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HISTOIRE DU
PATRIMOINE INDUSTRIEL À SAINT-GILLES
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Illustration de couverture: La Linière, située près de la Porte de Hal 2
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UN RICHE PASSÉ RECOMPOSÉ La révolution industrielle de la deuxième partie du XIXe siècle transforme fondamentalement Saint-Gilles. Rurale et composée de 5.000 habitants en 1850, la commune est urbanisée en 1900 avec 50.000 habitants dont près de 10.000 ouvriers. Autour de la gare du Midi, inaugurée en 1869, se multiplient les brasseries, les imprimeries, les fonderies et les ateliers de confection ou de maroquinerie. La mixité des fonctions, si caractéristique de Saint-Gilles, marque aussi le sud de la commune où des industries et de nombreux artisans viennent s’installer près de l’Hôtel de Ville dans un quartier résidentiel. Aujourd’hui, nombre d’immeubles industriels sont transformés en logements, publics et privés, et en infrastructures, particulièrement culturelles. Les Journées du patrimoine nous donnent l’occasion de revisiter ce riche passé et d’en distinguer encore ses traces en déambulant dans la commune. Charles PICQUÉ, Bourgmestre
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Ancienne carrière de sable à Saint-Gilles, peinture de Léopold Speekaert 4
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L’OR BLEU Saint-Gilles n’aurait sans doute jamais vu le jour au Moyen Âge, si l’eau n’avait pas aussi bien irrigué la contrée, alors appelée “Obbrussel”, le Haut Bruxelles. Avec la Senne en particulier, le village devient la principale source d’approvisionnement en eau de la ville de Bruxelles. Rivières et ruisseaux favorisent très tôt de multiples
activités comme l’agriculture, la pêche et l’élevage qui encouragent le peuplement de la commune. Par ailleurs, le sol, argileux à l’ouest de la plaine et sablonneux à l’est, permet le développement de sablonnières puis de briqueteries, nécessaires aux constructions, ainsi qu’à la manufacture et à l’artisanat. En outre, la forêt de Soignes, toute proche, est le grenier à bois des Saint-Gillois, leur fournissant un moyen de chauffage et, plus tard, la matière brute pour la fabrication de chaumières et de meubles.
H. Collaert, vue de Saint-Gilles d'après Hans Bol vers 1560 5
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DE L’EAU AU MOULIN La commune comptait 4.138 habitants en 1846 33.127 . . . . . . . . . . . . en 1880 40.289 . . . . . . . . . . en 1890 51.753 . . . . . . . . . . . en 1900 63.140 . . . . . . . . . . . . en 1910 69.716. . . . . . . . . . . . . en 1919
Les moulins à eau et à vent sont fort sollicités pour broyer les céréales, traiter le bois et parfaire armes et outils. Très tôt, la commune est réputée pour ses bières aussi. Les premières brasseries apparaissent au XIe siècle certainement, sinon plus tôt encore. De l’eau qui coule en abondance, des cultures d’orge et de houblon… Tous les ingrédients sont réunis pour faire recette. Enfin, les moutons, qui paissent dans la plaine, ne fournissent pas seu6
lement de la viande mais aussi la laine qui contribuera plus tard au développement d’une industrie drapière. Cette physionomie essentiellement rurale perdure jusqu’à la moitié du XIXe siècle. Puis, c’est la révolution industrielle qui va de pair avec une explosion démographique et une urbanisation spectaculaire. La commune compte près de 5.000 habitants en 1850 et plus de 50.000 en 1900 !
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LES MOTEURS D’UNE RÉVOLUTION Avec la révolution industrielle, le visage d’un Saint-Gilles moderne apparaît, grâce à différents facteurs tant externes qu’internes à la commune : ouverture du canal de Charleroi, développement du bassin industriel de la région bruxelloise suivant l’axe Hal-Vilvorde, multiplication des organismes de crédit, apparition des sociétés anonymes dynamisant la vie des entreprises – en particulier celle de la Société générale en 1822 –, forte im-
migration en provenance de Flandre, où la famine fait des ravages à partir des années 1840, reprise des activités du port d’Anvers, permettant de relancer l’utilisation des voies navigables vers le canal de Willebroek et, partant, vers le port de Bruxelles. Plus directement encore pour Saint-Gilles, le développement du chemin de fer et la construction de la gare du Midi inaugurée en 1869, bouleversent la commune, tout comme la démolition des fortifications de la seconde enceinte et l’aménagement de boulevards, l’actuelle petite ceinture. Saint-Gilles commence à s’intégrer harmonieusement à l’ensemble de l’agglomération.
