Creative Process 15

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À c œ u r va i l l a n t

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césaré

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juliette mock

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2 2 / S e b a s t i ã o S a l g a d o

P

3 4 / t e d x 3 6 / b i s q u e e r s r o s e s 3 8 / m a t h i e u b o o g a e r t s

# 15 oct NOV 17

4 0 / p av i l l o n d u f u t u r 4 2 / s u n n y s i d e f e s t i va l 4 4 / r o c k t o f a k i e 4 6 / c a m i l l e m u t e l 4 8 / k e v i n m o r b y



magazine peel passe la seconde et devient

15 numéros. Nous arrivons à notre quinzième numéro. Autant de découvertes, de rencontres, de trouvailles. Et toujours ce plaisir de dénicher un créateur, un agitateur, un projet, une idée, pour vous en faire part. Soigneusement le mettre en valeur et lui donner la place qu’il mérite. Choisir ou créer chaque image. Trouver le mot juste. S’entourer des meilleurs rédacteurs, photographes, illustrateurs, têtes chercheuses. Souvent des personnalités qui pourraient faire eux-même l’objet d’un article. Ce sont eux qui font ce magazine et ils sont tous animés du même feu : vous dire « hey !, on a vu ça, on a trouvé ça cool, et on avait vraiment envie de vous le montrer… ». Et apparemment ils sont entendus car vous êtes à chaque numéro un peu plus nombreux à vous y intéresser. Les exemplaires partent à vitesse grand V, les retours sur les réseaux sociaux se multiplient, et de nouveaux points de diffusion proposent spontanément de délivrer le magazine. Sans parler de nos partenaires, (« supporters » serait sans doute un terme plus juste) qui nous accompagnent en dansant avec nous ce pas de deux qui rend la   ÉDITEUR / Dir. de publication  Benoît Pelletier    RÉALISATION / design / diffusion  www.belleripe.fr    direction artistique   Benoît Pelletier  assisté de amélie luca

relation intelligente et riche, tout en ringardisant définitivement le terme d‘« annonceur ». Alors autant vous dire, que cet intérêt (pour ne pas dire engouement parce qu’on est modeste et qu’on à le sens de la mesure) réchauffe notre petit cœur. Et nous donne des ailes. Nous nous sommes dis que le temps était venu d’enfoncer le clou et de vous proposer un petit updating. Maquette liftée, site mis à jour, une brouette de projets et d’idées neuves pour les prochains mois, une diffusion qui va augmenter dans la saison à venir… Et donc, last but not least, ce changement de nom qui signe la volonté

Si vo u s souhaite z de ve nir d i ffu seu r, vo us abo nne r pour recevoi r le magazine c he z vou s, ou e n com mande r un ex empl ai re , contacte r n ous ici : h ello @proce ss -mag.com P OUR DEVENI R ANN ON C EU R, DIFFU SEUR OU PARTENAIRE : bp @proce ss -mag.com 06 80 6 5 89 72

de réaffirmer notre ligne éditoriale en la rendant plus lisible : vous raconter le processus créatif, qu’il se déploie dans le champ artistique et culturel, bien sur, mais aussi dans celui de l’architecture, du design, de l’artisanat, de l’entreprise… Pour fêter ça, et marquer le passage de cette nouvelle étape, nous avons eu envie de réaliser un sujet vraiment exceptionnel. Nous avons choisi d’approcher l’immense photographe brésilien Sebastiao Salgado, star mondiale de la photo, et pu, grâce à l’élégante complicité du Champagne Taittinger,

Le magazine PROCESS es t édité par Belleripe SARL - 5 avenue vallio ud 69110 Sainte-f oy-lès-lyon . Tous droits réservés. Toute reproduction , même partielle es t interdite, sans autor isatio n . Le magazine PROCESS décline to ute responsabilité po ur les documents remis. Les textes, illus trations et photographies publiés en gagent l a seule responsabilité de leurs auteurs et leur présen ce dans le magazine impl ique leur libre public atio n . Le magazine PROCESS es t disponible gratuitement dans 170 point s de dépôt à Reims. retrouvez to ute l a lis te sur www.process-mag.com Magazine à parution bimes trielle. ce magazine es t publié avec deux couvertures différentes Participant au singsing de Paya . Provin ce des Hautes- Terres occidentales, Papouasie-Nouvelle-Guinée. 2008 © Sebas tião Salgado Mudman . Paya , provin ce des HautesTerres occidentales, Papo uasieNouvelle-Guinée. 2008 © Sebas tião Salgado

www.p roce ss-mag.c om

le convaincre de nous accorder un long entretien et de nous ouvrir grand les portes de ses archives. Les images que vous allez découvrir ou redécouvrir sont magistrales et d’une puissance phénoménale. Cerise sur le gâteau, ce numéro, potentiellement collector, s’habille de 2 couvertures différentes. Et nous avons d’autres petites pépites. On vous raconte le parcours de Juliette Mock, une des artistes visibles à l’occasion de la belle opération Frichorama. On vous embarque pour une visite en image dans les studios de Césaré. Vous découvrirez aussi les conférences TED ainsi que le Pavillon du futur, tous deux propagateurs actifs d’idées neuves. On vous raconte la génèse du projet « Mathilde est revenue » ainsi que celle du morceau « I've been to the mountain » de Kevin Morby ou du festival Sunnyside. Mathieu Boogaerts nous dévoile en toute sensibilité son processus créatif, et nous avons pu jeter un coup d’œil à la préparation de la prochaine expo de Sylvère Hyeule &amp ; Iemza. Pour lier le tout, Anne-sophie Velly crée la bande son de ces images, lumineuse et acidulée, of course. Bienvenue dans votre Benoît Pelletier


08 / HOP 10 / goût 1 2 / À c œ u r va i l l a n t 14 / césar du meilleur studio 1 8 / l a b u l l e c r é at i v e d e j u l i e t t e m o c k 22 / Sebastião Salgado 34 / les conférences ted à reims 3 6 / p a i l l e t t e s p a r t y & pop c u lt u r e 3 8 / m a t h i e u b oo g a e r t s 40 / bouillon de futur 4 2 / ta k e a wa l k o n t h e s u n n y s i d e 4 4 / r e t r o u va i l l e s e n t e r r e d e b e t o n 46 / camille mutel 4 8 / I ’ v e b e e n t o t h e m o u n ta i n ta ï m 50 / figures

© Stéphane de Bourgie

BENOÎT PELLETIER  éditeur  directeur créatif  & photographe

Anne-sophie velly  DA de Maison Vide art contemporain, musiques   & confettis

JULES FÉVRIER  journaliste   & photographe

SYLVÈRE HIEULLE  OVNI (& accessoirement   photographe)

agathe cebe  rédactrice   & journaliste freelance

Peggy Leoty  communication / événementiel /  relations presse

arnaud lallement  chef ***

JUSTINE PHILIPPE  journaliste

PLA

contributeurs   CYRILLE PLANSON  redac-chef La Scène,   Le Piccolo, Théâtre(s) mag

JEAN DELESTRADE  souplesse   & décontraction

Nicolas VUILLEMIN  auteur   & chroniqueur

vincent van der hedde  photographe

Retrouvez nous sur

www.proce ss-mag.c om


PLAYLIST la playlist ECRILLUSTRÉE D’ANNE-SOPHIE VELLY

www.mixcloud.com/salsifi-velly/

Flavien Berger

Rouge Gorge

La fête   noire

Les Primevères des fossés

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Il y a quelque mois, la talentueuse Yvonne Debeaumarché a fait un très joli documentaire sur les forains « Chacun cherche sa place ». Et j’ai redécouvert ce morceau de Flavien Berger qui sent bon la barbe à papa, les pommes d’amour et les gros camions. Excitante poesie de cette fête éphémère, les lumières éblouissent, les manèges tournent la tête, et des ballons qui flottent en cage attendent de se faire « carabiner » par des enfants insouciants, pour la bonne cause sans doute.

Flavien Berger x Véronique Vincent & Aksak Maboul

3

Je pleure tout le temps On s’approprie tous un peu, beaucoup, passionnément, à la folie, les morceaux que l’on aime... Celui-ci, pour moi, ressemble à un nuage qui pleure tout le temps et qui fait déborder les pluviomètres. Il n’y a rien de plus émotif qu’un nuage non ? À part moi peut être… Mais c’est difficile a consoler un nuage, il faut le laisser pleurer en attendant qu’il se dissipe. « Je pleure quand y m' dit je t’aime, j'pleure si y m’dit pas je t’aime. J’pleure quand y m’dit tu m’énerves, je pleure parce qu'il m’énerve (…), je pleure tout le temps »

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Robin Poligné signe un album « wouaouh » sous le nom de Rouge Gorge, il y parle d’amour, parfois de sexe, de primevères, d’orage, de plage, de télé, d’enfance, de la vie quoi… Avec sa boite à rythmes, ses claviers, ses lunettes et son look 80’s à la Parker Lewis, on part avec lui dans un monde parallèle pas si éloigné, qui donne envie de se rouler dans l’herbe mouillée, et de cueillir des fleurs sauvages... que l’on pourrait apprivoiser avec un peu d’amour et d’eau fraîche.

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VOYOV

Le   naufragé

Il nous mène en bateau VOYOV, un bateau après la tempête, qui force les marins à rester à quai et à faire des rencontres « liCŒURreuses » et heureuses. Ces marins-là sont loin de ceux de ceux des demoiselles de Rochefort. Pourtant Thibaut Vanhooland est Nantais et nous donne envie de faire une Perm’ à Nantes en dansant avec lui, emporté par le mistral qui rend fou, bien connu en Loire-Atlantique… Mais ses marins à lui, seul un navire les a fait voyager...

Etienne Daho

Eddy de pretto

Sortir   ce soir

Fête   de trop

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Que fait Etienne Daho le week end à Rome ? Il sort le soir. Peut-être qu’il sort boire un dernier verre avec sa perruche sur l’épaule, comme sur la photo de Pierre et Gilles sur la pochette de « la notte, la notte ». La naïveté et l’insouciance de la fête, de la vie des années 80, et la furieuse envie de brûler la chandelle, et de danser debout sur les tables d’une boite de nuit de province italienne.

uteurs 05

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Bizarrement je me rends compte que cette playlist parle beaucoup de fête…   Celle qui nous concerne ici est un peu glauque, une fête clairobscure chantée par Eddy de Pretto. Le texte cogne, la violence est poétique, oui c’est possible ça. Ça suinte la vodka, il est de ces nuits ou on voit le jour se lever, sans avoir fermé l’oeil, ni compté le nombre de verres qui a rempli les dernières heures. (ATTENTION l’abus d’alcool est dangereux pour la santé).


news cloud

m l

faut pas rater ça

jusqu'au

29/01 Irvin Penn

au Grand Palais à Paris

jusqu'au

L’année 2017 célèbre le centenaire de la naissance d’Irving Penn, l’un des plus grands photographes du XXe siècle. En partenariat avec le Metropolitan Museum of Art de New York, le Grand Palais rend hommage à cet artiste talentueux, célèbre pour ses photographies de personnalités majeures telles que Pablo Picasso, Yves Saint Laurent, Audrey Hepburn, Alfred Hitchcock, etc.

29/10

Liu Bolin,  Ghose stories

à la Maison européenne de la photographie

www.grandpalais.fr

Sculpteur, performeur et photographe, Liu Bolin, surnommé " l’homme invisible ", présente dans cette exposition à caractère rétrospectif des photographies issues des quatre grands thèmes abordés dans son œuvre depuis plus de dix ans.

