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CAISSE DES DÉPÔTS

Pour des villes méditerranéennes durables

Quel est l’esprit de l’Initiative pour des villes méditerranéennes durables ?

C’est à l’occasion du Forum de Paris en mars 2008 qu’Augustin de Romanet, directeur général de la Caisse des Dépôts avait proposé une Initiative pour des villes méditerranéennes durables, s’inscrivant dans le cadre de l’Union pour la Méditerranée. Avec l’objectif de promouvoir des démarches intégrées et exemplaires de développement urbain par la mise en synergie d’expertises, le renforcement de dispositifs d’échanges et de coopération entre acteurs et opérateurs locaux et nationaux, et la structuration des mécanismes de financement capables de mobiliser des fonds importants. Il s’agit de développer, avec tous les partenaires concernés, une démarche articulée autour des questions relatives à la ville durable, qui correspondent à un savoir-faire transversal du groupe Caisse des Dépôts, et qui sont cruciales pour l’avenir de la région Méditerranée. Notre partenaire au Maroc, la Caisse de Dépôt et de Gestion nous accompagne dans cette initiative.

Comment cette démarche se concrétise-t-elle ?

D’abord par le lancement d’InfraMed, fonds d’investissement de long terme et premier outil financier de l’Union pour la Méditerranée, à l’initiative de la Caisse des Dépôts, de la Cassa Depositi e Prestiti (Italie), d’EFG Hermes (Égypte) et de la Caisse de Dépôt et de Gestion du Maroc. La vocation première d’InfraMed est de financer sur fonds propres des projets de développement et de réalisation d’installations dans le domaine des infrastructures urbaines, énergétiques et de transport dans les régions Sud et Est de la Méditerranée. La Caisse des Dépôts a doté InfraMed de 150 millions d’euros, sur un engagement collectif ayant déjà atteint 400 millions d’euros. InfraMed sera ouvert à d’autres investisseurs de long terme dans les prochains mois, l’objectif étant d’atteindre rapidement un milliard d’euros en capital.

Jason Larkin / Panos-RÉA

Partenaire fondateur du nouveau Centre de Marseille pour l’intégration en Méditerranée, la Caisse des Dépôts avait proposé en mars 2008 une Initiative pour des Villes méditerranéennes durables. Avant de lancer, au printemps 2009, InfraMed, le premier outil financier de l’Union pour la Méditerranée. Entretien avec Laurent Vigier, directeur des affaires internationales de la Caisse des Dépôts et Pascale Chabrillat, conseillère Méditerranée, sur l’implication d’un acteur discret mais très présent.

Amman.

Ensuite, la Caisse des Dépôts s’est positionnée comme membre du Centre de Marseille pour l’intégration en Méditerranée (CMIM), fondé par six États – la France, l’Égypte, la Jordanie, le Liban, le Maroc et la Tunisie – et plusieurs organismes financiers, dont la Banque mondiale, la Banque européenne d’investissement (BEI) et l’Agence française de développement (AFD). Outre une participation financière et aux instances de gouvernance, l’implication de la Caisse des Dépôts dans le CMIM se traduira par une co-construction avec la Banque mondiale des deux premiers programmes urbains du Centre : “Développement urbain stratégique” et “Villes et changement climatique”.

Au-delà des aspects financiers, quel est l’apport spécifique de la Caisse des Dépôts ?

La Caisse des Dépôts propose de centrer son apport sur les conditions de mise en œuvre effective de projets urbains durables en Méditerranée en appuyant notamment les outils de coopération décentralisée. Il s’agit d’intégrer quatre grandes préoccupations : • l’identification des besoins et l’analyse des stratégies d’intervention ;

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• la capitalisation (échange et diffusion des bonnes pratiques, qualification des acteurs) ; • l’appui au montage des stratégies et projets ; • le conseil en amont des interventions, en lien avec la mise en place de politiques publiques pour un développement urbain durable.

