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Pigiste.

Le mag’ des journalistes pigistes. N°6-7 - Avril-mai 2005

Carnet de bord La « production de contenu » est leur credo à toutes. Elles « bâtissent des dispositifs plurimédia » fondés sur des « philosophies ». Elles se qualifient de ‘‘tribus’’... Page 7

Créer son site Internet

Pages d’accueil plus ou moins accrocheuses, mises en page très soignées ou sans originalité aucune, présentation sommaire ou quasi exhaustive… les sites web des journalistes reflètent-ils la personnalité de leur auteur ? Pourquoi, pour qui et par qui sont-ils conçus ? Et dans quel but ?

Les muckrackers Littéralement : les racleurs de boue. Traduisez : les fouille-merde. Les muckrackers, c’est une bande de journalistes, d’essayistes et de critiques anglo-saxons Page 22

3 questions à un rédac’ chef « Notre carnet d’adresses compte 130 pigistes répartis sur toute la France. En 2004, nous avons fait appel à 43 pigistes. » Page 23 • Revue de presse | Page 4 • www.piges.org | Page 7 • Portrait de l’AJT | Page 19 • Rédaction in vitro | Page 20 • Mutuelle Peps | Page 24 • Allocations chômage | Page 26 • Actu des groupes | Page 27 • Brèves de la presse | Page 28

PAGES 8 à 17

Page 10 | Rendre son site visible ! Laisser une trace de soi en plein milieu du Web, fabriquer un site à son image, ne vous garantit pas de trouver du travail ! Mais au moins, celui qui vous cherche vous trouve. Page 11 | Sites témoins. Huit journalistes présentent tour à tour leur site internet personnel. Page 15 | Droits d’auteur et propriété intellectuelle Avis aux naïfs : ne vous croyez pas obligés de demander l’autorisation de mettre en ligne sur votre site les textes de vos articles ‘‘au kilomètre’’. Page 16 | Du côté de la jurisprudence Page 17 | L’action de la Scam



Sommaire

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REVUE DE PRESSE

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• On parle des pigistes...

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MON BUREAU ET MOI • Ma vituaréalité

WEB DU MOIS

• cuivre.sudoc.abes.fr

PROJET

• Un site pour les pigistes

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CARNET DE BORD

• La production de contenu

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ASSO DU MOIS

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DOSSIER

• Créer son site perso

WEB DU MOIS

• cuivre.sudoc.abes.fr

• Association des journalistes du tourisme

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JOURNALISME(S) • Les muckrackers

PROJET ECOLE • IUT de Bordeaux

LU POUR VOUS

• Un point c’est tout !

Pigiste.

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3 QUESTIONS A UNE REDAC’ CHEF

• Sylvie Le Calvez, Village Magazine

Rédaction : contact.profpig@free.fr Président de Profession : pigiste, directeur de publication : Yann KERVENO (06 08 49 89 54 - yann.kerveno@free.fr) Rédacteur en chef : Christophe BELLEUVRE (06 72 70 19 01 - cbelleuvre@free.fr) Rédaction : F. B. - Nicolas BALLOT Marie-Laure BARADEZ Delphine BARRAIS - Stéphanie BUJON Albane CANTO - Jean CHABOD-SERIEIS Eric DELON - Françoise FOUCHER Dominique LERAY - Laure LETER France GARCIA-FICHEUX Anne LEROY - Carine LENFANT Marie-Jeanne MARTI - Pierre R. MARTIN Barbara PASQUIER - Bénédicte RALLU Xavier TOUTAIN

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MUTUELLE

• Audiens-Peps, mutuelle des pigistes

JARGONNERIE

• Les rédacteurs en chef parlent aux pigistes

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PORTRAIT DE PIGISTE • Stéphanie Rigaud

Croqueur : Yves BARROS Communication - Relations presse : Marie-Jeanne MARTI Editeur : Profession : pigiste (loi 1901), l’association des journalistes pigistes de la presse écrite. 66, rue Labrouste, 75015 Paris. E-mail : profession.pigiste@free.fr Web : http://profession.pigiste.free.fr Toute reproduction intégrale ou partielle sans le consentement de l’auteur est strictement interdite - Article L 122-4 du Code de la propriété intellectuelle

pages adhérents

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JURIS’PIGES

• Allocations chômage

LA VIE DE L’ASSO

• L’actualité des groupes de travail

BREVES DE PRESSE

• Actualités de la presse écrite...


Revue de presse

Le pigiste

roucoule, c’est bien connu ! C’est ce qu’on a pu apprendre dans Libération du 4 avril. Le pigiste est un pigeon. Pas tous. Surtout celui dont il est question dans l’article : « Dix pages à corriger. Gratuitement bien sûr. Je sais qu’il ne faut pas, mais j’accepte. » A méditer… Le garçon en question n’a pas eu l’air de bien comprendre sa propre démarche puisqu’il reproche à ces « jeunes journalistes, aussi zélés que gratuits, prêts à tous pour obtenir une embauche. » Toujours à méditer… A méditer aussi la solidarité à Télé-Toulouse. C’est pas de la presse écrite mais ça vaut quand même le coup d’en parler. L’Humanité du 15 avril relatait ainsi l’histoire : « Treize journalistes (onze selon la direction) ont cessé le travail, soit la quasi-totalité du service des informations générales. Ils revendiquent l’intégration de deux pigistes permanents ainsi qu’une augmentation de 2,1 % des salaires de l’ensemble des personnels titulaires. » Dans l’édition du 18 avril, on apprenait que, après trois jours de grève, la hausse de salaire avait été accordée, que la

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On parle de nous, dans la presse. Pas de notre magazine mais de nos confrères. Revue d’actualité concernant les pigistes depuis un mois.

moitié des pigistes avaient été titularisée et que le barême de la pige journalière était revalorisé, passant de 69 à 76 euros. Rien à voir avec l’épisode du Marin. Cet hebdomadaire, édité par une filiale de Ouest-France, a connu, début mars, une grève des pigistes, « payés 28 euros le feuillet », selon Le Monde du 4 mars dernier. Rien à voir non plus avec la

fermeture du Monde Initiatives et pour laquelle l’Humanité du 24 mars évoquait une possible « cessation de paiement ». Le groupe Le Monde insolvable pour payer la trentaine de journalistes (dont une vingtaine de pigistes) ? La situation poussait la déléguée CGC du magazine moribond, Mélina Gazsi, à faire une comparaison pittoresque : « Colombani, c’est notre Messier. »

Payer ces « plumes de gueux », vous ne voudriez pas ! Et les former qui plus est ? Politis, dans son numéro du 17 mars, a évoqué la pétition pour le droit à la formation des journalistes pigistes, du site piges.org. « La précarité n’est pas un sas de transition vers l’embauche, elle tend à devenir un mode de fonctionnement managérial à part entière. Aussi les nouveaux gueux s’informent et s’organisent. » Et pour ceux qui désirent s’instruire et réfléchir sur le beau métier de journaliste, le bimestriel Manière de voir est toujours en kiosque. Le numéro d’avril-mai est consacré aux ‘‘Combats pour les médias’’. Le magazine y aborde la situation des « soldats précaires du service public » audiovisuel. Le pigiste est un journaliste « plus disponible, plus docile. Il ne conteste pas les choix éditoriaux. Il passe systématiquement après les titulaires dans la répartition des sujets à traiter, et ramasse donc les miettes ». De vrais gueux, ces tâcherons du feuillet… Bénédicte Rallu


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Mon Bureau et Moi

Le seul bureau du pigiste aujourd’hui, c’est celui de son ordinateur. Son cordon ombilical au monde, à condition d’être connecté à Internet. La cachette de ses papiers, sans jamais en perdre, ni en gâcher.

© Photo Emmanuelle Fère

Ma virtuaréalité

Le seul bureau qui soit est celui de mon PC. Sobre et dépouillé, c’est le raccourci vers les fonctions vitales de mon travail : le contenu (articles, fax, courriers, photos, manuscrits, etc.), les moyens de communiquer (connexion internet, Outlook Express…) et de s’informer (Google, France Inter live). Plus l’accessoire immémorial de tout bureau : la corbeille. En fond d’écran, un soleil – pour rêver un peu –, mais numérisé, on n’est pas là pour rigoler ! Après des études académiques, le journalisme m’est apparu sous sa forme la moins académique : piger pour des sites internet, souvent sur des sujets liés aux nouvelles technologies, à leurs pratiques etc. Les sites sont passés, j’ai continué avec le papier. L’écran était mon horizon. Il l’est resté. Cinq déménagements en cinq ans, les bureaux bordelais ont défilé, dans des versions plus ou moins luxe (vue sur la Garonne, sur la colonne des Girondins, sur les toits, sur le mur d’en face), mais le seul panorama pérenne – et de fait le seul bureau réel – a été celui de mon PC. Réel, mon bureau ne l’est paradoxalement que

lorsqu’il reçoit et renvoie l’information immatérielle, grâce à la fée virtualité. Sans connexion internet, mon bureau n’est plus. Et moi non plus. Nos parents nous racontent les mois de délais pour obtenir le téléphone, voilà 30 ans. Nous raconterons à nos enfants les jours – interminables – pour obtenir le transfert d’une connexion ADSL. Des jours de déprime. La ligne sauvagement dégroupée par un opérateur alternatif ? Le début de la dépression ! « Vous avez un fax ? » La question revient encore souvent. Et vous ? Vous avez pourtant Internet ! Alors pourquoi tant de papier dépensé ? Le papier, c’est ce que le pigiste écrit, relit et envoie par mail à son rédacteur ou sa rédactrice en chef. Après l’avoir soigneusement classé dans un dossier. Un bureau organisé, c’est la faculté d’accéder en quelques clics au papier archivé il y a plusieurs années, au rédac’ chef contacté le mois dernier, à la photo qui peut encore servir, mais qui ne passera jamais. Emmanuelle Fère

Web du mois

@

http://cuivre.sudoc.abes.fr

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e serveur nous permet de localiser en deux clics l’endroit où il sera possible de consulter un périodique, un ouvrage ou une sélection d’ouvrages sur un thème particulier. La recherche est effectuée à partir de la base de donnée Sudoc (système universitaire de documentation) qui recense les collections des bibliothèques, des établissements d’enseignement supérieur et des autres centres documentaires français. Une fois le document

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détecté, l’onglet “Localisation” nous indique dans quels établissements et à quelles conditions celuici peut être consulté. Si l’on est déjà affilié à une bibliothèque, il est possible de s’inscrire au service de prêt en ligne. Le site offre également un répertoire national comprenant toutes les informations pratiques sur les centres de documentation (heures d’ouverture, accès aux bases de données en ligne, Laure Leter etc.).