9.000
En 1896, plus de 9.000 personnes sont employées dans le secteur industriel à Saint-Gilles.
La gare du Midi est inaugurée en 1869 7
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BRIQUES, TUILES ET BOIS Les briqueteries et les tuileries commencent à s’implanter durablement au XVIIIe siècle, la pierre et la brique succédant progressivement au bois dans le secteur de la construction. A la moitié du XIXe, on en compte alors dix-huit, présentes dans tous les quartiers de la cité, celui du Midi bien sûr, celui du Centre, du Sud. Même le quartier Louise n’y échappe pas. Au début du XXe, ce secteur d’activité n’aura pas faibli. Le nombre de briqueteries va dépasser la vingtaine.
500
La Manufacture belge de meubles en joncs employa jusqu’à 500 ouvriers, sans compter le travail de quelque 1.500 détenus.
La manufacture belge de meubles en joncs, rue Coenraets, transformée en 70 logements sociaux
L’industrie du bois fait florès aussi à Saint-Gilles, pour la construction, les ateliers de meubles et pour le chauffage. Avec la révolution industrielle et la mécanisation de l’outil de travail, ce secteur prend encore de l’expansion, et se spécialise aussi dans des articles divers, comme les boutons, les peignes et les pipes. On retient particulièrement l’Usine des Produits du Rotin, également dénommée Manufacture belge de meubles en joncs et bois courbés, qui s’installe en 1870 au 69-71 de la rue Coenraets. Cette maison de la famille Van OyeVan Duerne emploie jusqu’à 500 ouvriers, mais également de nombreux détenus des prisons belges et françaises. Le bâtiment est repris et reconverti en 1912 par le grand magasin “Au bon marché”. Dans les années ’60, une fabrique de jouets s’y installe, avant de céder la place pour quelques années au fabriquant de matériel chirurgical Hospithera. Aujourd’hui, plus de septante appartements ont été construits par le Fonds du logement de la Région de Bruxelles-Capitale. 8
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LES BRASSERIES Côté brasseries et distilleries, plus les siècles passent, plus elles se multiplient. Au tournant du XXe siècle, elles sont une vingtaine. En 1895, ce secteur se fédère en Collectivité des Brasseurs saint-gillois. Après la deuxième guerre mondiale, les brasseries vont progressivement disparaître et les immeubles vont être réaffectés. Ainsi la Brasserie Houwaerts, érigée en 1894 au 19 boulevard Jamar, est démolie en 1969 et remplacée par un parking
de sept niveaux qui, lui-même, est transformé en 2009 en une centaine de lofts. Hors la brassiculture, la distillerie la plus prestigieuse est exploitée par la famille Cusenier, à partir de 1881. Particulièrement impressionnants, les infrastructures industrielles et les bureaux de l’entreprise s’installent dès le début au 41 de la rue de Russie. Spécialisée dans les vins et spiritueux, la bien nommée Grande Distillerie Belge, fondée par le Parisien Eugène Cusenier, quitte la commune en 1979 en raison de l’importance des chantiers de la prolongation du métro sous-terrain. Les bâtiments sont réaffectés en 1994 pour devenir le Centre Sportif de Saint-Gilles.
La Brasserie Houwaerts est transformée en appartements boulevard Jamar.
La brasserie-malterie Van Poucke-Joly rue de Parme 9
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LE TISSU… INDUSTRIEL La Linière ou Société pour la Filature des Lins sera l’une des plus importantes entreprises saint-gilloises, dès son installation près de la Porte de Hal, en 1837. Elle emploie jusqu’à 1.200 ouvriers, dont 80% d’ouvrières. Les conditions de travail et de sécurité surtout aboutissent à un long conflit social où la voix de femmes, mères de famille, sera déterminante. En 1872, l’usine ne se remet pas d’une seconde catastrophe particulièrement meurtrière – dix décès et de nombreux blessés suite à l’explosion de chaudières -, survenue deux ans après la première qui avait déjà provoqué la mort de huit travailleurs.