© irvin penn

© LIU BOLIN

www.mep-fr.org

LE

10+11/11

le

21/10

Kyan Khojandi, Pulsions

Journée   Brickfilm

à la cartonnerie

(dans le cadre de la Fête   du cinéma d’animation)

© DR

Quatre ans après le succès de sa minisérie, Kyan Khojandi, alias le « mec de Bref » revient sur les planches. Un stand-up drôle, touchant et rythmé. Bref, il faut aller voir Kyan Khojandi.

© DR

Médiathèque Jean Falala 15h -> Atelier découverte de la technique du stop-motion et initiation à la réalisation d’un brickfilm, animé par Maxime Marion 18h -> Séance « Brickfilm » : projection des films Henri et Edmond, Moutons et aussi -> expo des maquettes de Steeve Grandsire et des photos de figurines de Dimitri Bois

www.cartonnerie.fr

www.bm-reims.fr © DR

20/12

Oujevipo Expo

DU mer. au sam.

à Saint-Ex, centre culturel numérique

Une exposition entre borne d’arcade et jeux vidéos ! En tout, 6 bornes d’arcades, conçues de A à Z par leurs créateurs. www.saintex-reims.com

© DR

du 05/10 jusqu'au

du 05/10 AU

12/12 urba

Médiathèques d’Épernay

Les cultures urbaines serviront de fil rouge aux animations organisées au sein des médiathèques. Programmé avec l’association Velours, ce temps fort mettra à l'honneur l'urba street art, le slam, les ateliers lego et palette, l’architecture ou encore le graffiti végétal. http://velours-prod.com

17-21 h

h

MA BOUTEILLE S’APPELLE   REVIENS

19 rue de la Magdeleine à Reims

Notre contributeur Dominique Bunel qui a plus de 3 ou 4 cordes à son arc,vient de lancer son concept de « wine truck ». Du vin bio et naturel à retrouver sur les marchés et autres hot spots rémois et en version fixe au 19 rue de la Magdeleine.


marché de la photo

ud

des nouvelles du duo des halles Le photographe Romuald Ducros mène depuis plusieurs semaines un projet au long cours qui se déroulera sur une année entière : il installe sur les marchés rémois un studio conçu spécialement et immortalise les chalands en compagnie de leurs achats, toujours avec la même lumière, toujours dans la même position. Nous suivons l’élaboration progressive du projet au fil du temps et vous livrons dans chaque numéro une des dernières images de la série en cours. Une première restitution des images est exposée aux Halles du Boulingrin depuis le 22 septembre. Dans le cadre de la programmation " Arts visuels " de la ville de Reims avec le soutien de Veuve Clicquot, maison fondée en 1772. www.laproductionremoise.fr


HOP PAR AGATHE CEBE

questions en passant à hélène IOANNIDIS

collectif

17

des chiffres & des belles lettres

Le Collectif 17 est composé de 8 jeunes, dont 7 comédiens et 1 metteur en scène. Ça fait déjà une belle addition. Ils sont résidents à la Comédie pour toute cette saison, et résidents à Reims, pour une vie commune vraiment commune. Résolument tourné vers les belles lettres, le Collectif 17 met à l’honneur le théâtre antique, en le sublimant d’une fraîcheur nouvelle. Ferdinand Barbet, jeune auteur, comédien et metteur en scène, mène cette joyeuse troupe au gré de leurs multiples projets prévus cette année, dans et hors des murs de la Comédie. Il y a d’abord leur diptyque, Quelqu’un arrive et je ne me connais plus, inspiré des Bacchantes d’Euripide, du 11 au 20 janvier 2018 à l’Atelier, ainsi qu’une création, Narcisse, du 13 au 20 avril. Mais déjà, vous avez certainement croisé les énergies folles du Collectif 17, notamment au marché Boulingrin, à la médiathèque CroixRouge, à l’ESAD ou à Maison Vide, où les comédiens ont déjà donné des représentations de Lysistrata, une pièce d’Aristophane où des femmes décident d’arrêter la guerre en faisant du chantage à leurs hommes. Hors les murs, ça fait sacrément d’espaces à visiter, et le Collectif se laisse jusque début décembre pour venir près de chez vous. Alors, certes, vous pouvez laisser jouer le hasard de la rencontre, mais… Riches de transmissions, et généreux, les membres du Collectif 17 ont aussi prévu des ateliers de formation, un accompagnement des classes de la Comédie, des petits spectacles impromptus, des lectures, des concerts… Nul doute que vous risquez de croiser leur route durant leur grande année d’immersion culturelle rémoise lacomediedereims.fr - 03 26 48 49 10 rp@lacomediedereims.fr

Hélène, elle est community manager à la Carto. On peut dire que c’est une sacrée mission, car une sacrée community, la Carto. Public, artistes, fans euphoriques, trolls rabat-joie, bonnes nouvelles, déconvenues : tout passe par le petit doigt d’Hélène sur son écran tactile. Un job de l’instant, un job minutieux. Une mécanique précise, de l’ombre, pour mettre en lumière la grande boîte à musique de Reims. Trois verbes pour décrire ton activité : Forcément des verbes d’action… « Courir », tout le monde s’en doute. Alors je dirais « scroller », « uploader » et « surprendre ». Que fais-tu des trolls ? Je m’amuse avec eux tant que je peux, mais jamais méchamment ! Ils redoublent toujours d’imagination pour me surprendre. Et il y a les trolls occasionnels, et les trolls réguliers. R*** est un troll régulier auquel je me suis presque attachée, même s’il pose toujours les mêmes questions, et que je lui donne toujours les mêmes réponses ! Ton plus beau live-tweet ? C’est celui que j’ai fait pendant la conférence de presse de la Magnifique Society. Ce n’est pas tant pour le contenu que pour les circonstances dans lesquelles je live-tweetais. C’était ma première conférence de presse à la Carto, et je savais que ma mission était de dévoiler, progressivement, une programmation que tout le monde attendait de connaître. C’était excitant. Si tu étais un hashtag ? #jpeuxpasjaiconcert ! Question existentielle : les réseaux sont-ils une réalité augmentée ? Il y a plein de réponses possibles ! Et il faut savoir que chaque personnalité réelle possède sa personnalité virtuelle. Mais cette réalité, sur les réseaux, on en fait ce qu’on veut. Mon job, c’est de maîtriser ça, cet outil qui crée du rêve. Je vois vivre la Carto, je la mets en valeur. Ça reste de l’image, il y a des réactions ou pas, mais être community manager, c’est inventer des petits paradis, et donner de l’envie. Confession intime : ton premier pseudo internet ? C’était Leni601 ! Pour mon adresse msn… Leni, parce que c’était mon surnom d’enfance, et 601, parce que tu te rends compte que beaucoup d’autres filles doivent avoir ce surnom, et je suis arrivée 601e, certainement !

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Il y a bien plus de belles choses dans plusieurs cerveaux réunis que dans un seul isolé. L’association des entreprises du Port Sec et La Husselle l’a bien compris, lorsqu’il s’est agi de redonner un coup de frais à la rue Philippe, le long de la Carto. Sur ce mur de béton de 840 m2, qui appartient à la SNCF, plusieurs artistes ont été conviés à un embellissement collectif, pérenne, sous forme de challenge performance en public, le 9 septembre dernier. Ça, c’est le cœur battant du projet ZI Artistes Plus de soixante artistes, locaux et moins locaux – de Reims à Casablanca, ont répondu présents pour bûcher sur le thème imposé « L’industrie d’hier et aujourd’hui ». Les bombes de peinture ont cliqué, claqué, sifflé, soufflé. Et les 220 panneaux ont été couverts d’une œuvre urbaine, cohérente dans sa diversité, diverse dans sa cohérence. En longeant le mur, c’est comme faire un voyage graphique, périple de couleurs et d’univers alternatifs. Ce projet d’envergure a été porté par plusieurs instances rémoises, dont PRISME, Projet Rémois d’Initiative et de Sensibilisation au Mécénat d’Entreprise, qui a co-organisé l’évènement. Aujourd’hui, « on est certains qu’il va y avoir une suite » confie Thierry Prévoteau, directeur de l’entreprise Majuscule et président de l’association du Port-Sec. En pourparlers avec la Culture et l’Office du Tourisme, le projet pourrait voir la fresque se démultiplier sur les autres murs en friche du quartier. Et c’est vrai qu’il y a de quoi faire… Si cet art est viral, nous ne lutterons pas contre la contamination.

BB Initials

La troupe fantôme d’Anthonin Ternant va souffler dans vos oreilles la nuit : les Black Bones sortent leur premier album le 13 octobre. Kili Kili, ça chatouille quand on le dit, mais ça dépote quand on l’écoute. Dix morceaux, pour la plupart déjà bien connus de leur fervent public, que l’on va pouvoir écouter et réécouter à l’envi, comme You’re the Tomb, I’m Gay ou encore The Shaggs. Le 21 septembre dernier, Anthonin Ternant, alors plus ange que démon, avait présenté en exclu à Ami-Ami le clip de Deathco, tourné cet été. Mais là, pour fêter l’album et aussi les plaisirs de la Toussaint, les Black Bones seront sur la scène de la Carto le 31 octobre, pour une Noche De Muertos. Lumière noire et néons fluos : seuls les braves sont invités. Soundcloud : @blackbonesreims Infos et réservations : La Carto - 03 26 36 72 40

V le chiffre romain, pas la lettre Elles sont cinq jeunes diplômées de l’ESAD. En juin dernier, elles ont terminé leur Master, cycle de cinq années de recherches, et pour fêter cet aboutissement, la Comédie les accueille, jusqu’au 21 octobre, en ses lieux, pour une exposition collective. Elvire Flocken-Vitez, Noémie Mahieux, Laura Merkbaoui, Marie Servas ont toutes installé leurs œuvres aux quatre coins de la Comédie. Mais s’il devait être un cinquième coin nécessaire, ce serait pour Carla Adra qui a remporté, le 3 octobre, lors de du

Au rendez-vous des inspirations

vernissage, le prix PRISME – 4e du nom. Sa vidéo performance, « Aire » d’une durée de quinze minutes, a séduit le jury, et obtenu des mains de Didier Janot une dotation de 5000 euros. « Un drôle de concert de grincements

Des portraits d’artistes et d’amis, trente-deux portraits. C’est la prochaine expo de Alain Hatat, « un projet de longue date ». Le photographe a souhaité fixer des visages connus depuis longtemps, des personnalités qui l’ont forgé, humainement et professionnellement. Mêlant affection et admiration, Alain Hatat rend hommage, comme un bilan artistique, à des hommes et des femmes qui ont, à un moment donné, transformé le cours de sa vie. Ismael Kachtihi Del Moral, Alain Margoton, Armelle Blary, José Renaud. C’est une ronde, en noir et blanc, qui emporte le visiteur dans une exposition symbolique, intime, introspective. « Le parti-pris était de créer un face à face avec chaque artiste. Je souhaite porter sur eux un regard sans artifice. Pour montrer tout ce que leurs âmes m’ont humainement transmis. » Ce n’est certes pas une révérence, mais il est impossible de savoir qui, de l’artiste photographe ou de l’artiste muse, honore le travail de l’autre.

