Vinciane Verguethen / Julie Adore / Andre Mortram / Caroline et Éric du Potet / Laurence Guenoun / Lajla / Thomas Jorion / Nancy Breslin / Philippe Fouchard / Gaël T / Jérémie Baldocchi / First Lady Patate / Alexandre Bertin / Dominique Rocher
ISSUE 150310
S O M M A I R E
LIENS
APPARENCE
FEMMES
ESPACES
TÉMOIGNAGE
ÉTERNEL
LIBRES
« LA JOURNÉE D’UNE FEMME » Vinciane Verguethen INTERVIEW de l’artiste Julie Adore
James Andre Mortram INTERVIEW des réalisateurs Caroline et Éric du Potet
« MEDINA » Laurence Guenoun INTERVIEW de l’artiste Lajla
« STATION SERVICE » Thomas Jorion INTERVIEW de l’artiste Jérémie Baldocchi
« TREMBLEMENT DE TERRE » Philippe Fouchard INTERVIEW de Mme Gaël T.
« SQUAREMEALS : A PINHOLE DIARY OF EATING OUT » Nancy Breslin INTERVIEW de l’artiste First Lady Patate
« LA GEÔLE » Alexandre Bertin INTERVIEW du réalisateur Dominique Rocher
LIENS
&
« LA JOURNÉE D’UNE FEMME » Vinciane Verguethen INTERVIEW de l’artiste Julie Adore
V I N C I A N E V E R G U E T H E N
LA JOURNÉE D’UNE FEMME POURQUOI CETTE SÉRIE ? Avant tout j’ai souhaité inscrire la présentation de cette série dans le cadre de la journée de la femme, le 8 mars. C’est à la fois le prétexte et l’évidence. Ensuite, un peu comme un effet boomerang, j’espère que cette série montrera à quel point cette journée annuelle n’est qu’un symbole, un fantoche, à quel point elle n’est rien lorsque l’on prend le temps, un jour anodin, au fil de tous les autres, de rester aux côtés d’une femme vivant dans un village enclavé. Cette série se veut narration, accompagnement. Je suis partie au Mali, en novembre 2009, dans l’idée de confronter l’imagerie de l’Afrique, dont nous sommes bercés, à ma propre perception. Dans l’idée d’en ramener ce que j’en ressentirais et non pas ce qu’on voudrait que j’aille y trouver. De ce trop court séjour en pays manding, j’ai surtout vu ces femmes. Sans emphase et sans volonté de généralité, j’espère que cette série saura les raconter.
UNE JOURNÉE DANS LA VIE DE CES FEMMES… La journée commence la nuit, au premier appel à la prière. Il est environ 4h. Le soleil ne se lèvera pas avant 6h. Dans le village, on aperçoit des silhouettes se glisser de case en case, quelques lueurs de foyers où commencent à chauffer les marmites destinées aux ablutions des maris. Petit à petit le village s’anime, le son des pilons sur le maïs rythme avec une régularité impressionnante les premiers moments de la journée. Aux premiers rayons, il faut à ces femmes aller puiser de l’eau, préparer le premier repas, faire la vaisselle, se rendre au marigot pour la lessive. À 9h, la chaleur est déjà à peine tenable. Il leur faut pourtant aller chercher du bois, c’est-à-dire marcher jusqu’à 5 ou 7 kilomètres en plein soleil et porter le fagot de 20-25 kg sur la tête durant le même trajet retour. Il n’est que midi. La journée se poursuit, mêlant bien sûr enfants et vie en communauté. Et à la tombée de la nuit, danses et chants viennent parfois épuiser les dernières énergies. TES PROJETS… Les thématiques du bois, de la déforestation, des initiatives de reboisement et de développement durable ont traversé cette immersion malienne. Je souhaiterais avoir l’occasion de poursuivre mon travail photographique sur ces sujets en Afrique sub-saharienne. Pour la partie plus locale de mes projets, je suis actuellement accueillie en résidence longue à Mains d’Œuvres (Saint-Ouen). Je travaille sur les émergences dans le processus de création et j’ai récemment amorcé un travail sur la création du souvenir par l’image. Je continue par ailleurs l’accompagnement photographique des artistes en création (comme le projet Fitzcarraldo Sessions) et je suis toujours à l’affût de projets transdisciplinaires. http://www.vinciane.net/
J U L I E
INTERVIEW
A D O R E
