1 minute read

Une ère glaciaire « chaude »

Les cycles du climat sont passés de 40 000 à 100 000 ans il y a environ 700 000 ans. En cause, une période glaciaire durant laquelle les eaux océaniques étaient anormalement chaudes.

Le climat terrestre et accessoirement le sort de l’humanité, du moins ses conditions de vie dans les décennies à venir, sont étroitement liés à la dynamique des calottes polaires, que ce soit en Arctique ou en Antarctique, et le Hors-Série n° 117 : « Notre avenir se joue aux pôles » en faisait la démonstration. Aussi importe-t-il de bien connaître les mécanismes régissant leur fonctionnement. Et cela passe par l’étude des cycles climatiques, notamment l’alternance des périodes glaciaires et interglaciaires. À ce titre, l’étude de María Fernanda Sánchez Goñi, de l’École pratique des hautes études, à Paris, et de l’université de Bordeaux, et de ses collègues éclaire d’un jour nouveau une transition entre deux régimes du climat : le passage il y a environ 700 000 ans, à la fin d’une période nommée « transition du Pléistocène moyen » (TPM), de cycles climatiques longs de 40 000 ans, avec des glaciations plus faibles, à ceux actuels d’une durée de 100 000 ans.

Advertisement

On savait que la TPM était associée à l’extension importante des calottes glaciaires dans l’hémisphère Nord, liée à un anormal réchau ement des eaux de surface dans l’Atlantique nord, source d’une plus grande humidité atmosphérique et donc de précipitations. Si l’hypothèse de changements orbitaux avait été écartée, les ressorts de cette humidité accentuée restaient flous. Pour y voir plus clair, les chercheurs ont e ectué des forages du plancher océanique dans le sud-ouest de la péninsule Ibérique afin d’y analyser les pollens et de reconstituer la végétation, reflet du climat et notamment des vents et des précipitations, puis de comparer les informations obtenues avec des enregistrements de la mousson dans le lœss chinois (un dépôt sédimentaire). Le résultat est net : dans les deux régions, l’humidité était à son comble, alimentée par les températures des eaux de surface anormalement élevées, en cette période glaciaire, dans les océans Atlantique nord et Pacifique nord tropical. Ces précipitations se déplaçant progressivement vers le nord, les calottes glaciaires recevaient plus de neige et se sont notablement étendues, avec pour corollaire le changement de durée des cycles : ce fut un tournant dans l’évolution du climat de la Terre.

L. M.

HORS-SÉRIE

This article is from: