Pigiste.Le mag’ des pigistes n° 12 • janvier-février 2006
« OK, mais tu feras tes entretiens par téléphone parce qu’on n’a pas l’argent pour te payer les déplacements. »
À lire dans Jargonnerie Page 4
Portrait de pigiste
Domitille Arrivet, pigiste économie au Point. Portrait d’une fonceuse. Page 8
3 questions à un rédac chef
Sven Ortoli, d’Eurêka. Page 10
• Les pigistes dans l’actu | Page 4 • Mon bureau et moi | Page 5 • RSF : le bilan 2005 | Page 5 • Carnet de bord | Page 7 • Profession : Pigiste change de coordonnées | Page 9 • Appel des Incorrigibles | Page 10
Page 6 | « Le pigiste, figure incontournable
du journalisme d’aujourd’hui »
Entretien avec Denis Ruellan, professeur des universités, directeur du département Information-Communication de l'IUT de Lannion, chercheur au Centre de recherches sur l'action politique en Europe, auteur de nombreux ouvrages sur le journalisme.
Page 7 | Journalisme(s) : que peut connaître un journaliste s’il reste en permanence journaliste ?
L’immersion est le dernier stade du reportage, la limite au-delà de laquelle on a déjà rompu avec la règle de l’observation extérieure et pondérée. De George Orwell à Anne de Loisy, en passant par Marc Boulet, voyage au cœur d'une pratique du métier de journaliste…
Page 9 | Pigiste, force de proposition
Pour la deuxième année, Profession : Pigiste et l’ESJ-Médias organisent une série de formations réservées aux journalistes pigistes.
Numéro spécial sans pages adhérents : pour (bien) commencer l’année, l’intégralité de Pigiste est accessible à tous !
Page 11 | Juris'piges : Assedic mon amour !
Petit concentré, très concentré, d’une histoire d’amour avec l’Assedic. Trois mois de passion torride…
Page 12 | Les brèves de la presse
• De nouvelles collaborations ? (Full Fiction, myTech Magazine, Scrapbook Inspirations, Modify, Vivre…) • Des rédactions et des hommes… (Valance, Clément, Goursolas, Louette…) • À travers les médias (Gala est là, Glénat fuit la presse…)
-2-
Pigiste n° 12 - janvier-février 2006
La sentence du cinéaste
Sur France Culture, l’autre soir, le cinéaste Claude Lanzmann expliquait que la presse était la seule à pouvoir diffuser des âneries « presque impunément ». Notre métier, le journalisme, est amplement critiqué, remis en cause par la société. On critique nos méthodes de travail, notre efficience, notre capacité à appréhender et expliciter la marche du monde, nos liaisons dangereuses avec le grand capital honni par une large frange de la gauche antimondialiste. Ce sont des procès d’intention, certes, mais ils sont réels et traduisent la défiance que la société nourrit à notre encontre : défiance née de déviances passées, actuelles et futures, qui voient les journaux, les radios, les télévisions s’affranchir de règles simples que l’histoire nous a léguées afin d’assurer au mieux leur efficacité économique. Il est frappant ainsi de voir combien la presse écrite, dont certains des titres les plus prestigieux sont frappés par une crise sans précédent, ne procède qu’à des adaptations formelles destinées, nous explique-t-on, à aller pêcher de nouveaux lecteurs, plus jeunes. Les grandes réformes passent dans les journaux sans que jamais ou presque la question du fond soit abordée, les grandes réformes répondent « nouvelle maquette » alors qu’il est question de « sens »… Les débats sur l’essence du journalisme, ses fonctions, se déroulent à la marge, naissent de l’initiative de chercheurs en sciences sociales… Les journalistes pigistes ont tout intérêt à méditer la sentence du cinéaste, mais aussi à réfléchir aux évolutions de leur métier puisqu’ils les incarnent eux-mêmes, souvent douloureusement. Le journalisme mérite une réinvention urgente pour perdurer, pour conserver le rôle qui fut le sien. Nous devons, nous, journalistes pigistes, être les moteurs de cette réinvention.
-
Pigiste.
Yann Kerveno
Sommaire 4 5
6 7
8 9 10 11 12
Rédaction : http://www.pigiste.org
REVUE DE PRESSE • On parle des pigistes… JARGONNERIE • C comme « court », T comme « téléphone » MON BUREAU ET MOI • J’assume mon désordre ! RSF • Bilan 2005 en quelques chiffres FOCUS • Interview de Denis Ruellan, chercheur en communication CARNET DE BORD • Humeurs d’un pigiste au jour le jour JOURNALISME(S) • Les immergés PORTRAIT DE PIGISTE • Domitille Arrivet PROFESSION : PIGISTE CHANGE DE COORDONNÉES • Tout ce qu’il faut savoir pour continuer de visiter le site et s’inscrire à la mailing list PIGISTE, FORCE DE PROPOSITION • Deuxième session de formations organisées par Profession : Pigiste et l’ESJ-Médias 3 QUESTIONS À UN RÉDAC CHEF • Sven Ortoli, d’Eurêka URGENT • Incorrigibles recherchent colocataires… JURIS’PIGES • Assedic, mon amour ! EN BREF • De nouvelles collaborations ? • Des rédactions et des hommes… • À travers les médias
Président de Profession : Pigiste, directeur de publication : Yann KERVENO (06 08 49 89 54 - yann.kerveno@free.fr) Rédacteur en chef : Christophe BELLEUVRE (06 72 70 19 01 - cbelleuvre@wanadoo.fr) Rédaction : Catherine BÉAL - Jean CHABOD-SÉRIEIS - Éric DELON - France GARCIA-FICHEUX - Bénédicte RALLU - Brigitte TIXIER - Cyril TRÉPIER - Xavier TOUTAIN - Dominique ZNAMIROWSKI Maquette : Dominique ZNAMIROWSKI Communication – Relations presse : Marie-Jeanne MARTI Éditeur : Profession : Pigiste (loi 1901), l’association des journalistes pigistes de la presse écrite, 66, rue Labrouste, 75015 Paris. E-mail : info@pigiste.org • Web : http://www.pigiste.org
-3-
Toute reproduction intégrale ou partielle sans le consentement de l’auteur est strictement interdite - Article L 122-4 du code de la propriété intellectuelle.