Projet Un site pour les pigistes Le site www.piges.org est accessible depuis début mars. A l’initiative de membres de la liste “forum Pige”, il répond aux questions administratives et judiciaires des pigistes. Et laisse la part belle aux témoignages.

Ç

a y est, il est en ligne ! Le site www.piges.org a ouvert ses fenêtres sur la toile début mars. Initiative personnelle à vocation collective, ce projet s’adresse « à toutes les personnes intéressées d’une manière ou d’une autre à la pige : pigistes réguliers ou occasionnels, journalistes en poste, personnes envisageant de commencer la pige, personnes embauchant ou voulant embaucher des journalistes pigistes et personnes intéressées par le droit du travail, explique Perline, webmaster. Avec plusieurs membres de la liste forum Pige, nous travaillons à sa mise en place depuis plus d’un an et demi. » Objectif de piges.org : mettre à disposition des informations plus ou moins rangées et accessibles sans aucune contrainte. Les créateurs ont opté pour une forme simple et épurée, des lignes bleues et jaunes sur fond de cahier d’écolier. Ils offrent « tout ce que les pigistes (et leurs employeurs passés, présents et futurs ?) voudront bien prêter à ces pages », indiquent-ils en préambule. Le

Carnet de bord

site donne des conseils, présente la réalité de l’application des droits et devoirs du pigiste et répond précisément aux questions administratives fréquentes : pour quel travail a-t-on le droit de percevoir des droits d’auteur ? Quelles indemnités en cas de chômage ? Précisions sur le portage, la Sécurité sociale, le cas particuliers des photographes, la déclaration des frais ou la déduction forfaire. En outre, il consacre trois pages à divers témoignages : messages optimistes, conseils pour l’écriture de synopsis, démarches à suivre pour vendre des papiers ou encore évolution des grèves en cours. « Aujourd’hui, la possibilité de placer des piges est plus avantageuse qu’hier car la presse écrite dispose de moins en moins de rédactions internes », assure un pigiste. « Afin de percer dans ce métier, que je trouve passionnant, il me fallait sortir de mon isolement de pigiste. Je ne connaissais personne », raconte un autre journaliste. « Les procédés utilisés pour caser un papier dépendent beaucoup de la personne. Pour proposer un sujet, je ne parle jamais de moi, d’ailleurs je n’ai pas de CV depuis que je suis pigiste. Pas de press-book non plus », rapporte un autre internaute. Pour être tenus informés des nouvelles du site, ainsi que de toutes les informations choisies par l’équipe qui l’a pris en charge, et susceptibles de vous intéresser, les journalistes peuvent s’abonner gratuitement à la newsletter. Delphine Barrais

La « production de contenu » est leur credo à toutes. Elles « bâtissent des dispositifs plurimédia » fondés sur des « philosophies ». Elles se qualifient volontiers de « tribus » et revendiquent une grande « complicité avec le client » dans l’élaboration de son « consumer magazine »… Le jargon des agences de communication ne passe pas inaperçu et on se surprend parfois à relire deux fois les phrases pour être bien sûr d’avoir compris. Pour le pigiste, la tentation est grande d’écrire pour ces supports : le prix du feuillet y est souvent supérieur à celui de la presse et la fidélisation d’une seule agence peut ouvrir le journaliste à plusieurs dizaines de titres. Oui mais voilà ! La culture des agences est assez éloignée de celle de la presse. On n’y propose pas un papier, mais un CV On ne vient pas avec ses idées, mais avec ses compétences. Bref, les techniques d’approche sont différentes. Cherchant justement à affiner la mienne, je me rends sur les sites web des agences afin de mieux comprendre ce qu’elles font et qui sont leurs clients. Qu’ai-je vu ? Beaucoup d’hommes en costume Armani et sourire Aquafresh dirigeant des réunions. J’ai vu des executive women qui arpentent des couloirs dont les murs sont recouverts de courbes de croissance et de camemberts. J’ai vu des sites tellement travaillés visuellement que même mon haut débit n’arrivait plus à suivre. Une grande richesse donc, beaucoup d’idées et surtout l’objectif affiché et honnête de ne travailler que pour faire gagner plus d’argent au client. Ici, la culture d’entreprise règne en maître. Toute la difficulté pour le pigiste est de s’en rendre rapidement familier afin de pouvoir à son tour « produire du contenu ». Le « contenu », personne ne sait précisément ce que c’est, mais ça peut valoir jusqu’à 150 euros le feuillet. Jean Chabod-Serieis

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Dossier

Internet & journalistes

Créer son site perso Pages d’accueil plus ou moins accrocheuses, mises en page très soignées ou sans originalité aucune, présentation sommaire ou quasi exhaustive… les sites web des journalistes reflètentils la personnalité de leur auteur ? Pourquoi, pour qui et par qui sontils conçus ? Et dans quel but ? Dossier réalisé par Carine Lenfant http://perso.wanadoo.fr/car-ine.lenfant

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es questions, tout journaliste sensé peut se les poser, dès lors qu’il (ou elle) a envie de concevoir son site personnel, sous la forme d’un curriculum vitae classique ou d’un itinéraire retracé de manière moins conventionnelle. Histoire d’éviter les erreurs fréquemment commises par les néophytes – corps de caractères trop petits rendant les textes illisibles, liens inopérants, mise en page inesthétique, photos si lourdes que le chargement prend un temps fou –, il paraît prudent de voir comment s’y sont pris les confrères. A première vue, rares sont les pigistes à s’être lancés dans l’aventure. Les recherches entreprises sur les annuaires des moteurs de recherche laissent en effet perplexe. Google 1 ne recense que trentesix sites de journalistes français, parmi lesquels une majorité de photographes, cyber-rédacteurs et autres spécialistes du multimédia ! Lycos ne paraît guère pertinent ; Voila renvoie sur un site2 regroupant les collectifs de journalistes indépendants et les blogues de journalistes… québécois ! L’annuaire de sites francophones sur Internet (123-fr.com ) en trouve de son côté vingt-trois3. Des appels lancés sur quatre forums4 ont suscité quelques réactions somme toute assez timides. Pour vivre heureux, vivons cachés ? Première évidence, sans valeur statistique : les femmes semblent brouillées avec les nouvelles technologies. A moins qu’elles n’éprouvent guère le besoin de s’afficher sur le Net ? Pourtant, nul besoin d’être graphiste ou informaticien(ne) pour réaliser son site. Si les logiciels comme Dreamweaver ou Adobe golive coûtent cher, leurs versions d’évaluation peuvent être téléchargées pendant un mois. Spip, lui, est gratuit. Journaliste scientifique et webmestre de piges.org, Perline a consacré


Dossier un livre à l’utilisation de ce logiciel . L’ouvrage n’est pas simplement destiné aux débutants : « Il détaille l’intégralité des fonctions de Spip, par étapes : rédacteur (interface simplifiée puis complète), administrateur (simplifiée et complète), puis le superadministrateur pour l’installation et les changements d’aspect » explique-t-elle sur son site (www.perline.org)

Respecter la loi

Seconde interrogation : les journalistes méconnaissent-ils la législation du droit d’auteur ou s’assoient-ils dessus ? Beaucoup, en effet, mettent sans hésitation aucune leurs papiers en ligne, scannent leurs articles tels qu’ils ont été publiés, voire les couvertures des magazines dans lesquels ils sont parus. D’autres préfèrent la forme brute, le texte ‘‘au kilomètre’’, en arguant du fait que si le sujet traité présente de l’intérêt, un internaute sera ravi de s’y plonger. Comme auteur, tout journaliste « a le droit de réunir ses articles et ses discours en recueil et de les publier ou d’en autoriser la publication sous cette forme » (article L 121-8 du Code de la propriété intellectuelle), mais à une condition « que cette exploitation ne soit pas de nature à faire concurrence à ce journal ou à ce recueil périodique ». Il doit pour cette raison attendre au moins deux jours pour mettre en ligne un papier publié dans un quotidien, la semaine suivante pour un hebdo, le mois suivant lorsqu’il s’agit d’un mensuel. Reproduire un article, en scannant la page du journal ou de la revue, sans avoir sollicité la moindre autorisation s’avère risqué : l’éditeur peut

