Portraits de Territoires - Revue annuelle n°5 - 2018

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Revue Annuelle #5

Portraits de Territoires Publié par l’Association Portraits de Territoires Directrice de la publication Eloïse Pimbert Direction artistique Laurane Péan & Marine Vignot Rédacteurs Alain François, Benoit Masson, Quentin Madec, Jean-Philippe Madec, Arnaud Picavet, Eloïse Pimbert Adhérents de l’association David Desrousseaux, Alain François, Zoé Laebens, Florian Legrand, Léo Lecoq, Benoit Masson, Olivier Masson, Barbara Madec, Quentin Madec, Jean-Philippe Madec, Laurane Péan, Arnaud Picavet, Eloïse Pimbert, Léo Thumerel, Marine Vignot Impression Imprimerie Jean-Bernard, Tourcoing, France Tirage 50 exemplaires En couverture Les Jardins Mallet-Stevens, Croix, © David Desrousseaux / Portraits de Territoires

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# Edito Rubrique

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EDITO

Rétrospective photographique d’une riche année associative : Les Portraitistes ont une nouvelle fois fait preuve d’énormément de talent et d’inventivité. Vous pourrez découvrir dans cette revue, des clichés inédits réalisés lors des sorties photographiques, ou encore l’exposition phare proposée lors des Journées Européennes du Patrimoine et menée en partenariat avec les Voies Navigables de France : à la fois in situ et outdoor, l’exposition offrait des séries poétiques retraçant les formes & les mutations des bords de la Deûle... Cette nouvelle édition de la revue sera également l’occasion pour vous de découvrir le projet photographique majeur de l’année 2019 : les usines textiles ! L’opportunité pour l’Association de se replonger dans le temps, et de découvrir l’histoire d’hommes et de femmes. Véritable immersion au cœur des villes industrielles du Nord, ce projet photographique permettra à chacun de puiser au fond de soi pour développer son projet personnel. N’omettons pas de préciser que l’Association évolue, s’agrandit et accueille cette année de nouveaux membres qui porteront de nouveaux regards, feront émerger de nouveaux débats et éclore de beaux projets pour les années à venir. Alors, ne tardez plus, et laissez-vous charmer au fil des pages !

Eloïse Pimbert

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# Sommaire

Usine textile Cavrois-Mahieu à Roubaix, novembre 2018

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05 Édito 08 Arrêt sur image 10

Exposition La Deûle, Portrait passager - Journées Européenne du Patrimoine

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La Deûle, Portait passager # 4 Haubourdin

# 5 Ecluse de Don # 6 Pont-à-Vendin

39 Usines textiles # 1 Usines Cavrois-Mahieu - Roubaix

49 Portraits de Ville Parc Mallet Stevens - Croix / Parc Barbieux - Roubaix

55 Contact

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# Arrêt Rubrique sur images

PARTAGEONS !

Réunion de choix de photographies en prévision de l’exposition VNF

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Sortie de l’Association en novembre 2018 au Non-Lieu, première étape de nos découvertes des industries textiles

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# Exposition Rubrique

Alain Franรงois 10


La Deûle, portrait passager

Exposition à l’écluse du Grand-Carré dans le cadre des journées du Patrimoine 2018

Sous ce titre, qui fédère pour notre association un travail photographique engagé depuis deux ans, nous exposions une sélection de clichés sur le site de l’écluse du « Grand Carré », lors des Journées Européennes du Patrimoine 2018. Cette manifestation fut rendue possible grâce à un partenariat étroit et fructueux avec les Voies Navigables de France qui ont soutenu notre projet et nous ont offert, pour la première fois, l’occasion d’une exposition « grand public », en plein air : L’écluse du Grand Carré, la seule active

sur le parcours lillois de la Deûle, était ouverte à la visite du public : les photos de l’association y ont trouvé naturellement leur place. L’exposition fut l’occasion de rencontrer un public nombreux et curieux… et, pour nous, l’opportunité de tester la technique de présentation de clichés « outdoor »… heureusement sous un soleil radieux ! Nos photos de la Deûle et de ses abords visent à dresser un « instantané » de ce territoire amené à se transformer. Il nous a semblé important de témoigner de ce moment de

mutation du paysage à travers nos objectifs. Notre démarche artistique vise à mettre en avant le caractère des lieux conjointement à un travail graphique : comment un paysage peut-il se retrouver dans un détail et inversement ? Une écluse et une photo : deux objets, un point commun. L’écluse fige l’espace d’un instant le cours de l’eau : la péniche qui s’y trouve n’était pas là quelques minutes auparavant, elle aura disparue dans quelques instants. La photo fige aussi le moment, seul le présent compte…. ! Alain François

