Portraits de Territoires - Revue annuelle n°6 - 2019-2020

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Revue Annuelle # 6 | 2019-2020 www.portraitsdeterritoires.com www.portraitsdeterritoires.com | portraitsdeterritoires@gmail.com portraitsdeterritoires@gmail.com



Revue Annuelle #6

Portraits de Territoires Publiée par l’Association Portraits de Territoires Directrice de la publication Eloïse Pimbert Direction artistique Laurane Péan & Marine Vignot Rédacteurs Benoit Masson, Olivier Masson, Quentin Madec, Jean-Philippe Madec, David Desrousseaux, Arnaud Picavet, Eloïse Pimbert Adhérents de l’association David Desrousseaux, Alain François, Benjamin Helle, Zoé Laebens, Florian Legrand, Benoit Masson, Olivier Masson, Barbara Madec, Jean-Philippe Madec, Quentin Madec, Laurane Péan, Arnaud Picavet, Eloïse Pimbert, Léo Thumerel, Marine Vignot Impression Imprimerie Jean-Bernard, Tourcoing, France Tirage 50 exemplaires En couverture Musée de la Dentelle, Caudry, © Eloïse Pimbert / Portraits de Territoires

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# Edito

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EDITO

Nous publions cette sixième édition de la revue associative en ces temps confinés et nous espérons de tout cœur que chacun d’entre vous se porte bien. Pour vous permettre de vous évader, nous vous proposons une découverte photographique entre villes & jardins. Ainsi, les Portraitistes ont arpenté villes, quartiers, parcs et jardins et continuent de se former en offrant des visions étonnantes du monde qui les entoure. L’œuvre photographique fige alors l’objet pour l’éternité, toutefois, elle n’offre pas une vision unique de cette réalité, elle est le reflet de la vision de son auteur. Les photographes observent et cherchent le détail qui crée le sens. Il n’existe donc pas de vérité unique, la photographie ouvre ainsi une infinité de choix, de possibilités et de regards. Au fil des pages, nous vous dévoilerons la suite de notre projet sur les industries textiles, entre peignage, tissage, broderies et dentelles, nous vous emmènerons sur les traces de ces lieux emblématiques de notre territoire. Ici, la photographie viendra enrichir le souvenir pour le sublimer et sera mémoire de ces moments précieux.

Eloïse Pimbert

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# Sommaire

MusĂŠe de la Dentelle, Caudry, Janvier 2020

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05 Édito 08 Arrêt sur image 10

Exposition Les fenêtres qui parlent - Lambersart

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Grand format - Usines textiles # 2 La Filature de la Tossée - Tourcoing

# 3 La route textile - Cambrésis

45 Portraits de Ville # Relais Nature du Parc de la Deûle - Houplin Ancoisne

# Le Louvre-Lens : un musée parc - Lens # Centre ville de Lens

61 Formation photo La Macrophotographie

65 Contact

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# Arrêt sur images

PARTAGEONS !

Visite du musée de l’association des anciens salariés du peignage de la Tossée en janvier 2019 à Roubaix. Nous remercions tout particulièrement Bouzid Belgacem et Maurice Vidrequin pour ce moment d’échange et de partage. 8


Sortie de l’association en janvier dans le Cambrésis pour la visite de musées dont la Maison de la Broderie de Villers-Outréaux : Démonstration de l’utilisation d’un pantographe sur métier Jacquard Portraits de Territoires #5

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# Exposition

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Les fenêtres qui parlent Editions 2019 (18ème édition) et 2020 (19ème édition)

