CREATIVE PROCESS MAGAZINE #16

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P # 16 dĂŠc jan 18


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Le passage d’une année à l’autre est souvent le temps privilégié de l’imaginaire. Entre rêves de merveilleux des fêtes de la fin de l’année qui s’achève et projections fantasmées de celle qui commence, nos cerveaux fatigués ont besoin d’ailleurs, et cherchent à s’échapper vers des mondes sans contraintes. On vous a donc concocté un petit numéro bien cosy à déguster au coin du feu en tenant à distance le ciel gris que vous pouvez apercevoir, loin, là bas, à travers la fenêtre. Nous vous emmenons d’abord à la rencontre d’Hélène Builly, illustratrice pour la presse, l‘édition et la culture, qui nous embarque avec ses images léchées dans son univers poético-surréaliste sans limites. Nous vous présenterons aussi Gladys Hulot, une artiste multifacettes qui développe un univers très personnel - assez barré - qu’elle quitte parfois pour rencontrer les humains. Après un coup d’œil sur le travail d’Hélène Lacombe, une architecte illustratrice qui réussit la gageure de poétiser le dessin d’architecture avec un travail très frontal au trait chirurgical, nous vous diront tout des ballets de Luc Petton qui met en scène ces spectacles dingues faisant intervenir de – vrais – animaux sauvages pour servir son propos. Il sera aussi question d’architecture avec un focus sur le travail de Jean-Philippe Thomas, architecte du sensible, et de musique à l’occasion d’un entretien avec Anthonin Ternant, le démiurge de Black Bones, Angel, et The wolf under the Moon. Dans Creative Process, on aime aussi vous raconter des histoires d’entrepreneurs, aventuriers des temps modernes, qui placent la créativité au cœur de leur dynamique à l’image d’Antony Villéger, un des dirigeants de Samm trading, de Jean-Philippe Vidal, le créateur de Reims Parfum, ou des deux compères Agathe Petit et Marie Hauguenois avec leur concept store d’un genre nouveau. Ces plats de résistance seront bien sûr agrémentés de nos rubriques   ÉDITEUR / Dir. de publication  Benoît Pelletier    RÉALISATION / design / diffusion  www.belleripe.fr    direction artistique   Benoît Pelletier  assisté de amélie luca

Si vo u s souhaite z de ve nir d i ffu seu r, vo us abo nne r pour recevoi r le magazine c he z vou s, ou e n com mande r un ex empl ai re , contacte r n ous ici : h ello @proce ss -mag.com P OUR DEVENI R ANN ON C EU R, DIFFU SEUR OU PARTENAIRE : bp @proce ss -mag.com 06 80 6 5 89 72

Le magazine PROCESS es t édité par Belleripe SARL - 5 avenue vallio ud 69110 Sainte-f oy-lès-lyon . Tous droits réservés. Toute reproduction , même partielle es t interdite, sans autor isatio n . Le magazine PROCESS décline to ute responsabilité po ur les documents remis. Les textes, illus trations et photographies publiés en gagent l a seule responsabilité de leurs auteurs et leur présen ce dans le magazine impl ique leur libre public atio n . Le magazine PROCESS es t disponible gratuitement dans 170 point s de dépôt à Reims. retrouvez to ute l a lis te sur www.process-mag.com Magazine à parution bimes trielle. C aroline © hélène builly

www.p roce ss-mag.c om

habituelles. L’ensemble sera tout à la fois enrichissant, informatif et beau comme l’année qui s’annonce. Belles fêtes de fin d’année et bonne année avec Creative Process Magazine. Benoît Pelletier


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HOP goût a l a i n c ava l i e r : r e n d e z - v o u s m a n q u é g l a d y s h u l o t  : e x t r a - t e rr i e n n e e x t r a - o r d i n a i r e j e a n - ph i l i pp e t h o m a s , a r c h i t e c t e d u s e n s i b l e hélène lacombe « wa l k i t b a c k » d e t h e n at i o n a l j e a n - ph i l i pp e v i d a l  : a r t i s t e n e z a n t o n y v i l l é g e r : A n t o - l o g i e h é l è n e b u i l ly  : c o l l e - f e u i l l e - c i s e a u x black bones ainsi la nuit collectif 17 fragrances & délit de bien-être  k ya n k h o j a n d i figures

PLA

@ pr o c e s s m ag a z i n e pr o c e s s _ m ag a z i n e @ m ag a z i n e P r o c e s s

BENOÎT PELLETIER  éditeur  directeur créatif  & photographe

Anne-sophie velly  DA de Maison Vide art contemporain, musiques   & confettis

JULES FÉVRIER  journaliste   & photographe

SYLVÈRE HIEULLE  OVNI (& accessoirement   photographe)

agathe cebe  rédactrice   & journaliste freelance

Peggy Leoty  communication / événementiel /  relations presse

contributeurs © Stéphane de Bourgie

arnaud lallement  chef ***

Jérôme Descamps  réalisateur   & montreur de films

CYRILLE PLANSON  redac-chef La Scène,   Le Piccolo, Théâtre(s) mag

Anne De La Giraudière  Journaliste

Retrouvez nous sur

www.proce ss-mag.c om


PLAYLIST la playlist ECRILLUSTRÉE D’ANNE-SOPHIE VELLY

1

Trouble

Inaniel Swims

Inaniel Swims nous glisse au creux de l’oreille une pop élégante, chantée en anglais avec cet accent français si marqué… Tout doux, c’est avec une certaine nonchalance solaire qu’Inaniel nous conte ses confusions sentimentales. Sans prétention, ni chichi, on l’accompagne volontiers dans ces questionnements, sans forcément lui trouver de réponse.

www.mixcloud.com/salsifi-velly/

Plage de la concurrence

2

Ojard

Maxime Daoud sort son très joli 1er album « Euphonie » : “ Emprunté, par l'intermédiaire du bas latin euphonia, « douceur de prononciation », du grec euphônia, « bien »,   et phônê, « voix, son ».   Harmonie de sons agréablement combinés, par opposition à Cacophonie. Qualité des combinaisons de sons considérées comme agréables à entendre ou faciles à prononcer. ” Un album poétique et cinématographique d’une douceur méditative…

La groupie du pianiste

Y-a une mixtape qui m’attend

Michel Berger

Athanase Granson

3

Il est de ces morceaux qui sont désormais dans l’inconscient collectif de la variété française. Ces morceaux que l’on passe en fin de soirée au bout de quelques verres. Le but étant de mettre l’auditoire en transe, de danser quoi… La groupie du pianiste a dû vieillir, ses draps ne sont plus roses. Elle a sans aucun doute troqué le pianiste contre un pastis depuis l’temps.   Mais elle dansera toujours debout avec nous.

4

Athanase Granson, sur Le label de Caen « We want to wecord » (à prononcer à haute voix), a fait une superbe mixtape sur K7, que l’on déguste comme un café gourmand, dont chaque petite merveille sucrée se découvre avec joie. Nos papilles auditives frétillent, miam ! Pop, électro, psyché, c’est party… We Want to Wigoler.

Les os des innocents

Hutre

Baptiste Brunello

Forever Pavot

5

Baptiste Brunello a « le coeur gros comme un Hummer » et « touille encore la glycéro avec le manche de son marteau » Plasticien, performer, musicien, mélangez le tout et vous obtenez… un Objet volant,   ou chantant, non identifié.   Une folie maitrisée, un décalage contrôlé. L’auditeur fera le choix ou non d’ y adhérer. Nos oreilles rentrent dans un univers parallèle, on ne comprend pas tout mais on s’en fout parce qu’« on ne va pas éternellement se jeter   des côtelettes à la gueule… »

uteurs 05

6

Le colonel moutarde avec le poignard dans la cuisine. Emile Sornin avec le clavecin dans la salle de jeux. Le tant attendu 2d album de Forever Pavot est arrivé. Nous sommes en 1973, en plein milieu d’une scène de crime, entre une flute traversière, un clavecin et une batterie jazzy : faites entrer l’accusé…   Le morceau « Hutre », bande son imaginaire d’un polar sombre des années 70, est un petit bijou. Vous n’avez pas le droit de garder le silence…


news cloud

m l

faut pas rater ça

jusqu'au

23/04

Roman-photo

20h30

12+13/01 Les parapluies  de Cherbourg  opéra de reims

Après Le Violon sur le toit en 2016, la compagnie Ars Lyrica retrouve le chemin de Reims avec Les Parapluies de Cherbourg, une comédie musicale revisitée par le metteur en scène Emmanuel Dell’Erba, d’après le célèbre film de Jacques Demy sur une musique de Michel Legrand, Palme d’Or à Cannes en 1964.

© mohamed yamani

16/12

© dr. fondazione arnoldo e alberto mondadori

mucem.org

operadereims.com

20h30

MUCEM / Marseille

Le roman-photo a mauvaise presse. Le terme sous-entend tout à la fois la niaiserie sentimentale, la frivolité, ou encore l’ingénuité. À ce jour, il n’a que rarement retenu l’attention des historiens de l’image, et encore moins celle des musées et des centres d’art. Grave erreur ! Car le romanphoto a pourtant bien des choses à nous dire… et pas seulement des mots d’amour.

jusqu'au

08/01

FreeBeat Battle

Jean Glibert  peintre en bâtiment

bar le floyd / reims

Amateurs de tous horizons et de tous styles musicaux vont s’affronter. Les applaudissements du public seront seuls juges. Le mot d’ordre : “ Noël Badass ”, apprêtez-vous en conséquence !

© DR

bozar / bruxelles

© jean gilbert

velours-prod.com

Auteur depuis plus de 40 ans d’une œuvre presque exclusivement liée à l’architecture, située essentiellement en Wallonie et à Bruxelles, Jean Glibert mêle sa logique de création à celle des architectes avec lesquels il collabore autour d’interventions uniques en leur genre. bozar.be / jeanglibert.com

20h30

16/12

20h30

16/12

Rufus Wainwright

Milamarina &  Paulette Wright

comédie de reims

© DR

© dr

Carré blanc / tinqueux

Le New York Times encense Rufus Wainwright comme l'un des plus grands auteurs-compositeurs-interprètes vocalistes de sa génération. Coup de bol, il joue chez nous.

Affinités musicales, manifestes pour ces deux là qui se sont bien trouvées, au Carré blanc à Tinqueux. le-carreblanc.fr

cartonnerie.fr lacomediedereims.fr

de 13h30 à 17h

© DR

27/01

Stage sabre   laser

ESCAL / Witry les Reims

Proposé par l’Académie de Sabre Laser de Reims. Inspiré des batailles de la saga Star Wars, cette initiation sportive est tournée vers les arts martiaux et le côté ludique. escal-witry.fr


marché de la photo

ud

des nouvelles du duo des halles Le photographe Romuald Ducros mène depuis plusieurs semaines un projet au long cours qui se déroulera sur une année entière : il installe sur les marchés rémois un studio conçu spécialement et immortalise les chalands en compagnie de leurs achats, toujours avec la même lumière, toujours dans la même position. Nous suivons l’élaboration progressive du projet au fil du temps et vous livrons dans chaque numéro quelques unes des dernières images de la série en cours. Une première restitution des images est exposée aux Halles du Boulingrin depuis le 22 septembre. Dans le cadre de la programmation " Arts visuels " de la ville de Reims avec le soutien de Veuve Clicquot, maison fondée en 1772. www.laproductionremoise.fr


HOP PAR AGATHE CEBE

Au renouveau du bon goût

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Après le boulot, et avant Noël, c’est littéralement ce que signifie l’After Work Before Christmas organisé à l’Hotel Mercure Parc des Expositions, le mardi 19 décembre. Ce n’est pas la première fois que l’Ardoise sur le Pouce lance l’invitation. Mais, avec l’hiver, avec le burn out de fin d’année, avec l’arrivée des fêtes, il est certainement temps de lâcher prise. Le prochain After Work du Mercure Parc des Expos met les Pulls Moches à l’honneur. En ligne de mire, les laines interdites par la loi, les plus atroces accords de couleurs, les motifs ratés et impossibles à identifier, les tailles informes, étirées par la négligence du temps qui passe, ou la négligence tout court… Un pull moche n’a pas demandé à l’être. Il l’est. Et ce 19 décembre, de 18h30 à minuit, il est temps de lui rendre un petit hommage affectif et de lui laisser la chance, au moins un soir, de briller parmi les siens. Parce que la soirée s’annonce belle : Champagne et grignotages divers associés, DJ Set et même un petit corner-shop de cadeaux de Noël. L’After Work du Mercure Parc des Expos est tendance, et votre pull moche aussi. Dans le fond, vous le savez. after work   le 19 décembre de 18h30 à minuit Hôtel Mercure Parc des expositions 2 rue Gabriel Voisin – 03 26 05 00 08

Meddy et Thomas, aka Mastho, c’est le duo des Studios de la Carto. Bons compères, ils sont ceux qui rentrent par l’arrière, la petite porte grillagée, dérobée, celle des groupes en devenir, des jeunes pousses. Ils sont tous les deux batteurs, avec un bon bagage de scène, et ils ont en eux la générosité bienveillante de la transmission. Ils accompagnent les groupes, pour « une première expérience de stud’ sans enjeu, relax et sympa ». Un peu comme eux, en fait.

À deux dans un studio, on ne se marche pas dessus ? Meddy : Pas vraiment, puisqu’on travaille en alternance ! Thomas : Quand l’un bosse, l’autre ne bosse mais vient quand même travailler son instrument… On est bien là, en fait. Meddy : Mais pour le job, une personne suffit. On est comme un couple qui se croise ! Le rythme à la Carto, c’est « Vélo-Studio-Dodo » ? Ensemble : On n’a pas de vélo ! Meddy : On n’a pas encore vraiment de recul sur le rythme du studio, on est là depuis peu de temps en fait. Mais on arrive à avoir du temps pour nos projets perso. La musique est dans notre emploi du temps. Thomas : Oui, j’ai du temps aussi pour mes projets, mes projets sur ordi, mes projets dans ma tête… Meddy : Ah oui moi aussi j’ai des projets dans ma tête. Un roman, par exemple. Je suis écrivain dans ma tête. Le Studio, c’est plus un labo d’expériences ou une usine à talents ? Meddy : Un labo d’expériences ! Thomas : Oui, ce n’est pas une usine. Des talents, il y en a, mais sans uniformité. Il y a beaucoup de mixité ici, on fait des rencontres très diverses. Meddy : On est là, on se retrouve, on partage un café, une bière. On discute ensemble. C’est comme un routier. C’est hyper convivial. Thomas : Comme une MJC, mais sans le J. Tout le monde est concerné par notre dynamisme culturel. Meddy & Thomas, c’est Tom & Jerry ou Arnold & Willy ? Ensemble : On est les M&M’s ! On nous a rebaptisés comme ça, ici ! Meddy : Moi je suis le rouge, et Thomas le jaune. Thomas : Ça nous va bien : on est des gueules sucrées. Meddy : Et on a un cœur fondant. Meddy, Thomas ça rime avec ? « Estomac ». Et en plus c’est une rime riche. Thomas, Meddy ça rime avec ? Je suis nul pour trouver les rimes. Je dirais bien « gentil » mais ça fait cucul ! Instant groupie : qui adoreriez-vous voir passer ici, par les Studios, pour des expériences musicales ? Thomas : My Bloody Valentine, pour écouter Kevin Shields faire de la guitare pendant des heures. Meddy : Billy Anderson ou Kurt Ballou.

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questions en passant au studio tandem


La Jungle, en hiver, ne fane pas. Au contraire. L’extension de La Mine et de Fikus se pare de ses plus beaux atours pour Noël, avec une expovente collective organisée par tous les artistes investis dans le projet. Un petit marché de Noël, décembre. Mais… La Jungle, après les fêtes, ne s’endort pas. Au contraire. Après une première

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excentré, intime et authentique, du 16 au 24

exposition inaugurale et saisissante, un autre artiste membre de La Mine va élever ses œuvres aux murs de cette nouvelle galerie. Du 5 janvier au 17 février 2018, Eric Dabancourt expose « Liens de vies », des toiles, du trait, à l’encre de chine et à la plume. Parce que la vie tient à plusieurs fils, Eric Dabancourt, dans une quête existentielle, trouve une respiration à travers les traits entrelacés, comme des lignes de vie embrassées. En faisant aussi écho à notre animalité instinctive et primitive, les œuvres d’Eric Dabancourt emportent par leur pureté, et étourdissent par leurs sens. « Chaque dessin commence par un premier point » et ce premier point évolue, dans un voyage qu’on rêverait sans fin, au gré du silence magistral du trait qui se suffit et qui tisse, lace, enlace, connecte, à soi, aux autres.

Facebook @lajunglereims  www.edabancourt51.com

Intimité analogique À partir du 25 janvier 2018, la Cartonnerie expose les clichés de Sébastien Gomes, aka Moris, fidèle ombre rôdant entre les crash barrières de l’avant-scène. Au gré des concerts, Moris joue le goût du risque, avec son Canon AE1, et pour seules empreintes celles laissées sur les pellicules. Une part belle laissée au hasard, quand on sait comme les conditions photographiques sont difficiles et aléatoires pendant les concerts. Pourtant, en bon patient passionné, Moris ne se laisse dominer ni par le mouvement ni par la lumière, et en fait plutôt ses alliés : qu’elle soit « sur », ou « double », l’exposition rend toujours compte, au final, d’un instant primordial et sensible, d’une intimité insoupçonnée avec l’artiste. L’analogique rend, au travail photographique de concert, une magie old-school un peu désuète et qui, pourtant, fait la noblesse des images qui nous parviennent aujourd’hui, traversant les âges avec leurs petits défauts singuliers, leurs beautés particulières, et leur étrange pouvoir de séduction. C’est donc sur les murs gris béton de la Carto, dans le recoin intime du vestiaire et de détente que les photos de Moris trouveront leur écrin quelques semaines. Un retour aux sources, une mise en abyme, des souvenirs développés en noir et blanc de tous les moments forts qui se sont joués ces derniers mois sur cette belle scène rémoise. @moris_analog @morisanalogphotography Vernissage le 25 janvier 2018 - www.cartonnerie.fr

Le son, grand voyageur, est leur terrain de jeu favori. En dépassant les frontières, géographiques, culturelles et sociales, les compositeurs et improvisateurs JeanBaptiste Masson, Nicolas Canot, Philippe Le Goff et François Leclère créent autour du field-recording, et emportent leur public et leurs bagages. Le prochain rendez-vous est donné le 26 janvier 2018, pour une soirée co-organisée par INNER CORNER, Césaré et Saint-Ex, culture numérique. SONOTIUM #10 nous rappelle aux bons vents de l’année dernière quand, abritée entre les murs expérimentaux de Quartier Libre, toute forme de création se libérait de sa coquille. À cette époque, le partage était différent, avec les jam sessions qui invitaient des musiciens à contribuer à cette œuvre musicale participative. Pour sa dixième édition, SONOTIUM offre une soirée à la merci totale des quatre compositeurs précédemment présentés. Pour faire durer le plaisir, et reprendre ses esprits, un DJ Set terminera la soirée. D’expérience musicale, SONOTIUM #10 devient une expédition. Une invitation au voyage qui embarque les spectateurs dans un voyage, les pieds dans le vide, à travers le globe. Tempêtes de glace, humidité des forêts tropicales, villes hurlantes, déserts stridents : il s’agit d’une succession de tableaux sonores, électroniques, qui deviennent, par le pouvoir de l’envoûtante imagination, quasi réels. En intimité recherchée et travaillée, SONOTIUM #10, comme ses précédentes sessions, baignera le public dans une obscurité mystique, un repli onirique. C’est là l’audace de SONOTIUM : placer les spectateurs dans la pudeur d’une expérience atypique, à la fois dans l’introspection et le partage. Avec cette thématique sonore du field-recording, l’expérience n’en sera que plus poignante. Le voyage suppose rêves, désirs, souvenirs. Chacun pour soi, soi pour le monde, car le son est universel, et que bien des créations – physiologiques et mentales – naissent, subrepticement, à travers lui. SONOTIUM #10 – Vendredi 26 janvier 2018 à 19h, à Saint-Ex – culture numérique. Entrée libre. 03 26 77 41 41 et Facebook : @innercorner

© antonin leclere

L’empire des sons

© dr

HOP

JINGLE JUNGLE


G

goût

GO

par

Arnaud Lallement

Gnocchi de pomme de terre 250 g de pomme de terre | 15 g de farine | 20 g de fécule de pomme de terre | 1 jaune d’œuf | 4 g de sel | 200 g de crème liquide Ne pas laver ni peler les pommes de terre. Inciser la peau sur tout le tour. Cuire au four à 200°C pendant 45 mn. Récupérer la chair à l’aide d’une cuillère. Passer au tamis. Ajouter le jaune d’œuf, la farine et la fécule de pomme de terre. Faire des rouleaux puis des petites boules à rouler à l’aide d’une fourchette. Faire blanchir jusqu’à ce que les gnocchi remontent à la surface. Faire chauffer et réduire la crème de moitié. Réchauffer les gnocchi dans cette crème juste avant de servir. En réserver pour le dressage. Sauce truffe 200 g de jus de truffe | 200 g de crème épaisse | sel | poivre Faire chauffer et réduire le jus de truffe de moitié. Ajouter la crème épaisse, le sel et le poivre. Continuer de chauffer jusqu’à ébullition. Réserver. Truffe 75 g de truffes Couper la truffe en tranches puis détailler vingt ronds de 4 cm. Dressage Disposer cinq gnocchi par assiette surmontés chacun d’une rond de truffe. Servir la sauce truffe à table.

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TRUFFE NOIRE DU PERIGORD, GNOCCHI DE POMME DE TERRE © matthieu cellard

TRUFFE NOIRE   DU PERIGORD,   GNOCCHI DE POMME  DE TERRE


GOÛT Le

Foie gras de Longpont

Les fêtes approchent avec, sur les tables, les incontournables de la fin d’année. Au premier rang de ceux-ci, le foie gras. Pas si loin de Reims que cela, à Longpont dans l’Aisne, aux limites du Tardenois et du Valois, Sébastien Carré conçoit de très bons foies gras. C’est désormais dans la Boucherie qu’il a reprisE à Fère-en-Tardenois il y a quelques années, et non plus dans sa ferme de la Grange, à Longpont, qu’il vend ses foies gras et autres pâtés conçus à partir des volailleS qu’il élève toujours. Fin, salé et poivré à la perfection, son foie gras de canard micuit a souvent devancé dans des concours agricoles – dont celui du Salon de l’agriculture, à Paris - les meilleurs représentants du Sud-Ouest. À goûter aussi les pâtés de campagne fermiers, les cous farcis, rillettes et autres délices… Cyrille Planson

Vegan

À Talus-Saint-Prix, Alain Legret est l’un des premiers à s’être positionner sur la tendance du moment : le vegan. Afin d’approvisionner en bulles les inconditionnels de cette alimentation absolument dépourvue de toute trace animale, il produit des champagnes originaux, en excluant la colle à base de produits d’origine animale. Il est même l’un des tout premiers à avoir été labellisés pour cela. Le collage a pour objectif de clarifier le vin avant sa commercialisation. Il utilise pour cela des colles à base de protéines issues de poissons, de lait ou de crustacés. Pour l’anecdote, l’humoriste Raphaël Mezrahi est lui aussi devenu producteur de champagne vegan, dans l’Aube. C. P.

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Balade niçoise

Comment dire le ravissement de la lumière de cette journée d’octobre à Nice ? Pour l’ardennais que je suis, la mer Méditerranée est comme un cadeau inestimable, un émerveillement de gamin renouvelé chaque fois. Pas la peine de résister, je plonge. L’eau est singulièrement trouble. Pénétrée par le bleu du ciel, elle acquiert une densité presque liquoreuse. Sous l’eau, au fur et à mesure des brasses, une évidence, l’impression de m’enfoncer dans la matrice de la couleur bleu turquoise, nager dans les entrailles d’une couleur. Une sensation unique qu’il faut pourtant quitter. Après le bain, la faim. La promenade dans les petites rues de cette Italie française apporte de quoi s’enthousiasmer. La socca et le pan bagnat sont des plats de rues. Ils se mangent avec les doigts. Pour le pan bagnat, quoi que vous fassiez, l’huile d’olive coulera sur vos phalanges et s’étalera dans vos paumes, les miettes de thon déborderont, les œufs s’émietteront et tomberont au sol, l’oignon sera récalcitrant, vos lèvres seront luisantes, votre menton sans doute aussi. Dans les ruelles escarpées, ombragées, on marche en levant les yeux pour adorer le ciel, les ombres douces, les couleurs terre de Sienne, les ors, les vieux roses. On s’arrête pour regarder les balcons fleuris, le linge qui pend, les persiennes entrouvertes, on pense au magnifique film de Jean Vigo À propos de Nice. On croque, on se lèche et on repart. Tête baissée, c’est autre chose. Les boutiques frelatées, standardisées sont un immense dépit, une contamination touristique sous le sceau de « la belle France d’autrefois », un masque pour le tourisme mondialisé. La socca nous rabiboche avec la ville. Cette grande galette de pois chiche roussie par les flammes et mangée à même le papier est un délice indétrônable avec la contemplation de la baie des anges vue du parc du château. En redescendant, traverser la place Garibaldi pour trouver la place Pi. À l’ombre d’un magnifique pin, vous dégoterez le restaurant-concept Isak qui propose, au milieu de produits et d’objets tendances à acheter, une cuisine raffinée concoctée par le chef suédois Isak Oldenburg, miracle d’une mondialisation vertueuse. Le 20 novembre 2017, il y avait un velouté de chou-fleur, pickles de chanterelles, un maquereau de méditerranée, quinoa, courgette et navet et un brownie aux amandes, topinambour et poire, le tout pour 22 euros. Tout était d’une exquise fraîcheur, le goût simple des aliments et des associations qui étonnent le palais. Le bar juste devant la cuisine est une place de choix pour voir l’équipe s’affairer. Attention, ne beurrez pas les crackers fait maison qu’on vous apporte en début de repas, sinon vous êtes cuits, vous en reprendrez ! Jérôme Descamps Isak restaurant – 2, rue Barillerie La socca : Chez René – 1 rue Pairolière + Chez Pipo – 13 rue Bavastro Pan Bagnat : Nissa porchetta – 26 rue Pairolière + Tintin – 2 bd du général de Gaulle Pâtes fraîches (à rapporter absolument : les raviolis à la daube et aux blettes + testez aussi les panisses à faire griller dans la poêle, un pur délice fondant) : Denis Roda – 7 rue Collet + Clé aux Pâtes – 8 bis rue Boucherie

Le lentillon de Champagne Le sol calcaire de la Champagne lui conférerait une saveur douce et sucrée à nulle autre pareille. Le lentillon de Champagne reste méconnu, bien qu’il soit cultivé dans la région depuis la plus haute Antiquité. Tous les nutritionnistes vous le diront, notre alimentation n’est plus assez riche en légumes secs fèves, lentilles et autres haricots - qui ont fait le quotidien des générations passées. Riche en fibre, en protéines, mais aussi en calcium et en fer, il est notamment distribué par la marque Louise Bon à la Grande Épicerie de Paris. C.P.


re n de z - vou s ma n qu é

ma Non rencontre avec alain cavalier Cher Alain Cavalier,

« Allô, un cœur qui bat sous une soutane*, c’est bien, je l’entends, je l’entends. Eh bien, non… eh bien non. Les grandes et les petites questions sur le cinématographe provoquent chez moi un ennui colossal. Quelquefois je suis obligé, parce que j’ai fait un film donc, je fais un petit effort mais avec vous… Amicalement, on est lié, je n’ai pas d’effort à faire et puis votre destin ne dépend pas de quelques banalités que je vous exprimerais sur le cinématographe. Bon, comment allez-vous ? Si vous êtes à Paris, vous m’appelez et on se voit, voilà. Je vous salue très bas. » Monsieur Alain Cavalier, je vous aime. Je vous aime de dire non, d’être impertinent, d’être drôle, d’être concentré sur votre travail, d’être un artisan du cinématographe avec humilité, avec génie. J’emploie les mots que vous n’aimez pas, les superlatifs que vous détestez, vous qui avez choisi l’ascèse. J’avais 20 ans. Je suis entré dans un cinéma et j’ai vu Un étrange voyage. Je me souviens que les personnages longeaient une voie de chemin de fer allant vers l’est, que la ville de Troyes était citée (traversée ?) et que ce nom de ville, c’était un peu chez moi dont on parle si peu ou si mal. Je me souviens des échanges entre Jean Rochefort et sa fille de cinéma, Camille de Casabianca, votre vraie fille dans la vie. Je suis sorti bouleversé, conquis mais je n’avais pas encore repéré votre nom. C’était un temps où je ne retenais pas le nom des réalisateurs. Ensuite, ce fut Libera me. Physiquement, j’ai eu du mal à sortir de la salle. Knock-out par tant de propositions, de tensions, d’inventivité. Cette fois votre nom a coulé dans mon oreille, depuis je n’ai manqué aucun rendez-vous. Je me suis aussi promené dans La Chamade, dans Le combat dans l’île, dans Le plein de super ou dans Martin et Léa. Comme vous le dites si bien, vous êtes un filmeur, vous faites film de tout, pour vous les notions de fiction et de documentaire sont juste de la matière à filmer, pas de hiérarchie, vous voyagez de l’une à l’autre au gré de vos envies, au gré de votre grande fantaisie. Grâce à vous, j’ai été ému comme jamais par le regard bleu de la matelassière qui ne veut pas vous dire le prix du matelas de laine qu’elle est en train de coudre, c’était dans cette série de 24 portraits de femmes, que je regarde encore avec émerveillement. Et aussi : « après les mains de la blanchisseuse, les mains du cinéaste. Le cinéma a aussi ses fers à repasser, la caméra et le magnétophone, le cinéaste ne les manipule pas, il lui fau-

drait quatre mains et deux têtes. Parfois il en rêve ». Cette conclusion de La repasseuse m’a étreint deux fois : lorsque j’ai découvert le film et lorsque les années 90 nous ont apporté ce que l’on appelait encore « les petites caméras ». Cette merveille de technologie est devenue votre outil d’écriture comme vous l’annonciez prophétiquement dans cette phrase de 1987. Cette caméra que vous portez toujours avec vous dans votre sac gris à longue bandoulière nous a donné La Rencontre, la plus gonflée des déclarations d’amour et bien d’autres magnifiques éclats de vie jusqu’à ce Paradis iconoclaste, un film fait de petits amusements, d’émerveillements, d’épiphanies. J’oubliais… Soir d’hiver dans une galerie éphémère de la rue des Récollets à Paris, la projection du film rare Ce répondeur ne prend pas de message. Hébété sur le trottoir, qu’est-ce-que je venais de voir ? J’étais ivre de sens, saoul de votre mise en danger, grisé par vos métaphores, estomaqué par votre capacité à jouer avec le cinématographe. Et puis… comment oublier Thérèse, ces toiles de fond colorées pour mieux dessiner vos comédiennes, la précision des gestes, la drôlerie de certains dialogues, les séquences merveilleuses entre Catherine Mouchet et Aurore Priéto ou Hélène Alexandridis, votre approche de la spiritualité, votre questionnement sur l’extase et le sacrifice. Et puis, et puis… Tout, je prends tout, je ne laisse rien de rien sur le côté et j’attends les prorencontre chaines étapes avec gourmandise. Je sais que vous n’aimez pas ça mais je vous le dis, votre parcours, vos films sont uniques, ils sont tous une déclaration d’amour à l’humanité, une ode à la liberté libre qui vous tient tant à cœur, une force pour chacun d’entre nous car vous dites toujours « encore ». Alors oui, vous m’impressionnez et je dois prendre un grand élan de courage pour oublier tout • Filmographie impressionnante depuis 1958. votre travail et aller boire un Pas d’intégrale à peu près tous les films sont à peu boc avec vous pour parler de près édités en DVD. la vie et de ses petits amuse• À venir  ments, simplement. - 6 portraits XL

R

© STEEVE LUNCKER

Vous m’avez dit non et ça m’a fait rire. Je vous ai proposé une rencontre pour le magazine Process, une invitation à raconter votre méthode, votre cuisine, votre atelier. Parler de la préparation, de l’immersion, des références, des carnets, des images. Essayer de mettre des mots sur ce processus mystérieux de la création.

- Deux documentaires à propos d’Alain Cavalier :

Cher Alain Cavalier, vous m’avez dit non et, bon Dieu, que j’ai aimé ça.

Alain Cavalier, sept chapitres cinq jours deux pièces-cuisine de Jean-Pierre Limosin (1995 – 55’), Frère Alain-EA5 de Vincent Dieutre (2017 – 66’). - Un court métrage de Alain Cavalier, trace d’une rencontre. www.lapelliculeensorcelee.org/cavalier/ cavalierAccueil.html

*J’ai réalisé Les ongles noirs, adaptation de la nouvelle d’Arthur Rimbaud Un cœur sous une soutane.

TEXTE jérôme descamps

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Extra-terrienne Extra-ordinaire

M

life on mars


Gladys Hulot est Hyrtis. Elle ne l’est pas comme Dr Jekyll est M. Hyde : elle l’est, en incarnation profonde, bienveillante, et créatrice. Port de tête, élégance, androgynie, Hyrtis évolue dans l’univers alternatif qu’elle éclaire, devant elle, d’un spectre rassurant, comme un barrage contre la « dictature de la normalité » du monde. Mais Hyrtis, elle l’est aussi grâce / par / à travers le lien qui l’unit à la muse. Muse fondamentale, muse ancestrale, Gladys Hulot n’a jamais quitté l’essence baudelairienne de la création artistique. « Je suis malheureuse sans muse. Je n’ai pas d’idéal, de projection, de reconnaissance. La muse me tire vers le haut. » me confie-t-elle. La discrétion de Gladys n’a d’égale que la fidélité à sa muse, grande incarnation de ses inspirations, pour des raisons qui, si elles échappent au commun des mortels, font sens au travail intime de cette artiste particulière. Peut-être est-elle une artiste en marge, mais uniquement dans celle qu’elle crée, qu’elle dessine, qu’elle porte, comme un costume. « Je ne suis pas en camouflage. Être bien dans son costume, c’est 60% du travail, comme le dit Fabrice Lucchini. » Consciente d’incarner quelque chose qui la transcende irrépressiblement, Gladys Hulot cherche en chacune de ses muses une réponse, un appui, en funambule entre la réalité et l’onirique. Elle est une artiste plurielle qui s’exprime malgré tout à la première personne du singulier.

Je t’ai entendu parler du « règne de Bowie ». En quoi une muse règne-t-elle ?

La muse devient, pendant un certain temps, empereur de mon esprit, de mon être, de ma vie. C’est tout un empire qui se construit, à son insu. Il s’agit, certes, d’une dépendance, mais je dépends de qui je veux. Tant que je choisis ma muse, je suis insoumise. Ce n’est donc pas un rapport fan/star : c’est bien plus complexe, plus profond. Et ton identification à la muse fait-elle partie du processus créateur ?

Je me nourris du personnage évoqué par la muse : ce qu’il est, son contexte de vie, son histoire. Pour Bowie, par exemple, je n’ai pas voulu m’identifier à lui mais plutôt incarner son époque, pour essayer de le comprendre, lui. Il ne s’agit pas de nostalgie, car je ne peux pas être nostalgique d’une époque que je n’ai pas connue. Mais j’ai voulu correspondre à son personnage en incarnant, quelques mois, une icône warholienne. Cette idée s’est imposée après un rêve où me sont apparus Bowie et Warhol. Tes rêves jouent-ils un rôle précis dans ce mécanisme ?

Ils sont à la base de tout. Mon pseudo, Hyrtis, est né dans un rêve. Il s’agit d’une part de mystère insondable et j’aime l’idée que ce nom n’appartient qu’à mon inconscient. Mes rêves me permettent une communication intime avec mes muses, et une libération de ma personne : ils m’ouvrent à l’incarnation pleine d’Hyrtis, sans genre, et avec des épaules suffisamment larges pour supporter le poids de la création. Tu as eu bon nombre de muses depuis l’enfance. Parfois vivantes – David Bowie à l’époque, ou Philippe Katerine, par exemple – et parfois mortes – comme Rimbaud ou Chopin : le rapport change-t-il ?

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TEXTE agathe cebe

portraits benoît pelletier

Je préfère quand mes muses sont vivantes. Il y a plus de chances d’interaction réelle. Même si cela suppose un revers de médaille, que cela puisse mal se passer…


Que cela se passe mal ?