Portraits d’artistes, à la Caisse d’Epargne, rue Carnot – du 15 octobre au 30 novembre.

de sièges ! » se souvient Florence Lhermitte. Comme elle en a coutume, la Comédie ouvre ses portes pour tous les visiteurs qui voudraient observer le travail de ces jeunes talents, aux cinq coins de son théâtre. Mais attention : à installations choisies, horaires précis.

www.esad-reims.fr/v

© esad

HOP

Paint it (not) black


GO

G

goût

figue   gaufrette par

Arnaud Lallement

Gavotte 108 g d’eau | 10 g de beurre | 10 g de farine | 1 g de sel | 20 g de sucre glace | 60 g de blancs d’œufs Mélanger la farine, le sucre glace et les blancs d’œufs. Chauffer jusqu’à ébullition l’eau, le beurre et le sel. Ajouter le mélange d’avant. Cuire pour épaissir. Mixer. Etaler sur une plaque des rectangles de 12 cm par 9 cm. Cuire à 160°C pendant 10 à 12 min. Rouler avec un tube de 2 cm de diamètre. Compotée de figues 75 g de figues | 10 g de miel | 10 g de sucre | 25 g de beurre | 1 g de jus de citron | 1 g d’acide citrique Couper les figues en dés. Ajouter le jus de citron et l’acide citrique. Colorer le miel et le sucre. Déglacer avec le beurre. Mélanger le tout. Cuire. Refroidir. Mettre en poche. Réduction vin rouge 25 cl de vin rouge réduit à 50 g Faire chauffer et réduire le vin rouge à 50 g. Siphon orange 33 cl de jus d’orange | 17 g de sucre vergeoise | 167 g de crème liquide Faire chauffer et réduire le jus d’orange à 167 g. Mélanger tout dans l’ordre. Refroidir. Mettre en siphon. Figues à poêler 25 g de miel | 6 figues | 5 g de beurre | 1 cuillère à soupe de réduction vin rouge Couper les figues en quartiers. Les poêler dans le miel. Déglacer au vin rouge. Monter au beurre. Chantilly au citron 100 g de crème | 8 g de sucre glace | 1/2 citron vert Monter la crème avec le sucre. Prélever le zeste du citron vert. Ajouter et mettre en poche. Dressage Placer la gavotte sur la gauche de l’assiette. Garnir au centre de compotée figue et de siphon orange sur les côtés. Coller le tube avec un peu de chantilly pour éviter qu’il bouge. Faire une bande de chantilly sur le tube avec une douille droite. Ajouter quelques morceaux de figues, deux fleurs de tagette et des feuilles de limon cress. Faire des points de réduction vin rouge au centre de l’assiette et poser trois quartiers de figue sur la droite.

La figue : forme, texture, chair, couleur, elle ne ressemble à aucun fruit. Ses accents vineux et sucrés appellent un coteau champenois blanc ou rouge.

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figue gaufrette © matthieu cellard

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GOÛT Le sagarno d’Eztigar

En Iparralde – le pays basque français – la tradition veut que les fermes produisent du sagarno, un cidre local qui en réalité « s’apparente plus à un vin de pomme ». C’est ce qu’explique Clément Lourme, maître de chai qui a repris avec sa compagne Marie Ascano la gérance d’une petite SARL implantée à Saint-Just Ibarre, au pied du Col d’Osquich. Ne vous attendez pas à voir à proximité de vastes vergés de pommiers mais plutôt quelques arbres épars, rassemblés en bosquet ici ou là. Les variétés de pommes sont locales, rustiques et répondent aux noms d’Anisa, Eri Sagara, Ondo motxa, Gordin xuria… Ici la culture immémoriale de la pomme – elle remonterait à la plus haute antiquité - ne constitue qu’un revenu de complément pour les quelques agriculteurs qui se sont réunis autour d’Eztigar en 1990. L’objectif était alors de sauvegarder ces variétés locales en voie de disparition en replantant 15 000 pommiers. « Nous travaillons le plus naturellement possible, sans sucre ni gaz ajoutés, uniquement avec des ferments indigènes », rappelle Clément Lourme, le sagarnoegile (littéralement le producteur de cidre), qui se concentre après la récolte de novembre, sur les quelques semaines clés de l’élaboration du sagarno. Récolté, pressé et pasteurisé, le jus de pomme passe presque trois mois pour une fermentation lente, en barrique, avant d’être mis en bouteille. Il affiche alors un degré d'alcool toujours supérieur à 5°, une acidité prononcée et un pétillant léger plus proche de la bulle de champagne que de la mousse du cidre ou de la bière. À la dégustation, la surprise est au rendez-vous, tant le produit fini se démarque de ses très lointains cousins de Normandie ou de Bretagne. Le sagarno est puissant avec, au nez, quelques notes de musc ou de cuir qui n’entament en rien sa fraîcheur lorsqu’il arrive en bouche. Ce vin de pommes rustique désaltère. Il est constitutif de l’identité de l’Iparralde rurale, loin de la côte. « Nous gérons des années avec de fortes alternances dans la production. Avec parfois des récoltes de 400 tonnes de pommes, ce qui est presque trop. Elles sont capricieuses mais aussi très riches à travailler ». Etzigar se développe peu à peu. « Les idées fusent, sourit Clément Lourme. Nous faisons désormais du jus de pomme pétillant, le Bikainia, un cidre millésimé haut-de-gamme que nous avons lancé en 2014. Nous avons déjà des vergers en bio, nous espérons en intégrer un peu plus. Et puis nous voulons intégrer de nouveaux producteurs, des jeunes, pour un complément de revenu ». À boire en bouteille si l’on se fait livrer ou à la cidrerie de Saint-Just Ibarre pour une dégustation au bord du txotx, le tonneau basque que l’on met en perce en février pour fêter le cidre nouveau. Cyrille Planson

Une

vodka champenoise

La société Bastille Day a lancé voici quelques mois une vodka blanche dénommée Guillotine, issue de marc de raisins du vignoble champenois. Héritage est une vodka vieillie en fûts de chêne, sur une durée de quinze jours à six mois. Les produits sont distillés à Aÿ-Champagne, puis acheminés en région parisienne pour être mis en bouteille, avant diffusion dans les réseaux haut-de-gamme et à l’export. C.P.

roederer

100%

bio

Pour la vendange 2017, l’antique maison de Champagne Roederer – fondée en 1776 – a annoncé que 100 % de son vignoble avait été cultivé selon des normes biologiques. Ainsi, quelques premières bouteilles de la célèbre cuvée Cristal devrait être commercialisée sous le label bio dès 2020. Cette cuvée d’exception passe environ 5 ans en caves, puis encore 8 mois après le dégorgement et le dosage avant d’être commercialisée. C. P.

VIGNERONS INDÉPENDANTS EN SALON À l’agenda du lecteur de Process, forcément, on trouvera pour cet automne le 25ème salon des vignerons indépendants (Parc des expositions – du 10 au 13 novembre), l’un des plus grands salons de France qui présente l’avantage de pouvoir rencontrer les producteurs. Chez Process, on vous conseille donc le Domaine SainteJuste, de Durban-Corbières, dans l’Aude. Ce domaine bio de 11 hectares que cultive Rémy Miquel cache quelques jolies bouteilles. Les sols argileux, calcaires et schiste du domaine, sont plantés de grenache noir, syrah, carignan, mourvèdre, cincault (pour les vins rouges et rosés), et de grenache blanc, macabeo, bourboulenc et roussanne (pour les blancs). On ne saurait trop vous conseiller de goûter la cuvée Melchior, le must du domaine. Puissante et racée,

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elle met à leur avantage ces rouges rustiques qui naissent sur ces terres inhospitalières, écrasées par le soleil et balayées par le cers et le marin, deux vents particulièrement rageurs. À découvrir sur le stand du Domaine Sainte-Juste, avec modération, bien évidemment. C.P.


À cœur vaillant T r o i s hom m e s s’attaqu e n t à Jac qu e s B r e l su r l a s c è n e du Ba r d e l a C om é d i e . R i e n d’ i m p o s si b l e .

rel

TEXTE jean delestrade    PHOTO romus ducros

C

chanson

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Ils sont nous

Dans la gueule

Enfants, nous avons tous eu des rêves. Derrière la maison, poussant un ballon sur la pelouse pourrie du jardin de ses parents on se prend pour Michel Platini, dribblant des adversaires imaginaires, commentant à voix basse l’action formidable qui se déroule dans notre tête, avec ce foutu clébard qui nous court après, la frappe finale finie sa course dans le but, entre le cerisier et le vélo. Devant une petite glace dans sa chambre, la main gauche aux doigts crispés, une main droite non moins crispée et Jimi Hendrix à fond sur une chaîne Akaï tout aussi pourrie que la pelouse. On y est, on se voit Jimi Hendrix mais en droitier, tout son être d’adolescent tendu vers un rêve, jouer comme lui. Et puis arrive l’âge d’après. Une chose dont je suis sûr, c’est qu’Olivier Vaillant ne chantait pas du Jacques Brel tenant dans sa main une brosse à cheveux en guise de micro. Jacques Brel ce n’est pas un truc d’enfant. Et on ne peut pas jouer à Jacques Brel. Jacques Brel est trop impressionnant, son interprétation est trop folle, trop illuminée et effrayante pour s’en approcher. Pour jouer à Jacques Brel il faut être Jacques Brel. Et pourtant. Les pauvres types qui peuplent ses chansons et ses mots, ces mecs aux coeurs brisés qui trainent dans des endroits qui puent la pisse et la bière, ces couplent qui hésitent, ces vies qui tanguent, ces rêves d’enfant qui s’évanouissent. Ils sont nous.

« Quand je me suis attaché aux mots de ses chansons, je me suis rendu compte que ça me parlait à moi, à ma vie. Je me suis plongé dedans. Plutôt que de vouloir incarner Brel, ce sont les gens de ma vie, ceux que j’ai croisé, ceux qui m’ont fait mal, ceux que j’ai aimé, qui viennent s’habiller des mots des chansons de Brel. C’était là la vraie façon de l’aborder. Ce sont mes mots qui sont dit sur scène, ma vie. » La salle est plongée dans le noir, le public est spectateur de cette mise à nu. « Quand on a travaillé pendant plusieurs jours lors d’une résidence à la Comédie, je dois dire très honnêtement que je me suis pris tous les textes dans la gueule. J’ai une histoire perso qui s’incarne dans chaque personnage des chansons. » Je fais remarquer à Olivier que finalement, tout cela ressemble furieusement à une psychanalyse. Il rit.

Lire plutôt qu’écouter

Tout a commencé par une discussion avec Benjamin Benoit, un copain d’Olivier Vaillant, qui gère le bar de la Comédie. Il y avait d’un côté une idée de décor, ambiance seventies « quelque chose entre le studio d’enregistrement et une chambre » et puis Brel. « Cette idée de s’attaquer à Brel m’a emballé ». Il lui fallait trouver deux comparses pour se lancer dans l’aventure. Le premier, Damien Buisson, à la guitare, au sampler et clavier. Le deuxième, François Malnovic, à la production musicale, le design sonore et la programmation lumière. Certes, des comparses brillants pour construire un son moderne et épuré, mais le troisième - Brel - est autrement plus emmerdant à manipuler. « Nous avons décidé dès le départ de partir ce postulat : nous avons entre les mains les textes de Brel comme si c’étaient ceux que j’avais écrit et nous devons composer et interpréter » Sacré pari tant il est difficile de dissocier les textes de leur incarnation par Brel. « J’ai pour ma part décidé d’oublier le personnage pour me glisser dans les textes. Un des moyens que j’ai trouvé a été de les apprendre par cœur. Lire les textes plutôt que de les écouter change tout. »

