numero 13

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Levan Kakabadze / $emiotext / Jean-Claude Delalande / Charlotte Quentin / Hélène Gauchou / Yumiko Kayukawa / Jean-Christophe Sartoris / Gusclock / Pamela Klaffke / Lolita Picco / Fabien Basmaison / Juan / Alain Etchepare / The Traps

ISSUE 130110


S O M M A I R E


SHADOWS

MINE DE RIEN

COLORS

EXTRAITS

HIDE

CHILDHOOD CITIZEN

Levan Kakabadze INTERVIEW de l’artiste $emiotext « TENTATIVES » Jean-Claude Delalande INTERVIEW de l’illustratrice Charlotte Quentin Hélène Gauchou INTERVIEW de l’artiste Yumiko KAYUKAWA « TE SOUVIENS-TU QUAND TU AVAIS LES CHEVEUX LONGS ? » Jean-Christophe Sartoris INTERVIEW de l’artiste Gusclock « BESTIA PARVULUS » Pamela Klaffke INTERVIEW de l’artiste Lolita Picco « XÏNZHÀI » Fabien Basmaison INTERVIEW du l’artiste Juan « LA GRANDE VILLE» Alain Etchepare INTERVIEW du groupe « The Traps »




SHADOWS


&

Levan Kakabadze INTERVIEW de l’artiste $emiotext


L E V A N K A K A B A D Z E


INTERVIEW COMMENT AVEZ-VOUS COMMENCÉ LA PHOTOGRAPHIE ? D’une façon très typique : je me suis toujours intéressé aux visuels. J’étudiais la réalisation cinématographique, et on m’a demandé de raconter une histoire en 6 photos. Plus tard, j’ai utilisé l’appareil photo de mon ami et commencé à prendre des photos. UNE PHOTOGRAPHIE HUMANISTE ? Je ne sais pas, peut-être ma photographie l’est plus que ma propre vie. Je dois ma photographie à des personnes à qui je ne donne rien. VOS SOUHAITS POUR DEMAIN ? Au moins un problème résolu, le mien ou celui de quelqu’un d’autre, peu importe. http://levankakabadze.com
















S E M I O T E X T


INTERVIEW POUVEZ-VOUS DÉCRIRE VOTRE FORMATION ARTISTIQUE ? Elle fut plutôt classique, je suppose. J’ai toujours peint et dessiné. Gamin, je pouvais m’asseoir pendant des heures, créer mes propres univers à huis clos, y inventer des histoires connues simplement de moi, seulement entre moi et moi. Plus tard, j’ai enduré la période habituelle de l’école d’art. J’en suis sorti meurtri et à moitié cassé (mais c’est un scénario assez commun, d’après ce que j’ai compris). Un jour, j’ai simplement décidé de faire un essai. C’était ça ou sauter d’une fenêtre... et c’est toujours une option quand même... Voilà où nous en sommes. UN PEU DE FOLIE… Un Courant de Folie. Je ne le connais pas, celui-là. Qui connaît ces choses, vraiment? Certains jours, j’ai besoin qu’on me rappelle que je dois me brosser les dents, d’autres tout semble fonctionner assez bien. Le marché intérieur est tout aussi infernal dans sa simplicité que tout autre marché : vous perdez... vous gagnez. Tant que 5% de ce que vous essayez de communiquer atteint un récepteur opérationnel, le « système » fonctionne et, tout d’un coup, tu n’es pas fou du tout. VOS PROJETS Mes associés et moi, nous venons tout juste d’obtenir notre premier véritable studio, donc en ce moment nous sommes plutôt en train de mettre en place toutes sortes de projets. Je travaille sur des illustrations pour un projet qui deviendra, si tout va bien, un film d’animation, qui sortira en DVD (avant 2012, si «Dieu» le veut et si les gens impliqués en sont capables). http://www.myspace.com/semidab










Depuis son lancement en 1998, Actuphoto a su s’imposer parmi les media culturels consacrés à l’actualité photographique ce qui lui a permis d’acquérir la confiance des plus grands organisateurs d’événements photographiques tels que l’agence VU, Magnum photo, la Maison Européenne de la Photographie, le Jeu de Paume, Paris Photo...