Qu’il n’y ait pas de réciprocité. Et comme je ne suis pas une fan noyée dans la masse, ce genre de réaction génère beaucoup de frustration. Et cela peut être très destructeur pour moi. Je rêve d’une relation comme entre Gainsbourg et Bardot, ou DalÍ et Amanda Lear. Les muses dirigent-elles ton travail musical comme ton travail graphique ?

© GLADYS HULOT

Oui, tout est relié à la muse. Et la musique est venue, d’ailleurs, grâce à des muses. Avec Nicolas Sirkis et David Bowie, j’ai commencé à travailler la lame sonore comme un instrument rock. Ce n’est pas évident en solo ! Mais comme la solitude me plaît, je travaille mes arrangements toute seule, jusqu’à même composer toute seule pour mes instruments. J’ai su par des proches de Bowie que mon cover de « Life on Mars » a été vu et apprécié par lui, qu’il l’a partagé lui-même sur son site. C’était une reconnaissance étourdissante. Après, le thérémine est arrivé, avec Armen Ra, ma muse actuelle. C’est la seule muse à laquelle je ressemble sans intention particulière ! Il m’est apparu en rêve, après la mort de Bowie, comme un jumeau inespéré. C’était comme un passage de relais entre eux. Et ma création est passée d’une muse à l’autre avec une fluidité incroyable. Et comme ma démarche profonde a tout de suite

été comprise par lui, je me suis plongée toute entière dans son contexte de vie. Le thérémine en fait partie et me permet une interaction quotidienne avec lui. En amont de la muse, il y a donc un travail incroyable de nourriture culturelle…

Oui ! J’apprends tout, sur tout. Cela fait partie du processus créateur. Je dois maîtriser tout ce qui fait que ma muse est ce qu’elle est. Et je dois aussi tout maîtriser au sujet des supports auxquels je m’intéresse. Par exemple, en commençant ma dernière œuvre, le tarot, j’ai tout appris sur ces cartes. Tout. Comme c’est un projet énorme, j’ai exploré toutes les spécificités du tarot de Marseille, mais en le revisitant selon l’inspiration insufflée par ma muse : la présence androgyne d’Armen transcende chacune de mes cartes. Certains pensent qu’il s’agit d’une série d’autoportraits, pourtant, c’est bien Armen qui se décline, de carte en carte.

w w w. g l a dy s h u l o t. c o m @ g l a dys . h u lot

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quelques œuvres majeures : - son tarot, sur internet (Instagram : @gladys_hulot) en attendant son édition. - son clip cover « Life on Mars » ou sa composition « Cold Songe », sur sa chaîne YouTube (@gladyshulot), en attendant sa prochaine apparition en live.

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© GLADYS HULOT

Gladys Hulot se découvre à travers


jea n - philippe thomas

une sensibilité à fleur de bois

A

architecture

Des volumes qui laissent t respirer, des portes coulissantes en bois, une chararpente en acier surplombée ée par une verrière qui diffuse use une lumière du jour tamisée par des voiles blanches, une œuvre photographique de Georges Rousse : nous sommes dans l’atelier de Jean-Philippe Thomas. Un lieu lumineux, chaleureux, sobre, authentique où l’on aime à s’attarder et qui donne une idée assez précise de l’univers de l’architecte.


Cet atelier, c’est l’ancienne centrale électrique des usines Panhard-Citroën, située près du canal, que Jean-Philippe Thomas a réhabilitée en 2007 pour s’y installer avec son équipe d’architectes salariés et d’ingénieurs. « J’aime beaucoup la notion de trace, je crois en une architecture qui s’intègre à l’histoire et à l’environnement. On se doit de respecter le passé d’un bâtiment que l’on rénove, et de la même manière on doit s’adapter au contexte paysager pour une nouvelle construction. Se soucier de l’environnement et du développement durable, c’est prendre en compte la réversibilité des choses. Un logement doit pouvoir se transformer en bureau ou même en parking et redevenir logement. Un bâtiment doit avoir plusieurs vies sans qu’on ait à tout casser », explique-t-il. Des propos qui résonnent avec cette œuvre accrochée au mur : « Icône » de George Rousse, réalisée dans les halles du Boulingrin bien avant leur réhabilitation. « Georges Rousse est un artiste exceptionnel, qui éveilla en moi les rapports fabuleux entre un lieu en devenir ou en perdition, sa mémoire et le côté éphémère de l’œuvre. Le travail de Georges Rousse nous transcende et nous renvoie à des souvenirs, aux phénomènes de perceptions et autres anamorphoses. » Pour Jean-Philippe Thomas, un bâtiment ne se résume pas à une construction savante et esthétique, il n’oublie jamais qu’une fois les plâtres essuyés, des femmes et des hommes vont y circuler, travailler, respirer, se parler… Un lieu de vie n’est pas seulement un lieu, c’est avant tout la vie. « Je ne fais pas de l’architecture seulement pour l’objet à construire, ce qui compte c’est le bien-être des habitants. Le bâtiment doit être en harmonie avec la nature environnante et ses saisons, avec la lumière naturelle, proposer des volumes qui tissent des liens entre les gens tout en les protégeant. » Jean-Philippe Thomas est un amoureux de la culture scandinave et des paysages sylvestres. De ses nombreux séjours nordiques, il a rapporté l’amour du bois qu’il utilise dans la plupart de ses réalisations. Un matériau noble, sobre et écologique

qui insuffle naturellement un sentiment d’apaisement. « Le bois est un instrument ultra-moderne, sa grande plasticité, ses performances techniques remarquables et sa longévité toujours élégante permettent une grande précision dans la construction qui doit s’inscrire dans le temps », affirme-t-il. Une enfance ardennaise, des parents fonctionnaires et le souvenir des histoires racontées par son grand-père, mineur d’origine italienne qui a fui la misère entre les deux guerres pour extraire l’ardoise dans la vallée de la Meuse. Des racines profondes qui lui confèrent une fierté retenue et un attachement viscéral à la nature et aux matériaux bruts. L’éthique précède l’esthétique

S’il a pensé un temps être cuisinier, c’est la passion des trains électriques qui a sans doute fait naître sa vocation d’architecte. « Je construisais des gares en carton avec un maximum de détails, à partir de vrais plans récupérés auprès de cheminots. C’est ainsi, je crois, que j’ai pris conscience des volumes des bâtiments, des liens qu’ils ont avec l’extérieur. C’était un monde idéalisé dont j’étais le maître d’œuvre, mais j’étais encore loin d’imaginer que j’en ferais mon métier », lâche-t-il dans un sourire discret et pudique. Dans ses projets architecturaux, l’éthique précède toujours l’esthétique. Qu'il s'agisse d'un bâtiment à construire ou à rénover, le respect de l’empreinte historique et environnementale l’emportera toujours. Pour lui la modernité ne se niche pas dans une arrogante « tabula rasa », mais dans le choix cohérent et intégré au paysage des bons volumes, des bons matériaux et des technologies énergétiques de pointe. « Il faut maîtriser ce que l’on construit à chaque étape sans se faire piéger par la forme, qui doit être pratiquement la résultante d’une logique fonctionnelle, ce qui n’empêche évidemment pas de soigner l’esthétique. Je veux créer une archi-

_Siège Champagne Roederer

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_Restaurant Le Grand Cerf


_Maison individuelle - maison T

_Maison individuelle - maison T

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tecture sensible en lien avec l’extérieur et qui rende les habitants heureux. » Créée en 2000, l’agence compte maintenant sept collaborateurs pour répondre aux multiples marchés : bâtiments scolaires, publics, viticoles, logements collectifs ou pour particuliers, maisons de champagnes prestigieuses ou restaurants étoilés avec toujours la même signature : des volumes et des matériaux élégants et durables qui invitent à la sérénité et au bien-être. Et le recours systématique aux technologies de pointe pour limiter au maximum les déperditions énergétiques et tendre autant que possible vers des bâtiments à énergie passive ou positive. « On construit 80% de nos projet en bois, cette filière sèche est optimale d’un point de vue énergétique et permet des chantiers rapides et précis. Et puis le bois mobilise des métiers où il y a encore un savoir faire et le soucis du détail. » Diplômé de l’école d’architecture de Nancy en 1992, il reste en Lorraine quelques années comme intervenant dans cette même école et commence à travailler en free lance. À l’aube de ce siècle, la construction d’un centre de recherche pour l’entreprise Miko à Saint-Dizier le ramène en ChampagneArdenne où il fonde à Reims sa propre agence, AAT Architecture. De 2000 à 2007, il est élu au Conseil régional de l’Ordre des architectes et organise de 2005 à 2009 des voyages architecturaux pour le CREPA, dont il préside la formation continue. Enfin en 2011 il crée sa nouvelle société, « Jean-Philippe Thomas Architectes », qui assoit son style résolument ancré dans une logique de développement durable. Dans ses souvenirs, deux architectures particulièrement inspirantes pour son futur travail : le palais de la Bahia à Marrakech, occupé par Lyautey au début du 20e siècle, et le quartier Quayside à Newcastle, où il a étudié deux ans avant son diplôme. Le palais marocain pour son raffinement, ses multiples espaces baignés de lumière éclatante ou d’une pénombre rafraîchissante, mais caché pudiquement derrière un rempart peu ouvragé. « J’estime que la notion de façade n’est pas très importante. Je ne fais pas une architecture objet, jamais rien de volontairement ostensible. L’essentiel est toujours à l’intérieur, les lieux doivent être conçus pour le bien-être des usagers. La façade doit juste donner envie d’y entrer en s’intégrant au mieux dans le paysage. »

L’humain comme point focal de toute architecture

Pour le quartier Newcastle, c’est la compilation de « toutes les architectures possibles, des sites industriels réhabilités comme des constructions contemporaines avec ce pont piétonnier incroyable. Un lieu de vie et d’échanges perpétuels », se rappelle-t-il. C’est l’image de la ville telle qu’il l’imagine dans le futur. « Des cités appelées à s’étendre mais plutôt en hauteur, en se construisant sur elles-mêmes avec des matériaux à fortes plasticité et aux performances énergétiques optimales, comme le bois évidemment. » Son premier projet marquant a été un collège à Château-Thierry, élaboré avec un collectif d’architectes parisiens : « On a conçu une sorte d’origami très élégant avec une signature paysagère en bois et en zinc. Un bâtiment ouvert sur le panorama de la Vallée de la Marne, avec des lieux à vivre et à étudier très délicats. » Une élégance et une délicatesse contenues dans la sobriété et l’efficience, des concepts qui président toujours aux projets de l’architecte, que ce soient des bâtiments pour un large public ou pour des particuliers. « J’ai besoin de me projeter dans le lieu que je dessine, imaginer concrètement comment je pourrais y vivre. Pour des habitations privées, il faut bien sûr être en empathie avec le client mais le principe reste le même : l’humain et surtout son bien-être, pour ne pas dire son bonheur, doit absolument être l’élément central, tout doit s’articuler autour des habitants », affirme Jean-Philippe Thomas. Des principes éthiques qu’il a développés avec la philosophe Anne Deschamps, une collaboration de quelques années qui a été déterminante et qui a structuré sa pensée. Anne Deschamp, est une philosophe de terrain, une facilitatrice comme elle aime se qualifier. Professeure dans les Ardennes, créatrice du premier caféphilo rural, elle prône l'action comme moteur de la joie de vivre . « Je cultive la bienveillance grâce à un questionnement créatif qui permet de partager les différences sur une terre commune à tous », explique-t-elle. À partir de 2012, l’architecte et la philosophe réfléchissent devant la table à dessiner comme sur le terrain pour élaborer des atmosphères nourrie d’émotions, de beau et de bienêtre. Un éclairage philosophique et éthique qui a permis à Jean-Philippe Thomas de cerner précisément l’enjeu humaniste de projets dont l’essence même est le « mieux vivre » de l’habitant, qui demeure le point focal ultime de l’architecture.

w w w. j e a n p h i l i p p e -t h o m a s . c o m

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1_Restaurant Le Grand Cerf 2, 3_Secteur tertiaire : bureaux construction bois 4_Collège Luis Ortiz à Saint-Dizier 5_Maison individuelle - maison T 6_Groupe scolaire de Condé-sur-Marne

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TEXTE jules février

photographies benoît pelletier 6_


Siyuline / Nathalie Vleeschouwer / Exquisite.j / Dragon / Catherine André / Moyuru / Clivia Nobili

12,rue de l'université - 07 86 99 44 03


Architecte de formation, cette jeune illustratrice de 24 ans rencontre un joli succès avec ses dessins d’architecture, d’une redoutable efficacité graphique et picturale.

