S O M M A I R E
LULLABIES
FEARRR
DREAMIN
URBANITY
COLORS
MOVIE ON THE ROAD ...
MADE
« PEEL APART » John Counts INTERVIEW de la chanteuse compositrice Drou « QU’EST-CE QUI TE FAIT CRIER ? » Morgane Launay INTERVIEW du réalisateur François Gaillard « MONOLOGUE » Sasa Lazic INTERVIEW de l’illustratrice Meyoko « MODERN TOKYO » Skorj INTERVIEW de l’illustrateur Cityabyss « TRIPTYQUES » Tom Spianti INTERVIEW de l’illustratrice Samantha Zaza « READY-MADE POETRY » Jean-Marie Le Brestec INTERVIEW du réalisateur Ugo Nonis « TYPO GRAPHIK » Frédéric Desmots INTERVIEW du luthier Charles Coquet
LULLABIES
&
« PEEL APART » John Counts INTERVIEW de la chanteuse, compositrice Drou
J O H N C O U N T S
PEEL APART Comment as-tu commencé la photographie ? Quand j’étais à la fac en 2000. J’ai commencé à me dire que plutôt que s’asseoir pour boire avec mes amis tous les jours, si je vouais mon temps libre à une seule chose -en ne me concentrant que sur cette chose- et que je puisse devenir bon à quelque chose, je pouvais changer ma façon de penser. Ce fût aussi une révélation inattendue. Le choix de la photographie fut un hasard, ç’aurait pu être n’importe quoi. Je ne connaissais rien à la photo, sans aucun intérêt particulier pour ça. J’ai passé pas mal de temps à conduire sur les routes d’Alabama à prendre des photos avant de développer une esthétique cohérente. J’ai pris beaucoup de mauvaises photos, mais cette expérience -de simplement rouler avec mon appareil et de voir tout ce qui m’entoure en tant que photographe potentiel- était très importante. Peux-tu nous expliquer comment cette série a été faite ? Une fois que j’avais commencé à faire des diapos, je ne suis jamais revenu aux négatifs, sauf à de rares occasions. J’ai donc accumulé une multitude de plusieurs milliers de diapositives venant de tous les EtatsUnis. Je les prends et les superpose les uns sur les autres et imprime le résultat sur de la pellicule Polaroid peel-apart avec un Vivitar Slide Printer. J’y ajoute d’autres fragments de pellicules pour ajuster la densité globale pour donner à l’image finale un peu plus de texture et couleur. Je ne suis pas pressé de voir le jour où je ne pourrai plus obtenir de pellicule Polaroid 669. Des projets en cours ? J’essaie de documenter le sud des Etats-Unis avec le reste de mes Kodachrome 25. Je fais aussi de nouveaux polaroids et je commence juste à explorer mon nouveau chez-moi à Dallas au Texas. C’est une ville où la photographie est un défi, je trouve. http://www.jwcounts.com
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D R O U & T H E C A N D Y K I D
INTERVIEW Photos par Vinciane Verguethen ©
Un format mini pour un groupe... Au départ c’était encore plus mini puisqu’il n’y avait que moi ! J’avais l’envie, mais rien ne sortait vraiment. J’ai écrit un morceau en deux ans. J’avais besoin d’un soutien, et avant tout d’un soutien affectif, de quelqu’un qui me donnerait envie d’avancer et qui m’encouragerait. Candice a été parfaite pour ça. On se comprend, on se connaît et on a super envie. Vos sources d’inspiration ? Comme toutes les filles, nos déceptions et nos espoirs amoureux (rires)... Vous jouez chacune de plusieurs instruments... Je joue de la guitare depuis peu, Candice a toujours rêvé de faire de la trompette, on adore le son des accordéons, celui des balais sur une caisse claire ou d’une mailloche sur un Tom Bass, alors on s’est dit pourquoi pas. Des compositions très aériennes... C’est drôle car je ne trouve pas que nos morceaux soient très aériens... Certaines compositions sont peut-être plus légères mais elles sont, selon moi toujours un peu sombres. Même quand les textes sont écrits par Candice, qui arrive plus facilement que moi à voir les choses sous un angle joyeux, je ne peux pas m’empêcher d’essayer d’en tirer toute la mélancolie que j’y trouve. C’est sûrement une mauvaise habitude ! Si tu devais décrire votre univers... Je trouve que le titre de notre EP «A Dungeon, a Dragon» reflète bien notre univers : un donjon, car nous sommes un peu des princesses emprisonnées parfois, avec nos rêves d’échappatoires, de princes charmants, de plus grands espaces et un dragon, parce que beaucoup de choses bouillonnent et que parfois, dans de rares moments, elles explosent... http://www.myspace.com/droumusic
FEARRR
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« QU’EST-CE QUI TE FAIT CRIER ? » Morgane Launay INTERVIEW du réalisateur François Gaillard
M O R G A N E L A U N A Y
QU’EST-CE QUI TE FAIT CRIER ? L’histoire de cette série ? Quand j’y réfléchis, je crois que j’ai toujours bien aimé photographier les bouches grandes ouvertes, ça donne un visage vraiment différent et puis j’aime aussi attraper des petits bouts de vie, des moments qui racontent vraiment une personne. Alors, petit à petit, cette idée s’est installée et le projet m’est un peu venu tout seul, je ne me souviens pas vraiment du jour où je me suis dit «je vais faire ça». J’ai fait un ou deux shoots, j’ai commencé à travailler un peu plus sur le sens entre la photo et ce qu’elle voulait dire avec la personne concernée, puis sur la mise en scène et petit à petit la série s’est mise en place. La peur pour toi, c’est... La peur c’est quand même un gros handicap, mais le truc bien c’est que ça permet de se dépasser, de pas se laisser manger par ça, de vivre avec et de la dompter. Moi je suis plutôt une grosse peureuse, mais je me soigne. Au cinéma, j’ai tendance à broyer le bras de mon copain !