LES SERVICES Aux lecteurs • Les annonces des expositions dans toutes les villes où la photographie a joué et joue encore un rôle historique • Les actualités récentes du monde de la photographie • Une sélection d’ouvrages et de parutions • La couverture des principales manifestations, festivals, colloques, rencontres, salons ou signatures… • Un accès gratuit aux alertes par email Aux photographes • L’annonce des concours, prix, bourses, appels à candidature • L’annuaire des professionnels de la photographie • Une rubrique CARTE BLANCHE mettant en avant des photographes originaux et marginaux à découvrir • Un espace membre permettant aux professionnels, amateurs et photographes d’échanger des informations et de soumettre leurs communiqués de presse ou événements



MINE DE RIEN


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« TENTATIVES » Jean-Claude Delalande INTERVIEW de l’illustratrice Charlotte Quentin


J E A N C L A U D E

D E L A L A N D E


TENTATIVES À PROPOS DE CETTE SÉRIE… J’en ai eu l’idée il y a un peu plus d’un an. Lors d’une séance avec mon analyste, il me demanda : « Avez-vous déjà pensé au suicide ? ». Cette question me turlupina pendant quelques jours. Puis je me demandai, si je devais passer à l’acte, quels moyens j’utiliserais pour mettre fin à mes jours. Ma première idée fut celle de la tentative avec le rasoir jetable. Je me disais que le procédé n’était pas très efficace mais assez drôle. J’imaginais par la suite un personnage au bout du rouleau qui essaie chaque jour une nouvelle technique de mise à mort. Chacune de ces tentatives s’avère un échec. Ne serait-il pas doué pour le suicide ? Ou bien ferait-il exprès de se rater afin d’attirer l’attention de son entourage ? Toujours est-il qu’après plus d’une trentaine d’essais et plus d’un mois d’acharnement, ses proches décident de l’enfermer dans le parc de son fils afin qu’il reprenne ses esprits et qu’il se calme un peu. Non pas parce qu’il avait fait des saletés et dérangé l’appartement familial, (il avait pris beaucoup de précautions afin de ne pas trop gêner), mais cela n’était plus possible, les accessoires qu’il s’était procurés pour cette péripétie envahissaient le petit 3 pièces. En définitive, le personnage décide de déchirer sa propre image, et met un point final à cette aventure. VOS ACTUALITÉS ET PROJETS… Actuellement, et jusqu’à la fin novembre je participe à une exposition collective à la mairie du 10e à Paris. Début novembre je présenterai un extrait de plusieurs séries à l’Ambassade de France, Centre Culturel Français de Belgrade (Serbie).Plusieurs expositions personnelles sont en cours de réalisation en province, dans différentes villes du Nord et à Quimper à l’occasion d’un festival. Je recherche également une galerie pour me représenter. Et puis je reste toujours dans l’espoir que mon travail attirera l’attention d’un éditeur. Je pense que le rêve de chaque photographe est de voir un jour ses photographies dans un livre. http://jcdelalande.com














C H A R L O T T E Q U E N T I N


INTERVIEW LE CHOIX DE L’ILLUSTRATION Et bien je ne voulais pas être peintre et je ne voulais pas être graphiste (nul besoin de rajouter que je ne voulais pas non plus être comptable, dentiste ou agent immobilier...). L’illustration s’est alors imposée d’elle-même. Parfois, je me dis en fin de mois que finalement, avocate, c’était pas une si mauvaise idée. CHARLOTTE, UN SACRÉ CARACTÈRE… Je ne vois pas de quoi vous voulez parler ! Charlotte est une jeune femme tout à fait structurée mentalement, stable, forte, indépendante, rigolote mais souvent blasée par «les autres»... Personne n’est parfait. Quand elle craque et qu’elle se rend compte qu’elle n’a que son chat à cajoler, elle se met à écouter les tubes des années 80 sur RFM en pleurant, à se dire qu’il serait temps de faire un régime et puis qu’elle ne trouvera jamais l’homme de ses rêves. (psstttt au passage, si vous en connaissez un...). Bref Charlotte est somme toute comme beaucoup de jeunes femmes et elle adore les faire sourire en racontant de grosses bêtises ! VOS PROJETS ? Et bien j’aimerai beaucoup être éditée et ce n’est pas chose facile...Mais je ne baisse pas encore les bras ! JAMAIS ! Je suis également sur un projet de livre jeunesse et je me mets à la papeterie. Je vous tiendrai au courant quand j’aurai de gros stocks à vendre ! OK ? Je peux aussi vous peindre un mur chez vous ! Hem... www.myspace.com/leokadi www.myspace.com/laveritablecharlotteq


















