseil de développement mais intéressant lorsqu’il permet de dépasser l’horizon du court terme et des convictions individuelles pour imaginer collectivement le futur de l’agglomération nazairienne. opus 2013 est consacré à la restitution des travaux menés en 2013 par le Conseil sur le vieillissement démographique. L'ensemble de ce travail n'a pas la prétention d'être une parole experte et encore moins définitive mais voudrait révéler tout autant des analyses et des questionnements que des rêves et des craintes de la société civile. A ce titre, il constitue davantage l’amorce d’une dynamique citoyenne qu'un résultat figé.

Conseil de développement de la CARENE Saint-Nazaire agglomération " www.agglo-carene.fr/rubrique:connaitrelacarene



composition #01

parOlES D’EXpErTS  composition #02

VISIONS DE SENIOrS  composition #03

VISIONS parTaGEES ET INTEllIGENCE COllECTIVE  a. SUR LE VIF b. "IMAGINoNS LES PoSSIBLES"

composition #04

parOlES DE CITOYENS  bretagne vivante - groupe Mer & Littoral  "L'éolien en mer" Juliette CHARTIER, Citoyenne volontaire "Le vieillissement démographique sur le territoire de la CARENE" bernadette CHoUIN et Andrée JoALLAND, pour la CLCV (Consommation Logement et Cadre de Vie),  Jacques RoCHE et Monique DUbE, pour la CFDT Union locale des retraites Saint-Nazaire "Le vieillissement démographique, bonne ou mauvaise nouvelle pour les prochaines décennies ? guy CoUILLAUD, personnalité qualifiée et Gérard MoREL, citoyen "A vos crayons…" guy CoUILLAUD, personnalité qualifiée, "QUEBEC – AERoPoRT Vol AF0060 à destination de Nantes" Sophie FAŸ, personnalité qualifiée Philippe LERoUX, personnalité qualifi ée "Le boom démographique des seniors" Christophe RICHARD, citoyen volontaire

composition #05

rEmErCIEmENTS › 3


"

Du vieillissement j’ai une image floue, morcelée. Force vive ou charge pour la société, je ne sais. A propos de l’âge, toutes les images du passé sont à ranger dans les albums … ce que j’ai fait dans la série de dessins de cet opuscule. Nous avons à changer notre regard sur la nouvelle tranche de population over sixty de plus en plus active et de plus en plus présente. Chargée de multiples expériences de vie et de la sagesse qui en sourd, j’y vois le terreau propre à une germination. Miracle : c’est d’une graine fatiguée que sort une pousse pleine de vie. Quelques patates issues de ma cave en font la preuve. www.flickr.com/photos/sofay2012/sets/ (travaux après 2008) www.sofay.com (travaux avant 2008) sofay@sofay.com

prEambule Fin 2012, le Conseil de développement de la CARENE a proposé de conduire, jusqu’en juin 2013, une réflexion sur l’économie du vieillissement, appelée également "silver économie" ou "économie grise", et nous a confié l’animation de ce groupe. Le sujet s’est révélé, dès les premières réflexions, difficile à cerner. Qu’entendon par vieillissement ? En effet, la société véhicule l’image de la dépendance dès que l’on évoque le vieillissement. Cette approche renvoie immédiatement aux problèmes sociaux liés à cette dépendance et à leur prise en charge. Celle-ci est génératrice d’emplois, de métiers et de produits nouveaux. Cependant, la réponse que chacun envisage est plus souvent de nature institutionnelle. Heureusement, la vieillesse dépendante n’est pas inéluctable et ne touche pas plus d’un tiers des personnes très âgées. Il y a donc, pour chacun, un temps plus ou moins long qui va de l’âge de la retraite à un âge avancé où l’on qualifie les gens de "séniors" et où chacun garde sa pleine autonomie en n’étant plus contraint par un travail rémunéré. Cette période peut s’étendre sur 25 ou 30 ans.

vieillissement demographique et dynamiques socio-economiques


Les seniors constituent une richesse, au sens large, insuffisamment connue ou reconnue aujourd’hui encore. On connaît mal leurs besoins et leurs investissements notamment en terme de solidarité sociale ainsi que leurs habitudes de consommation. C’est d’autant plus important à étudier qu’il s’agit, souvent, de personnes qui disposent de moyens financiers supérieurs au reste de la population. Ainsi, nous nous sommes trouvés confrontés à des problèmes nouveaux faisant l’objet de recherche de la part des scientifiques et des collectivités. "La silver économie" émerge tout juste en France et dans notre région comme l’illustre le lancement officiel de cette filière par le gouvernement le 24 avril dernier, la création du Gérontopôle Autonomie Longévité des Pays de la Loire et l’étude récemment engagée par la CCI Nantes Saint-Nazaire pour caractériser ce marché. Notre approche s’est donc voulue modeste et pragmatique. Comme lors de chaque réflexion menée par le Conseil de développement, nous étions soucieux d’apporter aux élus et aux autres acteurs locaux, des "visions citoyennes" sur ce qui semble être un sujet socialement important et une nouvelle opportunité pour l’attractivité et le développement économique du territoire. Nous avons constitué un groupe de travail composé de membres volontaires du Conseil de développement que nous remercions particulièrement de leur investissement et dont on trouvera, dans le chapitre III, les espoirs, les rêves et les craintes pour l’avenir.

ou bien de consommation et d’innovation industrielle. Leurs interventions sont résumées dans le chapitre I et consultables dans leur intégralité sur le site de la CARENE, dans la rubrique consacrée au Conseil de développement . Enfin nous avons voulu ouvrir le champ des regards en sollicitant des membres volontaires de l’université inter-âges (UIA) et des Accueil des Villes Françaises (AVF). Leurs réflexions sont consignées dans le chapitre II. Le chapitre IV reprend les contributions des citoyens et des structures membres du Conseil de développement qui ont bien voulu s’exprimer librement sur le sujet. Nous avons bien conscience au terme de ces mois de réflexion de n’avoir fait qu’effleurer un sujet nouveau et complexe. C’est pourquoi, nous sommes heureux de pouvoir continuer, l’an prochain, la démarche entreprise en nous associant avec l’Institut de Géographie et d’Aménagement Régional (IGARUN) et le Laboratoire ESO "Espaces et sociétés" de l’Université de Nantes. Enfin, nous remercions Sophie Faÿ, Sofay de son nom d’artiste, peintre plasticienne à SaintNazaire et personnalité qualifiée au Conseil de développement, pour ses illustrations inspirées qui apportent une autre dimension à la réflexion.

Guy Couillaud et Philippe Leroux, personnalités qualifiées Animateurs de la réflexion

Nous avons sollicité des conférenciers qui nous ont apporté leurs éclairages que ce soit en termes de démographie, de solidarité sociale

› 5


composition #01

PAROLES D’EXPERTS Pour "nourrir" la réflexion et le potentiel créatif des membres du Conseil de développement, trois conférences mobilisant des experts ont été organisées entre janvier et octobre 2013. Soucieux de relayer une information distanciée auprès de tout un chacun, le Conseil de développement a souhaité ouvrir les conférences au grand public. Les thèmes des conférences ont été choisis pour répondre aux principales attentes exprimées par les membres du groupe de travail, à savoir : − s’informer sur le vieillissement démographique dans notre région, ses spécificités et ses incidences à l’horizon 2030-2040, − appréhender la notion de Silver Economy et les opportunités économiques liées au vieillissement démographique, − comprendre le comportement de consommation des seniors et l’impact économique pour un territoire, − s’informer sur les démarches en cours et repérer les principaux acteurs locaux dans le domaine de l’économie du vieillissement. L’étude du vieillissement sous l’angle économique étant relativement récente en France et dans la région, il faut préciser les difficultés rencontrées par le Conseil de développement pour trouver des conférenciers. Ainsi faut-il remercier infiniment ceux et celles qui ont accepté de répondre à sa demande. Les présentations des conférenciers sont consultables sur le site de la CARENE : agglo-carene.fr/, rubrique Connaître la CARENE, le Conseil de développement


les conférences Le vieillissement démographique dans notre région :   quelles spécificités et quelles incidences à l’horizon 2030-2040 ?

Lundi 28 janvier 2013 à 18h à Saint-Nazaire, salle Brière, Bâtiment Météor "En 2030, l'âge moyen de la population en Pays de la Loire s'élèvera à 43 ans, contre 39 ans en 2005. Le vieillissement est un phénomène démographique majeur du XXIème siècle qui soulève de nombreuses questions sanitaires, économiques, sociales et politiques : Quelles sont les spécificités du vieillissement dans la région Pays de la Loire et sur le littoral ? L'intensité et la nature du vieillissement sont-ils identiques dans tous les territoires ? Quelles sont ou seront les multiples incidences du vieillissement de la population" Intervenants : Vincent BONNEFOY, chef de projet projections démographiques à l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) des Pays de la Loire

Le "boom démographique" des seniors : quelles opportunités économiques ? Quelles solidarités entre les générations ?

Lundi 18 mars 2013 à 18h00 à Saint-Nazaire, salle Brière, Bâtiment Météor "La France va vieillir (…). La tradition intellectuelle, essentiellement intuitive, considère que le vieillissement est un facteur de ralentissement de la croissance (…). Pourtant, la réalité est, comme toujours, plus complexe (…). On peut (…) imaginer sans peine que l’accélération du vieillissement dans notre pays incitera les politiques économiques à actionner de nouveaux leviers, comme le développement de secteurs d’activité tournés vers les seniors et surtout une modification profonde des flux financiers entre générations."(1) "La politique pour les seniors ne peut être pensée indépendamment de la politique pour la jeunesse. Parce qu’une société qui vieillit bien devrait avoir pour exigence que les générations suivantes vivent mieux et au moins aussi longtemps que les précédentes."(2)

Quand devient-on vieux ? Sur la base de quels critères ? Quelle sera la place des seniors dans la société vieillissante ? Quel sera l’impact du vieillissement sur l’économie des territoires ? Quelles relations économiques et quelles solidarités entre les générations ? Intervenants : Hélène XUAN, Directrice scientifique de la Chaire "Transitions Démographiques, Transitions Économiques" fondée par Jean-Hervé LORENZI, économiste français. Hélène Xuan est titulaire d’un doctorat en sciences Économiques qui a porté sur le vieillissement démographique et la croissance. Elle est l’auteur de "Des générations à vif" .

› 7


Les seniors sont-ils des moteurs   de notre économie ?

Lundi 16 septembre 2013 à 18h00 à Saint-Nazaire, salle Brière, Bâtiment Météor Le vieillissement est actuellement une évidence démographique qui va considérablement s’accentuer dans les prochaines années, notamment dans l’ensemble des pays développés. Au-delà de la prise en charge médicale que pose cette réalité, l’expérience et le vécu du vieillissement ont fait l’objet de nombreux travaux en Psychologie, Sociologie, Gérontologie... Nombre d’entre eux considèrent le vieillissement comme une variété de problèmes à résoudre – d’ordre cognitif, par exemple – et des réponses à identifier pour chacun. Peu de travaux et d’ouvrages soulignent en revanche les formidables opportunités liées au vieillissement. Opportunité pour soi, lorsque vieillir est source de bien-être et opportunité sociétale, lorsque le vieillissement est susceptible de susciter une activité économique florissante. Intervenants : Denis GUIOT, enseignant chercheur en marketing et management à l’Université Paris Dauphine, codirecteur de l’ouvrage "comprendre le consommateur âgé" Ed. De Boeck

Valérie AUDEGOND, conseillère Innovation Industrie et Services à la Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI) Nantes Saint-Nazaire

Hugues PORTE, Directeur général du Gérontopôle Autonomie Longévité des Pays de la Loire

vieillissement demographique et dynamiques socio-economiques

Par ailleurs, le Conseil de développement a participé au colloque transdisciplinaire "Autonomie Longévité : enjeux et perspectives" organisé le 7 juin dernier, dans le cadre des journées scientifiques de l’Université de Nantes, par le laboratoire MIP (Motricité, Interactions, Performance), en collaboration avec le Gérontopôle Autonomie Longévité des Pays de la Loire et la CCI Nantes SaintNazaire. L’objectif de ce colloque était d’établir un état des lieux des projets de recherche sur la thématique "Longévité/Autonomie" proposés à l’Université de Nantes, de renforcer le partage des connaissances mutuelles de ce qui est réalisé localement pour inciter au développement de synergies et de travaux fédérant plusieurs laboratoires ou groupes de chercheurs travaillant sur cette thématique dans la dynamique initiée par le Gérontopôle des Pays de la Loire. L’objectif était également de rendre visible au regard des autres acteurs nantais et ligériens, notamment les entreprises sur ce secteur d’activité, les travaux qui sont menés à l’Université de Nantes quel que soit le champ disciplinaire concerné afin de susciter des collaborations ou des projets collaboratifs entre laboratoires et entreprises .


PROJECTIONS DEMOGRAPHIQUES : REPERES POPULATION GENERALE

» F rance : 71 M habitants en 2040 Une croissance soutenue dans les régions méridionales, en Rhône-Alpes et sur la façade atlantique. » Pays de la Loire : 900 000 habitants supplémentaires entre 2007-2040 Une croissance principalement portée par la Loire-Atlantique et la Vendée » Loire-Atlantique : 380 000 habitants supplémentaires entre 2007-2040 » CARENE : 13 500 habitants supplémentaires entre 2008-2030 soit 132 000 habitants en 2030 (contre environ 116 000 aujourd’hui).

LES 60 ANS OU PLUS

» F rance : 22,6 M en 2040 contre 13,5 en 2007 Les Pays de la Loire et le Languedoc Roussillon : les régions les plus attractives pour les + de 60 ans. » Pays de la Loire : 1/3 de la population en 2040 (1/5 en 2007) » Loire-Atlantique : 29 % de la population en 2040 (20 % en 2007) » CARENE : 32 % de la population en 2030 (23,8 % en 2008) Avec une moyenne d'âge de 42,1 ans, la Loire-Atlantique devrait rester en 2040 le département le plus jeune de la région. Les 60 ans et plus sur la CARENE représenteraient 32 % de la population à l’horizon 2030. La population de la CARENE atteindrait un âge moyen de 44 ans en 2030, soit trois ans de plus qu’en 2008.

