Neon mag by Pierre Hubin

C at e g o r i e

neon magazine n4

Av e c l’a p p l i c at i o n m o b i l e n e o n v o u s av e z d é s o r m a i s a c c è s à d u c o n t e n u i n t é r a c t i f s u p p l é m e n ta i r e / V i -

neon un magazine vivant

d é o s , i n t e rv i e w, p h o t o s , m u s i q u e s / C e c o n t e n u f r a i s et mise à jours quotidiennemet alimente le magazine via votre mobile. En plus de ce contenu nous vous p r o p o s o n s d ’ i n t e r a g i r av e c l’ é q u i p e e t l e s l e c t e u r s

breux sujets que traite le magazine.

C at e g o r i e

d e NEON, d i s c u t e z e t pa rta g e z v o t r e av i s s u r l e s n o m -

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S o m m a i r e / C at e g o r i e

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Connaître 14

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Coucher, mentir, trahir, et même...

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Le juteux business de la

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1.0

a ' J g

e r r e u

s n a d V C n o m

Voir

« D e s p i c s m o n ta g n e u x e n n o i r

et blanc. » Voilà l'image que re-

v i e n t à G u i l l au m e R . d e s a m i s -

s i o n e n A f g h a n i s ta n. Ca , p l u t ô t q u ' u n c o m b at, q u ' o n t i r pa r fa i t

ou qu'un retour épique en 4x4. G u i l l au m e R . , 2 8 a n s , e s t u n a n -

c i e n c a p o r a l - c h e f da n s u n e u n i -

t é c o m m a n d o s p é c i a l i s é e da n s l e r e n s e i g n e m e n t. _Un article de Maude Paterson / Crédits photos Samuel Son, Camille JP.

1.1

neon magazine n4

« C’était dans l’une de ces fameuse

De beaux panoramiques sur les montagnes

vallées afghanes. On était partis pour plusieurs

sombres, des lumières écrasantes, lui en tenue

jours, et la nuit on se relayait toutes les deux

et en armes sur le terrain. Un terrain compli-

heures pour surveiller avec une grosse jumelle

qué, avec lequel il fait vite connaissance: « De

thermique. Cette nuit-là, à 3 heures du mat, je

la montagne, des fonds de vallée. On peut

regardais ces pics de montagne à la profondeur

montrer jusqu’à 3000, 4000 mètre l’altitude.

cauchemardesque. Les avions de chasse et les

C’est que du caillou. Il fait -20°C au mois de dé-

bombardiers passaient au-dessus de ma tête.

cembre, 50°C en juillet. Toi, t’es équipé avec un

Il n’y avait rien, et pourtant je savais pertinem-

gros sac, des flingues (il peut porter jusqu’à 80

ment que l’endroit grouillait de talibans. » Des

kilos d’équipement, ndlr), tu dois grimper sous

pics montagneux en noir et blanc. Quand je ren-

le cagnard. En face, t’as des mecs en claquettes,

contre Guillaume dans son studio parisien, il a

en short et avec une kalach, qui courent par-

quitté l’armée depuis un an et demi. A cause

tout. »

d’une blessure au genou qui s’est aggravée et parce qu’il voulait se recycler avant qu’il ne soit

◊

«En face,

t’as des mecs en

claquettes, avec une kalach, qui

trop tard. C’est un garçon affable, souriant et discret. Il accepte de raconter longuement ce temps passé au service de la nation, avec « les

courent partout »

frangins », à « aller au carton ». Huit années d’engagement au sein d’une troupe d’élite, assimilée forces spéciales, dont il tait le nom et les missions les plus sensibles. Parce qu’il est soumis au secret-défense jusqu’n 2014, mais aussi

voir

parce qu’il ne veut pas mettre en péril « les potes qui sont sur place ». De la guerre en Afghanistan, la mission qu’il a préférée entre toutes, il est revenu ni traumatisé, ni déçu, ni amer, mais reconnaissant et bien sans ses pompes. « L’Afgha, c’est vraiment le top. Je suis content de mon parcours, j’ai un bon CV, j’ai bien rendu service à la nation et je sais que je serai toujours le bienvenu. » Guillaume a fait la guerre comme on fait son métier, le mieux possible. Près quatre expériences à l’étranger, douze mois en pointillé en Côte d’Ivoire et quatre mois au Liban, Guillaume pose le pied à Kaboul en octobre 2009. Il est bien entraîné. Il a passé les dernières semaines à « se faire mal physique-

ment ». Même s’il sait que ça va être différent, plus long, plus dur, il est heureux d’être là. « Ce n’est pas mon rôle de prendre parti sur les raisons d’une intervention. On me donne un travail, j’y vais et je fais mon boulot. » Il attendait ce départ depuis longtemps: « Il nous avaient assuré qu’on allait vraiment faire le job pour lequel on était formés, partir dans la montagne, croiser du taliban, tirer. » A peine arrivé, il part en hélico et arrive sur son camp... encore pleine de construction. « Je suis comme un gosse, je regarde le paysage et je me demande où je suis... L’Afghanistan, c’est le Moyen Age avec des armes automatiques. C’est beau mais il n’y a que de la roche, c’est vide, il fait très chaud, j’ai l’impression d’être sur Mars. » Il me montre les photos qu’il a prises là-bas.