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dESSIN

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h é l è n e lac ombe

trait pour trait

« Ce qui m’intéresse est de donner corps à la matérialité des façades, de révéler tous les détails, souvent invisibles, des édifices pour faire ressortir différemment les structures des bâtiments ». Ainsi Hélène Lacombe évoque-t-elle son travail, tout d’épure et de délicatesse. De la cathédrale de Reims à la Cité radieuse, cette jeune artiste déploie ses architectures, avec un art consommé du détail. Loin de toutes les modes, on pourrait croire, au premier regard, à des dessins 100% techniques, tendance plans d’élévations d’architecte. Et pourtant,

une poésie particulière se dégage de ses œuvres réalisées à main levée. Les façades sont toujours exécutées selon un angle de perspective singulier qui accentue la monumentalité des bâtiments. La précision du trait et la saisie de chaque détail témoignent d’une minutie extrême. « Mes dessins me représentent moi, dit-elle. Je suis ultra-perfectionniste, exigeante mais aussi très rêveuse. » C’est un travail qui nécessite également beaucoup de patience : « de huit heures à quinze heures pour un dessin » précise Hélène. •••


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Génération Instagram

Issue d’une famille d’architectes, Hélène Lacombe a attrapé très tôt le virus de l’architecture. « D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours dessiné et voulu être architecte. Après une année d’arts appliqués à Reims, je me suis donc inscrite à l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Paris-Malaquais où je termine actuellement mon master. En 2015, je suis partie faire un master en design de produit à l’Aalto School of Arts d’Helsinki. C’est lors de ce séjour en Finlande que j’ai repris le dessin de manière intensive et démarré une activité d’illustratrice. » Presque par hasard pourrait-on dire. Ses premiers dessins à peine postés sur Instagram, les commandes affluent. Hélène Lacombe se met à produire à tour de bras des illustrations de bâtiments du monde entier, toujours réalisées selon la même technique : « J’utilise des feutres Posca pour leur couleur intense, rehaussés d’un fin stylo blanc pour affiner les détails et travailler les ombres ». Avec plus de 20 000 abonnés sur son compte Instagram, elle bénéficie aujourd’hui d’une certaine visibilité. « Instagram est à la fois une galerie virtuelle pour présenter mes œuvres et un formidable outil relationnel ».

Sollicitée par des agences d’architecture pour réaliser des dessins pour les concours, elle est aussi demandée pour dessiner sur des vitrines parisiennes ou illustrer un guide touristique à Bordeaux. Entre autres. Une reconnaissance qui lui permet désormais de choisir en toute liberté les édifices qui l’inspirent. « Ma technique a évolué, mon style aussi, j’avais envie d’aller vers des architectures plus contemporaines comme celle de Beaubourg, mon bâtiment préféré à Paris ». Si elle est fan des architectes Richard Rogers et Renzo Piano, Hélène Lacombe aime aussi les peintures de Hockney, Hopper ou encore de Monet, tout en suivant le travail des illustrateurs de sa génération. Mais son inspiration, elle la puise avant tout dans ses déambulations et ses nombreux voyages. Représentée, à partir de janvier, par Sergeant Paper, un art store spécialisé dans les éditions limitées d’artistes, Hélène rêve d’ouvrir sa propre agence d’architecture dans deux ou trois ans et de poursuivre son travail d’illustration, avec déjà en tête, un nouveau projet autour d’étonnantes églises aux lignes futuristes en Islande. À suivre…

w w w. at e l i e r h e l e n e l a c o m b e . c o m @helenelacombe

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TEXTE anne de la giraudière


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© DR

l ' hist o ire

« Walk it back » de The National


L’élégance. Le qualificatif revient souvent dans la presse you can study too, and that’s how things will sort out. We’re lorsqu’il est question de The National, un groupe américain history’s actors, and you, all of you, will be left to just study dont l’audience n’a jamais réussi à toucher le grand public en what we do ». France. Chez les puristes d’un rock de grande classe - dans le sillage de REM et du mythique Michael Stipe s’il faut trouEt donc en français : ver quelques filiations -, The National est une référence, sinon LA référence. La voix de baryton de Matt Berninger donne « Les gens comme vous vivent encore dans ce que nous appesa coloration chaude à toutes les compositions de The Natiolons une communauté fondée sur la réalité. Vous croyez que nal, un groupe composé de deux doublettes de frères (Aaron des solutions émergent de votre étude judicieuse de la réalité et Bryce Dessner aux guitares, Bryan et Scott Devendorf à la perceptible. Ce n'est plus comme ça que le monde fonctionne _Nouvel album Sleep well beast rythmique). Assez confidentiel en France, mais lié à quelques en réalité. Nous sommes un empire à présent, et lorsque nous valeurs sûres comme Sufjan Stevens ou My Brightest Diamond, dont ils ont été agissons, nous créons notre propre réalité. Et pendant que vous étudierez cette des collaborateurs occasionnels (et réciproquement), le groupe de Brooklyn s’est réalité - judicieusement, comme vous le ferez - nous agirons à nouveau, créant fait remarquer en s’engageant, aux côtés de Barack Obama, lors de sa première d'autres réalités nouvelles, que vous pourrez étudier aussi, et c'est ainsi que les campagne présidentielle (2008). Leur titre Fake Empire à la rythmique imparable rôles se répartiront. Nous sommes les acteurs de l'histoire, et vous, vous tous, sera même utilisé pour plusieurs clips de campagnes de celui qui deviendra le réduits à étudier de ce que nous faisons ». premier président noir américain. Karl Rove s’est toujours défendu d’avoir dit cela devant le journaliste du New En septembre dernier, The National a sorti son nouvel album, Sleep well beast, York Times Ron Suskind, mais la citation fait peu de doute. On trouve dans cette lequel recèle un titre étrange. Walk it back, - littéralement « Marche arrière » -, déclaration tout le cynisme et le mépris de classe dont l’administration Trump intègre un texte lu par une voix féminine – celle de la compagne de Matt Berninn’est pas non plus avare. Evoquant la « réalité », elle fait écho aux arrangements ger. Cette courte insertion est tirée d’un article du New-York Times Magazine de du nouveau président des Etats-Unis par son invention des « alternative facts ». 2004. Dans un dossier consacré à l’administration Bush et à ses « faucons » impéL’histoire pourrait s’arrêter là, mais un reporter de l’hebdomadaire Newsweek rialistes, au moment de leur toute-puissance post-11 septembre, une déclaration a voulu donner à écouter ce titre, Walk it back, à ce fameux Karl Rove, lequel était attribuée à un conseiller de George Bush, Karl Rove. Comme un écho au commenta : « ça commence comme un morceau d’Euro Tech Pop puis chemine Fake empire de l’album Boxer (2007). vers un air plus énergique, plus facile à danser. Mais à mon avis, ça ne fera pas le Top 40 ! » Plutôt remuant, mais toujours élégant, Walk it back est un titre à part « People like you are still living in what we call the reality-based community. You dans cet album qui demeure dans la droite ligne de ce que The National sait faire believe that solutions emerge from your judicious study of discernible reality. de mieux : une musique racée, à l’écart des modes, portée par une rythmique That’s not the way the world really works anymore. We’re an empire now, and impeccable et la voix, chaude et profonde, de son chanteur, Matt Berninger. Sleep when we act, we create our own reality. And while you are studying that reality well beast est l’un des « must have » de cet automne 2017. Pas si loin que cela de — judiciously, as you will — we’ll act again, creating other new realities, which ses albums référence, Boxer et Alligator.

a m e r i c a n m a r y. c o m

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musique

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TEXTE cyrille planson


© myona rimaldi guichaoua

Jean-Philippe Vidal s’apprête à lancer l’Eau de Reims, troisième eau de parfum d’une gamme dédiée à sa ville d’adoption. Créateur de la marque Reims Parfums, son parcours d’entrepreneur est atypique. Ni diplômé d’une école de commerce, ARTISTE NEZ ni spécifiquement motivé par le seul business, Jean-Philippe Vidal est aussi…comédien et metteur en scène. un homme de théâtre actif qui joue partout en france avec les plus grands metteurs en scène et qui gère ses activités avec beaucoup de nez.

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Notes de tête et notes de

Formé au cours Simon puis à l’école du Théâtre National de Chaillot, Jean-Philippe connaît une double carrière sur les planches. Acteur et metteur en scène, il s’approprie aussi bien les œuvres de Feydeau ou de Tchekhov que du dramaturge norvégien Arne Lygre. Il fait connaissance avec la Cité des Sacres en 1992 lorsque, répondant à l’invitation de Christian Schiaretti, Jean-Philippe intègre la troupe d’acteurs permanents de La Comédie, centre dramatique national. « Quitter Paris pour la province quand on est acteur, c’est plutôt à contre-courant. Mais Reims s’est imposée à moi. Je me suis senti bien dans cette ville, accueilli. » Ni expert en parfum, ni chef d’entreprise dans l’âme, il lance en 2016 l’Eau Gothique et l’Eau des Sacres, composées d’essences nobles. L’Eau de Reims, aux notes légèrement plus féminines, sera quant à elle disponible début 2018. Un projet comme un défi personnel : « Je suis dans une expression artistique, pas dans une démarche commerciale. Mon métier d’acteur me fait vivre. J’avais besoin de jouer ma vie ailleurs que sur scène, en permanence exposé. Je ne voulais plus dépendre uniquement du désir d’un metteur en scène ».

B

Créer des parfums pour raconter une histoire. Celle d’une ville, de son élégance, de son patrimoine Art déco et de son vécu marqué par le sacre des rois. Monter sa troupe

« J’étais seul au démarrage de mon projet puis je me suis entouré, comme un metteur en scène travaille avec un costumier ou un scénographe. Mon expérience avec la compagnie Sentinelle 02-05 que j’ai créée en 2005 m’a beaucoup servi. » Dans cet univers confidentiel qu’est la parfumerie de niche, Jean-Philippe rencontre Bertrand Duchaufour, « nez » depuis 20 ans, notamment pour l’Artisan Parfumeur. « Mon histoire lui a plu et il accepté de m’accompagner. Je lui ai envoyé des photos, des textes. Il est venu ici respirer les fleurs de vignes. Nous avons aussi travaillé autour de l’odeur âcre de la craie et de l’aspect poudré du biscuit rose. » Jean-Philippe vend son appartement pour financer son projet et choisit les Hommes comme on distribue les rôles. Annabelle Brun crée l’univers graphique de la marque Reims Parfums. « J’aime sa sensibilité, le regard esthétique qu’elle porte sur les choses. Idem avec le photographe Benoît Pelletier. Je ne l’ai pas choisi par hasard, nous avions

travaillé ensemble sur un spectacle. D’autres intervenants sont précieux dans ce projet : Jean Perrin, ancien directeur des services culturels de la ville de Reims, qui me donne accès à son réseau, et Luc Soussigne pour l’aspect financier. » En coulisse

Acquérir le vocabulaire, découvrir le packaging, dénicher les fournisseurs de flacons, renoncer au capot en zamac parce que trop lourd, résoudre un problème de concentration de parfum et en changer la formule… Rien n’est simple dans cette aventure qu’il vit en autodidacte. « Chaque référence est produite en 1 000 exemplaires. C’est un peu dangereux, je prends des risques mais c’est comme ça que je vis. » L’artiste-artisan construit pas à pas son réseau de distribution : des points de vente sélectionnés pour leur univers et leur clientèle, à Reims, Paris, Las Vegas, bientôt Naples et les villes jumelées avec Reims. « Pour entrer en Iran, pays féru de parfums français, je devrai sans doute passer par un agent commercial. Ce sera une nouvelle étape pour le développement de ma marque à l’international. Je me donne quatre à cinq ans pour atteindre l’équilibre financier. ».

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retrouvez nos points de vente à reims • MUST Institut 15 rue du Cadran Saint Pierre 51100 REIMS • #25 28 cours Langlet 51100 REIMS • HG 4 Rue de Tambour 51100 REIMS • Office de Tourisme de l'Agglomération de Reims 6 rue Rockfeller 51100 REIMS • Boutique Reims Cathédrale 5 Place du Cardinal Luçon 51100 REIMS • Intemporel 11 rue Condorcet 51100 REIMS

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TEXTE peggy léoty

Et aussi à Paris au Coq Comptoir et chez Moloko ainsi que… à Las Vegas (Carredas).