Dans un esprit beaucoup plus familial et de moindre envergure, la Maison Hoguet établit ses ateliers de confection aux numéros 24 à 28 de la rue de Rome, en 1929. L’immeuble Art Déco abrite aussi les bureaux administratifs et l’appartement privé du directeur, tandis que les magasins sont situés chaussée de Waterloo. En 1970, la famille Hoguet lègue à la commune ce superbe édifice, à condition d’y abriter des activités culturelles. La bibliothèque communale s’y installe, ainsi que la Maison du Livre. Dès la fin du XIXe siècle, Saint-Gilles connaît une importante immigration juive. Elle vient, pour l’essentiel, renforcer les petites entreprises industrielles ou l’artisanat, principalement dans le secteur de la confection et dans celui des cuirs et des peaux. Signalons la boutonnerie Vandermeiren, avenue de la Porte de Hal à partir de 1858 ou l’entreprise Cohen, une usine de chapeaux et d’articles de mode, fondée en 1887 et dont le siège était au 62 de la chaussée de Forest. Elle est transformée en logements, bureaux et galerie d’art en 2009.
1.200
La Linière ou Société pour la Filature des Lins emploiera jusqu’à 1.200 ouvriers, dont 80% d’ouvrières.
La Maison Hoguet, 24 rue de Rome
La Linière était située près de la Porte de Hal
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DES PRODUITS CHIMIQUES AU CŒUR DE LA COMMUNE En 1835, l’arrivée de la fabrique chimique des frères Van Der Elst, à hauteur du carrefour actuel formé par la rue Saint-Bernard et la chaussée de Waterloo, va empester le quartier pour de nombreuses années. L’opposition farouche du conseil communal n’y change rien. Pis, la députation permanente autorise encore l’extension de l’usine pour la fabrication d’acide sulfurique en 1847, de sulfate de fer en 1859 et d’acide nitrique, de sel d’étain et autre ammoniaque, en 1865.
Le roi Léopold II reste sourd aux pétitions, malgré d’importantes pollutions à répétition qui empoisonnent plusieurs points d’eau et les cultures. Conséquence : la démission de l’ensemble du collège échevinal, en signe de protestation. Finalement, les frères Van Der Elst plient bagages en 1874, lors de l’aménagement du quartier Sud. L’urbanisation de ce quartier fut longtemps retardée en raison de ces activités chimiques. La fabrique chimique des frères Van Der Elst au carrefour de la chaussée de Waterloo et de la rue Saint-Bernard
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D’ART, D’ARGENT, DE BRONZE Deux fonderies contribuent grandement à l’essor économique, culturel et artistique de Saint-Gilles. La Fonderie Jacques Petermann, qui deviendra plus tard la Société nationale des bronzes, s’établit en 1870 au 55 de la rue de Constantinople (actuellement rue Emile Féron). L’entreprise réalise notamment le deuxième exemplaire des “Bourgeois de Calais” d’Auguste Rodin. A un jet de pierre de là, une autre célèbre compagnie des bronzes, la Maison Henri Luppens, prend ses ateliers au n°15 de la rue de Danemark, en 1885. Luppens réalise
des œuvres monumentales pour le Jardin Botanique mais surtout « La folle chanson » du sculpteur Jef Lambeaux. En 2010, ce lieu, qui avait été investi par les entrepôts Rodelle, est transformé par la commune en espace d’accueil pour les enfants et en logements. On retient aussi la “Fabrique de Lames et Lisses Métalliques pour métiers à tisser Franz De Wolf”, apparue au XIXe siècle et établie au 2 à 5 de l’avenue de la Porte de Hal. Cette entreprise dispose d’un atelier de construction, d’une scierie mécanique et fabrique, dès le début du XXe, des moteurs à essence et des pièces détachées. De ce passé, subsiste aujourd’hui un prestigieux immeuble de style Beaux-Arts.
