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L A M AG N I F I Q U E C A R TO N N E R I E
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LE LIEU
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MORRISSEY & KUNG FU CANTO
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LA CRÉATION POUR ALLER MIEUX
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GUILLAUME BRIÈRE
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2 0 / G A U T H I E R G O N D E L 2 2 / E M M A N U E L L E L A I N É A U F R A C 2 6 / B O L D D E S I G N
# 19 JUIL AOÛT 18
3 2 / A D R I E N B E L G R A N D 4 0 / D O M I N I Q U E L E B R U N 4 2 / L E S F L Â N E R I E S M U S I C A L E S 4 4 / L E S S H O W R O O M S P O R S C H E 4 6 / E L I S A B E T H L I K E A D R E A M 4 8 / D A N S L E S PA S D E S S A A M I S
manège E… H C R E H C E ON R
ENTREZ DANS LA DANSE Pour sa saison 18/19 le Manège vous invite à participer aux projets des chorégraphes MARTA IZQUIERDO MUÑOZ
LA VERONAL
SOIRÉE D’OUVERTURE DE SAISON
VORONIA
ON RECHERCHE 20 PARTICIPANTS (ADULTES ET ADOLESCENTS
ON RECHERCHE 6 HOMMES & 1 GARÇON (10 À 12 ANS)
Vous souhaitez vivre la création au plus près des artistes et vous produire sur la scène du Manège ?
À PARTIR DE 16 ANS)
YOLO
CRÉATION AMATEUR
ON RECHERCHE 15 ADOLESCENTS (FILLES ET GARÇONS DE 13 À 15 ANS)
PERE FAURA SWEET FEVER
HERMAN DIEPHUIS & DALILA KHATIR ET MAINTENANT QUELQUE CHOSE DE COMPLÈTEMENT DIFFÉRENT ON RECHERCHE 15 PARTICIPANTS (ADULTES ET ADOLESCENTS À PARTIR DE 16 ANS)
INSCRIVEZ-VOUS DÈS LE 15 JUIN
à l’adresse suivante manege-reims.eu/entrezdansladanse par téléphone 03 26 47 97 70 par mail c.gruyer@manege-reims.eu
ON RECHERCHE 40 PARTICIPANTS (ADULTES ET ADOLESCENTS À PARTIR DE 16 ANS)
manege-reims.eu
PHOTO : © PERE FAURA / SWEET TYRANNY ©TRISTAN PEREZ-MARTIN
scène nationale - reims
A R T, M U S I Q U E , D E S I G N , B U S I N E S S : L E S C R É AT I F S S O N T D A N S P R O C E S S .
A
ART
1 4 / L A C R É AT I O N P O U R A L L E R M I E U X 2 2 / E M M A N U E L L E L A I N É AU F RAC 3 2 / A D R I E N B E LG RA N D, P E I N T R E
M
MUSIQUE
1 0 / L A M AG N I F I Q U E C A R TO N N E R I E 11 / LE LIEU 12 / MORRISSEY & KUNG FU CANTO 16 / GUILLAUME BRIÈRE ÉDITEUR / DIR. DE PUBLICATION BENOÎT PELLETIER
46 / ELISABETH LIKE A DREAM 4 8 / D A N S L E S PA S D E S S A A M I S
RÉALISATION / DESIGN / DIFFUSION WWW.BELLERIPE.FR DIRECTION ARTISTIQUE BENOÎT PELLETIER ASSISTÉ DE MARION LABONDE
SI VOU S S OUHAITE Z DE VE NIR D I FFU SEU R, VOUS ABONNE R POUR R ECEVOI R L E M AGAZINE C HE Z VOU S, OU E N COMMANDE R UN EXEMP L AI RE , CONTAC TE Z N OUS IC I : H ELLO@P ROC E S S -MAG.COM P OU R D EVE NIR ANN ON C E UR, D I FFU SEU R OU PARTE N AIRE : BP @P ROCES S -MAG.COM 0 6 80 6 5 89 72
LE MAGAZINE PROCESS ES T ÉDITÉ PAR BELLERIPE SARL - 5 AVENUE VALIOUD 69110 SAINTE-F OY-LÈS-LYON . TOUS DROITS RÉSERVÉS. TOUTE REPRODUCTION , MÊME PARTIELLE ES T INTERDITE, SANS AUTORISATION . LE MAGAZINE PROCESS DÉCLINE TOUTE RESPONSABILITÉ POUR LES DOCUMENTS REMIS. LES TEXTES, ILLUS TRATIONS ET PHOTOGRAPHIES PUBLIÉS EN GAGENT L A SEULE RESPONSABILITÉ DE LEURS AUTEURS ET LEUR PRÉSEN CE DANS LE MAGAZINE IMPLIQUE LEUR LIBRE PUBLIC ATION . LE MAGAZINE PROCESS ES T DISPONIBLE GRATUITEMENT DANS 170 POINTS DE DÉPÔT À REIMS. RETROUVEZ TOUTE L A LIS TE SUR WWW.PROCESS-MAG.COM MAGAZINE À PARUTION BIMES TRIELLE. © ADRIEN BELGRAND
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26 / BOLD DESIGN 4 4 / L E S S H O W R O O M S P O R S C H E
B
BUSINESS
20 / GAUTHIER GONDEL 40 / D OMINIQUE LEBRUN
CONTRI- P BUTEURS © STÉPHANE DE BOURGIE
BENOÎT PELLETIER ÉDITEUR DIRECTEUR CRÉATIF & PHOTOGRAPHE
ANNE-SOPHIE VELLY DA DE MAISON VIDE, ART CONTEMPORAIN, MUSIQUES & CONFETTIS
HÉLÈNE VIRION CHERCHEUR EN ART & PHOTOGRAPHE
PEGGY LEOTY COMMUNICATION / ÉVÉNEMENTIEL / RELATIONS PRESSE
CYRILLE PLANSON REDAC-CHEF LA SCÈNE, LE PICCOLO, THÉÂTRE(S) MAG
JÉRÔME DESCAMPS RÉALISATEUR & MONTREUR DE FILMS
ARNAUD LALLEMENT CHEF ***
JULES FÉVRIER JOURNALISTE & PHOTOGRAPHE
JUSTINE PHILIPPE JOURNALISTE
NICOLAS DAMBRE JOURNALISTE & AUTEUR
ALEXIS JAMA-BIERI DIRIGEANT CULTUREL
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MARIE-CHARLOTTE BURAT RÉDACTRICE, TOUJOURS ENTRE DEUX EXPOS
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Qui c’est celui là ?
Introït
PIERRE VASSILIU
LÉO BLOMOV
Morceau de 1969 indémodable et démodé en même temps. Ce morceau de Pierre Vassiliu est un morceaumarteau complètement gaga qui rentre par une oreille pour ne pas ressortir par l’autre… Pour info : Born Bad Records a remis au goût du jour Pierre Vassiliu et a fait presser un album complet du petit moustachu au ventre rond. Une pièce de collection dont on ne devrait pas se priver…
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Point conseil : Mémorisez ce nom. Il est timide mais il se soigne. Tout droit sorti de son salon russe, lumières tamisées, après quelques verres de vodka, c'est sûrement apprêté d’un peignoir en velour pourpre et en chaussons assortis que l’on imagine Léo Blomov composer ses morceaux. Calme et volupté, une non-chalande mélodieuse enveloppe nos oreilles soyeuses qui ne demandent qu'à être caressées encore par « Introït », le premier single du p’tit nouveau (très prometteur) de la « scène rémoise » et au delà…
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Baiser
John John
CRAZY CHEVAL
ORCHID CLUB
Parce que Prince aurait eu 60 ans le 7 juin dernier, un petit hommage à ma manière en ressortant ce morceau repris en français par Crazy Cheval, « Kiss » devient « baiser » « Pas besoin d’être riche, Pour être ma fille, Pas besoin d’être fraiche, Pour régler mon monde, Aucun signe particulier je suis plus compatible avec, Je veux juste ton extra temps et ton baiser » Pas besoin d’en dire beaucoup plus, dansez maintenant…
Orchid Club c’est le nom d’un morceau de Blondie, mais pas seulement, c’est le nom d’un groupe carolomacérien aussi. Crooner pop et sanglier peuvent faire bon ménage (non je ne suis absolument pas dans le cliché ardennais). Quoi qu’il en soit la recette fonctionne à merveille sur « John John » très beau morceau illustré par un joli clip inspiré de celui de Kate Bush pour le morceau « Wuthering Heights »on y regarde chanter et danser le crooner en robe rouge dans une prairie verdoyante. Et puis cette voix… impossible de résister, mais il fait chaud on à bien le droit de fondre.