S’il devait être un objet, Antony Villéger serait une coupe de champagne pour être au cœur de la fête et des discussions. Ou une pierre sur un sentier de montagne, pour regarder passer les gens et imaginer leur vie. À la question « Tu voulais faire quoi comme métier quand tu étais petit ? », il répond sans hésiter : « Tous ! ». Pas étonnant, « Anto » déborde d’idées. Dirigeant d’une entreprise spécialisée dans la communication, il a fait de l’objet son sujet. Cormontreuil / Saint-Etienne / New York

T’as pas un gimmick mec ?

Bassiste dans un groupe de punk fondé quand il avait 13 ans, Antony grandit aux côtés de Mathieu Ladevèze, qui deviendra le chanteur et compositeur Barcella, et de Pierre-Alexandre Busson connu aujourd’hui sous le pseudonyme de Yuksek. « On avait réclamé un skatepark au maire et on l’a eu ! » Quelques années après, il fait le choix d’intégrer l’école de commerce de Saint-Etienne car on y dispense des cours de théâtre d’improvisation. Antony créé sa première entreprise en 2003, à Paris. « Cette boîte était un catalyseur de talents au service du développement de sites Internet. J’allais chercher des compétences jusqu’au Brésil ou au Japon et je dirigeais les projets. » Puis, c’est à New York qu’il fait ses armes dans le marketing, en tant que free-lance pour Chanel notamment. « Là-bas, j’ai pris ma première gifle artistique au MET, devant « White Flag » du peintre Jasper Johns. » Des dizaines de musées plus tard, c’est le retour aux sources. Antony rejoint en 2007 l’entreprise familiale implantée à Cormontreuil.

« Je suis le genre de gars à qui on offre à chaque Noël un livre sur le design ou les logos ! » Antony admet avoir un rapport « organique » à l’objet et au graphisme. Des goodies comme une publicité en trois dimensions, que les gens emportent chez eux, au travail, à l’école, dans leur voiture, leur permettant de toucher, interagir et vivre une expérience avec les marques, comme aucune autre technique marketing. Parmi les belles références de l’entreprise, l’accompagnement du groupe Supplay, de Fedex, de Shell ou le pochon à champagne en néoprène, breveté et fabriqué à un million d’exemplaires pour la maison Lanson. « Ce pochon a été distribué lors des Jeux Olympiques de Londres en 2012 et à Wimbledon ! » En 2015, Samm Trading a également créé la marque « Développé avec [Cœur] à Reims » car même un objet fabriqué à l’autre bout du monde est conçu ou finalisé ici par des équipes, avec une logistique, du packaging locaux et, dès que possible, le recours à des établissements d’aide par le travail. « On a infusé en dix ans 150 000  € dans des actions locales de mécénat, essentiellement dans le domaine artistique et culturel. Les artistes ont cette incroyable faculté de créer des choses inédites et singulières à chaque nouvelle œuvre. C‘est très inspirant. » Courant après l’éternel concept, Antony continue à chercher l’inspiration dans ses voyages et à travers l’art. « Le plus grand créateur ? Thomas Edison, le pionnier de l’électricité. Il a inventé la première ampoule électrique, le phonographe, et a déposé des centaines de brevets ! Pas parce qu’Edison était un génie, mais simplement parce qu’il était curieux ! Sois curieux, c’est le meilleur conseil qu’on puisse donner à un enfant. »

Le commerce de Stephan, Antony, Michel et Maryse

« Mes parents ont démarré leur affaire en 1989, chez nous dans la véranda. Mon père commercialisait des fins de série et ma mère des bijoux. Avec mon frère Stephan, on aidait pendant les week-ends. Je faisais des invitations pour les ventes et je les distribuais dans les boîtes aux lettres du quartier. C’était déjà du marketing ! ». L’entreprise Samm Trading était née ; Samm étant l’acronyme des prénoms de la famille. « Nous sommes progressivement passés d’une entreprise qui vendait des objets, puis distribuait des objets publicitaires, à une agence de conseil en communication par l’objet. » Sélection de fournisseurs, création du showroom,… Depuis dix ans Antony amène sa créativité, travaille sur des concepts, des cahiers de tendances, élabore des stratégies de communication pour les clients. « On ne bosse pas avec des catalogues d’objets, on construit des offres sur-mesure. » Aujourd’hui, il est directeur général adjoint, fonction qu’il partage avec son frère, de la 27e plus grande entreprise française sur le marché des cadeaux d’affaires et promotionnels, réalisant un chiffre d’affaires qui a augmenté de 60 % depuis 2013. S’appuyant sur un portefeuille de 760 marques, Samm Trading vend plus de deux millions d’objets chaque année, avec pour terrain de jeu l’Europe. La part de clients appartenant au CAC 40 ou cotés au SBF 250 est en constante hausse (+ 265 % depuis 2014).

1989 L'histoire commence dans la véranda familiale 1994 18m2 de bureau / 2 salariés / 1ère marque gérée 1998 52m2 de bureau / 2 collaborateurs / 1 apprenti 2001 1er million d’euros de C.A. 2002 128m2 de bureau / 3 salariés 2008 204m2 de bureau / 4 salariés 2017 500m2 de bureau, 300m2 de Show-Room, 2000m2 de stockage / 11 salariés / 762 marques gérées / CA 2017 aux alentours de 4 M

w w w. s a m m t r a d i n g . f r

a n t o n y vill é ger

B

business

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ANTO-LOGIE

TEXTE Peggy Léoty    PHOTOGRAPHIEs benoît pelletier


_L'île des lotophages © Hélène Builly.


Hélène Builly est aussi Lue Bleylhine, parce qu’elle a pleine conscience que l’un peut aussi être l’autre. A travers ses collages et illustrations, Hélène Builly engage le dialogue avec le monde communément représenté, et l’engage à sortir de ses gonds, pour montrer d’autres faces, alternatives, cohérentes, plausibles, fantasques. Mouvements, couleurs, sujets se font échos dans des constructions travaillées, pyramides d’interprétations ouvertes et contemplatives, ombrées de hasard et d’imprévu. En s’évadant de sa zone de confort, l’œil, amadoué, se dit que pourquoi pas, après tout, c’est possible aussi.

I

Colle-Feuille-Ciseaux

illustration

U n ivers é l é me n taires

Mais qu'est-ce donc qu'un " illustarteur de confiance " ?

Il s’agit probablement d'un boulanger trapéziste… Vous faites la part belle au collage: que vous apporte cette technique artistique ? Évolue-t-elle vers d'autres techniques ?

Le collage, c’est passionnant ! La technique n’a que peu d’intérêt : c’est avant tout une irrésistible envie de changer l'ordre des choses puis une façon de comprendre le théâtre de la

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TEXTE agathe cebe

vie. Il existe un jeu qui lui ressemble un peu et qui consiste à tenter d’oublier la fonction d’un objet pour lui en imaginer une autre. Une image porte déjà en elle toute une histoire, la faire vivre dans un nouveau contexte lui confère bien sûr de nouvelles choses à dire mais l’inconscient ne s’affranchit pas totalement de ce qu’elle racontait auparavant : on entre alors dans le détournement pour faire naître des solutions imaginaires. Le hasard est une source de création formidable dans le collage, il rappelle


_Cahiers © Hélène Builly.

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_Voxpopuli © Hélène Builly.


_Mars © Hélène Builly.


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_MMXIV © Hélène Builly.


combien il est important de ne pas avoir une idée fixe mais un vecteur, car si le collage est un exercice contraignant, cette contrainte s’allège au moment où l’élément découpé et posé dans un nouveau contexte reprend le contrôle de lui-même. C’est un peu comme un auteur qui déciderait du personnage principal de son livre et qui, au cours de l’écriture, s’apercevrait qu’il n’était qu’un prétexte pour faire naître le véritable héros. Il se prépare, se trame toujours un évènement qui nous échappe, c’est l’histoire du Golem. Mon approche artistique du collage peut être assimilée à cette citation de Paul Valéry : « Je n’aime rien tant que ce qui va se produire ».

Lorsque l'on vous commande une illustration, comment s'organise votre création autour d'un propos imposé ?

Le client peut avoir une idée extrêmement précise du message qu’il souhaite faire passer mais l’image finale, personne ne la connaît. Et si le client la connaît, c’est qu’il veut échapper au processus de création. Je travaille avec l’imprévu. Lorsque vous créez pour vos projets personnels, quelles sont vos inspirations profondes ?

J’aime les mots, les visages et leur spectacle et je suis fascinée par les choses que je n’aime pas. Je m’inspire aussi de mes souvenirs, qui imprègnent ma création. Par exemple, la première fois, avec l’art, c’était en Aveyron. Pas loin, il y avait une boutique d’antiquités et un atelier obscur

où je me souviens avoir fabriqué un masque à trois yeux, rouge et violet, en papier mâché. Puis, de huit à neuf ans, je suis sous l’eau car on y trouve des yeux de Sainte Lucie et sur les toits du quartier je regarde le ciel infuser la mer. J’habite en Corse, il neige pour la première fois depuis dix ans et ma voisine sculpte dans son jardin une sirène de glace. Aussi, plus tard, après un bac littéraire, je passe quatre ans dans une école de graphisme à me promener dans la rue. Par terre, dans les poubelles, il y a des livres, des photos, des cahiers, un tas de papiers à décoller et sur lesquels écrire, à déchirer, à recoller ; une petite cuiller en vermeil. Je rencontre le photomontage avec Archigram, John Heartfield, Marien, Yokoo Tadanori… Et je dois beaucoup à Madame Douarre, mon professeur d’Arts Plastiques qui un jour m’a montré le travail de Robert Rauschenberg..

w w w . h e l e n e b u i l ly. c o m h é l è n e b u i l ly e s t r e p r é s e n t é e pa r c o s t u m e 3 p i e c e s . c o m

_MMXV © Hélène Builly. _LBO voeux © Hélène Builly.

_Vroufff © Hélène Builly.

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SoHome 18

IMMOBILIER

Parvis de la Cathédrale l www.sohome18.com l 03.52.82.97.42 TRANSACTION - LOCATION - GESTION - PROGRAMMES NEUFS


Black Bones Da n s u n e P o chette Su rprise Party

Black Bones, c’est une dream team soudée, composée de 5 musiciens joueurs de baseball : Paula, Frederico, Jose, Mariano, menée par LE COACH. Ils embarquent leur public dans un monde parallèle mirobolant, une sorte de pochette-surprise sans fond qui n’a de cesse de nous surprendre, tant musicalement que visuellement. Sombrero et batte de baseball, pom-pom girl et piment rouge, Range Rover et guitare folk, le tout sous lumière noire. L’album Kili kili est à l’image de leur performance scénique, gorgé d’imprévus savamment maîtrisés par Anthonin, le curieux et génial chef d’orchestre du groupe…. Pas évident de se renouveler sans arrêt, c’est pourtant un challenge réussi pour le moment, et ça ne fait que commencer. Kili Kili a été créé comme un best of, les tubes s’enchaînent, les styles aussi, c’est un joli feu d’artifice comme on les aime. C’est devant un jus de tomate accompagné d’une bouteille de tabasco (et non pas un verre de tequila) que nous avons bavardé autour de la potion magique Black Bones avec Coach Ternant.

M

musique

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Tu as un parcours un peu atypique, tu n'as pas suivi le chemin du musicien clas-

Le groupe Black Bones a l’air hyper soudé, ça se ressent sur scène et le plaisir est

sique dit « classique ».

communicatif, comment as-tu monté l'« équipe » au départ ? Qui se cache sous les

Je crois d'ailleurs savoir que tu as fait l'ESAD ( l'école supérieure d'art et design

sombreros ?

de Reims). Quand je vois l’importance des visuels aussi présents que la musique

Oui, mais je ne crois pas que ce soit d’avoir fait l’ESAD qui m’ait donné l'envie de faire de la scénographie. J’ai toujours plus ou moins dessiné et c’est la branche que j’ai choisie pour mes études ; plutôt par défaut que par réelle envie d’en faire un métier. La musique à cette époque était déjà plus importante… Mon intérêt pour le dessin a ressurgi au début de mon projet The Wolf Under The Moon. Faire des décors, penser des chorégraphies, cela me permet de me détacher de la musique et d’avoir du recul.