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◊

« Pour un sol-

dats, 4 mois au car-

Voir

ton, c’est mieux que 4 mois en vacances » Il y a la vie du camps, les missions de surveillance et d’infor-

régiment: « Entraînement difficile, guerre facile. » Difficile, ç a

mation. Et il y a aussi les « accrochages ». Guillaume n’a en-

veut dire quoi? Les épreuves physiques, la privation de sommeil,

core jamais tiré sur des « cibles en mouvement ». Il a maintenu

des combats et des séances de tir tous azimuts. Mais aussi un

l’ordre, patrouillé, renseigné en Côte d’Ivoire et au Liban mais

maintien en état de stress permanent. Lorsqu’ils dorment en fo-

n’est jamais « allé au feu ». n Afghanistan, il ira neuf fois. Des

rêt, par terre, après une marche de plusieurs kilomètres, sacs ultra

échanges de tirs qui peuvent durer cinq, six heures, « et là, c’est

chargés, ils sont réveillés en pleine nuit par des grenades lancées

du taliban, c’est du barbu, c’est du lance-roquettes, nos avions

près d’eux. En quelques secondes, ils doivent être debout, fusils

de chasse qui bombardent ». Le premier accrochage va être une

chargés, prêts à tirer. Guillaume enchaîne les stages de survie,

« leçon » pour Guillaume. Trois semaines après son arrivée, il

passe ses diplômes en krav maga (une méthode de combat rap-

voit, depuis la montagne, des insurgés envoyer une roquette

proché israélienne), d’aide instructeur commando, et les stages

sur l’un de leurs véhicules. « On a commencé à tirer nos pre-

médicaux Pour être efficace même en situation de stress intense,

mières bastos sur ces mecs-là. Au bout de trois heures, je me

il pratique le drill. Un entraînement des forces spéciales basé sur

rends compte que je suis cassé en deux, desséché. Avec l’adré-

la répétition: à force, les gestes deviennent instinctifs. « A six

naline, le stress, j’ai oublié de boire. Mais si tu es lessivé après

bonhommes (le nombre de soldats dans son unité, ndlr), on ne

trois heures de combats parce que tu n’as pas bu et que tu ne

peut pas se permettre l’erreur. Il faut répéter, répéter encore tous

peux pas assurer les cinq heures suivantes, c’est pas bon du

les gestes. » Un professionnalisme qui soude ces hommes. « Ca

tout. » Depuis il prend toujours le temps, entre deux échanges

peut paraître bête, mais faire un exercice dehors pendant deux

de tirs, de boire ou de grignoter. Il apprend aussi à gérer sa ca-

jours, monter un bivouac – bon, ça reste militaire, c’est pas une

dence de munitions. « Si tu crames tout d’un coup, que tu n’as

sortie au resto non plus -, ça renforce la cohésion. On se soutient,

tué personne, et que n’as plus de bastos, tu fais comment? »

on mange, on fait du sport, on vit dans les mêmes bâtiments.

Guillaume comprend sur place ce qu’il a appris au régiment.

Quand on part en mission, on se connaît par coeur. »

Quand il raconte ses entraînements, auxquels il consacre son temps hors mission, Guillaume en parle d’abord comme d’un dépassement de soi. Une série d’objectifs de plus en plus difficiles à atteindre. Il évoque peu la douleur physique, qui est d’abord « dans la tête ». Il sait qu’il ne fait pas parte de ceux que l’armée appelle « les petits morals », qui ont des capacités mais qui abandonnent Surtout, il garde en tête l’un des adages de son

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Voir

L’unité, le régiment, les anciens, les potes, le récit de Guillaume

égratignure. Ses trois coéquipiers, assis à côté de lui, n’ont pas

est scandé par le collectif. Les accrochages durs, les morts, les

eu la même chance. Deux sont morts, le troisième a été griève-

blessés, les moments de fatigue, de baisse de moral, l’éloigne-

ment blessé. Alors qu’il se rendait à Kaboul pour son day off, un

ment, l’incompréhension des civils, la difficulté d’être en couple

autre de ses amis s’est fait attaqué. Il vient de passer deux ans

en étant parti à l’étranger, tout est contrebalancé par la force du

à l’hôpital.

groupe et la fierté d’être une bon équipier. Le groupe, c’est ce qui permet aussi de décompresser. Il me montre une vidéo tournée par son régiment en Afghanistan, dans le minuscule local qui leur sert de pièce commune. Don’t Be Cruel, d’Elvis Presley, est à fond, ils boivent une bières en se vannant, dansent en uniforme. Tous sont des soldats d’élite. « C’est hyper important ces moments-là, sinon tu deviens parano, surtout en Afghanistan, où tu es tout le temps sur tes gardes. Tu rentres de six jours de mission, tu te fais un petit barbecue tu bois une bière. Avant, les missions, dans l’hélico, on est sérieux, on ne se tape plus sur l’épaule. » Quand ils sont dehors, ce qui prédomine, c’est le sang-froid. C’est lui qui permet de gérer la peur de la mort. Elle qui frappe les uns et épargne les autres dans un désordre hasardeux. Un de ses amis a sauté en voiture sur 250 kilos de carburant. Pas une

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quand on prépare les flingues, on rigole, mais dès qu’on est

Guillaume tripote la petite croix qu’il porte

Comme tous les soldats français, le retour

marché là ou j’ai pissé, on pourra discuter. »

autour sur cou. Est-il croyant? « Pas du tout.

d’Afghanistan, il s’est reposé quatre jours à

Aujourd’hui, Guillaume pense surtout repartir.

Mais je suis devenu superstitieux! » Sur le ter-

Chypre, dans un hôtel de luxe. Un sas de décom-

Célibataire, il travaille à un projet de restaurant

rain, il ne pense pas à la mort mais reste sur ses

pression, une transition entre la guerre et la vie

de fruits de mer à Miami pour l’an prochain.

gardes. Je pose enfin la question que je n’ose

civile. « Les psys nous avaient prévenus, quand

Et envisage d’ici là de rejoindre une société de

aborder. Et lui? Est-ce qu’il a dû tuer? « Bien sûr

on rentre, c’est pas aux gens de s’adapter à nous,

sécurité privée en Afrique. « J’ai fait ma place

j’ai tué des gens, mais je ne le vois pas comme

c’est à nous de récupérer le wagon dans lequel

dans l’armée, je la ferai ailleurs. Parfois, ça me

ça. Quand les mecs en face se mettent à tirer,

ils ont poursuivi leur vie. » Guillaume ne fait pas

manque, mais je suis sûr de mon choix. » D’au-

forcément on fait boule de feu sur l’objectif.

partie des soldats qui souffrent du syndrome

tant que ces huit années « d’exprérience profes-

Une fois rentrés, on peut déconner entre nous.

post-traumatique. Il n’a pas de cauchemars, il ne

sionnelle » font bien dans le CV. Guillaume, droit

On se dit qu’on leur en a foutu plein la gueule,

revit pas les scènes. Au contraire, il quitte le pays

dans se bottes. •

qu’on est tous en vie, qu’on n’a laissé personne

puis l’armée avec le sentiment d’être plus fort,

sur le terrain. On fait le rapport de mission et

plus mûr. Et d’avoir partagé des moments in-

puis voilà. Ces moments de feu, même si tu ne

descriptibles avec des hommes « plus carrés que

t’en rends pas compte sur le moment, c’est la

les autres, avec des valeurs ». Ce qui ne signi-

concrétisation d’une carrière, parfois d’une vie.

fie pas que le retour soit facile. Il travaille pour

Une fois rentré, on se dit: « Tu te rends compte

une entreprise de télécoms. Découvre le chacun

de ce qu’on a fait? J’y étais, j’y ai participé. » »

pour soi, la crise et la déprime quotidienne..