Pigiste n° 12 - janvier-février 2006
Les pigistes dans l’actualité
Jargonnerie
Le débat parlementaire en cours sur les droits d’auteurs (DADVSI) déchaîne les représentants des éditeurs et ceux « des salariés et pigistes » (Liberation.fr du 20 décembre). Le SNJ-CGT s’insurge contre « une cession automatique des droits d’auteurs des journalistes sur leurs articles ». Une coordination de créateurs salariés, avec en écho la grogne de l’AnjrpcFreeLens, voit dans ce projet de loi un moyen pour les « éditeurs d’exploiter gratuitement le travail des auteurs ». Pour le Syndicat de la presse magazine et d’information (SPMI), ces actions se font « à tort ». Débauchage de pigistes à TV5 ! C’est ce qui se serait passé avec les collaborateurs de la chaîne francophone, selon L’Express du 3 novembre. Cette situation aurait « alarmé » la rédaction. La faute à quel employeur vertueux ? À France Télévisions, qui recrutait pour « la Chaîne d’information internationale (CII) ». La création de BFM TV en octobre en est peut-être aussi la conséquence indirecte. France Télévisions a vu partir certains de ses journalistes vers cette petite nouvelle, dont « la rédaction compte 60 cartes de presse, qui viennent en majorité de LCI, i-Télé, Bloomberg TV et de France Télévisions. Quelques recrues émanent des deux radios du groupe, BFM et RMC Info, beaucoup d'autres étaient des pigistes » (Les Échos du 23 novembre). Audiovisuel toujours… avec Arte radio. Un budget de « 110 000 euros » est consacré aux pigistes qui gagnent 130 euros par jour travaillé (L’Humanité du 7 octobre). « Arte radio fait la part belle aux amateurs : la majeure partie des pigistes proposant des sujets au site Web n’ont […] aucune expérience en radio. Mais on les forme à la technique et on leur donne le temps qu’il faut pour réaliser leur sujet. » Et pour l’instant, ça marche bien, avec « plusieurs milliers de visiteurs chaque mois », venus sur le site grâce au bouche à oreille.
C comme « court ». Eh oui, tout arrive : votre papier s’est enfin vendu, après un âpre mais courageux échange téléphonique. Hélas, en revenant de la cuisine, et alors que vous vous serviez négligemment une vodka mandarine pour fêter l’événement, les derniers mots du rédac chef vous reviennent en tête : « OK mais tu feras court, mettons 2 000 signes, parce qu’aujourd’hui le lecteur n’a plus le temps de lire. » La vodka mandarine perd alors subitement de sa saveur. Parce que 2 000 signes pour un papier sur la pollution des eaux en France, ça risque de faire un peu léger. Dans cette situation, la parade est plutôt difficile pour le pigiste, la légende du lecteur malcomprenant incapable de s’accrocher à un article qui dépasse dix lignes étant particulièrement tenace. Pourtant, il vous faut lutter et, pourquoi pas dans un numéro ultérieur si la place manque dans le numéro prévu, proposer un minidossier sur le thème de la pollution des eaux. L’article de 2 000 signes y aura bien sûr sa place… parmi d’autres petits papiers qui viendront l’éclairer. Ça vaut le coup d’essayer.
On parle de nous dans la presse. Pas de notre magazine, mais de nos confrères. Revue d’actualité concernant les pigistes.
Bénédicte Rallu
-4-
Les rédacteurs en chef parlent aux pigistes : passage en revue de ces truculentes expressions qui vous gâchent la vie. Absurdités, questions pièges, tout est permis pour que vous ne rappeliez pas. Mais vous rappellerez.
T comme « téléphone ». Incroyable comme Noël porte bien son nom : vous venez à nouveau de vendre un article. Bien décidé à finir cette vodka mandarine abandonnée sur un coin du bureau, vous vous emparez du verre avant de vous souvenir, une fois de plus, de la phrase de conclusion du rédac chef : « OK mais tu feras tes entretiens par téléphone parce qu’on n’a pas l’argent pour te payer les déplacements » Cette fois, la vodka finit dans l’évier. Le téléphone, ça passe très bien quand il s’agit de faire une brève. Mais pour un papier fleuve sur les collectionneurs de vinyles de Mike Brant, le pittoresque et la gouaille de vos interlocuteurs risquent d’y perdre un peu au passage. Rassurez-vous : on ne vous demande pas encore de réaliser les entretiens par e-mail. Jean Chabod-Serieis
Pigiste n° 12 - janvier-février 2006
MON BUREAU ET MOI
J’assume mon désordre !
Mon bureau et moi… hum ! Franchement, j’étais à deux doigts de vous offrir une belle photo d’un bureau bien rangé mais la rubrique ne s’intitule pas « un bureau et moi », et j’aurais été hors sujet.
Xavier Toutain
En 2005, toujours plus de violence : 63 journalistes tués, plus de 1 300 agressés ou menacés. • 63 journalistes tués • 5 collaborateurs des médias tués • au moins 807 interpellés • au moins 1 308 agressés ou menacés • au moins 1 006 médias censurés À titre de comparaison, en 2004 : • 53 journalistes tués • 15 collaborateurs des médias tués • au moins 907 interpellés • au moins 1 146 agressés ou menacés • au moins 622 médias censurés
Au 1er janvier 2006 : 126 journalistes et 70 cyberdissidents emprisonnés dans le monde.