Au départ je voulais juste monter un groupe dans lequel je puisse jouer les morceaux que je voulais avec la scénographie que je voulais. C’était très en réaction à Bewitched qui avait été monté sous forme de collectif et où il fallait que les idées soient validées par tout le monde. Dans Black Bones il y a Paula aux percussions et chant (elle a le pouvoir de tenir sa batte en lévitation). Frederico au clavier, à la basse et au chant : sa technique de batte est inspirée des arts martiaux. José est aussi au clavier, à la basse et au chant : sa technique de batte est inspirée de l’escrime. Enfin, Mariano aka le Hulk Mexicain à la batterie, connu pour sa force et ses sautes d’humeur.

À quel moment as-tu eu envie de faire de la musique ?

L’imagerie de Black Bones c’est tapas, sport et tête de mort. Il sort d’où ce joyeux

C’est bizarre parce que la musique n’a pas été un truc qui allait de soi. Enfant, mon rapport à la musique était les cours au collège, avec le cauchemar du passage à la flûte à bec devant la classe, et mon père qui jouait « Jeux Interdits » à la guitare classique ! Jouer d’un instrument était pour moi rebutant. Et puis à la fin du collège mes copains avec qui je skatais se sont mis à la guitare. Alors pour rester dans la bande, je m’y suis mis aussi… On a monté un groupe alors que je n’écoutais pas de musique et que je n’étais jamais allé à un concert. Un jour, en allant voir le film Albert Souffre avec le groupe, on a découvert les Pixies. J’avais une cassette qui compilait leurs morceaux et j’avais l’impression de déjà connaître sans avoir jamais entendu. Ça a été le choc. Je n’existerais pas sans les Pixies. Puis, après une douzaine de groupes et une quinzaine d’années, j’ai joué dans The Bewitched Hands qui a été une grande aventure pour moi… et il y a trois ans, suite à la fin des Bewitched, j’ai monté Black Bones et Angel. The Wolf Under The Moon existait déjà depuis quelques années dans une forme moins développée qu’aujourd’hui.

mélange ?

dans tes multiples projets dont Black Bones, je trouve ça plutôt cohérent, non ?

Je suis assez curieuse de connaitre tes références, ce qui t'as marqué en musique parce que dans Black Bones on retrouve plein de choses sans vraiment savoir d’où ça sort, ce qui est plutôt bon signe.

Mes premiers souvenirs musicaux sont les tubes des années 80, particulièrement Gotainer mais aussi Lio, The Korgis, Tarzan Boy, The Stranglers… Suite à ma découverte des Pixies, j’ai écouté énormément de rock indé US : Sebadoh, Pavement, Dinosaur Jr, Ween… Puis avec le temps j’ai écouté de tout. Pour moi ma musique est clairement influencée par ces deux époques, les années 80 et l’indie US, j’essaie de m’en détacher mais ça me colle à la peau. Tu l’as construit comment cet album ? Il est cohérent et en même temps les morceaux sont très différents, on ne peut pas réellement lui donner une couleur tranchée.

À l’origine le répertoire de Black Bones est constitué de ce qui aurait dû être le troisième album des Bewitched. Il y avait la volonté de faire des morceaux festifs et dansants. Je voulais aussi composer des morceaux qui n’aient pas pour point de départ la guitare. Par exemple, le morceau KILI KIKI a été composé suite à une impro de 10mn en yaourt espagnol. La ligne de chant est un élément important, c’est je crois ce qui fait la signature de mes morceaux. Il y a eu une première version de l’album un peu trop pied au plancher, trop festive. Pour équilibrer on a ajouté Desert Eye et Next Day qui sont plus mélancoliques.

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TEXTE anne-sophie velly

Portrait benoît pelletier

Jusqu’à présent, pour tous les projets, l’idée de base est partie d’une blague. « Et si je sortais d’un château au début du concert ! », « Et si je jouais de la folk avec des ailes d’ange ! ». Pour Black Bones, il y avait une photo de presse à faire pour annoncer notre premier concert. Le groupe devait être en noir et moi en blanc. Frederico s’est fait prêter le teddy noir du photographe et en voyant la photo je me suis dit que ce serait classe si tout le groupe en portait un. Après ça a été une association d’idée : Teddy > Baseball > Gang > Mexique > Sombreros. J’aime le contraste entre nos morceaux pop et la batte qui renvoie au sport et à la violence. Dans tous tes projets le visuel est quasiment aussi important que la musique, et tu fais presque tout tout seul, mais pour l'album Kili Kili tu as décidé de laisser carte blanche à DDDXIE (graphiste Lillois), ça c'est fait comment ?

Il est important de dire que je ne fais pas tout tout seul. Je fais les choses quand on ne peut pas les faire à ma place et je demande de l’aide quand ça sort de mon domaine de compétence. Par exemple, pour le système lumineux des ailes dans Angel j’ai fait appel à Charles Durand et Mylène Farcy. J’ai connu Olivier Durteste aka DDDXIE lorsque j’ai sorti le vinyl de Wolf chez Alpage Records. Il travaillait pour eux comme graphiste. J’avais envie d’un autre regard que le mien sur la pochette. Ce que j’aime chez Olivier c’est que son travail est d’une certaine manière à l’opposé du mien : il travaille avec très peu de couleurs, il est très « clean », minimaliste. Il est aussi très fort sur l’organisation du texte et les typographies. Le projet Black Bones à plus ou moins court terme c'est quoi, c'est quand, c'est où ?

C’est un concert le 15 décembre au Petit Bain à Paris. Les dates de l’année 2018 vont arriver prochainement, le groupe signe chez le tourneur Caramba. L’occasion pour moi de remercier Rodolphe Rouchaussé, notre manager et du coup ex-tourneur de Black Bones qui a porté les projets avec son enthousiasme légendaire. Nous allons défendre KILI KILI au moins jusqu’aux festivals d’été. Parallèlement nous commençons l’enregistrement du deuxième album en février.

@ b l ac k b o n e s r e i m s s u r fac e b o o k


Après avoir émerveillé le public avec sa trilogie où danseurs et oiseaux partageaient la scène, Luc Petton présente un nouvel opus à l’Opéra de Reims. Cette fois-ci, le chorégraphe convie des loups, des chouettes et des vautours pour nous entraîner dans une « poétique de l’effroi ». Un voyage chorégraphique au cœur des ténèbres qui interroge les liens de l’homme avec la nature.

B

ballet

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BA L L E T / A I N SI L A NU I T

DANSE AVEC LES LOUPS (ENTRE AUTRES…)

Il a fallu des années à Luc Petton pour concevoir ces rencontres singulières et poétiques, entre danseurs et oiseaux. Formé auprès d'Alwin Nikolais à New York puis à l'école allemande Folkwang d'Essen, il revient au milieu des années 80 en France où il fonde une compagnie avec Marilen Iglesias­Breuker à Reims avant de créer la compagnie Le Guetteur en 1994 en Picardie. Mais il lui faut attendre le tournant de l'an 2000 pour s'atteler à ce qui lui tient vraiment à coeur : danser avec des oiseaux. Il renoue ainsi avec cette passion première de la nature et de l’ornithologie, acquise au fil de l'enfance, en Bretagne face à l'île d'Ouessant. « Les danseurs et les oiseaux ont beaucoup en commun : le vol, le rêve, un langage qui dépasse les frontières… » souligne le chorégraphe. Une ode à un vivre ensemble

TEXTE anne de la giraudière    PHOTOgraphies alain julien

En 2005 naît La Confidence des oiseaux qui réunit sur scène quatre danseurs et une trentaine de volatiles : pies, geais, corneilles… évoluant librement sur scène. Du jamais vu ! Avant Luc Petton, dans le milieu de la danse, personne n'avait osé prendre ce risque, ni affronter le travail que cela représente : trouver des oiseleurs qui acceptent de participer à l'aventure, élever les petits, les habituer à leurs partenaires humains, selon un long protocole d’imprégnation. La magie opère et la pièce connaît un succès phénoménal. Le chorégraphe offre quelques années plus tard un superbe hommage au Lac des Cygnes, avec Swan, puis se confronte à l’exotisme des grues de Mandchourie dans Lightbird. Un triptyque qui marque les esprits et fait de la chorégraphie une ode à un vivre ensemble où humains et espèces animales se respectent et s’enrichissent mutuellement. Car il

s'agit bien de cela : vivre ensemble. Une quête poétique que Luc Petton mène pour, dit il, « montrer qu’une relation est vraiment possible dès que l’on imagine que l’être humain n’est pas au centre de l’univers mais seulement un être parmi d’autres ». Vertiges de la nuit

Avec Ainsi la nuit, Luc Petton relève un nouveau défi en invitant sur scène deux loups, des chouettes lapones (un des plus grands oiseaux nocturnes) et des vautours. Autant d’animaux à forte empreinte imaginaire qui nous entraînent, du crépuscule à l’aube, dans les vertiges de la nuit. « Cette création, comme une poétique de l’effroi, traite de peurs premières, allant jusqu’aux frontières de l’inconcevable quand l’être humain, destitué de son statut de prédateur, n’est plus que proie » explique le chorégraphe. Pour ce spectacle, Luc Petton a réuni trois danseurs contemporains mais aussi deux circassiens, un contorsionniste et une trapéziste, issus du Centre National des Arts du Cirque. « Cela m’intéressait d’aller vers une autre corporalité que celle du danseur, de travailler un autre rapport à l’intégrité où le corps peut se démembrer, presque se décomposer, se « décarniser » en quelque

sorte. Dans l’écriture chorégraphique, je cherche à accentuer la sauvagerie du corps, intégrer l’anomalie, pour libérer la partie « ensauvagée » de l’humain. » Même si la chorégraphie est écrite, il y a toujours une grande part d'imprévu dans le spectacle. C’est ce qui rend chaque représentation unique et si vivante. « L'important, c’est ce qui se passe entre l’homme et l'animal, cet entre-deux mystérieux qui fait qu’un mouvement devient soudain de la danse dans un instant à la fois fragile et immortel » poursuit le chorégraphe. Pour arriver à tisser un tel lien, le travail est long, respectueux, attentif. Dès leur sortie de l’œuf, les chouettes et vautours ont été approchés par les interprètes qui sont venus chaque jour les nourrir, les habituer à leur présence, à leurs gestes, à toutes sortes de sons, bref les « imprégner » pendant des mois. Quant aux deux loups, Marcus et Mitchum, nés en octobre 2016, ils ont été élevés par le chorégraphe lui-même avant d’être mis en contact avec les danseurs pour apprendre à travailler ensemble. « Les animaux ne sont pas dressés, précise Luc Petton. Je veux qu’ils restent libres. Il s’agit d’une imprégnation réciproque des animaux par les humains et vice versa. L’objectif est que ni les uns ni les autres ne deviennent de simples faire valoir ». C’est cette relation unique, faite d’écoute et de complicité, qui fait la force de ses spectacles. « L’animal ne joue pas, il apparaît tel qu’il est. Il y a là une forme de vérité que je cherche à faire éclore. L’enjeu est de poser un autre regard sur la nature et de faire ressentir un autre rapport au monde ».