D’autres émotions à mettre en image ? La folie, celle un peu douce, que tu croises au hasard chez les gens qui ne le sont pas ! J’aime bien ça ! www.morganimage.com www.flickr.com/morganimage
F R A N Ç O I S G A I L L A R D
INTERVIEW Pourquoi la réalisation ? J’ai toujours été fasciné par l’idée de créer un univers de fiction, quel qu’il soit. Quand j’étais adolescent, je passais mon temps à faire des bandes dessinées. La plupart étaient inspirées de comics, notamment ceux des éditions Warren ou Elvifrance. On y trouvait de courtes histoires d’horreur, comme «La quatrième dimension» ou «Les contes de la crypte». Mais dessiner, c’est comme écrire un roman : au bout d’un moment, la solitude commence à peser. Alors, pour rester dans la création de la fiction, je me suis tourné vers la réalisation. Là, il y a une équipe qui vous entoure, il y a des défis, de l’action. Aujourd’hui tous ces challenges me stimulent. Sans cela, je crois que je me laisserais mourir à petit feu. C’est comme une drogue pour moi ! Et le film d’horreur ? Comme je vous le disais, mes premiers dessins étaient calqués sur des BD d’horreur, justement. Alors, quand je suis passé à la réalisation, je crois que c’est venu naturellement. Et puis, vous savez, le cinéma d’horreur est un véritable repère à fantasmes, aux névroses de toutes sortes. C’est un excellent exutoire. Le film d’horreur, quand il est réussi, nous délivre de toute la tension et des mauvaises ondes qui ont pu nous pourrir la journée ! Votre premier souvenir de spectateur... Je m’en souviens TRÈS bien. J’avais 6 ans, et « La dernière séance » d’Eddy MITCHELL présentait « L’étrange créature du lac noir», de Jack ARNOLD. À l’époque, c’était incroyable. Le programme de la semaine distribuait des lunettes 3D, car le film était diffusé à la TV en relief. Pour un gosse de 6 ans, c’est magique ! Parlez-nous plus particulièrement de ce film... « Welcome to my nightmare » vient du fait que juste en revenant du marché du film à Cannes en 2005, je me suis revu « l’Enfer des Zombies » de Lucio FULCI en DVD. C’est un film très violent qui avait subi les foudres de la censure du gouvernement Giscard en 1979. Je le connaissais en VHS comme ce que j’appelle «un plaisir coupable». Là, je l’ai redécouvert à son potentiel maximum ! Et quel film ! Je me suis enfin rendu compte que derrière le film d’exploitation se cachait un joyau de l’épouvante à l’italienne, superbement photographié et totalement décomplexé dans sa mise en scène. Décomplexé parce que sanglant, certes, mais aussi très graphique, et même érotique, parfois ! Là, je me suis dit : « J’ai honte, mes films sont moches et vulgaires ». Je veux toujours faire des films d’horreur, avec une certaine touche de vulgarité, d’irrévérence, certes, mais je veux que ce soit beau ! Beau à regarder, beau à ressentir, beau dans les couleurs ! Je voulais faire quelque chose de sanguinolent et onirique ! Je me suis penché sur la carrière de Lucio FULCI, dont j’ai étudié les films avec une grande passion. Des films de série B, mais tous soignés, classieux et pourtant si violents et si sexuels ! En tout cas, ceux qu’il a tournés entre 1966 et 1981. Donc, du coup, je voulais tourner un film d’horreur classique et soigné. J’ai proposé l’idée à mon équipe, qui a d’abord été sceptique, puis qui m’a suivi. Le tournage s’est passé dans la maison des parents de Thomas LAPORTE, l’accessoiriste et assistant réa du film! Une grande maison, aussi confortable que cinégénique ! Toute l’équipe se sentait en vacances ! J’ai demandé à ma copine, Aurélie GODEFROY, de jouer le rôle principal ! C’était drôle d’être le seul gars au milieu de toutes ces filles : je me sentais comme David EMMINGS dans le film d’Antonioni « BLOW UP » ! L’histoire vient d’une de mes obsessions : une jeune fille, Alice, qui est la risée de ses camarades, sombre dans le coma après avoir tué son petit ami avec des pouvoirs télékinésiques. Mais depuis son coma, elle va faire partager ses pires cauchemars aux quatre filles qui lui ont mené la vie dure alors qu’elles s’apprêtent à passer un week-end entre amies à la campagne. D’où le titre : « Welcome to my nightmare », qui est aussi un hommage à l’album d’Alice COOPER du même nom ! Je vous parlais d’exutoire : là, c’en est un. Je me suis toujours senti un peu «freak» dans la vie, un peu «dans mon coin». Alice, c’est un peu une matérialisation de mon aigreur à