COLORS


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Hélène Gauchou INTERVIEW de l’artiste Yumiko Kayukawa


H É L È N E G A U C H O U


INTERVIEW LA PHOTOGRAPHIE POUR VOUS… C’est difficile a dire, c’est avant toute chose une façon de regarder, appareil photo en main ou pas. Quand je regarde le monde je ne suis pas en permanence entrain de penser photographie, mais je sais que ce que je vois serait différent si je ne faisais pas de photo. Puis, lorsque appareil photo il y a, ce que je préfère dans le processus c’est tout ce qui se passe avant le déclenchement. Tout se passe dans les yeux et dans les tripes, il n’y a plus de pensée, plus de réflexion. D’ailleurs le «Je» disparaît, c’est reposant. Pour moi, faire de la photo n’est pas un moyen mais une fin en soi. Je n’ai rien à vendre et rien à dire, j’essaye juste de rapporter ce que me font les choses quand je les regarde et, si j’y parviens et que d’autres peuvent les ressentir, alors c’est l’apothéose. POURQUOI CE CHOIX DE FORMAT ? Mon but est de l’utiliser essentiellement dans le cadre de la photo de rue, pour son potentiel de dynamique. Par exemple avoir deux sujets, un en avant plan, un en arrière plan et parvenir à guider le regard de l’un a l’autre via le format. Je n’ai pas envie de l’utiliser de façon frontale, comme c’est le cas dans le panoramique de paysage, mais de plutôt souligner les lignes de fuites. Pour l’instant je me familiarise avec ce format, et les photos présentées ici sont une première approche, mais j’y travaille. DES ENVIES DE VOYAGES ? De multiples bien sûr ! En lien à la photographie j’aimerais faire un tour des villages désertés Nord Américains. Certains de ces «Ghost Towns» sont vraiment fantômes car plus rien ne subsiste mais un grand nombre comporte encore des bâtiments. J’aimerais les voir avant que tout ne disparaisse. Au-delà de ça j’ai des envies d’Islande et d’Argentine pour ne citer qu’elles mais comme j’habite depuis un peu plus d’un an à Vancouver je me sens déjà en voyage permanent ici... www.flickr.com/people/helene_pom/






















Y U M I K O K A Y U K A W A


INTERVIEW VOTRE INSPIRATION Elle vient des émotions que je ressens à n’importe quel moment. Lorsque j’espère, j’apprécie ou que je suis impressionné, lorsque je me sens triste, furieux, songeur. J’adore la musique (rock’n’roll) et le cinéma. Je m’inspire de certaines scènes de films et de paroles de chansons. Je suis aussi un grand amoureux des animaux. De nombreuses idées me viennent lorsque je les vois évoluer dans la nature ou en regardant des documentaires animaliers. De plus, depuis que j’ai déménagé du Japon pour les Etats-Unis, je ressens différemment les choses. C’est très intéressant d’observer son pays d’origine de l’extérieur, mais aussi de vivre l’Amérique de l’intérieur après l’avoir imaginée. Ces nouvelles perceptions m’inspirent énormément. COMMENT CRÉEZ-VOUS ? Tout d’abord, je dessine un croquis au crayon sur du papier, puis je le retranscris sur une toile ou une planche en bois. Je peins ensuite à l’acrylique et dessine de très fines lignes à la plume. VOS PROJETS… Une exposition solo est en cours à la « Shooting Gallery » à San Francisco, depuis le 14 novembre. Plusieurs expositions de groupe sont prévues pour le printemps 2010. www.sweetyumiko.com/ www.myspace.com/yumikokayukawa




