Voir

Pour deux de ses actions en Afghanistan, Guil-

◊

« Pour certains civils,

laume a reçu la croix du Combattant et une cita-

Pense aux copains restés là-bas, qu’il aimerait

tion avec attribution de la croix de la Valeur mili-

voir plus souvent, et regrette le statut très va-

taire en 2010. « C’est le papier le plus important

lorisé dont il jouissait dans son régiment. Par-

de ma carrière. Il prouve qui je suis, que j’ai connu

fois, il se heurte au mépris de ceux qui ne sont

des choses que d’autres ne vivront peut être ja-

pas partis: « Le plus frustrant, c’est que pour

mais. On peut se dire que ce serait mieux de pas-

certains civils, tu es une sous-merde. Comme

ser quatre mois de vacances au soleil, mais pour

on est disciplinés, on ne réagit pas. Mais j’ai

un soldat, quatre mois au carton, c’est mieux. »

envie de leur dire: « Francis, quand tu auras

tu es une sous-merde, c’est

NAM JULI_ Journaliste NEON

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frustrant »

Voir

la h ava n e o n l i n e E s p é r a n t o b t e n i r d e l a pa rt d e F r a n c e T e r r e

lvira marche avec détermination vers l’hôtel.

d ’A s i l e l e t i c k e t d ’ e n t r é e p o u r pa s s e r l a n u i t

Elle s’est habillée en parfaite touriste pour

passer inaperçue. Son groupe l’a choisie parce qu’elle a la

au c h au d e t à l’a b r i . I l n ’ y a q u e 2 5

peau claire, elle a presque l’air d’une Occidentale. Elle franchit

_Un article de Maude Paterson / Crédits photos Samuel Son, Camille JP.

les portes du palace, tête baissée. Elle ne doit surtout pas être

repérée par le portier, qui a pour consigne de ne laisser entrer

que les étrangers. Ouf! Elle y est arrivée. A l’intérieur, les vacanciers captivés par CNN ne la remarquent pas. Elle se dirige vers

la réception et achète une carte wi-fi avec l’argent réuni par ses complices. Puis elle s’assoit derrière l’ordinateur de l’hôtel et re-

copie nerveusement le code d’accès. Ca y est, elle est connectée! Elle envoie aussitôt une rafale de mails, de tweets, de statuts

Facebook et poste une note sur son blog qu’elle a accompagnée

d’une vidéo. Quand elle a terminé, elle se déconnecte et déguerpit pour ne pas éveiller les soupçons de la terrible Seguridad del Estado (police d’Etat). Mission accomplie! Elvira peut rejoindre ses camarades.

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1.2

une demande auprès de l’Etecsa, l’unique opéra-

portable et essaie de capter leur wi-fi. Ca marche?

Elle fait partie du groupe d’activistes Omni Zona

teur de télécommunications du pays, totalement

« Bien sûr, j’ai un code! » assure-t-il. Il ne se sert

Franca, des artistes militants qui bousculent les

géré par l’Etat. Certaines entreprises disposent

d’internet que pour chatter une à deux fois par

consciences cubaines et se définissent comme des

d’une connexion, que les employés détournent la

mois avec la mère de son fils, qui vit en Californie.

« guerriers d’internet ». Chaque jour, ou presque,

nuit au profit des habitants alentour. A l’universi-

Elle lui envoie des photos du petit qui grandit loin

ils envoient l’un des leurs « dérober » quelques

té, les étudiants utilisent des ordinateurs reliés à

de lui. Il a d’ailleurs un mal fou à les télécharger

minutes de connexion dans les hôtel de La Havane

internet, mais de nombreuses pages ne sont pas

tant la connexion est lente, mais il parvient à se

pour poster les vidéos de leurs performances sur

visibles: « Les sites de médias étrangers et tous

le blog omnizonafranca.blogspot.com. L’une de

ceux dont le contenu est jugé antirévolutionnaire,

leurs dernières manifestations est explicite: lors

explique Laura, 24 ans, chargée de cours.

◊

d’une procession religieuse délirante, ils défilent par la jeunesse cubaine. « A defaut de disposer

Heureusement,

d’une réelle liberté, nous prônons la liberté in-

grands talents de pirates. Ils ont toujours un

térieure, la liberté spirituelle », théorise Luis Eli-

coup d’avance sur les autorités: le temps que

gio D Omni, l’un des leaders l’Omni Zona Fran-

les censeurs installent de nouveaux pare-feu,

ca. Une liberté qui se conquiert aussi sur le net,

ils ont déjà trouvé le moyen de les déjouer. »

auquel les Cubains n’ont quasiment pas accès.

Pour s’ouvrir une petit fenête sur le monde exté-

Isolée du réseau de fibres optiques qui parcourt

rieur, c’est le système D qui prévaut. « Les Cubains

les Caraïbes et dont les opérateurs sont majori-

sont des magiciens! S’exclame Lucho, joyeux drille

tairement américains, Cuba doit passer par le

de 30 ans. Nous n’avons rien de rien, ni argent, ni

satellite pour se connecter au world wide web.

vêtements, ni internet: rien. Mais avec rien, le Cu-

Ce qui explique les difficultés de connexion. C’est

bain fait des miracles! » Lucho a trouvé une com-

du moins la version du gouvernement, qui cache

bine: les grands hôtels qui ont ouvert sur le front

derrière l’embargo et les problèmes techniques

de mer, à côté desquels il habite. Si les activistes

un contrôle très sévère de la Toile. Seule l’élite est

d’Omni Zona Franca jouent les agents secrets

autorisée à souscrire une ligne. Les médecins ou

pour entrer dans ces établissements, lui a une

les militaires et, bien sûr, les expatriés doivent faire

autre méthode: il s’approche avec son ordinateur

les

élèves

développent

fait des miracles »

1.2

débrouiller pour ensuite les faire imprimer. Elles

rien. Mais avec rien, le Cubain

avec une lourdes croix, symbole de fardeau porté

Voir

« Nous ornent n'avons rien de les murs de son appartement.