l’écran. Même si, en fin de compte, on la voit peu dans le film, je m’identifie beaucoup à elle ! J’espère qu’après cette révélation, je ne vais pas vous paraître trop louche ! Des projets en cours ? D’abord, vendre « Welcome to my nightmare ». Prochainement, je devrais attaquer un polar, sombre et complexe, écrit et produit par Jean MACH, un jeune réalisateur producteur plein d’enthousiasme. Le film se nomme « MENS INSANA IN CORPORE SANO ». Ça devrait me changer des films d’horreur... Quoique... On verra bien si le naturel revient au galop ! J’ai promis que pas un zombie ne viendrait traverser le champ ! On commence à travailler dessus. Il s’agira de mon premier véritable budget. Autant vous dire que je brûle d’impatience de commencer ! http://www.myspace.com/welcomealice schoolsoutpictures@yahoo.fr
DREAMIN
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« MONOLOGUE » Sasa Lazic INTERVIEW de l’illustratrice Meyoko
S A S A L A Z I C
MONOLOGUE Comment es-tu devenu photographe ? Cela fait un moment que je m’intéresse à la photographie mais je ne suis jamais allé vraiment m’acheter un bon appareil photo : tous ces appareils compacts ne rendaient pas ce qui me plaisait le plus, le bokeh. Puis je me suis acheté un «véritable» appareil photo et j’ai commencé à flasher. Ma biographie en tant qu’amateur est très courte, j’ai appris par moi-même en lisant, observant, en essayant et me ratant. J’essaie de capturer l’ambiance plutôt que de me concentrer sur l’aspect technique et bien sûr la plupart de mes images doivent avoir un certain flou quelque part. Pourquoi un format carré et Noir et Blanc ? J’aime le format carré pour ses compositions évidentes et le N&B tend à ajouter à l’ambiance que j’essaie d’avoir. Si je devais choisir un appareil, ce serait l’Hasselblad avec Flexbody, car le flou sur format moyen est mortel. Mais je ne l’ai jamais utilisé. Tes projets ? Tes souhaits pour le futur ? Pour le moment mon seul et plus gros projet est ma fille née le 7 janvier 2009. Sinon économiser pour le 5DMk2 et tant que je prends des photos j’apprends plus sur l’éclairage artificiel. http://www.flickr.com/photos/amenamstaff/ http://2884.portfolio.artlimited.net/
M E Y O K O
INTERVIEW Où puises-tu ton inspiration ? J’ai tellement de sources d’inspiration, mais la principale vient de la nature et des sentiments humains ainsi que les anciennes civilisations. Que du Noir et Blanc... Je trouve que le Noir et Blanc reflète le mieux mon vécu, mes sentiments et la plupart du temps ce que je ressens dans ce monde. Ton expérience ? Mon expérience est un monde de rêverie mélancolique où le côté horrible de la vie est transformé en un merveilleux paysage où une importante place est laissée à la paix. Comment fais-tu pour créer ? J’aime quand le dessin prend la forme d’un univers fabuleux, où l’humain et la nature vivent avec respect dans un monde baigné dans une atmosphère d’amour, mais on trouve également de la tragédie dans mes dessins tels que la bombe atomique et tellement d’autres désastres humains. Tes futurs projets... Publier les livres en relief, les vidéos des animations et expositions. Pour le moment je refuse catégoriquement toutes les expos car je sais que je ne suis pas prête pour ça encore et j’aimerais que ma première expo soit parfaite selon mon style, en respectant tout ce que j’ai imaginé. www.myspace.com/meyoko
URBANITY
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« MODERN TOKYO » Skorj INTERVIEW de l’illustrateur Cityabyss
S K O R J
MODERN TOKYO Vous travaillez avec un Polaroid... Travailler avec un Polaroid de taille moyenne me permet à la fois de prendre des clichés et de bénéficier des avantages de l’instantané. J’utilise deux types de pellicules Polaroid : le Type 667 (ISO3000) et le Type 665 (ISO80). Chaque pose de Polaroid Type 665 rend une impression positive et un négatif de haute définition. J’ai utilisé le négatif large pour réaliser certains clichés de cette série et au lieu d’emporter le positif avec moi, c’est justement son impression que je donne aux gens que j’ai photographiés. Cela donne un cercle photographique très complet, puisque chaque sujet que je photographie devient également spectateur. Je suis fasciné par la tranquillité des immeubles abandonnés et la vaste extension du Tokyo moderne. J’aime imaginer les vies de ses habitants et la fonction que remplissaient ces espaces. Tout comme les gens