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GRAND FORMAT

La Deรปle,

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# Grand format


/ Site industriel, Haubourdin

À l’arrivée du printemps, nous avons eu la chance de profiter d’une lumière de fin de journée magnifique au cours de notre quatrième sortie sur les chemins de halage d’Haubourdin. La Deûle, comme « rupture dans le territoire » fait partie intégrante de l’histoire de la ville, scindée en deux. En effet, la modification du tracé de la rivière à la fin du XIXe siècle mais aussi l’évolution des ponts et passerelles du XVIIIe siècle à nos jours ont participé à modeler le paysage urbain. De part et d’autre du canal, la promenade est ponctuée de friches, d’habitations ainsi que d’industries chimiques et agroalimentaires nécessitant la proximité de l’eau. C’est ce paysage complexe que nous avons figé depuis la passerelle piétonne dans la continuité de la rue Victor Loridan, jusqu’à l’embouchure de l’ancien bras de Deûle. Celuici nous rappelle d’ailleurs qu’autrefois le canal, avant d’être à grand gabarit, était beaucoup plus étroit et sinueux.

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Aspirant à être des lieux de promenade et de détente, les chemins de halage nous invitent à une promenade sans frontières pour se ressourcer à proximité de l’eau. Malgré cette ambition, les chemins se transforment tour à tour en aires de stationnement goudronnées sans âme, en sentiers étroits délaissés longeant de hautes clôtures en béton et débouchent sur des barrières nous interdisant d’aller plus loin. Bien que ces coupures ne permettent pas de profiter des chemins de halage à l’échelle du territoire pour rejoindre par exemple une autre ville facilement, les aménagements sommaires sont investis par les habitants à l’échelle du quartier. Notamment par les coureurs ou les promeneurs mais aussi par les enfants qui se retrouvent dans les rues en cul-de-sac pour faire du vélo… En arrière plan, les entrepôts, silos et cheminées des sites industriels se reflètent dans l’eau et forment un décor singulier.

Cette sortie permet alors de se questionner sur l’aménagement du paysage des abords de la Deûle. Celui-ci pourrait être pensé à grande échelle afin d’intégrer les espaces qui ne sont pas clairement définis dans une logique d’ensemble et de prolonger la réflexion au-delà des limites matérialisées par les changements de directions, les clôtures ou les panneaux d’interdiction. Quoi qu’il en soit, le facteur humain est indéniablement à prendre en compte. Comme l’a dit le paysagiste Jacques Simon dans une interview à l’occasion de l’aménagement du parc de la Deûle à Houplin Ancoisne : « le paysage, pour moi, ce sont les gens qui se baladent, dans tous les sens et qui se parlent, et qui parlent de leur vie, de leur malheur, de leur bonheur.1» Quentin Madec