-5-
© Xavier Toutain
J
’ai décidé d’assumer mon désordre mais je ne le revendique pas. En fait, je me suis un peu forcé pour alimenter cette sympathique rubrique. Pas vraiment un modèle d’organisation, mon bureau ! Vivre dans le désordre est une habitude enracinée. Ranger est une épreuve semestrielle douloureuse. Je range vite et mal. Résultat : j’ai du mal à retrouver ce que je cherche. Alors qu’avec mon cher désordre, j’ai la mémoire des tas. Sous des piles de papier posées en vrac sur mon canapé à portée de main de ma table de travail, j’ai de meilleures chances de retrouver le document convoité. Chercher dans une boîte mal étiquetée sur une étagère ou dans un tiroir, je fais trop souvent chou blanc. Quant à ma table à tout faire, c’est un joyeux foutoir où cendrier, machines diverses, souris et même une peluche fétiche, planquée derrière l’écran, chevauchent des documents barbouillés de tabac et de poussière. Pourtant ma situation s’est améliorée avec l’informatique. Moins de papier, un peu moins de désordre. Plus facile de ranger courrier, textes et photos dans des dossiers virtuels. Et aussi plus aisé de rechercher des documents égarés dans l’ordinateur. À choisir, j’aurais préféré être quelqu’un de mieux organisé. Mais finalement, ce désordre est peut-être un peu le reflet de ma vie intérieure, non ?
Pigiste n° 12 - janvier-février 2006
FOCUS
« Le pigiste, figure incontournable du journalisme d’aujourd’hui » Le « pigisme » est-il devenu le moyen incontournable d’« entrer en journalisme » ? De plus en plus. Selon les statistiques de la Commission de la carte, en 1990, 27 % des primodemandeurs de la carte de presse possédaient le « statut » de pigistes. Ils étaient 32 % en 1998 et 42 % en 2005, avec un âge médian de 28 ans (ndlr, 50 % au-dessus, 50 % en dessous), sachant que la plupart des demandeurs ont, en général, déjà « expérimenté » quelques années de précarité. On peut donc évoquer, sans forcer le trait, une précarité structurelle. Comment analysez-vous ce phénomène ? Il existe deux approches. La première, et la plus communément admise, met en lumière un secteur économiquement en crise, en pleine dérégulation, qui se restructure en faisant largement appel à l’externalisation et à l’optimisation des effectifs. Dans ces conditions, le pigiste représente la variable d’ajustement idéale. On peut aussi voir les choses différemment en admettant que cette précarité – qu’incarne le pigiste – n’est que provisoire et qu’elle cache un nouveau dynamisme du secteur que représente l’explosion des gratuits et de l’offre journalistique sur Internet, notamment. La précarité, comme prix à payer pour une nouvelle donne.
Concrètement, enseignez-vous à vos étudiants d’IUT « l’art de la pige » ? Bien sûr. Nous leur apprenons surtout très tôt à construire leur avenir en leur expliquant que le secteur du journalisme est, par essence, très divers. Nous les préparons plus particulièrement à exercer leurs talents dans les médias de proximité, à l’image de la presse régionale qui possède certes moins de moyens mais permet une plus grande stabilité en termes d’emploi et d’équilibre professionnel. En revanche, nous ne leur faisons pas miroiter l’intégration de rédactions spécialisées ou nationales, qui nécessitent un fort capital financier et relationnel.
La pige rime-t-elle fatalement avec précarité ? On rencontre certes de nombreux pigistes qui réussissent très bien à s’épanouir dans leur métier de journaliste et, à ce titre, on peut dire
que le « pigisme » se professionnalise avec l’apparition de formations spécifiques sur la pige dans les écoles, mais c’est bien souvent l’arbre qui cache la forêt de la précarité. L’exercice de la pige nécessite des ressorts psychologiques très forts, que tout un chacun ne possède pas. Pour les femmes, très représentées parmi les pigistes, la pige peut être un moyen de concilier, à un moment donné de leur existence, exigences familiales et activité professionnelle. Malgré la précarité que vous décrivez, les écoles de journalisme parviennent-elles encore à attirer les talents ? Absolument. Elles ne constatent pas de pertes de vocation malgré la précarité structurelle qui s’est installée depuis quinze ans. On comptabilisait 36 000 journalistes en 2004 contre 32 000 en 2000, 26 000 en 1990, 16 000 en 1980, 13 000 en 1973, 10 000 en 1965 et 6 600 en 1953. Près de six fois plus nombreux qu’il y a cinquante ans, les journalistes d'aujourd'hui sont certes à la fois les mêmes qu'hier et très différents.
Propos recueillis par Éric Delon Principaux ouvrages
• Devenir journalistes. Sociologie de l'entrée sur le marché du travail, La Documentation française, 2001 (avec D. Marchetti), 165 p. • Journal local et réseaux informatiques. Travail coopératif, décentralisation, identité des journalistes, L’Harmattan, 1998 (avec D. Thierry), 208 p. • Les « pro » du journalisme. De l'état au statut, la construction d'un espace professionnel, Presses universitaires de Rennes, 1997, 172 p. • Les journalistes. Stars, scribes et scribouillards, Syros, 1994 (avec J.-F. Lacan et M. Palmer), 278 p. • Le professionnalisme du flou. Identité et savoirfaire des journalistes français, Presses universitaires de Grenoble, 1993, 240 p. • Reporters, Syros, 1992 (photos P. Pugin), 84 p. • Le Brésil, Karthala, 1988 (avec A. Ruellan), 210 p.
-6-
© D. R.