qui sont un jour passés par ici, ils ont une histoire. Et avec mes photos, j’essaie de saisir plus qu’une image ; j’essaie de saisir également les sentiments de ces espaces abandonnés et la diversité de Tokyo : le rêve, la sensation de solitude et de délabrement. La pellicule Polaroid me permet d’ajouter un plus à l’image, d’y inclure les sentiments de ces lieux si variés et intéressants. En ce qui me concerne, une photographie est réussie lorsqu’elle transforme l’ordinaire en quelque chose de spécial, en suscitant l’émotion de manière intemporelle. Polaroid ne fabrique plus de Type 667 ni de Type 665, ce qui confère à mes photos un caractère unique. Elles sont à la fois une collection de souvenirs instantanés pour leurs sujets et un souvenir de ces pellicules de Polaroid qu’on ne fait plus. Pourquoi la photographie, et le Noir et Blanc ? Mon père était photographe pour les boîtes de nuits. J’ai donc côtoyé la photographie très jeune à la maison. Notre foyer rengorgeait de diapositives, luxmètre et d’appareils photo. Le concept même de faire de l’Art à partir d’une petite boîte de métal m’a toujours fasciné. Le Noir et Blanc est la seule limite des pellicules Polaroid, même s’il existe plusieurs versions couleur, elles manquent de définition et de polyvalence, – je parle ici de la possibilité de tirer un positif et un négatif de la même pose. En outre, je trouve les compositions Noir et Blanc plus simples. Vos projets… Je travaille doucement mais sûrement sur la série Modern Tokyo. Je l’assemble depuis un certain nombre d’années déjà, et je ne m’arrêterai que lorsque je serai vraiment à court de pellicule. J’ai déjà assez de clichés pour me rendre chez un éditeur et en faire un livre. Le rêve de tout photographe... http://www.flickr.com/photos/skorj/
Parmi les finalistes des défis du mois sur Bokeh.fr, Plateform invite Elaine Vallet et Sébastien Le Gallo Bokeh.fr se présente comme un site d’expression photographique. Il permet aux photographes amateurs de s’exprimer sur des thèmes photographiques donnés. Chaque semaine, le capitaine du site présente un défi photo. Les membres du site participent au défi en envoyant au maximum 5 photos. Ces clichés sont ensuite soumis à la critique via des évaluations et des commentaires émis par la communauté. Les échanges permettent de progresser et d’échanger sur une passion commune : la photo. Bokeh.fr s’efforce de démontrer à travers ces défis, sur le forum de discussions ou via les interviews, que les amateurs photo possèdent également du talent. La page des expositions virtuelles présente le meilleur des photographes amateurs du site. www.bokeh.fr
« Paris » SÉBASTIEN LE GALLO © (Thème : Votre ville en photo) http://legallo.sebastien.free.fr http://legallo.sebastien.free.fr/photoBlog
« Evolution » ELAINE VALLET © (Thème : Transparence) www.elainev.com
C I T Y A B Y S S
INTERVIEW Pourquoi es-tu devenu illustrateur ? Je ne révèlerai rien d’original mais je dessinais quand j’étais enfant. Il n’y avait pas d’autre alternative que d’être fidèle à moi-même. Mon éducation est fondée sur les arts traditionnels comme la peinture, le dessin, le graphique. Ce sont mes moyens. Après avoir reçu mes diplômes, j’ai commencé à faire des illustrations étant donné que je n’avais pas de studio de sérigraphie. J’ai toujours utilisé les techniques traditionnelles mais en même temps je voulais essayer de faire quelque chose de nouveau. D’où tires-tu ton inspiration ? Les sites de construction, machinerie… Cette vision architecturale moderne d’une ville qui donne une impression d’inapprochable, souvent écrasante et accablante. La mode, la stylisation, la photographie sont les autres sources de mes inspirations. Je tire ça des années 40 et 50 et le mélange avec la modernité, afin de mettre l’emphase sur ce qui était avant et ce qui est de nos jours. Comment procèdes-tu pour créer ? Mes images et idées sont très vite retranscrites sous formes de croquis. Je passe la plupart du temps à recapturer l’énergie initiale du croquis original. J’ai ma propre bibliothèque d’images. Je les rassemble pour m’en inspirer. Pour la plupart, ce sont des photos de mode et des oeuvres de stylistes. Cityabyss... Subjectif, vision symbolique de mondes dans lesquels l’être humain se sent perdu, combiné à des machines et des constructions austères. Ces dernières semblent de plus en plus éloignées de la nature. Des plans pour l’avenir... Avoir accompli tous mes buts. www.myspace.com/cityabyss
COLORS
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« TRIPTYQUES » Tom Spianti INTERVIEW de l’illustratrice Samantha Zaza
T O M S P I A N T I
TRIPTYQUES Tu nous donnes une vision de la femme à travers tes triptyques... Les femmes avec lesquelles je travaille sont pour moi des exemples fabuleux de la féminité d’aujourd’hui. Elles ont toutes un fort caractère, s’inventent des vies et des personnages. Ce sont des femmes d’une grande indépendance, jamais totalement saisissables dans leurs aspirations et leurs histoires. C’est une forme de dandysme féminin qui me fascine et que j’ai envie de montrer. Ce qui m’intéresse, c’est cette conquête d’une nouvelle féminité que les jeunes femmes des grandes villes inventent et réinventent sans cesse. Je ne sais jamais très bien dans quel déguisement je vais les trouver. Elles ont un goût du paradoxe lié à leurs envies toujours changeantes. Ce n’est pas de la provocation au sens où on le voit partout, c’est quelque chose de beaucoup plus intime qui m’intéresse chez elles. Ce sont vraiment des personnages multiples, elles ont une sorte de schizophrénie délicieuse qui est liée à la situation de la femme actuelle. Un mouvement incessant entre la femme et l’enfant, entre l’ingénue et la perverse qui fait semblant de ne pas savoir. Et moi j’essaye de saisir les instants les plus contradictoires de cette réalité, du pyjama du dimanche au déguisement le plus hybride en passant par le sac à main, la vaisselle et les bas filés. Pour ce qui est du triptyque, je dois dire que ce sont elles qui m’imposent cette vision tri-focale. C’est leur nature même, leur nature carnavalesque et lunatique qui donne raison à cette apparition fragmentée. Ne sachant pas si elles sont femmes, enfants joueuses ou nymphettes calculatrices, elles impliquent dans la vision cette multiplicité angulaire et optique. La spontanéité... C’est à l’image de ce qui se passe au moment de l’échange photographique. Les circonstances de nos rencontres sont hasardeuses. Je ne sais jamais par avance si la rencontre va marcher. Je leur laisse une totale liberté dans leurs mouvements et leurs actions. Je veux qu’elles interagissent d’elles-mêmes avec les objets et le lieu qui les entourent. La seule intention de ma part se joue dans la discussion, la connaissance que l’on fait l’un de l’autre sur le moment. Quand quelque chose se passe, c’est comme si elles m’ouvraient la porte et voulaient me faire visiter leur monde intérieur, leurs rêveries et leurs jeux. Je ne fais que suivre leurs pérégrinations casanières ou émotives. Mais au fond, la spontanéité n’existe pas réellement, il y a un jeu de théâtre, un théâtre sans véritable spectateur ni acteur, sans scène et sans texte pré-écrit, donc on ne sait pas très bien ce que c’est mais on a des idées qui nous font savoir pourquoi on le fait. Comment appréhendes-tu la photo ? La photo est un outil de connaissance. Un moyen technique mystérieux, une sorte de rayon X qui permet de voir au-delà du monde de l’action et de la nécessité. Et ce que je découvre à chaque fois c’est que l’instant de la photographie non seulement révèle mais produit une réalité inédite qui jusque-là restait cachée parce qu’il n’y avait pas de regards qui s’y portaient. Donc, il y a toujours un désir de voir et de savoir entre les deux acteurs du processus photographique, la photo invente l’événement et le révèle au même moment. Mais cela est possible, parce qu’à l’origine de cet acte il y a une rencontre. C’est avant tout de cette rencontre dont il est question. Apprendre à connaître l’autre pour lui permettre de dire tout ce qu’il peut dire. C’est ça l’enjeu, permettre au possible de passer dans le camp du réel. Or ce que j’aime tout particulièrement c’est écouter et prendre en photo ces femmes qui produisent des situations nouvelles, avec un style inqualifiable, au milieu de leur monde d’objets et d’inventions, cette sorte de petit monde intime et parallèle auquel peu de gens accèdent finalement. www.tomspianti.com
S A M A N T H A Z A Z A
INTERVIEW Comment avez-vous commencé à dessiner ? Je me suis mise à dessiner dès que j’ai su tenir un crayon entre les doigts. Enfant, je m’asseyais des heures dans ma chambre pour dessiner et colorier tout et n’importe quoi, avec une petite préférence pour les animaux. Je me souviens d’un jour où je travaillais sur des dessins très précis, en me concentrant profondément pour saisir chaque pli de la peau d’un éléphant à 11 ans, ou en essayant de copier un poster de Toulouse-Lautrec à 8. Aujourd’hui encore, je l’aime beaucoup. Où trouvez-vous votre inspiration ? Je m’inspire énormément de tout ce qui m’entoure. Ce que je préfère, c’est observer les gens dans les cafés, dans la rue, dans le métro et les dessiner ensuite. J’aime beaucoup l’Histoire aussi. Déménager à Istanbul a été une grande source d’inspiration. Il y a tellement de choses à apprendre et à voir historiquement et culturellement. J’aime me servir de l’encre d’Inde, de crayons et de gouache pour dessiner. Je recommence à utiliser la peinture à l’huile pour de plus grands travaux. Pour vous, le dessin représente... Dire ce que le dessin représente pour moi est très difficile. Je dessine comme je respire. Je dessine pour laisser échapper mes pensées, pour saisir les petits instants de la vie que j’observe chez moi et chez les autres et, par-dessus tout, je dessine pour m’amuser. Si je passe un jour sans dessiner, je sens que quelque chose me manque. Et immanquablement, j’attrape un crayon, mon carnet d’esquisses et voilà ! Pouvez-vous m’en dire plus sur le «Moleskine Exchange»? The International Moleskine Exchange est un projet en commun assez amusant fondé par l’illustrateur Marty Harris pour connecter des artistes de par le monde. The Exchange est dirigé par Marty et organisé selon un groupe Flickr appelé Moly-X. Les artistes qui souhaitent y participer deviennent membres de Moly-X en visitant la page Flickr. Ensuite, ils peuvent contacter les artistes avec lesquels ils veulent échanger leur Moleskine. Moleskine est une merveilleuse marque de carnets et de journaux possédant un modèle de carnet en particulier qui se prête extrêmement bien au projet : le Japanese folding Moleskine -une feuille de papier de deux mètres soixante-quinze de long pliée en un accordéon de soixante pages. Une fois qu’un artiste a su éveiller l’intérêt d’autres gens envers son travail, ils forment un groupe d’échange. Le groupe crée un blog et chaque artiste achète son propre Moleskine. Ensuite, ils ont un mois pour dessiner, peindre ou réaliser un collage sur les trois premières pages. Un planning de rotation est alors mis en place, et les artistes troquent leurs carnets dans l’ordre défini. Les artistes suivants ont un mois pour dessiner dans le carnet qui leur a été destiné, puis ils l’envoient aux artistes suivants, et ainsi de suite. Une fois que les carnets sont remplis, ils sont renvoyés à leur propriétaire, et tout le monde reçoit deux mètres soixante-quinze d’Art qui a parcouru le monde. Pour le moment, nous avons soixante-huit échanges en cours avec des artistes sur six continents. Moly-X a été une merveilleuse expérience pour moi ; je me suis fait des amis parmi mes camarades artistes, j’ai beaucoup appris des autres cultures tout en améliorant mon coup de crayon. Pour en savoir plus sur ce projet, venez donc visiter notre page Flickr : http:// www.flickr.com/groups/moly_x/ Vos projets actuels... Actuellement, je fais partie de huit échanges de Moleskine et je viens de commencer à travailler sur une série de peintures à l’huile grand format basé sur le souvenir. On verra ce que ça donne. Je suis capable de changer d’avis et d’aller dans une direction complètement différente si quelque chose m’inspire. J’ai croqué des morceaux de vie ici à Istanbul et j’aimerais concevoir une série de grands formats à partir de mes croquis. http://szaza.com/ http://harikaszaza.blogspot.com/ http://www.flickr.com/people/szaza/
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« READY-MADE POETRY » Jean-Marie Le Brestec INTERVIEW du réalisateur Ugo Nonis
J E A N M A R I E L E B R E S T E C