1 Lapierre (Éric), Lille - Métropoles en Europe, Le Moniteur, 7 octobre 2004, DVD accompagnant l’ouvrage.

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/ Ecluse, Don A la croisée du canal d’Aire et de la Deûle, l’écluse de Don est l’une des plus importante de la région, située sur l’axe Dunkerque / Lille. Mise en service en 1956, ses 145 mètres de long, ses 12 mètres de large et ses portes intermédiaires lui permettaient de faire passer plusieurs bateaux à la fois avec un flux de 30 à 50 bateaux par jour. Aujourd’hui, la vétusté des portes et les perspectives de développement du transport fluvial, notamment dans le cadre du canal Seine-Nord Europe et de la liaison SeineEscaut, ont nécessité la réalisation de travaux d’envergure : remplacement des portes en amont et en aval et suppression des portes intermédiaires pour permettre le passage de bateaux de grand gabarit. Ce projet d’ampleur démontre une fois de plus que la Deûle est une composante majeure de l’organisation de notre territoire. Ainsi, une fois l’écluse vidée, nous nous sommes rendus sur place pour immortaliser ce grand chantier. Afin d’accéder au site, nous traversons le bras de déviation laissant s’écouler l’eau en contournant l’écluse et ce sont d’abord des sensations bien difficiles à retranscrire en image qui nous ont happées. Comme si nous nous étions sur un front de mer, ce sont le bruit des vagues, du courant et l’odeur des algues qui nous ont accueillis, nous plongeant ainsi dans un univers bien particulier. En avançant vers la base vie du chantier, nous tombons alors sur un colosse d’acier, tout en courbes et à la surface ponctuée de centaines de boulons, gisant sur les berges-: ce sont les anciennes portes qui ont été

déposées et stockées là en attente de leur évacuation. En nous approchant un peu plus, nous découvrons des milliers de petites moules accrochées à la surface de cette épave, apportées par le courant et les bateaux provenant de la côte. En nous approchant encore un peu plus des berges, nous découvrons alors le cœur de notre visite : l’écluse vidée de son eau, véritable faille de béton au milieu de ce paysage régit par le vert et le bleu. Après en avoir fait le tour par le haut, nous entamons notre descente le long de ces parois minérales, parsemées elles aussi de minuscules coquilles de moules, et sur lesquelles on peut encore lire les différents niveaux de l’eau, ayant teinté la surface du béton. Une fois en bas, nous nous retrouvons au fond de cette cale sèche, sous le niveau de l’eau, et nous ne pouvons empêcher notre regard de se porter vers le haut pour regarder le ciel, notre seule échappatoire. Les ouvriers à l’œuvre se détachent de ce décor aux nuances de gris avec leurs habits de travail fluorescents et nous donnent l’échelle de ce colosse de béton. De là, nos perceptions sont toutes autres et nous contemplons le balai bien organisé des ouvriers qui s’activent de çà et là, tantôt au fond, tantôt en élévation sur les échafaudages. Nous finissons par remonter à la surface, en ayant pris conscience de l’ampleur du génie humain mis en œuvre afin que la Deûle continue d’être à la fois un élément fort du paysage de notre région ainsi qu’un réseau de transport fluvial important au niveau régional comme au niveau national et international.

Benoit Masson

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Séquence 6 / Pont-à-Vendin

C’est à un pèlerinage ou plus exactement à un retour aux sources auquel les membres de Portraits de Territoires étaient conviés en ce dimanche de juin. En effet, rendez vous était pris sur les lieux mêmes qui, 5 ans plus tôt, avaient servi de terrain d’expérimentation à l’une des premières sorties photo de l’Association dans le cadre d’une formation pratique destinée aux membres.

Le chemin photographique parcouru par les uns et les autres durant ce laps de temps a été à la fois personnel mais aussi collectif. Dès lors chacun s’emparait de ces rivages de la Deûle déjà arpentés, avec, non pas un nouveau regard, mais avec une plus grande maîtrise technique permettant d’affiner ce dernier. Mais aussi, et les résultats en ont témoigné, chacun s’est nourri entre temps de la pratique de l’autre.

Voir les images des autres c’est s’interroger sur sa propre vision d’un sujet, sa façon de l’aborder, de le mettre en scène, de le sublimer. S’inspirer conduit à mieux voir. Au final mission réussie, puisque certaines images issues de cette ultime sortie dédiée aux paysages de bord de Deûle ont survécu à l’impitoyable sélection définitive pour l’exposition et poursuivent aujourd’hui leur vie en toute autonomie. Jean-Philippe Madec

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# Rubrique

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Avec ce nouveau projet sur l’industrie textile, l’association revient à ses premières ambitions : valoriser le patrimoine industriel. Pendant plus de deux cents ans, le textile a été l’un des trois piliers économiques majeurs avec le charbon et la sidérurgie dans le Nord-Pas-de-Calais et a fortement marqué le territoire de la région. Dans une logique d’archéologie industrielle, l’association tente de retrouver les traces d’un riche passé dans des usines démolies, reconverties ou encore laissées à l’abandon. Si depuis l’espace public il ne reste aujourd’hui que quelques éléments figuratifs tels que les cheminées ou les noms des grandes familles, il faut pousser des portes pour mettre en lumière cette culture industrielle dont les habitants de la région doivent être fiers.