Professeur des universités, directeur du département InformationCommunication de l'IUT de Lannion, chercheur au Centre de recherches sur l'action politique en Europe, auteur de nombreux ouvrages sur le journalisme, à 45 ans, Denis Ruellan analyse le phénomène de la pige…
Pigiste n° 12 - janvier-février 2006
Carnet de bord
M
ontreuil, 9 heures, Imprimeries X***. Assis sur une banquette Ikea miteuse, je feuillette les bleus de la revue pour laquelle je viens de bosser. C’est la première version, non reliée et en couleurs approximatives, qu’a remis l’imprimeur à mon chef pour lui demander de valider et de lancer l’impression des 7 000 exemplaires. Incroyable : j’ai été invité à relire les bleus. Je tourne donc religieusement les pages de ce prototype et remarque à peine une coquille et des sauts de ligne sans conséquence. Erreurs banales pour un canard de 200 pages. Pour ce numéro, j’avais livré un dossier entier clés en main, avec photos, crédits et indications sur l’agencement, taillé sur mesure, ourlet inclus, échantillons gratuits. Là, donc, dans ce local isolé du bruit des machines par quatre baies triple vitrage, dans le quasisilence des pages qui défilent, j’en arrive au dit dossier. Surprise. Les titres ont tous été inversés avec les surtitres. Les chapôs ont été systématiquement collés au premier paragraphe du texte. Les photos, dont les légendes avaient sauté, étaient dans le désordre. Certaines avaient disparu. Trop tard : à ce stade-là, impossible de revenir en arrière. Ce serait publié comme ça. Point barre. Étonné, je demande au patron ce qui s’est passé. Il répond à côté, invoquant un maquettiste capricieux, des problèmes d’e-mail, une météo peu clémente et une digestion difficile. Le pigiste est une petite usine : s’il veut être sûr que son produit est convenablement assemblé, il devrait pouvoir surveiller toute la chaîne de montage et en connaître l’état à chaque instant, jusqu’à la livraison finale. Je ne parle pas du texte lui-même mais de ce qu’il y a autour (photos, légendes, encadrés), et auquel le pigiste a souvent apporté un grand soin. Jean Chabod-Serieis
Les Immergés
LE(S) JOURNALISME(S)
À la question « qui suis-je ? », le journaliste n’a pas toujours donné la même réponse. L’Histoire lui a permis d’endosser mille rôles différents, comme autant de genres journalistiques avec leurs codes et leurs héros. Chaque mois, retour sur l’un d’eux.
Le chercheur en a fait un principe de base : ne pas interférer avec les phénomènes qu’il étudie. Que pourrait-il connaître si toutes ses observations étaient polluées et ses résultats biaisés par sa propre présence ? De même, que peut connaître un journaliste s’il reste en permanence journaliste ? Que comprendra-t-il vraiment des clochards si, dès qu’il les approche, ceux-ci s’emmurent dans le silence que provoque sa simple présence ? L’immersion est le dernier stade du reportage, la limite au-delà de laquelle on a déjà rompu avec la règle de l’observation extérieure et pondérée. George Orwell fournit en 1933 un des plus beaux exemples d’immersion avec Dans la dèche à Paris et à Londres (10/18). Orwell n’est pas tout à fait journaliste, mais son bouquin n’est rien d’autre qu’un reportage. Pendant presque un an, il se retrouve involontairement sur le carreau. Il fait la plonge 17 heures par jour dans d’infâmes restos parisiens avant de s’embarquer pour Londres où il se retrouve avec des centaines d’autres mendiants à faire le tour des hospices et à se castagner pour quelques pennies. Nos journaux contemporains titreraient sûrement son aventure « J’ai testé pour vous : clochard ». Le journaliste Marc Boulet a quant à lui franchi le pas de son plein gré. Dans la peau d’un intouchable (Seuil) raconte comment il a appris l’hindi, s’est fait foncer la peau et s'est inventé l'identité d'un intouchable sous le nom de Ràm Mundà. Pendant plusieurs mois, il a vécu dans la misere et la crasse avec les pauvres de Bénarès. Aurait-il pu comprendre cette réalité s’il lui était resté extérieur ? Habitué du déguisement, il s’était déjà fait passer pour un Chinois en 1986. Plus récemment, Anne de Loisy a voulu connaître la réalité de la zone d’attente des voyageurs étrangers à l’aéroport de Roissy. Cette zone n’étant pas libre pour les journalistes, elle s’est fait embaucher pendant six mois comme médiatrice de la Croix-Rouge. Elle raconte l’absurdité de ce qu’elle a vu dans Bienvenue en France ! (Le Cherche Midi). La violence, le racisme, l’incompréhension et le manque de moyens donnés aux médiateurs lui ont sauté aux yeux. Bien sûr, quelques journalistes avaient avant elle pu réaliser des reportages dans cette zone. Mais à des heures précises et en n’accédant jamais aux personnes menacées d’expulsion. L’immersion n’est pas une école. Il n’y a pas de règle ni de grands maîtres : elle s’impose d’elle-même au journaliste frustré de ne pas en savoir plus. C’est une sorte de caméra cachée dans laquelle l’objectif serait son propre corps.
-7-
J. C.-S.
Pigiste n° 12 - janvier-février 2006
Portrait de pigiste
« Le papier, j’ai toujours adoré ça », sourit Domitille, 39 ans, pigiste au service économie du Point depuis deux ans. C’est cette passion qui l’a conduite vers le journalisme et la pige, après dix ans dans la publicité. « En seconde, la prof d’économie nous avait donné un exercice sur la pub. J’avais trouvé ça très intéressant et je me suis dit : je vais travailler là-dedans. J’ai fait une classe prépa puis l’ISG (Institut supérieur de gestion) à Paris. » À la fin de l’ISG, Domitille souhaite toujours travailler dans la publicité ou le marketing, mais elle a « aussi envie de poursuivre des études et d’entrer à Sciences-Po ». Hélas, l’ISG n’est pas reconnue par l’Éducation nationale à l’époque. Impossible donc d’obtenir la moindre équivalence. « J’ai laissé tomber et commencé à travailler dans la pub », explique-t-elle. Mais elle n’abandonne pas la presse pour autant : « Pendant dix ans, mon boulot a consisté à vendre des espaces publicitaires dans la presse. » Elle intègre d’abord la régie publicitaire de Paris Match International. « Je travaillais à mi-chemin entre la presse et la pub, puisque tout en vendant des espaces publicitaires, nous faisions des publireportages à l’étranger. » Domitille voyage beaucoup, passe dans le Groupe Marie-Claire, travaille un temps en agence de pub, mais l’envie d’être « la journaliste de l’équipe » est de plus en plus forte : « À un moment, j’ai compris que la pub n’était vraiment pas ce que je voulais faire. » On est en 1999. Domitille travaille alors à la régie publicitaire du Figaro. Elle passe les concours de Sciences-Po Paris et du CFPJ. « À ma grande surprise, j’ai réussi les deux ». Elle demande un report à Sciences-Po et commence par suivre les cours du CFPJ, option presse écrite. Elle travaille en même temps dans le groupe Hachette. « J’avais une demi-journée de cours par semaine. C’était le passage aux 35 heures, j’avais donc quatre heures de libre par semaine. Coup de bol ! », commente-t-elle aujourd’hui. Une formation intégralement pratique : « Le CFPJ m’a appris à ne pas avoir peur de la page blanche,
© D. R.