Allo Allo monsieur l’ordinateur
Petit chat
DOROTHÉ
SEB ADAM
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Drôle d’idée me direz-vous ? J’en conviens. Ça ne parlera pas à tout le monde mais une bonne tranche de trentenaire-quarantenaires. Il y a de ces morceaux qui marquent un moment. Qui marquent l’enfance. Je porte toujours des chaussettes en tout cas et je chante toujours sous ma douche. Il y’a quand même des choses qui ne changent pas en 36 ans. Aucun qualificatif supplémentaire trouvé pour ce morceau, une madeleine musicale peut-être ? Tout simplement.
05
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Seb Adam, il vit sur un tapis volant invisible, c’est pour ça qu’il est toujours à quelques centimètres au dessus du sol porté par les courants d’air parfois joyeux, parfois doux, parfois acidulés, parfois mélancoliques. Il fabrique de jolies mélodies bricolées, mêlées de chat qui jouerait avec son ombre, d'étoiles qui se cachent derrières des nuages capricieux, d' histoires d'amour plus ou moins légères suivant la météo du jour ou d’un bateau qui sombre sans jamais arrêter de chanter, peu importe la suite. Embarquement immédiat.
NEWS CLOUD
M L
FAUT PAS RATER ÇA
19H
06/07> 17/08
21/07
CONCERT PIQUE-NIQUE PARC DE CHAMPAGNE / REIMS
Rendez-vous incontournable des Flâneries Musicales de Reims, le concert/pique-nique de clôture du festival se déroule dans le Parc de Champagne. flaneriesreims.com
CHARLEVILLE À LA LANTERNE CHARLEVILLE MÉZIÈRES
Une balade nocturne sous forme de visite guidée pour découvrir les charmes des vieilles rues de Charleville Mézières. cd08.fr
JUSQU'AU
JUSQU'AU
AU DIAPASON DU MONDE
COUPLES MODERNES
20/08
27/08
CENTRE POMPIDOU-METZ METZ
FONDATION LOUIS VUITTON PARIS
L’exposition explore le processus créatif généré par les relations amoureuses, passionnées, complexes parfois subversives, qui unissent les artistes avant-gardistes de la première moitié du XXème siècle.
La thématique de cette exposition renvoie aux questionnements actuels liés à la place de l’Homme dans l’univers et à la nouvelle approche qui le lie à son environnement et au monde du vivant, soulignant les interconnexions entre l’humain, l’animal, le végétal voire le minéral.
centrepompidou-metz.fr
fondationlouisvuitton.fr
09> 13/07
VACANCESDIGITALES : MICROS ROBOTS SAINT-EX, CENTRE NUMÉRIQUE REIMS
Fabrication de robots absurdes, décalés et simplissimes avec des déplacements anarchiques. À partir de 6 ans. saintex-reims.com
OUVERTURE DU SITE À 20H PROJECTION À PARTIR DE 22H30
11/07
LES VACANCES DE MONSIEUR HULOT
SQUARE DES CORDELIERS / REIMS
Dès l'ouverture du site, venez en famille / entre amis avec votre pique-nique. Un avant-programme en musique, cirque, théâtre… accompagne ce temps convivial. Puis « Ciné plein air dans les quartiers » : un court-métrage + un film. lapelliculeensorcelee.org
MARCHÉ DE LA PHOTO
D
DES NOUVELLES DU DUO DES HALLES Le photographe Romuald Ducros mène depuis plusieurs semaines un projet au long cours qui se déroulera sur une année entière : il installe sur les marchés rémois un studio conçu spécialement et immortalise les chalands en compagnie de leurs achats, toujours avec la même lumière, toujours dans la même position. Nous suivons l’élaboration progressive du projet au fil du temps et vous livrons dans chaque numéro quelques unes des dernières images de la série en cours. Une première restitution des images est exposée aux Halles du Boulingrin. DANS LE CADRE DE LA PROGRAMMATION " ARTS VISUELS " DE LA VILLE DE REIMS AVEC LE SOUTIEN DE VEUVE CLICQUOT, MAISON FONDÉE EN 1772. WWW.LAPRODUCTIONREMOISE.FR
G PETITS POIS, GLACÉ, FLEURS DE CURRY PAR
Arnaud Lallement
Recette pour 4 personnes Temps de préparation : 1 h | Temps de cuisson : 15 mn JUS DE PETITS POIS 200 g de petits pois | 200 g de lait bouillant | 1 L d’eau Faire blanchir les petits pois pendant quelques minutes dans 1 L d’eau additionné de 10 g de sel. Egoutter. Faire bouillir le lait puis ajouter les petits pois blanchis. Cuire pendant 4 à 5 mn. Mixer et passer au chinois. SAUCE PETITS POIS 150 g de jus de petits pois | 3 g de sel | 5 g de sucre | 1 pincée de poivre | 1,5 branche d’herbe à curry Mélanger le jus de petits pois, le sel, le sucre, le poivre et l’herbe à curry. Mixer. Laisser infuser pendant au moins 4h. Passer au chinois. Réserver. Emulsionner juste avant de servir.
CHAPELURE 20 g de popcorn | 40 g d’un mélange de pavot, lin, millet, sésame et tournesol | 1 pincée d’épices tandoori | 4 feuilles de capucine | huile pimentée Mixer le popcorn. Mélanger avec le pavot, lin, millet, sésame et tournesol, et les épices tandoori. DRESSAGE Tailler les feuilles de capucine en ronds de 4 cm avec un emporte pièce. Verser la sauce petits pois dans chaque assiette. Disposer par-dessus une quenelle de glace aux petits pois légèrement trempée dans la chapelure. Ajouter quelques gouttes d’huile pimentée et une feuille de capucine.
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© MATTHIEU CELLARD
GLACE AUX PETITS POIS 200 g de jus de petits pois | 60 g de petits pois | 4 g de sel | 4 g de sucre + 15 g | 1,5 branche d’herbe à curry | 1 pincée de poivre | 20g d’eau | 1 g de stabilisant | 1g d’agar | 1 feuille de gélatine Faire blanchir les petits pois pendant quelques minutes. Egoutter et mixer avec un peu d’eau. Mélanger cette purée avec le jus de petits pois, le sel, le sucre, l’herbe à curry et le poivre. Mixer. Laisser infuser ou macérer pendant au moins 12h. Passer au chinois. Réserver. Préparer un sirop : faire chauffer l’eau avec 15 g de sucre. À ébullition ajouter l’agar, puis le stabilisant et la gélatine. Mélanger l’appareil petits pois et le sirop. Verser dans une sorbetière. Turbiner jusqu’à obtenir une consistance de glace.