La fenêtre est la limite physique entre le public et le privé, entre le dedans et le dehors. Elle apporte la lumière naturelle au logement. Elle laisse passer le regard, dans un sens comme dans l’autre. C’est l’espace privilégié du dialogue entre l’intérieur et l’extérieur, entre le passant et l’habitant. L’évènement annuel des “Fenêtres qui parlent” donne la possibilité à des artistes d’exposer leurs oeuvres chez les habitants d’une rue, d’un quartier ou d’une ville. Ainsi, les peintures, collages, ou photographies sont accrochés aux fenêtres afin de se confronter à l’oeil des passants durant un mois. Les rues se transforment alors en véritable lieu d’exposition à ciel ouvert permettant de promouvoir l’art en dehors des lieux institutionnels. L’association Portraits de Territoires a participé pour la seconde année consécutive à ce rendez vous culturel de la métropole lilloise. Ainsi, après une rencontre organisée au Lycée Jean Perrin avec les habitants, les membres de l’association sont allés suspendre des photographies sur la thématique de la Deûle aux fenêtres des maisons du quartier du Canon d’Or à Lambersart. Les échanges avec les habitants et leurs conseils bienveillants nous confortent dans notre démarche de photographier le territoire local des Hauts-de-France. Nos photographies interrogent, font réagir et créent des émotions. Elles racontent des histoires et évoquent parfois des souvenirs. Elles mettent en valeur notre patrimoine culturel commun, pour notre plus grande fierté ! Arnaud Picavet

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Usines GRAND

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Textiles FORMAT

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# Grand format

SĂŠquence 2 La filature de La TossĂŠe, Tourcoing _ Olivier Masson


L’association des Anciens du Peignage de la Tossée à Tourcoing nous a accueillis dans son petit musée du textile avant de nous emmener sur site pour réaliser nos prises de vue. En effet, il était essentiel de nous approprier en amont l’histoire, l’environnement, les méthodes, les outils et les conditions de travail des peigneurs qui ont longtemps fait la fortune des industriels (ici la famille Dewavrin) et de la ville.

Si les anciens témoignent des conditions de travail difficiles (50° dans les espaces de lavage, usage de détergent, poussières), ils soulignent aussi la grande solidarité qui les unissait. Elle perdure aujourd’hui à travers leur association qui gère toujours la mutuelle de santé des anciens employés.

L’association poursuit aussi un autre but : témoigner de l’histoire du lieu et des gens et Le peignage était en tête de la filière textile, faire vivre les savoir-faire. Elle cherche à créer réceptionnant la laine brute de 20.000 une Cité des Gens du Textile, lieu de mémoire moutons journellement, faisant travailler vivante intégrant une petite unité de production jusqu’à 1200 personnes. Souvent des familles textile qui s’inscrive dans l’économie sociale entières étaient employées à la Tossée et solidaire. Cette unité pourrait trouver une où se côtoyaient 17 nationalités. Mais la synergie avec par exemple les écoles de mode mondialisation a eu raison du savoir-faire locales. local et après avoir revendu le peignage à des américains vers 1985, l’usine a été fermée en Après cette visite instructive, place au terrain-: 2004, laissant sur le carreau les 180 derniers l’usine, où plutôt ce qu’il en reste, se situe dans le futur écoquartier de l’Union, en pleine employés. reconquête après des années en friches. Peu Différentes opérations successives à peu les bâtiments sont grignotés par les permettaient de transformer la laine brute reconstructions et réhabilitations et il reste en un produit prêt à être exploité dans les finalement peu à voir-: il était temps que filatures-: triage, plusieurs lavages (qui nous prolongions un peu la vie de ces anciens permettent notamment de séparer le suint du monstres industriels en couchant quelques poil), séchage, cardage, peignage, emballage. images sur le papier.

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Séquence 3 La route textile Cambrésis _ Eloïse Pimbert & Benoit Masson