Le sparadrap qui colle

Ils ont donc décidé de s’attaquer à 17 textes de Jacques Brel, certains mythiques d’autres moins connus : Amsterdam, Au suivant, La quête, Mathilde, Orly, Ces gens là, J’arrive, Le plat pays, Les bourgeois, Le Lion, Si il te faut… « Nous avons beaucoup bossé, recommençant jusqu’à arriver à une musique qui corresponde vraiment à notre ligne artistique. » Avec parfois des partis pris forts. « Amsterdam est en trois temps. Tout le monde la fredonne en trois temps. » Difficile effectivement de se séparer des trois temps d’Amsterdam, un sparadrap qui colle au bout du doigt. « Et bien nous avons décidé de la passer en quatre temps. Ça donne quelque chose d’autre. Pour certaines, nous avons viré les mélodies pour créer nos propres musiques. » Sept dates ont déjà été jouées à la Comédie. « J’ai flippé lors des premières quand j’ai vu débarquer des personnes d’un certain âge. Je me suis dit qu’elles devaient avoir leur Brel et je redoutais de les confronter à ce que nous en avions fait. Les réactions ont été super, les gens sont venus nous voir pour nous dire qu’ils avaient totalement redécouvert certaines chansons. » Huit nouvelles dates arrivent. « C’est un vrai projet de scène que l’on a envie de porter, ça ne peut pas fonctionner sur disque, il faut le voir, le vire. »

M AT H I L D E E S T R E V E N U E du 2 0 o c t o b re au 0 4 n o vem b re w w w . la c o mediedereims . f r


R

reportage

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César du meilleur studio V ISI T E EN IMAG ES Césaré, Centre National de Création Musicale, abrite une vaste palette de curiosités musicales, de créations atypiques et d’outils pour projets naissants. Chaque saison, outre sa programmation toujours étonnante, Césaré accueille des artistes résidents – dix-huit cette année – afin de les aider dans leurs progressions créatrices, et de les promouvoir, ensuite, au gré de leurs différents partenariats culturels. En effet, Césaré, loin du repli sur soi, s’ouvre à toutes les grands manifestations rémoises, et se fait terre d’asile pour des festivals qui s’égrènent dans la ville, comme le festival We Insist, ou le prochain Sunnyside. Se glisser dans leur studio pour un reportage photo, c’est comme s’immiscer dans un trou de souris, ou jeter un œil de l’autre côté du miroir.

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reportage Vincent Van Der Hedde    texte agathe cebe

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SoHome 18

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1_

D

danse

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Parmi les artistes qui exposeront à Frichorama, Juliette Mock, un bac Littéraire en poche, diplômée de l’ESAD en 2016 et en résidence longue à la Fileuse depuis juillet 2017, fait figure de toute nouvelle venue. Nous l’avons rencontrée, il y a quelques jours, dans son atelier, dans lequel se trouvent des petits chariots couverts d’outils, des étagères remplies de livres d’art et de matériaux, quelques photos accrochées aux murs, mais aussi les travaux de sa dernière série, Les jambes, qu’elle doit terminer au plus vite avant de les dévoiler mioctobre. En ce moment, nous dit-elle, « c’est le rush » ! Mais à ses yeux, le stress qu’il induit n’est pas négatif : « le rush, c’est un plaisir. Ça nous met dans une autre bulle. » Quand elle parle, Juliette Mock est à la fois calme et très vive et si ses yeux sont à la fois doux et pénétrants, ses mains, elles, bougent sans cesse et traduisent un grand bouillonnement intérieur. Rencontre avec une jeune artiste étonnante qui nous a déjà dévoilé le plat phare servi au bar lors de l’ouverture de Frichorama au public : une harira à base de pois chiches, de lentilles et de piment !

Comment t’es-tu sentie à l’ESAD ?

Être en école d’art est un vrai plaisir. J’aurais aimé que ça dure toute la vie… On est dans notre petit monde et c’est très agréable ! J’ai en plus eu la chance d’avoir de grands professeurs : Guillaume Leblon et Giuseppe Gabellone, qui venaient régulièrement voir notre travail dans nos ateliers respectifs. En première année, on touchait un peu à tout et ensuite, nous devions nous créer des objectifs de travail, approfondir nos recherches, et nous concentrer sur certains artistes. Quel est le talent qui t’a donné envie de te lancer dans ce domaine ?

J’ai toujours aimé dessiner et sinon, mon premier « talent », c’est le bordel ! En ce moment, je manie beaucoup le plâtre : j’aime bien travailler sur les matériaux avant d’étudier un concept précis. L’œuvre présentée lors de l’exposition Frichorama, elle, sera constituée de résine et de papier, deux matériaux qui n’aiment pas du tout la poussière…. Or, le plâtre en produit beaucoup. C’est donc assez délicat de travailler tous ces matériaux dans la

La bulle créative d e J u l i e tt e M o c k

même pièce. Il y a à chaque fois tout un processus de nettoyage ! Comment est né ce projet auquel tu

résine - qui finit brillante car c’est de la résine polyglass - on peut jouer pendant des heures et si l’image est devenue telle qu’est elle maintenant

as donné pour titre « Les jambes » ?

Je suis partie de photographies, qui ont ensuite été imprimées sur du papier avion, couramment utilisé pour l’impression des plans des architectes. J’ai demandé à des garçons de prendre leurs jambes en photo d’après une perspective assez complexe. Certains d’entre eux étant au courant que j’étudiais l’art, ils ont cherché, ne voulant pas paraître trop amateurs, à réaliser des clichés originaux. J’ai donc eu beaucoup de drapés, de miroirs… Quelques plasticiens m’ont aussi envoyé des photos. J’ai finalement choisi la jambe d’un footballeur et cela se voit : elle est musclée ! C’est vrai ! Et pourquoi avoir donné cet effet de déchirure ?

J’avais envie de mettre en valeur la matérialité de l’image ! Avec la

c’est parce après avoir humidifié mon papier, je l’ai accroché à un clou et l’ai laissé se déchirer. Toutes les déchirures, toujours très nettes, sont différentes. Où puises-tu ton inspiration ?

Dans la peinture ! Elle me permet de comprendre mes formes, mes sujets. Je l’utilise comme un moyen de réflexion. C’est une sorte d’étape préparatoire. Beaucoup de légendes circulent quant à la naissance de la peinture et j’ai retenue celle-ci, que


je trouve très belle : la peinture serait née grâce à une femme qui, à l’instant même où son amant fut appelé pour partir à la guerre, se mit à dessiner les contours de son corps (il était de dos). J’aime la gestuelle liée à la peinture, les techniques, les couleurs… Et j’aime aussi la balance qu’il peut y avoir entre le beau et le violent, comme c’est par exemple le cas dans La lamentation sur le Christ Mort de Mantegna. Ton projet de juin 2016, alors que tu étais encore à l’ESAD, a quelques points communs avec « Les Jambes » : les couleurs, la texture, la volonté d’un figuratif incomplet…. Qu’avais-tu en

projet dans la salle de l’école rémoise du musée St Rémi pendant un mois et mon œuvre, accrochée juste devant une fenêtre, ressemblait à un vitrail. C’était un projet très esthétique, très fin, et oui, il est vrai qu’il y a un lien entre mes deux projets !

Et as-tu des activités parallèles à ta vie d’artiste ?

As-tu une obsession ou une idée qui prime dans ton travail ?

La question du vivant ! En tant qu’artiste, nous transformons des matières qui continuent à vivre et nous les parons d’une sorte d’immortalité. Liz Magor, une artiste plasticienne canadienne qui compte à mes yeux, s’approche elle aussi beaucoup du vivant dans ses productions.

tête ?

Je me suis inspirée d’extraits de peintures de Mantegna et je les ai mélangés avec des univers de mariages. On voit beaucoup de vêtements de femmes, de voiles. J’ai présenté ce

je leur ai donné une valeur mais à emballer et à garder. Je conserve mon travail sur du papier couché, dans une grande pochette à dessin : cela me fait une sorte de mini musée.

Que deviennent tes œuvres après une expo ? Les accroches-tu chez toi ? En

Oui, j’ai travaillé sur des marchés : je vendais des fruits et des légumes et j’aidais à monter et à démonter les stands. J’adore ces petits boulots, ils me permettent de ne pas être trop loin du monde actuel, ce qui est important pour un artiste. Par contre, je peux vite m’ennuyer ou en avoir marre, et c’est ce qui s’est passé sur les marchés. J’ai donc arrêté et me suis lancée dans les vendanges ! Et maintenant, je vais voir ce que je vais faire.

FRICHORAMA 2017

vends-tu ? À l’occasion de Frichorama, le grand ren-

Non, chez moi, c’est blanc. Elles ne sont ni à vendre, ni à jeter puisque

dez-vous de la Friche artistique rémoise, Elsa Bezaury, directrice de La Fileuse, vous invite à découvrir deux ans de travail artistique au travers d'une exposition, de spectacles et d'installations in-situ. 35 artistes plasticiens et 8 compagnies de spectacle vivant sont au rendez-vous pendant ces 3 jours (les 14, 15 et 21 octobre) d'ouverture grand public. Du lundi au vendredi, des visites guidées (sur réservation), sont aussi proposées aux groupes scolaires, aux associations et aux entrepreneurs, et une journée professionnelle aura lieu le jeudi 19 octobre de 10H à 17H dans le but d'échanger sur le métier d'artiste et sur les métiers accompagnant la création artistique.

La Fileuse 26 Rue du Docteur Albert Schweitzer, 51100 Reims www.reims.fr/333/la-fileuse.htm Le 14, 15 et 21 octobre

TEXTE justine philippe    PHOTOs Baptiste Heller - Marcels

1_Sans titre. impression jet d'encre, 2016.


1_


Le photographe qui Aimait les arbres SebastiĂŁo Salgado

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P photo


_Mali. 1985.


Il est l’une des dernières légendes vivantes de la photographie. À 73 ans ce Brésilien citoyen du monde qui a trouvé asile en France en 1969 après avoir fuit la dictature, reste un globe trotter passionné, constamment prêt à coller son œil sur les enjeux majeurs de la planète. Dans ses images et ses mots, toujours la même musique lancinante pour défendre la dignité de l’Homme et de ce qui est devenu pour lui son corollaire incontournable, l’écologie.

_Iguane marin. Galápagos, Équateur. 2004.

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Sebastião Salgado ! Pour le jeune photographe que j’étais à la fin des années 80, la découverte des images des orpailleurs de la mine de Serra Pelada, a constitué un sacré choc, comme une évidence révélée. Salgado rassemblait dans ses photos tout ce qui pouvait faire rêver un photojournaliste débutant : un humanisme engagé magnifié par un style noir et blanc crépusculaire et presque mystique, des contrées lointaines, des sujets au long cours apparemment loin des contingences économiques. C’était beau, vrai et tellement important ! « Mon temps est très rationné en ce moment, j’ai mille choses à faire avant de partir pour deux mois retrouver les communautés indigènes en Amazonie », me lâche-t-il au téléphone depuis le Brésil, comme pour entretenir sa légende. Sa voix est ferme et chantante, ses phrases au français impeccable rythmées par de multiples « tu vois ». « On est en train de foutre en l’air la dernière portion de forêt tropicale en Amazonie, c’est un moment grave pour ce pays et les tribus autochtones mais ça l’est aussi pour l’ensemble de la planète. Tu vois, il nous faut trouver d’autres rapports économiques avec l’Amazonie, jusqu’à présent tous les investissements ont été destructifs pour l’environnement, c’est une catastrophe. Si on perd cette forêt, on perd tout. » L’Amazonie et son peuple pacifique « en harmonie totale avec la nature », c’est l’histoire qu’il photographie quasi à plein temps depuis bientôt quatre ans et il estime devoir travailler encore au moins trois années de plus pour finir son projet. Ce sera alors certainement une nouvelle exposition qui fera le tour du monde et un probable best-seller. « J’ai organisé ma vie pour pouvoir traiter les sujets pendant longtemps, je ne saurais pas faire autrement. Pour bien comprendre ce qu’il se passe ou se faire accepter par une communauté il faut du temps. Il faut vivre ce que l’on photographie pour que cela prenne de l’importance. » Je me souviens alors avoir lu qu’il avait passé des jours entiers assis sur des quais au Bangladesh à regarder et se faire voir des ouvriers qui déconstruisaient les bateaux avant de sortir son boîtier ! Faire revivre la forêt tropicale de son enfance