FIL ET AIGUILLES, TES OUTILS DE TRAVAIL. COMMENT CELA A-T-IL COMMENCÉ ? Je suis née dans une famille où il y avait plein de fils, d’aiguilles, de pelotes, de crochets, de boutons dans des boîtes en métal, de bouts de tissus. Mon grand-père aimait photographier et relier des livres, ma grand-mère cousait, tricotait, crochetait, brodait, ma mère jouait du piano, mon père dessinait, écrivait des poésies, conduisait la moissonneuse. À 10 ans, ma grand-mère m’a transmis ses savoir-faire. Grâce au jeu des hasards et des circonstances en 2002 je me suis retrouvée à Paris, la ville de mes rêves, la ville où la créativité se réveille, la ville qui te dit : Tout est possible ! Je sentais en moi ce désir de créer qui cherchait la sortie, qui bouillonnait au fond de mon âme slave. Mais ce n’est qu’avec la naissance de ma fille que le fleuve bruyant de mes idées a brisé le barrage. Masha, appelée comme une héroïne de contes populaires russes, m’inspire tous les jours. J’ai commencé à créer des personnages en tissus, des jouets pour elle, puis mes mains se sont souvenues de ce qu’on leur avait appris il y a 20 ans, ma tête était déjà pleine d’idées…
PARLE-NOUS DE TON UNIVERS… Mon monde est rempli de couleurs vitaminées, de rêves pleins de naïveté, de fleurs en boutons, de poupées de chiffon. C’est un univers où des matriochkas dansent avec des dompteurs, des cerises poussent dans les cheveux, où les petits pois portent bonheur, les ordinateurs sont doux, et où un ballon rouge peut emporter un monsieur… Pour moi, la création est synonyme d’inspiration, de plaisir et de partage. Une idée vient me dire « Bonjour » le matin et le processus commence : je ne m’arrête que quand je tiens dans ma main l‘objet réel de mes rêveries. Je crée des pièces uniques (de toute manière je suis incapable de reproduire à l’identique le même sujet) : choix de couleurs, tissus, fils, détails qui deviendront des clins d’œil, invention d’une histoire pour accompagner le personnage – chaque acte de création est une minuscule vie à vivre… Parvenir à illuminer un visage, faire naître un sourire et entendre « oh ! c’est mignon » est pour moi une vraie reconnaissance de mon travail d’artiste. TES PROJETS… Des projets, des idées. J’en ai un carnet plein (ou même deux) ! Parmi ceux qui sont déjà réalisés je voudrais parler d’un livre, « Les petites gourmandises de… » que j’ai co-illustré avec Isabelle Kessedjian et Charlotte Vannier. C’est un livre de recettes où toutes les illustrations sont réalisées en fils et en tissus. Des crêpes, des saucissons, des kiwis, des oranges, des citrons, des cupcakes, un pot de Nutella sont sortis de ma cuisine imaginative pour le bonheur gourmand des petits et des grands. Je co-organise aussi un défi hebdomadaire « The serial crocheteuses » sur la blogosphère française où des mordues de crochet se déchaînent sur un sujet donné : amour, gloire, beauté – il n’y a pas de limites à la création… En ce qui concerne mes résolutions créatives pour cette année, je vais me concentrer sur la promotion de mes ateliers d’activités manuelles pour les enfants « Julie adore Dimanche », l’organisation des ateliers pour les adultes – l’initiation à la technique tendance et zen qu’est le crochet. Sans oublier que cette année 2010 est celle de la Russie en France et j’aimerais bien développer des thèmes slaves dans mes créations à venir. J’aime partager mes savoir-faire, échanger des idées… Je suis toujours ouverte à toutes sortes de collaborations inspirantes. Mon site www.julieadore.com Mes œuvres à vendre www.designfromparis.com Mon livre www.trombinabulle.com/nouveaute2
Depuis son lancement en 1998, Actuphoto a su s’imposer parmi les media culturels consacrés à l’actualité photographique ce qui lui a permis d’acquérir la confiance des plus grands organisateurs d’événements photographiques tels que l’agence VU, Magnum photo, la Maison Européenne de la Photographie, le Jeu de Paume, Paris Photo...
LES SERVICES Aux lecteurs • Les annonces des expositions dans toutes les villes où la photographie a joué et joue encore un rôle historique • Les actualités récentes du monde de la photographie • Une sélection d’ouvrages et de parutions • La couverture des principales manifestations, festivals, colloques, rencontres, salons ou signatures… • Un accès gratuit aux alertes par email Aux photographes • L’annonce des concours, prix, bourses, appels à candidature • L’annuaire des professionnels de la photographie • Une rubrique CARTE BLANCHE mettant en avant des photographes originaux et marginaux à découvrir • Un espace membre permettant aux professionnels, amateurs et photographes d’échanger des informations et de soumettre leurs communiqués de presse ou événements
APPARENCE
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James Andre Mortram INTERVIEW des réalisateurs Caroline et Éric du Potet
J A M E S A N D R E M O R T R A M
INTERVIEW POURQUOI CETTE SÉRIE ? Pour moi, il est essentiel d’utiliser la photographie pour capter et mettre en lumière la vie et les vies qui nous entourent. « INDEPENDENT ARTS AND MINDS »… C’est une nouvelle association qui organise des sessions de création et de créativité hebdomadaires pour des adultes habitant dans Dereham et souffrant de stress, d’anxiété et/ou de dépression. Une équipe d’artistes professionnels, ayant un grand éventail de spécialités, - dont la sculpture, le cinéma, le théâtre -, animent des sessions de manière amicale et informelle. Une partie des travaux réalisés sera présentée dans des expositions publiques, représentations et projections, donnant ainsi l’occasion de débattre des enjeux de la santé mentale, de briser les comportements de stigmatisation, et de promouvoir le rôle de la créativité dans l’aide au traitement de la maladie et au retour à l’équilibre mental. Le projet vise également à collaborer avec d’autres groupes associatifs ayant des approches similaires afin de réaliser ensemble des travaux et de les présenter, l’objectif étant entre autre de réduire le sentiment d’isolement que vivent les personnes souffrant de troubles mentaux, particulièrement en zones rurales. VOS PROJETS ? Une série documentaire pour une association s’occupant du bien-être des animaux (Animal Welfare Charity) et leurs investigations concernant la cruauté envers les animaux. Et un projet en cours sur les effets de la Thalidomide pour les victimes de ce médicament. http://www.flickr.com/photos/polaroidsky/ http://www.flickr.com/people/independentartsandminds/
C A R O L I N E E T E R I C
D U P O T E T
DANS TON SOMMEIL VOTRE PREMIER SOUVENIR DE SPECTATEUR… Eric : Mon premier souvenir de spectateur est Star Wars Episode V : L’Empire contre- attaque. Je l’ai vu au cinéma lors de sa sortie avec mon grand-père. Cela m’a vraiment marqué. Depuis, je l’ai revu des dizaines de fois avec un plaisir intact. Caroline : Mes parents m’ont emmenée au cinéma dès mon plus jeune âge, donc je n’ai pas de souvenir précis de mes premiers dessins animés. Par contre, je me souviens très bien être allée voir le James Bond « Tuer n’est pas jouer ». J’avais cinq ans et j’étais ravie car c’était un film pour les « grands ». Les scènes d’action m’avaient beaucoup impressionnée.
PARLEZ-NOUS DE « DANS TON SOMMEIL »… Ce film est né du désir de réaliser un thriller à la française. C’est un genre que nous aimons particulièrement car il demande un vrai travail sur la forme afin de réussir à instaurer un climat d’angoisse, sans pour autant négliger la dimension psychologique des personnages. Son côté divertissant permet également de traiter des thèmes très sombres, difficilement abordables dans un premier film : le deuil, la vengeance, la folie... Nous voulions aussi jouer sur les apparences, montrer qu’elles peuvent parfois être trompeuses. De ce fait, la construction en flash-back s’est imposée dès l’écriture du scénario. Elle permet de changer de point de vue et d’apporter un nouvel éclairage sur l’histoire et les motivations des personnages. L’intrigue, vue sous un nouvel angle, est ainsi à chaque fois relancée et le spectateur est surpris et troublé. DES ANECDOTES DE TOURNAGE ? Le tournage fut très éprouvant car nous n’avions que 30 jours pour tout faire, la plupart de nuit, en extérieur. De plus, la pluie s’est fréquemment invitée sur le plateau, ce qui n’était pas prévu dans le script ! Une des principales difficultés techniques fut le tournage de la scène où les acteurs se retrouvent coincés tête en bas après un accident de voiture. L’équipe des cascadeurs a dû inventer un système de tourne broche géant où la carcasse de la voiture est traversée par une tige en fer manœuvrée par une manivelle. Ce procédé très ingénieux permettait de faire basculer la voiture puis de la remettre rapidement à l’endroit pour que les acteurs ne restent pas trop longtemps dans cette position très inconfortable... DES PROJETS… Nous préparons actuellement un thriller psychologique intitulé TOTEM. Philippe Torreton et Robinson Stévenin en seront les interprètes principaux... Mais le budget n’est pas encore bouclé ! http://www.danstonsommeil-lefilm.fr/
FEMMES
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« MEDINA » Laurence Guenoun INTERVIEW de l’artiste Lajla
L A U R E N C E G U E N O U N
MEDINA CETTE SÉRIE Des déambulations dans la Médina de Marrakech. J’aime marcher dans cette ville DES FEMMES ET DES ENFANTS… Beaucoup d’entre elles vivent dans des conditions d’extrême pauvreté, filles mères, c’est grâce à la mendicité qu’elles parviennent à survivre. Les conditions de vie de beaucoup d’enfants me bouleversent aussi. Nombre d’entre eux doivent travailler dès leur plus jeune âge. VOS PROJETS… Je retourne à Marrakech pour faire de nouvelles images... www.laurenceguenoun.com www.takeatour.fr
INTERVIEW L A J L A
OÙ PUISEZ-VOUS VOTRE INSPIRATION ? Je trouve mon inspiration dans l’univers de la mode, mais ce n’est qu’un prétexte à créer de l’image actuelle et tendance. J’ai été baignée depuis l’enfance dans l’Art grâce à mon père passionné et, plus tard, grâce à des professeurs plasticiens passionnants. J’ai toujours adoré le travail d’artistes tels que Villéglé, Rauschenberg, Rosenquist, Warhol qui revisitent les codes médiatiques, les images du quotidien pour se les approprier et rendre compte. Je travaille un peu de la même manière que lorsqu’on étudie l’art plastique : une citation et/ou une œuvre visuelle comme base puis rendre compte de ma propre vision ou de « ma digestion » des choses. Je ne suis pas une fan de la mode, mais j’aime l’image de mode. J’habille ces images un peu comme je pouvais maquiller les visages des stars en couverture des magazines quand j’étais petite. Un peu comme si une image avait mille histoires et que le modèle que je choisis pouvait être mille filles différentes, ne plus être figé… je me l’approprie.
