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DÉVELOPPEMENT
p. 66 Tous télépathes! p. 70 Les astres avec Pécresse
« Bébés Covid »
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Un retard de développement ?
Les premiers constats étaient rassurants. Comme de nombreux pédiatres, Dani Dumitriu s’était préparée à l’arrivée du coronavirus SARS-CoV-2 dans son service de l’hôpital pour enfants New York-Presbyterian-MorganStanley. Connaissant les effets du Zika et d’autres virus susceptibles de provoquer des malformations congénitales, les médecins étaient attentifs à la moindre alerte. Et puis, ce fut le soulagement. La plupart des nouveau-nés du service qui avaient été exposés au Covid-19 semblaient très bien se porter.
Mais peu après, de premiers indices d’une tendance plus subtile ont commencé à se manifester. Il se trouve que depuis fin 2017, elle et son équipe analysaient la communication et la motricité des bébés jusqu’à l’âge de 6 mois. Ils disposaient ainsi de plus de deux ans de données sur le développement des nourrissons. Pensant qu’il serait intéressant de comparer les résultats des bébés nés avant et pendant la pandémie, Dani Dumitriu a alors demandé à sa collègue Morgan Firestein, chercheuse postdoctorale à l’université Columbia, à New York, de comparer le développement neurologique des deux groupes.
Par Melinda Wenner Moyer, collaboratrice de la revue Scientific American, autrice de l’ouvrage How to Raise Kids Who Aren’t Assholes: Science-Based Strategies for Better Parenting-From Tots to Teens, G. P. Putnam’s Sons, 2021. Les bébés nés pendant la pandémie ont-ils de moins bonnes aptitudes cognitives et motrices que ceux nés avant? C’est ce que laissent supposer de premiers rapports épidémiologiques aux États-Unis, qui pointent une perturbation des liens sociaux. Mais les résultats doivent être confirmés et ces altérations ne seraient pas irréversibles.
EN BREF
£ Selon de premières
études, les bébés nés pendant la pandémie accusent des déficits cognitifs, émotionnels et moteurs par rapport à leurs aînés. Avec des écarts significatifs entre les classes sociales et entre les pays.
£ En cause, sans doute,
le stress prénatal et le manque de jeux et d’interactions sociales.
£ Une série d’études
à large échelle est en cours à l’international pour valider ces résultats et proposer des solutions. DE PREMIERS SIGNES D’INQUIÉTUDE
C’est alors que, quelques jours plus tard, Firestein l’appelle dans un état de grande confusion. « On fait face à une crise, dit-elle ; je ne sais pas quoi faire, parce que non seulement il s’agit d’un effet de type pandémique, mais de grande ampleur.» Il faut dire qu’elle venait de passer une bonne partie de la nuit à examiner les données. Et selon elles, les bébés nés pendant la pandémie obtenaient des résultats inférieurs, en moyenne, à ceux nés avant, dans toute une série de tests de motricité globale, de motricité fine et de communication. Les deux groupes d’enfants avaient été évalués par leurs parents par l’intermédiaire d’un questionnaire établi – que les parents aient été infectés par le virus ou non. C’était le contexte même de la pandémie qui semblait en cause. « Nous étions sous le choc, se souvient Morgan
p. 80 La rêverie : un trésor inexploité ? p. 84 Est-on plus heureux quand on est vieux ? p. 86 Bruxisme, quand le cerveau est sur les dents
Les clés de l’automotivation
Comment mettre en place les conditions de la réussite dans les études, le travail, la santé, quand on est constamment distrait ou attiré par des occupations faciles qui nous détournent de nos objectifs? Le dernier ouvrage de notre chroniqueur Yves-Alexandre Thalmann, paru aux éditions Humensciences, livre des clés essentielles pour actionner en soi-même les ressorts – complexes – de la motivation. Extraits choisis.
«Je ne suis pas motivé ! » Combien
de fois ai-je entendu cette plainte, comme un cri du cœur, de la part d’étudiants que je suis dans ma fonction de psychologue ? Combien de jeunes en proie à ce qu’ils appellent la « démo-
tivation » ai-je vus défiler dans mon bureau ? Ils décrivent un état où l’énergie pour se mettre à l’ouvrage est insuffisante, où ils se retrouvent sans même le vouloir à perdre un temps précieux à des distractions futiles, souvent derrière un écran, au détriment de tâches importantes qui attendent d’être menées à bien. Beaucoup pensent être affectés d’un problème personnel qui aurait tari leur élan et leur allant, les empêchant d’être animés par le feu sacré des études. Pourtant, je n’en ai rencontré que peu qui souffraient véritablement de démotivation – cette forme d’apathie et de perte d’envie généralisée consécutive à un état dépressif.