EXTRAITS


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« TE SOUVIENS -TU QUAND TU AVAIS LES CHEVEUX LONGS ? » Jean-Christophe Sartoris INTERVIEW de l’artiste Gusclock


J E A N C H R I S T O P H E

S A R T O R I S


INTERVIEW COMMENT EST NÉE CETTE SÉRIE ? Une maison de familles en vacances. Les objets autour de moi m’évoquent les générations qui se sont succédées entre ces murs. Tous ces gens, ces vies passées, ces passions, ces tourments, ces secrets. Seuls les meubles et les objets sont encore là, témoins muets. Il règne un sentiment de vide nostalgique, un de mes thèmes favoris. DE L’IMAGINAIRE OU DU REPORTAGE ? Il s’agit d’un reportage imaginaire. Les objets sont ceux du quotidien, bien réels. Mais chaque objet est porteur d’imaginaire. Chacun de nous peut y associer une histoire personnelle, un événement, une émotion. Même s’ils nous sont étrangers, chacun peut y projeter son propre vécu : moment de joie, moment douloureux, nostalgie… DES PROJETS? J’aimerais effectuer le chemin inverse qui m’a amené à la photo et effectuer un retour éphémère à la création musicale, le temps d’un album autour d’un projet danse–peinture. Mais cela reste encore flou. J’espère m’y ressourcer pour des projets photo futurs. www.jcsartoris.com












G U S C L O C K


INTERVIEW PARLE-NOUS DE TON TRAVAIL… Au début, mes images étaient un mélange de photos et de dessins. Et puis en creusant un peu plus sur Photoshop, j’ai voulu rajouter des photos que malheureusement je ne possédais pas. Difficile d’attendre d’aller à New York par exemple, pour prendre les buildings vus d’avion ou encore prendre des plates-formes pétrolières en pleine mer, sans parler des femmes des années 40… Pour faire des images Photoshop, j’ai donc pris des photos sur Internet (libres de droits bien sûr ;)). Bien évidement, celles-ci sont inexploitables car les résolutions sont trop faibles. Quoique pour une e-diffusion, ça peut être acceptable. Mais depuis 2 ans, je m’attache à prendre mes propres photos. Je peux donc découper et coller mes propres objets, mes propres décors, paysages et personnages. Je dessine (ou gribouille plutôt) pour équilibrer tout ça. TES SOURCES D’INSPIRATION… Je n’ai pas la technique d’un graphiste ni l’inspiration d’un artiste, mais j’ai besoin de m’exprimer par un moyen autre que la parole. Pendant longtemps, je faisais de la musique avec une bande de copains, j’étais à la basse. Outre cet instrument que j’affectionne particulièrement, je prenais quelques photos et faisais un peu de Photoshop pour créer l’univers visuel du groupe… Depuis, pour des raisons professionnelles, nous avons arrêté la musique. Et le seul moyen que j’ai gardé pour continuer à m’exprimer, c’est ça, ce mélange de photos, de dessin et de Photoshop. Disons que c’est du collage. Pendant longtemps, ces images étaient pour moi-même, comme un mal au crâne personnel de quelques heures, et restaient stockées dans mon ordinateur. Et puis, les amis s’en sont mêlés et ont voulu les voir. Je me suis laissé convaincre pour les montrer plus régulièrement. Et ce ne fut pas simple car je sais que je vais reprendre la phrase par laquelle j’ai commencé. Je suis un commercial freelance (et oui ça existe) qui a de plus en plus mal au crâne le week end… Je suis très influencé par des artistes comme Julien Pacaud, Stanley Donwood, Gildas Secretin… Et j’aime beaucoup m’exprimer sur des musiques telles que Ez3kiel, Radiohead, Massive Attack, Portishead, DJ Shadow, Bonobo, Ratatat, Sigur Ros, Archive, Wax Taylor, Gotan Project, Shaolin Soul… Et plein d’autres mais il me faudrait 3 pages... Et ce qui m’influence par-dessus tout c’est l’actualité. DES PROJETS? Continuer à apprendre des techniques de montages / collages, peut-être tenter une expo, pourquoi pas bosser pour un groupe de zic qui démarre… Mais rien de concret dans ce domaine. Ma logique étant d’abord de produire pour me faire plaisir et surtout me libérer. http://www.myspace.com/gusclock
