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De bon matin, par une froide et belle journée d’hiver, nous avions rendez-vous avec l’équipe de l’office de tourisme de Cambrai, nous apprêtant alors à parcourir “La Route Textile”. Rien qu’à l’évocation de ce nom, nous imaginions une épopée fantastique, pleine de découvertes et de surprises. Et nous n’allions pas être déçus, car c’est un véritable voyage dans le temps que nous avons vécu. Comme peut-être la plupart d’entre vous, dans notre esprit, et tout comme l’industrie minière, le textile est intimement lié à notre région : il a contribué à modeler nos villes, a construit notre culture, notre peuple, “les gens du Nord”. Cependant, nous ne savions que peu de choses sur cette industrie dont nous n’avons jamais connu l’âge d’or. Avesnes-les-Aubert et la maison du mulquinier Nous voilà donc partis sur les traces de notre histoire commune, dans le Cambrésis. Notre premier arrêt se fait à la maison du Mulquinier. Blottie au cœur d’Avesnes-lesAubert, cette maison de tisseur datant de la fin du XIXème siècle se découvre au détour d’une rue. Le mulquinier était un paysan qui travaillait la terre, et qui, entre le XVIème et le XIXème siècle, durant l’hiver, tissait le lin dans l’humidité de sa cave, grâce à un métier en bois, actionné à l’aide de pédales et de cordes faisant passer une navette d’un côté et de l’autre du métier. L’entrecroisement des fils de chaîne (fils verticaux) et des fils de trame (fils horizontaux) formant ainsi le tissu. Le nom de “mulquinier” est issu de “molquin”, qui signifie toile en flamand (également appelée baptiste dans la région). Le mulquinier fabriquait de petites étoffes telles que des mouchoirs ou des torchons. Auparavant, ce sont les moines qui ont appris aux paysans à tisser le lin afin de diversifier leurs activités l’hiver. Sur la partie inférieure de la façade de l’habitation du mulquinier, on découvre une ouverture caractéristique des maisons du

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Cambrésis : la blocure. Le rez-de-chaussée est légèrement surélevé et les blocures permettaient d’apporter la lumière nécessaire dans la cave pour permettre le travail du tissage. Trois volets permettaient de régler la luminosité de la pièce, afin qu’aucune lumière directe ne parviennent jusqu’au métier, maintenant ainsi une humidité ambiante et nécessaire afin d’éviter que le fil ne se casse-: un fil de lin étant plus fin qu’un cheveu : 250 000 mètres de fils ne pèsent que 500 grammes… (à noter par la suite, que les toits de shed des industries textiles disposaient le côté vitré à l’opposé de la lumière directe du soleil, afin de faciliter le tissage et de ne pas rendre le fil cassant). Le lin était tissé toute la nuit, chacun des membres de la famille se relayant à l’ouvrage, même les enfants. Une journée complète de tissage permettait de produire environ 80 cm de tissu de bonne qualité ou environ 1 m de torchon.

graines de lin sont semées courant du mois de mars les premières fleurs apparaissent vers mai-juin, pour une récolte manuelle à la fin de l’été. La teinture du lin est réalisée dans l’Oise : le lin est immergé, puis l’on sépare les tiges pour filer les brins, c’est le teillage. Le filage était ensuite réalisé dans le Cambrésis et le Saint-Quentinois. Par la suite, les négociants regroupaient ensemble les fils de même qualité pour réaliser la toile. Le travail du négociant en fil est gage de qualité. Malheureusement ce savoir-faire artisanal va peu à peu se perdre avec l’ère industrielle de la fin du XIXème siècle, dépeuplant alors les campagnes. De nos jours les blocures de ces maisons typiques liées à la mulquinerie ont été murées et pourvues d’un soupirail.

Historiquement, le travail du lin débute au milieu du XVIème siècle, sous l’impulsion de Louis XIV pour la fabrication de petites toilettes (vêtements, chemises de corps et accessoires en lin). Malgré des conditions de travail difficiles, les mulquiniers produisaient des ouvrages de qualité et possédaient un réel savoir-faire. Cette production artisanale, au début très locale, va vite être reconnue et connaitre une grande renommée, le lin devient rapidement un textile de luxe. Le lin est une céréale reconnaissable à ses petites fleurs bleues caractéristiques. La plante poussait principalement en Normandie et dans les Flandres. La région pratiquait l’import-export de matière première, puis sous-traitait pour filer et tisser. Le linier importait depuis les Pays Baltes (lin de gros pour le chanvre) afin d’obtenir des plantes de meilleures qualité. Les graines étaient ensuite triées afin d’obtenir un lin d’une grande finesse. Le travail était effectué à la main et pieds nus afin de ne pas abîmer les graines. Les