COMMENT CRÉEZ-VOUS ? Avec le temps je prends moi-même les photos des modèles, et là le travail devient légèrement différent, car je dois prédéterminer ce que je vais raconter, cela laisse moins de place au hasard et à la découverte. Quand je commence quelque chose, en général, je ne sais même pas encore où je veux aller, j’aime l’idée de l’instant, de laisser venir et de pouvoir aussi tomber complètement à côté. Je photographie avec le moins d’éléments possibles qui pourraient m’empêcher d’exprimer ce que je veux par la suite. Toujours avec cette idée de l’enfance; j’habille la photo comme quand on devait découper la figurine et lui rajouter jupe et T-shirt à languettes. Je dis souvent que je joue à la Barbie en faisant ça. J’interviens ensuite la plupart du temps à la main. Je scanne, j’imprime, je colle, je re–scanne, je dessine… Je ne pourrais pas ne pas intervenir manuellement, parce que j’ai toujours dessiné, ce besoin du trait, du fait main, et de garder l’esprit « carnet de voyage », recherche, inachevé, et redonner un esprit artisanal à cet univers souvent impersonnel. Mon envie n’est certainement pas de cacher que j’interviens, bien au contraire. VOS PROJETS… J’ai comme projet de travailler avec Céline Delachaux (jeune créatrice de talent) dont l’univers pop/artisanal m’inspire beaucoup. J’aime les mix, les décalages et je souhaite travailler avec des personnes talentueuses comme elle à l’avenir. http://www.lajlatoullec.com http://www.myspace.com/popelinesurmyspace
ESPACES
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« STATION SERVICE » Thomas Jorion INTERVIEW de l’artiste Jérémie Baldocchi
T H O M A S J O R I O N
STATION SERVICE COMMENT EST NÉE CETTE SÉRIE ? Assez naturellement comme beaucoup des séries photos que je réalise. Un jour, j’ai réalisé que je m’arrêtais toujours au bord des routes pour photographier les stations services abandonnées que je croisais sur mon chemin. J’ai décidé de formaliser la façon dont je les photographiais et cette série est née. DES REPÉRAGES… Le repérage se fait de plusieurs façons. Prendre une journée et rouler au gré des routes rendues désuètes par les autoroutes. Utiliser les outils modernes de recherches : Google, Google Earth. TES PROJETS EN COURS… Mes projets actuels tournent toujours autour de l’abandon de sites humains, mais aussi de certaines conséquences de la société de consommation. Je me rends compte que ces sujets sont souvent liés. Pour dire un dernier mot sur les stations services. Celles-ci sont des bâtiments ordinaires de la «civilisation de la route», ignorées ou méprisées, elles ont été le réceptacle de toutes les libertés, de toutes les fantaisies de l’architecture régionale. Plus que jamais, elles représentent aujourd’hui un symbole du siècle passé. C’est aussi un lieu de passage obligé dans notre société de consommation. Comme les gares, ces bâtiments s’inscrivent dans la symbolique du voyage. C’est un lieu de changement de trajectoire pour une période de vie donnée. http://mandradesign.free.fr/
J É R É M I E B A L D O C C H I
INTERVIEW DÉCRIVEZ-NOUS VOTRE UNIVERS… J’aimerais à travers mes images rendre attrayantes les choses qui, à première vue, ne le sont pas. Toutes celles que certains adorent et que beaucoup d’autres détestent. C’est justement cela qui me fascine. Le fait que nos yeux ne nous renvoient pas à tous la même vision du monde, des choses et des gens. Ce thème rejoint tout à fait l’obsession que j’ai pour le corps, toutes ces déviations, distorsions, disproportions ou anomalies me passionnent. Les couleurs y sont vives, les intérieurs accueillants et chaleureux mais le « mal-être » des personnages y est fortement présent. Je fais du quotidien, des petites manies et des habitudes des gens, ainsi que de l’absurdité parfois de certaines situations, ma principale source d’inspiration.
VOTRE TECHNIQUE DE TRAVAIL ? Mes images sont crées à partir d’un mélange de collage, d’encre et de peinture. Lorsque j’ai une idée de tableau, j’organise une sorte de « casting », je choisis dans mes tas de croquis les personnages qui collent le mieux au sujet. (Je fais à peu près 1000 pages de croquis par an). Une fois fait le douloureux choix, je dessine les décors, je choisis les costumes, les matières et les gammes de couleurs, comme un cinéaste ou un scénographe pourrait le faire. La technique du collage est celle qui me correspond le mieux. Je l’ai découverte alors que je n’étais qu’au collège et je n’ai jamais cessé d’en faire. Elle me permet une certaine flexibilité dans la conception de mes « mises en scène ». L’acrylique me convient aussi car c’est un medium qui sèche très vite et on peut ainsi, très vite, apposer ce que l’on veut par dessus, et les encres, elles, me permettent d’enrichir ma gamme de couleur. DES PROJETS ? Je viens de terminer 2 expositions : « 30 tableaux pour les 30 ans de la Fnac Forum » et une expositions à la galerie Espora à Madrid. J’en prépare une pour la rentrée prochaine et je suis en train de réaliser une commande de 4 très grands formats, ce qui est une première pour moi (1,60 sur 1,20 mètre). Et puis, un peu plus tard, je vais présenter mon travail à la FIAC. http://www.jeremiebaldocchi.com/ http://www.jeremiebaldocchiblog.com/ http://www.myspace.com/lepetitmondedejeremie http://www.facebook.com/pages/Jeremie-Baldocchi/46178289248?ref=mf http://www.flickr.com/photos/jeremiebaldocchi/
TÉMOIGNAGE
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« TREMBLEMENT DE TERRE » Philippe Fouchard INTERVIEW de Gaël T.