JEUX VIDÉO, RÉSEAUX SOCIAUX…
À l’exception de pathologies avérées telles que la dépression ou la schizophrénie, la démotivation ne se présente pas sous une forme généralisée. Celle-ci porte sur des comportements particuliers, exactement comme la motivation. Vous pouvez être motivé ou démotivé vis-à-vis d’une tâche spécifique – par exemple, vous acquitter des corvées ménagères –, mais pas démotivé tout court. Pour revenir à mes étudiants, ils disent implicitement qu’ils ne sont plus motivés à travailler pour leurs cours. Cela étant, ils demeurent
Paru le 4 mai 2022, 256 pages, 18,00 euros.
motivés à effectuer d’autres actions. D’où ma question, pour les aider à y voir plus clair et à comprendre ce qu’ils vivent : « Que faites-vous à la place d’étudier ? » L’éventail des réponses est quasiment infini, même si depuis quelques années, les mêmes répliques tendent à s’imposer: «Je joue aux jeux vidéo», «Je consulte les réseaux sociaux », « Je surfe sur Internet et regarde des vidéos », « Je visionne des séries », « Je passe du temps avec mes amis», «Je lis des romans fantastiques», etc. Il est clair que ces jeunes ne souffrent pas d’apathie. Ils ont bien l’énergie de se bouger et l’envie de s’investir, mais pas à ce moment précis dans leurs études. J’ai choisi à dessein le mot « envie » dans la phrase précédente car il est bien question d’envie. Ces étudiantes et étudiants ne ressentent pas l’envie d’étudier, qu’ils imaginent comme une force impérieuse et spontanée leur conférant le goût des mathématiques ou des langues étrangères… et surtout celui des efforts indispensables à fournir. À la place, ils éprouvent un intense attrait pour leur smartphone ou toute autre distraction. Osons cette formulation paradoxale : ces jeunes sont démotivés par leurs envies. Ils ressentent bien des envies mais qui les détournent de leurs études. Mais pourquoi leurs envies les portent-elles vers des distractions plutôt que le travail? Pour le découvrir, analysons la liste des activités alternatives dans lesquelles ils s’engagent à la place de réviser : jouer, consulter les réseaux sociaux, surfer sur Internet, visionner des séries, passer du temps avec des amis, lire des romans. Deux caractéristiques communes peuvent être dégagées de ces activités : l’immédiateté de la gratification procurée et la facilité, ou la modestie des efforts à consentir. Les envies se distinguent habituellement par un plaisir sans délai, lors de leur assouvissement. Au moment même où l’on s’engage dans l’activité, on en retire directement de la satisfaction. De plus, il n’y a aucune idée de labeur dans les activités de la liste précitée ; elles ne s’accompagnent le plus souvent ni de fatigue, ni d’épuisement. Nul besoin de se forcer pour les accomplir. Un plaisir rapide et facile, voilà ce que promettent les envies. Pas vraiment le même tableau que pour les études… Qui aime devoir produire durablement des efforts et patienter (parfois des années) pour en toucher le bénéfice ?
L’ENVIE N’EST PAS LA MOTIVATION !
Si vous dressez la liste de vos propres envies au fil des jours, vous arriverez vraisemblablement au même constat. Vous découvrirez des activités à gratification immédiate et faciles, dans le sens où elles n’exigent pas ou très peu d’efforts de votre part. Par exemple, vous pouvez avoir envie de boire un verre en terrasse, vous immerger dans une bonne lecture, vous détendre devant la télévision, faire du shopping ou une sieste, vous balader au parc, etc. En revanche, vous direz être motivé à apprendre une langue étrangère, à vous entraîner à jouer de la guitare ou du piano, à pratiquer de l’exercice physique, à faire des rangements, à réparer la porte du garage, etc. Ces tâches « réclament » de la motivation de votre part – au sens familier du terme – car elles ne suscitent pas naturellement votre envie. Toutes procurent une satisfaction différée, qui survient généralement une fois l’activité achevée, et nécessitent un investissement sous forme d’efforts parfois ingrats et rébarbatifs. Le