Internet & journalistes

sommer le fautif de retirer l’article mis en ligne sous cette forme de sa page html ou pdf, faire constater l’infraction par huissier, et s’il persiste, lui intenter un procès. Le journal peut être considéré par un juge comme une œuvre collective, composée d’éléments tels que la mise en page, la composition des rubriques, le choix et la disposition des articles. Dès lors, l’éditeur est fondé à poursuivre. Reproduire de la même manière, sans autorisation, un dessin ou une photo, c’est bafouer les droits de l’illustrateur ou du photographe. Si j’en juge d’après une expérience personnelle

Le journaliste doit attendre au moins deux jours pour mettre en ligne un papier publié dans un quotidien, la semaine suivante pour un hebdo, le mois suivant lorsqu’il s’agit d’un mensuel. récente, les photographes semblent plutôt agréablement surpris qu’une consoeur songe à les contacter, s’engage à citer leur nom à côté de la mention ‘‘photo © x’’, mieux encore, propose de créer un lien sur ses pages vers la page d’accueil de leur propre site ou de celle de leur agence. A partir du moment où l’on défend le droit d’auteur, il convient de songer à respecter celui des autres…

Points de vue divergents

Les entretiens réalisés avec une dizaine de pigistes qui ont accepté de répondre pour ce dossier en témoignent : sur ces questions comme sur bien d’autres, les avis divergent. Qu’ils collaborent ou non à des

titres prestigieux, qu’ils bossent ou soient au creux de la vague, tous en conviennent : la création d’un site – et sa réactualisation, impérative – prend du temps : selon le nombre de pages et la compétence, de quelques heures à quelques semaines... Si l’entreprise ne coûte pas très cher au final, dès lors qu’on se débrouille seul, il ne faut pas pour autant compter sur Internet pour décrocher des commandes. Le journaliste indépendant qui se contente d’établir un listing de ses collaborations, comme celui qui préfère mettre en ligne tous ses articles parus depuis dix ans dressent le même constat : les propositions concrètes de boulot semblent plutôt rares, les contacts se nouent peu avec des rédacteurs en chef par ce biais. Dès lors, le jeu en vaut-il la chandelle ? Opérer un tri entre ses papiers, taire ou mettre en avant certaines collaborations permet de dresser un bilan de sa carrière, de cerner ses envies, ce qui ne s’avère jamais inutile. Même si certains pigistes privilégient aujourd’hui les ‘‘blogues’’ – loin de jouer le même rôle, ils paraissent plus bavards –, aucun d’entre eux n’a encore décidé de supprimer son site purement professionnel !

http://directory.google.com/ TopWorld/Fran%C3%A7ais/ Actualit%C3%A9/Journalisme/ Journalistes/ 2 http://www.mlink.net/~jsm/ signets.html#Journalism e%20ind%E9pendant 3 http://www.123-fr.com/ 123annuaire/dir/cat-110256journalisme.html 4 categorynet, Profession pigiste, Liste piges et Journaliste 1

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Dossier

Internet & journalistes

Rendre son site visible !

Vous voulez publier un site ? Dans le but d’être vu ?

Par Serge Courrier (auteur de Internet pour les journalistes, Victoires Editions, septembre 2004, 35 € et concepteur de www.lacasadeltango.net)

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aisser une trace de soi en plein milieu du Web, fabriquer un site à son image, cela ne vous garantit pas de trouver du travail ! Mais au moins, celui qui vous cherche vous trouve. Pour que votre site puisse être correctement indexé et surtout classé par les moteurs de recherche, il va falloir respecter quelques règles d’or. Ces outils ne raisonnant qu’en termes de mots-clés, il faut d’abord déterminer ceux qui sont importants pour vous. Vos nom et prénom bien sûr, mais il faut penser également à ceux qui vous caractérisent, désignent vos spécialités. La question à se poser est : « Quels mots-clés utiliserait une personne qui chercherait à faire travailler quelqu’un comme moi ? ». Viennent alors des mots comme « journaliste », « pigiste », « freelance », suivis éventuellement de la localisation géographique, des spécialités comme « économie », « culture », etc. De cette manière, si un employeur potentiel cherche « journaliste freelance Paris culture », une page de votre site – si ce n’est toutes – sera présente dans la liste des réponses. Présent ne veut pas dire que le site sera bien classé. Les grands moteurs de recherche que sont Google, MSN Search et Yahoo Search utilisent principalement cinq critères pour classer les pa-

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L’autopromotion exige un minimum d’attention…

ges de réponses. Si votre site ou une page de votre site répond à un maximum de ces critères, vous serez propulsés dans les premières réponses. Un moteur de recherche a donc tendance à classer en tête les pages qui contiennent bien sûr les motsclés soumis par les internautes, « journaliste Paris culture »

« Quels mots-clés utiliserait une personne qui chercherait à faire travailler quelqu’un comme moi ? » par exemple. Mais il faut que ces mots se retrouvent à des endroits stratégiques de la page.

Dans l’en-tête de la page

Pensez dans votre site à inclure des mots-clés jugés importants dans ce que l’on appelle la balise TITLE (le texte qui s’affiche au final dans le bandeau supérieur de la fenêtre d’un navigateur). Ici, nous pourrions mettre ‘‘Georges Dupont : journaliste freelance (pigiste) à Paris – Spécialité : Culture’’

Dans l’adresse de son site

Cela peut être perso.wanadoo. fr/georges.dupont.journaliste ou mieux www.georges-dupontjournaliste.net. Il ne faut pas trop surcharger l’adresse de la page d’accueil pour ne pas rebuter ceux qui devront la saisir.

Rien ne vous empêche non plus de donner un nom explicite à vos pages intérieures comme www. georges-dupont.net/presse/entreprise/rapports-annuels.htm.

Dans le texte de la page

Il faut savoir faire apparaître ses mots-clés précocement dans ses pages. Et ne pas hésiter à les répéter, il n’en auront que plus de poids.

Dans les métadonnées

Il faut vous plonger dans le mode d’emploi de votre éditeur html pour savoir comment ajouter à chacune de vos pages la balise ‘‘meta name=»Keywords’’. Vous ajouterez alors au plus 1 000 caractères de mots-clés qui seront pris en compte par les moteurs de recherche.

Liens hypertextes

Tout cela ne fait que quatre critères. Le cinquième (qui a fait le succès de Google) consiste grosso modo, pour un moteur de recherche, à compter le nombre de liens hypertextes pointant vers un site. Plus ils sont nombreux, plus le site arrivera en tête de classement. Il faut donc s’évertuer à ce que d’autres sites envoient un lien hypertexte vers le vôtre.


Dossier

Internet & journalistes

www.agnus.ouvaton.org

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eporter à L’Express pendant dix ans, Christophe Agnus quitte l’hebdomadaire fin 1998 pour créer Transfert, un magazine consacré aux nouvelles technologies, qu’il vend il y a trois ans. Son site personnel ? « C’est une sorte de vitrine. » « En allant voir, les gens se disent ‘‘Tiens, il est crédible !’’. La relation devient meilleure, cela me permet de valoriser mon indépendance. » Christophe Agnus vit aujourd’hui en Bretagne. Ce quadragénaire continue d’écrire des articles et des livres sur la voile – trois en deux ans. En parallèle, il exerce une activité de conseil en communication et en développement multimédia. Lettres blanches sur fond noir, liens gris pâles, textes courts… A la différence de certains, Christophe Agnus privilégie la sobriété. Sa page d’accueil ne compte que cinq rubriques, son expérience de vingt ans est résumée en quelques lignes : « Il y a l’essentiel. » Il s’efforce de remettre son site à jour tous les six mois. Poids actuel ? 1, 79 Mo : « Il y a beaucoup d’images… » Au lieu de publier l’intégralité de ses articles, Christophe Agnus préfère scanner les couvertures des magazines avec lesquels il a longtemps collaboré comme ceux dans lesquels il écrit encore aujourd’hui – L’Express, Géo, Ca m’intéresse et Les Echos Innovations – sans leur demander l’autorisation. « Pour les couvertures, je considère qu’il s’agit d’un droit de citation. Pour les logos je n’ai rien demandé non plus mais compte tenu des bons rapports entretenus avec ces journaux, ils m’auraient donné leur accord. »

www.journaliste-enqueteur.com

‘‘E

couter, vérifier, comprendre, investigation, rumeur…’’ Vincent Crousier a jugé important de placer ces mots dans le bandeau supérieur de sa page d’accueil colorée : « Selon moi, ces termes sont essentiels, fondamentaux quand on prétend exercer un métier dont la matière première est l’information. » Ce jeune homme de 25 ans, spécialisé dans les sciences, préfère se définir avant tout comme un ‘‘journaliste-enquêteur’’. Il s’en explique: « Mon nom de domaine est à l’image de la sélection de papiers que j’ai choisi de publier. Elle-même reflète la manière dont je veux exercer le métier de journaliste : faire de l’investigation. Lorsque j’ai dû acheter mon url, j’ai été agréablement surpris de voir que ce nom de domaine était toujours libre. On reproche régulièrement aux journalistes de ne pas creuser assez les sujets, de ne pas prendre le temps d’enquêter ! Joindre, dans un nom de domaine, ces deux termes essentiels : ‘‘journaliste et enquêteur’’ me paraît donc une bonne manière de s’autopromouvoir. Je suis étonné du fait que personne n’ait pensé à acheter cette AOC. » Il a créé seul son site, en deux semaines avec Dreamweaver et The Gimp. Mises en ligne le 1er mars dernier, « ces quelques pages ne pèsent aujourd’hui que 3 Mo et des poussières. Mais certaines améliorations à venir devraient leur faire prendre un peu de poids. » Se présenter, susciter la curiosité, faire preuve d’originalité… rude exercice ! Titres de ses rubriques ? ‘‘Qui suis-je’’, ‘‘D’où viens-je’’ ‘‘Où je vais’’. Des liens renvoient vers un CV classique, et quelques commentaires « qui doivent aider à cerner ma personne ». Tout cela n’a qu’un but « J’espère attirer des clients. » Six articles récents, dont la moitié parus dans L’Express, sont consultables en ligne : le format pdf ne prend pas la forme du papier tel qu’il est paru dans l’hebdomadaire, mais celle d’un feuillet remis à son chef de service. Procédé malheureusement un peu lourd à charger. L’hébergement chez Oxito lui coûte un peu plus de 11 euros par an ; son nom de domaine 15 euros.

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Internet & journalistes

www.courau.org

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ouvertures des magazines en filigrane sur fond gris pâle, animation des images… Christophe Courau a créé son site voilà six mois. « Je m’étais amusé avec des copains à faire des petits sites avec le logiciel Dreamweaver, mais comme je n’avais pas le temps d’approfondir, j’ai préféré faire appel à un copain graphiste, dont c’est le métier », confie ce pigiste qui écrit notamment pour Le Point et Historia. Coût de l’investissement 1 000 euros. « Un prix d’ami : nous ne nous sommes vus que deux fois, pour le mettre en place. Une fois pour définir le contenu, la charte graphique, ensuite je lui ai laissé carte blanche. Le but est qu’il tienne la route pendant deux ou trois ans. » Sous les trois rubriques – histoire, voyages et reportages – ne figurent qu’une quinzaine de ses articles, réécrits pour l’occasion et résumés en un feuillet, avec des liens sur les sites Internet des journaux où ils ont été publiés : « Je n’ai nullement cherché à être exhaustif, sinon tu cours le risque d’être pillé sans même être cité. J’ai simplement voulu montrer quels étaient les thèmes que je pouvais traiter. » Christophe Courau a acheté son nom de domaine 10 euros. Son site est hébergé gratuitement pendant trois ans, à la condition qu’il ne dépasse pas 1 Mo. Résultat : ayant atteint la limite d’espace, il ne peut même plus afficher un compteur de mesure d’audience. Ce pigiste a pris la peine de signaler l’existence de sa page perso sur Categorynet.com, mais sait pertinemment que les moteurs de recherche ne le trouveront pas : « Mon site est conçu sous la forme d’un seul fichier, tout en flash. » Cette non-visibilité ne le gêne guère : « Je n’en parle même pas à mes employeurs. Je suis présent sur la Toile car dans dix ans cela sera devenu une nécessité ! »

http://mapage.noos.fr/odalage

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pécialiste du Moyen-Orient, Olivier Da Lage sera probablement considéré par certains comme un pigiste de luxe. Ancien président de la Commission nationale d’identité de la carte de presse, rédacteur en chef adjoint de la rédaction du site internet de RFI depuis 2000, il collabore notamment au Monde Diplomatique. Il est en charge du dossier sur les droits d’auteur des journalistes au SNJ, notamment en ce qui concerne la diffusion de leurs articles sur Internet. Sur sa page perso, les articles sont reproduits au kilomètre : « Je n’ai pas demandé l’autorisation des publications, en vertu de l’article L.121-8 du Code de propriété intellectuelle, mais je ne reproduis jamais la mise en page initiale qui appartient au journal, précise-t-il. Pour la mise en ligne, j’attends généralement que le numéro de la publication dans lequel se trouve mon texte ne soit plus en vente, afin de ne pas faire de concurrence. » Il refuse d’admettre que sa mise en ligne entre en compétition avec les archives du site internet du journal : « Ce serait vider l’article L 121-8 de sa signification. » Ce site, qu’il juge « plutôt fruste », ne comporte qu’une page d’accueil avec photo, un CV, une liste de sujets traités par noms de publications. A quoi cela lui sert-il ? « A satisfaire mon ego. A donner une seconde vie à mes écrits également. » Tout le monde n’y pense pas, lui si : des mots-clé sont intégrés dans le code source. Résultat ? : « Comme le site est correctement indexé, j’ai reçu des propositions de livres, d’articles de revues et de magazines en France et à l’étranger, parce que l’éditeur était venu sur mes pages. » Un compteur – visible à l’écran – lui permet de savoir qui vient lire ses articles et via quel moteur de recherche. Gratuit, eStat (www.estat.com) n’a qu’un inconvénient majeur : cet instrument de mesure et d’analyse de la fréquentation des sites web oblige l’internaute à cliquer sur le logo s’il refuse de voir la pub envahir l’écran !

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Dossier

Internet & journalistes

www.redacnomade.com

«N

i agence, ni société, ni syndicat, La Rédac Nomade est un collectif, une association de journalistes professionnels indépendants » apprend-on en allant à la page ‘‘Qui nous sommesnous ?’’. But avoué de ce réseau ? « Favoriser les échanges entre journalistes indépendants et employeurs. » « Le site a ouvert en août 2002, un mois après la création de l’association. Etre visibles sur le Web faisait partie de notre démarche », explique Laure Deschamps, présidente de l’association, webmaster et pigiste rédactrice. « Le site est une vitrine, il nous permet de montrer le travail et le dynamisme de l’équipe et de faire des propositions de sujets. » Chacun des sept rédacteurs et des trois photographes présente librement son ‘‘passeport’’ personnel. Lieu d’exercice, spécialités, coordonnées, profil du ‘‘nomade’’ y sont indiqués, de même que les projets de réalisations. Une sélection d’articles récents (aucun n’a plus de trois ans) est aussi disponible en ligne. Laure houspille parfois les nomades qui oublient d’actualiser leurs pages. Principe intangible : quelle que soit leur longueur, les textes sont publiés ici sous leur forme brute, au kilomètre, jamais en pdf. Des liens renvoyant sur les journaux où ils ont été publiés, avec l’accord de ces derniers. La création du site n’a pas coûté cher : trois des membres de l’équipe ont la fibre numérique. Logiciel utilisé ? Le gratuit Spip. Pour la création de la base de données et la structure du site, ils reconnaissent s’être fait aider. L’hébergement chez 1&1.com – qui inclut cinq noms de domaines et 300 Mo – coûte 117,88 euros par an. Le site reçoit en moyenne 900 visiteurs par semaine. De nombreux mails parviennent à La Rédac Nomade, essentiellement des demandes de renseignements issues de pigistes ou curieux de la presse, français et étrangers.

http://luc.saint.elie.com

D

ès sa page d’accueil, Luc Saint Elie explique avec franchise les raisons qui l’ont poussé à mettre en place son site en 2003. « Mon CV sur papier aurait ressemblé à un inventaire à la Prévert, cela ne me rendait pas justice », confie cet « autodidacte pur et dur » passé par l’enseignement et la photo. Un copain l’avait d’ailleurs mis en garde : « Personne ne le lira. » « Cette micro autobiographie de cinq pages » constitue l’essentiel de son site « assez peu à jour et pas hyper sexy ». Grand spécialiste de l’Internet, formateur lui-même avant de se consacrer à plein temps au métier de journaliste, il l’a évidemment conçu seul, au départ en html. De nombreux liens renvoient aux gens qu’il cite et au blogue qu’il alimente à l’évidence plus volontiers : « J’y consacre une demi-heure chaque jour. » Luc Saint Elie n’a jamais sollicité la moindre autorisation pour mettre sur ses pages les couvertures des journaux auxquels il a collaboré ou pour créer des liens sur les sites de ces derniers : « Qu’ils m’intentent un procès ! J’ai une vision pirate des choses. Quand je montre le canard, je ne fais de tort à personne. Je ne vais pas la jouer à l’américaine. Si on me demande d’enlever mes liens, je le ferai. Mais tout cela s’inscrit dans un contexte où les droits d’auteurs sont systématiquement bafoués. » « Voilà quelques années, j’aurais affirmé qu’avoir un site était indispensable », précise-t-il. Il a, depuis, changé d’avis. A son grand regret, cela ne s’est révélé d’aucune utilité sur le plan professionnel. Son site a néanmoins permis à ce quadragénaire de retrouver – « par la grâce de la maison Google » – un certain nombre d’ex-élèves ou collègues avec lesquels il a accompli un bout de chemin et qu’il avait perdu de vue. « Ce seul lien collatéral suffit largement pour moi à en justifier l’existence. »

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http://potame.net

J

ournaliste indépendante installée au Canada depuis 2000, Yasmine Berthou a créé son site toute seule, puis en utilisant le logiciel Spip, un an plus tard. Un cousin féru d’informatique avait conçu le canevas général – trois colonnes sur fond blanc, bandeaux en rouge. « Je n’ai eu qu’à remplir les cases ! Il faudrait que je fasse une plus belle page d’accueil. » Le même cousin l’héberge gratuitement et lui a prêté une adresse url. Timide, la jeune femme ne l’indique même pas sur sa carte de visite, ne la communique pas davantage aux rédacteurs en chef qui la font travailler. « Je ne sais pas trop pourquoi j’ai voulu faire ce site », reconnaît-elle. La section ‘‘Brèves’’ abrite son blogue – « Un lieu de ‘‘chialage’’ par excellence ! ». Du coup, elle redoute du coup un peu que ses coups de gueule fassent peur à ses employeurs. Si Yasmine Berthou ne s’en est pas beaucoup occupée de son site la première année, elle s’efforce désormais de l’actualiser toutes les semaines ou tous les quinze jours : « Je n’ai pas mis l’intégralité de mes papiers en ligne, seulement ceux publiés depuis un an ou deux dans les journaux auxquels je collabore. » Trente articles publiés dans La Croix, six dans La Tribune, huit articles dans 24 heures (journal helvétique), treize dans Le Soleil, neuf dans Voir (publications canadiennes) peuvent ainsi être lus. Tous sont signés avec mention du © droits réservés : « Au Canada, les lois diffèrent de celles qui existent en France. »

www.pr esse-media.com

C

o-fondateur de La Rédac Nomade, Yann Barte a créé son site personnel en 2001. Dès la page d’accueil, un lien renvoie, sur le site de cette association « de journalistes indépendants, pigistes par choix et par goût », lancée en août 2002. Un autre lien renvoie sur le ‘‘passeport’’ professionnel qui s’y trouve. « Il s’agissait pour moi d’un site vitrine destiné aux rédactions. J’en avais marre de traîner un ‘‘book’’ de trois kilos à chaque nouvelle collaboration. De plus, n’étant pas très méthodique au niveau de la conservation de mes articles, ce site était le meilleur moyen pour moi de classer et répertorier mes travaux. Aujourd’hui, quand je contacte une rédaction, je joins souvent directement un lien sur mon site ou le CV en ligne. C’est moins lourd que des fichiers joints et bien plus parlant ! » Le site ? Une bonne occasion pour lui de se former « en autodidacte » à la création de pages web. Seul outil en poche pour se lancer : un petit guide sur le logiciel Dreamweaver, « du reste pas très clair », et une aide en ligne sur le ‘‘Flash’’. « J’ai demandé une fois un conseil à un ami informaticien, sur les ‘‘feuilles de style’’ pour unifier un peu le tout. J’ai finalement laissé tomber : rien compris ! Les informaticiens, c’est pas les meilleurs pédagogues ! » Son site ne lui a rien coûté : « L’hébergement m’a été loué gratuitement par un ami. » En quatre ans, il a beaucoup évolué : « Il s’est énormément allégé. Mais je ne le réactualise qu’assez rarement : j’essaie tout de même tous les six mois. » Installé au Maroc, à Casablanca, depuis 1999 (avec quelques séjours très prolongés à Paris), Yann Barte dresse un listing très allégé de ses collaborations pour la presse française et beaucoup plus détaillé sur la presse marocaine. Il a aussi privilégié les articles les plus récents – « Passé cinq ans, cela commence vraiment à dater… je fais le ménage ! ». Des liens renvoient ainsi sur les papiers parus dans les hebdos et mensuels marocains : La vie éco, Femmes du Maroc, Tel Quel, Le Journal, via les sites internet de ces publications. Comme ces publications mettent en ligne ses articles sans autorisation de sa part (ce qui ne lui pose d’ailleurs aucun problème), Yann fait de même avec ses articles, s’autorisant quelquefois la reproduction des logos des journaux. Il s’impose cependant une règle : la non-publication des papiers avant la sortie effective en kiosque.

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Droit d’auteur et propriété intellectuelle

Avis aux naïfs : ne vous croyez pas obligés de demander l’autorisation de mettre en ligne sur votre site les textes de vos articles au kilomètre. Ils vous appartiennent votre vie durant et ensuite à vos ayants droits 70 ans après votre mort ! J’ai commis l’erreur d’interroger Le Monde, en dé- loi, afin de conférer une présomption automatique cembre dernier, pensant – à tort – que j’étais obli- des droits d’auteur à l’employeur lorsque le journagée de solliciter une autorisation. Le responsable liste est salarié. Dans la mesure où la loi n’a pas été vers lequel j’ai été orientée a refusé tout net, au mo- modifiée, où une rémunération doit donc théoriquetif que ces articles, du coup seraient accessibles gra- ment être versée, proportionnelle aux recettes, les tuitement sur mon site, alors que le Monde Interac- éditeurs se montrent maintenant prudents. Une rétif, lui, les fait payer via les archives ! Il voulait donc munération supplémentaire est ainsi parfois propoque j’acquitte un droit de reproduction… sée aux pigistes (le montant de la pige se voit majoré Les réponses apportées par des confrères – interro- forfaitairement de 5 %, par exemple, dans le groupe gés sur les forums et plus au fait de la législation – et Moniteur) au titre de la ré-exploitation notamment celles données par le SNJ m’ont permis de batailler sur support électronique. L’ennui, c’est que les piferme avec le soi-disant responsable des droits inter- gistes doivent aussi renoncer par écrit au droit de net. Renseignements pris, celui que je pensais être faire reproduire leurs contributions ou de les exploijuriste n’était qu’un commercial. ter eux-mêmes… Clause léonine Si Le Monde m’a finalement Une rémunération supplémentaire qu’il serait prudent de refuser de donné l’autorisation écrite (dont signer ! je n’avais nul besoin) de mettre est parfois proposée aux pigistes « Si la loi du 27 janvier 1993 au titre de la ré-exploitation, en ligne mes propres articles, la a inséré dans le Code de la Sépublication de ces derniers sous curité sociale des dispositions notamment sur support la forme pdf m’a été refusé. particulières aux journalistes électronique. L’ennui, c’est que professionnels reporters photoDans le même temps, Le Monde, les pigistes doivent aussi comme d’autres publications, graphes, rappelle le SNJ, aucun’a jamais songé à me demander renoncer par écrit au droit de faire ne disposition n’a été édictée à la moindre autorisation pour reproduire leurs contributions. propos des journalistes auteurs mettre en ligne des papiers pad’œuvres écrites. Il convient de rus voilà plusieurs années, ni veiller à distinguer les mécanisbien sûr à me verser la moindre rémunération com- mes ou usages du droit du travail de ceux de la proplémentaire... priété littéraire et artistique. Les éditeurs investisCette pratique hélas courante, dénoncée par la Scam sent des millions dans le multimédia mais refusent et les syndicats, a donné lieu à une abondante juris- de payer les contenus qu’ils veulent diffuser… » prudence [voir page suivante], car les éditeurs met- Bien des journalistes l’ignorent, mais « Toute éditent souvent en ligne des articles sans interroger ni tion d’écrits, de composition musicale, de dessin, de payer les journalistes concernés. « Or la diffusion peinture ou de toute autre production, imprimée ou sur Internet est un acte de communication au pu- gravée en entier ou en partie, au mépris des lois et blic et dès lors qu’une œuvre originale est concer- règlements à la propriété des auteurs est une connée, l’exploitation nécessite autorisation et rému- trefaçon et toute contrefaçon est un délit » (article nération de l’auteur », explique-t-on au SNJ. Les L-335-2 du Code de la propriété intellectuelle). éditeurs protestent et exigent une modification de la C.L.

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Du côté de la jurisprudence...

Le droit d’auteur protège toutes les œuvres dès lors qu’elles sont originales. D’évidence, un article l’est, mais sa mise en page aussi... Le droit d’auteur a vocation à « protéger toutes les œuvres de l’esprit, quelles qu’en soient le genre, la forme d’expression, le mérite ou la destination » (article L.112-1 du Code la propriété intellectuelle) sous réserve de satisfaire à la condition d’originalité. Selon une jurisprudence constante, cette originalité se manifeste « dès lors qu’il y a création ». L’originalité est reconnue sans difficulté aucune aux articles de journaux. Lors de l’affaire ayant opposé les journalistes des Dernières nouvelles d’Alsace (DNA) et plusieurs syndicats à Plurimédia, la société qui diffusait leurs articles sur Internet, le tribunal a jugé « incontestable que le journaliste détient la propriété littéraire et artistique au sens de la loi du 11 mars 1957, modifiée par la loi du 3 juillet 1985 ». Le droit d’auteur est rappelé par les articles 9 de la Convention collective des journalistes du 27 octobre 1987 et par la Convention collective de l’audiovisuel. La protection du droit d’auteur est reconnue « aux articles de fond, publiés dans des quotidiens et périodiques, quel qu’en soit l’objet » (tribunal correctionnel de Nice, 25/11/1957), quelle que soit la rubrique où ils ont été publiés. Un journal peut tout à fait être considéré par les juges comme une œuvre collective « dans laquelle se fondent les contributions individuelles de divers journalistes ayant participé à son élaboration » (cour d’appel de Paris, 25/10/1990, cour d’appel d’Aix, 28/06/2001), même s’il présente des articles de fond, eux-mêmes protégés par le droit d’auteur. Dans le litige opposant les journalistes rédacteurs aux DNA, le

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journal détenait certes des droits d’auteur d’une œuvre collective, mais dans les conditions reconnues par le contrat de travail et la convention collective. Cela ne privait donc pas chacun des auteurs de son droit moral et de ses droits pécuniaires (TGI de Colmar, référé, 03/02/1998). Si les journalistes défendent bec et ongles leurs droits, les journaux estiment à juste raison de leur côté devoir défendre l’originalité de leur maquette. Celle de leur une tout particulièrement : « La composition de la première page d’un quotidien obéit à des règles stric-

Pour se prémunir contre toute poursuite judiciaire, les journaux font signer de plus en plus souvent des autorisations de reproduction d’articles sur Internet à leurs journalistes tes, observées de façon permanente quels que soient les auteurs des articles et les rédacteurs en chef, car elles tendent à fixer, dans l’esprit du public, une structure lui conférant une personnalité bien distincte de la une de journaux concurrents » (cour d’appel de Paris, 25/10/1990) Mieux vaut donc solliciter l’autorisation des journaux avant de s’aventurer à copier la mise en page d’un article sur son site web. Lorsque l’œuvre est collective, qu’elle résulte du travail de plusieurs personnes, le droit d’auteur pourra être invoqué par la personne propriétaire de l’œuvre divulguée : l’éditeur en l’espèce. Au contraire, la protection d’une