P H I L I P P E F O U C H A R D
TREMBLEMENT DE TERRE VOUS ÊTES PHOTOREPORTER… Non, je suis photographe de témoignage. Il me faut une journée ou deux pour faire une bonne photo. Se faire accepter avec son « œil » prend beaucoup de temps, c’est tout le contraire de l’instantané du photoreporter qui, lui, « court » tout le temps. Ceci dit, je m’adapte comme pour ce reportage, où l’agence attendait mes clichés pour la veille ! À PROPOS DE CETTE SÉRIE… Le tremblement de terre de Pulau Nias – Ile de Nias – en Indonésie, du 28 mars 2005, ne doit pas être oublié si vite. Dans le monde une catastrophe en remplace une autre, c’est dommageable pour des milliers de gens qui attendent l’aide promise, y compris du gouvernement Indonésien. Après cinq jours de vie chaotique, je suis rentré à Jakarta. Devant mon ordinateur, je somnole, très fatigué. Est-je fait un mauvais rêve ? Et le cauchemar : l’agence n’a jamais vendu mes photos car, le lendemain, le Pape est mort et le prince Régnier de Monaco, dans la foulée. Les médias étaient passés à une autre actualité. Bilan du tremblement de terre de l’Île de Nias à Sumatra Ouest en Indonésie, plus de 1000 morts ! VOS PROJETS Je retourne en Indonésie pour travailler sur les enfants de la rue à Jakarta, un projet qui, j’espère, servira à l’ONG LYSISTRATA. Je travaille pour un livre sur les marchés et l’artisanat indonésien. Et en France, en ce moment sur une peintre manouche et un projet sur la Touraine. http://www.fouchardphotographe.com http://twitter.com/pfouchard http://www.flickr.com/photos/fouchardphotographe
G A Ë L T
LE CYCLE 3 BILINGUE CE PROJET D’AUTOPORTRAITS… J’enseigne la partie « français » dans deux classes bilingues français-allemand du cycle 3 de l’école. Ce sont donc plus d’une cinquantaine d’élèves de CE2, CM1 et CM2 qui ont travaillé sur ce projet lié aux autoportraits. Depuis déjà plusieurs années nous traitons le thème plus général du portrait, que ce soit en expression écrite ou en arts plastiques. Il y a deux ans les enfants devaient chacun dessiner des portraits de monstres décrits par l’un de leur camarade ; l’année passée ils avaient eu à compléter par le dessin des autoportraits photographiques en partie coupés. Cette année, il s’agissait d’aborder « l’autoportrait déformé » en partant de l’analyse d’œuvres liées au cubisme. LE CHOIX DES MATÉRIAUX UTILISÉS… Faute d’aisance personnelle dans la maîtrise des arts plastiques, mais aussi de temps de travail (classes à double niveau, site bilingue, programme de classe chargé), les enfants ont utilisé simplement des feutres et des crayons de couleur. L’ENFANT ET L’AUTOPORTRAIT… Les enfants ont une véritable fascination pour tout ce qui concerne les portraits et plus particulièrement pour le travail lié à l’autoportrait. Ils n’ont pas encore les complexes adolescents qui les bloqueraient pour se lancer dans un projet lié à leur représentation physique. Le fait d’ajouter une touche d’imaginaire, soit par la déformation soit dans le cadre d’autres projets comme « mon Moi idéal », les inspire énormément et aboutit à des réalisations étonnantes et passionnantes.