GOÛT L’INATTENDU À BERGARA
BILBAO, OH, OH, OH
Quand vous prenez la N637 qui sort de l’autoroute E70 venant de France, vous piquez droit sur le fleuve et sur le musée Guggenheim imaginé par Frank Owen Gehry. Waouh, c’est lui ! vous connaissez par cœur les photos, vous avez entendu les récits, mais le choc est total. Une folie, un musée en forme de sculpture mouvante et chatoyante. En voiture, vous passez juste au-dessus, un kif total. Ensuite ce sera la promenade le long du rio Nervion (c’est compliqué l’Espagne, on ne sait jamais comment il faut écrire les noms : orthographe castillane ? basque ? française ? Va pour la francisation mais pas certain de ce choix). Découverte d’œuvres emblématiques bouleversantes comme The renowned orders of the night d’Anselm Kieffer sublime dans sa grande salle voutée, déambulation étonnée dans l’exposition temporaire consacrée au poète et peintre Henri Michaux, funambule de l’imaginaire. Détour par le musée des Beaux-arts pour admirer une belle collection, traversée d’une immense manifestation de retraités contre la baisse des pensions, visite de La Alhondiga, centre culturel et d’activités sportives imaginé par Philippe Starck, la faim vous gagne grave. Vous vous dérouillez les pieds dans les rues du vieux quartier et vous tombez sur une auberge pleine comme un œuf, les jambons pendent par dizaines au plafond, la casa s’appelle La feria del jamon. Ça parle haut, les âges sont très mélangés, pas de touristes à l’horizon, vous prenez un ticket à l’entrée. Assis sur des tabourets le long de longues tables en bois, on vous apporte l’assiette complète : saucisson, chorizo, lomo, jambon Iberico, Cecina de Léon (bœuf séché). C’est bon, l’enivrement vient plus du volume sonore et de l’agitation constante que du vin de soif, vous êtes au cœur de l’Espagne adorée. Bon, pour les patatas fritas, les pimientos del padron, et autres verduras, vous repasserez, rien, nada. Quelques petits oignons émincés avec le thon à l’huile, c’est tout, même les olives, nada, on vous dit. Larga vida al cerdo ! © DR
© DR
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C’est une soirée de voyage, de celle que vous n’attendez pas, de celle qui restera gravée dans votre mémoire. Tout commence par une réservation d’hôtel avec vue imprenable sur le sanctuaire Nuestra Senora d’Arantzazu au cœur des montagnes du Gipuzkoa (vous êtes au Pays Basque). Du gris de la vallée vous passez à un brouillard épais qui supprime toute vue à plus de 5 mètres, un gros coup de blues vous envahit. Redescente vers la ville de Bergara à la recherche d’un nouveau lit, aventure de parking car le centre-ville est condamné aux voitures, le sort vous fait entrer dans la chambre 12 de l’hôtel Ormazabal. Moins une chambre qu’une sorte de suite chez votre tata Jacqueline, un grand lit haut en fer ouvragé, une seconde pièce avec joli bureau, lit gigogne, table roulante, cheminée, buste et bibliothèque de livres espagnols et basques, puis enfin un bow-window large donnant sur la place centrale, pouls nerveux de la ville surtout à cette heure, 20h15, où la messe est finie ce mardi 8 mai et où tout le monde envahit les bars à pintxos (enfin beaucoup de gens de plus de soixante ans pour être exact). L’accumulation hétéroclite d’objets personnalisés forme un cocon accueillant sans parler de la bonhomie du propriétaire ne parlant que l’espagnol, les gestes et la concentration sont requises à vous qui n’entravez rien à la langue de Cervantès. Vous entrez par hasard chez Eruan-gastroteka. Assis au bar, le patron vous fait boire du cidre basque, une langue commune en quelque sorte. Premier pintxos (tapas, vous êtes au Pays Basque), une brochette de deux olives, 3 guindillas (petits et fins poivrons verts) entourés d’un anchois. Bing, jackpot ! Le tout est délicieux et surtout la découverte d’un anchois savoureux, souple et sans cet excès de sel, hantise des nuits d’après pizza. Ils viennent de Gênes, ville spécialiste de la conserverie, mais sont pêchés un peu partout notamment dans la province de Biscaye au Pays basque (d’ailleurs admirés fringants sur le marché du port de Lekeitio le matin même). Vous enchaînez sur l’assemblage tranche de pain, fromage frais, truite fumée et anchois, un délice de goûts. L’apothéose vient avec le poulpe à la plancha juste ce qu’il faut d’ail et d’huile d’olive accompagné de petits poivrons de Guernica (cousins de ceux de Padron) et de fines asperges vertes. La consistante du poulpe est unique, on est loin du machouillis d’un nerf blanc au goût de mer, non, on est dans une texture tendre et suprêmement goûteuse. Puis vint le jambon Belotta accompagné de patatas à la fleur de sel, ces pommes de terre cuites d’abord à l’eau avant de les plonger dans la friteuse, un délice absolu. Vous voilà embringué dans une discussion sans fin avec le patron et le jeune cuisinier sur les vertus du piment d’Espelette, la provenance des produits, la région, le monde, l’univers, la galaxie tout cela dans un improbable sabir avec force vin blanc et vin rouge. Bien éméché et ravi des papilles, le coup de grâce vient avec une crème mi chocolat, mi meringue vénitienne accompagnée d’un verre, puis deux de Pacharan cet alcool étonnant mélangeant deux essences improbables, la prunelle et l’anis. C’est une fierté basque, que vous partagez avec alacrité. Les tabourets sont sur les tables, vous sortez sur la place déserte. La nuit est grise, l’humidité gagne. Vous vous glissez dans les draps doux, brodés en couleurs aux armes de l’hôtel. La nuit sera douce.
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(PAYS BASQUE ESPAGNOL)
La feria del jamon – Chez Claudio, Calle esperanza 9, Bilbao - 914 166 308
Hôtel Ormazabal hotelormazabal.com Eruan, Gastroteka facebook.com/eruan.bergara.7 Maison Olasagasti olasagasti.it (Anchois marinés à l’huile d’olive et autres poissons) Pacharan Baines pacharan.com Pâtisserie Larranaga San Pedro Kalea 9, Bergara - 943 761 051 (D’excellents biscuits à la cuillère et petits fours secs) L’ingénieux hidalgo Don Quichotte de la Manche, éditions Points (2 tomes) : formidable traduction nerveuse de Aline Schulman
TEXTE JÉRÔME DESCAMPS
LA MAGNIFIQUE CARTONNERIE : UNE ÉQUIPE AU TRAVAIL PENDANT UN AN POUR QUELQUES JOURS DE FÊTE
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MUSIQUE
Point chaud des musiques actuelles à Reims, la Cartonnerie œuvre au quotidien pour faire vivre et briller la création artistique. Mais l’été arrivant elle sort le grand jeu, un condensé de passion et de frissons sur trois jours : c'est l’heure de la Magnifique Society. Nouveau carton plein cette année avec 21 000 spectateurs.
_© Joël Dera - Les Musicovores
Devenu un rendez-vous incontournable, ce festival célèbre et clôture en beauté la fin de la saison culturelle à la Cartonnerie. Véritable bouquet final, il rassemble le temps d’un week-end prolongé le meilleur de sa programmation au Parc de Champagne, le tout en gardant cette convivialité qui fait le succès du lieu. Plus de nature, plus d’espace, plus de spectateurs, la Magnifique Society et une version outdoor de la Cartonnerie. Une extension du lieu, mais aussi de ses missions. En se développant sous la forme d’un festival, la Cartonnerie peut ainsi faire découvrir davantage d’artistes en un minimum de temps, profitant de l’émulation de cet événement. C’est une expérience collective, on va au-delà des publics cibles comme ce peut être le cas lors d’un concert en particulier. Les artistes comme les spectateurs se croisent, se
rencontrent, et créent sur leur passage des appels d’air, invitant ceux de la Magnifique Society à se rendre à la Cartonnerie (si ce n’était pas déjà le cas !) et vice-versa. Le rayonnement n’est donc pas simplement régional, mais national et même international compte tenu des partenariats qui sont mis en place, tout particulièrement avec le Japon. Une plus-value essentielle aux yeux de cette salle musicale, qui tient à démontrer lors de ce temps fort, que Reims se fait toujours plus mouvante et attrayante, installée pour de bon sur la scène contemporaine. Pour les 33 salariés de la Cartonnerie, une telle organisation est un travail de longue haleine, avec des moments spécifiquement dédiés
au festival toute l’année. Bénévoles, intermittents et autres prestataires viennent renforcer les rangs le dernier mois, mais au total, près d’un an est nécessaire pour aboutir à ce résultat. Dès septembre prochain, ils se remettront ainsi à la tâche, pour faire de la Magnifique Society une utopie sur le long terme.
POUR REVIVRE LES MOMENTS FORTS DE LA MAGNIFIQUE 2018, C'EST ICI : L A M A G N I F I Q U E S O C I E T Y. C O M
ET POUR LA CARTO, C'EST ICI : CARTONNERIE.FR
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TEXTE MARIE-CHARLOTTE BURAT
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MUSIQUE
Il y a quelques semaines, je croise Razmo (Maxime) Ducrot lors d’un concert à la Cartonnerie, qui me parle d’un nouveau lieu à venir à quelques encablures de la mythique salle de concert rémoise consacré aux pratiques musicales. Comment développer l'apprentissage de pratiques musicales, qu’il s’agisse de jouer d’un instrument, chanter, s’exprimer devant un public ou simplement de venir écouter de la musique en Live pour le public ? Un sujet toujours central des problématiques culturelles. Une proposition de réponse est donnée par ce nouvel espace de culture qui porte simplement le nom LE LIEU. Simplicité et convivialité sont les maitres mots de ce nouveau projet rémois. Un nouvel espace de lien et de créativité pour attiser l’effervescence de la scène artistique rémoise et Champ-Ardennaise déjà si riche. LE LIEU, qui se composera d’une école de musiques actuelles (rock, pop, électro et hip-hop) et centre de formation artistique, ainsi que d’une salle de spectacle, ouvrira ses portes en Septembre 2018, dans les Docks Rémois, quartier se situant derrière la Cartonnerie de Reims aux cotés des Studios Césaré. Les fondateurs de l’établissement associatif - Marine Bailleul (Présidente), Enguerrand Roger et Maxime Ducrot (Vice-Présidents) - ont en effet souhaité proposer une approche moderne des pratiques musicales. Ici, apprendre la musique ne consistera pas à enseigner à coups de règles un instrument à un môme à peine sorti du jardin d’enfants qui n’aurait ni choisi son instrument, ni eu envie de faire de la musique. Pas de statutaire, mais de la passion, de l’envie, du professionnalisme, de la pratique et de nombreuses rencontres. L’école de musique LE LIEU sera en effet un espace d’apprentissage et de création
ouvert à tous, sans langage savant et à l’esprit ludique et proposera un programme dédié aux musiques actuelles (pop, rock, hiphop, électro...) mettant la composition, la scène et la découverte au même plan que la technique instrumentale. LE LIEU proposera un format d’enseignement innovant avec cours collectifs, ateliers de groupe, masterclass et rencontres, offrant l’accès à des disciplines nouvelles (DJ et musiques électroniques, accompagnement hip-hop …) et à l’apprentissage d’instruments phares des musiques actuelles (guitare,
basse, piano, clavier et saxophone). De quoi former de futures générations de musiciens rémois qui enflammeront peut-être un jour les scènes des festivals. Les fondateurs du LIEU ont, fort de leur constat d’experts dans le domaine des musiques actuelles, souhaité également répondre au besoin à Reims d’une salle de concert de musiques actuelles professionnelle de petite jauge, complémentaire des salles aux capacités d’accueil plus importantes de la Cartonnerie (1200 et 400 places), une petite jauge toutefois plus conséquente que celle proposée par les lieux de concerts alternatifs rémois (bars et maisons de quartiers). Grace à sa salle de spectacle de 150 places, LE LIEU
organisera des évènements tout au long de l’année. Les artistes de la région ainsi que les associations culturelles y seront accueillis dans les meilleures conditions possibles, et le public pourra les y découvrir. En plus de travailler avec les artistes et les associations, LE LIEU, qui vu la qualité de son offre culturelle devrait bénéficier du soutien de la Ville de Reims, travaillera en partenariat avec les principales structures culturelles rémoises, et de façon privilégiée avec la Scène de Musiques Actuelles La Cartonnerie et le Centre National de Création Musicale Césaré. Dès son ouverture, le lieu proposera un festival de musiques in-situ (pop, rock, hip-hop et électro) d’accès gratuit, accueillant plusieurs artistes, groupes et DJ rémois du 5 au 9 septembre. Il proposera par ailleurs des événements ponctuels, notamment une soirée High Five consacrée au Hip-Hop le 20 octobre. LE LIEU est un point de rencontre entre le monde artistique amateur et professionnel destiné, d’une part, à amener la vie artistique locale et régionale à se former, se croiser, se développer et s’entraider, et provoquer l’échange entre les professionnels, les amateurs et le public et destiné, d’autre part, à faire le pivot entre les individualités, les associations et les principales structures culturelles rémoises. Afin de valoriser le projet, plusieurs « parrains », musiciens professionnels reconnus, avec déjà parmi eux le producteur français montant Fakear ainsi que Guillaume Brière du célèbre duo Rémois The Shoes, soutiennent LE LIEU. Ils y seront mis à l’honneur pour pouvoir y transmettre leur expérience.
W W W. L E L I E U R E I M S . C O M
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“ LE LIEU ” Une nouvelle école de musique, une nouvelle salle de concert, c'est « Le lieu ». À Reims.
TEXTE ALEXIS JAMA-BIERI
MORRISSEY & KUNG FU CANTO Process se met à l’heure de la Coupe du monde de football, avec un fait divers qui a marqué l’histoire du sport mais aussi celle du rock indé : le kung fu kick d’Eric Cantona.
TEXTE CYRILLE PLANSON
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MUSIQUE
Janvier 1995. Le footballeur Eric Cantona est au sommet de sa gloire. Voici trois saisons déjà qu’il a rejoint le championnat anglais, la Premier League. À Leeds, il est un acteur de la conquête du titre de champion d’Angleterre obtenu en 1992, après 18 années de disette. Cantona impressionne, il fait chavirer le cœur des supporters et s’est imposé en quelques mois comme un joueur majeur de ce championnat jugé comme le plus attractif au monde. Cantona, son allure, son port de tête et son col de maillot relevé, sont la coqueluche des médias. Souvent critiqué en France, cantonné à un rôle de second couteau en équipe nationale, Eric Cantona trouve sa place dans ce championnat rugueux, celui des supporters prolos, des joueurs durs au mal. Las, même si Cantona déclare sa flamme au public de Leeds d’un historique « I love you, I don’t know why, but I live you », il quitte l’ancienne ville minière du Nord de l’Anglettere pour rejoindre sa voisine et le très argenté club de Manchester United. Là, sous la férule d’un entraîneur mythique, Sir Alex Ferguson, Cantona ne sera plus jamais Canto. Il devient « The King ». Suspendu à plusieurs reprises pour des tacles violents, il n’en reste pas moins décisif. Le bad boy de Marseille est même élu à deux reprises « meilleur joueur de l’année » du championnat anglais. L’histoire, pourtant, aurait pu ne pas aller à son terme, un jour blafard de janvier 1995. Manchester United affronte alors les Eagles de Crystal Palace, un club de la banlieue sud de Londres. Le score est serré (1-1 score final), le match tendu entre les deux équipes. Cantona est sifflé et les provocations à son endroit se multiplient. L’objectif est de faire sortir de ses gonds un joueur que chacun sait impulsif. Soudain, un dénommé Mathews Simmons, un vitrier au chômage de 21 ans, supporter indéfectible de Palace et sympathisant du National Front Party, quitte son siège en tribune et descend se poster au bord de la pelouse, derrière les barrières publicitaires. Cantona est tout près, il vient de recevoir un nouveau carton rouge après un tacle dévastateur sur les chevilles d’un défenseur adverse. Et c’est à lui que Simmons s’adresse en hurlant. À la 48ème minute du match, l’insulte, fuse, cinglante, dans l’atmosphère lourde du Selhurst Park de Londres : «enculé de bâtard de Français». Le regard noir, Cantona s’arrête brusquement. Il se tourne vers la tribune et, le pied droit tendu en avant, il se projette sur Simmons, lui infligeant un high kick en pleine poitrine. L’homme s’effondre. Cantona aussi, déséquilibré par le coup qu’il vient de porter. Avant de se relever et d’asséner plusieurs coups de poing à Simmons qui tente quelques coups hasardeux pour ne pas perdre la face. En vain. Séparé de son adversaire par ses coéquipiers, Cantona est raccompagné au vestiaire.
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Il prend le temps de rabaisser son col avant de rejoindre les vestiaires en longeant ostensiblement la tribune des fans de Crystal Place, le torse bombé, la tête haute. Ce geste qui aurait pu entraîner sa perte fera aussi sa légende. Et sans aucun regret de sa part. Il avouera même plus tard sa satisfaction « d’avoir donné ce coup de pied parce que ce genre de personnes ne doit pas être présent à un match… C'était comme un rêve de pouvoir frapper ce type ». Son seul regret ? « Je crois que je ne l’ai pas frappé assez fort », dira-t-il à la presse anglaise presque vingt ans plus tard. Suspendu jusqu'à la fin de la saison par son club, il sera condamné en première instance à deux semaines de prison ferme avant que sa peine ne soit commuée en 120 heures de travaux d'intérêt général. Sa suspension, en club comme en équipe nationale, sera de sept mois. Et Eric Cantona ne portera plus jamais le maillot de l’équipe de France. L’affaire ne serait jamais sortie du cercle des médias sportifs et people si la popculture anglaise n’était pas en si étroite connexion avec le football. Deux mois après le « kung fu kick », le groupe de rock indé Ash, formé en Irlande du Nord, sort le single Kung Fu. Entre deux riffs de guitare, le groupe de Tim Wheeler y rend hommage à Jackie Chan et aux Ramones mais Eric Cantona figure sur la pochette du single, suspendu, en vol, et en pleine action avant que son pied n’atteigne Simmons. La photo a déjà fait le tour du monde. Le titre de power pop - qui fait pensé à ceux des contemporains du groupe, Weezer et Supergrass en tête - a son petit succès. Il figure même sur la track list de 1977, l’album du groupe que le NME intégrera dans sa liste des 500 meilleurs albums de tous les temps. Mais ce Kung Fu n’est pas du goût du King qui, selon le groupe leur aurait fait passer le message suivant : « I spit on your record »(« Je crache sur votre disque »). Histoire ou légende ? À cette époque, Morrissey a quitté les Smiths pour une carrière solo. Arborant souvent des t-shirts à la gloire de son idole, le Mancunien se produit alors sur scène avec un tambourin sur lequel on peut lire en lettres noires Éric et Cantona. Interrogé sur la violence de l’avant-centre ce jour de janvier 1995 au Selhurst Park. Morrissey, malicieux, confiera : « Je trouve que ce geste est un bon exemple, c'est très glamour ». Il explique que la star de Manchester United lui a inspiré Southpaw Grammar, le cinquième album, qu’il était alors en train de composer. L’album sera malheureusement un échec commercial. Un jour, les deux hommes se croiseront par hasard dans un hall d’hôtel. « Je lui offre un sourire presque inédit, raconte Morrissey, il le refuse avant de repartir froidement. Et moi de me sentir laissé pour compte comme un enfant grassouillet sur les marches d'une église. » Cantona, à jamais The King.