Métier à tisser du Musée de la dentelle à Caudry

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Villers-Outréaux et la maison de la broderie Nous voilà repartis et notre prochain arrêt se fait à Villers-Outréaux. Niché dans la campagne au Sud du Caudrésis, le petit bourg de Villers-Outréaux est connu comme étant la capitale de la broderie mécanique. C’est à la fin du XIXème siècle que se développe la broderie dite mécanique. La broderie est un art qui consiste à ajouter à la surface du tissu, un aplat ou un relief, qu’il s’agisse de motifs, de dentelles ou même de sequins. Ainsi, la broderie vient en complément du tissage que nous avons vu précédemment à la maison du Mulquinier, le fil brodé venant alors sublimer le support en tissu. Vers 1828, l’Alsacien Joseph Heilman met en place un premier système de mécanisation de la broderie avec un métier en bois comprenant 20 aiguilles disposées face à un tissu tendu verticalement sur un cadre mobile à deux niveaux. Le principe du métier à broder, c’est une aiguille comportant une double pointe symétrique avec un chas central qui reproduit le travail manuel de la brodeuse, en faisant passer le fil de chaque côté d’un tissu tendu dans un va et vient continu pour créer un motif. Le premier métier à bras n’a été introduit qu’en 1878 à Villers-Outréaux, on passe ainsi d’une confection artisanale à une fabrication industrielle. Le métier à bras permet de reproduire avec perfection la délicatesse du

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mouvement à la main qui était effectué par les brodeuses. Le salarié retrace à la main le motif à broder grâce à un pantographe et active le métier à l’aide de pédales (système pied-main). En effet, sur le métier, la position des aiguilles est fixe, c’est le cadre de tissu qui se déplace simultanément lorsque le brodeur reproduit point par point le motif agrandi à l’échelle de son dessin grâce au pantographe. Il fallait alors au moins trois personnes pour actionner la machine (au pantographe, au chariot et un navetteur pour changer les navettes qui contiennent la bobine de fil dit canette). On réalisait 10 à 15 points par minute. La broderie devait par la suite être vérifiée et raccommodée par des brodeuses pour corriger les imperfections et autres casses de fil. Les métiers à broder se sont rapidement développés dans le Cambrésis, et VillersOutréaux comptait une multitude de petites entreprises unisalariées reconnues à travers le monde et travaillant notamment pour l’industrie de luxe. Beaucoup de brodeurs étaient d’anciens tisseurs reconvertis dans la broderie suite au développement du tissage mécanique. Vers 1910 apparaissent les premiers métiers à broder à fil continu avec l’apparition du métier Jacquard, qui est un système de codage avec cartons perforés. Le principe du métier reste identique avec les deux étages et le tissu tendu sur cadre mobile, la modernisation naît de l’utilisation des cartes perforées

Jacquard permettant de reproduire le dessin mécaniquement et automatiquement avec les pleins et les vides (le trou donnant l’indication sur le motif du dessin). Un seul ouvrier peut alors commander le déplacement du cadre qui brode automatiquement. Le rendement est alors de 100 à 120 points minute. Aujourd’hui, la numérisation a encore accru la vitesse d’exécution, atteignant plus de 400 points à la minute. Parallèlement, se développe également la technique du macramé, également appelée broderie chimique. Le motif est brodé avec une certaine épaisseur sur un support en tissu. Une fois le motif exécuté, le tissu brodé est plongé dans un bain qui va alors se désagréger sous l’effet de la chaleur et par réaction chimique, ne laissant apparaître que le motif brodé sans son support de fond. C’est principalement dans le Nord et dans l’Aisne qu’étaient confectionnées les broderies françaises, avec près de la moitié de la production française réalisée à VillersOutréaux. En 1914 on dénombrait environ 400 métiers, après la Seconde Guerre Mondiale il n’en restait plus que 150, la plupart ayant été détruits par les allemands. A l’origine, la maison de la broderie de Villers-Outréaux concentrait tous les travaux administratifs des brodeurs, mais les brodeurs travaillant indépendamment, la maison de la broderie est devenue un musée.