Digital Photo Professional, plus communément appelé «DPP», est le logiciel de traitement d’images édité par Canon et fourni gratuitement avec tous les reflex numériques de la marque. Spécialisé dans le développement des fichiers RAW «Canon», il permet aussi de travailler au post-traitement des images JPEG et TIFF via une interface simple et des outils judicieusement choisis, faciles à appréhender et à maîtriser. Ainsi, en plus d’être le seul logiciel capable de donner accès à toute l’information contenue dans les fichiers CR2 issus des boîtiers Canon, ce «dématriceur» qui a sa place parmi les meilleurs du marché est un formidable outil d’apprentissage du traitement des fichiers RAW pour les photographes qui travailleraient pour la première fois avec un logiciel de développement. Cet e-book est le tout premier titre en langue française entièrement dédié à DPP. Après une présentation des principales fonctionnalités du logiciel et un rappel des notions essentielles à un traitement d’images maîtrisé (exposition, luminosité, histogramme…), il propose une découverte par la pratique des points forts du logiciel à travers une vingtaine d’exemples concrets détaillés pas à pas.
ÉTERNEL
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« SQUAREMEALS : A PINHOLE DIARY OF EATING OUT » Nancy Breslin INTERVIEW de l’artiste First Lady Patate
N A N C Y B R E S L I N
SQUAREMEALS : A PINHOLE DIARY OF EATING OUT À PROPOS DE CETTE SÉRIE… Je travaillais avec un appareil conventionnel en 2002 quand j’ai acheté impulsivement mon sténopé, la Zéro 2000. Peu après, durant un déjeuner avec une amie, j’ai mis l’appareil sur la table et fait une exposition pendant le repas. J’ai été frappée par l’image qui en résultait : plan de table, visage de Cindy indistinct, tentures psychédéliques. Depuis j’ai toujours mon sténopé dans mon sac, avec un posemètre et un mini trépied.
POURQUOI LE STÉNOPÉ (POURRIEZ-VOUS EN FAIRE AUTANT AVEC UN APPAREIL « STANDARD ») ? Les repas me semblent offrir un sujet parfait pour la prise de vue au sténopé, avec leur mélange de mouvement et de repos. L’appareil résume le repas entier en une seule image. Photographier tous mes repas avec un appareil conventionnel donnerait un projet tout autre - simple documentation de la famille et des amis en train de manger -. Au lieu de ça, le sténopé déforme mon expérience d’une façon curieuse. Les longues poses (de quelques secondes à quelques heures) transforment ce qui a suscité mon intérêt d’alors (en général mes amis) en fantômes, tandis que le grand angle et la profondeur infinie du champ de vision mettent en relief des choses dont je ne me serais peut-être pas rendu compte, tels les salières ou les plafonniers. VOS PROJETS… Ce « journal au sténopé » est un projet en cours (depuis six ans, et il continue), tout comme deux autres séries : photographier des parcs d’attractions et les manèges ainsi que les hôtels où nous restons quand nous sommes en voyage. J’ai également commencé mon premier projet sérieux en couleur. Avec mon Diana (appareil bon marché en plastique), je prends en photo des scènes américaines saisissantes, et crée des négatifs numériques afin de les imprimer en gomme bichromatée sur fond de cyanotype. Ces procédés vintages prennent un temps considérable mais les résultats sont fantastiques. www.nancybreslin.com www.flickr.com/squaremeals
F I R S T L A D Y P A T A T E