LES 80 ANS OU PLUS

» F rance : 7 M en 2040 (3 M en 2007) » Pays de la Loire : 1 personne sur 20 en 2010, le double en 2040 » Loire-Atlantique : 79 000 personnes supplémentaires entre 2010 et 2040 » CARENE : 5 000 personnes supplémentaires entre 2008 et 2030

Personnes âgées dépendantes :

» Pays de la Loire : 33 000 personnes supplémentaires entre 2010 et 2030 dont 2/3 de femmes » Loire-Atlantique : 11 500 personnes supplémentaires entre 2010 et 2030 » CARENE : donnée non disponible

1 : Le vieillissement : quels scénarios pour la France ?, Risques, Les Cahiers de l’assurance n° 87, sept. 2011, p. 3 2 : Conférence reportée au 9 décembre 2013 3 : Comprendre le consommateur âgé : nouveaux enjeux et perspectives, Denis Guiot, Bertrand Urien, Collection : Méthodes & Recherches, Editeur : De Boeck, mai 2012

› 9


PROJECTIONS DEMOGRAPHIQUES : REPERES ESPERANCE DE VIE EN FRANCE Hypothèse centrale d’espérance de vie (années) Femmes

Hommes

à la naissance

à 60 ans

à 65 ans

à la naissance

à 60 ans

à 65 ans

2011

84,5

26,9

22,5

77,7

21,9

18

2040

88

29,6

25

82,4

25,2

21

ESPERANCE DE VIE EN BONNE SANTE A 65 ANS

Les données récentes publiées par Eurostat montrent que si les problèmes de santé augmentent avec l’âge, notamment chez les femmes, la mauvaise santé perçue n’occupe que 24,5 % du temps vécu pour ces dernières et 20,3 % pour les hommes de plus de 65 ans. Espérance de vie (années)

Sans limitation d’activité (années)

Sans maladie chronique (années)

En bonne santé perçue (années)

H

F

H

F

H

F

H

F

Europe

17,4

20,9

8,4

8,6

7,0

7,6

6,6

6,5

France

18,7

23,2

8,9

9,8

6,3

7,8

6,9

7,6

Si l’espérance de vie a augmenté d’un an entre 2005 et 2010 et si le temps perçu en mauvaise santé a diminué de 0,5 à 1,1 par an (selon le sexe), les années de vie avec des maladies chroniques ont augmenté de 1,6 pour les hommes et de 1,3 pour les femmes. Cependant, ce déclin de l’espérance de vie en bonne santé concerne plutôt les moins de 65 ans et semble lié au niveau social et au développement de comportements à risques (tabagisme chez les femmes, alcoolisme chez les hommes, sédentarité et obésité générateurs de diabète).

1 : Source : plaquette du colloque 2 : Source INSEE : http://www.insee.fr/fr/

vieillissement demographique et dynamiques socio-economiques


composition #02

VISIONS   DE SENIORS Donner la parole aux seniors de l’agglomération nazairienne paraissait important pour étayer les travaux du groupe sur un sujet perçu comme nouveau et complexe. C’est ce que le Conseil de développement a souhaité faire en allant à la rencontre de seniors de l’Université Inter-Age (UIA) de Saint-Nazaire, de l’Accueil des Villes Françaises (AVF) de Saint-Nazaire et de l’AVF de Donges. Les 28 personnes rencontrées ont, en moyenne, 69 ans pour les hommes et 74 ans pour les femmes. 22 habitent Saint-Nazaire et 6 sont de Pornichet, Donges ou de Saint-André des Eaux. Elles ne sont certes pas représentatives de tous les seniors de l’agglomération mais leurs connaissances du territoire et leur intérêt pour la démarche proposée rendent leurs expressions intéressantes. Elles ont été interrogées de deux manières (à l’aide d’un sondage et au cours d’entretiens collectifs) à la fois sur leur expertise d’usage et leurs visions d’avenir du vieillissement sur le territoire : Quel regard portez-vous sur l’agglomération nazairienne ? Pensez-vous que l’offre locale de services et de biens est adaptée aux besoins des seniors ? Quelle offre, en direction des seniors, faudrait-il développer à l’horizon des 20 à 30 prochaines années (santé, loisirs, logement, transports, technologies de l’information et de la communication, …) ? Comment rendre l’agglomération nazairienne attractive pour les seniors à l’horizon des 20 à 30 prochaines années ? Comment les seniors pourraient-ils être acteurs du développement social et économique du territoire dans les 20 ou 30 prochaines années ? Comment souhaiteriez-vous que les relations entre générations évoluent à l’horizon des 20 ou 30 prochaines années ?


L’ENTREE DANS LA VIEILLESSE : ENTRE PERCEPTIONS ET REPRESENTATIONS

La vieillesse, d’abord une question de santé "Ce sont les problèmes de santé qui signalent l’arrivée de la vieillesse." "La vieillesse, c’est l’entrée dans la dépendance ou la perte d’autonomie." "La vieillesse, c’est lorsqu’on a des difficultés à se déplacer." La vieillesse, une question philosophique "Personne ne vieillit au même rythme." "70 ans ? 80 ans ? 85 ans ? 90 ans ?" "On peut encore être jeune à 95 ans !" "Une question d’état d’esprit…» "Quand on reconnaît que l’on devient vieux." La vieillesse, une question sociale "Quand on a plus de vie sociale, plus de projet." "Quand on perd le sens de la curiosité, de l’échange avec les autres."

"

Perte d’autonomie Solitude Isolement Perte de mémoire Horizon qui s’éloigne Que va-t-on devenir ? Le plus tard possible Droit de mourir dans la dignité

Vivre chez soi Transmission Libre de faire ce que je veux Disponibilité Sagesse Maturité Changement Nouvelle vie

"

VIEILLIR DANS L’AGGLOMERATION NAZAIRIENNE A L’HORIZON 2030-2040

REVES

CRAINTES

Vieillir chez soi, en bonne santé. Pouvoir vieillir en dehors de chez soi, si besoin. Vieillir avec des services et des commerces de proximité. Vivre dans une ville dynamique proposant des spectacles, des activités sportives, culturelles, … Se rendre utile. Réinventer une nouvelle forme d'habitat à l'instar des "Babayagas" . Une agglomération où il fait bon vivre, sans craindre l’isolement, le rejet ou la ghettoïsation.

Le manque d’établissements spécialisés pour accueillir les personnes âgées. Quel le sera le coût du vieillissement pour les générations futures ? Vieillir dans la solitude. Une détérioration de la qualité de vie. Une détérioration des conditions de vie : pollution de l’air, stress, … Vieillir sans les jeunes générations. Perdre mon autonomie. Devoir changer de lieu de vie.

vieillissement demographique et dynamiques socio-economiques


L’AGGLOMERATION NAZAIRIENNE : UN TERRITOIRE ATTRACTIF   POUR LES SENIORS A L’HORIZON DES 20 A 30 PROCHAINES ANNEES ?

Une qualité de vie appréciée De façon générale, les seniors interrogés apprécient la qualité de vie de l’agglomération nazairienne. Les "anciens" disent que la ville de Saint-Nazaire a changé progressivement dans le bon sens. Les nouveaux arrivants (moins de 10 ans de présence sur le territoire) ont choisi cette destination principalement pour son attractivité (mer, climat) et le coût des locations immobilières perçu comme relativement plus accessible. Les seniors associent l’attractivité présente et future de l’agglomération à plusieurs éléments : − la qualité des transports collectifs et des déplacements, − la présence des services et commerces de proximité, − le dynamisme de la ville-centre et sa capacité à accueillir toutes les générations en particulier les jeunes. Les seniors plébiscitent le développement des transports en commun et la densification d’hélYce La ligne hélYce à Saint-Nazaire est appréciée car elle dessert bien le centre-ville. Les transports collectifs sont perçus comme plus accessibles lorsqu’on habite le centre-ville de SaintNazaire que lorsqu’on habite à l’extérieur. Ainsi, accéder à la hélYce du côté d’Océanis suppose de prendre sa voiture et de trouver une place pour se garer. L’engorgement du stationnement à la cité sanitaire ne facilite pas les choses. La création d’un parking relais serait appréciée. Par ailleurs, les temps d’attente entre 2 lignes sont perçus comme un peu longs. L’accès au sud Loire est également problématique. Le développement d’une ligne type Bus à Haut Niveau de Services en direction du sud permettrait de renforcer l’attractivité de l’agglomération nazairienne. Les transports en commun sont moins utilisés par les seniors lorsqu’ils doivent transporter des marchandises relativement lourdes. Cet usage risque de se réduire avec l’âge. Pourtant, il existerait, selon eux, des solutions multiples à développer comme le portage des courses, la livraison à domicile, le stockage dans les bus, des chariots de course adaptés aux seniors, etc. solutions également génératrices d’emplois dans le domaine des services à la personne. Enfin, selon les seniors interrogés, le cadencement des bus et les horaires ne seraient pas toujours compatibles avec les activités associatives du matin et du soir. De façon générale, les seniors plébiscitent le développement des transports en commun et la densification de la LHNS selon un axe nord/sud et est/ouest. Les commerces et services de proximité facteurs d’attractivité et de lien social L’attractivité de l’agglomération pour les seniors est également liée à la présence des commerces de proximité dans les différentes communes et dans les quartiers. Si la présence de ces commerces améliore la qualité de vie des seniors, elle est aussi un facteur important de lien social, notamment, de liens entre les différentes générations. "Si l’on veut que les seniors continuent d’habiter dans les petites communes, il faut maintenir les commerces de proximité", rappellent-ils. Les seniors regrettent la disparition progressive des marchés même › 13


s’ils reconnaissent qu’ils sont insuffisamment adaptés au mode et rythme de vie des jeunes générations. Ils se demandent si, à l’avenir, les commerces de bouche auront une place à Saint-Nazaire et dans les centres-bourgs des autres communes, notant que deux tendances opposées se dessinent aujourd’hui (le "e-commerce" d’un côté et les AMAP de l’autre). Ils regrettent également la fermeture de la plupart des commerces entre midi et deux à Saint-Nazaire. Une ville centre pour les jeunes et les seniors "Saint-Nazaire, passé 19H il n’y a plus rien". Les seniors sont demandeurs de sorties culturelles et festives (davantage de cafés et restaurants) pour toutes les générations. Ils souhaiteraient une ville plus dynamique en soirée à la fois pour eux et pour les jeunes générations. "Ce sont les jeunes et les étudiants en particulier qui font bouillonner la ville". "Je ne veux pas être toute ma vie avec des seniors. Il faut des jeunes et donc trouver un moyen de rendre attractive la ville pour éviter qu’ils partent tous à Pornichet". Selon eux, ce qui pose problème c’est le centreville de Saint-Nazaire : il n’est pas visible de l’extérieur. Ils s’interrogent sur ce qui fait un centreville ? Le Ruban bleu est perçu comme un autre centre : s’il est attractif pour les jeunes, il ne l’est pas pour les seniors. Cinéville est un cinéma situé, selon eux, à l’extérieur du centre. "Il n’y a pas grand-chose pour déambuler à la sortie d’une séance" disentils. "Après le film, on a tendance à rentrer chez soi". Ceci dit, beaucoup pensent que la rénovation du Cœur Carré va dans le bon sens et devrait contribuer à embellir la ville. Une agglomération verte et bleue L’attractivité de l’agglomération et de SaintNazaire en particulier a un lien évident pour eux avec la présence d’un cadre verdoyant. Ils ont le sentiment qu’il y a de moins en moins de verdure à Saint-Nazaire du fait de la densification de l’habitat. Ils comprennent les impératifs de cette densification pour éviter le mitage des campagnes

vieillissement demographique et dynamiques socio-economiques

mais souhaiteraient qu’un équilibre plus juste soit trouvé. Certains se demandent pourquoi on construit autant sur Saint-Nazaire alors que l’on voit beaucoup de biens à vendre ou à louer. Selon eux, le bord de mer est le cœur de l’attractivité de l’agglomération. L’aménagement du front de mer (promenade, jeux pour les enfants) est une belle réussite qu’il faut amplifier. La contribution des seniors au territoire La contribution des seniors au développement économique du territoire est vécue comme une question difficile. "En dehors de ma consommation je ne vois pas ce que j’apporte économiquement". Au contraire, la contribution sociale des seniors à l’agglomération leur paraît évidente. Le bénévolat, les dons, les échanges de services sont, selon eux, sources de développement même si leur impact sur le territoire est mal connu. Cependant, faire du bénévolat à Saint-Nazaire n’est pas évident lorsqu’on est nouvel arrivant : "on ne sait pas où s’adresser pour proposer ses services". Le bénévolat est également contraint à SaintNazaire par le manque de salles disponibles. "Avec davantage de locaux, nous pourrions développer le soir des activités intergénérationnelles». Il manque également de bénévoles compétents. Mais comment les repérer et les mobiliser ? Faut-il créer une sorte "d’agence des seniors" à l’échelle de l’agglomération ? Un moyen, entre autres, de "recruter" parmi les nouveaux arrivants…


composition #03

VISIONS PARTAGEES ET INTELLIGENCE   COLLECTIVE Chaque individu ne possède qu'une connaissance partielle de l'environnement et n'a pas conscience de la totalité des éléments qui influencent un groupe. Sachant qu’il est en relation avec un ou plusieurs autres individus, il trouve un bénéfice à collaborer, parfois instinctivement, et sa propre performance au sein du groupe est meilleure que s'il était isolé. C’est dans cette recherche d'une intelligence collective que le Conseil de développement a décidé modestement de travailler en réunissant 21 membres volontaires. Les travaux ont été menés de façon collective, dans l’écoute des paroles et des idées de chacun. Plutôt qu'un consensus systématique, il s’agissait de faire émerger des convergences sur les principaux enjeux du territoire, mais aussi d'éclairer sur les divergences, les points de vue décalés ou différents (chapitre 4 "Paroles de citoyens"). Le groupe de travail s’est réuni à cinq reprises entre fin novembre 2012 et septembre 2013 dans le but de partager : - des connaissances - des questionnements, des points de vue et des réflexions - une vision socioéconomique de la question du vieillissement démographique à l’horizon 2030-2040


A › SUR LE VIF espoir, rêves, possibles doutes craintes questions pour l’avenir "Sur le vif" est un recueil des expressions instantanées et individuelles des membres du groupe réalisé au cours des premières séances de travail. Il comprend donc les premiers regards, les premières visions et les premières questions des membres sur le vieillissement démographique à l'échelle de l'agglomération nazairienne. Les points de vue et les réflexions collectives sont restitués dans le chapitre suivant "Imaginons les possibles".