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◊

Jusqu'en 2011, il était in-

terdit de déménager Nous savons parfaitement où se situe la France,

ser un coup de fil, le moyen le plus économique

la Norvège, ou l’Angola, mais nous ignorons

savoir quand une soirée à lieu au Karachi ou au

reste la cabine téléphonique. Mais devant cha-

complètement comment on vit là-bas. Quand on

Bertolt Brecht, les deux clubs les plus populaires

cune d’entre elles s’étires une file d’attente inter-

croise un étranger, on le presse de questions: D’où

du quartier du Vedado. L’agenda des festivités est

minable. La technique consiste à lancer un « El

viens-tu? Quel est ton métier, ta musique préfé-

diffusé sur Radio Bemba (« radio rumeur »). « La

ûltimo? » à la cantonade en arrivant (« qui est le

rée? Comment ça se passe chez toi? Tu es heu-

Havane, ce n’est pas très grand, on se connait

dernier? ») et de trvouer une occupation un peu

reux dans ton pays? » Et la surprise est toujours là:

tous, explique Lienko, 27 ans. Quand il y a une

plus loin, tout en guettant d’un oeil la personne

« Vous avez un nouveau présidents? Vous chan-

événement comme une festival, tout le monde s’y

qui a répondu. Pour trouver les coordonnées d’un

gez tous les cinq ans?! La chance! Il est socialiste?

retrouve. » La jeunesse a rendez-vous chaque soir

ami, impossble de consulter Mappy. A la place,

SOCIALISTE!?? Comme ici? » (Rires.)

au croisement de l’avenue 23 et de la rue G (la

ils utilisent un bon vieux bottins inversé. Les em-

Havane est organisée selon un plan de damier).

ployés de l’Etecsa vendent l’annuaire au marché

« Pour retrouver ses amis, 23 y G à marche mieux

noir. A chaque numéro de fixe correspondent un

que la 3G! » fait remarquer Lienko. La nit venue,

nom et une adresse. A priori, celle-ci est toujours

les larges trottoirs grouillent de gens, une bière

la même: jusqu’en 2011, les Cubains n’avaient

ou un rhum à la main. Les plu jeunes sont re-

tout simplement pas le droit de déménager. Avec

connaissables à leur look « friki »: une sorte de

les réformes initiées par Raul Castro, ils peuvent

tribu pré-ado emo/Bieber/gothique. Dans la foule

désormais vendre et changer de maison. Tous

bigarrée, on trouve aussi des étranges, pour la

les samedis, sur le Prado, une artères principales

plupart étudiant à l’université. Les téléphones

de La Havane, les habitants se regroupent munis

portables crachent un reggaeton enfiévré. C’est

de pancartes qui annoncent ce qu’ils mettent

d’ailleurs à cela q’ils sont le plus utiles. Car s’ils

en vente: « Une maison: 3 pièces et un salon,

sont autorisés depuis 2008 à Cuba, leur utilisa-

une cuisine, toit presque neuf. 4000 dollars. »

tion est hors de prix: environs 50 dollars pour

Vu les moyens alternatifs déployés par les Cu-

ouvrir une ligne, ensuite chaque recharge coûte

bains, on pourrait croire qu’ils s’en sortent très

minimum 10 dollars, dans un pays où le salaire

bien. Sauf sur un sujet crucial: l’information.

moyen plafonne à 17 dollars par mois. Même re-

« Nous somme aveugles! Pour nous, le monde

cevoir des appels coûte cher. De coup, les Cubains

entier s’appelle « tourisme »! s’emporte Lienko.

Voir

s’appellent le plus souvent à la maison. Pour pasAu quotidien, pas besoin d’event Facebook pour

neon magazine n4

1.2

◊

Pour diffuser les infos

on officielles, la meilleure litique. Pour cela, Yoani a reçu de nombreux prix,

l’information est lente et diffusée par me, c'estAlesCuba, la clé USB seuls organes officiels: la radio, la télé et les

il a désomais sa discographie complète et ses

bourses et récompenses. Elle dispose d’un smart-

clips, traduits en espagnol. Un miracle? La preuve

phone à partir duquel elle tweete inlassablement,

deux quotidiens principaux, Granma et Juventud

surtout que l’art prend des chemins détournés.

mais dit continuer d’aller dans les hôtels poster

Rebelde . Les articles tirent immanquablement

Pour recevoir ou diffuser des infirmations « non

ses mails et autres publications. Elle supervise des

dans le même sens: « Nouveaux massacres à

officielles », la meilleure arme, c’est la clé USB.

ateliers de formation Twitter et organise des réu-

Gaza, les Etats-Unis fournissent les armes » ou

Par téléphone ou par mail, les documents peuvent

nions clandestines chez elle pour prêcher la liberté

encore « La crise est terrible, bientôt la fin de sys-

être interceptés et utilisés contre leur destina-

numérique. « La dame de La Havanne » espère un

tème ». Ana 22 ans, s’insurge: « Depuis l’école

taire. La clé USB, elle, est intraçable. Les Cubains

avenir connecté pour son pays: « Chaque jour de

primaire, on nous enseigne toujours la même

s’en servent pour échanger de la musique, des

retard pour notre initiation à internet compromet

chose: le Che, Camilo et le supposés exploits... Si

textes, des films, du contenu à diffuser sur in-

le capital professionnel et social de cette nation,

l’on veut creuser un sujet, on est foutu, parce que

ternet via des chaînes Youtube ou des comptes

et nous condamne à être dans le wagon de queue

tout est sur internet. Alors on recrache toujours

Facebook, alimentés depuis l’étranger par des

de la modernité. » •

les mêmes vieux bouquins et leur propagande dé-

amis touristes ou des parents exilés. Lesquels ne

modée. » Les musiciens souffrent également de

reviennent jamais les mains vides à Cuba, appor-

cet enfermement numérique. « J’ai l’impression

tant dans leur bagages du matériel infirmatique

qui ne se passe plus rien dans le rap depuis dix

précieux, notamment des ordinateurs portables,

ans », confie Alexey, un des pionniers du hip-

dont l’importation est rigoureusement contrôlée.