La Caisse des Dépôts a organisé un atelier de recherches et d’échanges sur “Climat, Villes et Méditerranée” les 27 et 28 juin dernier à Marseille /1. D’autres initiatives du même type sont-elles prévues dans le cadre du CMIM ou à l’occasion d’autres événements ?

L’organisation de l’atelier“Climat,Villes et Méditerranée”

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est venue des rapprochements avec la Ville de Marseille, la Banque mondiale,l’EPA Euroméditerranée,et l’ISTED /2, tous acteurs intéressés comme nous par ce sujet de la ville durable en Méditerranée. Ces deux journées ont permis un échange riche et constructif qui débouche maintenant sur un programme d’actions très concret, via les programmes“Développement urbain stratégique” et “Villes et changement climatique” du CMIM. C’est dans ce cadre que nous organisons, avec la Banque mondiale, un prochain atelier en décembre 2009, à Marrakech, dans le cadre d’Africités. Propos recueillis par Antoine Loubière

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PLAN BLEU

Mobilités urbaines à l’étude Observatoire méditerranéen de l’environnement et du développement durable, le Plan Bleu a récemment terminé un programme d’étude sur les mobilités dans six agglomérations : Alep, Alger, Istanbul, Le Caire, Tanger et Tunis. Explications de Julien Le Tellier et Sylvain Houpin, chargés de mission du Plan Bleu.

Qu’est-ce que le Plan Bleu ?

Depuis plus de trente ans, les 21 pays riverains de la mer Méditerranée et la Communauté européenne développent un dispositif de coopération régionale dans le cadre du Plan d’action pour la Méditerranée du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE/PAM).Centre support de la Commission méditerranéenne de développement durable (CMDD), le Plan Bleu est l’un des acteurs de cette coopération : basé à Sophia Antipolis et à Marseille, il est chargé de produire de l’information et de la connaissance sur les risques environnementaux et les enjeux de développement durable en Méditerranée.

Avant d’aborder les enjeux environnementaux à l’échelle des territoires urbains, quel est, plus largement, l’impact du changement climatique en Méditerranée ?

Le changement climatique devrait avoir un impact particulier en Méditerranée, avec une augmentation de l’occurrence d’événements extrêmes : diminution des précipitations, devenant de plus en plus irrégulières dans l’espace et dans le temps, accroissement des amplitudes thermiques annuelles (épisodes caniculaires, sécheresses continentales), inondations, feux de forêt. Autant de

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phénomènes amplifiés par l’urbanisation, la consommation foncière excessive, la diminution du couvert végétal, la dégradation des ressources en eau et la production croissante de déchets ; les conséquences des aléas météo-physiques sont aggravées notamment en raison de l’urbanisation accélérée des côtes.

La vulnérabilité de la région face au changement climatique appelle l’adoption de politiques visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) : mécanismes de développement propre pour l’industrie, amélioration de l’efficacité énergétique des bâtiments et des véhicules, promotion des énergies renouvelables et alternatives aux énergies fossiles, taxes carbone.Toutefois, l’enjeu de réduction des émissions de GES est doublé d’un enjeu d’adaptation aux changements en cours et à venir :autrement dit, le renforcement des politiques d’atténuation des émissions de GES doit être accompagné par des mesures d’adaptation au changement climatique.

Quelle est votre analyse des enjeux urbains du bassin méditerranéen ?

D’après les études prospectives du Plan Bleu, le taux d’urbanisation des pays riverains atteindra 75 % en 2030, avec 470 millions d’urbains attendus à l’horizon 2050.

1/ Cf. le compte rendu paru dans Urbanisme, n° 368, sept.-oct. 2009.

2/ Institut des sciences et des techniques de l’équipement et de l’environnement pour le développement.

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Le pourtour du bassin méditerranéen est caractérisé par la périurbanisation au Nord, l’urbanisation galopante des pays du Sud et de l’Est (PSEM) et un processus généralisé de littoralisation.