LE VIEILLISSEMENT DEMOGRAPHIQUE A L’HORIZON 2030 2040 :

UNE BONNE NOUVELLE… L’arrivée de seniors aux revenus plus élevés permettrait de renforcer l’économie et l’attractivité du territoire : développement de l’activité économique et de l’emploi pour répondre à leurs besoins, augmentation de la consommation (exemples : culture, loisirs, logements, services à la personne, …). Les seniors peuvent contribuer au développement de la vie associative et du lien social par leur dynamisme, leur engagement, leur vécu et leur culture. Le vieillissement démographique peut amener les habitants de l’agglomération à construire de nouvelles solidarités. … dans la mesure où la société et les politiques anticipent cette évolution. … à condition que le vieillissement soit synonyme de bonne santé.

…OU UNE MAUVAISE NOUVELLE ? L’arrivée de seniors, aux revenus plus élevés, peut contribuer à modifier les équilibres locaux : - en renforçant les inégalités entre les générations, - dans le domaine du logement : augmentation des prix de l’immobilier, logements inadaptés à la demande locale, - sur le plan démographique : vieillissement de la pyramide des âges avec le départ des jeunes et l’absence d’arrivée de populations jeunes, - dans les espaces d’expressions et de représentations démocratiques : sur représentation des seniors (exemple : Conseil de développement). vieillissement demographique et dynamiques socio-economiques


Si le vieillissement démographique n’est pas suffisamment pris en compte ou anticipé dans la société et par les politiques publiques. S’il s’accompagne d’une "ghettoïsation" des seniors et d’un "racisme générationnel". Si cette évolution oblige à développer des structures d’accueil et des dispositifs sociaux couteux. Si le vieillissement a pour corollaire des problèmes de santé, l’augmentation de

personnes âgées dépendantes et des difficultés, pour certains seniors, à prendre en charge les dépenses de santé (baisse des remboursements de la sécurité sociale, absence de mutuelle). Si le vieillissement démographique contribue à créer des emplois dans le domaine du "Care " sous rémunérés, précaires et avec peu de gains de productivité. Si cette évolution n’est perçue que dans son aspect négatif et les déséquilibres qu’elle peut engendrer.

QUESTIONS POUR L’AVENIR

» Quelles réponses les pays européens et les régions françaises apportent-ils au vieillissement démographique ? » La CARENE et les communes membres ont-ils pris en compte ce vieillissement et entrepris des actions pour l’anticiper ? » Quelle prise en compte des territoires ruraux dans le domaine des services aux seniors ? Quels transports pour les personnes vieillissantes en zone rurale ? » Quel est le potentiel de développement de cette économie du vieillissement ? » Comment les seniors consomment-ils et quel l’impact sur l’économie ? » Comment amener les entreprises à se saisir de cette nouvelle économie dans le respect d’une certaine éthique ? » Quelle sera l’évolution du niveau de vie des retraités et de celui des autres générations ? » Aura-t-on les moyens de prendre en charge le vieillissement de la population ? » Pourra-t-on apporter des réponses équilibrées (équitables) aux besoins des différentes générations ? » Comment faire cohabiter les différentes générations dans les prochaines années? » Quel rôle peuvent jouer les nouvelles technologies de l’information dans l’intégration sociale des seniors ? » Quels sont les métiers et les formations émergents dans le domaine du vieillissement ? » Comment impliquer les seniors dans les évolutions qui les concernent ? » Comment remédier au fait que les seniors qui vont migrer sur notre territoire n’auront pas participé aux évolutions et décisions locales qui les concernent ? » Quelle perception le milieu associatif a-t-il du vieillissement ? De quelle manière intègre-t-il cette question dans son fonctionnement et ses activités ?

› 17


B › IMAGINONS LES POSSIBLES "Imaginons les possibles" rassemble les visions partagées par le groupe et les idées émises à partir   de deux questions et selon la méthode du "remue-méninge écrit tournant". Cette méthode créative repose sur les principes d’une forte participation, d’une égalité d’opportunité d’expression, d’une suspension du jugement ("avocat de l’ange"), d’une recherche la plus étendue possible et du "laisser-aller" des membres. Ainsi, les suggestions en apparence absurdes et fantaisistes sont admises durant la phase de production et de stimulation mutuelles. Pour mieux se projeter, les idées ont été rédigées sous la forme de petits récits situés en 2030-2040.   Ces récits racontent une histoire, celle de l’agglomération de Saint-Nazaire dans 20 ou 30 ans, et portent   un regard plutôt optimiste sur le territoire. Les divergences, les points de vue décalés ou différents ont pu trouver un cadre d’expression   dans les contributions individuelles (chapitre 4 "Paroles de citoyens").

"

Comment rendre l’agglomération nazairienne attractive pour les seniors à l’horizon des 20 à 30 prochaines années ? Que peut-on imaginer pour que les seniors et les jeunes vivent de façon harmonieuse dans l’agglomération nazairienne à l’horizon des 20 à 30 prochaines années ?

vieillissement demographique et dynamiques socio-economiques


Projetons-nous... Et si… les compétences des seniors étaient davantage valorisées ? Aux côtés des espaces de loisirs pour les jeunes, des espaces dédiés aux seniors sont créés à l’échelle de l’agglomération. Les activités proposées (sportives, culturelles, sociales, …) participent à changer positivement l’image des seniors en montrant leur dynamisme et leurs compétences et en renforçant les liens entre les générations (soutien des jeunes en recherche d’emploi, …). Une bourse à l’emploi permet également aux seniors d’exercer des petites activités rémunérées. Et si... on inventait une autre façon d’habiter ensemble ? Des immeubles de huit à dix logements maximum sont construits à l’échelle de l’agglomération de façon à accueillir jeunes et seniors. Des parties communes telles qu’une salle à manger, une salle de lecture et une chambre d’ami favorisent les échanges et l’entraide entre les générations ainsi que l’accueil de touristes. Et si… l’agglomération se dotait d’une agence des seniors ? Une agence des seniors est créée à l’échelle de l’agglomération. Elle permet d’accueillir les nouveaux arrivants retraités sur le territoire et d’accompagner les salariés en fin de carrière pour favoriser leur insertion sociale et leur participation active au territoire. Et si… l’agglomération créait des jardins publics auto gérés ? Pour renforcer son attractivité, l’agglomération nazairienne devient "plus verte" et développe des zones de jardinage urbain. Des jardins publics, accessibles à tous, sont auto gérés par les seniors et les jeunes. Et si… le tourisme vert se développait ? La présence de l’eau et de la nature à l’échelle de l’agglomération est valorisée à travers la construction et la location de pêcheries en bord de mer et de cabanes d’affût dans les marais.

Et si… des cafés citoyens naissaient un peu partout ? Des habitants de l’agglomération s’organisent pour créer des cafés citoyens. Ces lieux proposent aux jeunes et moins jeunes de se retrouver autour d’un café ou d’un repas pour débattre de leurs idées et partager des moments conviviaux. Et si… l’agglomération organisait "Les 24 h de la connaissance» Des ateliers sont créés à l’échelle de l’agglomération et permettent aux seniors et aux plus jeunes d’échanger leurs savoirs et leurs compétences. Pour recueillir les projets et besoins et mettre en liens les différentes générations, une manifestation intitulée "les 24h de la connaissance" est organisée dans les différentes communes. Et si… des "antennes intergénérationnelles" étaient créées dans chaque quartier ? Les quartiers de Saint-Nazaire sont conçus de telle sorte que toutes les générations y sont représentées. Chaque quartier possède une "antenne intergénérationnelle", lieu d’accueil des nouveaux arrivants, d’échanges de savoirs et de savoir-faire, de rencontres et de prêts de matériel. Un blog facilite également le troc de services entre les habitants. Et si… toutes les places publiques se dotaient de kiosques? Des kiosques sont construits un peu partout dans les quartiers de Saint-Nazaire et à l’échelle de l’agglomération. Ouverts sur l’espace public, ils permettent à tout un chacun, artistes en tout genre, amateurs et professionnels, d’organiser des concerts et des spectacles destinés à toutes les générations. Et si… Saint-Nazaire avait son Carnaval de Venise ? Un carnaval masqué est organisé à l’échelle de l’agglomération par les habitants. Il rassemble, jeunes et seniors de tout âge, et permet, à travers notamment les pratiques musicales, les rencontres intergénérationnelles ainsi que l’expression libre, de tout un chacun. › 19


composition #04

PAROLES   DE CITOYENS "Paroles de citoyens" comprend les contributions spécifiques des membres du Conseil de développement (représentants d’associations, d’organismes divers et citoyen(ne)s volontaires). Ces contributions permettent aux membres d’étayer leurs réflexions et d'éclairer sur les divergences, les points de vue décalés ou différents qui s’expriment au sein du Conseil de développement. Elles révèlent ainsi la diversité et la richesse de la société civile et sont donc, en sus et au-delà de l’expression collective, intéressantes et importantes.


Juliette CHARTIER   Citoyenne volontaire

"Le vieillissement démographique sur le territoire de la CARENE" Données générales

De prime abord, il n’est pas évident lorsque l’on est trentenaire, de se sentir concernée par la question du vieillissement démographique. Mes 4 parents structure familiale recomposée - ont la soixantaine, se portent bien, élèvent des enfants adolescents et sont toujours en activité professionnelle. Comment les considérer comme "seniors", terme semblant n’être intelligible que dans des cas précis d’une carte de réduction SNCF ou d’un reporting d’entreprise ? N’ayant pas d’enfant, je n’ai pas de génération au-dessous de moi. A cela s’ajoute que ma seule grand-mère encore parmi nous, chapotée par ses 8 enfants, a été récemment placée en maison de retraite parisienne. Je n’ai donc pas d’expérience de coexistence intergénérationnelle hormis mes propres parents, celle-ci se réduisant à 2 générations. Pourtant, la question du vieillissement démographique sur le territoire de la CARENE concerne bien la trentenaire que je suis. Quels seront ses impacts humains, économiques ou urbains dans les prochaines années ? Comment sera accompagnée l’arrivée de ces "papy et mamy boomers" à la retraite ? Et l’allongement de leur durée de vie ? La région des Pays de la Loire est pour l’heure une région à la population plus jeune que la moyenne nationale, les 60 ans et plus représentants 22 % de la population ligérienne en 2008². Cependant les projections nous indiquent que d’ici 2030 nous allons rattraper voire dépasser cette moyenne

française. Les 60 ans et plus représenteront alors 31 % de la population . Le nombre de personnes âgées va donc s’élever proportionnellement du fait de la baisse de la mortalité et de l’allongement de l’espérance de vie, conjugués à un déficit de jeunes. Ce dernier phénomène est notamment causé par une natalité faible. La nécessité de se protéger contre les aléas de la vie, et les conditions d’une indispensable sécurité financière entraine le fait que la naissance du 1er enfant arrive plus tardivement qu’autrefois, les femmes souhaitant souvent exercer une activité professionnelle. Cumulé à ce taux de fécondité faible, le vieillissement démographique de notre territoire sera amplifié par un déficit des moins de 30 ans, le bassin d’emploi de Saint-Nazaire peinant à attirer cette tranche d’âge. A contrario, les seniors seront de plus en plus présents sur le littoral de notre Communauté d’agglomération.