Salgado est l’homme pressé qui prend sont temps, même pour des projets insensés comme replanter une forêt tropicale sur sa terre natale, la vallée du Rio Dulce au Brésil. Son père y possédait une ferme sur des centaines d’hectares où paissait un immense bétail, et puis autour de la propriété les bulldozers des entreprises de déforestation ont accompli leur œuvre mortifère. À l’aube de l’an 2000, particulièrement meurtri psychologiquement par les années passées à photographier l’exode des peuples chassés par la faim ou la guerre, notamment au Rwanda, atteint aussi par les mêmes critiques qui après l’avoir encensé lui reprochaient maintenant, vieille rengaine, un esthétisme de la misère, il s’octroie une pause dans l’endroit où il a grandit, seul garçon au milieu de ses sept sœurs. « J’ai récupéré une terre complètement dégradée presque morte alors qu’enfant cette région était peuplée d’arbres fantastiques avec une grande biodiversité », explique le photographe. C’est sa femme Lélia, sa complice de toujours qui organise son travail et à laquelle il rend sans cesse hommage, qui va lui lancer ce nouveau défi : planter deux millions et demi d’arbres de trois cent espèces différentes pour faire revivre la forêt tropicale de son enfance et ramener la biodiversité. Le couple fonde alors l’ONG « Instituto Terra » pour lever des fonds et lancer des programmes de sensibilisation et d’éducation à l’environnement. Depuis, la propriété familiale est devenu un parc national et aujourd’hui le projet de reforestation s’étend à toute la vallée. « C’est à cette époque que je suis devenu écologiste et conscient de l’importance fondamentale de l’enjeu, ça m’a évidemment donné l’envie de travailler sur ce sujet. »

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Et ce sera le nouvel élan de sa carrière, le projet « Genesis » qui le conduira au quatre coins du globe photographier la beauté et la grandeur des endroits encore vierges, les paysages, la vie animale et les communautés humaines qui continuent à vivre selon leurs ancestrales cultures et traditions. La faune et les volcans des Galápagos ; les manchots, les lions de mer, les cormorans et les baleines de l’Antarctique et de l’Atlantique sud ; les alligators et les jaguars du Brésil ; les lions, les léopards et les éléphants d’Afrique ; la tribu isolée des Zo’é au fin fond de la jungle amazonienne ; le peuple Korowaï vivant à l’âge de pierre en Papouasie occidentale ; les éleveurs de bétail nomades Dinka du Soudan ; les Nenets et leurs troupeaux de rennes dans le cercle arctique ; les communautés des îles Mentawai à l’ouest de Sumatra ; les icebergs de l’Antarctique; les volcans d’Afrique centrale et de la péninsule du Kamtchatka ; les déserts du Sahara ; le rio Negro et le rio Juruá en Amazonie ; les failles du Grand Canyon ; les glaciers de l'Alaska… autant de versets à son poème d’amour plus ou moins désespéré à notre bonne vieille Terre. Huit ans de travail et des centaines d’images plus sublimes les unes que les autres pour cette quête du monde des origines dont la beauté fragile est livrée à l'inconséquence conquérante de l'espèce dominante. « L’action de l’Homo sapiens sur sa planète est en train de la bousiller complètement, nous vivons peut être actuellement le moment le plus important de notre histoire. » Pas d’amertume dans sa voix, ni d’optimisme faussement enjoué d’ailleurs, juste le discours d’un homme passionné et déterminé à mener à bien la mission qu’il s’est donnée : témoigner selon son art. Millésime 2008

Des images fondatrices qui émaillent les plus grands magazines mondiaux mais également plus proche de nous et c’est une surprise, une bouteille de champagne de la maison Taittinger qui traditionnellement, convoque un artiste pour illustrer une cuvée millésimée d’exception. Après Victor Vasarely qui inaugura la collection en 1983, Robert Rauschenberg ou Amadou Sow, c’est Salgado qui griffe le millésime 2008 avec l’image d’un léopard s’abreuvant au clair de lune dans un point d’eau de Namibie. Paradoxal de retrouver sur ce symbole du luxe occidental une œuvre de Salgado, lui si proche des damnés de la terre ? En fait pas du tout. « J’ai fait beaucoup de publicité quand j’étais à l’agence Magnum, comme les autres photographe, j’ai fait des campagnes pour Volvo, Renault ou des cigarettes. Ce n’est pas du tout un pansement sur ma conscience », affirme-t-il. On comprend également que des projets comme les siens ne sont pas avares de financements. C’est la maison de champagne rémoise qui l’a contacté pour ce projet, plus exactement Vitalie Taittinger en charge du marketing dans l’entreprise familiale et c’est l’épouse de Salgado qui a choisi l’image. « C’était un défi énorme de trouver une photo qui s’adapte au volume d’une bouteille. Lélia a fait cela avec beaucoup de cœur ! », explique-t-il avant de revenir sur ce faux paradoxe. « Je ne considère pas le champagne comme un produit de luxe, mais comme un grand produit traditionnel français. J’ai déjà raconté des histoires avec des produits qui représentent une grande intensité de travail, comme la culture du tabac ou l’artisanat du parfum. J’ai vu des hommes chercher des plantes, des fixateurs de parfum sur les pentes volcaniques, des jours, des mois passés pour ne redescendre qu’avec deux ou trois bouquets ! Tout cela c’est du travail, pas du luxe et le champagne c’est la même chose, des milliers d’heures de travail traditionnel. J’ai une admiration énorme pour cette concentration de connaissance pour fabriquer un produit d’une qualité exceptionnelle. » Aucune compromission donc, un discours d’une cohérence absolue qui cadre toujours l’humain et son rapport au monde.


_Mine d’or à ciel ouvert de Serra Pelada. Etat du Para, Brésil, 1986.

_Mosquée d'Istiqlal. Djakarta, Indonésie. 1996.


_Travailleurs sur les puits de pétrole en feu, résultat de la guerre du Golfe. Gisement de pétrole du Grand Burhan, Koweit, 1991.

_Désert du Namib, au sud de Walvis Bay. Namibie. 2005. 1_

2_

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1_Eléphants de mer du Sud dans la baie de Saint Andrews. Géorgie du Sud. 2009. 2_Baleine franche australe. Péninsule Valdés, Argentine. 2004.


_Gare de Church Gate. Bombay (Mumbai), Inde. 1995.



La dignité des travailleurs

Quand Sebastião débarque à Paris avec Lélia en 1969, il est économiste et travaille bientôt pour une banque d’investissement londonienne en charge du développement agricole en Afrique. C’est là qu’il fait ses premières images et décide de tout lâcher pour la photographie. « Je viens du Tiers-monde et comme économiste j’étais sensibilisé à la mondialisation. C’était la fin du travail manuel en occident et les pays émergeants récupéraient ces industries. J’ai alors montré ce monde, celui des travailleurs dans leur dignité parce qu’ils avaient le droit à plus d’égards, plus de respect et plus de partage économique. C’était une sorte d’archéologie de la fin de la première ère industrielle. Quand j’ai fait ces photographies, j’étais certain d’être le témoin de la fin d’une époque, c’était un hommage à la classe ouvrière, une notion qui a été extrêmement importante dans ma formation de macro-économiste qui a étudié les fonctions de production. » Ce sont les célèbres images de la mine d’or de Serra Pelada, les prolétaires du textile ou les déconstructeurs de navires au Bengladesh ou encore les corps mazoutés des ouvriers des puits de pétrole au Koweit après le première guerre du Golfe… L’occasion de multiples voyages où il prend également conscience de l’importance croissante des flux migratoires, autre sujet majeur de son travail. Parmi les nombreuses images iconiques, ce visage de femme bouleversant dont le clair obscur révèle les yeux morts, détruits par les tempêtes de sable et les infections en fuyant la famine du Sahel. « Un photographe doit s’adapter à son moment historique, il fallait bien témoigner du sort de ces ouvriers et de ces exilés. Je ne suis pas un militant politique, je suis juste concerné par mon monde et son histoire. Actuellement l’écologie est une composante essentielle de notre époque, si je veux être cohérent je ne peux que travailler sur le sujet », lance-t-il. Mais la photographie est-elle toujours aussi pertinente pour raconter l’histoire ? « Bien sûr que oui! Le numérique a changé les choses mais ce qu’on prend avec les téléphones portables ce n’est pas de la photographie, ce sont des images de communication, c’est virtuel. La photographie c’est quelque chose de tangible, cela s’imprime, se touche et ainsi cela constitue de la mémoire. Je suis persuadé que le photojournalisme a encore un rôle majeur. Ces enfants migrants retrouvés noyés sur les plages de Méditerranée, c’est la photographie qui les a fixés dans nos consciences. »

_Léopard dans la vallée de la Barab au Damaraland. Namibie. 2005.

Le millésime au léopard Dernière cuvée d’exception en

tiques accueillant la photo

date de la Collection Taittin-

recèle un assemblage de

ger, le millésime 2008 se pare

première presse de chardon-

des courbes d’un majestueux

nays et de pinots noirs issus

léopard s’abreuvant au

des meilleures parcelles de la

crépuscule africain, signé de

Côte des Blancs, de la Mon-

Sebastião Salgado. La photo

tagne de Reims et de la Vallée

réalisée en 2005 dans la

de la Marne. Il est enchâssé

vallée de la rivière Barab dans

dans un coffret luxueux d’un

le Damaraland en Namibie, est

noir profond qui reprend des

extraite du projet « Genesis »,

détails du pelage du félin. Des

son ode à la vie sauvage et au

flûtes noires accompagnent

monde des origines.

l’ensemble qui est tiré à

« Nous cherchions depuis plu-

25 000 exemplaires.

sieurs années un artiste pour

« L’épure de la photo et sa

cette cuvée d‘exception et

force intemporelle se marient

Salgado s’est imposé comme

très bien avec ce millésime

une évidence.

2008 qui pré-

Son esthétique

sente une belle

et surtout

tension avec

son profond

une expression

humanisme

franche et dont

s’accordent

la bonne acidité

avec les valeurs

en fait un grand

que nous por-

vin de garde », souligne la

tons, explique

TEXTE jules février    PHOTOs Sebastião Salgado - Amazonas images

Vitalie Taittinger, directrice

jeune femme.

de la communication et du

En 1983, la maison de cham-

marketing au sein de la maison

pagne familiale rémoise a

de champagne. Pour cette

inauguré la Collection Taittin-

cuvée nous voulons mettre à

ger avec une œuvre de Victor

l’honneur des artistes qui ont

Vassarely qui a habillé de ses

acquis une forme de sagesse.

abstractions géométriques le

Nous ne les choisissons pas en

cru 1978. Depuis, douze autres

début de carrière pour éviter

artistes contemporains de re-

ainsi les effets d’opportunisme

nom, dont Arman (1985), Roy

ou de mode, ce sont des gens

Lichenstein (1990), Toshimitsu

qui ont vécu des décennies

Imaï (1994), Corneille (1996),

avec l’estime de leurs pairs et

Zao Wou Ki (2003), Rau-

du public. »

schenberg (2007) ou encore

Le flacon recouvert d’un film

Amadou Sow (2011) ont étoffé

en polymères thermoplas-

la série. J.F.

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_Mine d’or à ciel ouvert de Serra Pelada. Etat du Para, Brésil, 1986.

1_

_Un produit chimique est projeté sur le combattant du feu pour le protéger de l’extrême chaleur des flammes. Gisement de pétrole du Grand Burhan, Koweit, 1991.