œuvre individuelle ne peut être invoquée que par celui qui en détient les droits. L’article est illustré d’un dessin ou d’une photo ? Rédacteur, illustrateur et photographe peuvent chacun réclamer la protection de son droit d’auteur. D’où l’importance de solliciter l’autorisation (par écrit) d’un photographe ou d’un illustrateur dès lors qu’on souhaite reproduire sur Internet un papier – sous forme ou non de texte au kilomètre – avec des illustrations. La numérisation d’une œuvre est assimilée à une reproduction (TGI de Paris, référé, 14/08/1996, TGI de Paris,référé, 05/05/1997). La mise en ligne est considérée comme une représentation (TGI de Paris, référé, 03/03/1997). Si les éditeurs de presse ne semblent pas avoir encore poursuivi à ce jour des rédacteurs qui auraient scanné couvertures, logos et maquettes sur leurs sites web, si les photographes et les illustrateurs ne paraissent pas non plus avoir attaqué de rédacteurs, les choses pourraient changer. La France se met chaque jour davantage à l’heure américaine… Une chose est sûre : pour se prémunir contre toute poursuite judiciaire, les journaux font signer de plus en plus souvent des autorisations de reproduction d’articles sur Internet à leurs journalistes. Raison pour laquelle mieux vaut lire attentivement les quelques lignes écrites en petit sur un bon de commande de pige, exiger quelques jours de réflexion avant de le signer : certaines formulations sont lourdes de conséquences.... Les syndicats, la Scam fournissent de bons conseils en la matière et n’exigent pas d’honoraires, à la différence des avocats. C.L.


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Droits d’auteur bafoués... ...l’action de la Scam Les pigistes ne voient jamais la couleur des accords de répartition des droits d’auteur... faute d’avoir adhéré à la Scam ! Tous ceux que la question des droits d’auteur intéresse devraient aller jeter un œil sur le site de la Société civile des auteurs multi-media (www.scam.fr). La jurisprudence concernant ce sujet y est accessible en ligne. Les journalistes des DNA, du Figaro et du Progrès ont notamment assigné les éditeurs lorsque ces derniers ont diffusé leurs papiers, via leurs archives, sur Internet, sans leur demander leur autorisation préalable… « Née en 1981 de la volonté de 24 auteurs de défendre les droits pour leurs œuvres documentaires, la Scam a conquis sa légitimité et représente aujourd’hui plus de 20 000 auteurs de l’audiovisuel, de la radiophonie, de l’édition, de la presse, du multimédia, de la photographie, du dessin... », explique Marie-Anne Ferry-Fall, une juriste qui se dépense sans compter pour plaider la cause des journalistes. La Scam n’a pas pour vocation d’intenter des procès pour les litiges individuels. Il s’agit d’une société d’auteurs gérant les droits collectivement. Pour les diffusions sur Internet, elle négocie avec les éditeurs lorsqu’une majorité des journalistes de la rédaction lui demandent d’intervenir. Son rôle consiste aussi à mobiliser la profession sur les droits d’auteur, pour tout ce qui concerne l’exploitation secondaire des articles, qu’il s’agisse de la reproduction par photocopies, CD-rom, sur Internet ou copie privée numérique. « Certains éditeurs se montrent très hostiles à l’idée que les journalistes soient des auteurs, ils préfèrent reverser des primes que de signer des accords précisant les modalités de répartition des droits », constate Marie-Anne Ferry-Fall. Cette juriste ne nourrit guère d’illusions : le modèle de contrat que la Scam propose est rarement présenté

par un journaliste à titre individuel, a fortiori par un pigiste. Lequel ignore le plus souvent si des accords d’entreprise ont été signés et la portée de ce qu’on lui demande de signer ! Il faut savoir qu’au Monde, par exemple, l’accord signé stipule que les journalistes obtiennent 12 % des recettes perçues par Le Monde Interactif. Et 10 % du prix de vente des CD-rom. La redistribution doit être effectuée chaque année. Les pigistes n’en voient jamais la couleur, pas plus que les salariés intégrés dès lors qu’ils ont quitté la rédaction… Un pigiste a donc tout intérêt à adhérer à la Scam, ne serait ce que pour comprendre la portée de l’engagement que tel ou tel journal lui demande de signer... L’adhésion ne coûte rien, seul sont déduits 22 euros au titre d’un ‘‘droit d’entrée’’ sur les premiers droits versés. Sur le montant des droits reversés, sont ensuite prélevés 9 % pour frais de fonctionnement. « Si les journalistes ne se battent pas, met en garde Marie-Anne Ferry-Fall, s’ils ne comprennent pas l’importance des enjeux, ils risquent de perdre aussi le droit à la clause de conscience et à la clause de cession qui sont liés à leur statut. Une directive européenne de 2001 va être intégrée prochainement dans le droit français : le projet de loi 1206 sur le droit d’auteur et les droits voisins dans la société de l’information doit être débattu en juin prochain à l’Assemblée nationale. Certains députés, qui chouchoutent les éditeurs ou sont éditeurs de presse eux-mêmes, ont déjà le projet de faire changer la loi. Afin que la cession des droits d’auteur devienne automatique… » C.L.

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Asso du mois

Portrait d’une association : l’AJT L’Association des journalistes du tourisme (AJT) regroupe les professionnels collaborant régulièrement pour les rubriques “Tourisme” des médias. Elle défend la place de ses rédacteurs au sein des magazines.

L

e journaliste tourisme n’est pas « une personne qui prend l’avion pour se balader, quinze jours en Polynésie aux frais d’un tour operator », précise Yvon Busson, président de l’association et rédacteur en chef de Croisières et Détours en France. Comme toute spécialisation, cela demande un travail au long cours. Pourtant les journaux font de moins en moins travailler ces reporters. Le président de l’AJT constate que la rubrique “tourisme” est aujourd’hui souvent considérée comme quantité négligeable. Pour des raisons budgétaires, ces pages sont écrites par des rédacteurs occasionnels non spécialisés. Ce sont les journalistes de la presse régionale ou les vacances des collaborateurs du journal qui alimentent les colonnes des magazines nationaux. L’âge d’or des années 80 qu’Yvon Busson a connu est passé. « C’était Byzance ! » L’argent ne manquait pas, les rédactions pouvaient payer un journaliste spécialisé à temps plein, les compagnies aériennes distribuaient généreusement les billets d’avion et l’association ne comptait que quatrevingt adhérents. Aujourd’hui les reportages sont financés par les entreprises et les collectivités. « Il n’y a pas de solution à ces pratiques, c’est le mode de fonctionnement du métier », explique le président de l’AJT qui se défend de faire de la communication : « Si le voyage est nul, c’est dit. »

Pas d’amateurs Les conditions pour devenir membre sont le reflet du professionnalisme que défend l’AJT. Les candidats doivent justifier d’au moins six publications annuelles dans des pages tourisme. Mais aussi dé-

tenir la carte de presse et être parrainés par deux adhérents dont l’un fait partie des douze membres du bureau. Chaque année, l’annuaire de l’AJT est présenté L’annuaire 2005 reau Salon mondial du tourisme. cense cent quatrevingts journalistes dont une majorité de rédacteurs en chef ou chefs de rubrique. Parmi les trois grands rendez-vous de l’AJT, une sortie, l’assemblée générale et la soirée réunissant les attachés de presse. Ces derniers représentent cette année trois cent quatre-vingts adhérents et ont des budgets dans tous les secteurs du tourisme. « D’autres rencontres seraient difficiles à organiser, explique Yvon Busson, pour des professionnels qui sont par monts et par vaux. » Mais prochainement, Léon Bertrant, secrétaire d’Etat au Tourisme, viendra parler d’économie du tourisme aux membres de l’association. Elisabeth Nodinot

L’AJT est née de la fusion, en 1997, de l’Association professionnelle des journalistes du tourisme et de celle des journalistes de plein air. Siège social : Maison de l’Alsace, 39 av des Champs-Élysées, 75008 Paris. Tél. : 01.53.83.10.00 – Site : www.ajt.net Coût de l’adhésion : 60 euros.

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Projet IUT de Bordeaux : une rédaction in vitro ! Les étudiants de l’IUT de journalisme de Bordeaux remettent chaque semaine l’ouvrage sur le métier en réalisant leur journal Imprimatur. Une simulation en prise directe avec leur futur professionnel. Seul quotidien hebdomadaire, gratuit sans publicité, traitant de l’actualité d’une ville mais disponible dans un seul de ses quartiers : Imprimatur est un journal paradoxal, dont le titre n’est pas la moindre singularité. Cette « permission d’imprimer donnée par l’autorité ecclésiastique » est finalement peu représentative de l’ambiance potache des conférences de rédaction qui réunit le lundi matin les étudiants en première année de l’IUT de journalisme de Bordeaux. Depuis septembre 1967, Imprimatur est leur apprentissage grandeur nature – contrôle continu à la clef – de la pêche aux sujets, de la pertinence des photos, de la mise en page, ou tout simplement de la nécessité de rendre le nombre de caractères convenu pour le bouclage du mardi à 14 heures. Si la rédaction en chef est assurée par les étudiants grâce à un système de rotation, les professeurs - Gaël Le Dantec, Jean-François Brieu et José Rodrigues affinent le choix des sujets et de l’iconographie. « Sud-Ouest, Radio France, les urgentistes en page 2, ça fait que des grèves ! », s’exclame un étudiant. « Ce n’est pas inintéressant de faire une page grève, cela créé une unité », argumente Jean-François Brieu. Au fur et à mesure de la distribution des articles, les équipes partent en reportages, équipées de leurs appareils photo numériques, mais prévenues de la tentation de ‘‘remplir’’ avec un