Fonderies et forges de Saint-gilles 12
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D’ESSENCE ET DE BIELLES La Maison D’Ieteren qui, en 1857, débute ses activités à Bruxelles-Ville, rue du Marais, s’étend sur Saint-Gilles en 1873, pendant près de 40 ans, pour y fabriquer ses carrosseries. En 1906, elle ferme cette succursale pour rejoindre son principal siège actuel, rue du Mail. En 1876, la Carrosserie “de luxe et de commerce” Joseph Mettewie prend ses quartiers rue de France. Elle s’adapte à la modernité du moteur à essence jusqu’au XXe siècle, tout comme le constructeur industriel Michel & Fils dans la même rue. Quatre ans après la naissance de la marque Chrysler aux Etats-Unis, son premier concessionnaire à Bruxelles ouvre un vaste garage, en 1928, au 7-11 de la rue de Neufchâtel. Aujourd’hui, cet immeuble a conservé sa belle façade de verre et de béton, et abrite depuis 2008 une vingtaine de logements.
voir des machines à vapeur sans condensation. Ce type particulier de distribution est breveté en 1848 et, dès 1870, il est de loin le mécanisme le plus largement utilisé au niveau mondial et pas seulement pour les locomotives. A partir de 1861, les ateliers Walschaerts du 62 de la place de Constantinople (aujourd’hui place de Héros) fabriquent des machines motrices et mécaniques révolutionnaires auxquelles ont recours nombre d’entreprises, comme l’usine d’électricité de la commune, dès son inauguration, en 1901. Les bâtiments de l’entreprise Walschaerts, conçus par l’architecte Van Der Riet, disparaissent au XXe siècle. Une rue de la commune porte le nom du célèbre ingénieur.
L’ancien garage Chrysler, rue de Neufchâtel
En 1935, au 14-16 rue Moris, Paul Cousin lance sa concession de véhicules de grandes marques américaines. Il s’étend progressivement jusqu’au n°30 de la même rue. Les bâtiments formeront un ensemble commercial fusionné avec un immeuble de style moderniste du 233-241 de la chaussée de Charleroi, édifié en 1872 et agrandi au cours des décennies suivantes, pour abriter aujourd’hui le Brico. Mais avant l’invention du moteur à essence, l’outil industriel était le plus souvent alimenté par des turbines à vapeur. Le Saint-Gillois Égide Walschaerts (1820-1901), un ingénieur des chemins de fer, est le premier à conce13
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DE SACRÉS CARACTÈRES
L’ancienne imprimerie Goffin, devenue la Maison des Cultures, rue de Belgrade
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Dès le XIXe siècle, Saint-Gilles fourmille d’entreprises d’imprimeries, spécialement dans le quartier du Midi. Pensons à la firme Salomon & Uytterelst du 77 rue de Belgrade, au lithographe De Grève du 131, avenue Fonsny mais aussi et surtout à l’imprimeur Goffin du 118-120 de la rue de Belgrade. Ce vaste bâtiment industriel, conçu en 1895, abrite aujourd’hui la Maison des Cultures. Une imprimerie du 50 rue de Hollande abrite La Libre Belgique clandestine, entre mars 1943 et février 1944. Comme le rappelle une plaque commémorative sur la façade de la maison, 525.000 exemplaires de l’édition clandestine sont imprimés par Julien Seres et José Van Houtte, tous deux arrêtés par les Allemands et morts en camp de concentration.