Impact sur l’emploi et la retraite

La population active du bassin d’emploi de la CARENE, après avoir atteint en 2006 120 000 personnes, devrait retrouver en 2015 son niveau de 1999 avec 116 000 personnes . Cette baisse sera due au vieillissement de notre population active : les départs à la retraite des baby-boomers ne pourront être comblés par les nouveaux entrants sur le marché du travail, pas assez nombreux. Cette difficulté à recruter pourrait être pour les "générations X" (nés entre 1960 et 1981) et "générations Y" (nées entre le début des années 80, et le début des années 2000) en proie à la question du chômage une bonne › 21


nouvelle. Les différents secteurs économiques locaux seront confrontés de manière inégale à cette question : dans le domaine de la construction navale et de l’enseignement, environ 35% des salariés partiront à la retraite d’ici à 2015, 30% dans l’administration publique, dans l’’hôtellerie restauration et le commerce de détail, seulement 15 % . De quelles façons pourrait-on anticiper ces carences de main d’œuvre dans ces secteurs qui appelleront demain des recrutements et éviter d’orienter les choix de formation des jeunes d’aujourd’hui vers des structures qui demain profiteront plutôt des départs en retraite pour diminuer leurs effectifs ? D’autres questions se posent : Comment inciter ces entreprises à conserver leurs personnels seniors aux salaires élevés ou à la condition physique moins adaptée ? Comment apprendre à différentes générations à travailler ensemble ? Certaines entreprises ont mis en place des dispositifs de parrainage des nouveaux entrants par les anciens, permettant la transmission des savoirs faire et des valeurs. On pourrait imaginer développer un parrainage des anciens par les nouveaux (maitrise des nouvelles technologies informatiques, par exemple). Les gestionnaires RH sont fréquemment confrontés à la question de la motivation au sein des entreprises des personnels seniors (impression d’avoir atteint le plafond en

matière de compétences, couplée à un sentiment de manque de reconnaissance de la part de leur employeur ou collègues, peu de marge d’évolution au sein de leur entreprise, difficulté à tenir les rythmes imposés par l’entreprise). Cette question risque de s’accentuer avec l’allongement de la vie professionnelle. Il sera alors pertinent de soutenir la mobilité interne pour les redynamiser. Une solution alternative semble être de plus en plus choisie par les seniors ayant quitté l’entreprise : ceux-ci optent pour des missions de Conseil pour compléter leur vie professionnelle, en attendant l’âge légal de départ à la retraite. Ce dernier étant en outre repoussé régulièrement et le marché du travail étant de plus en plus concurrentiel, primo-entrants et seniors sont en compétition accrue dans cet accès à l’emploi. Les jeunes actifs, dont je fais partie, ont conscience de la fragilité du système de financement des retraites, la médiatisation du sujet laissant présager la fin du système par répartition. Cette inquiétude se cumule avec une difficulté à épargner (crédits, période de chômage, charges, ...). Cela ne veut pas dire que les ligériens dans leur ensemble n’épargnent plus, mais il semblerait que ce soit plutôt les "jeunes seniors" qui fassent relever le taux d’épargne . Les nouveaux retraités savent qu’ils ne pourront compter totalement sur la collectivité pour assurer

vieillissement demographique et dynamiques socio-economiques

leurs futurs besoins essentiels (soins médicaux ou éventuel état de dépendance) qui seront pour bonne partie à leur charge.

Impact sur les liens intergénérationnels

Le vieillissement des populations et la concomitance des générations impliquent d’encourager les activités de mixité intergénérationnelle. Il est indispensable en effet que les différentes tranches d’âge puissent échanger, partager et se confronter. Certains loisirs favorisent spontanément cette mixité : le jardinage, la pratique des arts, la randonnée, … Par ailleurs, dans les associations et collectifs les seniors sont un vrai plus. Ils ont du temps, s’investissent, et participent à la gestion de ces structures. Citons ici l’exemple d’une association dont je suis membre : Lien Elémen Terre. Elle met en relation à Saint-Nazaire des proposants de jardins et des jardiniers sans jardin, et favorise le lien social. Tous les âges y sont représentés, de l’adolescent aux ainés. Elle est un formidable vecteur de passation de connaissances et de valeurs élémentaires : le durable, le projet partagé, l’effort, le respect de chacun et de l'environnement. Cette coexistence de générations, ces valeurs véhiculées par les plus de 60 ans, permettent une consolidation d’une harmonie sociale. Il ne faut cependant pas angéliser le "c’était mieux


avant". Ce sont ces plus de 60 ans qui auraient tendance à démystifier cette idée reçue : ils sont nés après-guerre à un moment où le pays était à reconstruire et ont progressivement eu accès à la consommation de masse, avec son corollaire négatif de génération "pousse caddy". Les méfaits de la Chimie sur l’agriculture étaient méconnus et ils sont tombés dans la génération surnommée "chimique". C’est donc ensemble, aujourd’hui, que j’ai l’impression que nous apprenons à explorer et à trouver un équilibre qui n’a jamais eu lieu entre globalisation et retour à l’essentiel ou au "durable".

Impact sur le territoire

La solitude serait considérée comme le mal de notre époque, de nombreuses personnes vivant seules. Le vieillissement démographique et l’accroissement du nombre de personnes âgées vont amplifier cette situation. Il faut absolument les inciter à sortir de chez eux, leur démontrer que le fait d’être dehors leur apporte davantage de contact humain et de bien-être. Les zones commerciales en périphérie des villes se développent au détriment des commerces de proximité des centres. Cela n’est pas neutre pour les interactions entre habitants. On diminue alors les espaces publics accessibles facilement, où ils avaient la possibilité de se retrouver, de se croiser - hors galerie commerciale d’hypermarché, …. Il est donc indispensable de compenser cela par la création de nouveaux espaces de partage, comme ce qui a été fait de manière très réussie à SaintNazaire ou à l’immaculée avec les deux espaces de jeux en bois et la rénovation du front de mer, ou encore la réhabilitation de 13 km de chemin côtier

entre Saint-Nazaire et Pornichet. Ce qui manque aujourd’hui, dans la plupart des villes de la CARENE, c’est la création de places ombragées où l’on trouverait des arbres, du charme, des terrasses de café, une mixité des âges. Ces espaces de vie, identifiés par tous comme des lieux où se retrouver, ont fait leur preuve dans toutes les villes qui en possèdent. Elles ont la qualité de plaire aux locaux comme aux touristes. Se laissant aller à rêver, on pourrait imaginer le parking des martyrs, reconverti en place, pourvu de quelques arbres et de terrasses de petits restaurants et cafés. En ce qui concerne l’équilibre dans la mixité sociale, il est important que toutes les générations soient confondues. En tant que trentenaire, je préférerais que soit encouragé un équilibre intergénérationnel dans chacune des communes de la CARENE plutôt que de voir une proportion trop importante de retraités, ghettoïsés, comme à La Baule. Enfin, notre agglomération sera-t-elle en mesure d’accompagner ce nombre grandissant de babyboomers arrivant à l’âge de la dépendance, dont d’ailleurs 2/3 seront des femmes (durée de vie plus longue) ? La perte d’autonomie n’est pas toujours évidente à anticiper pour les enfants. Souvent, ces derniers vivent éloignés, du fait notamment de mobilité professionnelle. Ce serait donc aux pouvoirs publics d’anticiper la question en incitant la création de structures et services suffisants, amenés à servir en temps voulu. Devenir "senior" dans l’agglomération de SaintNazaire, loin de se réduire uniquement à la dépendance, appelle à dévorer la vie et toutes les opportunités que ce territoire nous offre…

› 23


Bernadette CHOUIN et Andrée JOALLAND   pour la CLCV (Consommation Logement et Cadre de Vie).

Jacques ROCHE et Monique DUBé,

pour la CFDT Union locale des retraites Saint-Nazaire

"Le vieillissement démographique, bonne ou mauvaise nouvelle pour les prochaines décennies ?" Constat

Le vieillissement démographique est inéluctable ! Les seniors, citoyens à part entière, doivent continuer à être acteurs de leur vie et de la vie collective. Vieillir est une chance, mais à certaines conditions : - Rester en bonne santé et autonome le plus longtemps possible, - Rester inséré dans la vie sociale.

2040

Les Seniors représentent plus de 30 % de la population de l'agglomération. Ils apportent leur quote-part à l'économie par leur consommation de biens courants, de voyages, de spectacles et autres activités culturelles mais aussi en faisant appel à des services d’aide à la personne, complétés parfois par des dispositifs domotiques. Ils participent par ailleurs, de plus en plus à la vie socio-économique en s’investissant en tant que bénévoles dans les domaines sportif ou associatif. Ils sont partie prenante dans des groupes d'échange de savoirs et peuvent ainsi transmettre les acquis de leur expérience. vieillissement demographique et dynamiques socio-economiques

Grâce à cette importante implication des seniors, à leur bonne hygiène de vie et à l'évolution des techniques médicales, on vieillit mieux, en bonne santé et plus longtemps. Des maisons médicales de proximité se sont implantées, permettant un meilleur accès aux soins pour tous et une sécurité renforcée. La télémédecine permet au médecin d'être relié à la fois à son patient et aux autres structures médicales. La médecine de Ville travaille ainsi en lien étroit avec la Cité Sanitaire qui s'est équipée de robots pour certaines interventions chirurgicales. La prévention est généralisée pour tous. Les seniors bénéficient quant à eux d'un programme particulier de prévention, dont l'objectif vise à préserver leur santé et leur autonomie le plus longtemps possible : bien se nourrir, continuer à pratiquer des activités physiques, prévenir les chutes, faire travailler sa mémoire, participer aux modules de prévention des maladies cardio-vasculaires, du diabète et des accidents vasculaires cérébraux.


L’agglomération est de plus en plus attractive pour tous. Elle a su préserver l’équilibre entre les générations en privilégiant l’emploi avec des activités innovantes (Energies renouvelables marines, solaires – Eoliennes – Valorisation des déchets, biomasse – Transformation des algues pour l'industrie alimentaire, cosmétique ou médicinale), en vue de favoriser l’emploi de jeunes. Les transports en commun électriques, à haut niveau de service, se sont multipliés et diversifiés ; une ligne de tramtrain fonctionne depuis 2020 entre Nantes et St-Nazaire. Les voies maritimes, fluviales et aériennes complètent désormais l’offre classique. Un bateau bus assure la liaison entre Nantes et SaintNazaire. Une télécabine relie les différentes communes de Brière. Un ballon dirigeable permet de survoler les sites touristiques de la région. Depuis quelques années, la réalisation d’un réseau de pistes cyclables sécurisées a permis la mise en place de "vélib" très utilisés. Des éco-quartiers répartis dans la Ville, tendent à remplacer les immeubles d’aprèsguerre. Ceux-ci accueillent des personnes de toutes générations, de culture et milieux sociaux divers. Dans la philosophie des éco-quartiers, tous les bâtiments sont autonomes en énergie. Les logements sont adaptables et les collectifs sont tous munis d’ascenseurs. On y trouve, bien

sûr, des logements adaptés au vieillissement avec douche à l'italienne, barres d'appui, prises de courant à hauteur, volets roulants électriques, cheminements lumineux, accessibilité à un balcon ou une terrasse. La solidarité intergénérationnelle y est particulièrement active. Certains seniors partagent leur logement avec des étudiants ou des jeunes travailleurs. Ces éco quartiers, reliés entre eux par des chemins piétonniers, sont riches en espaces de rencontre. Des équipements communs y sont prévus dans l'objectif de faciliter la vie sociale : une salle commune permet l'organisation d'après-midi ou soirées jeux, des repas collectifs ou autres animations. Des espaces de bricolage, des équipements ménagers mutualisés ainsi que des jardins partagés où sont cultivés légumes et fleurs, sont autant d'occasions de rencontrer les autres habitants. La végétation y tient une place de choix avec des arbres, des murs et des terrasses végétalisés. Des commerces et services y sont bien sûr implantés. Des marchés du terroir s'y installent chaque semaine, apportant un plus dans la convivialité du quartier.

logements, domicile-service, résidences service, avec accompagnement plus ou moins important selon les cas et, lorsque cela devient indispensable, Etablissements d'hébergement pour personnes dépendantes. Et pour lutter contre les problèmes d'isolement qui peuvent persister malgré les efforts accomplis, chez les seniors les plus fragiles, de nouveaux emplois directs et indirects ont été créés dans l'aide et l'assistance à domicile. L'outil domotique, qui s'est généralisé au domicile des seniors, facilite le maintien à domicile, sans se substituer à l'intervention humaine. 2040 n'est qu'une étape ! L'évolution au sein de la CARENE doit encore se poursuivre pour que, dans le futur, toutes les générations puissent y vivre en véritable harmonie !

Aujourd'hui, en fonction de leur degré d'autonomie, les seniors disposent d'un important panel de formules d'habitat ou d'hébergement : logements sociaux adaptés au vieillissement en appartements ou petites maisons, foyers › 25


Guy Couillaud & Gérard Morel  personnalité qualifiée & citoyen

"A vos crayons…" Dans le cadre de l’appel à contribution lancée par le Conseil de développement, j’ai sollicité un ami Gérard Morel, cruciverbiste passionné pour construire une grille de mots croisés en partant d’une quinzaine de mots souvent cités par les participants à nos travaux ou lors des conférences (ces mots sont surlignés en jaune dans la grille). Précisons que cet exercice ludique s’adresse à tous. Guy Couillaud

vieillissement demographique et dynamiques socio-economiques


HORIZONTALEMENT 1. Qualité donnant des droits et des devoirs envers la cité. Maison, appartement ou petit meublé, c'est un besoin vital pour tous. -2. Noir et blanc selon Rimbaud. Viril. La première page mais en commençant par la fin. Fin d'infinitif. -3. Concerne à la fois enfants, parents et aïeux. - 4. A mettre en œuvre avant que cela n'aille mal. Grande effervescence. - 5. Ne cesse d'augmenter. Négation. Classe primaire. Se servir de. - 6. Note. Appeler sa biche. Greffée. Incliné à l'envers. - 7. Interjection puérile. Au début de la récréation. Il n'y manque pas un cardinal. État d'Afrique du Sud. - 8. Ensemble d'équipements et de moyens techniques au service de l'urbanisme et des transports. En plein milieu de l'oued. - 9. Fit son entrée au gouvernement en 1981. Pouffé. Auto qui suit sa ligne. L'astate au labo. - 10. Risquas. En avant. Infection ne se contractant qu'en se faisant soigner. - 11. En pente. Ont mis les Russes au régime pendant plus de 70 ans. Homme d'outre-Manche. Homme entièrement dévoué. - 12. Bien pratique en cas de besoin. Tuée à la fin. Au centre de l'agglo. - 13. Envoyés pour acheter de la porcelaine ? Le compte est bon pour une équipe de foot. Déesse nourricière. Initiales souvent gravées au fronton des bâtiments publics. - 14. Devant l'église. S'échangeait avec la rhubarbe mais dans l'autre sens. Pauvre Mademoiselle from Armentières, son prénom en est tout chamboulé ! Peintre français du XVIIIe siècle. - 15. Nid de taupes aux USA. Petit patron. Baigne Florence. Pour. Se prend en grand bol. - 16. Appelé. Rastignac n'en manquait pas. Département. Pronom personnel. - 17. Conjonction pour les riches. Nécessaires au commerce. Elles nous apportent toutes sortes de nourritures. - 18. Indispensables au corps autant qu'à l'esprit. Henri ou Napoléon, mais pas au même siècle. - 19. Qui est double. Complication inutile. - 20. Sur la boussole. Fondamentales pour la conduite des affaires publiques. Pronom.