LA CRÉATION POUR ALLER MIEUX Au CaféGEM, on a l’art et la manière d’être solidaire ! Cette association a pour vocation de soutenir les personnes en difficulté, marginalisées, en les amenant à reconstruire un tissu social via l’art. Décryptage des bienfaits du processus créatif au profit de la santé.
_ Lecture de Gisèle Bienne à la médiathèque Falala pour le CaféGEM le 15 juin 2018 © Laurence Bastin
L’art au service du bien être ? L’idée n’est pas neuve mais continue de tracer son chemin jour après jour, et tout particulièrement au sein du CaféGEM où elle prend sens au quotidien. Gem, Groupe d’Entraide Mutuelle, un acronyme qui porte bien son nom. Il en existe plusieurs en France, et notamment à Reims, mais la particularité ici, est d’avoir pris la forme d’un café associatif, loi 1901 (et sans alcool !). Un lieu qui mise depuis plus de dix ans maintenant sur la convivialité pour mener à bien sa tâche : soutenir les personnes meurtries par la vie, souffrant de douleurs psychiques qui peuvent mener à l’exclusion sociale. Afin de pallier à ces situations d’isolement, de nombreuses activités sont organisées, impliquant chacun dans la vie de l’association - on vient autant pour se faire aider que pour aider les autres. Cette nouvelle forme de solidarité passe par le jardinage, la cuisine, les jeux… Mais surtout, par les ateliers artistiques. Bien qu’il réserve de belles surprises, le résultat n’est pas la finalité, c’est bien l’acte de créer qui compte. La réflexion, l’imaginaire, le dépassement de soi, sont autant de remèdes à la mélancolie et à la solitude que promeut le CaféGEM. Au fil de l’année, se succèdent alors les événements culturels, amenant les adhérents à la rencontre d’artistes de la région, peintres, écrivains, musiciens… Récemment, c’est avec la plasticienne Gladys Bourdon que les membres de l’association ont pu travailler, avant d’assister le 15 juin à une lecture publique de Gisèle Bienne. Tout est une question de rencontres. Loin de choisir les artistes au hasard, le CaféGEM va au-devant de personnes dont il connait et apprécie le travail, valorisant au passage, le cru de la région. Derrière cette mise en relation, une femme, chargée de projet de l'animation, de l'organisation des événements, Laurence Bastin. C’est elle qui va dénicher les talents, accomplis ou émergeants. De cette manière, elle a ainsi proposé à Gladys Bourdon de rejoindre la vie de l’association, le temps d'une résidence qui a été suivie d'une exposition du 28 avril au 20 mai dernier. Jeune plasticienne et cartographe, Gladys Bourdon a le sens du détail. Ces compositions sous formats réduits et arrondis sont
comme une plongée indiscrète dans son univers onirique, où se mêlent le végétal, le cosmos et l’organique. Fascinée par l’infiniment petit, elle crée des points de vue, des zooms sur les éléments du quotidien qui nous échappent, et les met au premier plan dans son cadre délimité, précis, leur insufflant ainsi une forme de préciosité. Un extrême en appelant un autre, l’infiniment petit devient l’infiniment grand et l’œil passe du microscope à la longue vue, du chromosome à la galaxie. En faisant du cercle son espace de création, Gladys Bourdon permet au regard de circuler, d’y abolir les frontières comme la pesanteur. Fidèle à son parcours, elle nous dresse la carte, non pas du ciel mais d’un monde à elle. On est dans l’extension du domaine du réel. Si elle se dirige instinctivement vers le noir et blanc, il lui arrive également de travailler la couleur. Mais c’est pourtant bien dans les nuances de gris qu’elle excelle, dans les dégradés de tons, de texture. Lors de son atelier, c’est un peu de cette aventure que Gladys Bourdon a souhaité partager avec les adhérents du CagéGEM. Une fois les présentations faites, elle est venue tous les jours durant une semaine pour les accompagner, 2h le matin et 2h l’après-midi, et leur proposer de réfléchir ensemble sur le thème de l’ « Ouverture ». Profitant du jardin, le PotaGem, elle les a amené à créer autour de la question de nature, réalisant des œuvres cette fois-ci colorées, mais en gardant le principe des formes arrondies et l’esprit du détail. A l’aide de gabarits, des feuilles noires percées de cercles, elle leur a également proposé d’isoler des éléments de végétation, assemblés par la suite grâce à un passage sous la photocopieuse – pour des raisons techniques, mais après coups pertinentes - en noir et blanc. Un acte créatif qui a permis aux membres du CaféGEM de dépasser leurs limites. Si certains trouvaient la tâche trop complexe de prime abord, la fierté n’en était que plus grande au moment de sa concrétisation. Ils ont accompli une œuvre collective, qu’ils ont pu présenter eux mêmes au moment de l’exposition, et garder une trace matérielle et pérenne de leur travail, de par leur création certes, mais aussi grâce aux photos et vidéos relayées sur le site du CaféGEM.
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_1, 2 Le travail sensible de Gladys Bourdon qui a accompagné les membres du CaféGEM pendant une semaine
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_ Travaux réalisés au CaféGEM lors du Workshop animé par Gladys Bourdon © Laurence Bastin
Le 15 juin dernier, c’est un tout autre rendez-vous qui attendait les adhérents. Une lecture publique « Dansons sous la mansarde » animée par l’écrivaine Gisèle Bienne. Initialement organisées au sein du CaféGEM, les lectures ont désormais lieu à la médiathèque Jean Falala, devenue un partenaire fidèle de l’association. Une délocalisation qui permet d’ouvrir l’événement à tous, réunissant les membres de l’association comme les curieux de la région. Après un certain temps de réflexion entre Laurence Bastin et Gisèle Bienne, ce rendez-vous littéraire voit le jour à la suite de la sortie du dernier roman de l’auteure, Les fous dans la mansarde. Primée par deux prix littéraires, distinguée de l'Ordre national du Mérite, Gisèle Bienne n’en est pas à son premier coup d’essai et pratique souvent les lectures publiques. Pour cette rencontre, elle a sélectionné avec soin trois passages de son livre afin de transmettre son goût de la lecture. En lisant elle-même son texte, elle y réinscrit le ton, les effets de voix qui lui sont propres. C’est autant par les mots que le phrasé qu’elle compte toucher son auditoire. Après avoir consacré trois ouvrages à la Première Guerre Mondiale, elle renoue une fois encore avec ce thème aujourd’hui. Si celle-ci tient tant d’importance à ses yeux, c’est qu'elle représente un mal collectif, une zone d’ombre qui touche chacun d’entre nous, « les héritiers » comme elle les nomme. Entre récit autobiographique et fictionnel, Les fous dans la mansarde nous relate la rencontre fortuite d’une femme avec des fantômes du passé, des esprits ayant vécu la guerre, pouvant être aussi bien des proches de la narratrice (son oncle) que des personnages célèbres (Blaise Cendras ou Louis-Ferdinand Céline). Un livre qui aborde ainsi la question de la mort, du traumatisme et de la mémoire, mais avec une forme résolument légère et emplie d’humour.
L’art tient ici un véritable rôle de médiateur, permettant de faire émerger et d’assumer les tabous. Contrairement aux idées reçues, une lecture à voix haute est loin d’être une activité passive pour ceux qui l’écoutent. Les auditeurs peuvent ici s’imprégner de la ferveur de celle qui habite le texte, se l’approprier et en faire une interprétation qui devient leur. Le sens de cette lecture sera celle qu’ils lui donneront. Un temps d’échange à la fin de la séance permet de partager ses ressentis, de nourrir davantage le texte pour le faire résonner au-delà du livre. Dans ses écrits comme dans la vie, Gisèle Bienne prône une véritable liberté de rechercher qui l’on est, un droit à la réflexion, à l’erreur pour mieux parvenir ensuite à l’épanouissement. « Nous sommes d’abord ce que nous faisons » écrit-elle, une maxime qui n’est pas sans nous rappeler l’esprit de l’association. Que ce soit dans les ateliers artistiques ou dans les lectures, il se crée un échange à double sens, les adhérents comme les artistes y trouvent un nouveau souffle. En partageant leur passion, ces derniers perçoivent des éléments de leur travail auxquels ils n’avaient pas été confrontés, enrichissant leurs démarches au fils de ces rencontres. Les adhérents quant à eux, touchent à des formes variées de création, se découvrent des sensibilités dont ils ne se pensaient pas capables. Il ne s’agit pas là d’art thérapie au sens médical du terme, il n’y a d’ailleurs pas de psychiatre au CagéGEM, mais plutôt bien d’une porte d’entrée vers une nouvelle vie sociale, vers l’épanouissement de soi et l’affirmation de sa personnalité. L’art peut-il résoudre ainsi tous les maux de l’esprit ? La réponse n’est pas encore donnée, mais il s’inclut de façon certaine dans l’établissement d’un équilibre personnel et dans une ouverture au monde et aux autres.