Ainsi la nuit à l'opéra le Jeudi 21 déc. à 20H et le vendredi 22 déc. à 20h30 w w w. o p e r a d e r e i m s . c o m


Le collectif assume toute l’année des missions qui lui sont confiées par Ludovic Lagarde le directeur de la Comédie. C’est Ludovic qui m’a d’abord proposé de m’associer au théâtre et ensuite de rassembler autour de moi une équipe d’acteurs que j’ai eu la chance de pouvoir sélectionner. C’est lui qui nous a proposé de quitter nos appartements et de mettre entre parenthèses nos vies à Lyon, Paris, Marseille, Montpellier, pour venir vivre à Reims. Chacun a dû quitter les compagnies avec lesquelles il travaillait afin de me rejoindre sur les créations qui nous attendent, un pari intime risqué mais aussi un laboratoire humain et artistique exaltant. Je connais tous les acteurs du collectif 17 depuis des années, Benjamin Dussud par exemple est mon plus vieil ami, cela fait quatorze ans qu’on fait du théâtre ensemble, on a commencé dans la compagnie amateur de notre village à la Verpillière et depuis on a fait des dizaines de projets qui ont fini par nous mener à Reims, vivre cette expérience permanente. On est huit artistes, comédiens, metteur en scène/auteur, plus une assistante à la mise en scène (Naïma Perlot-Lhuillier) et on vit à Reims, à la Comédie, pour faire du théâtre tous les jours. On développe une méthode de travail qui nous est propre, on a le temps d’expérimenter et c’est important aujourd’hui parce qu’en dehors de notre contexte on ne trouverait nulle part une telle liberté de création. Je me rends compte, et c’est évident

quand on y pense, qu’un des territoires de la liberté c’est le temps. Pendant la première étape de travail sur Les Bacchantes d’Euripide, nous nous sommes retrouvés face à six traductions différentes pour un même texte, seulement six parce que j’avais déjà fait une sélection avant le début des répétitions. Mon but était de construire un montage original, d’aiguiser la langue du spectacle et de la faire nôtre, nous en avons discuté ensemble afin que les acteurs s’intègrent pleinement au processus de création. J’ai parfois réécrit une scène, une chanson, retouché un mot parce que l’épreuve du plateau, et donc le jeu, révélait plus sa nécessité que celle d’un autre. C’est en cela que nous pouvons revendiquer la démarche d’un « collectif », car chacun participe, en temps réel, à l’élaboration du spectacle. Même si j’interviens en tant que metteur en scène, que je nourris mes projets parfois des années avant de rassembler l’équipe et que mon rôle est de prendre des risques en déployant des axes qui échapperaient au consensus, les spectacles que j’orchestre ne seraient pas ce qu’ils sont si je ne donnais pas l’occasion aux comédiens avec qui je travaille, mais aussi aux artistes techniciens qui gravitent autour du collectif 17, de dépasser ce que l’on attend habituellement d’un simple exécutant. Dans un mois, lorsque nous attaquerons les dernières semaines de préparation avant la première des Bacchantes en janvier, nous étudierons

un texte qu’aucune équipe au monde n’aura jamais vu, et c’est une richesse que de pouvoir faire entendre aux spectateurs une poésie unique. Cette richesse, c’est du temps, du temps donné à une équipe à qui il faut faire confiance… C’est un travail permanent. En dehors de nos temps de travail en huis-clos, nous tentons de nous familiariser avec notre nouvel environnement. Nous allons passer deux ans à Reims, c’est à la fois très long et très court. Il n’y a pas de quoi se projeter sur le long terme mais il faut tout de même trouver ses marques, développer des habitudes et créer de l’intimité avec ce qui devient peu à peu notre « chez nous ». En observant ce que chacun fait pour s’acclimater à une ville étrangère on s’interroge aussi sur les secteurs fondamentaux de la cohésion sociale au sein d’une cité. Presque tous les acteurs du collectif font du sport, ils ont des abonnements dans différentes salles où ils rencontrent un public qui ne connait pas nécessairement le théâtre, on oublie souvent qu’il est important de décloisonner nos systèmes de fréquentations.

collectif

Depuis le début de l’année on a pu visiter des lieux très variés qui nous ont davantage rapprochés de Reims en trois mois que de n’importe quelle autre ville où j’ai pu vivre sur de plus longues périodes : on a joué dans différentes écoles, devant les garçons de l’institut universitaire de technologie, qui ne comptaient qu’une seule


th é âtre e n ba n de o rga n isé e

le collectif 17 à reims Le jeune metteur en scène Ferdinand Barbet est à la tête du Collectif 17, un groupe de 7 comédiennes et comédiens formé à l’invitation de Ludovic Lagarde, directeur de la Comédie de Reims, pour vivre une vie de théâtre à temps plein. Une vie de troupe, 100 % théâtre, que nous raconte Ferdinand, depuis l’intérieur.

fille dans leur classe, ou devant les jeunes artistes plasticiens/graphistes de L’ESAD.

© DR

On boit des verres en ville avant de se rendre dans les maisons associatives comme Ex-Aequo. On passe aussi par des médiathèques où on peut croiser des étudiants qui révisent ou de jeunes pré-ados un peu perdus, que leurs parents ont laissé là, comme s’il s’agissait d’une garderie, parce qu’ils n’ont pas le temps de s’en occuper.

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théâtre

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TEXTE Ferdinand Barbet

À chaque fois on propose aux gens, avec qui on sympathise, de venir nous rendre visite à la Comédie, notre quartier général, pour voir nos spectacles ou pour discuter, c’est pas si simple mais on essaye de rassurer les gens sur la question de l’art. Je me rends compte que notre métier inspire parfois une certaine crainte ou alors du mépris selon les cas, je ne sais pas encore très bien comment casser ce phénomène, qui n’est sans doute pas autre chose que de la peur, mais je sens, qu’au moins, nous essayons, avec les moyens qui sont les nôtres, de donner une place à la poésie dans la ville, pour tous, démocratiquement. Éloïse s’est rendue à la journée du refus de la misère, elle y a rencontré des bénévoles qui recherchaient quelqu’un pour donner des cours de théâtre à des personnes qui n’y ont pas accès. Sa présence à Reims permettra peut-être d’ouvrir de nouvelles portes qui jusqu’ici demeuraient closes, car la « permanence d’un artiste » en un lieu, présente une vertu que je découvre : elle me donne l’occasion de

m’engager à l’intérieur d’une ville, que je pensais ne pas être la mienne. J’aime rappeler que nous sommes huit, parce que huit c’est le numéro atomique de l’oxygène, et c’est justement ça que devrait être un artiste dans une ville : une poche d’oxygène pour les asphyxiés, un souffle pour les écorchés et une douce bise pour les âmes complexes. Mais l’oxygène ça brûle, c’est comme un avertissement : « d’accord pour propager des feux intérieurs tout autour de toi, mais attention à ce que le feu ne te saute pas à la figure pour te lécher les joues… » Nous sommes cinq à vivre en collocation depuis le début de l’année, je peux vous assurer que cela rend le facteur humain particulièrement important. Quatre garçons et une fille, Lucile. On répète toute la journée et, le soir, tandis que les corps sont épuisés, il faut encore lutter pour que le vivre ensemble se fasse sans qu’on en vienne aux armes. Mon esprit préoccupé se balade et s’évertue à de grands écarts du type : Qui a mal appris son texte ? Qui pourrait ranger son assiette quand il a fini de manger ? Qui a eu un mauvais comportement dans le travail ? Qui pourrait passer un coup de balais de temps en temps ? Je découvre que c’est aussi cela une aventure de troupe. Trois comédiennes vivent seules dans leur appartement respectif, elles ont choisi d’aborder cette aventure en prenant un peu plus de distance.

Certes, ce n’est pas le même degré d’immersion, mais c’est aussi ce qui permet à l’ensemble du collectif de pouvoir respirer. D’ailleurs, ce sont elles, Camille et Éloïse, qui cumulent le plus d’activité en dehors des horaires de travail, elles ont pris en charge un grand nombre d’ateliers qui les mettent en contact avec les étudiants et les lycéens rémois. Le Collectif 17 proposera cette année le spectacle Lysistrata d’Aristophane, en tournée dans des lieux qui ne sont pas censés accueillir du théâtre, et le diptyque « Quelqu’un arrive et je ne me connais plus » composé des Bacchantes d’Euripide et de Narcisse que j’ai écrit. Louise, le huitième élément, que l’on commence à bien connaître à Reims, nous rejoint pendant ces créations à la Comédie. J’écrirai pour Myrtille Bordier et le spectacle Lève toi et Resplendis et accompagnerai les étudiants en cycle d’orientation professionnel de la classe de la Comédie à l’occasion d’un stage de formation pour les acteurs. En parallèle, nous mènerons des ateliers auprès des jeunes de la ville. Lucas et Salim-Éric me rejoindront avec Laurent Durupt pour la création de la pièce musicale Dronocracy. Le Collectif 17 est composé de Ferdinand Barbet, metteur en scène, et des comédiens et comédiennes Salim-Eric Abdeljalil, Louise Dupuis, Benjamin Dussud, Lucas Gentil, Éloïse Hallauer, Lucile Oza et Camille Souterin. Naïma Perlot-Lhuillier est assistante à la mise en scène.


FRagrances  &  délit de bien-être


Marie et Agathe sont deux filles à projets. Des projets en cours, des projets à venir, des projets réussis, des projets qui essayent. Elles se cherchaient chacune une partenaire particulière, pour avancer en autonomie et en confiance, chacune dans leur domaine. Elles se sont trouvées. Agathe, les cheveux, Marie, des pieds à la tête, et un seul credo, celui du bien-être, classieux et séduisant. Quand deux électrons libres se rencontrent et se trouvent des atomes crochus, c’est un big bang. C’est un peu ce qui s’est passé rue des Elus, ces derniers mois. Agathe voulait céder un peu d’espace pour recentrer son activité, Marie cherchait à s’installer dans les meilleures conditions possibles. Entre partenariat et indépendance préservée, le shop in shop Agathe – B.A.S.I.C. est né et savait déjà marcher. B.A.S.I.C. se définit à travers son nom. B.ohème… A.udacieux… S.ensoriel… I.ntemporel… C.onceptuel… Marie a tout pensé, afin que son concept store soit digne de ses attentes et du pari lancé. Parce que derrière, il y a plus que du challenge, il y a des convictions. Après plusieurs années d’expérience dans la parfumerie grande distribution, au sein du groupe LVMH, Marie a voulu centrer sa passion sur l’essentiel. La beauté, le bien-être, le parfum ne

peuvent être littéralement engloutis par le business. Mais au-delà, la consommation de masse annihile la qualité des produits que l’on pose, quotidiennement, sur notre peau. Marie rêvait de mieux. Marie a incarné cette mission qui était sienne. Une utopie ?

Une utopie, peut-être. Celle d’un retour aux bases, aux basics, aux sources, à Reims, horizon B.A.S.I.C., ligne de mire réussite. Et comme nous manquons cruellement d’utopie, celle de Marie séduit et tient bien debout. La boutique rompt avec certains standards nocifs de notre consommation actuelle : chez Marie, quelques produits – beauté, bien-être, parfum, déco, issus de quelques marques triées sur le volet. Pas de rayons interminables avec un embarras de choix anxiogène. Pour autant, la boutique ne perd pas de vue ce qui, malgré tout, fait le plaisir du consommateur : du packaging soigné et attrayant, des déclinaisons de parfums. Tout dans la cohérence. Marie sait ce qui est beau, sait le mettre en valeur. Marie sait ce qui est bon, sait le rendre séduisant aux clients. C’est le naturel qui engendre du naturel. Marques & senteurs

« Je ne travaille qu’avec des marques confidentielles. Des marques qui font le choix d’être choisies par des distributeurs aux univers singuliers, avec une philosophie de vente fraîche. »

a g at h e c o i f f u r e a g at h e p e t i t

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21 rue des élus

B

business

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TEXTE agathe cebe    PHOTOGRAPHIES benoît pelletier

confie Marie. B.A.S.I.C. doit montrer patte blanche pour proposer ce qu’elle veut proposer. House doctor, Juliette has a gun, Ombres portées, Maison Margiela, Bivouak, Etat Libre d’Orange, L:a Bruket, Maison Kerzon, Minois Paris, Meraki, Bonne Nouvelle, Une Nuit Nomade, Room 1015, Frédéric Malle. Ça sonne comme des titres de livres. Ça incarne autant de promesses. En effet, chaque nouveau produit de ces marques est surprenant. « Et derrière chacun d’eux, il y a un an de travail, il y a un nez qui a travaillé vraiment, il y a une imagination, une histoire. » Abandonnant le marketing pur, ces marques marginales privilégient la création créative. Et quand l’originalité rejoint l’éthique… De l’importance des choix

C’est en choisissant le bon que se crée un cercle vertueux. Le partenariat d’Agathe et Marie s’enroule dans une spirale positive de bienveillance et de choix créatifs tournés vers le bien. « Nous travaillons avec des personnes qui veulent aller bien, s’en donner les moyens. Agathe reçoit des clientes qui viennent pour des prothèses capillaires. Ce sont des femmes qui ont conscience des enjeux sanitaires de leurs choix. » Les deux jeunes femmes, main dans la main, deviennent donc ambassadrices, ensemble, d’un avenir façonné de simplicité et d’essentiel. Leurs créations – d’entreprises, de shop in shop, d’utopie – en portent les valeurs.


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Kyan Khojandi. PROFESSION

Faiseur de trucs plutôt marrants. ÂGE

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