Aline de Pétigny
HISTOIRES POUR PENSER À L’ENDROIT
Le petit rien de Marguerite
L’auteure : « Aline de Pétigny est une poétesse moderne qui parcourt inlassablement inspiration s’abreuve à la source du
personnages pénètrent dans le cœur C’est ainsi que grands et petits se
Davina Delor
Le petit rien de Marguerite
U
de l’eau.
n jour, Marguerite et Roméo se promenaient tranquillement au bord
Ils marchaient, se reposaient, papotaient. Il faisait beau. C’était une belle journée, bordée de soleil. - Que c’est bon d’avoir un ami, se disaient-ils tout en marchant. - Tu sais, moi ce que j’adore, c’est dessiner, dit Marguerite. Et ce soir, je dessinerai notre journée. - Tu n’arriveras jamais à dessiner une si belle journée. Jamais, fit Roméo en soupirant. Marguerite resta sans voix... Quand je dis « resta sans voix », c’est vrai, sur le moment, elle ne sut que répondre. Et donc... ne répondit rien. La journée se passa et, quand le soleil se coucha, les deux amis firent de même.
L
e lendemain, quand Marguerite se réveilla, elle avait tellement mal à la gorge qu’elle ne put prononcer un mot. - J’ai dû attraper froid hier. Je n’ai pas mis d’écharpe... Oui, c’est ça, j’ai attrapé froid ! Alors elle mit une écharpe, but du lait chaud avec du miel, suça des pastilles pour la gorge, mais rien n’y fit. Le lendemain matin, la gorge lui piquait tant et tant qu’elle pouvait à peine avaler. Une fois encore, lait chaud avec du miel, pastille pour la gorge, grosse, grosse écharpe (la petite n’était certainement pas assez chaude) et quelques pilules jaunes et vertes conseillées par le médecin. Son chat la regardait, attendant qu’elle lui parle, comme à l’accoutumée, mais désolée, elle ne put que le caresser, les larmes au bord des yeux. A la fin de la journée, elle s’aperçut avec horreur que ses oreilles commencaient à se boucher.
A
u matin du troisième jour, elle ne pouvait toujours pas parler et n’entendait plus rien. Elle avait beau écouter, bien écouter... Elle n’entendait vraiment plus rien. Ses amis, Roméo le premier, avaient beau crier, rien n’y faisait. Elle en était donc là quand elle crut entendre une voix. - Eh oh ! Tu m’entends ? Elle fut tout d’abord très étonnée. Comment pouvait-elle entendre une voix toute douce alors qu’elle n’entendait pas ses amis qui criaient ? - Oh eh ! M’entends-tu ? Puis, elle eut un peu peur... - Bon, tu veux vraiment continuer à ne rien entendre ? demanda la petite voix. - Bien sûr que non ! pensa-t-elle. Je veux entendre. Mais qu’est-ce que c’est que cette voix ?
À
son grand étonnement la voix lui répondit : - Je suis ta petite voix intérieure. Ta petite fée à toi. - J’ai une fée à moi ? pensa Marguerite. - Bien sûr. Autrement, je ne serais pas là ! Dis-moi, pourquoi ne parles-tu pas ? - J’ai mal à la gorge, je ne peux pas parler ! dit-elle en pensée. - Ne crois-tu pas plutôt que tu t’es interdit de parler... Résultat : tu as mal à la gorge. - Je m’interdis de parler ? - Oui... Il y a quelque chose que tu n’as pas dit... Quelque chose qui t’est resté en travers de la gorge... - Non, ce n’est pas ça... J’ai simplement pris froid, c’est tout ! Tout le monde sait bien qu’il faut se couvrir. - Si tu veux... Mais tu devrais quand même regarder ce que tu as en travers de la gorge. Je te laisse... Si tu veux me parler, pense à moi.
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Que s’est-il donc passé ?
Mots-clés : somatisation, dialogue, écoute, art-thérapie
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Pourpenser Éditions
TIORDNE’L À RESNEP RUOP SERIOTSIH
Marguerite se réveille un beau matin sans voix.