READY-MADE POETRY Comment la série est-elle née ? Plusieurs choses m’ont guidé. Décrire ces éléments est d’autant plus complexe que la série continue encore d’évoluer, tant dans le fond que dans sa forme. Je dois reconnaître dans un premier temps que l’élément déclencheur est très matériel, très basique. Ayant en effet gagné un bon d’achat lors d’un concours photo, j’ai eu l’occasion de vider le stock de Polaroïds d’un revendeur. Ensuite, et sur le fond, je dirais que ce qui sous-tend cette série, c’est la peur de perdre la mémoire. Je suis super-nullissime sur ce point. À l’occasion d’un long séjour professionnel à l’étranger, j’ai donc ressenti le besoin de figer, de fixer les émotions vécues, les leçons apprises, les étapes franchies. Enfin, j’ai réalisé combien il est à la fois difficile de construire des images susceptibles de toucher, de porter un message ou plus simplement de faire réagir tout en restant accessibles et belles à regarder. Peut-être cette double contrainte est-elle créée par la profusion d’images dans laquelle on baigne et dans laquelle chacun finalement est devenu à la fois apprenti photographe, apprenti reporter, apprenti graphiste mais critique professionnel. Face à un tel constat, j’avais donc deux choix, le premier consistant à capituler devant la difficulté de l’exercice et à abandonner la photo pour rester spectateur réaliste, le second consistant à insister, quitte à carrément écrire et montrer le message voulu. La série est donc née de cette seconde option, sorte d’armistice involontaire entre, d’une part, mes capacités et d’autre part, ma passion pour l’image photographique. D’où viennent ces mots/phrases ? Eux aussi s’imposent d’eux-mêmes. Je peux les entendre, les lire, les extraire de discussions, de chansons ou de films mais ce sont finalement eux qui surnagent et qui s’imposent. Chacun de ces écriteaux correspond à un moment fort, témoigne d’un état d’esprit, d’une volonté de se souvenir, de refuser l’oubli ou plus simplement de faire un clin d’oeil. Pour chaque image, il y a au moins un élément prémédité. Cela peut être le texte, l’arrière-plan ou l’association des deux. Je laisse cependant la place au hasard, et je ne me sépare jamais de mon classeur à polaroïds. À ce jour, je dirais qu’il y a 20 % d’images conçues entièrement à l’avance et 80 % d’images chanceuses, portées par le hasard et l’association opportuniste des mots et des lieux traversés. Quel projet pour le futur ? Je travaille sur la seconde version de cette série. Cette dernière sera le fruit d’un dialogue à distance entre une centaine de participants, mon appareil photo et une certaine orchestration du hasard. Les images constituant cette série seront donc co-réalisées : les participants se chargeant du fond, le hasard se chargeant de la forme et moi dans le rôle du metteur en scène. Je profite d’ailleurs de l’occasion qui m’est offerte ici pour encourager celles et ceux qui souhaiteraient monter à bord de ce projet à envoyer un mail à l’adresse suivante : imagesen2009@orange.fr La participation de chacun est anonyme, gratuite et donnera, je l’espère, naissance à une belle exposition. http://icietmaintenants.free.fr/ imagesen2009@orange.fr
U G O N O N I S
INTERVIEW Il était une fois un 08/08/08... Tout a commencé un jour où j’étais assis à l’Union Square en attendant de voir Pineapple Express. Mon ami Brian et moi étions en train de discuter lorsque j’ai vu un penny rouler par terre. Je l’ai ramassé et c’est à cet instant même que l’idée du Penny Project m’est venue à l’esprit. Je veux écrire et réaliser un film basé sur les douze mois que j’ai passé à Chicago pour un échange scolaire au début des années 90. L’idée du Penny Project est d’échanger un penny contre un don pour produire le film “Frenchie”. A chaque don, je prends une photo que je publie sur le site www.pennyproject.tv avec un commentaire écrit. Une histoire de toi plus jeune... Je vais vous raconter l’histoire de mon premier baiser. J’étais en vacances en Espagne et j’avais huit ans. J’aimais beaucoup cette femme plus âgée (elle avait onze ou douze ans) et m’aimait beaucoup elle aussi. Elle m’a demandé si je voulais sortir avec elle, je lui ai dit que oui et je lui ai demandé où elle voulait aller. C’est alors qu’elle m’a expliqué ce que “sortir avec quelqu’un” voulait dire, qu’on devait s’embrasser, se tenir la main et tout ça. Comme je n’avais jamais embrassé quelqu’un avec la langue avant elle, elle a dû me donner un cours express avant que je ne l’embrasse. Elle m’a très bien expliqué ce qu’il fallait faire : tu penches la tête, ouvres la bouche et tournes ta langue dans le sens des aiguilles d’une montre. Après m’être entraîné mentalement une minute, je suis passé à l’action. Mazette ce que c’était bizarre mais j’ai ADORÉ! J’ai passé les trois semaines suivantes à l’embrasser. C’était un bon commencement et j’ose croire que ça a contribué à faire de moi un roi du baiser. Mais il va falloir que tu demandes à ma copine pour en être sûre. Des penny par milliers ??? Jusqu’à présent, j’ai plus de deux cents donateurs et donc de photos pour un total de 1737.76 dollars américains, 678 euros, 18.43 livres, 1 dollar néo-zélandais, 100 Yuans et 10 Reals. C’est un bon début, mais je ne cesse de penser à des moyens d’augmenter la cagnotte. J’ai créé un groupe Facebook, The Penny Project : help Ugo Nonis make his movie «Frenchy» become a reality. Bien entendu, vous êtes tous sommés de le rejoindre. J’ai aussi créé un compte Twitter, http://twitter.com/PennyProject , où vous pouvez suivre mes progrès. Demain tu aimerais... Trouver un moyen d’attirer l’attention de beaucoup plus de gens et développer le concept du Penny Project, produire et réaliser mon film, rencontrer plein de gens merveilleux sur le chemin. Et apprendre à cuisiner quelque chose. Le Penny Project fait désormais partie de mon identité, et j’espère que quelque part, mon idée va se muer en quelque chose de plus grand que ce que je ne peux l’imaginer pour le moment. Tes projets ? J’essaie de prendre le Sud des États-Unis en photo avec ma dernière pellicule de Kodachrome 25. Je prends quelques nouveaux polaroïds et je commence seulement à explorer ma nouvelle contrée : Dallas, au Texas. Je pense que c’est un vrai défi de photographier cette ville. http://pennyproject.tv/ pennyproject23@gmail.com http://www.twitter.com/pennyProject
MADE
&
« TYPO GRAPHIK » Frédéric Desmots INTERVIEW du Luthier Charles Coquet
F R E D E R I C D E S M O T S
TYPO GRAPHIK Pourquoi la photographie ? Je suis graphiste-illustrateur indépendant (www.chezantoine.com). J’utilise la photographie comme support de base. La création photographique me passionne autant que l’illustration, je me suis donc investi dans ce domaine avec l’arrivée du numérique. L’esthétique photographique m’intéresse, j’interviens néanmoins toujours sur la photo au travers de Photoshop. Où puises-tu ton inspiration ? Mes sources d’inspiration sont diverses : la nature qui m’entoure, mes amis, mes proches, les objets de mon quotidien. Généralement, je recadre la photo initiale de façon à obtenir une atmosphère, une mise en valeur ou un décentrage du sujet pour l’isoler et le rendre singulier ou surprenant. L’atmosphère de départ m’oriente intuitivement à utiliser du Noir et Blanc ou de la couleur, puis j’utilise des textures pour parasiter l’image. Des projets en cours ? Rien de particulier. www.chezantoine.com www.flickr.com/photos/desmotsfred/ frederic.desmots@wanadoo.fr
C H A R L E S C O Q U E T
INTERVIEW
Photos par Louise Imagine / Laurence Guenoun ©
Comment t’es venue la passion pour ces instruments ? Dans une autre vie, j’étais violoniste amateur. Au bon sens du terme. Comment rester dans l’univers des violons ? Vite me procurer la panoplie de l’apprenti luthier et parier sur mes capacités. Rencontre incroyable avec ce métier... Coup de foudre... Et voilà ! Le travail du bois c’est... - pousser très très loin l’exigence avec soi-même. - un art de vivre. Des différentes étapes de la création, laquelle préfères-tu ? Comment préférer une étape à une autre ? Je commence par la tête, dont la volute est un travail de pure sculpture. Après dix années, il est toujours aussi fascinant de voir apparaître cette spirale dans du bois brut. L’étape la plus conséquente est assurément le travail de voûte, qui donne à l’instrument ses qualités sonores, mais comment ne pas parler du vernis, simple couche protectrice, qui vient parfaire le travail de bois et cristallise toutes les convoitises... Comment penses-tu un instrument ? Dans son ensemble, comme quelque chose de très cohérent et d’extrêmement abouti, tout en cherchant à l’améliorer en permanence. Ton rêve... Faire la page Portrait de Libé. 165 rue Belliard, 75018 Paris. Tél : 01.42.28.24.02 www.charlescoquet-luthier.com contact@charlescoquet-luthier.com
Ont participé à ce numéro : laurence guenoun - Directrice de publication / DA carine lautier - Rédactrice en chef candice nguyen - Communication & Publicité +33 689 921 043 sophie l. cuvE - DA / Graphiste florian hegi - Assistant Graphiste mathieu drouet - Webmaster eric battistelli - Journaliste christophe dillinger - Traduction vanessa coquelle - Traduction vincent benhartt - Traduction MATHIEU DROUET © - Photo couverture Remerciements pour leur aide et soutien à : RAPHAËL DEVREKER WWW.LESPHOTOGRAPHES.COM BENOIT MARCHAL WWW.DECLENCHEUR.COM STÉPHANE PIANACCI CATHERINE JEAN vÉronique de launay