Après dix ans dans la publicité, Domitille Arrivet a poussé les portes du CFPJ et de Sciences-Po pour réaliser son rêve : devenir journaliste. Pigiste économie au Point depuis trois ans, cette jeune mère de famille ne regrette rien. Portrait d’une fonceuse.
à me lancer, à écrire vite. » Elle demande un congé individuel de formation à son entreprise et entre à Sciences-Po. « Cours passionnants, profs très engagés dans leur travail, étudiants hyper brillants… j’ai adoré ! » Au cours de sa première année à Sciences-Po, Domitille effectue un stage de trois mois au service économie du Point. « Le dernier jour, mon chef, Patrick Bonazza [rédacteur en chef Économie], m’a dit : “ben voilà, t’es pigiste !” » Elle continue donc à rédiger des papiers dans le temps que lui laisse Sciences-Po, « pas très souvent, mais assez pour ne pas me faire oublier ». Ne pas se faire oublier, une règle qu’elle n’a cessé de suivre depuis. « J’ai fait mon trou au Point parce que j’étais très présente. C’est parce que je suis là qu’on pense à moi et que je peux proposer plein de sujets. C’est très rare qu’on me téléphone pour m’en confier un ! ». Après Sciences-Po, Domitille travaille quasiment à plein temps au Point. Deux sujets lui valent d’être remarquée : « Buffalo Grill, d’abord, fin 2002. Beaucoup de monde dans la rédaction était en vacances. J’étais à peu près la seule à me mobiliser sur le sujet. J’ai commencé par une brève, puis une page, deux, et puis quatre pages. Le soir du réveillon de Noël, à 19 h 00, j’étais encore au Point à faire des interviews téléphoniques ! », se souvient-elle. L’autre article porte sur le succès soudain de la Vache qui rit outre-Atlantique. Son expérience professionnelle, Domitille la met à profit comme pigiste. « Je suis sensible à tout ce qui est consommation, tendances, marketing, emballage. C’est d’ailleurs dans ces domaines que mon chef, sans le dire, m’a un peu spécialisée », indique-t-elle. À l’occasion, elle écrit dans la rubrique Sciences-Environnement. « Mais c’est un domaine dans lequel je ne me sens pas du tout à l’aise. Un pigiste doit sans arrêt proposer des choses, donc garder en permanence les yeux et les oreilles grands ouverts. Difficile de le faire
-8-
Pigiste n° 12 - janvier-février 2006
sur plusieurs secteurs à la fois. Pour moi, c’est trop. » Financièrement, comme pigiste, Domitille gagne « environ quatre fois moins que dans la pub ». « J’ai un mari qui travaille et gagne correctement sa vie. Sans lui, je n’aurais jamais pu faire ce parcours », reconnaît-elle. Pourtant, sa vie précédente ne lui inspire « aucun regret ». C’est que le stress aussi a baissé. « Quand je travaillais dans la pub, il y avait une nuit sur deux où je ne dormais quasiment pas, tellement j’étais stressée. Maintenant, ça ne m’arrive presque jamais. » Aujourd’hui, elle dort mieux et dit avoir « toujours envie de se lever ». Autre différence entre ses deux métiers : « Comme journaliste, et surtout comme pigiste, on est assez désengagé. Si tout ce que l’on te raconte est nul ou inintéressant, tu as toujours la liberté de ne pas l’utiliser. » Heureuse mère de deux enfants, Lucien, 3 ans et demi, et Émile, 15 mois, Domitille avoue « courir un peu ». « Mais le fait d’être pigiste permet de concilier vie professionnelle familiale. Pas d’horaires de bureau, pas de dates de vacances à poser. Bien sûr, les journées sont courtes : 9 h 00-16 h 00, si je veux être à l’heure pour aller chercher mon fils à l’école. Et faute de contrat, quand je pars en vacances, j’ai toujours peur de ne plus travailler au retour. » Vaine angoisse jusqu’ici, Domitille restant « l’une des pigistes les plus régulières dans le service ». Elle vient d’entamer une collaboration au mensuel Management. « C’est un plus, indique-t-elle. Ma passion, c’est toujours Le Point, mais c’est la vie de tous les pigistes d’aller chercher d’autres supports. » L’occasion de découvrir une spécificité des titres de Prisma Presse : les briefs de lancement. « Sur cette feuille, on te dit que tu dois écrire tant de signes, avec un encadré et trois chiffres qui veulent dire ceci, après tu dois interviewer deux personnes de telle entreprise, deux autres de telle autre, et éventuellement une autre si tu as une autre idée, et à la fin, tu dois dire ceci, ceci, et cela, et c’est à rendre pour telle date », indique-t-elle. En janvier 2006, Domitille suivra une autre formation du CFPJ, cette fois en radio. Un média dont elle se sent proche. « J’espère apprendre à ne pas avoir peur du matériel, des micros, à dire les bons mots, sur le bon ton, dans le temps imparti. » Son idée ? « Travailler sur le même domaine dans deux médias différents et non concurrents. » Son vœu le plus cher ? « Être embauchée au Point. Si on me le proposait, je mettrais une croix sur ce qui me plaît dans la vie de pigiste et je foncerais. » Question d’habitude. Cyril Trépier
© D. R.