HIDE


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« BESTIA PARVULUS » Pamela Klaffke INTERVIEW de l’artiste Lolita Picco


P A M E L A K L A F F K E


BESTIA PARVULUS BIOGRAPHIE : Pamela Klaffe est un écrivain et une photographe canadienne qui prend des photos exclusivement avec des appareils photos analogiques et les films périmés et / ou endommagés. Elle est l’auteur du roman récent, Snapped, et la fondatrice de « La société secrète des arts analogiques », une organisation qui encourage la fusion créative entre la communication analogique et numérique en proposant une série de projets artistiques participatifs. COMMENT EST NÉE CETTE SÉRIE ? J’ai toujours été fascinée par le côté sombre des contes traditionnels pour enfants. Je venais de terminer la lecture d’une nouvelle traduction des travaux de Hans Christian Andersen, quand j’ai acheté un masque de lapin dans un magasin local. Les photos se passèrent si bien que j’ai décidé de partir à la recherche d’autres masques afin de constituer une série. CES IMAGES SONT PLUS TERRIFIANTES QUE MERVEILLEUSES ? J’aime à penser qu’elles sont les deux. Je suis toujours intriguée par les images qui sont sombres et fantastiques, mais qui ont encore un sens de l’humour et j’espère que cette série a atteint cet équilibre. VOS PROJETS ? Il ya toujours de nombreux projets. Je suis en train de travailler sur deux nouvelles séries, et j’explore les moyens de fusionner mon écriture et mon travail photographique. Je suis également conservatrice d’un nouveau projet participatif des arts intitulé “Nightmare Sara” (www.sarasnightmare.com) grâce à la société secrète des arts analogiques. www.pamelaklaffke.com










L O L I T A P I C C O


INTERVIEW VOTRE TECHNIQUE DE TRAVAIL ? Je mixe les techniques traditionnelles (dessins, collages, tampons...) avec les logiciels Photoshop et Illustrator principalement. J’utilise aussi beaucoup de vieilles photographies, de vieux papiers chinés dans des brocantes, que je scanne et retravaille sur ordinateur. J’essaie toujours de garder un aspect «fait main» dans mes illustrations car le « tout-vectoriel » me fait un peu peur ! OÙ TROUVEZ-VOUS VOTRE INSPIRATION ? Dans les travaux d’illustrateurs que j’apprécie énormément, dans des scènes de mon quotidien et de mon passé, dans ma collection de vieilles photographies (des années 20 aux années 80...). Mais je ne suis pas seulement une illustratrice nostalgique, beaucoup d’événements politiques, sociaux d’aujourd’hui m’inspirent. Et quand je suis l’actualité, il y a tellement de choses qui me dépassent et me paraissent aberrantes que j’ai besoin de m’exprimer là-dessus à mon niveau. Je ne suis pas engagée à 100% mais disons que j’ai la possibilité d’exprimer des idées par le biais de mes illustrations, donc j’en profite. Et ça donne souvent un double sens de lecture à certains de mes travaux, car, derrière les couleurs, l’aspect purement esthétique, il y a toujours un «message» plus ou moins négatif sur ce que je ressens sur le moment (par exemple : l’illustration «Made In China» ou encore «Obama» réalisée juste après l’effervescence de son élection). UNE OEUVRE QUI VOUS A MARQUÉE ? Difficile de choisir une seule œuvre ! Je dirais que le travail d’Egon Schiele me touche beaucoup parce que justement, à travers ses dessins, il laisse transparaître ses émotions, ses blessures, ses névroses et malgré moi j’aime les esprits tourmentés ! Dans un style plus contemporain, je m’intéresse au Graffiti et j’apprécie énormément les boulots de Dran, Jaw et Bom.K. www.myspace.com/lo_litaa


