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LA MONNAIE FRAPPÉE DANS UN HÔTEL La construction de l’édifice industriel consacré à la fabrication de la monnaie, inauguré en 1880, est décidée en 1871 par le Parlement, déplaçant ainsi le siège de la Monnaie nationale implanté place de la Monnaie dans le centre-ville. Ce vaste complexe de style néo-Louis XIII, bâti sur les plans de l’architecte Armand Roussel, occupe une surface de près de 5.000 m², circonscrite par les rues de l'Hôtel des Monnaies, de Moscou, de la Victoire et Jourdan. Pendant une cinquantaine d’années, il bénéficie d’une renommée mondiale. En effet, plusieurs pays d’Afrique et du Moyen Orient y font fabriquer leurs monnaies. Il est composé d’ateliers de fon-
derie, de fours à coke, de presses et de frappes. Dès 1880, la présence de l'Hôtel des Monnaies attire de nombreux propriétaires aisés qui font construire, face à celui-ci, de belles maisons éclectiques d'inspiration néoRenaissance flamande. Délaissé puis temporairement occupé par une école, l'Hôtel des Monnaies est finalement désaffecté, puis racheté par la commune de SaintGilles, qui décide de sa démolition en 1979. Seul subsiste aujourd’hui, rue de l'Hôtel des Monnaies, à l'extrémité sud du parc qui fut aménagé dans l'îlot, un petit édifice d'un niveau qui abritait la poste. Il accueille aujourd’hui des services communaux.
5.000
Ce vaste complexe de style néo-Louis XIII occupait une surface de près de 5.000 m² 15
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DES ENTREPRISES AU SEIN DES QUARTIERS La mixité des fonctions, bien établie aux abords de la gare du Midi, est également présente au sud de la commune, près de l’Hôtel de Ville, où des industries vien-
Les laboratoires Sanders rue Wafelaerts 16
nent s’installer dans un quartier résidentiel. Aux alentours de la rue de la Glacière s’établissent de nombreux petits ateliers et fabriques, menuiserie, chocolaterie ou papeterie. Les fameuses Glacières de Saint-Gilles sont édifiées en 1874. En hiver, on y entrepose de la glace provenant des étangs d’Ixelles ou de Boitsfort, mais également de Norvège, que l’on remonte l’été dans de grands paniers en osier au moyen de treuils à vapeur. À partir de 1881, la fabrication artificielle de la glace est assurée par un système de compression. À cette époque est créé un bassin de natation appelé Bain de SaintGilles puis, en 1924, Bains Van Schelle. L’eau du bassin provient des condenseurs des machines à vapeur de la glacière. En hiver, une piste de patinage est aménagée. Dans les années 1980, l’usage généralisé des frigos domestiques met fin à l’entreprise, qui ferme ses portes en 1993. Le lieu est aujourd’hui dévolu à diverses activités culturelles. À deux pas, rue Henri Wafelaerts, des laboratoires pharmaceutiques prennent place dans un bâtiment industriel classique et colossal, qui s’intègre judicieusement dans la rue résidentielle. Il est aujourd’hui occupé par la faculté d’Architecture, d’Ingénierie architecturale et d’Urbanisme de l’UCL.
Les Glacières de Saint-Gilles, rue de la Glacière
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Les Glacières de Saint-Gilles, rue de la Glacière 17
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FABRIQUES D’ACCORDS MAJEURS Les facteurs de pianos se sont taillé une belle réputation à Saint-Gilles. La firme Gunther notamment, dont l’usine, installée en 1866 au 35 rue du Fort, fut le plus grand fabricant en Belgique et sa renommée dépassa nos frontières. Le centre culturel Pianofabriek y fait aujourd’hui entendre sa musique et pas seulement sur la façade.
LES ATELIERS DU TRAM Entre la rue de Mérode, l'avenue du Roi et la rue de Belgrade, les Ateliers du Tram sont bâtis en 1900 pour la Société des Tramways Bruxellois. Ils sont conçus pour abriter 400 voitures et 250 chevaux utilisés à l’époque pour tirer les tramways. Toujours en activité, les ateliers ne servent pas seulement d’entrepôt mais assurent aussi l’entretien et les réparations des rames et du réseau. Les ateliers du tram, avenue du Roi et rue de Belgrade
250
Les ateliers du tram ont été conçus pour abriter 400 voitures et 250 chevaux
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Une fabrique de pianos devenue le centre culturel Pianofabriek, rue du Fort
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GAZ ET ÉLECTRICITÉ À TOUS LES ÉTAGES Les régies de gaz et d’électricité de Saint-Gilles s’inscrivent dans la tradition de progrès social prôné par les autorités publiques au tournant du XXe siècle. L’usine d’électricité est inaugurée en 1901, au no 32 de l’actuelle rue Fernand Bernier. À partir de 1904, la marche de l’usine et le service sont exclusivement assurés par les autorités communales, qui fixent des prix très avantageux par rapport aux autres communes du pays. A partir de 1901, la commune dispose de sa propre régie de distribution de gaz. Le prix de cette source d’énergie est lui aussi très concurrentiel.