PORTRAIT DE PIGISTE
Profession : Pigiste a changé de coordonnées
Pour visiter le site : http://www.pigiste.org Pour leur écrire : info@pigiste.org Pour s’inscrire à la mailing list, une seule marche à suivre : se rendre sur le site et compléter le formulaire… d’inscription ! Pigiste, force de proposition
Pour la deuxième année, Profession : Pigiste et l’ESJ-Médias organisent une série de formations réservées aux journalistes pigistes. Largement décentralisées, elles se tiendront les 10, 11 et 12 mai à Bordeaux et Montpellier ; les 12, 13 et 14 juin à Lille et Paris ; les 2, 3 et 4 octobre à Rennes ou Nantes et Marseille. Chaque journée s’articulera autour d'un thème majeur : l’imagination au pouvoir, les outils de la pige, se remettre sans cesse en question, et sera rythmée par des exercices concrets d’écriture de synopsis, de réflexion sur les angles des sujets, de simulations d’entretiens avec un faux rédacteur en chef. Un large temps est conservé chaque jour pour répondre aux questions nées de la formation et pour étudier les cas particulier de chacun des participants. Ces formations, d'un montant de 450 euros, peuvent être prises en charge par Médiafor, à condition d'en faire la demande. Vous trouverez sur le tout nouveau site de Profession : Pigiste de plus amples détails sur le contenu des sessions, les démarches à effectuer pour obtenir un financement…
-9-
Pigiste n° 12 - janvier-février 2006
Sven Ortoli assure depuis novembre dernier la rédaction en chef d’Eurêka, le dernier né de Bayard presse. Vous aimez sortir des sentiers battus ? Proposez, vous serez les bienvenus. Ici, les idées qui surprennent sont reines. Dans leur édition du 9 novembre, Les Échos décrivent Eurêka comme un magazine « de connaissances et de découvertes à l’attention des 15-25 ans ». Qu’en pensez-vous ? On peut voir ça comme ça. Eurêka se veut un mensuel généraliste. Nous invitons nos lecteurs à entrer dans l’« infosphère ». Le constat est flagrant : nous sommes de plus en plus submergés, notamment à travers le développement des nouvelles technologies, par des flux incessants et volumineux d’informations. Pas facile, pour le citoyen lambda, de trier, de digérer tout ça, de garder du recul, de n’en conserver que l’essentiel… C’est bien ce pari que nous lançons, en choisissant, en hiérarchisant, et en décryptant la complexité de ce qui nous entoure. Les sujets qui nous intéressent couvrent aussi bien l’histoire que la culture, l’économie, les jeux vidéo, les high-tech, les sciences, les phénomènes de société… Quant à notre lectorat, nous nous adressons plutôt à un public jeune, c’est vrai, mais les jeunes adultes pourraient bien y trouver également leur compte.
Comment se passent vos collaborations avec les pigistes ? La rédaction repose sur les contributions d’une bonne dizaine de pigistes et d’une équipe de quatre rédacteurs, ici, en interne. Avant d’engager une première collaboration, je rencontre le journaliste. L’entretien peut déboucher sur la commande d’un premier papier test. Je décide ensuite de poursuivre ou pas. Je recherche avant tout des personnes qui savent réfléchir et qui savent écrire. L’air de rien, il y en a très peu ! Le pigiste débutant a tout intérêt à ins12 numéros par an. Objectif de diffusion : 75 000 ex. Tarif pige : 70 € brut le feuillet. Contact : Marie-Hélène Beillot (secrétaire de Sven Ortoli). Tél. : 01 44 35 69 63 Standard : 01 44 35 00 00 E-mail : marie-helene.beillot@bayardpresse.com
taller une routine de rigueur absolue. J’apprécie aussi tout particulièrement qu’ils me proposent des idées, des angles de traitement qui les surprennent eux-mêmes. Je veux de belles histoires. Ils peuvent participer à la conférence de rédaction. Par la suite, nous mettrons un bureau à disposition des pigistes, ici. Nous pourrons aussi leur confier la responsabilité d’une rubrique. Nous nous montrons souples au niveau du paiement. Nous réglons à la fin du mois qui suit le mois de la publication, ou avant, sur demande, si le besoin s’en fait sentir.
Quelle expérience avez-vous de la pige ? Je ne suis pas resté longtemps pigiste. J’ai décroché une thèse en physique des solides en 1980, puis j’ai proposé des sujets à Sciences & Vie. Ils ont apprécié et j’ai été recruté dès 1981. Mon expérience de la pige doit se résumer en tout et pour tout à quatre ou cinq mois. Pas de passage par la pige non plus après avoir quitté Sciences & Vie. J’ai eu la chance de tomber au bon endroit au bon moment. Une fois installé en poste, on oublie vite… Propos recueillis par Catherine Béal
• URGENT • URGENT • URGENT •
Le collectif Les Incorrigibles (une dizaine de journalistes, photographes, graphistes) cherche un pigiste intéressé par un bureau au sein de son local situé à Montreuil (Croix-deChavaux). Le loyer trimestriel se monte à 395 euros et les charges (trimestrielles également) à 112 euros, comprenant le téléphone, l'Internet haut débit, l'électricité. Ils recherchent aussi un pigiste intéressé pour partager un bureau (mi-temps) durant les trois mois à venir. Loyer trimestriel 197 euros, et charges 56 euros. Tél. : 0155860006 dans la journée, Manuel Jardinaud, 06 83 35 56 40, jardinaud.manuel@neuf.fr.
- 10 -
© Catherine Béal
3 questions à un rédac chef
Pigiste n° 12 - janvier-février 2006
Juris’Piges Assedic, mon amour !
