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Interview Virginie Probst

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Un rêve de cabane

Un rêve de cabane

INTERVIEW

Eau de lune pigments et acrylique sur toile 60x50 cm

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Virginie Probst

Virginie Probst

Voyageuse artiste www.virginieprobst.com

“Le fil rouge de tout ce que je fais est d’ouvrir des espaces où se reconnecter à son essence, où l’esprit peut penser au-delà et autrement. Où se rêvent les possibles et se créent de nouvelles réalités”.

Virginie, peux-tu nous parler de ton parcours ?

Je suis née à Genève en Suisse. J’ai commencé mon apprentissage des mondes du Rêve dès l’âge de 3 ans, dès la tombée du jour et pendant la nuit. Au début, c’était des animaux qui m’enseignaient, puis des guides de différentes traditions. A partir de 12 ans, les enseignements se sont arrêtés. J’ai été confrontée au quotidien tout en refusant de vivre cette version de ce qui semblait pour mon entourage la Réalité. Du coup, je me suis longtemps sentie coupée en deux, la réalité me semblait toujours ailleurs et je faisais tout pour échapper à celle qui était là devant moi, tant elle me semblait restreinte et fade. Après des années de théâtre, j’ai étudié les sciences politiques, travaillé dans la pub, fondé une famille. A la naissance de mon troisième enfant, j’ai vécu plusieurs jours entre la vie et la mort. C’est à ce moment-là que j’ai revisité une bonne partie de mon parcours, que j’ai revu mes guides et enseignants du Rêve et que ma vie a pris un nouveau tournant. En famille, nous avons déménagé en haute montagne à l’écart du monde civilisé et j’ai poursuivi mes apprentissages de l’art du Rêve. Depuis, j’ai peint, voyagé aux quatre coins du monde à la rencontre des pratiques du rêve chez différents peuples autochtones.

Aujourd’hui, l’art du Rêve n’est plus une option, mais une nécessité pour notre survie en tant qu’espèce. Mon but est de diffuser les pratiques ancestrales du Rêve de la façon la plus large et accessible possible, d’aller explorer toujours plus loin l’imaginaire et la conscience.

Le rêve est d’abord bien plus que quelque chose d’un peu mystérieux qui se passe dans nos nuits. C’est l’espace de la conscience. La pratique du Rêve nous permet de vivre une vie plus consciente. Je vois la conscience un peu comme une lampe de poche, un faisceau qui éclaire. On peut alors “voir”, derrière l’illusion. Rêver, c’est parcourir les ponts entre le monde de veille (le monde du quotidien) et le monde du rêve, qui sont différentes versions d’une même réalité. Lorsque vous rêvez, il se passe des choses, vous vivez des aventures, agréables ou pas. Ce «vous»-là vit, agit, ressent de nuit comme de jour. Pour les pratiquants de cet art, rêver c’est vivre de plus en plus consciemment, de jour comme pendant les rêves. Être présent au présent, habiter ce qu’on est à chaque moment et reprendre en main, de façon personnelle et collective notre pouvoir, notre liberté et notre responsabilité d’être et de créer. Nous créons tout le temps, mais la plupart du temps «par défaut». Les pratiques du Rêve sont un chemin pour se souvenir de ce qu’on est, de qui on est et de ce qu’on veut vivre sur cette planète. Nettoyer et transmuter chaque jour et chaque nuit ce qui bloque nos vies, partout où l’on résiste et bloque la roue de la vie. Jusqu’à devenir conscient de jour comme de nuit et que ces deux réalités se rejoignent. On crée dans le monde du Rêve avec suffisamment de puissance pour que cela prenne racine et se manifeste dans la réalité. Il y a : - l’absence de rêves et ceux dont on ne se rappelle pas, - les cauchemars, - les «grands» rêves, ces rêves qu’on n’oublie pas tant ils ont de force, - les rêves prémonitoires, - les rêves lucides, quand on est conscients qu’on rêve.

Comment relierais-tu les rêves à la créativité?

Huitzilaman 30 x 40cm Pigments et encres sur papier Virginie Probst

Les rêves sont une source infinie de créativité car, lorsqu’on rêve, on est en état de réception, les barrières du mental sont levées, et nous avons ainsi accès à d’infinies ressources de guérison, de créativité et d’inspiration. Cependant, comme une idée, un rêve demande des actions pour s’incarner dans notre réalité physique. Les plus grandes découvertes scientifiques, par exemple, se sont souvent faites dans cet état de rêve: la théorie de la relativité, de la gravité, etc. Cela suppose une focalisation importante sur un certain sujet, des années de calculs etc. Le rêve ou l’inspiration est une rencontre qui se présente lorsque nous lui avons préparé le terrain. Une rencontre entre l’être et le faire, entre les deux forces fondamentales de la création, le yin/yang. Quelques mots sur Huitzilaman ...

Dans la tradition Mexicah du Rêve, Huitzilaman est « le colibri qui vole vers la droite », soit, vers l’Est, d’où émerge le soleil après la nuit. Cette lumière, quasi partout sur la planète symbolise la connaissance, la création et la transformation de l’obscurité en lumière.

“Il m’a toujours semblé que la réalité se construit à partir de la puissance de l’imaginaire, ses seules limites étant les cadres à l’intérieur desquels on pense le monde. Aujourd’hui, mon but est d’aller toujours plus loin dans l’imaginaire et toujours plus profondément dans l’humain.”

Femme de la forêt 39.5 x 29.5 cm Pigments et pastels sur papier Virginie Probst

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