Le complexe de la rue Bernier est transformé à plusieurs reprises au cours du XXe siècle, notamment en 1959 pour construire une vaste annexe en intérieur d'îlot ainsi qu'une maison d'habitation au n° 44 de la rue de Bosnie. Il abrite actuellement les bureaux du Centre Public d'Action Sociale et le charroi communal.
L’usine d’électricité, rue Fernand Bernier
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DES USINES… AUX ATELIERS D’AUJOURD’HUI Aujourd’hui, quelques traces architecturales gardent la mémoire du riche passé industriel de Saint-Gilles. Pas que. De nombreux ateliers s’inscrivent dans la tradition artisanale et industrielle, et dans des domaines de prédilection pour la commune comme le bois, le fer, le textile, la restauration de peinture ou encore la fabrication d’instruments de musique. Certes, nous ne sommes plus au temps de la fabrique de pianos Gunther (voir p. 18), mais pas moins de cinq artisans rénovent ou fabriquent des instruments de musique sur Saint-Gilles.
Le luthier Tanguy Fraval poursuit, rue de la Croix de Pierre, une tradition de fabricant d’instruments de musique jadis bien installée à Saint-Gilles.
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C’EST COMMENT QU’ON FREINE ? Louise Windelinckx est par excellence l’héritière du passé industriel. Son grand-père fonde en 1920 les établissements Windelinckx, spécialisés dans la fabrication de cylindres et de pistons de freins hydrauliques pour les automobiles. D’abord installés à Molenbeek, ils déménagent, pour s’agrandir, à Leeuw-Saint-Pierre. Louise est née dans les freins. Elle travaille dans l’usine de son grand-père, qu’elle quitte en 1967 pour s’installer au 74 rue de l’Hôtel des monnaies. Elle répare les freins, les remet en état dans son atelier baptisé “Remetafrein”, caverne où la froideur du métal s’allie à la douceur de l’huile de frein pour permettre à des autos, souvent des ancêtres, de s’élancer à nouveau sur les routes en pouvant s’y arrêter. Elle est un peu plus âgée que le numéro de son habitation et, portée par son dynamisme, elle ne compte pas freiner la poursuite de son atelier.
Louise Windelinckx, dans son atelier, rue de l’Hôtel des Monnaies 21
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PETITE BIBLIOGRAPHIE Syndicat d’initiative de Saint-Gilles, Vie économique à Saint-Gilles… Des origines à demain, Bruxelles, 1992. Bernier, Fernand, Monographie de Saint-Gilles-lez-Bruxelles, Weissenbruch, Bruxelles, 1904. Vandewattyne, Claude, Saint-Gilles, Bruxelles Ville d’Art et d’Histoire n°21, Ministère de la Région de Bruxelles-Capitale, 1997, p. 12-14. Direction des Monuments et Sites du Ministère de la Région de Bruxelles-Capitale, Inventaire du patrimoine architectural de Saint-Gilles, ww.irismonument.be. Les Cahiers de la Fonderie, Bruxelles industrielle hier, n°41, décembre 2009 et Made in Brussels, n°49, décembre 2013.
Coordination : Pierre Dejemeppe Rédaction : Jean-Pierre De Staercke et Pierre Dejemeppe Graphisme : Teepee/ Thierry De Prince Production : Commune de Saint-Gilles Editeur responsable : Charles Picqué, 39 place Van Meenen, 1060 St-Gilles MERCI À l’APEB, au Cercle d’Histoire de Saint-Gilles (CHSG), à la photothèque de la Fonderie, à Montois Partners Architects et à Roberta Saviane pour leur collaboration.
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Les Glacières de Saint-Gilles : patinoire l’hiver… piscine l’été.
Brochure éditée par la commune de Saint-Gilles dans le cadre des Journées du patrimoine des 19 et 20 septembre 2015 consacrées aux usines, ateliers et bureaux.