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Caudry et le musée de la dentelle

John Leavers. En France, c’est sur Calais que la dentelle se développe, avant d’arriver sur Nous achevons notre épopée au cœur de la Caudry. La ville abandonne alors le tissage ville de Caudry, à la découverte du musée de du lin pour la dentelle, et c’est un véritable la dentelle. De manière assez symbolique, le essor démographique. Caudry connaît ainsi un musée a été aménagé dans une ancienne usine développement exceptionnel lié à l’industrie textile datant de 1898 : les ateliers Carpentier. tullière et dentellière : à l’arrière de leur maison, des particuliers ouvrent de petits Historiquement, le travail de la dentelle était ateliers qui se transforment rapidement en réalisé comme simple occupation quotidienne usines. Les ateliers et industries dentellières par des jeunes filles et femmes. Sur se développent de manière anarchique, Valenciennes la dentelle est réalisée à la main remodelant densément la ville. La qualité à l’aide de fuseaux (entrecroisement des fils du travail des denteliers est reconnu et ils sur fuseau) par les dentellières. Pour réaliser œuvrent rapidement pour tous les grands leur ouvrage, les dentellières devaient acheter de la haute Couture et du prêt-à-porter de elles-mêmes tout le matériel nécessaire : le Luxe. Les métiers permettent de reproduire support en canevas, environ 400 fuseaux, le parfaitement la qualité d’une dentelle réalisée fil et 15 000 épingles. Cela représentait un manuellement au fuseau par les dentellières. investissement coûteux. De plus, la création La dentelle vient orner d’un motif en fil de coton d’une dentelle est un travail très minutieux. un fond de tulle en nylon. En vieillissant, les femmes développaient des troubles de la vue et une malformation de la Au milieu du XIXème siècle, le système colonne vertébrale à force d’avoir le dos courbé Jacquard des cartons perforés modernise les sur leur ouvrage. A noter que pour blanchir métiers Leavers. A l’inverse de la broderie, la dentelle, elles utilisaient le sel de plomb, pour la confection de la dentelle, c’est le plein procédé qui s’est avéré être hautement toxique. qui apporte l’indication sur le motif du dessin. Le développement de la dentelle s’est fait dans le même temps que la broderie. Au début XIXème siècle, l’industrialisation de la dentelle arrive d’Angleterre avec les premiers métiers à tulle mécaniques perfectionnés par

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Les villes de Calais et Caudry deviennent les principales productrices de dentelle haut de gamme sur métier Leavers. Courant des années 2000, un label Dentelle de Calais-Caudry® est créé, gage de la qualité des dentelles qui sont

confectionnées en reproduisant le procédé de dentelle tissée à la main. Encore aujourd’hui, six entreprises Caudrésiennes utilisent des métiers Leavers datant de 1891. Il faut environ 2 mois pour préparer le métier et il faut entre 6 et 7 années pour devenir un bon dentelier. Malgré un savoir-faire reconnu, une fois de plus, dans le monde entier et l’utilisation de la dentelle de Caudry par les plus grands créateurs de mode, la difficulté du métier de tullier a du mal à trouver un écho dans les jeunes générations. Que ce soit pour le tissage, la broderie ou la dentellerie, il est impressionnant de voir ces métiers imposants et bruyants, tels des monstres magnifiques, créer des étoffes d’une telle délicatesse et d’une telle finesse. C’est ainsi que s’achève cette route du textile dans le Cambrésis. Elle a été pour nous très enrichissante et nous a permis de faire plus ample connaissance avec cette industrie historique de la région. Il nous tarde maintenant de découvrir de quelle manière et sous quelle forme cette industrie continue de vivre aujourd’hui. Un merci particulier à l’équipe de l’office de tourisme de Cambrai qui a organisé cette journée pour nous.


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Relais Nature du Parc de la Deûle Houplin Ancoisne

Un dimanche après-midi d’automne nous sommes allés flâner dans ce parc de la Deûle appelé la gîte, ce parc périurbain paisible et bien connu des promeneurs, familles, cavaliers et joggeurs. Situé face au jardin Mosaïc et construit sur 120 hectares la gîte est un élément important de la Trame verte régionale. Accueillis par une fine pluie, nous nous sommes tout de même aventurés entre ces larges allées parfois plates d’autres fois vallonnées. Sillonnant entre bois, prairie et plan d’eau. Photographiant un peu au hasard

champignons, plantes et insectes de saison. Notre petite randonnée s’est poursuivie sur ces passerelles donnant le sentiment de marcher sur l’eau. Cette eau du sud de Lille principale ressource de l’agglomération. Les gouttes de pluies devenant de plus en plus épaisses nous sommes allés nous refugier dans la joie à l’abri du relais nature. Cette ancienne blanchisserie qui accueille aujourd’hui des expositions, ateliers familiaux, mini formations avec lesquels petits et grands peuvent venir découvrir la biodiversité de ces lieux. David Desrousseaux