hop local avec son groupe Obsesion. « Il n’y a

Malgré le verrouillage et la répression, le Cuba 2.0

plus de CD qui sortent, de mixtapes, de jeunes

a son icône Elle s’appelle Yoani Sanchez. Brune,

qui émergent. A la radio américaine, qu’on

élégante, philologue de formation, Yoani anime

capte les jours de beau temps, on entend aussi

depuis 2007 un blog baptisé Génération Y (des-

toujours la même chose. » Une bonne partie de

decuba.com/generaciony) dans lequel elle relaie

la production internatonale, notamment la plus

les luttes de la jeunesse et n’hésite jamais à cri-

avant-gardiste, a migré sur internet. Un marché

tiquer le gouvernement. C’est à internet qu’elle

inaccessible pour les MC cubains. Malgré tout, la

doit son immense popularité. Elle est devenue une

musique franchit les frontières: Raudel Escuadron

source d’information cruciale pour les médias ex-

Patriota, un autre rappeur avait été comparé au

térieurs et LA figure de proue de l’opposition po-

Voir

rappeur français Kery James. Sur son ordinateur,

1.2

neon magazine n4

NAM JULI_ Journaliste NEON

ean-Baptiste Malet : L’infiltration s’est imposée à moi. Je vou-

sur ces travailleurs précaires qui enchaînent les missions d’intérim.

pas découvert le monde du travail, mais j’ai enfin mis des noms et des visages

rapport sacré aux livres contrairement à Amazon. Dans cet entrepôt, je n’ai

fessionnel, aucun libraire, ne travaille dans l’infrastructure logistique. J’ai un

parce que le site ne vend pas que des bouquins et aussi parce qu’aucun pro-

trouvé ça révélateur d’une chose : Amazon n’a rien d’une librairie. D’abord

Jean-Baptiste Malet : En racontant cela, je ne cherche pas à le juger. J’ai

NAM JULI_ Journaliste NEON

lais faire une enquête sur le fait qu’Amazon contribue largeJean-Baptiste Malet : Je ne m’attendais pas à voir une machine aussi bien ment à l’hécatombe des librairies. Je me suis rendu à la sortie de l’entrepôt, rodée. Totalement déshumanisée. Quand on clique sur Amazon pour acheter pour discuter avec les salariés. Je n’ai rien pu savoir. Le règlement intérieur un livre, on ne se rend pas compte de la rapidité de l’opération. L’éconoleur interdit de parler de ce qui se passe dans l’entreprise, même à leur propre mie numérique se veut propre, nette. Elle cache en réalité un travail ouvrier famille. Il y a une culture d’entreprise du secret telle qu’il est impossible pour qui ne disparaît pas. Les marchandises sont entassées sur des kilomètres de les journalistes de faire une simple visite d’usine. J’ai donc choisi d’infiltrer rayonnage. On stocke là où il y a de la place. Et on vend de tout. Quand l’équipe de nuit. De l’intérieur, j’ai découvert un travail qui n’a rien de secret, vous entrez dans une boutique pour acheter un puzzle à un enfant, si vous qui est simplement pénible. Et c’est bien cette pénibilité qu’on cherche à vous apercevez que ce magasin détient une collection de livres sur l’exnous cacher. trême-droite, peut-être que vous irez voir ailleurs. •

_Un article de Maude Paterson / Crédits photos Samuel Son, Camille JP.

au c h au d e t à l’a b r i . I l n ’ y a q u e 2 5

d ’A s i l e l e t i c k e t d ’ e n t r é e p o u r pa s s e r l a n u i t

E s p é r a n t o b t e n i r d e l a pa rt d e F r a n c e T e r r e

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neon magazine n4

1.3

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_Un article de Maude Paterson / Crédits photos Samuel Son, Camille JP.

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ls viennent du Moyen-Orient, d’Asie

sur leur âge, leur situation familiale, sur la réalité des

collectif des Exilés du Xme, l’association Hors la Rue,

Centrale, d’Afrique, de l’Inde… Ils ont

risques qu’ils encourent, certains sont renvoyés à leur

l’ARFOG (Accueil et Reclassement Féminin - Oeuvres

moins de 18 ans et ils sont seuls. Ils sont désignés ad-

errance. Parmi ceux qui pourraient être considérés

des Gares), ainsi que toutes les personnes qui, de près

ministrativement comme MIE: Mineurs Isolés Etran-

comme chanceux car pris en charge d’une manière

ou de loin, m’ont fait confiance et m’ont permis de ré-

gers. Ils seraient plus de 6000 en France. Migrants

ou d’une autre par l’Aide Sociale à l’Enfance, beau-

aliser ce travail. Merci à France Terre d’Asile pour avoir

forcés, jeunes en danger du fait d’une situation poli-

coup seront empêchés d’aller à l’école ou de solliciter

accepté que deux jeunes fassent des photos place du

tique ou personnelle difficile, migrants économiques

l’asile, ce qui les condamnera à devenir des sans-pa-

Colonel Fabien, ainsi que dans les bureaux de la PAO-

cherchant simplement du travail et une vie meilleure,

piers à leur majorité. Parallèlement aux services des

MIE. Merci à Nicolas Claveau et Sarah Amine pour le

tous portent une histoire particulière. Et tous de-

départements parfois volontairement défaillant, qui

design graphique.

vraient pouvoir bénéficier des garanties prévues par

semblent considérer la question des mineurs isolés

la Convention Internationale des Droits de l’Enfant:

comme un flux migratoire de plus à juguler, un cer-

logement, nourriture, éducation… En pratique, selon

tain nombre d’associations, collectifs et réseaux (CI-

les âges, les histoires de vie, les nationalités, les per-

MADE, MRAP, Hors-la-Rue, DEI-France, Collectif de

sonnalités… les parcours administratifs et personnels

Soutien des Exilés, RESF, GISTI, ARFOG…) apportent

de chacun d’eux peuvent être très différents.