CHILDHOOD


&

« XÏNZHÀI » Fabien Basmaison INTERVIEW de l’artiste Juan


F A B I E N B A S M A I S O N

XÏNZHÀI LA PHOTOGRAPHIE POUR VOUS, C’EST… Un mystère ? Je décrivais récemment ma façon de voir la photographie comme ceci : «Taking a camera and shooting at people is of course exposing them to my film, but it’s also exposing myself to others more than what I would.» Dans l’acte de photographier, il y a prendre aux gens une part de leur vie, mais il y a toujours un peu de cet échange qui fait que, «clic», tu fais aussi partie de la leur. Je suis loin d’être un gros technicien de la photo. J’apprends un peu tous les jours, notamment des rencontres que je peux faire dans le magasin (de photo) en bas de chez moi, dans la rue, sous les rues, au dessus des rues, hors des rues. Même en tant qu’architecte, le bâtiment a quelque chose à nous apprendre sur son temps, sur les gens qui y vivaient, sur ce que l’on peut attendre de son futur. En contrepartie, la photo permet de le donner à voir aux autres, et éventuellement l’expliquer. Oui c’est ça, je crois que la photographie ça me permet d’appliquer un concept simple : l’échange.


À PROPOS DE CETTE SÉRIE XÏnzhài, c’est un gros coup de cœur. Ce petit village au milieu des rizières du Guangxi, au sein de la communauté Miao, n’avait jamais vu d’étranger ; immense privilège que d’y avoir séjourné, même s’il ne s’agissait au départ que d’une mission professionnelle. Le Guangxi est une province de Chine au statut un peu particulier car gouvernée par des communautés non Hàn (ethnie dominante en Chine) et regroupant plusieurs minorités (de fait). Dans ce village, la seule personne parlant le mandarin (汉语 ou Hànyǔ, la langue des Hàn, langue officielle en Chine) était le directeur et enseignant de l’école que nous devions reconstruire. Ces photos sont le résultat de deux visites, une première en août 2007 pour faire un état des lieux du bâti et des souhaits des villageois et élèves ; la seconde en août 2008 pour voir où en était le chantier. Au court de notre première visite, nous avons notamment appris que certains élèves devaient passer des heures dans la neige, la boue, ou parfois ne pas rentrer chez eux avant que la route ne soit reconstruite en cas de glissement de terrain, plus tout une liste d’expériences quotidiennes qui nous sont complètements inconnues en France. Ça aide à relativiser ses propres malheurs ; ces enfants luttent vraiment pour pouvoir étudier. À chaque fois, les responsables des autorités locales étaient venus et les enfants s’étaient rassemblés pour nous accueillir, les filles s’étant vêtues de leur plus belle robe blanche ; adorable ; touchant ; hors de notre temps. VOS SOUHAITS POUR DEMAIN ? Get a job? (rires) J’aimerais beaucoup pouvoir récolter un peu d’argent avec ces photos pour acheter / envoyer des fournitures scolaires aux enfants là-bas, ou tout simplement participer au développement de l’éducation dans ce village. Même à petite échelle, je suis sûr que toute aide serait appréciée. Sinon sans doute plonger un peu plus dans l’apprentissage des techniques photo. J’ai jamais été fan de ce qui était trop clean, trop artificiel ; j’ai l’impression qu’on se rapproche des vieilles images de synthèse où tout paraît trop propre et donc irréel. Donc apprendre à faire de meilleures photos authentiques et pourquoi pas un peu plus «crades», mais toujours en gardant en tête que le résultat doit être beau, pas parce qu’il est propre, mais parce qu’il fait réagir d’une façon ou d’une autre. Clairement un peu plus d’argentique. Ha... Et puis développer tous ces RAW qui traînent, aussi, mais ça attendra après-demain, je crois. http://www.arkhi.org/
