VERTICALEMENT 1. Confrontations des idées. D'idées ou de marchandises, est plus profitable que de coups. - 2. Presse. Regret du temps passé. A perdu le nord. - 3. Abîmée en parlant d'un fruit. Flan en désordre. Conjonction. Enflamme. - 4. Un vote très confus. Très difficile à trouver. Un peu de gris. - 5. Grande productrice de lentilles. En rade. Ayons le courage. Embellit. - 6. Semées dans le désordre. Ne peut apprécier un bon bifteck, même dans la poire. - 7. Manque d'agrément à Moscou. Leur financement va devenir de plus en plus difficile. - 8. On y envoie promener les Anglais. Pièces d'assemblage longtemps utilisées dans la construction navale. Stupide. - 9. Œuvre en vers à l'envers. Ne resta pas sec. Utile pour dessiner des angles droits. Passe de justesse. - 10. Rivière de France. Souvent brûlé en bâton. Frotté avec de l'huile. Vieille colère renversée. - 11. Vieux roi d'Israël. Cadeau royal. De bas en haut : exalté par son sujet. - 12. Lettre grecque. Patrie de Balzac. Dans l'arrière-pays niçois. Le scout doit la faire quotidiennement. - 13. Puits naturel. Ancienne capitale de l'Auvergne. Prenait son élan (s'). - 14. Dressé pour le vol. Cela est bien préférable. Note. - 15. Noble, au Moyen-Âge, pour une dame. Propre à favoriser de bons rapports entre tous. Préfixe. - 16. De bas en haut : tombé en désuétude. Le début de l'amitié. Voilà ce qui peut arriver par manque du premier du 18 horizontal. - 17. Refuse de témoigner. Élément mécanique permettant un mouvement de rotation. Consacrées en principe au repos. - 18. Qui échange facilement. Parfume la cuisine du Midi. Article. Vallée envahie par la mer. - 19. Arrivé parmi nous. Interjection exprimant la surprise ou l'admiration. Habitante d'une grande ville du Maghreb. Divinité grecque. - 20. Enthousiasmée. Creusés. Préposition.

HORIZONTALEMENT 1. Citoyenneté. Logement. -2. AE. Male. Enu (Une). Er. -3. Multigénérationnel. - 4. Prévention. Agitation. - 5. Age. Ne. CP. User. - 6. Ré. Raire. Entée. Utnep (Pentu). - 7. Na. Ré. SNEO. Lesotho. - 8. Infrastructure. UE. - 9. Solidarité. Ri. Car. At. - 10. Osas. AV. Nosocomiale. - 11. NT. Soviets. Man. Lige. - 12. Sanisette. ÉE. Ville. - 13. Limogés. Onze. Ino. RF. - 14. Ég. Énés (Séné). Inel (Line). Vanloo. - 15. CIA. St. Arno. Afin. Air. - 16. Hélé. Ambition. Ain. Se. - 17. Or. RC. Cultures. - 18. Nourritures. III. - 19. Géminé. Tarabiscotage. - 20. ESE. Anticipations. En. VERTICALEMENT 1. Comparaisons. Échange. - 2. Urge. Nostalgie. OES. - 3. Talée. NFLA. Ni. Allume. - 4. OETV. Rarissime. Ri. - 5. Iéna. AD. Osons. Orna. - 6. Gneirsa (Graines). Végétarien. - 7. Niet. Retraites. - 8. Nice. Rivets. Abruti. - 9. Emèop (Poème). Sut. Té. Ric-rac. - 10. Tarn. Encens. Oint. Eri (Ire). - 11. Ela. Anet. Ennoissap (Passionné). - 12. Eta. Tours. Eze. BA. - 13. Igue. Riom. Élançait. - 14. Oiselé. Ça. Si. - 15. Gente. Convivial. Co. - 16. Énnarus (Suranné). AM. Inanition. - 17. Muet. Tourillon. Nuits. 18. Liante. Ail. La. Ria. - 19. Né. Eh. Algéroise. Gé. - 20. Transportée. Forés. En. › 27


Guy Couillaud

personnalité qualifiée

"QUEBEC – AEROPORT Vol AF0060 à destination de Nantes" Notre groupe de passagers "séniors" presse le pas sur la passerelle menant à l’A330 pour un embarquement immédiat après un séjour découverte chez nos "cousins" québécois. Un brin de mélancolie transparaît dans les regards. Pensez donc, quitter un si beau pays ! Confortablement installés dans les fauteuils, notre groupe d’amis voit son blues disparaître bien vite à l’évocation de notre périple : - Les fortifications de Québec… - La vieille ville et le château Frontenac… - Le fleuve Saint-Laurent - La colline parlementaire avec l’hôtel du parlement, trésor d’architecture, siège de l’Assemblée Nationale. Il me revint alors le souvenir que, devant cette belle institution, la jolie guide Adriana nous dressa succinctement les grandes lignes de la politique du Québec. Gérard, flamboyant sexa, demanda alors : "quelle est la politique concernant les séniors ?" Adriana esquissa un délicieux sourire et avec son inimitable accent nous informa que

depuis 2009 une démarche "municipalité, amis des aînés" se développe fortement au Québec. Les plus grandes villes du pays (Montréal, Québec et Sherbrooke représentant 70% des habitants) y participent. Cette démarche réside dans son extension délibérée des domaines allant de l’urbanisme à l’emploi, en passant par la participation sociale et la santé. Elle nous précisa que la réussite repose sur une mobilisation de l’ensemble des parties prenantes. Je ne pus m’empêcher de regretter le ciblage trop fort sur la seule problématique du vieillissement. Assis sur la pelouse, devant ce magnifique édifice, notre groupe échangea un long moment sur les politiques de prise en charge du vieillissement démographique des populations. Brigitte, prof d’allemand à la retraite, nous indiqua que lors de ses derniers voyages au pays de Goethe, elle apprit que le gouvernement avait annoncé avant l’été 2012 un plan d’ensemble intitulé "chaque âge compte" avec un objectif annoncé de renforcer les liens intergénérationnels entre tous les citoyens. JeanYves et Marie nous rappelèrent

vieillissement demographique et dynamiques socio-economiques

alors que leur fils, ingénieur en informatique, travaillait depuis un an au Japon chez "Intelligent System" sur l’amélioration technique d’un robot peluche qui est utilisé comme animal de compagnie auprès des personnes âgées. En ronchonnant, Albert dénonça dans une tirade dont il a le secret que décidément en France nous avions bien du retard pour l’accueil des personnes âgées en maison médicalisée et que la dépendance nous guettait tous. Ses propos arrachèrent une hilarité générale dans notre groupe ! Soudain, notre avion décolla de l’aéroport, majestueux et plutôt silencieux. Avec Bernard, nous ne purent cacher notre fierté d’avoir participé à la construction aéronautique à Saint-Nazaire pendant plus de quarante années. Bercé par la mélodie des réacteurs, je repensais à la discussion amicale devant le Parlement québécois. Dans quelques heures, nous survolerons notre pays puis nous rejoindrons notre agglomération où il existe aussi des initiatives, des réalisations, des actions en direction des populations


de plus de 60 ans. Ces actions si importantes soient-t-elles sont en règle générale très ciblées et sectorisées dans le domaine du soin, de la perte d’autonomie, du service à la personne. Or, il me semble que la société toute entière devrait bénéficier des évolutions nécessaires pour un "meilleur vivre ensemble". Citons par exemple : l’emploi, le logement, le transport, la culture, le sport, la consommation, les loisirs, la formation, la solidarité, la citoyenneté…. En effet, en quoi les besoins des séniors seraient-ils si éloignés des besoins des moins âgés et des plus jeunes ? Il faut reconnaître que cette conception renverse les politiques de ciblage de la population en fonction de l’âge. Est-ce possible ? Je pense que oui, certainement, si les décideurs s’engagent progressivement dans la construction de cette société que certains appellent "amis de tous les âges". Au niveau de notre agglomération, je proposerai à la réflexion deux pistes d’évolution (possibles ?, utopiques ?) :

1

adapter les réseaux de transport existants Exemple : Pourquoi ne pas utiliser le réseau de transport scolaire (sur réservation à titre expérimental) pour l’ensemble de la population. Plusieurs avantages : - permettre à tous les âges de cohabiter et de mieux se connaître (se reconnaître ?), - augmenter le cadencement des déplacements collectifs pour les communes rurales moins bien desservies, - diminuer les moyens de transport individuel mécanisés, carnivores en énergie et en coût, - apporter des recettes nouvelles pour les financeurs (conseil général et collectivités territoriales).

2

améliorer et développer les lieux de rencontre multi générationnels Le recensement de ces lieux (publics, privés ou associatifs), leur amplitude d’accueil, leur fréquentation devrait être réalisé sur l’agglo afin d’augmenter leur efficacité. Exemple : le centre-ville de Saint-Nazaire, ne devrait-il pas bénéficier d’une maison de quartier ? Le ronronnement de l’avion me fit sortir de mes pensées, la vitesse de croisière devait être atteinte. Autour de moi, la somnolence avait gagné la plupart de mes amis et je sentais qu’elle commençait aussi à m’envahir. Je pensais que l’adaptation de notre société aux évolutions nécessaires à ce changement démographique passait par une mobilisation de l’ensemble des acteurs de nos territoires de vie. Quelle belle ambition que de construire une politique autour de tous les âges… Et si… notre regard sur le vieillissement rajeunissait ? Et si… les séniors étaient le moteur de la construction d’une société plus juste, plus humaine ? Et si… Et… le casque audio vissé sur les oreilles, je m’enfonçai comme mes voisins dans un sommeil réparateur. J’entendis néanmoins le refrain d’une chanson de Frida Boccara : "Trop jeune ou trop vieux Ce monde est partagé en deux Mais pour ceux qui se comprennent avec les yeux Trop jeune ou trop vieux Ça n’a jamais voulu rien dire On est vivant tant qu’on a l’âge de sourire."

› 29


Sophie FAŸ

personnalité qualifiée

François René de Châteaubriand, qui dans Les mémoires d’outre-tombe (1809 1841) disait "La vieillesse est un naufrage, les vieux sont des épaves" disait aussi "En ce temps-là la vieillesse était une dignité. Aujourd'hui elle est une charge." De quel temps parlait-il ? Et qu’était pour lui la vieillesse ? A contrario, selon une enquête réalisée par l'Observatoire de la révolution de l'âge ce 9 juillet pour "Le Monde", Harmonie mutuelle et France 2, 89% des plus de 70 ans affichent leur bonheur. C’est dire peutêtre simplement qu’à 70 ans aujourd’hui on ne se sent pas forcément vieux, on n’est pas une épave… On est capable de multiples activités, on est majoritairement en bonne santé. Enfant, j’ai souffert de n’avoir pas de grands parents pour me raconter des histoires. J’aurais aimé quelqu’un pour m’apprendre la vie sans passion, dans la tranquillité d’une sagesse acquise, loin des horaires et obligations serrées de mes parents. Adulte, j’aurais rêvé avoir encore mes parents pour jouer ce rôle auprès de mes enfants. Notre monde gouverné par le souci de la productivité économique a décrété une utilité humaine monnayable maximale entre trente ans et cinquante ans, l’âge de l’efficacité, des battants, des égoïstes, des carriéristes, des réussites, des fortunes qui se construisent. L’âge aussi où l’on met au monde des enfants dont on n’a pas forcément le loisir de prendre autant de temps qu’on voudrait pour s’en occuper. Ce sont vingt ans sur une vie qui va durer pas loin de cinq fois plus. Ça tombe bien, car justement les "avant trente" et les "après soixante" ont peut-être quelque chose à faire ensemble. Les uns apprennent la vie, les yeux écarquillés. Les autres, tiens donc, c’est le même mot, que dire d’un monde où ceux-là apprennent la vie à ceux-ci qui ont beaucoup à apprendre d’eux ? Ceux-ci qui vont construire le monde de demain peuvent travailler main dans la main avec ceux-là qui ont construit celui d’hier. Prendre le temps de jouir de vieillissement demographique et dynamiques socio-economiques

la vie, certes, mais aussi prendre le temps de méditer, de tirer librement et sincèrement les conclusions d’une expérience de vie. A un âge où l’on ne cherche pas forcément la rentabilité à tout prix, on a une distance sur le monde qui autorise un regard. A l’âge où l’on déborde d’énergie, on a besoin d’aide aussi pour la canaliser. Eh bien, comment faire ? Quelles configurations inventer pour envelopper notre monde de plus d’intelligence, plus de solidarité, plus d'harmonie, moins d’exclusion ? Comment peut-on aider les uns à être aussi des architectes d’une vie sociale, les autres à s’insérer plus aisément dans un monde qui peut les intimider. Faut-il garder une place réelle dans l’entreprise pour ceux qui en sont démobilisés du jour au lendemain ? Faut-il en créer une dans les structures de recherche d’emploi, dans les aides à l’insertion, dans les établissements d’enseignement ? Quel type d’échange peut-on provoquer par une réflexion chez les urbanistes ? Comment créer une convivialité simple et quotidienne, une mixité interâges ? Le CCAS d’Angers a mis en place quantité d’initiatives intéressantes. Il y a urgence à développer les formations de mise à niveau, les échanges de compétences et de services, les parrainages. On sent possible le développement d’un secteur de conseil, d’une prise en charge de certaines tâches. D’un côté, le soutien scolaire, la garde des enfants, le logement étudiant - mais aussi l’aide à l’insertion, l’audit en entreprise. En échange, les courses, les petits travaux, la mise à niveau informatique. Mais pour asseoir ces échanges économiques, il est temps de développer aussi la convivialité inter-âges. La demande est grande, et pas seulement à sens unique. Le jeunisme est déjà mort, les plus jeunes ont grand besoin des plus vieux, le temps du rejet n’est plus. Il y a juste un retard à combler.