une assistance juridique, administrative et humaine à ces enfants déracinés. Et bataillent à leur côté pour

Pour certains, les débuts à Paris se font gare du Nord

leur permettre d’aller à l’école, de se former… et ten-

ou gare de l’Est puis Place du Colonel Fabien, ou un

ter ainsi d’entamer leur vie d’adulte dans de bonnes

espace de mise à l’abri de nuit est destiné à certains

conditions.

des mineurs non pris en charge. Les jeunes se mettent Le travail photographique présenté ici a été réali-

d’Asile le ticket d’entrée pour passer la nuit au chaud

sé en janvier et février 2012 avec 8 jeunes, Mineurs

et à l’abri. Il n’y a que 25 places, pour parfois plus de

Isolés Etrangers ou jeunes majeurs arrivé en France

50 ou 60 jeunes alignées. Tout proche, se trouvent

comme MIE. J’ai invité chacun d’eux à prendre des

les bureaux de la PAOMIE (Permanence d’Accueil et

photos à l’aide d’un appareil jetable, afin d’appor-

d’Orientation des Mineurs Isolés Etrangers), gérée

ter des visions de l’intérieur sur leur quotidien. Les 8

par France Terre d’Asile, association mandatée par le

témoignages photographiques sont accompagnés

Conseil de Paris pour déterminer ceux qui seront pris

des interviews des jeunes concernés, ainsi que de

en charge et ceux qui seront laissés à la rue. Selon les

leurs regards cadrés en gros plan. Ma volonté est ici

cas ils pourront ensuite être dirigés, si une place se

de sortir ces enfants ou jeunes adultes de la masse

libère pour eux, vers des foyers de mise à l’abri, des

des chiffres, et de replacer la question de leur im-

chambres d’hôtel, des foyers d’accueil de jour… voire

migration sur un plan plus humain que statistique.

Voir

en ligne, espérant obtenir de la part de France Terre

des familles d’accueil et des structures éducatives. Je tiens à remercier chaleureusement les structures qui En pratique, lorsqu’ils ou elles arrivent à pénétrer sur

m’ont permis de rencontrer les participants à ce pro-

le territoire français, les mineurs isolés n’y sont pas

jet: le GISTI ( Groupe d’Information et de soutien des

toujours accueillis à bras ouverts. Accusés de mentir

immigrés), RESF (Réseau Education Sans frontière), le

Le travail

◊

photographique présenté ici a été réalisé en janvier

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1.4

Ils viennent du Moyen-Orient, d’Asie Centrale, d’Afrique, de l’Inde… Ils ont moins de 18 ans et ils sont seuls. Ils sont désignés administrativement comme MIE: Mineurs Isolés Etrangers. Ils seraient plus de 6000 en France. Migrants forcés, jeunes en

ministrative et humaine à ces enfants déracinés. Et bataillent à leur côté pour leur permettre d’aller à l’école, de se former… et tenter ainsi d’entamer leur vie d’adulte dans de bonnes conditions. Le travail photographique pet Reclassement Féminin -

danger du fait d’une situation politique ou personnelle difficile, migrants économiques cherchant sim-

Oeuvres des Gares), ainsi que toutes les personnes qui,

plement du travail et une vie meilleure, tous portent une histoire particulière. Et tous devraient pouvoir

mis de réaliser ce travail. Merci à France Terre d’Asile

bénéficier des garanties prévues par la Convention Internationale des Droits de l’Enfant: logement, nourriture, éducation… En pratique, selon les âges,

place du Colonel Fabien, ainsi que dans les bureaux de

les histoires de vie, les nationalités, les personnalités… les parcours administratifs et personnels de chacun d’eux peuvent être très différents.

de près ou de loin, m’ont fait confiance et m’ont perpour avoir accepté que deux jeunes fassent des photos la PAOMIE. Merci Merci àà Nicolas NicolasClaveau ClaveauetetSarah SarahAmine Amine• pour le design graphique.

Pour certains, les débuts à Paris se font gare du Nord ou gare de l’Est puis Place du Colonel Fabien, ou un espace de mise à l’abri de nuit est destiné à certains des mineurs non pris en charge. Les jeunes se mettent en ligne, espérant obtenir de la part de France Terre d’Asile le ticket d’entrée pour passer la nuit au chaud

Voir

et à l’abri. Il n’y a que 25 places, pour parfois plus de 50 ou 60 jeunes alignées. Tout proche, se trouvent les bureaux de la PAOMIE (Permanence d’Accueil et d’Orientation des Mineurs Isolés Etrangers), gérée par France Terre d’Asile, association mandatée par le Conseil de Paris pour déterminer ceux qui seront pris en charge et ceux qui seront laissés à la rue. Selon les cas ils pourront ensuite être dirigés, si une place se libère pour eux, vers des foyers de mise à l’abri, des chambres d’hôtel, des foyers d’accueil de jour… voire des familles d’accueil et des structures éducatives. En pratique, lorsqu’ils ou elles arrivent à pénétrer sur le territoire français, les mineurs isolés n’y sont pas

toujours accueillis à bras ouverts. Accusés de mentir sur leur âge, leur situation familiale, sur la réalité des risques qu’ils encourent, certains sont renvoyés à leur errance. Parmi ceux qui pourraient être considérés comme chanceux car pris en charge d’une manière ou d’une autre par l’Aide Sociale à l’Enfance,

NAM JULI_ Journaliste NEON

beaucoup seront empêchés d’aller à l’école ou de solliciter l’asile, ce qui les condamnera à devenir des sans-papiers à leur majorité. Parallèlement aux services des départements parfois volontairement défaillant, qui semblent considérer la question des mineurs isolés comme un flux migratoire de plus à juguler, un certain nombre d’associations, collec-

1.4

tifs et réseaux (CIMADE, MRAP, Hors-la-Rue, DEIFrance, Collectif de Soutien des Exilés, RESF, GISTI, ARFOG…) apportent une assistance juridique, ad-

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Voir

◊

Le travail photogra-

phique pet Reclassement Féminin - Oeuvres des Gares), ainsi que toutes les personnes qui,

neon magazine n4

de près ou de loin,

1.4

re ssentir le juteux business de la queue

Coucher, mentir, trahir, et même...

interview d’eric judor

bosser. Vous êtes vraiment pret à tout.