INTERVIEW UNE TECHNIQUE… Je dessine principalement sur des Moleskines. Ce sont ces tous petits carnets souvent utilisés par les artistes et les écrivains. Le premier à avoir parlé de «carnet Moleskine» est l’écrivain anglais Chatwin dans son roman «Le Chant des pistes» publié en 1987. Moleskine vient de «Mole skin» («peau de taupe») et désigne un coton vernis qu’on utilisait autrefois. La couleur et le toucher du papier me conviennent. Le petit format me rassure. Le carnet me donne l’impression d’y enfermer mes secrets. J’aime prendre mon crayon et esquisser quelques traits pour ensuite l’encrer. J’utilise toutes sortes de techniques pour ça : feutres, feutres à alcool, encre de chine, peinture acrylique... Je m’inspire de tout ce qui m’entoure. LE CHOIX DU MOLESKINE… J’ai commencé avec un Moleskine format de poche (9x14 cm) parce qu’il était pratique. Je voulais dessiner dans le train. Plus je dessinais dans le train, plus j’y prenais plaisir, et plus je dessinais... Un cercle vertueux ! J’ai fini par avoir toute la collection : le format de poche, le grand format (13x21cm) dans tous les papiers possibles. Je suis à l’aise avec le papier épais. Il me permet d’utiliser de la peinture. Le seul que je n’aie pas encore commencé est le carnet d’aquarelles. Je suis mal à l’aise avec l’eau. La maîtrise de cet élément demande une initiation et une grande pratique pour aboutir au résultat que j’ai en tête. VOS PROJETS, SOUHAITS POUR DEMAIN… Que le virus du dessin ne me quitte pas ! http://cargocollective.com/mamzelleaime http://firstladypatate.tumblr.com
LIBRES
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« LA GEÔLE » Alexandre Bertin INTERVIEW du réalisateur Dominique Rocher
A L E X A N D R E B E R T I N
LA GEÔLE LA PHOTOGRAPHIE POUR VOUS… C’est un jeu, rien de plus, rien de moins. À PROPOS DE CETTE SÉRIE… Cette série est le résultat de la lecture d’un roman d’Hubert Selby Jr. et d’une réflexion personnelle sur la notion d’enfermement. VOS PROJETS… Continuer à prendre un maximum de plaisir, à jouer et à expérimenter. http://alexandrebertin.viewbook.com/
D O M I N I Q U E R O C H E R
FALLIN’ COMMENT EST NÉ CE COURT-MÉTRAGE ? Buffalo Corp, collectif de réalisateurs dont je fais partie, organise régulièrement des sessions artistiques, sur un thème imposé, afin d’expérimenter et d’ouvrir un terrain d’expression libre hors des projets plus commerciaux. Nous avions, il y a quelques mois, réalisé une session sur les haïkus japonais. Ici, le thème était «Pile ou Face». INSPIRÉ DE… L’idée originale est de Morgan S. Dalibert, et raconte un tour de passe-passe sur un toit entre deux amis. J’ai retravaillé cette idée afin qu’elle prenne place dans un jeu de séduction entre un jeune homme et une jeune femme. J’ai immédiatement proposé le rôle féminin à Lucie Boujenah, avec laquelle j’avais envie de travailler, et c’est elle qui m’a orienté vers Marie Coulangeon pour le rôle masculin. Je trouvais cela intéressant de raconter la même histoire, mais jouée par deux femmes. Sans en modifier les intentions. Le tour de magie de l’idée originale est toujours présent au cœur du scénario, mais ne sert finalement que de révélateur de leurs émotions. TES FUTURS PROJETS… J’ai écrit beaucoup de projets cette année : des courts métrages un peu plus longs, autours de 15-20 mn, dans un univers réaliste–fantastique, des séries TV (drame et comédie), ainsi qu’un long métrage. À la recherche de financement pour certains et de producteur pour d’autres. Je continue également à développer l’activité de Buffalo Corp., la société de production que nous avons créée il y a un an et demi, dans la publicité et la fiction. http://www.dailymotion.com/video/xc1crh_fallin_shortfilmsundefined http://www.buffalocorp.fr/
Ont participé à ce numéro : laurence guenoun - Directrice de publication / DA carine lautier - Rédactrice en chef candice nguyen - Communication & Publicité +33 689 921 043 JÖRG FISCHER - DA / Graphiste mathieu drouet - Webmaster eric battistelli - Journaliste christophe dillinger - Traduction ERIN KIM - Traduction COLETTE BLANC - Correctrice français VINCIANE VERGUETHEN - Photo couverture
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