1 2 R U E PA S S E - D E M O I S E L L E S , R E I M S CAFEGEM.ORG
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TEXTE MARIE-CHARLOTTE BURAT
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MUSIQUE
GUILLAUME BRIÈRE D E M I - PA I R E D E SHO E S , G R A N D E P O I N T U R E
L’hyper active moitié du duo The Shoes multiplie les projets et les collaborations. D’Orelsan à Bagarre, en passant par le prochain son et lumière de la cathédrale de Reims. Rencontre avec un presque quadra qui préfère travailler en vacances.
Il y a un traumatisme durant ton adolescence…
Où habitais-tu gamin ?
Oui, j’ai été traumatisé par la Cliqua. Rien qu’en l’évoquant j’en ai la chair de poule. Notamment le titre « Conçu pour durer » (1995). J’adorais ce groupe, je connaissais les paroles par cœur, je cherchais à trouver les mêmes fringues qu’eux. Après coup, j’ai découvert qu’ils avaient été très influencés par le groupe américain Mobb Deep.
Petit-Bétheny (au nord de Reims, NDLR). Ce n’était pas la zone, mais ce n’était pas non plus Las Vegas. Je m’y ennuyais un peu. Je rêvais d’habiter le centre-ville de Reims. Ce qui est le cas aujourd’hui, je réside non loin de la cathédrale. C'était bien pratique pour jouer au festival Elektricity, qui se tenait sur la parvis. On a tous eu un pincement au cœur lorsqu’il s’est arrêté (en 2015, NDLR). Il nous a fait grandir, musicalement. Qu’il s’agisse de Yuksek, Brodinski ou The Shoes… Mais la Magnifique Society, qui a pris le relais, est un super festival.
Fan de rap ?
Le premier disque que j’ai acheté devait être « Vous êtes fous ! » de Benny B, ou la compilation de rap français « Rap’Attitude ». Je suis très fan de rap français, j’aime le style et la prod, c’est une musique super adaptée à notre langue. Quand un disque me plait, je veux en connaître et en comprendre les paroles. Le Wu Tang Clan a représenté un tournant esthétique : crado, low-fi, des flows bizarres, plus vraiment de formats… J’ai toujours beaucoup écouté de rap, alors que mon petit frère écoutait plutôt du rock. Je voulais absolument comprendre comment on produisait un titre de rap. Mon rêve était d’enregistrer de la musique que l’on pourrait écouter sur une platine CD. À cette époque, le matos était très difficile à trouver. Mon père a cassé sa tirelire et m’a acheté une MPC 2000 quand j’avais 15 ans. J’ai pu commencer à produire du son. Tu as quand même participé à des groupes de rock…
Gamin, j’avais appris le piano grâce à ma grand-mère qui voulait que je joue des valses de Strauss. Mais je me suis plus intéressé à la guitare par la suite. Avec mon frère, Thomas, nous avions monté un groupe de reprises de rock des années 70 : Led Zeppelin, Deep Purple, Pink Floyd… Que des choses compliquées à jouer, mais cela a participé de notre apprentissage. Avec la vague grunge, je me suis intéressé à la musique alternative : Nirvana, Pixies, Radiohead… Mais depuis MGMT ou the Strokes, il n’y a plus eu grand chose d’innovant en rock.
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La scène musicale rémoise est toujours aussi active qu’aux débuts d’Elektricity ?
Je ne vais pas la jouer « c’était mieux avant » car c’est encore mieux aujourd’hui ! La Cartonnerie a permis à plein de groupes du coin de se développer. Et il y a encore plus d’artistes en ce moment. Il y a une énergie complètement dingue dans cette ville ! Par exemple, les artistes Ian Caufield, Nathan Zahef, Gama Corp., Puzupuzu, Gustine, Shonen Bat, ces derniers faisant partie du collectif Vapeur. En fait, la musique que j’écoute le plus, c’est celle de mes potes. Où as-tu rencontré ton complice Benjamin Lebeau ?
En sixième, au collège Rogelet, à Reims. Je n’y suis pas resté longtemps, le principal a préféré que je parte. J’étais un élève sympa, mais je venais pour me marrer et faire des blagues, notamment pour faire ch*$# l’autorité. Il paraît que c’est pareil en studio…
Je me dis tout le temps que nous sommes des privilégiés de faire ce métier et qu’on est pas sur un chantier. Je fais ce job pour rigoler. Et puis je n’aime pas travailler, ni les studios. À l’inverse de Benjamin, qui est un rat de studio, il adore ça ! Je préfère bosser chez moi sur mon canapé en regardant un match de foot. Ou alors en vacances, dans l’avion ou dans le train. C’est comme cela que je suis le plus productif !
TEXTE NICOLAS DAMBRE PHOTOS BENOIT PELLETIER
Comment est né le duo The Shoes ?
Benjamin roulait des joints dans un coin du studio aménagé dans la cave de mon père. Il avait une formation classique en musique. Il s’est mis à la basse sur « Anarchy in the UK » et il a su en jouer tout de suite. Il s’est découvert une passion pour la basse et il est allé se perfectionner dans une école à Nancy. On avait aussi volé un sampler, cela nous a permis de produire des boucles. Nous avons aussi monté des groupes de punk et rencontré Alexandre Brovelli, du groupe OMR, un rémois dont le frère, Fabrice, est par la suite devenu notre manager. En ce moment, on prépare notre troisième album. Difficile de dire à quoi il ressemblera. The Shoes est un groupe qui a choisi de ne pas choisir, entre rock, pop ou electro. Ce qui est sûr c’est que nous faisons d’abord des chansons.
appris énormément en matière de production musicale. Ou encore the Bewitched Hands, un groupe qui n’existe plus. Benjamin et toi, vous êtes complémentaires ?
Totalement, chacun dans ses domaines de compétence. Nous faisons tout à 50/50. Nous jouons basse, guitare ou piano. Benjamin est plus attiré par une esthétique pop et moi par un son plus electro et urbain. On se complète. Lui travaille plutôt sur les albums entiers d’autres artistes (Sage, Clara Luciani, NDLR). J’interviens souvent sur un ou deux titres, par exemple pour Mikky Blanco, Georgio ou Orelsan. J’ai aussi créé de la musique pour un défilé Vuitton fin mai, avec Woodkid. Je trouve qu’il y a la même énergie créatrice dans la musique et la mode, et les deux sont intimement liés.
Benja & Fatalis, the Magnificent Champagne’s Choir, Zimpala… Tu multiplies les
Vos clips sont souvent sombres, voire violents. Pourquoi ?
projets et les pseudos. Le dernier en date est très secret.
Nous faisons appel à des réalisateurs qui ont une totale carte blanche. Notre titre « Time to Dance » était rapide et joyeux. Le réalisateur Jake Gyllenhaal a préféré en prendre le contrepied en ne filmant pas des filles qui dansent autour d’une piscine. Il faut croire que notre musique dégage quelque chose de dérangeant et violent.
Il ne faut pas en donner le nom. C’est très excitant de repartir de zéro, comme un nouvel artiste. J’espère garder le secret le plus longtemps possible. Il y a aussi eu Gucci Vump, avec Brodinski, un rémois plus jeune que moi, très drôle, qui m’a
FAC E B O O K @ T H E . S H O E S . F R I N S TA G R A M @ T H E S H O E S M U S I C
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COMEDIE RESEAUX SOCIAUX Process encart 120x310_Mise en page 1 12/06/18 14:03 Page1
toutes vos aventures comédie # soirée théâtre # culture # plaisir # création # découverte # atelier # rendez-vous #... #...
Illustration Gg
sur @comediedereims
G AU T H I E R G O N D E L
FABRICATION LOCALE
C’est l’histoire de meubles fabriqués en France, dans les Ardennes, depuis plus de 50 ans. C’est une aventure entrepreneuriale familiale. Et c’est aussi l’histoire de Gauthier Gondel, un chef d’entreprise qui trace sa route, ou plutôt des sillons. Jamais à court d’idées quand il s’agit d’allier design, industrie, architecture et économie locale.
RACINES ET TERRITOIRE
Depuis 1964, Fabrimeuble, créé par les parents de Gauthier, fabrique du mobilier, des cuisines, salles de bain et des dressings, pour la grande distribution. Virage radical, dans les années 80, lorsque l’entreprise s’adresse directement aux clients finaux, particuliers et professionnels, en leur proposant des produits sortis d’usine, made in Ardennes. Le concept du circuit court avant l’heure. Gauthier intègre la société en 1994 puis pilote l’installation de la nouvelle ligne de production automatisée sur le site de Balan. Un process innovant de folding permet d’assembler des panneaux par injection de résine. Résultat : un caisson à la fois esthétique et résistant. En 2013, Fabrimeuble installe une boutique à Ormes et propose du mobilier design, des objets de décoration et des marques prestigieuses. Actuel directeur, père de trois enfants, Gauthier y travaille aux côtés de son frère Florent. En 2019, un nouveau magasin au cœur du site de production de Balan permettra aux clients de configurer en live leur cuisine personnalisée, livrée sous huit jours. Gauthier, qui vit à Sedan, se qualifie de « président passionné » du Made in Ardennes Business Club, un réseau de donneurs d’ordres et de chefs d’entreprises qui s’attache à booster l’économie locale. Et s’il fallait encore une preuve de son implication sur le territoire, ce serait sans doute la présidence du collectif Ardennes Design Industries. Treize actionnaires industriels complémentaires autour du bois, du métal, du béton ou du textile, réunis pour promouvoir leurs savoir-faire auprès des designers et architectes et répondre d’une même voix aux projets.