Petit précis de psychologie de

chiottes. Parce qu’on ne devrait

s’emm..avec nos besoins naturels

electrochocs Petit précis de psychologie de chiottes. Parce qu’on ne devrait

s’emm..avec nos besoins naturels

2.0

neon magazine n4

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au c h a u d e t à l’a b r i . I l n ’ y a q u e 2 5 _Un article de Maude Paterson / Crédits photos Samuel Son, Camille JP.

ls viennent du Moyen-Orient, d’Asie Centrale, d’Afrique, de l’Inde… Ils ont

moins de 18 ans et ils sont seuls. Ils sont désignés administrativement comme MIE: Mineurs Isolés Etrangers. Ils seraient plus de 6000 en France. Migrants forcés, jeunes en danger du fait d’une situation politique ou personnelle difficile, migrants économiques

ressentir

En pratique, lorsqu’ils ou elles arrivent à pénétrer sur

le territoire français, les mineurs isolés n’y sont pas toujours accueillis à bras ouverts. Accusés de mentir sur leur âge, leur situation familiale, sur la réalité des risques qu’ils encourent, certains sont renvoyés à leur errance. Parmi ceux qui pourraient être consi-

cherchant simplement du travail et une vie meilleure,

dérés comme chanceux car pris en charge d’une ma-

tous portent une histoire particulière. Et tous de-

nière ou d’une autre par l’Aide Sociale à l’Enfance,

vraient pouvoir bénéficier des garanties prévues par

beaucoup seront empêchés d’aller à l’école ou de

la Convention Internationale des Droits de l’Enfant:

solliciter l’asile, ce qui les condamnera à devenir

logement, nourriture, éducation… En pratique, se-

des sans-papiers à leur majorité. Parallèlement aux

lon les âges, les histoires de vie, les nationalités, les

services des départements parfois volontairement

personnalités… les parcours administratifs et person-

défaillant, qui semblent considérer la question des

nels de chacun d’eux peuvent être très différents.

mineurs isolés comme un flux migratoire de plus à juguler, un certain nombre d’associations, collectifs et réseaux (CIMADE, MRAP, Hors-la-Rue, DEI-

ou gare de l’Est puis Place du Colonel Fabien, ou un

France, Collectif de Soutien des Exilés, RESF, GISTI,

espace de mise à l’abri de nuit est destiné à certains

ARFOG…) apportent une assistance juridique, ad-

des mineurs non pris en charge. Les jeunes se mettent

ministrative et humaine à ces enfants déracinés.

en ligne, espérant obtenir de la part de France Terre

Et bataillent à leur côté pour leur permettre d’aller

d’Asile le ticket d’entrée pour passer la nuit au chaud

à l’école, de se former… et tenter ainsi d’enta-

et à l’abri. Il n’y a que 25 places, pour parfois plus de

mer leur vie d’adulte dans de bonnes conditions.

Pour certains, les débuts à Paris se font gare du Nord

50 ou 60 jeunes alignées. Tout proche, se trouvent les bureaux de la PAOMIE (Permanence d’Accueil et

Le travail photographique pet Reclassement Féminin -

d’Orientation des Mineurs Isolés Etrangers), gérée

Oeuvres des Gares), ainsi que toutes les personnes qui,

par France Terre d’Asile, association mandatée par le

de près ou de loin, m’ont fait confiance et m’ont per-

Conseil de Paris pour déterminer ceux qui seront pris en charge et ceux qui seront laissés à la rue. Selon les cas ils pourront ensuite être dirigés, si une place se libère pour eux, vers des foyers de mise à l’abri, des chambres d’hôtel, des foyers d’accueil de jour… voire des familles d’accueil et des structures éducatives.

mis de réaliser ce travail. Merci à France Terre d’Asile pour avoir accepté que deux jeunes fassent des photos place du Colonel Fabien, ainsi que dans les bureaux de la PAOMIE. Merci à Nicolas Claveau et Sarah Amine pour le design graphique.

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vraient pouvoir bénéficier des garanties prévues par

Mineurs Isolés Etrangers), gérée par France Terre

Ils viennent du Moyen-Orient, d’Asie Centrale,

la Convention Internationale des Droits de l’Enfant:

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d’Afrique, de l’Inde… Ils ont moins de 18 ans et

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ils sont seuls. Ils sont désignés administrativement

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ceux qui seront laissés à la rue. Selon les cas ils pour-

comme MIE: Mineurs Isolés Etrangers. Ils seraient

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ront ensuite être dirigés, si une place se libère pour

plus de 6000 en France. Migrants forcés, jeunes

à l’abri de nuit est destiné à certains des mineurs

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sonnelle difficile, migrants économiques cherchant simplement du travail et une vie meilleure, tous

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portent une histoire particulière. Et tous devraient

le ticket d’entrée pour passer la nuit au chaud et à

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pouvoir bénéficier des garanties prévues par la

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50 ou 60 jeunes alignées. Tout proche, se trouvent

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lon les âges, les histoires de vie, les nationalités, les

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rée par France Terre d’Asile, association mandatée

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sonnels de chacun d’eux peuvent être très différent.