2_

1_Manchots à jugulaire sur un iceberg. Îles Sandwich du Sud. 2009. 2_Tepui Roraima. Venezuela. 2006.


_Chaîne Brooks. Refuge national de la vie sauvage de l’Arctique. Alaska, États-Unis. 2009.


_Jeune cueilleuse dans une plantation de thĂŠ. Rwanda, 1991.

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Les conférences TED. Derrière cet acronyme quelque peu surprenant se cachent en réalité Technology, EnterTED tainment and Design, piliers fondateurs du monde digital. Depuis le milieu des années 80, ces conférences, données à travers le Monde, connaissent un beau succès.

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idées virales

les conférences ted à reims

© DR

La clé du succès tient en quelques minutes Organisées par la Fondation Sapling, les conférences cherchent à valoriser « les idées qui valent la peine d’être diffusées  » (ideas worth spreading, comme le précise le site officiel ted. com). Deux fois par an, ces conférences ont lieu à Vancouver. En réalité, l’organisateur de la première conférence s’était rendu compte que lors des conférences auxquelles il assistait, il ne parvenait à être attentif aux propos tenus que pendant une durée de 18 minutes. 18 minutes, c’est à la fois peu et beaucoup. Toutes les conférences TED de par le Monde, sont donc contraintes, par uniformité, à cette durée maximale de 18 minutes. Cela permet d’avoir une conférence dynamique, rythmée et un speaker toujours réactif. En quête des meilleurs spécialistes Le speaker, c’est comme cela que l’on appelle le spécialiste qui vient tenir un discours lors d’une conférence. Ce peut être sur des sujets variés tels que les sciences, l’art (y compris la musique), l’architecture…De grands noms sont régulièrement présents aux conférences pour y faire des discours. C’est notamment le cas de Bono (le chanteur de U2), Bill Clinton ou Al Gore (deux politiciens, dont un ancien président des USA). TEDx est le nom accordée à la « franchise » permettant d’exploiter les conférences TED ailleurs qu’à Vancouver. Chaque ville ayant son bureau TEDx bénéficie donc d’une appellation bien précise : TEDx Reims en ce qui concerne notre belle ville. Les bureaux TEDx, dans les villes d’ici et d’ailleurs, doivent justement chercher de nouveaux speakers chaque années et les « motiver » à venir parler de leurs spécialités lors des conférences. Tout cela se réalise grâce à un travail d’équipe. Depuis 2013 dans la Cité des Sacres Et à Reims, justement, c’est une équipe de choc qui s’occupe de gérer les conférences TEDx. Ainsi, Arielle, Maheethan ou bien encore Hélène participent à mettre en place, chaque année, une conférence encore meilleure que l’année précédente. Ren  TEXTE NICOLAS VUILLEMIN

contre avec leur président (depuis l’origine, en 2013), Jean-Sébastien Lefévère. Organisé, passionné et méthodique Jean-Sébastien est ce que l’on appelle un homme digital, passionné par les nouvelles technologies, les nouvelles manières de communiquer et de transmettre des informations. Pour lui, le partage et l’échange sont primordiaux. Il avait quitté la Cité des Sacres, se jurant par la même occasion de ne jamais y revenir. Mais le coeur a été plus fort que la raison… pour notre plus grand plaisir, puisqu’il a mis son efficacité et son professionnalisme au service d’une belle cause. Il a vite compris que l’esprit d’équipe et le relationnel qu’il développait au sein de TEDx lui apporteraient en outre beaucoup pour son travail dans le domaine bancaire. Bonjour Jean-Sébastien ! Comment s’est passée l’arrivée de TEDx à Reims ? Y a t-il eu des freins particuliers ?

Bonjour ! L’association s’est montée en 2013 à Reims. Depuis, l’équipe a bien grandi et accueille désormais 15 personnes, toutes bénévoles je le précise. Comme dans toute associaiton, des gens arrivent et d’autres partent mais je dirais qu’il existe un « noyau dur » de 6-7 personnes présentes depuis le départ. D’ailleurs moi-même, je suis le président de l’association depuis 2013. Je m’y sens bien et je dois dire que j’apprécie le travail que nous effectuons tous, collectivement. Nous avons réussi à développer un solide réseau ici à Reims et je dois reconnaître que l’accueil fait par les collectivités et les institutions a été positif tout de suite, ce qui est plutôt rare pour ce genre d’événement.

de l’équipe assiste à une conférence à Vancouver. Pour des raisons de budget, cela se révèle compliqué car tout est bénévole je le rappelle, même si nous avons de bons espoirs pour l’an prochain, à New York notamment. Nous avons la chance de faire chaque conférence dans un lieu différent et avec un thème également différent. Pour cette année, nous serons dans les somptueux et spacieux locaux de la Cartonnerie. C’est l’équipe technique de la Cartonnerie qui gérera la partie sonore de l’événement. Pour l’image, nous faisons appel à un professionnel qui pourra nous permettre de faire du multicaméra et de nous « reposer » sur ses compétences. Enfin, concernant les photos, nous passerons probablement par le Studio 341 de notre ami Dimitri Bois, vidéaste et photographe important de la scène locale. Tout cela nous permettra d’avoir un beau rendu final et donc, une meilleure visibilité sur YouTube. C’est d’autant plus important que des membres américains de Ted vérifient régulièrement les vidéos des conférences TED. Pourquoi enregistrer et diffuser les vidéos sur YouTube ?

Parce que c’est ainsi que tout cela a été pensé : la transmission et le partage sont vraiment au coeur de ce processus de conférence. Le format des conférences est idéal pour YouTube, qui est un support sur lequel les gens passent énormément de temps mais visionnent de courtes (voire très courtes) vidéos. Généralement, pas plus de 20 minutes. C’est parfait pour TED et donc, pour TEDx Reims. Que peut-on te souhaiter ainsi qu’à TEDx Reims pour cette nouvelle saison qui débute ?

Je souhaite continuer à faire vivre TEDx Reims avec mon équipe.

Comment se déroule typiquement une conférence TEDx ?

Comment fait-on si on veut en savoir

Chaque événement ne peut accueillir que cent personnes. Cela permet d’avoir une excellente qualité d’événement et surtout, que chacun en profite au maximum. Nous pourrions obtenir un licence pour avoir le droit à plus de places mais pour cela, il faudrait que l’un des membres

plus sur les conférences et s’inscrire ?

Les gens intéressés peuvent aller sur notre page Facebook et sur notre site tedxreims.fr Merci, Jean-Sébastien !

Merci à vous !


Il fête ses 16 ans, le festival des BisQueers Roses. Mais, s’il ne s’agit pas d’une adolescence, cette nouvelle édition marque la maturité d’un rendez-vous annuel qui a su pérenniser son utilité et sa cohérence. Du 6 au 12 novembre, Olivier Nostry, président de l’association LGBT Exaequo, et Yoann Datt, co-organisateur, ont garni avec attention et malice ce festival en forme de pochette surprise.

Paillettes Party

S

e t P o p C u lt u r e

surprise

TEXTE agathe cebe

Les BisQueers Roses ont toujours su se démarquer par une programmation riche et variée. Et si cette année, l’association Exaequo ne reçoit pas en son local rue du Jard, elle ouvre grand les portes d’espaces familiers et fidèles, à Reims et ailleurs. Après un before, le 6 novembre au cinéma Opéra, c’est au Manège que le festival s’inaugure, le 8 novembre, pour un triptyque palpitant. En plein cœur d’un autre festival, Born to be a live, le spectacle de Aude Lachaise « Outsiders, la rencontre » propose un stand-up inédit, suivi de « Backline », de Thierry Micouin et Pauline Boyer, duo artistique qui mettra en évidence le thème fil rouge du festival : le corps. Corps physique, corps social, comment l’apprivoiser ? À la Verrière, en fin de soirée, il sera bien temps de prendre son corps à bras le corps pour danser sur la pop-porn de Martin Poppins, ovni musical sorti du sac magique de la plus célèbre nourrice d’Angleterre. Pour la première fois, et pour hono-

rer l’ouverture d’une autre antenne de l’association, il y a quelques mois, le festival se délocalise sur Charleville-Mézières le jeudi 9 novembre, au Forum. Cette soirée annonce trois propositions, parfaitement décentes. Déjà, un cabaret avec « Mathilde », où Loïc Brabant, figure phare de notre théâtre local, se joue des frontières du genre et honore une dualité espiègle, franche et sensible avec son personnage créé il y a plusieurs années maintenant. Ensuite, un concert, avec les bordelaises de Lkill, souligné d’un DJ Set de Herr Pop, pour un voyage européen, à pulsations rapides. Pas de jaloux : cette même soirée est rejouée le lendemain, le vendredi 10, au centre culturel du Crous de Reims. Le festival des BisQueers Roses a à cœur de rassembler le plus de monde possible autour d’évènements de pop culture curieux, rares et fédérateurs. Mais au-delà, « nous voulons de la visibilité, auprès de tous les publics » confie Olivier Nostry, président de l’association Exaequo. « Aller à la rencontre des gens, que les gens viennent à notre rencontre, faire tomber les préjugés, autant de petits challenges que le festival nous permet

de multiplier. » Pour être au plus près du public, le festival lance des invitations plus intimistes, comme pour le samedi 11 novembre, avec l’atelier danse de Thierry Micouin, une projection au cinéma Opéra et la conférence de Caroline Muller au Crous, ou également le dimanche 12, avec le brunch et, pour la route, une dernière séance… Et le rideau sur l’écran est tombé. Mais, en tout cas, le vrai bouquet final du festival, c’est le samedi soir, au Crous. « Paillettes dans la palette » et mix Popingays : folie douce et plaisir vrai en large distribution. Parce que, au-delà de toutes les problématiques profondes et sérieuses que l’association Exaequo gère, avec persévérance et patience, tout au long de l’année, au-dessus de la solidarité, de la prévention, de l’écoute, tout en haut de la pyramide de la vie, il reste l’amour. Et l’amour, il faut que ça brille et que ça pétille, comme un biscuit rose trempé dans du champagne.

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f estival des b is q ueers r o ses du 0 6 au 1 2 n o vem b re

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«Lune, c’était

p’t’être la lune, qu’il avait vue ronde, qu’il avait vue tourner. Pourquoi pas t’la promettre ?

»


Artiste lunaire et sensible, Mathieu Boogaerts est un créateur appliqué, jonglant avec l’humilité du talent qui n’a rien à prouver. Invité sur la première scène du Charabia Festival, il accepte de nous parler de l’intimité de son travail d’écriture, là où la composition flirte avec le jeu de pistes, l’heureux hasard et la broderie fine. Artiste discret, comment as-tu progressé depuis ton premier album « Ondulé » ?

Je ne choisis pas consciemment d’être discret. Si demain, Drucker m’invite et fait une semaine spéciale sur moi, j’y vais en courant. Je n’ai jamais dénigré les rendez-vous ou les invitations. Je subis presque d’être discret. Mais c’est vrai que ma musique est, elle, discrète. Pas tapageuse, intime, calme, et c’est peut-être une façon inconsciente d’être discret. S’il s’agit de progression… Dans le mot « progression », il y a « progrès », et donc en quoi serais-je meilleur qu’il y a 22 ans ? Je n’ai pas vraiment le recul pour m’en rendre compte. Mais avant j’étais amateur et aujourd’hui je me sens vraiment professionnel. J’ai aussi le sentiment d’écrire beaucoup mieux aujourd’hui. Et heureusement : car si j’avais l’impression que le mieux était derrière, je ne sais pas dans quel état je serais ! Ce qui est certain, c’est qu’à chaque chanson, chaque disque, j’ai toujours la même ambition, la même énergie.

un peu dessus, et très vite – mais quand je te dis très vite, c’est une seconde et demi – spontanément, vient se greffer ma voix sur cette mélodie, et avec ma voix, des mots arrivent. Mais je ne les choisis pas vraiment. Ils arrivent naturellement, parce qu’ils collent bien à la mélodie, et aussi parce que les sentiments de cette mélodie vont convoquer ces mots. Une phrase va venir, me plaire, m’inspirer. Je reste accroché à cette phrase clé, cette phrase étalon, et tout va se décliner par rapport à elle, le son, le rythme, le propos… Ça fonctionne toujours comme ça. Et en parlant d’inspiration… Tu évolues dans un univers onirique, parfois naïf, enfantin, et toujours avec un clin d’œil à la vie réelle, au quotidien. Qu’est-ce que tu as envie de raconter ?