Petit concentré, très concentré, de mon histoire d’amour avec l’Assedic. Nous en sommes à trois mois de passion torride. Affaire à suivre…
E
ntre l’Assedic et moi, R.À.S, jusqu’à ce merveilleux jour de septembre où je reçois un courrier avec, écrit en majuscules, « un indu d’un montant de… », signé Hervé C. Une brume cotonneuse s’abat sur moi. Pourtant, j’ai fait mes déclarations et envoyé les fiches de paie à « mon » antenne. Munie de mon courage et de ladite lettre, je vais à l’agence. Un agent tape de ses petits doigts experts mon identifiant, tap tap, et me déclare, « non, non » (si, si, il a bien dit « non, non »), « c’est normal, bla bla, informatique, ne pas tenir compte de la lettre ». Ouf ! Fin septembre, toujours pas d’indemnités mais Hervé me réécrit, tout en minuscules cette fois, « Nous vous avons adressé une avance… ». Mais je n’ai rien demandé, moi ! J’y retourne. Une jeune fille aux petits doigts experts tape mon identifiant, tap tap, « c’est normal, bla bla, automatique informatique ». Donc, mes indemnités vont arriver. Mi-novembre, toujours rien mais Hervé me réécrit, « un indu d’un montant de… » La brume cotonneuse me scotche sur ma chaise à roulettes. Vite, prendre rendez-vous avec un conseiller. Je cherche le petit papier UNIdialog où est stipulé : « POUR VOUS, NOUS SOMMES DES PARTENAIRES »
Je compose le 0 890… « Tous nos conseillers sont occupés, occupés, occupés. » Un jour, enfin, j’entends une vraie voix. « Identifiant ? », tap tap, bla bla, les bulletins sont traités au centre d’Évreux, bla bla, problèmes, journalistes, bla bla, le mieux, continuer à déposer mes fiches de paie à mon antenne. « C’est ce que je fais mais je veux un rendez-vous. » OK, la voix envoie un e-mail au directeur de l’agence, et me conseille de rappeler dans cinq jours si je n’ai pas de nouvelles. Devinez ? Re-0 890. Une vraie voix, compréhensive, renvoie un courriel, mais « les directeurs d’antenne ne répondent pas ». Donc, j’expédie une lettre recommandée. Efficace. Une semaine après, « mon » antenne m’appelle et me propose un rendez-vous le lendemain « afin que [j’aie] quelqu’un qui connaisse les problèmes
des journalistes ». Devinez ? Et résumons. Mon retard de paiements est dû à un « dysfonctionnement informatique avec Évreux car ils n’ont pas reçu [mes] fiches de paie ». « Mais je les ai envoyées à l’antenne… » « Mais il ne faut pas ! » « Un de vos collègues m’a dit… » « Il n’aurait pas dû. » « Et lorsque l’on a des problèmes ? » « Mais il ne doit pas y avoir de problème. » « Mais s’il y en a quand même ? Lettre recommandée ? » « Mumoui. » Le lendemain, re-« mon » antenne : « Nous avions rendez-vous aujourd’hui. » « Ah non, c’était hier ! » « Ah bon, ça tombe bien car l’agence est fermée aujourd’hui. Un de vos collègues m’a dit que… » « Votre identifiant ? tap tap, bla bla votre versement part demain. » Je croise les doigts, mon petit Hervé, fais que 2006 soit moins compliqué que 2005 et que je touche enfin mes allocations. Brigitte Tixier Ma déclaration en 6 règles 1. Je reste calme, tous les agents et/ou antennes Assedic ne connaissent pas les subtilités du travail des pigistes. 2. Je fais ma déclaration mensuelle LE MOIS DE PAIEMENT des piges et non celui de jours travaillés (même si ces derniers sont indiqués sur le bulletin de paie). 3. J’indique 1 heure de travail pour le mois et le montant total brut des piges. 4. Je déclare être toujours en recherche d’emploi. 5. Dès que le paiement des allocations coince, je me déplace et j’explique mon cas, feuilles de paie à l’appui. 6. Attention, le cumul piges/allocations n’est possible que 18 mois.
- 11 -
Bénédicte Rallu
Pigiste n° 12 - janvier-février 2006
De nouvelles collaborations ?
Vos proches s’inquiètent quand vous trépignez entre deux épisodes de 24 ? Full Fiction est fait pour vous. Ce nouveau mensuel des éditions Future France se passionne pour les séries et films fantastiques, d’action et de science-fiction, ceux qui comme Lost font l’actualité, mais aussi ceux d’hier et ceux de demain. Full Fiction propose aussi des portraits d’acteurs et traite des DVD, livres et mangas. Rédacteur en chef : Frédéric Brunet. Directeur éditorial : Cyrille Tessier. Le titre peut faire appel à de nouvelles collaborations. Contacter Frédéric Brunet ou Cyrille Tessier par e-mail ou par courrier, avec CV, lettre de motivation et quelques articles. 108 pages, 5,50 €. Full Fiction, 101-109, rue Jean-Jaurès, 92300 Levallois-Perret, 01 41 27 38 38
myTech magazine, bimestriel des éditions Digicia média, vise à guider ses lecteurs dans la jungle de l’offre en nouvelles technologies. Depuis les lecteurs MP3 aux appareils photos numériques, tout est testé dans myTech magazine, qui vous dit même quand il faut attendre avant d’acheter. Rédacteur en chef : Judikael Hirel. 148 pages, 4,95 €. myTech, 14, rue du Soleillet, 75020 Paris, 01 40 33 79 36
Lancé sur les chapeaux de roue par les Éditions Flymedias, Modify place très haut la barre antiroulis. Objectif du mensuel : devenir la référence des fondus de tuning en ramenant des sujets dénichés vraiment dans le monde entier. M. Tout-le-monde trouvera dans Modify des bolides pour rêver, mais y cherchera en vain son auto. Rédacteur en chef : Frédéric Bonelli, fred@modify-lemag.com, 156 pages, 4,95 €. Modify, 16, rue de la Fontaine-au-Roi, 75011 Paris, 01 40 21 82 00
Du papier, des photos et un brin de fantaisie. C’est tout ce qu’il faut aux amateurs du scrapbooking, l’art de personnaliser albums et cadres photos. Cette passion née outre-Atlantique a désormais son magazine, Scrapbook Inspirations, nouveau bimestriel des éditions Future France. Adeptes chevronnés et novices y trouveront de quoi développer leur créativité, et apprendront à protéger leurs clichés du jaunissement. 6,50 €. Rédactrice en chef : Juliette Paoli. Le titre peut faire appel à quelques nouveaux pigistes très spécialisés dans le scrapbooking. Ils devront eux-mêmes en réaliser. Scrapbook Inspirations, 101-109, rue Jean-Jaurès, 92300 Levallois-Perret, 01 41 27 38 38