La rive septentrionale présente une forte extension des surfaces urbanisées, avec des formes d’habitat très consommatrices d’espace induisant des consommations d’énergie préoccupantes. La périurbanisation, la spécialisation fonctionnelle des territoires urbains et la dispersion des activités sont accompagnées d’un découplage entre les zones d’emploi et les bassins d’habitat. Ces tendances résultent d’une explosion des mobilités qui ont pour conséquences la congestion de la circulation, la pollution atmosphérique et, plus largement, des atteintes à l’environnement et à la santé publique.

Sur les rives méridionale et orientale, les évolutions sont aussi marquées par l’étalement des agglomérations,avec un desserrement résidentiel des centres villes vers les périphéries, ceci dans un contexte de croissance démographique encore élevée et toujours alimentée par l’exode rural dont le tarissement des flux est néanmoins amorcé.

Bien que les niveaux de motorisation soient modestes par rapport aux pays européens,ils enregistrent une augmentation significative, avec un potentiel de croissance d’autant plus important que les pouvoirs publics et les opérateurs peinent à améliorer les services de transports collectifs.

Face à ces multiples enjeux environnementaux, le Plan Bleu développe trois axes de réflexion : • les stratégies urbaines et la gouvernance territoriale face aux nouvelles donnes énergétique et climatique ; • la vulnérabilité des villes méditerranéennes et les mécanismes d’adaptation au changement climatique ; • le programme “Mobilité urbaine et développement durable en Méditerranée”.

1/ En 1996, les 21 pays du pourtour du bassin méditerranéen et la Communauté européenne, parties contractantes à la Convention de Barcelone, ont créé la CMDD et, en 2005, ils ont adopté la Stratégie méditerranéenne pour le développement durable (SMDD).

Quelles sont les grandes lignes de ce programme “Mobilité urbaine” ?

La promotion d’un développement urbain durable étant l’un des domaines d’action prioritaires de la SMDD /1, le Plan Bleu a abordé la question de la mobilité urbaine à travers les articulations entre deux composantes essentielles : d’une part l’urbanisme, l’aménagement des villes et la planification territoriale, et d’autre part l’organisation et la politique des transports.

En effet, le type de croissance spatiale que connaîtront les villes – poursuite de l’étalement versus densification et/ou déprise urbaine – déterminera leurs consommations d’énergie et leurs émissions de GES. Ces émissions n’auront pas la même ampleur selon que les agglomérations convergent vers le modèle de ville étalée, aux longues distances favorisant l’usage de l’automobile, ou vers celui d’une métropolisation réticulaire structurée par une offre de transport collectif efficace.

D.R.

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Le Caire.

Soutenu par l’Agence française de développement (AFD), la Banque mondiale et le groupe Veolia, le programme “Mobilité urbaine” (2007-2009) a consisté à conduire des études de cas dans six agglomérations des rives sud et est de la Contact : Méditerranée : Alep, Plan Bleu Alger, Istanbul, Le Caire, 15, rue Ludwig-Van-Beethoven Tanger et Tunis. L’objectif 06560 Valbonne France était de mettre en exerwww.planbleu.org gue les impacts environjletellier@planbleu.org ; nementaux de l’étaleshoupin@planbleu.org ment urbain conjugué à l’augmentation des déplacements motorisés sur des distances de plus en plus grandes. Les regards croisés sur la morphologie des villes et sur les transports urbains avaient vocation à sensibiliser les gestionnaires de territoires sur les enjeux de l’interface “usage des sols/planification des transports” au regard des atteintes à l’environnement urbain.

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Comment allez-vous valoriser ces études ?

Dans l’objectif de valoriser et de capitaliser les résultats, des ateliers de restitution ont été menés dans les agglomérations étudiées, avec les acteurs locaux compétents sur les questions de planification territoriale et des transports. De plus, le Plan Bleu a organisé un séminaire technique régional d’échanges d’expériences et de mise en débat des six études de cas, à Sophia Antipolis les 23 et 24 novembre 2009. Enfin, la synthèse régionale du programme“Mobilité urbaine”fera l’objet d’une publication en 2010. Propos reccueillis par A. L.

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