C’est difficile de répondre à cette question, car je ne décide pas foncièrement de raconter telle ou telle chose. Mais il faudrait que je passe en revue mes chansons, pour vérifier ça, et l’expliquer… Toi, choisis une chanson que tu connais ?

Quel lien t’unit aux mots et à la poésie ?

Comme j’écris des chansons, les paroles et la musique sont liées. Je n’écris pas plus l’une que l’autre. Mon texte lu sans la musique qui l’accompagne, j’ai l’impression qu’il n’est pas censé avoir de valeur. Enfin… Il manque vraiment la mélodie qui va accentuer tel ou tel mot et qui va donner aussi du sens au texte. Quand j’écris, je commence toujours par la musique, et ensuite le texte arrive. En tant que consommateur de poésie, je peux être ému et je peux reconnaître la qualité d’un texte poétique.

Par exemple pour « Nehemie d’Akkadé* » ? Il y a un personnage, un propos…

Ouah ! Ça fait quinze ans, et je ne sais plus comment c’est venu… En fait, si. Je me souviens d’être parti de l’anecdote de l’invention de la roue. Quelle est la motivation pour inventer la roue ? Et j’ai imaginé un prétexte d’amour, pour écrire une chanson d’amour. Mais initialement je n’ai pas voulu écrire une chanson d’amour. C’est la roue qui m’a évoqué l’amour, le décor, le propos. Mais quand je pars d’une idée singulière comme celle-là, ça me prend ensuite énormément de temps à tout écrire, tout construire, tout assembler.

Et donc tu ne te considères pas comme poète ?

… Si… Mais pas au sens strict. Je me sens une âme de poète, dans le sens où si on prend cent personnes dans le métro le matin, je suis sûrement dans le lot des poètes. Mais pas « profession poète ». Je parle plus « vision du monde poète ». En tout cas, comme j’écris des chansons, je me sens plus chansonnier. Ta composition musicale est caressante, elle prend soin du texte…

Oui, c’est vrai que le texte arrive tout de suite, très vite. Au départ, je ne prends pas ma guitare en me disant « allez, je vais écrire une chanson ». Ça, je ne sais pas faire. Alors, je gratouille ma guitare, comme j’adore le faire, et puis d’un seul coup, je vais sentir quelque chose, une mélodie, un air. Alors hop, je m’attarde

Un travail de broderie, donc ?

Exactement, c’est tout à fait ça. C’est comme en art graphique. Je vois un motif, par exemple les étoiles sur le pull que tu portes. C’est un motif simple, parfois c’est plus sophistiqué, mais quand on prend du recul, c’est harmonieux, on repère qu’il y a un rythme dans cette composition d’étoiles. La musique, c’est pareil. Il y a un phrasé, une rime à la fin, ou une rime au milieu, les mots ont des sons, leurs sons sont matières, et je dois travailler cette matière, ces motifs sonores, les imbriquer, les harmoniser, et ça prend du temps. Mes chansons s’égrènent à cette mécanique. * album « 2000 »

MATHIEU BOOGAERTS

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chanson  française

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TEXTE agathe cebe    PHOTOGRAPHIE sylvère HIEULLE


une idée

bouillon de futur

Prenez un dôme blanc de 9 mètres de haut et 18 mètres de diamètre. Posez-le délicatement au milieu des tracteurs exposés sur la Foire de Châlons. Disposez à l’intérieur des coworkers, des start-up, des robots, un espace de conférence et quelques curieux. Omettez volontairement les cloisons. Mélangez pendant onze jours. Laissez agir. Bienvenue au cœur du Pavillon du Futur. C’est une bulle aussi imposante qu’ambitieuse. Un tiers-lieu éphémère qui rassemble des institutions, des entreprises et des jeunes pousses, avec l’innovation comme cri de ralliement. L’idée nait en 2016 sous l’impulsion de Bruno Forget, commissaire général de la Foire, et Dominique Lebrun, dirigeant de l’agence Tercom. En parallèle, début 2017, les rémois Arnaud Bassery, à l’origine du projet Quartier Libre, et Maxime Valette, dirigeant d’entreprises et co-fondateur de viedemerde.fr, créent Le Bloc, générateur d’innovation. Entourés de partenaires, ils s’emparent du concept et le revisitent pour proposer, dans cette deuxième édition du Pavillon, une expérience à la croisée des mondes culturel, social, entrepreneurial et public. Mélanger les torchons et les serviettes

Ce n’est pas une vitrine de l’innovation mais un concept innovant. « Dans cet espace sans cloison, on confronte différents univers et on crée les conditions propices aux échanges » explique Arnaud. Les publics hétéroclites sont invités à se projeter dans le futur. Durant le workshop sur la silver économie, on débat sur le concept de senior 2.0 pour lutter contre la perte d’autonomie et l’isolement. Césaré, centre national de création musicale,

apporte une autre réponse à travers un projet qui convoque une plasticienne, une chorégraphe et un compositeur. « Tissage d’Interactions Sociales Innovantes à travers la Création Artistique » propose aux personnes âgées fragilisées, vivant en EHPAD, une activité ludique qui favorise le développement cognitif, affectif et la relation à l’autre. C’est toujours la force et la richesse du collectif qui caractérisent les initiatives présentes. Le challenge confié par le département de la Marne à la Team M25 en est une illustration. Dix personnes d’horizons variés, encadrées par des coachs, ont bûché sur ce que pourrait être la Marne en 2025. Ainsi dans cette bulle, les barrières entre start-up et grandes entreprises, entre politique et terrain tendent à s’effacer. Et la parole se libère, le temps d’un atelier.

Un générateur d’idées

Certaines entreprises présentes comme Artech’drone ont rempli leur carnet de commandes. Pourtant, faire du business n’est pas la priorité. « Des représentants d’une grande enseigne nationale d’hypermarchés sont venus visiter le Pavillon. Nous nous sommes arrêtés sur l’installation d’aquaponie. Très vite, l’idée de recréer ce mini écosystème naturel dans les rayons frais a germé. » Pour Arnaud et Maxime, il s’agit bien de semer des graines, déclencher des collaborations inédites. On assiste également à une passation de relais, une forme de tutorat. « Je suis fils de profs et j’ai depuis longtemps une réelle volonté de transmettre  » confie Maxime. Un dispositif inédit a été expérimenté pour accompagner

huit bénéficiaires du RSA. Autour de la table, des hommes et femmes aux compétences complémentaires (communication, digital, management, etc.) mobilisés pour les conseiller et co-construire une méthodologie favorisant leur retour à l’emploi. Des projets gigognes

Mi-octobre, le dôme du futur prend ses quartiers au salon international des technologies des vins effervescents (VITeff) à Epernay, pour s’attaquer au (à la) Champagne innovant(e) et, à nouveau, créer des connexions. Mais le voyage ne s’arrête pas là. « Ce concept plaît et nous avons plusieurs opportunités pour le développer sur d’autres sites et thématiques en 2018. » Les signaux sont positifs et l’enjeu est de taille avec l’ouverture programmée fin 2017 de Quartier Libre #2. Deux bâtiments de 1000 m2 chacun, l’un dédié à l’entrepreneuriat, l’autre à la culture et l’événementiel. Dans une troisième phase, à l’horizon 2021-2022, Le Bloc investira les anciens Magasins Généraux situés Port Colbert à Reims, dans un Quartier Libre format XXL. Loin de la philanthropie, Maxime rappelle que « Le Bloc est une entreprise comme une autre. L’objectif est d’investir, de la pérenniser. Cela passe notamment par la création d’emplois ».

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Portrait benoît pelletier


JA Z Z

Take a walk on the Sunnyside Pour sa troisième édition, le festival de jazz rémois s’offre un petit voyage dans le calendrier. Auparavant adepte du printemps, le Sunnyside festival est désormais automnal, pour répondre au cahier des charges d’un appel à projet lancé par la Ville de Reims et remporté par l’association Jazzus. Pour cette édition 2017, si les dates ont changé, les moyens ont augmenté, et le festival garde son esprit jazz singulier.

TEXTE agathe cebe

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FESTIVAL


« La colonne vertébrale du Sunnyside festival, c’est sa programmation » précise Jean Delestrade, une des deux têtes pensantes de Jazzus « mais nous avons souhaité aussi nous ouvrir à d’autres esthétiques, comme le hip hop ou le classique. Ainsi, chaque public peut trouver sa porte d’entrée. » Et en effet, du 19 octobre au 11 novembre, ce sont vingt rendez-vous qui sont donnés à des spectateurs voulus et attendus variés, curieux, spécialistes ou néophytes. Dans cette optique, la programmation laisse place à plusieurs types de scènes, comme des photo-concerts, des ciné-concerts, des têtes d’affiche de renommée internationale, des artistes locaux, et, une nouveauté, des spectacles pour le jeune public, le « Sunnykids ». Riche de son lien désormais plus étroit avec la ville, le Sunnyside festival s’étend dans tous les grands pôles culturels de Reims. Véritable jeu de piste, l’organisation permet aux artistes d’être accueillis sur des scènes fameuses, comme celles de la Cartonnerie, du théâtre du Chemin Vert, de la Comédie, de Césaré, du Cellier ou du Centre culturel Saint Ex. Mais aussi, certains spectacles se nichent dans des espaces plus insolites, à l’utilité détournée, comme le Lieu Minuscule, petite galerie d’art, ou la Maison des ventes Chativesle. Enfin, certains

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concerts seront aussi prétextes propices à redécouvrir des lieux emblématiques de notre patrimoine rémois, comme la Demeure des Comtes de Champagne ou le musée Saint Rémi. « Et s’il était trois spectacles à ne surtout pas manquer ? » ai-je demandé à Jean Delestrade. Le choix est difficile. Pourtant, il mentionne le diptyque des 4 et 5 novembre, à la Cartonnerie. Le samedi 4, avec Steve Coleman, dont le nom fera frémir l’oreille des avertis. « Il est un monument musical. Il est celui qui a réussi à faire la synthèse de la musique afro-américaine. » La Creative Black Music avant-gardiste de Coleman semble donc indiscutablement immanquable. Et le lendemain, le dimanche 5, le Avishaï Cohen Trio est aussi largement connu de la sphère jazz. Ces deux têtes d’affiche sont aussi rejointes, dans la sélection de Jean Delestrade, par Leïla Martial : le 26 octobre, sur la scène du théâtre du Chemin Vert – qui se prête divinement bien à cette prestation – la jeune chanteuse, accompagnée de trois autres musiciens, viendra explorer et expérimenter les possibilités du traitement de la voix. À la fois traditionnel et audacieux, son travail étonne par la réinvention du jazz qu’il propose aux spectateurs. Difficile de se contenter de trois coups de projecteurs. Jean Delestrade ajoute que « l’acoustic trio de Bireli Lagrène,

au centre des congrès le 10 novembre, vaut aussi le coup d’œil et l’oreille attentive » pour qui aime le jazz manouche. Evidemment indicative et non-exhaustive, cette petite sélection ne met pas dans l’ombre les autres rendezvous, tous aussi incontournables les uns que les autres, à l’instar de la sélection jeune public, avec Jazz Toons ou Marcel son (petit) orchestre, qui se déguste en famille ou en groupe scolaire – de la crèche au CM2 – et qui tend à ouvrir les plus petits aux délices du jazz et de l’impro. Echo du Reims Jazz Festival, le Sunnyside s’impose pour la troisième année, valeureux et varié, été indien musical rémois, et se déguste minutieusement. Et pourquoi pas avec un verre de Sunnyside#17, une bière fruity west coast pale ale, créée et brassée pour l’occasion, avec la complicité de Yves Leboeuf et le saxophoniste Léon Phal, le premier travaillant sur l’accord bière / musique, le deuxième assurant la clôture du festival le 11 novembre. La boucle est bouclée, mais tout est lié, en termes de plaisirs.