Philippe LEROUX  personnalité qualifiée

"Le boom démographique des seniors" Réfléchir sur l’essor économique lié au vieillissement de la population est une démarche difficile car on se trouve devant une complexité importante. Il faut en effet tenir compte du fait que l’on mélange sous le terme seniors une population qui va aller de 60 ou 65 ans à quasi 100 ans pour beaucoup d’entre nous. Ainsi, 40 années séparent les plus jeunes des plus vieux soit quasiment deux générations. C’est dire que les besoins des plus jeunes sont aussi différents de ceux des plus anciens que ceux qui nous séparent aujourd’hui de nos petits enfants. Le bon niveau moyen de ressources financières cache de grandes disparités et a des chances de ne pas se maintenir dans les années à venir. Par ailleurs, les modalités du vieillissement ont tellement évolué depuis une cinquantaine d’années, qu’il est difficile d’imaginer ce qu’il en sera dans 15 ou 20 ans. Dans cette contribution, j’ai choisi de ne pas parler de la prise en charge de la vieillesse dépendante car je pense que ses incidences économiques sont connues et non spécifiques à Saint-Nazaire. Il me semble que l’être humain est avant tout un être social, donc je m’intéresserai à ce qui permettra au

senior de conserver ce rôle social. Je pense par ailleurs que la vieillesse n’est pas une maladie, comme les médecins veulent nous le faire croire, mais une étape dans une vie dont le vécu est fonction de ce que l’on aura vécu avant. Ceci permet d’insister sur l’importance de la prévention. Il ne s’agit pas de vivre dès son plus jeune âge en pensant à son vieillissement mais d’entretenir le capital de vie qui nous est donné pour en profiter le plus longtemps possible dans les meilleures conditions possibles. Aborder le vieillissement sous l’angle économique revient à se demander ce qu’il faut faire pour que les seniors aient envie de rester vivre à Saint-Nazaire ou que ceux qui viennent dans la région aient envie d’y venir au moins pour y consommer voir pour y résider. Comment rendre Saint-Nazaire plus attirante pour les seniors ? Saint-Nazaire bénéficie d’un cadre extraordinaire qui n’était que peu mis en valeur au moins jusqu’aux récents aménagements réussis du front de mer. J’y habite depuis 1969 et je ne sais toujours pas où est le centre-ville et ce n’est pas la création du Ruban bleu à côté du Paquebot qui a clarifié les choses au contraire. Il faudrait

donc essayer de réunir ces deux entités en transformant la place des martyrs en une place des halles avec une halle couverte (déplacer l’existante ?) qui pourrait être le siège d’un marché quotidien (ou spécialisé selon les jours et les heures). Cette place piétonne devrait être cernée de galeries couvertes assurant une protection du vent (autre crainte des seniors et spécificité nazairienne) et accueillant de nombreux cafés, restaurants et quelques boutiques assurant ainsi un lieu de rencontre où chacun aurait envie de rester à regarder l’agitation. Il s’agirait biensûr d’un quartier piétonnier. La vie d’une ville tient souvent à l’animation que la jeunesse y apporte. Saint-Nazaire ne sera jamais une grande ville étudiante mais il y a tout de même des étudiants. Ainsi la rénovation nécessaire des immeubles du centre-ville devrait se faire de telle manière que la population âgée puisse s’y maintenir mais aussi accueillir des étudiants qui, ainsi, ne fuiront plus la ville pour aller faire la fête à Pornichet ou à La Baule (on peut évoquer là des échanges ou des sous locations à bas prix qui seraient intéressantes pour les étudiants et valoriseraient des appartements trop grands pour leurs occupants). › 31


Saint-Nazaire n’a pas suffisamment exploité me semble-t-il son capital touristique et notamment cette conjonction singulière de la mer, la Loire et la Brière. Je pense que l’on pourrait en faire une ville touristique attirant une population âgée, éventuellement peu fortunée, pour des organisations touristiques (l’expérience existe en Espagne depuis 1985 et est développé par l’IMMERSO) subventionnées Saint-Nazaire a su garder le concept de quartier et fort heureusement sans ségréguer des types de population. Il faut poursuivre dans ce sens avec la population âgée en favorisant la mixité des âges. Je rêve que tout nouveau quartier mêle des habitants de tous âges, leur offre des lieux de rencontres et d’activités communes basées sur l’idée d’échanges (le senior garde les enfants à la sortie de l’école et aide aux devoirs alors que le jeune ou l’adulte aide au déplacement ou à l’approvisionnement). On peut imaginer aussi des jardins collectifs au milieu de ces habitations. Il me semble nécessaires que ces lieux et activités soient autogérés par les habitants eux-mêmes. Le concept de quartier ne peut se concevoir que s’il s’y maintient une vie sociale mais aussi commerçante d’où l’importance de maintenir au moins une boulangerie, une boucherie, un épicier. Si la survie du petit commerce n’y est pas possible on pourrait imaginer que les grandes surfaces délocalisent un service de leur surface. On peut penser que sur les places de ces quartiers se tiennent hebdomadairement des marchés avec les producteurs agricoles locaux. Dans les quartiers déjà construits il faut retrouver des locaux pour permettre ces échanges, à proximité des écoles par exemple. Cette organisation en quartier vaut aussi pour les autres communes de l’agglomération. Pour tous les quartiers et commune éloignés du centre-ville une réflexion sur des transports à la demande se pose. Saint-Nazaire dispose d’un bord de mer extraordinaire et je trouve étonnant que l’on y laisse le lycée SaintLouis. Je rêve d’y revoir un complexe touristique et préventif associant de l’hôtellerie mais aussi un lieu de thalassothérapie de moyenne gamme ouvert à la population de tous âges et offrant à côté des activités physiques, des activités intellectuelles de lecture, théâtre, musique, mime, initiation aux technologies informatiques permettant au seniors de continuer à apprendre ou à mettre en valeur leurs savoirs faire. Un tel lieu procéderait d’une démarche préventive vieillissement demographique et dynamiques socio-economiques

pour un vieillissement en bonne santé sans avoir une connotation sanitaire. La ville s’est dotée d’un théâtre magnifique mais il y manque un lieu de musique qui corresponde plus aux goûts des plus âgés. Pourquoi ne pas transformer définitivement la salle de la base sous-marine dont l’acoustique s’avère très bonne pour y accueillir des concerts ou de spectacles musicaux. Il faudrait à cette occasion développer les associations qui assurent la promotion de la musique et créer ainsi une concurrence à "A Tempo" qui est peut être peu ouverte même si elle fait un travail formidable. La ville n’a pas beaucoup développé les expositions de peintures (sauf les très modernes et souvent hermétiques du grand café). Ne serait-il pas possible de transformer une des alvéoles de la base en musée et essayer de négocier avec un grand musée parisien (le Louvre par exemple) une délocalisation ? Un tel regroupement d’activités culturelles sur la base transformerait tout ce quartier qui deviendrait un lieu culturel et verrait ainsi son attrait se développer. Il serait intéressant d’organiser de grands moments festifs sous formes de carnaval comme certains l’ont évoqué dans le groupe mais aussi de concours (crêpes, pêche, régates, etc.) Je pense par ailleurs que la sensibilisation de seniors aux technologies de la communication permettrait de créer tout un maillage permettant de répondre à de nombreux besoins et de développer une activité importante de services qui éviterait l’isolement. Il serait bien que l’ensemble des services d’aide bénéficient d’un guichet unique permettant une évaluation objective et neutre des besoins et que chacun puisse trouver l’écoute qu’il désire. Au total, je rêve d’une ville vivante et solidaire où il fasse bon vivre, où l’on puisse se distraire et qui offre la possibilité à ses seniors de s’entretenir pour bien vieillir mais sans jamais être coupé du monde social quels que soient leurs difficultés d’autonomie éventuelle. Je n’ai pas parlé des emplois générés par ces diverses activités, mais ils me semblent aller de soi et ils ne me semblent pas délocalisables.


Christophe RICHARD  personnalité qualifiée

PREAMBULE

L’avenir d’une ville ou d’une agglomération, c’est son attractivité. On connaît l’engouement pour Nantes, on sait l’attirance des populations, notamment des seniors et des retraités, vers les villes situées à proximité des côtes maritimes. Qu’est-ce qui fait l’attractivité d’une ville ? Certainement son dynamisme économique et la possibilité d’y trouver un emploi. Mais n’est-ce pas aussi la qualité de la vie locale, les services publics, la vie culturelle et associative ? L’image donnée par un maire et des élus qui sont à l’écoute des entrepreneurs mais aussi à l’écoute des besoins et des demandes des autres catégories d’habitants, des citoyens, au-delà de leurs opinions politiques ? En ce qui concerne les seniors, dans cette concurrence économique entre les villes côtières pour les inciter à y élire résidence, quels sont les atouts de le CARENE ? A l’échelon de la CARENE, en plus de la qualité paysagère, on sait la richesse des services publics, de la vie associative, de la vie culturelle, dans les différentes communes. On sait que le Ville de Saint-Nazaire est classée comme la commune la plus égalitaire de France. Est-ce suffisant ? Ne faut-il

pas également considérer la manière dont les habitants sont écoutés et le niveau de prise en compte des besoins des citoyens, dans toute leur diversité ? Il y a un peu plus de trente ans, je travaillais comme ouvrier forestier pour l’Office National des Forêts dans les montagnes des Alpes de haute-Provence. J’ai pu mesurer comment dépérissaient les petites villes et les villages de la région, désertés par les jeunes partis chercher du travail dans les grandes villes. Un jeune collègue originaire de Nice me disait que la vie niçoise lui était insupportable parce que la ville était devenue une cité envahie par les retraités argentés (aux deux sens du terme) et des ménages disposant de revenus très confortables. Il me disait que les loyers avaient fortement augmenté ainsi que les prix de l’alimentation, rendant la vie très difficile pour les personnes à petits revenus. Il précisait que la ville manquait de structures d’accueil et de rencontre pour les jeunes. Je ne sais pas ce qu’il en est aujourd’hui, mais cela me donne matière à réflexion dans le sujet qui nous concerne. Si l’on considère l’aspect économique, nous savons qu’il existe une concurrence entre les différentes régions de France

ou les différents pays. Si je réfléchis à l’intérêt économique de faire venir des seniors dans notre agglomération, je pense que j’ai bien eu raison dans ma jeunesse d’emmener des familles de la région nantaise où je résidais, avec notamment des retraités, pour découvrir la vallée d’Aspe dans les Pyrénées. Les habitants de cette très belle vallée sauvage du Béarn (une vallée à ours) propice à la randonnée douce, très peu connue des touristes, avaient besoin d’eux pour vendre leurs fromage artisanal au lait cru. Ils avaient créé une coopérative, car les laiteries industrielles, considérant qu’il n’était pas rentable d’aller collecter le lait en montagne, ne se déplaçaient plus dans leur ferme. Cette expérience me donne à réfléchir aujourd’hui. Dans un monde de concurrence économique, sur le plan éthique, à choisir, je préfère dépenser beaucoup d’énergie à encourager des agriculteurs de montagne et les petits commerçants locaux qui se battent pour survivre en travaillant très dur dans cette vallée pauvre de montagne, que d’encourager le tourisme et la Silver Economy (économie du vieillissement) dans la région nazairienne. La Silver Economy, › 33


ils en auraient bien besoin làbas, là-haut. Cependant, localement, nous sommes nombreux à penser qu’il existe à Saint-Nazaire et dans les différentes communes de la CARENE, un dispositif très dense de services publics et d’aide aux seniors ainsi qu’un tissu associatif très riche et très varié, animé par des retraités dynamiques. Cela va des activités d’entraide aux activités culturelles, en passant par les activités de loisirs. Beaucoup d’associations fonctionnent principalement, et parfois exclusivement, grâce à l’activité bénévole de retraités ou d’anciens.

enseignante, mère de famille, qui était venue s’installer et travailler à Saint-Nazaire. Elle avait longtemps exercé dans des départements d’outre-mer et s’était renseigné auprès d’amis de l’hexagone afin de savoir où habiter. Plusieurs personnes lui ont, à l’époque, conseillé de venir à SaintNazaire, ville aux nombreux atouts : proximité de la mer, douceur du climat, mais surtout, densité et variété des équipements sociaux et sanitaires (notamment pour les enfants et les personnes âgées), culturels, tissu associatif très riche. Elle ne regrettait pas son installation dans notre région.

téléphone... arabe et aujourd’hui le téléphone portable, sont de formidables instruments de publicité pour attirer les seniors à Saint-Nazaire.