Il ouvre en 2016 un bureau de design et un showroom à Reims (place Royale) et réalise des projets variés : des magasins d’optique, l’usine Hermès dans les Ardennes, la maison de Champagne RL Legras, un lot de 70 logements pour Brooks,… Gauthier « pioche » dans les compétences de Fabrimeuble, d’Agencia et chez ses marques partenaires (Fatboy, Kartell, Tolix, Fermob, Cinna, MDF Italia, etc.) pour apporter une offre complète et globale. Dernier projet en date pour ce passionné de voitures et motos de collection, l’ouverture d’un showroom et d’une salle de prescription, à Balan, pour les professionnels et les architectes. PLAN DE MASSE
« En 2010, par pur plaisir, je me suis lancé dans un nouveau concept : Lofthouse. On fabrique des systèmes de constructions modulaires, type container maritime ou ossature métallique. Après 5 ans de R&D, on a démarré la production. On peut y mettre ce que l’on veut : habitation, restaurant, bar, boutique, événements, logement vacances,… J’ai eu envie de démocratiser les constructions d’architecte. L’accession à la propriété est la première préoccupation des ménages et Lofthouse fabrique des logements pour 1200 € HT du m2, équipement inclus. » En alliant industrie et architecture, Gauthier semble toucher au but. Les containers sont transformés dans l’usine puis transportés et livrés clé en main, entièrement équipés. Pour exemple, des logements indépendants pour une maison de retraite à Cannes, empilables et déplaçables. « Jusqu’à 50 m2, on n’a pas besoin de permis de construire et les frais de notaire et droits de succession ne sont pas appliGÉOMÉTRIE VARIABLE cables puisque ce bloc mobile n’a pas d’emprise au sol .» Livrés à 8h, les nouveaux En parallèle en 2008, Gauthier fonde, en solitaire cette fois, Agencia, pour coller bureaux du centre d’appels d’urgence 115 de Charleville-Mézières étaient opéraaux demandes spécifiques d’agencement professionnel et de mobilier sur-mesure tionnels à 14h pour les équipes. Gauthier confie avoir de beaux projets en cours : dans le domaine médical, évènementiel, pour des boutiques, des résidences pour un village vacances près du Lac du Der, un restaurant de burgers à Saint-Tropez séniors ou des campus universitaires. « Je suis parti et même un centre de détention dans les Ardennes QUELQUES CHIFFRES d’une page blanche, j’ai monté un bureau d’études avec des containers de 28 m2 accueillant trois cellules et je me suis entouré d’architectes. Depuis tout pechacun. Gauthier Gondel a une réponse à tout. 1964 Création de Fabrimeuble à Floing (08) tit, j’aime faire des plans et dessiner. J’ai commencé 1994 Gauthier rejoint l’entreprise familiale en tant que technico-commecrial par dessiner ma maison puis celle du voisin et ça a 2006 Implantation de la nouvelle ligne de démarré... » production à Balan 2013 Ouverture du nouveau showroom Fabrimeuble de 2800 m2 FAB RIME U B L E 45 employés 20 000 meubles fabriqués par an AGE NC IA (Store au 7 place Royale à Reims) 20 employés dont 8 menuisiers et ébénistes 1,5 millions d'euros de chiffre d’affaires en 2018 ARDE NNE S DE S IGN INDU ST RIE S 260 personnes LOF T H OU S E 3 salariés 45 projets en cours
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BUSINESS
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AGENCIA-DESIGN.COM LOFTHOUSE.FR FA B R I M E U B L E . C O M
TEXTE PEGGY LÉOTY PORTRAIT BENOÎT PELLETIER
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EN TROMPE-L’ŒIL E X P O SI T IO N EMMANUELLE LAINÉ AU F R AC Pertes de repères, 4ème dimension, photosculpture, voici en quelques mots le ressenti des visiteurs, agréablement déconcertés, de la nouvelle exposition actuellement présentée au FRAC Champagne-Ardenne jusqu’au 16 décembre.
Cette création, intitulée « Est-ce que je me contredis ? c’est entendu alors je me contredis. (Je suis vaste, je contiens des multitudes) » - déjà tout un programme - est l’oeuvre de l’artiste Emmanuelle Lainé, qui vit et travaille entre Bruxelles et Marseille. Diplômée de l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris, Emmanuelle Lainé a présenté son travail individuellement ou collectivement dans de prestigieuses institutions, notamment au Palais de Tokyo et à la Fondation d’Entreprise Ricard à Paris, à la Fondation Luma à Arles, à la Villa Arson à Nice, à la biennale de Lyon ou encore à la David Roberts Art Foundation à Londres. Le titre, sibyllin, n’est pas né lors d’une séance de brainstorming sous l’influence de substances hallucinogènes, mais d’une référence à une citation du poète américain Walt Whitman, datant du milieu du XIXe siècle. Dans cette exposition, Emmanuelle Lainé crée un mix « ou plutôt une playlist d’artistes liée à leur travail, une façon de se mettre en perspective en disant "ce que j’aime, ce que je regarde…" » entre les œuvres conservées au FRAC et l’architecture de l’ensemble patrimonial où le FRAC est installé, dont certains espaces sont aujourd’hui inaccessibles au grand public. Elle transpose ici deux salles du campus de Sciences Po : le réfectoire et la bibliothèque. Ces espaces historiques, conçus au XVIIe siècle, contrastent avec les espaces rénovés du FRAC. Ce sont deux temps d’un même lieu qui sont hybridés, qui permettent de mettre en avant les différentes vies d’une collection en utilisant des éléments de mobilier qui rappellent un environnement domestique. Comment ça fonctionne ? Tout d’abord, une œuvre contemporaine, mise en scène, théâtralisée (on pourrait presque imaginer un texte ou une tirade ponctuant la scène), répond à l’espace architectural classique pour
TEXTE ALEXIS JAMA-BIERI
composer une image équilibrée avec ses points de fuite et ses tensions chromatiques. Ici, l’artiste s’est imprégnée de l’esprit et de l’organisation des lieux : « Le processus de création a duré quasiment un an à partir du moment où on a commencé à en parler avec le FRAC en juillet 2017. Le projet a été techniquement très compliqué à réaliser, les prises de vues étant complexes car effectuées dans plusieurs endroits du bâtiment ». L’objectif était alors de faire concorder les prises de vues avec l’espace d’exposition : « on a choisi des salles qui avaient la même géométrie que les salles du Frac et à faire concorder la luminosité en réalisant les photographies aux mêmes heures du jour ». Ensuite, la scène est photographiée en numérique, puis imprimée en très grand format à l’échelle 1. Enfin, la photographie est mise en situation dans le lieu d’exposition du FRAC, immaculé, telle une réalité augmentée et crée un effet de distorsion de l’espace. Dans ce processus, l’artiste exprime une grande attention pour la façon dont les choses prennent forme. Il y a tout d’abord le vivant : « c’était particulièrement intéressant pour moi de travailler avec des gens qui posaient, avec des étudiants, à leurs occupations…C’est un aspect que j’aimerais poursuivre plus tard dans mes créations ». Ensuite, il y a l’inerte, le bâtiment, la pierre, le plâtre blanc. Il s’agit là pour elle « d’utiliser l’architecture comme une prothèse mentale ». L’artiste utilise la photographie à contre-emploi pour prolonger les perspectives, fragmenter l’espace, et mettre en doute les temporalités. On perd alors tout sens de l'orientation dans cet environnement optique complexe et performatif parfaitement construit qui réécrit le réel et sa représentation, le but ici recherché par Emmanuelle Lainé étant de présenter « plusieurs versions de la même situation, en vis-à-vis ». Tout ce travail de conception a été possible « grâce à l’accompagnement
génial de l’équipe du FRAC qui a rendu possibles des choses compliquées, de réaliser le projet imaginé sans faire de compromis ». Les quarante œuvres sélectionnées par Emmanuelle Lainé troublent les frontières établies sur le genre, défont les catégories qui différencient le public du privé et rapprochent le patrimoine historique et vivant par le montage photographique. Parmi ces œuvres, celles de Lara Schnitger, Hyppolite Hentgen, Nick Mauss et Ken Okiishi interrogent les canons de beauté et la représentation des femmes ; celles de Clément Rodzielski et Lili Reynaud-Dewar sont des fragments qui conjuguent les disciplines sans les hiérarchiser, les classements des formes aléatoires d’Allan McCollum tentent de rationnaliser ce qui ne peut l’être et la photographie de Laurent Montaron est photographiée à nouveau, présentée par deux régisseurs, en montage.