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L’usine Cavrois-Mahieu Roubaix

Le textile : une histoire de famille. C’est par un dimanche de grand froid que nous partons à la découverte de la filature de laine Cavrois-Mahieu. Véritable chef d’œuvre industriel implanté sur 3 ha, l’usine de textile CavroisMahieu a contribué au développement d’une partie de la ville de Roubaix, tout comme les nombreuses industries de l’époque qu’elle hébergeait. En témoignent les chiffres, en 1911, Roubaix comptait pas moins de 350 usines textiles ! Les chiffres varient selon les sources, mais notons toutefois, que Roubaix était surnommée “la ville aux mille cheminées”! L’intégralité du paysage est marqué par l’industrie : les toits en shed1, les hautes cheminées en briques rouges, les logements ouvriers, le nom des rues en l’honneur du progrès scientifique... Accompagnés d’Olivier, Président de l’association Le Non lieu, nous explorons un site qui a su se reconvertir tout en maintenant les traces de la vie industrielle de l’époque. Il nous conte l’histoire de l’industrie textile, on peut observer l’évolution des bâtiments au fil du temps : d’une petite filature de laine, au tissage mécanique, en passant par la teinturerie, la disparition de la machine à vapeur dès 1960, puis l’arrivée des premiers transformateurs électriques... La filature de laine Cavrois-Mahieu & Fils était spécialisée dans la fabrication de draps de laine de costumes d’hommes de haute qualité. Chacun des fils de la famille Cavrois fut ainsi à la tête d’une branche dans le domaine : filature, textile ou encore teinturerie. Au fil de la visite, nous découvrons un site encore empreint du charme de l’époque et de la mémoire des ouvriers et ouvrières qui y ont travaillé : au détour d’un couloir, on aperçoit encore les casiers, dans la chaufferie, les vieilles cuves ont été dépolluées pour recevoir tour à tour expositions ou petits concerts, les banses2 sont encore visibles, l’ancienne forge, devenue atelier de mécanique accueille aujourd’hui un fabricant de vélos, le magasin est devenu une salle de convivialité... Eloïse Pimbert 1 En français toiture à redans partiels 2 Chariots en osier

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# Usines textiles

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Le parc Mallet Stevens et le parc Barbieux respectivement à Croix et à Roubaix

C’est sous une pluie soutenue que nous nous sommes retrouvés un dimanche de décembre au parc Mallet Stevens à Croix. Après avoir patienté quelques temps à l’abri, nous avons profité d’une éclaircie pour arpenter ce jardin inauguré en 2016 et situé à proximité immédiate de la Villa Cavrois. Cette sortie fut l’occasion de démontrer à nouveau qu’il est possible de photographier par tous les temps et de tirer partie des conditions météorologiques pour réaliser des clichés originaux. Les structures métalliques et les installations en bois qui séparent les quatre jardins à thème du parc ont beaucoup inspiré les photographes de l’association. Les notions de perspective, de cinétique et de mouvement ont pu être développées sur fond de nature. Nous avons poursuivi notre sortie dominicale au parc Barbieux dont l’histoire est directement liée à l’industrie de Roubaix. Inauguré en 1905 et rénové durant ces trois dernières années, il a été aménagé à l’emplacement d’un projet de canal souterrain non réalisé, ce dernier étant destiné à relier la Deûle et l’Escaut pour les besoins de l’industrie textile en pleine expansion à la fin du XIXe siècle. Le parc possède plus de 60 essences végétales dont certains arbres remarquables qui impressionnent de par leur taille et leur forme. La déambulation sur les 1,5km linéaire du parc a permis de capter les manifestations du végétal et l’atmosphère particulière de cet archétype du jardin public à la Française où étangs, rivières et cascades se succèdent dans l’ancien lit du canal. Arnaud Picavet

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# Portrait de ville

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