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cliché trois quarts de page, encore moins si le visuel est fourni ou récupéré ! Pour des événements comme la Foire internationale de Bordeaux, Imprimatur compte parfois 8 pages, voire 12. Et le titre a connu des heures marquantes : 1968, le mouvement étudiant de 1995, le festival de théâtre Sigma. Il a ‘‘portraituré’’ des personnages de l’histoire contemporaine : le général de Gaulle, le général Audran, exécuté en 1985 par Action directe. « Un connard de moins sur terre », commente le journal. Le rectorat s’indigne et le conseil d’administration de l’IUT démissionne en bloc. Une école de la pige ? « Aujourd’hui, les débats sont moins politiques et plus sur le métier. Il y a un côté restons dans le cocon », commente JeanFrançois Brieu. 46 places ouvertes en 2005 aux centaines d’impétrants : on comprend le goût des étudiants pour le ‘‘cocon’’. Ils s’en échappent pendant les stages pour se frotter à la réalité des entreprises de presse. Mais c’est à l’IUT qu’ils ont le luxe de découvrir la ligne éditoriale de magazines partenaires et d’apprendre des professionnels intervenants. Les étudiants réalisent des articles qui sont publiés dans des magazines nationaux ; Terre Sauvage cette année. « S’il y a publication,


Projet doit-il y avoir rémunération ? Il y a eu débat », indique le professeur. C’est le système de l’échange – articles contre interventions des journalistes – qui a été choisi. Pour ces étudiants « très intéressés par la presse magazine », c’est une première expérience de la pige. Elle sera leur lot quotidien au sortir de l’IUT car c’est souvent la seule façon de pénétrer le secteur. Mais si cette mise en situation se rapproche de la réalité, il n’existe pas de module ‘‘spécial pigiste’’ à l’IUT. « Pour être pigiste, il faut être une machine à proposer des sujets, c’est très difficile », insiste Jean-François Brieu. Le temps école est-il suffisant pour aguerrir les futurs professionnels ? « Ils sont très fragiles. Ils peuvent être bluffants une semaine, et chuter la semaine suivante. » Mais au fur et à mesure que les étudiants se saisissent des outils et des techniques, la progression est patente. « Au départ, on leur demande de traiter une

dépêche, et à la sortie de rédiger un mémoire de 80 pages. Parfois, à la faveur d’un stage, le changement peut-être spectaculaire, physique et mental. » Evolution mais plus question de révolution. « Ils restent très classiques. Quand j’ai commencé, ils voulaient tellement tout changer, c’était d’un ennui », se souvient JeanFrançois Brieu. L’envie du métier est, elle, intacte. 1 529 dossiers de candidatures ont été déposés pour la prochaine rentrée. Emmanuelle Fère

Pour plus d’informations : w w w .i u t .u - b o r d e a u x 3 .f r / j o u r n a l i s m e

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Lu pour vous

Comparez : « Le notaire, qui vivait dans le bourg, fut rapidement sur place » et « Le notaire qui vivait dans le bourg fut rapidement sur place ». Dans le premier cas, il n’y a qu’un notaire dans le village alors que dans le second, il s’agit d’un notaire parmi d’autres. La virgule se révèle ici obligatoire pour permettre le distinguo entre la relative explicative et la relative déterminative. Mais cette virgule n’est pas toujours régie par des règles précises à l’image de la ponctuation qui, selon Jean-Pierre Colignon, « a deux visages : celui de la ponctuation grammaticale, soumise à des règles imposées par la logique et celui de la ponctuation expressive, qui laisse une plus grande part à l’interprétation personnelle ». Eminent spécialiste de la langue française, chef correcteur au journal Le Monde, l’auteur s’adresse ici aux journalistes qui doivent savoir manier une ponctuation « sobre » et « rationnelle ». Un exercice dont Jean-Pierre Colignon nous fait découvrir la finesse en présentant les emplois utiles des signes usuels. Au sommaire, la virgule dans tous ses états (avec les conjonctions de coordination, les pronoms personnels, l’accord du verbe…), les nuances de fonction entre les parenthèses et les crochets ou encore un chapitre sur les guillemets et leurs usages les plus méconnus. Ainsi, ils constituent un passage obligé avant la francisation de mots d’origine étrangère (perestroïka, pin’s, dazibao…). Ces derniers apparaissent d’abord dans le vocabulaire en italique. L’extension de leur utilisation est marquée par l’emploi des guillemets qui disparaîtront une fois les mots en question entrés dans le dictionnaire. Quelques figures de style du meilleur effet comme l’amphibologie ou l’antanaclase trouvent leur place au fil des pages. Essayez de les recaser dans un dîner pour voir. Sophie Lemoine Un point c’est tout ! La ponctuation efficace, de Jean-Pierre Colignon, Victoires-Editions, 135 pages, 12 euros.

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Le(s) journalisme(s)

Les muckrackers A la question « Qui suis-je ? », le journaliste n’a pas toujours fourni la même réponse. L’Histoire lui a fait connaître mille rôles différents qui sont autant de genres journalistiques avec leurs codes et leurs héros. Chaque mois, retour sur l’un d’eux.

Littéralement : les racleurs de boue. Traduisez : les fouille-merde. Les muckrackers, c’est une bande de journalistes, d’essayistes et de critiques anglo-saxons qui se trouvent une sensibilité commune à un moment décisif de l’Histoire. Au milieu du XIXe siècle, aux Etats-Unis comme en Angleterre, la révolution industrielle a presque fini de bouleverser le paysage urbain. Les villes sont inadaptées pour accueillir les foules d’immigrés qui s’y pressent dans l’espoir de trouver un bout du rêve qu’on leur a promis. A New York, ces travailleurs sont vite entassés dans des quartiers pourris qu’on appelle les “slums”, sorte de ville parallèle à l’est du fleuve. En 1890, le journaliste et photographe Jacob Riis passe plusieurs mois à enquêter sur ces oubliés et publie How the other half lives (Comment vit l’autre moitié). Il y raconte les conditions de vie, trace des portraits et illustre son reportage-fleuve de témoignages et de chiffres obtenus auprès des responsables de la police, des agences de santé et des registres de statistiques. Le résultat tient presque de l’étude sociale. S’il est le plus connu, Riis n’est pourtant pas le premier à s’être aventuré sur le terrain de ces dénonciations. Dans le Londres des années 1850, Henry Mayhew enquêtait déjà sur la pauvreté urbaine avec les mê-

mes méthodes et le même souci d’investigation et faisait paraître un ouvrage au titre explicite : Le Vice dans la grande Métropole. L’ambition des muckrackers est simple : dénoncer les abus des affairistes et de la corruption politique dans leurs enquêtes. Ils partent du principe que montrer les problèmes sociaux donnera plus de résultats que l’idéalisme bon ton qui s’affiche partout. Ils sont partisans du fait brut, du rentrededans et de l’absence totale de consensus. Ces méthodes leur valent d’ailleurs leur surnom sur le tard. En 1906, Théodore Roosevelt les compare au personnage d’un roman de John Bunyan : trop occupé à racler la boue (to muckracke), il ne voyait pas le bien autour de lui… Le muckracking doit beaucoup au développement de la presse de masse. Des magazines comme McClure’s, Everybody’s ou Collier’s aux Etats-Unis ont de suffisamment gros tirages pour financer leurs enquêtes et s’offrir une audience nationale. Malgré cela, cette génération s’essoufflera vers le début des années 1910, faute de lecteurs et de soutien. Leurs enfants seront ceux qu’on appellera plus tard les journalistes d’investigation. Jean Chabod-Serieis

A lire : Jacob Riis, How the other half lives (1890) en ligne sur http:// www.yale.edu/amstud/inforev/riis/ title.html


3 questions à une Rédac’ Chef Pour Sylvie Le Calvez et Claire Lelièvre, directrices de publication et cofondatrices de L’Acteur rural, société de presse installée au cœur du bocage normand, la campagne, lieu de mémoire, de culture et de savoir-faire, est aussi un lieu de création et d’innovation. La société édite Village Magazine, destiné à ceux qui souhaitent construire leur vie à la campagne, et la Lettre de l’Acteur rural, pour les professionnels du développement local, et des guides pratiques. Profession : pigiste.– Sylvie Le Calvez, les articles de Village Magazine se nourrissent des multiples initiatives locales qui naissent un peu partout dans les campagnes françaises. Comment vous organisez vous ? Sylvie Le Calvez.– Notre carnet d’adresses compte 130 pigistes répartis sur toute la France. En 2004, nous avons fait appel à 43 pigistes. Parmi eux, 15 sont des collaborateurs réguliers. Si pour certaines régions, nous avons des correspondants qui peuvent assurer un relais avec les pigistes locaux, pour d’autres régions, comme la Picardie, le Nord-Pas-de-Calais, la Lorraine ou l’Aquitaine, notre carnet d’adresses n’est pas suffisamment riche. Souhaitant une meilleure proximité du lecteur avec les journalistes, nous avons mis en place, sur notre site internet, un contact direct avec quelques uns de nos pigistes correspondants régionaux. PP.– Village Magazine est une revue avec très peu d’encarts publicitaires, qui conserve un caractère militant. Comment faites-vous pour en vivre et faire vivre des pigistes ? Sylvie Le Calvez.– Outre les abonnements et les ventes en kiosque, nos recettes proviennent des diverses activités que nous développons autour du thème “Créer et innover à la campagne”. Mais il est vrai que nos tarifs de piges sont peu élevés et qu’il nous est difficile