- 12 -
EN BREF
Total Relook se veut « le guide de poche pour trouver son style ». Looks sexy, styles de star ou looks à adopter pour les entretiens d’embauche, les jeunes femmes branchées pourront puiser de précieux conseils et idées dans ce bimestriel des éditions Bleucom. 2,99 €. Rédactrice en chef adjointe : Laurence Gounel. Ligne directe : 01 46 55 25 56
Vivre, la revue trimestrielle de la Ligue nationale contre le cancer, sort en kiosques en Île-de-France et en région Provence-AlpesCôte d’Azur depuis le 10 décembre. L’occasion de lancer une nouvelle formule enrichie notamment d’un dossier société et d’une nouvelle rubrique, « L’invité », qui se consacre à une personnalité connue pour ses engagements. Vivre se veut la référence en matière de lutte contre le cancer. 68 pages, 3 €. Le titre a son volant de pigistes, mais il peut faire appel à de nouvelles plumes ayant de l’expérience dans le domaine médical. Contacter le rédacteur en chef, Jean Chezaubernard, avec CV, lettre de motivation et exemples d’articles. Vivre est conçu et réalisé par Sequoia, etc., 49, rue Marceau, 75016 Paris, 01 53 23 35 00 Cyril Trépier
Pigiste n° 12 - janvier-février 2006
Des rédactions À travers et des hommes… les médias EN BREF
N° 2 à L’Express, contre politique de la chaise vide à L’Expansion. Le patron de L’Expansion, Georges Valance, a été rappelé à L’Express. À 62 ans, il devient directeur délégué de la rédaction. Il vient soutenir Denis Jeambar dans sa réflexion sur l’avenir de l’hebdo après l’échec de la parution du journal le lundi. Les journaleux « mauvais esprits » entrevoient, à travers le recrutement de ce solide journaliste, un moyen pour Denis Jeambar de faire passer de futures douloureuses décisions. Le poste de M. Valance n’a pas été remplacé à L’Expansion pour cause d’économies budgétaires même si Alain Louyot, transfuge de L'Express – ça ne s’invente pas –, lui succède à la tête du titre… Bruno Clément, rédac chef de Sport. Depuis novembre 2005, Bruno Clément a été promu rédacteur en chef de l’hebdomadaire gratuit. Il remplace Olivier Milhomme. Bruno Clément était jusqu’alors rédacteur en chef, chargé des suppléments de Sport.
Frédérique Goursolas, rédactrice en chef au Parisien. Depuis le 15 janvier, Frédérique Goursolas, 52 ans, est titulaire d’une chaire de « rédacteur en chef » (rédactrice ?) en charge du visuel au ParisienAujourd'hui en France. Frédérique Goursolas était directrice artistique de Femina, hebdo féminin suisse, et encore auparavant, directrice artistique de Libération. Elle participe à une formation sur l’editing à l’ESJ de Lille. Ava Eschwège, rédac chef adjointe de Marketing Magazine. Elle y était jusqu’à présent chef de rubrique.
Marie-Juliette Levin, rédactrice en chef adjointe de Marketing Direct. Elle était jusqu’alors chef de rubrique de Broadcast.
Louette : de l’Ena à l’AFP pour restaurer la confiance. Par 12 voix et 2 votes blancs, Pierre Louette, ancien du cabinet de Balladur, directeur général de l’AFP, a été élu en décembre dernier président dès le premier tour. Et pour cause : il était le seul candidat en lice ! Bernard Marcout, ancien journaliste de l’agence, avait décidé de retirer sa candidature, jugeant pourtant important qu’un journaliste se porte candidat: il estimait que les jeux étaient faits « avant toute audition ». Il avait été suivi par Xavier Ellie, ancien directeur général adjoint de la Socpresse (et rapporteur de la commission financière de l’AFP de 1990 à 1992), qui avait été appelé à la rescousse en 2003 pour s'occuper de la gestion et des finances. Cet énarque issu de la promotion Liberté-EgalitéFraternité va devoir trouver un nouvel élan dans un contexte bien sombre, avec une perte de plus de 2 millions d’euros en 2005 (5,8 millions en 2004). Objectif client : la CFII, « une chance à saisir », selon le nouveau président. Le changement dans la continuité en somme… Depuis début janvier, Pierre Louette redistribue surtout les cartes en interne. Il a nommé Denis Hiault directeur de l'information et JeanPierre Vignolle, directeur général. Pseudo d’écrivain de P. Louette : Pierre Diani (du nom de la famille de sa mère).
Philippe Goulliaud, président de l'APP (Ass. de la presse présidentielle). Ce journaliste du Figaro succède à Isabelle Dath. Christophe Belleuvre
- 13 -
Heureusement, Gala est là ! Les hommes consomment « dans un univers qui leur est propre ». Le journal de l’actualité des gens célèbres a donc décidé de leur consacrer une rubrique. Femmes, s’abstenir. « Flash Hommes » est la page shopping consacrée à ses 655 000 lecteurs masculins, et à « eux seulement » ! Au programme : montres, accessoires, horlogerie, high-tech, automobiles… Une vraie politique « d’enrichissement éditorial » !
Glénat fuit la presse. Après avoir cédé Vertical, Alpinisme et Randonnée, Forêts et Aérial, le groupe grenoblois pionnier des mangas ne conserve que Ski Magazine, L’Alpe et Tchô. La montagne, ça vous gagne !
Netizen, pour « comprendre et décrypter la révolution blog ». Édité par Astrolabe et produit par la sarl Pointblog, Netizen est dans les kiosques depuis le 26 janvier. Tiré à 65 000 exemplaires, Netizen se veut « un magazine de société qui s’adresse à une cible large et entend informer et apporter du recul sur les révolutions que nous vivons actuellement sur le Web, en aidant à en comprendre les enjeux et les conséquences ». Rédacteur en chef : Cyril Fiévet. Coulisses : http://www.pointblog.com/netizen C. B.
70 titres toujours pris en otage ! Depuis vingt et un mois, la Socpresse est détenue par le Groupe Dassault. Jeudi noir de l’histoire de l’indépendance de la presse : l’industriel de l’armement avait conclu un accord le 11 mars 2004 pour porter de 30 % à 80 % sa participation dans le capital du premier éditeur de presse français.