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seront pris en charge et ceux qui seront laissés à la

vues par la Convention Internationale des Droits de

Pour certains, les débuts à Paris se font gare du

rue. Selon les cas ils pourront ensuite être dirigés,

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Nord ou gare de l’Est puis Place du Colonel Fabien,

si une place se libère pour eux, vers des foyers de

ou un espace de mise à l’abri de nuit est destiné à

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cueil de jour. Ils viennent du Moyen-Orient, d’Asie

se mettent en ligne, espérant obtenir de la part de

Centrale, d’Afrique, de l’Inde… Ils ont moins de

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18 ans et ils sont seuls. Ils sont désignés adminis-

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trativement comme MIE: Mineurs Isolés Etrangers.

pour parfois plus de 50 ou 60 jeunes alignées. Tout proche, se trouvent les bureaux de la PAOMIE (Per-

Ils seraient plus de 6000 en France. Migrants forcés,

manence d’Accueil et d’Orientation des Mineurs

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ou personnelle difficile, migrants économiques cher-

association mandatée par le Conseil de Paris pour

chant simplement du travail et une vie meilleure,

déterminer ceux qui seront pris en charge et ceux

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qui seront laissés à la rue. Selon les cas ils pourront

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ensuite être dirigés, si une place se libère pour eux,

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Orient, d’Asie Centrale, d’Afrique, de l’Inde… Ils ont

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moins de 18 ans et ils sont seuls. Ils sont désignés ad-

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débuts à Paris se font gare du Nord ou gare de l’Est puis Place du Colonel Fabien, ou un espace de mise à l’abri de nuit est destiné à certains des mineurs non pris en charge. Les jeunes se mettent en ligne.

moins de 18 ans et ils sont seuls. Ils sont désignés ad-

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gers. Ils seraient plus de 6000 en France. Migrants

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jour. Ils viennent du Moyen-Orient, d’Asie Centrale, d’Afrique, de l’Inde… Ils ont moins de 18 ans et ils sont seuls. Ils sont désignés administrativement

se mettent en ligne, espérant obtenir de la part de

France Terre d’Asile le ticket d’entrée pour passer plus de 6000 en France. Migrants forcés, jeunes en danger du fait d’une situation politique ou personnelle difficile, migrants économiques cherchant simplement du travail et une vie meilleure, tous portent une histoire particulière. Et tous devraient pouvoir bénéficier des garanties prévues par la Convention Internationale des Droits de l’Enfant: logement, nourriture, éducation…Pour certains, les débuts à Paris se font gare du Nord ou gare de l’Est puis Place du Colonel Fabien, ou un espace de mise à l’abri de nuit est destiné à certains des mineurs non pris en charge. Les jeunes se mettent en ligne, espérant obtenir de la part de France Terre d’Asile le ticket d’entrée pour passer la nuit au chaud et à l’abri. Il n’y a que 25 places, pour parfois plus de 50 ou 60 jeunes alignées. Tout proche, se trouvent les bureaux de la PAOMIE (Permanence d’Accueil et d’Orientation des Mineurs Isolés Etrangers), gérée par France Terre d’Asile, association mandatée par le Conseil de Paris

pour parfois plus de 50 ou 60 jeunes alignées. Tout

proche, se trouvent les bureaux de la PAOMIE (Per-

manence d’Accueil et d’Orientation des Mineurs

Isolés Etrangers), gérée par France Terre d’Asile,

association mandatée par le Conseil de Paris pour

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ensuite être dirigés, si une place se libère pour eux,

vers des foyers de mise à l’abri, des chambres d’hôtel,

des foyers d’accueil de jour. Ils viennent du Moyen-

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moins de 18 ans et ils sont seuls. Ils sont désignés ad-

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cherchant simplement du travail et une vie meilleure,

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tous devraient pouvoir bénéficier des garanties pré-

par France Terre d’Asile, association mandatée par

personnalités… les parcours administratifs et per-

ou un espace de mise à l’abri de nuit est destiné à

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d’Orientation des Mineurs Isolés Etrangers), gérée

lon les âges, les histoires de vie, les nationalités, les

Nord ou gare de l’Est puis Place du Colonel Fabien,

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les bureaux de la PAOMIE (Permanence d’Accueil et

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Pour cer-

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50 ou 60 jeunes alignées. Tout proche, se trouvent

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vraient pouvoir bénéficier des garanties prévues par

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Espérant obtenir de la part de France Terre d’Asile

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vraient pouvoir bénéficier des garanties prévues par

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la Convention Internationale des Droits de l’Enfant:

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à l’abri de nuit est destiné à certains des mineurs non

cherchant simplement du travail et une vie meilleure,

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Petit précis de psychologie de chiottes. Parce qu’on ne devrait s’emm..avec nos besoins naturels

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Petit précis de psychologie de chiottes. Parce qu’on ne devrait s’emm..avec nos besoins naturels

Fais moi mâle

Petit précis de psychologie de chiottes. Parce qu’on ne devrait

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_Un article de Maude Paterson / Crédits photos Samuel Son, Camille JP.

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Place du Colonel Fabien, ou un espace de mise

Ils ont moins de 18 ans et ils sont seuls. Ils sont dé-

vie meilleure, tous portent une histoire particulière. Et tous devraient pouvoir bénéficier des garanties

à l’abri de nuit est destiné à certains des mineurs

prévues par la Convention Internationale des Droits

non pris en charge. Les jeunes se mettent en ligne.

de l’Enfant: logement, nourriture, éducation…

ls viennent du Moyen-Orient, d’Asie Centrale,

Pour certains, les débuts à Paris se font gare du.

d’Afrique, de l’Inde… Ils ont moins de 18 ans et ils sont seuls. Ils sont désignés administrativement

ls viennent du Moyen-Orient, d’Asie Centrale,

comme MIE: Mineurs Isolés Etrangers. Ils seraient

d’Afrique, de l’Inde… Ils ont moins de 18 ans et ils sont

plus de 6000 en France. Migrants forcés, jeunes en

seuls. Ils sont désignés administrativement comme

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d’Asile le ticket d’entrée pour passer la nuit au chaud et à l’abri. Il n’y a que 25 places, pour parfois plus de

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50 ou 60 jeunes alignées. Tout proche, se trouvent les bureaux de la PAOMIE (Permanence

Pour certains,

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d’Accueil et d’Orientation des Mineurs Isolés Etrangers), gérée par France

Terre d’Asile, association mandatée

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par le Conseil de Paris pour déterminer ceux qui seront pris en charge et

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ceux qui seront laissés à la rue. Selon

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E s p é r a n t o b t e n i r d e l a pa r t d e F r a n c e T e r r e

d ’A s i l e l e t i c k e t d ’ e n t r é e p o u r pa s s e r l a n u i t a u c h au d e t à l’a b r i . I l n ’ y a q u e 2 5 _Un article de Maude Paterson / Crédits photos Samuel Son, Camille JP.

s viennent du Moyen-Orient, d’Asie

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