de payer des frais de reportage, d’où le recours à des correspondants locaux. Cette organisation présente l’avantage de s’appuyer sur des pigistes qui connaissent bien leur région et ont leur propre carnet d’adresses. Ils sont bien placés pour se tenir informés de tout ce qui se passe dans leur région et peuvent intervenir rapidement. Pour ces pigistes proches de la source d’information, la proximité est aussi un gain de temps et… d’argent ! PP.– Etes-vous satisfaite de vos multiples collaborations avec des pigistes ? Sylvie Le Calvez.– J’apprécie de travailler avec des pigistes. Je ne manque pas de recommander les meilleurs à mes confrères ! Un pigiste doit être capable de com-

prendre correctement et rapidement notre ligne éditoriale, de respecter impérativement les délais, ce qui n’est pas toujours le cas. De mon côté, je m’efforce de donner une commande claire : longueur du papier, titraille, etc. En revanche, je n’ai pas l’habitude de faire des bons de commandes écrits. Mais la relation de confiance m’a rarement déçue ! Autre souci dans mes relations avec les pigistes ? Le manque de temps pour répondre à leurs propositions de collaboration. J’en reçois beaucoup et il m’est impossible d’y donner suite. Mais je mets de côté celles qui m’intéressent et les ressort, parfois six mois plus tard. Un conseil utile : éviter les périodes de bouclage pour contacter un rédacteur en chef ! Xavier Toutain Société indépendante et participation groupe de presse Michel Hommell - Mensuels et publications (papier et internet) Diffusion Village magazine : 30 000 exemplaires dont 70 % en kiosque Tarifs piges : 55 euros brut (y compris 13e mois et congés payés) Equipe permanente : 4 journalistes Contact : Sylvie Le Calvez, directrice de publication sylvie.lecalvez@wanadoo.fr La Caillère, 61100 La Carneille, tél. : 02.33.64.04.44. Site : www.village.tm.fr

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Jargonnerie

Mutuelle et Peps premiers adhérents Le contrat Audiens-Peps, la garantie santé négociée par des pigistes pour les pigistes, accueille ses premiers adhérents depuis janvier. Ils peuvent désormais bénéficier de tous les avantages d’une vraie mutuelle santé à un tarif groupe. Deux formules sont proposées : - la formule 1 couvre les frais de santé non (ou mal) pris en charge par la Sécurité sociale, pour un tarif mensuel très accessible de 29,44 euros ; - la formule 2 donne accès à des soins ‘‘de confort’’ pour un tarif mensuel plus élevé mais compétitif de 49,82 euros. Les enfants bénéficient d’un tarif réduit et la garantie est gratuite pour le 3e et les suivants. Chaque option a été étudiée pour vous offrir le meilleur rapport qualité-prix, sur tous les postes de dépenses importants : frais d’hospitalisation, frais médicaux, frais pharmaceutiques, transports, maternité, dentaire, optique (lunettes et lentilles), orthopédie, cure et bilan de santé (formule 2 uniquement pour ces deux dernières options)… Comme toute bonne mutuelle, les adhérents disposent de la télétransmission pour être remboursés plus vite, de la prise en charge des avances de frais en pharmacie (carte Santé Pharma) et, en cas de besoin, d’une assistance 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 pour la garde de vos enfants, une aide ménagère, la livraison de médicaments… Rappelons que pour bénéficier de ce contrat groupe, il faut être journaliste professionnel (carte de presse ou feuilles de salaire faisant foi) et adhérer à l’association Peps, association créée par 7 pigistes à l’origine du projet, et dont l’adhésion n’est que de 5 euros sur deux ans. Le bulletin d’adhésion est remis avec le dossier complet par Audiens. Point important : le maintien de ces tarifs avantageux dépend de l’esprit solidaire de ses adhérents. A chacun de ne pas abuser des dépassements d’honoraires et de rester vigilants sur les soins et les factures. L’équipe Peps Renseignements et demandes de dossiers : 0800 885 604 (appel gratuit)

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Les rédacteurs en chef parlent aux pigistes : passage en revue de ces truculentes expressions qui vous gâchent la vie. Absurdités, questions pièges : tout est permis pour que vous ne rappeliez pas. Mais vous rappellerez. A comme Avouer : « J’avoue que je n’ai pas eu le temps de regarder », vous donne-t-on comme seule excuse au silence mortel qui règne sur votre boîte e-mail depuis que vous avez envoyé votre synopsis. L’aveu est une formulation très habile : on ne peut pas lui en vouloir puisqu’il avoue ! Il faut cependant vous préparer à batailler ferme dans les dix secondes qui vont suivre : le red’chef est en train de lire votre mail pendant qu’il vous tient au téléphone et il va attendre de vous une sacrée gouaille pour le convaincre que ce papier-là, c’est du lourd. A vous de jouer ! D comme Déjà : « On a déjà ce qu’il faut, merci ! » Dans la prospection téléphonique, c’est la première barrière à passer. Le réd’chef la ressasse tellement souvent que c’en est devenu comme une seconde respiration. Bien sûr qu’il a déjà tout ce qu’il faut… comme journalistes. Mais pas comme articles. Le papier que vous lui proposez, personne ne l’a, il faut vous en convaincre. Et ce fameux réd chef récalcitrant n’attend qu’une chose : que vous lui proposiez un sujet très précis, anglé et bien ficelé. Il faut vous assurer que son refus n’est pas le refus d’un journaliste en général mais d’un article en particulier. Il faut batailler sur l’article et uniquement sur lui, le défendre pied à pied, convaincre votre interlocuteur que ce n’est pas vous qui êtes génial mais le papier. C’est un peu comme dans l’industrie du pétrole : l’entreprise extrait du pétrole brut invendable, puis elle le traite dans ses raffineries afin de le décliner en plusieurs combustibles. Le pigiste extrait un sujet brut invendable, puis il le raffine en lui donnant un angle et un format qu’il peut décliner pour plusieurs supports. Si un réd chef vous dit qu’il a « déjà ce qu’il faut », c’est peutêtre que votre pétrole est encore trop brut, pas assez manufacturé. Jean Chabod-Serieis


Portrait de pigiste

Stéphanie, pigiste aux avants postes de la révolution économique mondiale Depuis mars 2003, Stéphanie Rigaud, jongle avec les tracasseries administratives locales, les décalages horaires et un relatif isolement pour témoigner avec enthousiasme de la formidable épopée chinoise depuis Shanghai, l’eldorado économique du géant asiatique. Depuis mars 2003, Stéphanie Rigaud mesure chaque jour sa chance de humer l’ambiance véritablement historique qui préside à l’avènement de la Chine au firmament de l’économie mondiale. « Nous avions avec mon compagnon le projet de nous installer pour quelques années à l’étranger », explique cette jeune pigiste qui a débuté sa carrière comme rédactrice pour Sud-Ouest au sein d’agences locales. « Nous étions particulièrement attirés par la Chine. Mon compagnon a saisi une opportunité proposée par son entreprise pour y partir comme expatrié. Nous avons donc sauté sur l’occasion et avons débarqué à Shanghai, le poumon économique du pays. » Premier poste à l’étranger, donc pour Stéphanie, après un saut dans la presse professionnelle informatique, à Paris, sur fond de vague Internet. Spécialiste RH-management, Stéphanie, se lance alors dans la pige lorsque le journal qui l’emploie est contraint de fermer boutique. « Sachant, que nous avions le désir de partir à l’étranger, la

pige me semblait une bonne transition, le marché de l’emploi étant déjà fort tendu ! », explique cette diplômée de Sciences Po Bordeaux et du CUEJ (Centre universitaire d’enseignement du journalisme) de Strasbourg. Depuis la Chine, Stéphanie pige principalement pour des supports spécialisés management-RH (L’Expansion, Courrier Cadres…), tous ravis de trouver ainsi une correspondante aux premières loges de « l’histoire en train de se faire », ainsi que pour une lettre d’information professionnelle sur le marché des cosmétiques (en plein boom là-bas). Principale difficulté : un niveau de chinois qui ne permet pas à Stéphanie de mener des interviews en langue locale malgré des cours de mandarin intensifs. « Je dois donc sans arrêt me débrouiller pour trouver un interprète. La connaissance de l’anglais est encore assez peu répandue ici. Du coup, mon travail est ralenti », regrette-t-elle. Autre difficulté : les entreprises chinoises étant assez méfiantes vis-à-vis des journaux étrangers, Stéphanie doit déployer des trésors d’énergie pour obtenir entretiens et informations pertinentes c’est-à-dire autres qu’institutionnelles : « Les relations de confiance s’installent lentement. » Principale difficulté de son statut de pigiste-correspondante

: le décalage horaire (+ 7 heures en hiver [en Chine] et + 6 heures en été). « Les rédactions françaises se réveillent quand la journée s’achève ici. » Pour ne pas se faire oublier, lorsqu’elle est de passage en France, une fois par an environ, Stéphanie prend d’assaut les rédactions. « J’ai simplement rencontré un problème une fois avec un magazine de la presse spécialisée. J’ai arrêté la collaboration devant les difficultés à me faire payer l’ensemble de mes articles et à obtenir des fiches de paie », dénonce-t-elle. Si en tant que pigiste, Stéphanie apprécie au plus haut point la souplesse de son organisation, de ses horaires et son indépendance, elle émet toutefois quelques réserves. « Je déplore le temps qu’il faut consacrer à l’aspect commercial pour vendre mes articles et je regrette vivement le travail en équipe et les discussions au sein d’une rédaction. » Eric Delon

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