PERSPECTIVES
by
RED SHIRTS UN MOUVEMENT POPULAIRE A BANGKOK - MATTHIEU RONDEL PHOTOGRAPHE
ISSUE 240610
S O M M A I R E
MATTHIEU RONDEL PHOTOGRAPHE
RED SHIRTS, UN MOUVEMENT POPULAIRE A BANGKOK La situation politique de la Thaïlande n’est plus stable depuis ces quatre dernières années. Les différents gouvernements se sont succédés, sans finir leurs mandats. En novembre 2008, le premier ministre Thaksin Shinawatra est destitué par le mouvement populaire des « Chemises Jaunes », partisan de la monarchie, victime d’un coup d’état alors qu’il est en déplacement à New York au siège de l’ONU. Il part en exil forcé afin d’éviter l’emprisonnement. En mars 2010, ses partisans, unis sous la bannière de l’Union pour la Démocratie et contre la Dictature (UDD), dénoncent le régime du gouvernement du premier ministre en place, Abhisit Vejjajiva, en manifestant par dizaine de milliers dans les rues de Bangkok. Les manifestations transcendent la Thaïlande. Les manifestants occupent des endroits stratégiques de la capitale comme la zone de quatre kilomètre carré autour des gigantesques centres commerciaux Siam Paragon et Central World.
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Dans la nuit du dix huit avril, les chemises rouges investissent la grande avenue Rajadamri, et établissent une barricade de pneus et de bambous à l’angle avec la rue de Silom, le quartier financier de Bangkok. La tension sur place est particulièrement vive. La journée, des hommes scrutent à l’aide de jumelles, les hauts des immeubles environnant le campement, par peur des snipers. La nuit tombée, tous sont prêts à faire face à une intervention militaire. Les rumeurs alimentent la vie du campement. Les leaders qui, deux kilomètres plus haut sur l’avenue, déversent leurs discours toute la nuit sur la scène principale contribuent certainement à maintenir l’attention. Cette lutte mobilise une grande partie de la population. On y retrouve aussi bien des artistes populaires chantant ou dansant sur la scène de Ratchaprasong, des moines sur les barricades, naturellement proche du milieu rural, et les paysans ou hommes des campagnes qui constituent le socle de la lutte engagée.
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Cette même nuit, le gouvernement donne l’ordre à l’armée de sécuriser la rue de Silom, craignant un agrandissement du campement. Environ 3000 hommes sont alors déployés à Thanon Silom, afin de protéger les banques et le quartier commercial encore intact. Se joignent à eux les militants pro-gouvernementaux, les «Jaunes», qui manifestent tous les soirs en bas de Silom, en face de la barricade. La tension devient palpable ! L’armée intimide les Rouges en simulant des actions de combats, et les manifestants commencent à s’insulter et à se jeter des pierres et des bouteilles. Un groupuscule armé non identifié fait régner la terreur dans les rues de Silom en lâchant des grenades M79, bien connues des services anti-terroristes. Lors de la semaine, 3 personnes seront tués et une trentaine blessée. Le matin, la vie reprend son cours dans le quartier financier, les banques ne s’arrêtant jamais. Les traders et personnels de bureau se rendant sur leurs lieux de travail, confiant quant à la sécurité apportée par l’armée.
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« Les Jaunes ». Cette qualification ne leur convient plus vraiment aujourd’hui. En effet, se sont ralliés à leur cause de nombreux habitants de Bangkok exaspérés par le tohu-bohu, qui ne se revendique pas jaunes, mais aussi des chemises roses, couleurs de courage et de chance de l’année 2010 destinés au Roi Bhumibol Adulyadej âgé de 82 ans et hospitalisé depuis 6 mois. Le groupe non défini se fait appeler les Multi Couleurs, et ils manifestent maintenant à l’heure du déjeuner devant un grand centre commercial de la rue Silom. Les multi couleurs sont donc des urbains, d’un niveau de vie plus élevé que les Rouges, majoritairement paysans. Ils constituent quand même une force politique conséquente dans un pays grandement divisé d’un point de vue politique. Depuis le début des manifestations des chemises rouges fin mars 2010, les affrontements ont fait au moins 88 morts et près de 1900 blessés. Le premier ministre restera en place jusque la tenue de nouvelles élections initialement prévues courant 2011.
Ont participé à ce numéro special
Laurence Guenoun Directrice de Publication Matthieu Rondel Photographe Eric Battistelli Graphiste / DA Mathieu Drouet Web Master
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