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Le Louvre-Lens : un musée-parc Lens

L’antenne du Louvre à Lens sur l’ancienne fosse n°9 a fait l’objet d’un concours international en 2007 à l’issue duquel l’agence d’architecture japonaise SANAA a été retenue. Le projet aérien, lumineux, transparent et réfléchissant était alors en opposition totale avec l’image de la mine. Il a beaucoup fait parler de lui notamment pour sa non-monumentalité et son parti pris humble vis-à-vis du paysage qui l’entoure. Le site, intègre un parc conçu par l’agence Mosbach Paysagistes. L’ensemble de 20 hectares se veut être une seule unité composée de bâtiments de 6 mètres de haut étendus sur 360 mètres, et de jardins. Les termes de « musée-paysage1» ou encore de « musée-parc2 » sont alors employés pour décrire le lieu. Suivant les intentions architecturales et paysagères, le parc peut être vu comme un espace de transition assurant la liaison en douceur entre l’extérieur et l’intérieur. Cela est vrai à l’échelle du musée et de son environnement composé des anciennes cités minières, mais également à l’échelle de la ville grâce aux nombreux chemins piétons traversant le site. Par un après-midi pluvieux, en avril 2019, nous avons emprunté le chemin en pente douce, à proximité de l’entrée principale, permettant de rejoindre le parvis en promontoire sur le terril plat à 4 mètres au-dessus de la rue Paul Bert. À l’exception du tracé formé par « les cavaliers » (les anciennes voies ferrées qui reliaient les fosses d’extraction au réseau ferré principal) et à l’ancienne entrée de la fosse n°9 suggérée par un petit bosquet au Nord du site, il ne reste plus de traces de l’exploitation du charbon par la compagnie des mines de Lens. Au loin on distingue les 2 terrils jumeaux et la tour d’extraction d’un site qui nous est familier, celui du 11/19 à Loos-enGohelle3.

Car le parc, sans être réellement inscrit dans une dynamique de « Tiers paysage5 », c’est-à-dire d’espaces laissés volontairement en friche et non exploités par l’homme, laisse une place à la végétation spontanée au niveau des espaces boisés où l’on entend les oiseaux. La composition du sol, propre au terril, permet le développement d’une biodiversité qui commençait déjà à apparaître lorsque le site a été laissé en friche à partir de 1960. La forme allongée du terril, dont la longueur correspond à celle du centreville de Lens, constitue un corridor biologique, « jouant un rôle d’abri et de relais pour la faune et la flore locale6 » Bien que le lieu culturel sur son belvédère semble être à distance par rapport au reste du quartier, le parc facilement accessible à tous, doit être le début d’un itinéraire de découverte de Lens et de ses environs. Quentin Madec

5 G. Clément, Manifeste du Tiers Paysage, 2004 6 M Lavandier (Dir.), Le parc du Louvre Lens - Dossier pédagogique, 2019, p.23.

Ayant déjà visité le site à plusieurs occasions, nous sommes cette fois venus photographier l’évolution du paysage et la poésie du site. Car, contrairement aux constructions dont les subtiles inflexions et le bardage en aluminium anodisé déforment et reflètent l’environnement, le paysage n’est jamais figé et se présente différemment à chaque fois. Nous sommes ainsi spectateurs du végétal et de son image modifiée. Comme l’indique Catherine Mosbach dans un article de la revue Stream : « La mixité entre minéral et végétal, inerte et vivant, accueille ce qui n’est pas prévu d’avance, laisse une place à l’aléa, ménage des porosités… C’est une des manières d’initier un potentiel de dialogue ouvert entre architecture et paysage4 » 1 D. Leclerc et E. Caille, « Le Louvre-Lens, un musée-paysage », D’Architectures, n° 215, mars 201 2 Lavandier (Dir.), Le parc du Louvre Lens - Dossier pédagogique, 2019, p.3 3 Voir : « Tour du 11/19 - Loos-en-Gohelle », p.9 de la revue annuelle Portraits de Territoires n°2, 2015 4 C. Mosbach, « Design de la biosphère » - Stream, n°04, novembre 2017 Portraits de Territoires #6