A titre d’exemple, dans les années 90, j’ai rencontré une

Tout cela pour dire que le bouche à oreille ou le

Régulièrement, j’ai plaisir à rencontrer des retraités des

vieillissement demographique et dynamiques socio-economiques

Pour moi, c’est un réel plaisir de rencontrer sur les routes de Brière et dans les rues des différentes communes de la région, des retraités en camping-car, venus de toute la France ou d’autres pays, qui s’arrêtent pour demander leur route. Ils sont souvent très détendus, agréables, semblent heureux de profiter de la vie. C’est une richesse d’abord pour mon économie personnelle, mais aussi pour le tourisme local.


chantiers navals, des petits artisans ou commerçants nazairiens, que je connais de longue date, et qui découvrent les différentes régions de France et les pays étrangers, en camping-car ou au cours de voyages organisés. Ces personnes ont souvent beaucoup travaillé et passé du temps à élever leurs enfants ; ils peuvent désormais profiter d’une retraite bien méritée et de temps libres, du temps pour vivre hors des pressions du cadre de travail. Je pense que cette qualité de vie est une richesse de la région nazairienne. Si j’ai beaucoup de plaisir à rencontrer ces personnes qui semblent heureuses et épanouies, je ne pense que dans un second temps, à l’intérêt économique qu’ils peuvent apporter à la région nazairienne. Il est important à la fois de maintenir le niveau de vie et le niveau de Bonheur Régional Brut de ces caréniens et d’encourager les seniors à venir s’installer pour contribuer à l’enrichissement, social, culturel et économique local. Sur le plan économique, la question «le vieillissement est-il une bonne ou une mauvaise nouvelle ?», pourrait être formulée différemment : «les seniors sont-ils une charge ou une richesse ?» ou encore, «le vieillissement est-il un problème ou une chance ?» Sans entrer dans le domaine de la politique, simplement en écoutant ou lisant les propos

de certains économistes et spécialises, il est possible de trouver de l’argent pour prendre soin de, faire vivre dans de bonnes conditions et loger dignement, nos "seniors" ou "anciens" ou encore "retraités". A commencer récupérer les 40 à 60 millions annuels d’évasion ou de fraude fiscale et les 600 milliards qui manquent à l’économie française et au régime des retraites. De plus, certains économistes reconnus affirment que les réformes des retraites déjà effectuées sont suffisantes pour assurer l’équilibre du système à moyen terme. Si l’on veut parler de Silver Economy pour la région nazairienne, il n’est ni intéressant, ni utile de diminuer le montant des retraites et des retraités qui contribuent au fonctionnement de la société. Pour moi, le vieillissement démographique est à la fois une richesse et un problème. Il nous oblige à repenser ou inventer un nouveau mode de vivre ensemble, avec une place pour tous, en tenant compte des réalités actuelles de notre société.

Le vieillissement démographique estil une bonne ou une mauvaise nouvelle ?

Le vieillissement est une mauvaise nouvelle C’est un problème dans le cas où, selon beaucoup de spécialistes en économétrie, les salariés les plus âgés sont moins productifs que les salariés les plus jeunes. A

tel point que, dans certaines professions, les employeurs considèrent que l’on est plus rentable après 45 ans. Pourtant, j’ai souvent constaté dans divers emploi du bâtiment ou de l’industrie que des salariés expérimentés, de plus de cinquante ans, permettaient par leurs connaissances accumulées, de faire gagner beaucoup de temps, donc de l’argent et de la rentabilité à leur entreprise. Par exemple, lors du grand arrêt technique du printemps 2013 à la raffinerie Total de Donges, j’ai eu la chance de travailler avec un jeune technicien qui avait fait le choix de travailler avec un quinquagénaire qui lui fournissait beaucoup d’astuces techniques. Il savait que lorsque son collègue partirait à la retraite, l’entreprise, pourtant très pointue dans son secteur, manquerait de techniciens connaissant tous les recoins des raffineries et les points stratégiques pour mesurer l’usure des équipements donc la sécurité. J’ai vu de mes propres yeux comment le vieux technicien repérait l’endroit précis, et les marques de détérioration, que le jeune collègue pourtant expérimenté n’avait pas réussi à localiser et identifier. Par comparaison, le vieillissement est un problème en Allemagne car si j’ai bien compris, malgré son économie pourtant florissante, le pays craint pour son avenir économique du fait de sa population active › 35


vieillissante. Les femmes allemandes ne font plus d’enfant parce qu’elles privilégient leur carrière professionnelle. L’économie allemande manque de main d’œuvre ouvrière mais aussi d’ingénieurs, au point qu’elle met en place des mesures d’incitation financière et matérielles très importantes pour attirer la main d’œuvre étrangère. En France, le vieillissement de la main d’œuvre est aussi un problème : on manque d’ouvriers qualifiés dans certains domaines comme le bâtiment ou l’industrie et de main d’œuvre jeune pour cotiser aux caisses de retraites. De façon générale, le vieillissement démographique à des conséquences négatives sur le financement des retraites. Le nombre de personnes en activité est en diminution pour différentes raisons (chômage, le progrès technique, fin du baby-boom,…). Il y a augmentation du nombre de pensionnés et baisse du nombre de cotisants. Or, il y a besoin d’un certain nombre d’actifs pour assurer le financement des caisses de retraites qui permettent de verser les pensions aux retraités. Les avis des spécialistes varient : certains soulignent que le nombre important de chômeurs y est pour beaucoup, d’autres pensent que l’on peut créer des emplois et qu’il existe des solutions pour alimenter le régime des retraites, d’autres encore estiment qu’il n’y aura jamais plus de croissance suffisante pour alimenter les caisses de retraite. Le vieillissement de la population pose aussi des problèmes à cause de l’augmentation de la consommation médicale et des frais médicaux nécessaires au maintien des personnes âgées dans un état de santé supportable ou acceptable. Les études divergent quant à l’impact de cette consommation sur l’état de santé des personnes qui partent en retraite. Ayant travaillé régulièrement avec des salariés du BTP et de l’industrie, j’ai pu constater que, chez les plus de cinquante ans, l’état physique et psychologique est souvent dégradé (perte de motivation, épuisement physique et mental, problèmes de dos, problèmes articulaires, problèmes cardiaques, obésité abdominale). Beaucoup d’anciens ont du mal à tenir le rythme vieillissement demographique et dynamiques socio-economiques

de travail qui leur est imposé. J’ai aussi connu des entreprises où les employeurs n’exerçaient pas de pression sur leurs salariés, le travail était bien fait et dans les délais prévus. Les salariés satisfaits de leurs conditions de travail. Des médecins et différents spécialistes du monde du travail ont écrit des ouvrages dénonçant les exigences et les rythmes de travail qui sont imposés, soit dans le secteur du commerce et de la grande distribution, soit dans certaines administrations ou entreprises du secteur tertiaire conduisent de nombreux salariés, surtout parmi les plus de cinquante ans, à l’épuisement mental autrement appelé "burn-out". Plusieurs études sérieuses, notamment celles de Christophe Dejours et d’Alain Ehrenberg (par exemple : la fatigue d’être soi), attestent de ces situations de travail pénibles ou intolérables pour le présent. Les conditions de travail présentes conditionnent l’avenir des seniors à l’âge de la retraite : beaucoup d’entre eux seront épuisés ou malades des séquelles de leur vie professionnelle. Tout cela aura un coût pour la collectivité. Le vieillissement est un problème pour ceux qui vieillissent en mauvaise santé et dans la souffrance et aussi pour les proches qui les assistent. Le vieillissement à un coût pour le régime de sécurité sociale comme pour les familles. Les structures d’hébergement adaptées pour l’hébergement des personnes en mauvaise santé, notamment les EPHAD ont un coût pour la collectivité. Le vieillissement de la population entraîne également des problèmes de logement pour ces personnes : adaptation des logements, manque de structures d’accueil (maisons de retraite ou maisons médicalisées adaptées), coût des places d’hébergement. Il me semble nécessaire de prendre en compte ces éléments lorsqu'on souhaite attirer les seniors dans notre région.


Le vieillissement est une bonne nouvelle Au terme de "seniors" comme il est convenu de les appeler aujourd’hui, je préfère le terme "d’anciens", car l’ancienneté est pour moi une valeur synonyme de richesses et que les anciens sont pour moi -je le vérifie quotidiennement en discutant avec ceux que je rencontre dans ma cité HLM, dans les rues, les commerces, les bistrots, les maisons de retraitedes porteurs d’expériences et d’histoires riches. J’aime aussi beaucoup le terme de "vieux", parce que la vieillesse pour moi inspire le respect. Le respect pour des personnes qui sont arrivées à un âge avancé malgré les difficultés de la vie, le respect pour ceux qui sont porteurs d’une partie de notre histoire commune d’humains. Pour moi, "ancien" est synonyme de sagesse, comme les vieux sages africains qui se réunissent sous l’arbre à palabres, les anciens de Bretagne ou du Larzac, qui chantaient, lisaient beaucoup de livres, philosophaient à propos du sens de la vie, pendant les veillées autour du feu de bois de la cheminée ou les longues journées d’hiver enneigées. Seniors, vieux ou anciens représentent aussi des atouts en matière de transmission de savoir-vivre et de savoir-faire. Quand leur état de santé physique ou mental n’est pas trop dégradé, beaucoup se seniors font preuve de dynamisme. Beaucoup

entretiennent leur santé par des activités physiques : on peut les voir marcher ou courir sur le front de mer, le long des chemins côtiers ou de campagne, pratiquer la randonnée à vélo sur les routes de la région, fréquenter les piscines, etc...). Peut-être plus que beaucoup de jeunes ou d’adultes d’âge moyen. Beaucoup sont des participants actifs des associations et structures sociales (Chorales, Université inter-âge, Maisons de quartiers pour ne citer qu’elles) et ils sont nombreux à participer aux réunions citoyennes. Souvent en discutant avec eux, je les trouve plus jeunes que certains jeunes d’aujourd’hui qui croient tous savoir de la vie, qui s’intéressent à peu de choses, qui se contentent d’accepter la vie comme elle va, qui ne pensent pas le monde qui les entoure, qui ont peu d’idées. Non seulement les anciens sont dynamiques mais aussi très créatifs : ils peuvent apporter des idées nouvelles concernant, par exemples, le vivre ensemble, la société, la vision du monde, ou en matière artistique. Il me semble important de souligner que des seniorsretraités sont très actifs et nombreux, à ma connaissance, dans les structures d’aide à la recherche d’emploi ou la création d’entreprise, parce qu’ils ont le désir de partager leur expérience professionnelle.

les anciens de mon quartier -souvent isolés- même depuis ma fenêtre, mais aussi dans la rue, dans les bistrots et autres lieux sociaux de la ville. Par les visites que j’effectue régulièrement dans les différents services de l’hôpital (dont la gériatrie ou la psychiatrie), en prenant le temps de les écouter, de discuter avec des personnes âgées, je tiens à souligner que j’en retire un grand profit. Je suis un profiteur qui s’enrichit de leur présence, de leur expérience, de leur histoire. Je n’ai plus en mémoire le nom de ce grand intellectuel ivoirien qui disait qu’en Afrique «un vieillard qui meurt, c’est une bibliothèque qui disparaît». Je pense que nous aurions intérêt à méditer cette pensée d’un homme qui venait d’une civilisation considérée comme inculte et inférieure à la race blanche. A chaque fois que je discute avec un vieux, je m’enrichis de sa parole et de ses souvenirs et, bien souvent, de sa sagesse. Lorsque je prends le temps d’écouter les anciens après des contacts réguliers, je suis souvent rempli d’admiration par les récits de leur vie, les moments agréables qu’ils ont connus comme les malheurs qu’ils ont endurés. Il m’arrive presque à chaque fois d’avoir envie d’écrire un livre, comme il est aujourd’hui à la mode d’écrire des histoires de vie.

Quotidiennement, je prends le temps de discuter avec › 37


Comment rêvez-vous le vieillissement dans l’agglomération ? Je rêve de lieux publics en pleinair qui permettent aux habitants de profiter ensemble du soleil, avec des bancs et des chaises et des espaces permettant les jeux de boules, palets ou autres jeux collectifs à redécouvrir, joués par les personnes de tous âges. Je rêve d’espaces publics où se rencontrent toutes les générations : parents, petits enfants apprenant à marcher et anciens avec leur canne ou en fauteuil roulant, personnes vivant seules. Je rêve de ce type de lieux, dans chacun des quartiers, où tous ces citoyens, de toute condition sociale et de toute situation familiale, discutent ensemble et s’échangent des services mutuels sans contrepartie monétaire. Par exemple, la garde des enfants quand le papa ou la maman vont chercher les élèves à l’école, le retraité qui va faire les courses pour sa voisine handicapée en fauteuil, le jeune étudiant qui ramène les médicaments de la pharmacie pour son voisin trop âgé qui ne peut se déplacer, le cadre moyen qui invite son voisin qui vit avec le minimum retraite pour partager un repas, l’enseignant qui va donner une part des restes du repas de fête familial aux voisins qui vivent avec le RSA, la retraitée qui va chez ses voisins bénéficiaires du RMI

pour apprendre à la jeune mère de famille qui élève seule ses deux enfants, à préparer du poisson qui n’a pas été acheté tout préparé au supermarché. Je rêve de lotissements et de quartiers équipés d’une salle commune pour que les voisins de toutes les générations et de toute catégorie sociale puissent se connaître, se rencontrer, échanger, se retrouver, pour faire des fêtes comme "la fête des voisins" ou partager des évènements heureux comme un anniversaire ou la naissance d’un enfant ou encore l’ «entrée» en retraite (pas le départ) d’un voisin. Une salle commune où l’on peut faire la fête sans gêner les voisins. Je rêve d’un lotissement où les jeunes étudiants veillent à la tranquillité des anciens qui sont leurs voisins et qui les préviennent quand ils vont faire un peu de bruit à l’occasion d’une fête entre jeunes. De relations de voisinages où chacun parle à son voisin, même si on peut avoir des désaccords, où chacun est attentif à son voisin, âgé ou non, qui vit seul avec des problèmes de santé. Je rêve d’organismes HLM qui favorisent … …la vie collective et l’entente entre voisins de tous âges, avec des personnels à l’écoute et au plus près des besoins des locataires plutôt que des chargés de clientèle qui font du commercial ou du socialbusiness. Des organismes HLM

vieillissement demographique et dynamiques socio-economiques

qui mettent à disposition des habitants et des associations des salles de rencontre collectives (dans le passé il existait des mètres carrés sociaux). … les associations de voisinages de locataires ceci afin que les habitants réapprennent à vivre ensemble et à discuter plutôt que d’être cloîtrés dans leur appartement ou emprisonné dans leur cage d’escalier. Je rêve d’une ville où chaque lotissement, quartier, ou cité d’habitat collectif possède un jardin partagé dans lequel les anciens peuvent transmettre leurs savoirs aux plus jeunes en cultivant des plantes potagères, en découvrant les cycles de la vie par les fleurs et leur pollinisation par les abeilles, l’élevage des lapins et des poules pour recycler des déchets alimentaires, l’intérêt des ronciers pas seulement pour les mûres, l’intérêt des plantes dites parasites et des plantes associées. Des jardins où les enfants et les adultes puissent découvrir le vrai goût d’une carotte ou de fraises élevées sans engrais chimique et récoltées, lorsque c’est la saison. Je rêve de villes comme Zermatt en Suisse où les anciens et les jeunes peuvent circuler dans les rues, depuis leur maison de retraite ou leur résidence, en charrette hippomobile, jusqu’au centre-ville, pour rencontrer des gens, fréquenter les commerces, accéder aux lieux sociaux et aller aux spectacles, ou bien rejoindre des amis de


l’autre maison de retraite. Dans les communes de Brière et sur le front de mer à Saint-Nazaire, ce pourrait être des rosalies propulsées par des jeunes en formation ou à la recherche d’un emploi durable. Je rêve que les seniors qui arrivent sur le territoire de la CARENE s’inscrivent en masse aux activités de l’Université Inter-âge qui réalise un travail formidable de culture populaire et de culture pour tous, qui viennent enrichir la vie citoyenne et les associations.