J U A N


INTERVIEW DÉCRIVEZ-NOUS VOTRE UNIVERS… Difficile de situer mon univers aujourd’hui car il est entrain d’évoluer mais je dirais un univers assez onirique, je garde un regard naïf à la limite de l’angoissant. J’aime jouer à la limite du rêve qui peut devenir cauchemar et inversement. Actuellement j’aime dessiner sur du papier kraft. Ce support garde la vraie couleur du papier. Le coté brut de la nature, – en opposition directe avec les médium utilisés qui sont quand même hautement polluants - bic, acryliques, feutres aérosol...–, me plaît beaucoup parce qu’il insiste sur le côté mutation génétique de certains personnages et donc, quelque part, renvoie à ce que l’on vit aujourd’hui dans le monde. VOS SOURCES D’INSPIRATION ? La période du symbolisme, la culture skate et art américaine (Pop surréaliste) avec des artistes allant de Jim Phillips à Jeff Soto (jetez un œil sur Juxtapoz et Fecal face, ça résumera un peu l’univers), le graffiti, le tattoo, la musique, les vieux films et les vieilles BD de SF et d’horreur... DES PROJETS POUR DEMAIN ? Je prépare une expo collective à la galerie l’Art de rien sur Paris pour février et en mars à la Green galerie sur Toulouse. www.creabook.com/juan www.myspace.com/juanelgatoloco












Digital Photo Professional, plus communément appelé «DPP», est le logiciel de traitement d’images édité par Canon et fourni gratuitement avec tous les reflex numériques de la marque. Spécialisé dans le développement des fichiers RAW «Canon», il permet aussi de travailler au post-traitement des images JPEG et TIFF via une interface simple et des outils judicieusement choisis, faciles à appréhender et à maîtriser. Ainsi, en plus d’être le seul logiciel capable de donner accès à toute l’information contenue dans les fichiers CR2 issus des boîtiers Canon, ce «dématriceur» qui a sa place parmi les meilleurs du marché est un formidable outil d’apprentissage du traitement des fichiers RAW pour les photographes qui travailleraient pour la première fois avec un logiciel de développement. Cet e-book est le tout premier titre en langue française entièrement dédié à DPP. Après une présentation des principales fonctionnalités du logiciel et un rappel des notions essentielles à un traitement d’images maîtrisé (exposition, luminosité, histogramme…), il propose une découverte par la pratique des points forts du logiciel à travers une vingtaine d’exemples concrets détaillés pas à pas.



CITIZEN


&

« LA GRANDE VILLE» Alain Etchepare INTERVIEW du groupe « The Traps »


A L A I N E T C H E P A R E

LA GRANDE VILLE LA PHOTOGRAPHIE POUR VOUS… Tout d’abord elle est un formidable moyen d’expression. Elle me permet de communiquer ma vision du monde et, à travers elle, d’essayer d’entraîner d’autres personnes dans mon univers. Cela peut être par des sujets avec lesquels j’ai envie de dire ou montrer quelque chose, ou en capturant simplement les moments et les lieux qui me touchent, au gré de mes humeurs et de mon imagination, sans autre but que d’y laisser un peu de moi-même. Elle me permet également de vivre plus intensément mes émotions et m’oblige à prendre du recul sur moi-même, sur les autres, sur le monde. Et enfin, quand on est comme moi un rêveur et un utopiste, elle offre la possibilité de vivre un peu au-delà de la réalité. UNE AMBIANCE Hivernale, isolée, où la présence de l’homme ne se fait pas entendre, discrète, seulement mélangée au silence et au souffle du vent, et n’est visible que parcimonieusement, disséminée dans une immense plaine. VOS PROJETS… Beaucoup trop... Mais le prochain sera sûrement une immersion dans un univers très influencé par les romans de Haruki Murakami, ou l’on ne sait pas très bien si l’on est dans la réalité ou au-delà, dans le rêve ou la folie. En tous cas, pour le moment je n’ai pas envie de m’enfermer dans un style photographique, mais plutôt de chercher le style qui convient à chaque projet.