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Lens

Octobre 2019

Que l’on découvre Lens pour la première fois, ou que l’on connaisse déjà bien la sous préfecture du Pas-de-Calais, on ne peut rester indifférent à l’atmosphère et à l’architecture de son centre ville. Détruite à plus de 90% durant la Première Guerre-Mondiale (1914-1918), la ville sera reconstruite dans les années 1920 sous l’infuence du style Art Déco. En commençant notre balade urbaine place Jean Jaurès, nous nous sommes imprégnés des façades à pas de moineaux, des bow-windows, et des vitraux aux motifs géométriques. En se dirigeant vers la gare construite en 1927 par l’architecte Urbain Cassant, édifice inscrit au titre des monuments historiques et au patrimoine mondial de l’Unesco, nous avons découvert une locomotive de béton armé ornée de ferronneries rouges (Edgar Brandt) et de mosaïques cubistes (Auguste Labouret). En se retrouvant à la faculté des sciences Jean Perrin, anciens grands (le bâtiment fait 81 mètres de long et 30 mètres de haut!) bureaux des houillères de Lens, nous avons pris conscience de l’importance du style Art Déco dans cette ville. A travers ce parcours Art Déco, des constructions plus modernes viennent ponctuer la skyline de la ville. Des immeubles en déconstruction annoncent un renouvellement urbain imminent. Des habitants se promènent en faisant du lèche-vitrines. D’autres profitent d’une éclaircie pour prendre un verre en terrasse. Mais la ville semble bien calme en ce dimanche d’automne ! Peut être faudrait-t-il revenir un soir de match pour découvrir l’autre visage de cette ville « sang et or » ? Arnaud Picavet Portraits de Territoires #6

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La Macrophotogaphie

Les membres de l’Association ont pu poursuivre cette année leur spécialisation en technique photographique en suivant une formation orientée en macro photographie. Ce fût tout d’abord l’occasion de faire le tour de ce que proposent les fabricants en matériels dédiés à cette pratique particulière. Néanmoins, avec le matériel de base que chacun possède dans son sac photo, rien n’empêche de s’adonner à la proxi photographie, c’està-dire à la photo rapprochée. Puis les principes techniques spécifiques ont été développés ainsi que toutes les astuces pour gérer les difficultés liées à la distance du sujet, la gestion d’une nécessaire faible profondeur de champ et les vitesses d’obturation qui en découlent. Après ce passage en revue technique, un nouveau challenge était proposé aux participants : plutôt que de chercher des sujets dans la nature, c’est une multitude de sujets qui était imposée aux photographes au sein d’une jardinerie. Fleurs, arbustes ou feuilles s’offraient donc en quantité à l’œil attentif des photographes. Il ne restait plus qu’aux stagiaires à procéder aux choix souvent difficiles de quelques images avant la phase parfois attendue, parfois crainte mais toujours appréciée de la critique collective. Au final il en est ressorti une belle moisson de macro photos de qualité mais surtout une envie partagée de poursuivre au sein de l’association la pratique de ces mini stages techniques. Cette sortie a également été l’occasion de rencontrer le président d’une autre association dont les objectifs visent à recycler les arbustes déplantés plutôt que de les détruire. Rendez vous a donc été pris pour une possible collaboration ultérieure autour de la préservation d’un patrimoine environnemental ! Jean-Philippe Madec

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portraitsdeterritoires@gmail.com www.portraitsdeterritoires.com Portraits de Territoires Toutes les photographies présentées dans cette revue sont la propriété exclusive des membres de l’association et ne peuvent en aucun cas être reproduites sans autorisation préalable écrite. Tous droits réservés © Portraits de Territoires.

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