Quelles craintes avez-vous concernant le vieillissement à Saint-Nazaire ?

Je crains que l’on ne s’intéresse aux anciens, nazairiens ou arrivants, uniquement pour l’intérêt économique qu’ils représentent sans prendre en compte l’essentiel, l’enrichissement culturel et civilisationnel qu’ils apportent. Je ne sais plus qui a écrit que l’on mesure le degré de civilisation d’une société à la manière dont

elle traite ses anciens. Longtemps, j’ai appartenu à une association bénévole de professionnels du travail social qui regroupait des salariés de différents statuts, depuis l’éducateur spécialisé de base, comme moi, jusqu’au directeurs généraux d’institution gérants 300 salariés. Nous nous réunissions régulièrement à Paris pour les conseils d’administration et pour diminuer les frais, qui étaient à notre charge, je partageais la même chambre d’hôtel qu’un directeur. Dans l’hôtel de Montrouge où nous avions nos habitudes, c’était une femme de 73 ans à l’apparence très modeste qui nous préparait le petit déjeuner, dès 7 heures le matin, sa pension de retraite étant insuffisante... Cette réalité me sert de fil rouge en permanence et aujourd’hui encore plus. Je crains que l’on parque les anciens dans des lotissements ou résidences-ghettos pour personnes âgées, des lieux de relégation, sans aucune visites des familles ou de proches, comme j’ai pu le constater dans le passé en allant chaque semaine visiter des personnes isolées. › 39


Je crains que l’on construise de belles maisons de retraite luxueuses ou non, qui fonctionnent soit avec du personnel en nombre suffisant, qualifié et bien rémunérés, mais coupées de l’environnement du quartier. Ou bien des résidences employant du personnel trop peu nombreux avec des conditions de travail au rabais ou déplorables, des sortes de mouroirs où les personnes qui attendent la fin. Je crains, pour l’avoir entendu dire, des maisons de retraite où le résident, malgré la charte d’accueil, est considéré à la hauteur de son portefeuille, ne reçoive pas tous les soins, nécessaires, où le malade d’Alzheimer peut se fracturer deux fois le col du fémur par défaut de surveillance. Je crains qu’il n’y ait pas assez de maisons de retraites ou foyers-logements pour accueillir les personnes âgées, dépendantes ou non, dans des conditions financières et existentielles acceptables. Je crains que l’on ne fasse pas assez pour intégrer les anciens dans la cité, en favorisant le maintien à domicile le plus longtemps possible et les entraides de voisinage, par exemple pour la circulation dans les rues et la traversée des passages pour piétons. Je crains que l’on ne construise pas assez de maisons adaptables en fonction de l’évolution de la vie pour que les anciens puissent rester dans leur maison le plus longtemps possible. Je crains que l’on ne construise pas d’immeubles collectifs permettant la cohabitation intergénérationnelle et des appartements adaptés au vieillissement. Je crains que l’on accorde plus d’importance à l’économie résidentielle qu’aux industries locales. Je crains que l’on cherche à développer une économie médicale, comme on parle de tourisme médical, en pariant sur la domiciliation dans la région de personnes attirées par les infrastructures de santé existantes. Si je pense que la région nazairienne est bien équipée en matière de santé, avec des professionnels compétents, je m’inquiète de la dégradation des conditions de travail de vieillissement demographique et dynamiques socio-economiques

certains personnels de la Cité Sanitaire. Le fait qu’un grand groupe industriel privé, Eiffage, soit le partenaire de cet établissement, me laisse craindre que le magnifique outil de travail réalisé n’apporte pas une amélioration des conditions de travail des personnels. Dans le même ordre on peut constater la multiplication des EPHAD à Saint-Nazaire, dans les communes de la CARENE ou sur la côte. Si je pense qu’il est bien de vouloir offrir aux personnes âgées dépendantes de la région un nombre de place dans des établissements modernes correspondant aux besoins, si je comprends que pour des raisons économiques et d’emplois, on multiplie la création d’EPHAD, je crains que les résidents ne puissent bénéficier des attraits de notre région. Je crains aussi que l’on consacre beaucoup d’argent public pour cette population au détriment des logements sociaux, alors qu’il y a de nombreuses demandes de logements sociaux non satisfaites sur le territoire de la CARENE. Il me semble important que les besoins des uns ne soient pas satisfaits au détriment des autres.

Comment rendre l’agglomération attractive pour les seniors ?

Tout d’abord, en facilitant la vie actuelle des seniors nazairiens de toute condition sociale, en améliorant les équipements, dispositifs et infrastructures qui sont déjà très riches mais présentent des lacunes. En organisant une vie paisible dans les quartiers et les lotissements neufs, en sécurisant l’espace public des quartiers d’habitat social ou non, en réalisant des animations pour tous de l’espace public dans les différents quartiers. En favorisant les relations intergénérationnelles par la multiplication d’espaces de rencontre de pleinair sécurisés, abrités des intempéries si besoin, et verdoyants, dans le centre-ville, sur le front de mer et dans chacun des quartiers de la ville. En favorisant la baisse de la vitesse de circulation en ville, la circulation, l’accessibilité et l’accès sécurisé aux services publics et aux commerces. En installant des signaux lumineux pour que les personnes âgées ou handicapées puissent


traverser les passages piétons en toute sécurité (comme pour hélYce). En favorisant les modes de circulation douce : pédestre, transports collectifs hippomobiles, tricycles à traction humaine, poussepousse, rosalies,… pour donner un aspect touristique et folklorique à la ville. En valorisant les atouts touristiques de la ville tant au niveau des espaces naturels que des espaces historiques et culturels (Tumulus, Forges de Trignac, etc...). Il est possible d’encourager et de renforcer le tourisme industriel tel qu’il se pratique déjà et recueille un engouement réel (visite du port autonome, des chantiers navals, des sites aéronautiques). Il me semble possible parallèlement d’augmenter la fréquentation de sites naturels : navette côtière vers Saint-Brevin et PornichetLa Baule-Le Pouliguen-Le Croisic, calèches-rosalies dans le centre-ville de Saint-Nazaire et les autres communes de la CARENE, circuits en chalands entre les différentes communes de la Brière et de la CARENE. En organisant la pratique du kayak de mer pour mieux découvrir les plages de Saint-Nazaire et Pornichet. En créant, dans tous les quartiers existants et les lotissements neufs, des maisons de rencontres avec salles communes et espacescuisine collectives, pour favoriser les échanges de savoir-faire intergénérationnels autour de la gastronomie et

l’alimentation, mais aussi de la musique ou du théâtre de poche. En installant des guinguettes, comme il en existait dans les années cinquante dans le quartier de Sautron, pour que les anciens puissent danser, se retrouver, se rencontrer avec les petits enfants et leurs parents. En réalisant un «guide-accueil des seniors à la CARENE», comme il existe un guide de l’étudiant, qui recense toutes les richesses et les nombreuses initiatives sur le territoire de la CARENE : les nombreuses structures d’aide à la personne, les services publics, les associations, les lieux de rencontre, les maisons de quartiers, les commerces, les moyens de transports, les lieux culturels, … La forme de ce guide pourrait être celle d’un abécédaire-vadémécum.

En quoi les seniors peuvent-ils contribuer au développement économique ?

Par leurs moyens financiers comme consommateurs et contribuables. Par leurs idées et leurs savoirfaire en matière de création d’entreprise ou de soutien aux entreprises. Par leur volonté de transmettre leur expérience auprès des demandeurs d’emploi. Par leur participation au Conseil de Développement de la CARENE. Par leur participation à la vie citoyenne des communes de la CARENE.

En quoi les seniors peuvent-ils contribuer à renforcer le lien   entre les générations ?

Quand ils ne sont pas obligés de travailler pour compléter leur médiocre retraite, les retraités ont du temps libre, En adhérant à une ou plusieurs des associations qui existent dans la CARENE, Par la fréquentation des nombreux lieux sociaux où les habitants de la CARENE peuvent se rencontrer, tous âges confondus, En participant aux activités des Maisons de quartier de Saint-Nazaire où des ateliers accueillant des enfants sont animés par des retraités (alphabétisation, soutien scolaire), En allant ouvrir la porte des différentes instances comme la Maison des Rencontres de Trignac, l’Office Socio-Culturel Montoirin, etc. pour s’y inscrire comme usager ou comme animateur bénévole, En s’inscrivant dans une des nombreuses chorales ou troupes de théâtre amateur, ateliers d’arts plastiques, qui existent dans les différentes communes de la CARENE, En prenant un poste de responsabilité administrative dans une maison de quartier ou dans un club sportif comme entraîneur ou dirigeant, car certains clubs souffrent › 41


du manque de bénévole pour des tâches administratives, ce qui empêche l’inscription de jeunes qui voudraient pratiquer une activité sportive, En favorisant la création d’associations à partir de leur hobby personnel, qui pourraient intéresser les jeunes et les adultes, En créant des associations d’entraides de quartier là où il n’en existe pas, Par un engagement citoyen, en mettant leurs compétences au service des jeunes et des autres citoyens dans leur commune à travers la participation aux Conseils de quartiers ou autres instances de démocratie participative ou bien encore aux réunions publiques citoyennes,

vieillissement demographique et dynamiques socio-economiques

On pourrait aussi souhaiter que les seniors qui arrivent dans les communes de la CARENE, soient employés comme baby-sitters soit bénévolement, soit contre rémunération pour améliorer leur retraite.


REMERCIEMENTS Un grand merci à tous les membres du Conseil de développement qui ont accepté soit à travers le groupe  de travail, soit à travers des contributions individuelles de participer à cette réflexion prospective :  Alain SOUDÉ, personnalité qualifiée Andrée JOALLAND, CLCV Bernadette CHOUIN, CLCV Bernard BAYLÉ, citoyen volontaire Bernard COCHY, personnalité qualifiée Chantal MOREAU, ATTAC Christophe RICHARD, citoyen volontaire Colette CARIMALO, L’Automne Danielle ALLORENT, citoyenne volontaire Gaëtan GABORIT, citoyen volontaire Georgette THEAU, citoyenne volontaire

Jacques ROCHE, CFDT Juliette CHARTIER, citoyenne volontaire Louis CRUAUD, Les Escales Marcellin GOYET, personnalité qualifiée Marie-Pierre DELAUNAY, citoyenne volontaire Michel ODIETTE, personnalité qualifiée Monique DUBÉ, ADAR Patricia BILLAUD, citoyenne volontaire Simone LAMOUR, CIDFF Tiphaine THUDOR, citoyenne volontaire

Un remerciement particulier à  : − Sophie FAŸ, personnalité qualifiée, pour avoir accepté de porter son regard d’artiste sur les travaux des membres et pour son aide en tant qu’animatrice, − Marcellin Goyet, personnalité qualifiée, pour son aide en tant qu’animateur. − Gérard Morel, habitant de la CARENE, pour sa contribution originale sous forme de mots croisés

L’enquête auprès des seniors a été un moment fort de la démarche. Le Conseil de développement remercie sincèrement l’UIA de Saint-Nazaire, l’Union Régionale AVF des Pays de la Loire, L’AVF de Saint-Nazaire et l’AVF de Donges pour leur participation :

Ces travaux n’auraient pas pu être menés   sans la collaboration de :

Les conférenciers

Vincent BONNEFOY, Chef de projet projections démographiques à l’Institut national de la statistique et des

L’UIA de Saint-Nazaire

Régine FLANDIN, vice-Présidente Michel RIVAL, secrétaire général

études économiques (INSEE) des Pays de la Loire

Hélène XUAN, Directrice scientifique de la Chaire "Transitions Démographiques, Transitions Économiques"

Denis GUIOT, Enseignant chercheur en marketing et management à l’Université Paris Dauphine

L’URAVF Pays de la Loire

Georges LARGUIER, Président Michèle CHORIN, secrétaire Générale

Valérie AUDEGOND, Conseillère Innovation Industrie et Services à la Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI) Nantes Saint-Nazaire

Hugues PORTE, Directeur général du Gérontopôle Autonomie Longévité des Pays de la Loire

L’AVF de Saint-Nazaire Christian PICARD, Président

l’AVF de Donges

Sylvette LETHIEC, Présidente › 43


vieillissement demographique et dynamiques socio-economiques


Conseil de développement

de la CARENE Saint-Nazaire Agglomération 4, avenue du Cdt l’Herminier BP 305 44605 Saint-Nazaire cedex tél. 02 51 16 48 07 - fax : 02 40 19 59 20 conseil.developpement@agglo-carene.fr ∙ picto-gramme.fr ∙ 11/2013 ∙ W0333 ∙

www.agglo-carene.fr, rubrique : connaître la CARENE

novembre 2013


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.