S U N N Y S I D E R E I M S F E T S I VA L D U 1 6 .1 0 AU 1 1 .1 1 w w w . sunnyside . f r fac e b o o k . c o m /J a z z us P r o du c ti o ns /


Il y a des années (mais pas trop quand même car Iemza et Sylvère H. sont encore jeunes), nos deux artistes, qui se connaissent depuis toujours, faisaient du skate dans l’un des quartiers d’Epernay : Bernon. Imaginons-les à cette époque, debout sur leur planche, roulant d’avant en arrière : C’était le temps de leurs premiers " Rock to Fakie ", une figure de skate bien connue de ceux qui pratiquent ce sport de rue. À présent, ils ont quitté Epernay, arrêté le skate, et, depuis cet été, leur objectif est de mener leur nouveau projet à terme : Sylvère prend des photos, toujours en noir et blanc, dans leur ancien quartier et Iemza s’empare de ses Posca pour étirer toutes les lignes, existantes ou imaginaires, jusqu’au bord de la toile. Déjà modifiés par la symétrie rajoutée par Sylvère dans sa volonté de donner naissance à de nouvelles formes, à de nouveaux lieux, les bâtiments en béton prennent, avec le geste créateur d’Iemza , une dimension encore plus impressionnante. Il y a, dans ce qu’il trace, un côté géométrique et un goût certain pour la perspective, pour ces lignes, ces points de fuite que tout dessinateur, tout peintre connait, mais qui, d’habitude, restent invisibles. Ces lignes que l’on gomme presque toujours sur nos dessins, Iemza les garde et les rend constitutives d’un monde qui ressemble à celui d’un roman de science-fiction. 15 de ces œuvres seront exposées du jeudi 5 octobre au samedi 6 janvier dans les Médiathèques Centre-Ville et Daniel Rondeau d’Epernay.

Retrouvailles en terre de béton

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EXPO

Comment est né ce projet ?

Iemza : Nous avions envie d’un petit retour en arrière car nous sommes tous deux sparnaciens ! Et nous nous posions cette question : quel rôle joue l’architecture au milieu de laquelle tu vis dans ce que tu deviens ? Sylvère H. : Pendant un moment, j’ai pris des photos de stations service la nuit, de lieux de passage, de parkings et à cette époque, j’avais déjà été amené à travailler avec Vincent (Iemza). Comme nous connaissons bien l’architecture sparnacienne, cela nous a donné l’idée de monter ce nouveau projet, qui fait d’ailleurs parti de la programmation d’un festival organisé par Velours : Urba. Quelles idées aviez-vous en tête ?

Sylvère H. : L’objectif était de créer des lieux sans limites, qui n’existent pas ! Iemza : Nous voulions de l’onirisme et en même temps, avoir toutes les cartes en main pour montrer ce qui dégorge de la rue !


ROCK TO FAKIE DU 05.10.17 AU 06.01.18

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dans les Médiathèques Centre-Ville   et Daniel Rondeau d’Epernay

TEXTE justine philippe

photos sylvère HIEULLE


Dans Animaux de béance, la chorégraphe Camille Mutel s’aventure dans l’univers de la transe, de la métamorphose des corps et l’inversion des sexes.

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DANSE

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camille mutel CHORÉ G RAPHE

Camille Mutel est artiste compagnon du Manège, scène nationale de Reims, où elle présentera la « première » de son nouveau spectacle, Animaux de béance. Dans le paysage de la danse contemporaine, la jeune femme a un univers singulier. Son parcours est marqué par sa rencontre avec Masaki Iwana, un maître de la danse butô, la « danse du corps obscur » née voici une cinquantaine d’années au Japon, en rupture avec les modèles traditionnels du nô et du kabuki. Une danse subversive qui emprunte tout autant aux avantgardes occidentales qu’au bouddhisme et au shintoïsme. La culture asiatique la passionne, pour « son rapport au silence, au temps, à l’espace, au vide, à travers notamment les notions de wabi sabi (principe d’imperfection, d’impermanence et d’incomplétude) et de ma (l’espace temps qui relie et sépare les choses) ». Transe

TEXTE CYRILLE PLANSON    PHOTO Paolo Porto

Lenteur, minimalisme, poésie caractérisent cette danse qui nourrit la recherche de Camille Mutel qui, dans son travail aime à explorer l’intime et la nudité. Selon des codes qui lui sont propres, le butô se danse d’ailleurs le plus souvent le crâne rasé, le corps nu et peint en blanc. Ce rituel a nourri Camille Mutel. Dans Animaux

de béance, elle souhaite explorer « un jeu de regard et de désir continûment relancé et activé » en s’appuyant sur une autre danse ritualisée, l’Argia, qui est une tarentelle médiévale de Sardaigne, et qui servira de socle à ce travail sur le corps. Sous la direction de Camille Mutel, celui de ses danseurs se transforme, il devient le support de projections, l’objet des transgressions, dans un rite qui parfois peut évoquer l’exorcisme, la transe extatique ou le chamanisme. Camille Mutel interroge la rupture identitaire au sein d’une communauté, une situation à laquelle se prête tout particulièrement la tarentelle, cette danse de village dont la tradition raconte qu’elle devait être interprétée pour guérir le malade souffrant d'une morsure de tarentule. On y danse, on y chante, on transforme son identité, les sexes s’inversent. Au plateau évoluent Mathieu Jedrazak, un contre-ténor et performeur venu des scènes lyriques et queer, Isabelle Duthoit, une chanteuse portée sur l’expérimentation vocale, et la danseuse Alessandra Cristiani, formée elle aussi au butô, Pour Camille Mutel, la nudité n’est pas mode, elle n’est pas le vecteur d’une vaine provocation. Elle est d’abord un révélateur qui, au fil de ses pièces, dit le monde en explorant la solitude, le désir ou le manque dans l’intimité des individus qui le composent.

Du nu au costume

La chorégraphe adoptera pour la première fois une position singulière pour elle. Celle du bord de plateau, depuis lequel elle entend guider et diriger « en live » ses trois interprètes. Animaux de béance est une performance dansée et chantée oscillant entre l’animalité des corps nus, leur tension, et le jeu social entre les êtres introduit par le costume. Inspirés des costumes traditionnels africains, il sera évolutif. Asexué, avec pour base de grandes couvertures donnant l’impression d’avoir été rapiécées, il offre une grande palette de jeu au plateau. Le costume - ici réalisé par Éléonore Daniaud - est un refuge, il dévoile autant qu’il couvre. Il sera, sur scène, le quatrième « acteur » de cette pièce coproduite par le Manège de Reims et qui, après le festival Born to be a live, poursuivra sa tournée dans le Grand Est et à Paris (pour le festival Faits d’Hiver).

A nimau x de b é an c e U ne pi è c e c h o r é g raphi q ue de Camille M utel Cr é ati o n le 1 0 n o vem b re au M an è g e de R eims dans le c adre du f estival B o rn t o b e A live WWW . M A N E G E - R E I M S . E U


l ' h i st o i r e

I’ve been to the mountain Kevin Morby

Quand la musique croise la petite et la grande histoire.

L’afro-américain Éric Garner, petit trafiquant de cigarettes de contrebande, est étranglé à mort par un policier de New-York, utilisant alors une prise de corps interdite par le règlement. Éric Garner est un géant d’1,90 m, obèse, asthmatique, il glisse dans un dernier souffle « I can’t breathe, I can’t breathe  ». Il avait, quelques minutes auparavant, refusé d’être arrêté une fois de plus, s’estimant harcelé alors qu’il n’avait à l’instant aucune activité illicite. Sa mort est filmée, largement diffusée sur les réseaux sociaux, et elle sera la source d’une révolte qui couve encore

Juillet 2014.

aux Etats-Unis et qui a donné naissance au mouvement «  Black lives matter ». Avec ce titre, Kevin Morby, fait une référence directe à la mort d’Eric Garner. « That man lived in this town, until that pig took him down. And have you heard the sound of a man stop breathing, breathing ? ».

Et aussi

Morby, petit blanc de l’Amérique des middle states - il est né à Kansas City, Missouri -, introduit une autre référence, tout aussi métaphorique, à ce titre. Son refrain, « I’ve been to the mountain », reprend quelques unes es paroles prononcées par Martin Luther King le 4 avril 1968, la veille de son assassinat : « Eh bien, je ne sais pas ce qui va arriver maintenant. Nous avons devant nous des journées difficiles. Mais peu m’importe ce qui va m’arriver maintenant, car je suis allé jusqu’au sommet de la montagne. » Trente ans plus tard, « I‘ve been to the moutain » chantera Morby…

Kevin Morby joue le 2 novembre à Paris, à la Grande Halle de la Villette. Son dernier album, City Music, est sorti au printemps 2017. Son dernier album, City Music, est sort en juin dernier. On y retrouve un titre sorti quelques mois plus tôt, Beautifull strangers. Kevin Morby l’avait mis en ligne au bénéfice d’une association militant contre les armes à feu aux États-Unis. Le musicien y rend hommage aux victimes des tueries du Bataclan et de la boîte gay d’Orlando, en Floride. « If the gunmen come, or If I die too young, I'm full of love » a-til écrit, puis plus lin : « Pray for Paris, they cannot scare us ». En légende de la mise en ligne de ce titre sur YouTube, Kevin Morby expliquait alors : « Cette chanson est dédiée et écrite pour tous les gens que je n'ai jamais rencontrés mais sur lesquels j'ai lu des choses. Tous ces noms, ces visages, tous ces beaux inconnus… »

« Round'em out, make an écho, Destroy the destroyer, and do it fast », chante Kevin Morby, aussi véhément que militant. Il n’est donc pas étonnant de voir que le clip d’Ive been to the mountain, objectivement très réussi, a fait l’objet de 20% de « dislikes » sur Youtube. L’engagement de Kevin Morby dans une Amérique déchirée par ses dérives suprémacistes n’y est sans doute pas étranger.

TEXTE cyrille planson

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Un clip commence à être diffusé sur Youtube. Il s’agit du nouveau titre de Kevin Morby, l’ancien bassiste du groupe folk Woods, qui s’apprête à sortir son troisième album solo (Singing saw). Le premier extrait de l’album, I’ve been to the mountain, donne lieu à une vidéo saisissante. Sur son lit d’hôpital, un homme agonise, entouré de ses proches. À l’instant même de sa mort, il semble s’échapper de son corps pour reprendre vie dans une danse plus organique que macabre. Le danseur Nathan Mitchell virevolte dans les couloirs désincarnés de l’hôpital, se réappropriant en quelques instants un corps trop longtemps abîmé par la souffrance. Un clip superbe, mais qui narre une toute autre histoire que celle de ce titre.

Avril 2016.

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La Cité de l'Automobile ZAC Croix Blandin

www.audi-reims.fr


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