SYNOPSIS Quelle est cette ville étrange qui s’ouvre à nos regards et où les murs suintent la peur et les regrets ?.... Une ville cannibale, tentaculaire qui a fini par recouvrir le monde... Est-elle le résultat d’une Société qui aurait voulu aller trop loin et qui aurait finalement perdu tout contrôle au point de s’étouffer elle-même? Une ville où régnait la peur et où l’on ne s’éloignait plus au-delà des avenues larges et éclairées... Une ville, reflet d’un monde où la consommation était maître, où l’appât du gain, l’ivresse de la nouveauté ont créé l’ennui et le rejet, où l’on brûlait chaque jour ses idoles déchues, adulées un jour, oubliées le lendemain... Une ville paradoxale, surpeuplée, qui se voulait parfaite, mais où jamais on ne s’était senti si seul... Une ville qui a finalement gagné. Des hommes qui la peuplaient par milliards il ne reste que poussière... À peine le souffle d’un souvenir. À travers cette série j’ai voulu vous inviter à faire une incursion dans cette ville morte et silencieuse. Vous y serez le seul visiteur, le seul à vous interroger, seul face à vos émotions, vos regrets... Comment a t-on pu en arriver là? L’homme est-il si aveugle? Dans cette série j’ai cherché, dans nos cités d’ici ou d’ailleurs, tous ces endroits qu’on ne voit déjà plus, ces lieux parfois récents mais qui sont oubliés, délaissés, rejetés.. Écrasés par un modernisme permanent. Ces lieux qui semblent hors du temps, symboles de cette course contre la montre qu’on mène contre la vie elle même. Ces quartiers ghettos où même leurs habitants sont ignorés du reste du monde qui poursuit toujours plus avant sa course aveugle, les yeux fixés sur tout ce qui brille, oubliant l’essentiel. Mais cette ville que je vous montre, est elle réellement une fiction sortie de mon imagination ? N’existe-t-elle pas déjà tout autour de nous ? Regardez ! www.alainetchepare.com/














T H E T R A P S


INTERVIEW QUI SONT LES TRAPS ET COMMENT VOTRE AVENTURE A-T-ELLE COMMENCÉ ? Jamie & Nick Berry, Dan Webb et James Minhas. Nous sommes tous de Birmingham Royaume-Uni. Nous sommes amis et jouons de la musique ensemble depuis des années. Un jour, il fut temps de créer Les Traps, nous avions une série d’idées de chansons et nous souhaitions tous travailler dessus. QUEL GENRE DE MUSIQUE AIMEZ-VOUS JOUER ? Nous jouons le « punk indie alternative » avec des mélodies ensoleillées. Des groupes comme Les Beach Boys, Télévision, Radiohead, Les Pixies, Phoenix et Les Clash nous ont influencés. Nous menons également une station de radio sous notre nom « Speech Fewapy » avec des concerts tous les mois à partir du Royaume-Uni, Montréal, New York et Edimbourg. VOS PROJETS… Nous avons récemment créé notre propre label : Fewapy Speech Records www.myspace.com/speechfewapyrecordings) à partir duquel nous avons sorti deux EPs gratuit, « Luna » et « Elk » à ce jour en 2009. En ce moment, nous travaillons sur la nouvelle sortie Les Traps sur ce même label. www.the-traps.com/luna/ www.the-traps.com/elk/ Nous avons crée Speech Fewapy, non seulement pour être libre d’enregistrer par nous-mêmes et de communiquer à notre guise, mais aussi parce que l’ensemble du projet était entièrement nôtre. La musique, les vidéos et les illustrations sont sous notre contrôle. En outre, le punk label des années 1970 « Stiff Records » était une source d’inspiration énorme qui nous a donné la motivation pour créer nous aussi quelque chose. Nous avons fait également les T-shirts « You Need Speech Fewapy » qui sont déjà très populaires, encore une fois inspirés des fameux T-shirt Stiff Records, indiquant : «If it ain’t STIFF, it ain’t worth a fuck ». Notre objectif est d’enregistrer et de communiquer autant que possible pour notre label et le faire des tournées aussi loin que nous le pourrons. www.myspace.com/thetrapsofficial







Ont participé à ce numéro : laurence guenoun - Directrice de publication / DA carine lautier - Rédactrice en chef candice nguyen - Communication & Publicité +33 689 921 043 JÖRG FISCHER - DA / Graphiste mathieu drouet - Webmaster eric battistelli - Journaliste christophe dillinger - Traduction ERIN KIM - Traduction COLETTE BLANC - Correctrice français LAURENCE GUENOUN - Photo couverture

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