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En s’appropriant les œuvres de la collection du FRAC, Emmanuelle Lainé propose aux visiteurs de renouveler leur regard sur l’art et d’envisager d’autres façons de voir le monde, non plus en le catégorisant mais en acceptant son caractère multiple. Est-ce que je me contredis ? Peut-être…
EXPOSITION J U S Q U ’A U 1 6 D É C E M B R E 2 0 1 8 DU MERCREDI AU DIMANCHE DE 14 H À 18 H ENTRÉE LIBRE, ACCESSIBLE À TOUS
F RAC C H A M PAG N E A R D E N N E 1, PLACE MUSEUX 51100 REIMS F RAC - C H A M PAG N E A R D E N N E . O R G
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ET AUSSI
CONFÉRENCES ORGANISÉES LES MERCREDIS À 18H30, E N PA R T E N A R I AT AV E C S C I E N C E S P O PA R I S , CAMPUS DE REIMS : • 2 SEPTEMBRE 2018: EMMANUELLE LAINÉ, ARTISTE • 4 NOVEMBRE 2018 : GREG NIJS, D I R E C T E U R D E C - O - M - P - O - S - I -T- E , BRUXELLES
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_1, 2, 3 Emmanuelle Lainé, Est-ce que je me contredis ? C’est entendu alors je me contredis. (Je suis vaste, je contiens des multitudes), 2018, série photographique © Emmanuelle Lainé – FRAC Champagne-Ardenne
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_ Memorabilia Factory Š Bold Design
_ ORB © Bold Design
D
DESIGN
_ Memorabilia Factory © Bold Design
BOLD DESIGN T E C H N O L O G I E E T SE N SI B I L I T É À QUAT R E M A I N S
_ Julien Benayoun et William Boujon © Baptiste Heller
Leur premier atelier était juché au sommet du 100 Etablissement Culturel Solidaire, au cœur du 12e arrondissement de Paris, un établissement qui accueille de nombreux artistes dans les domaines les plus variés, un lieu d’échanges et de rencontres donc. William et Julien ont investi le toit et réhabilité à peu de frais un local technique à l’abandon. « Des trappes au sol pour du stockage, pour dissimuler une banquette ou pour changer de perspective. Un grand bureau central surmonté d’une lampe industrielle pour se lancer des idées et une tablette transformable pour créer un espace de travail supplémentaire… Tout y était fait pour s’adapter aux différents moments de la journée ou du projet », racontent-ils. Un joli coup de pub également pour l’agence qui se fait remarquer sur les réseaux sociaux pour ce projet architectural original. Après trois ans sur les toits, et un passage dans le 14e arrondissement, Julien s’installe à Orléans et William en banlieue parisienne sud. « Nous sommes des designers mobiles et on se retrouve souvent à Paris dans différents Techshops. » Bold-Design est née en 2008, quasi à la sortie d’études des deux designers, avec un premier projet qui les emmène en Dordogne dans un atelier d’artisans où ils côtoient des tourneurs sur bois, des céramistes ou encore des verriers : « Nous aimons croiser et valoriser les savoir-faire, imbriquer dans nos projets artisanat et
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« À l’origine il y a toujours la rencontre et l’envie de faire quelque chose ensemble. Au bout du compte ce qui nous motive ce sont les gens peut-être même plus que les objets.» L’histoire de l’agence Bold-Design c’est la rencontre en 2003 à l’Esad de Reims de Julien Benayoun et William Boujon, une amitié estudiantine qui devient une aventure professionnelle basée sur la complémentarité. Quand Julien développe le concept et s’attache à « raconter l’histoire de l’objet », William se plonge de le « faire et le concret de la matière ».
industrie, travailler en équipes pluridisciplinaires pour créer des passerelles entre les cultures et les spécialisations », explique Julien. Respect des savoir-faire artisanaux mais aussi appétence pour les technologies innovantes comme le fraisage numérique que William a expérimenté à la fin de ses études avec un verrier, pour créer des objets en se passant du moule. Quelques années d’apprentissage et la rencontre en 2014 de l’équipe du Studio Dood spécialisée en impression 3D qui signe un tournant dans les créations de Bold-Design et fonde sa notoriété. Depuis les imprimantes en trois dimensions reliées à leurs ordinateurs sont sollicitées en permanence : « Tout est bon pour expérimenter les limites de ce type d’impression, c’est un champ ouvert sur le possible, on peut faire dix tests dans la journée et avancer très vite et à moindre coût », souligne Julien. Selon lui, « après une ère industrielle basée sur l’injection, le moulage avec des outillages chers et complexes, une vraie révolution a vu le jour avec l’impression 3D et également la découpe et la gravure laser. On obtient un prototypage rapide avec un gain de temps et d’argent. Mais maintenant c’est beaucoup plus que du prototypage cela devient des outils de production à part entière qui permettent d’élaborer des objets prêts à être livrés ».
TEXTE JULES FÉVRIER
_ Enceinte OWA Š Nathan Fredouelle
_ Enceinte OWA Š Bold Design
_ Habitat Design Lab © Bold Design
_ Habitat Design Lab © Bold Design
_ Barcade Centre Saint Ex, Reims © Brice MG - Bold design
ALGORITHMES ET LOIS PHYSIQUES
Objet emblématique de leurs recherches en matière d’impression 3D : le vase POILU qui connaît un joli succès. Créé à l’occasion d’une exposition à Paris, il est repéré là encore grâce aux réseaux sociaux et se retrouve dans des vitrines internationales, à Miami notamment. « Ce vase est né d’une expérimentation de l’imprimante 3D, les algorithmes créent la forme et les lois physiques, en l’occurrence la gravitation, font le reste », explique-t-il. Résultat de ces recherches : trois vases organiques ludiques imprimés à partir de PLA (acide polylactique) et de fibres végétales de bois, bambou et noix de coco. ENTRE SCIENCE ET POÉSIE, LE PROJET
Il y a également Memorabila Factory qui propose une fabrication de souvenir grâce à des bactéries. L’idée a été inspirée par un projet d’un détecteur de microorganismes potentiellement dangereux présents dans les bacs à sable. En inversant la proposition, William et Julien ont découvert qu’une « gentille » bactérie, Sporosarcina pasteurii, était capable de calcifier des amas de sable sculptés par les vents au fil du temps. Le kit Memorabila Factory permet de se replonger dans les jeux de plage de nos enfances pour se construire des sortes de dunes domestiques inspirées de formes géologiques réelles avant de laisser la finition aux organismes microscopiques.
Autre histoire de rencontres et de travail collaboratif, l’enceinte bluethooth personnalisable OWA, née de l‘association, lors de la Maker Faire 2016, de différents partenaires complémentaires (le TechShop Ateliers Leroy Merlin, Kimya 3D, Studio Dood et Sector), électroniciens et experts de l’impression numérique. Bold-Design l’a conçu en forme de cloche de dentelle personnalisable réalisée grâce à l’imprimante 3D à dépôt de fils de Dood Studio. La plupart des matériaux utilisés en impression 3D sont ou recyclables ou biodégradables comme le PLA, sorte de plastique d'origine végétale, utilisant communément de l'amidon de maïs comme matière première. « Le design actuel ne peut pas faire l’impasse sur l’impact environnemental, les matériaux doivent être respectueux le plus possible de l’environnement et il faut penser la création d’objets dans une économie circulaire. Les questions fondamentales en préliminaire à toute création : d’où vient ma ressource, comment je la transforme et que devient-elle en fin de vie ? » Dans ce sens, Bold-Design a récemment créé un trophée en matière compostable pour la fondation FAMAE et son Challenge autour de la transformation des déchets. Le lauréat pourra décider de le conserver des années ou bien le mettre dans le compost où il disparaîtra entièrement. Quant à l’avenir de Bold-Design, « ce sera toujours tourné vers le technologies innovantes : nous étudions en ce moment une création architecturale d’environ 20 m2 en impression 3D à base de béton » !
BOLD-DESIGN.FR
_ Vases Poilu © Bold Design
_ Expérience Vocal Vibrations © Phase One
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PHOTO ©BENOITPELLETIER.PHOTO WWW.BELLERIPE.FR CRÉATION / CONCEPTION
51 rue de Talleyrand - 51100 Reims
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ART
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D D P C D L B P É P
DE LA LENTEUR DU PROCÉDÉ PICTURAL À LA CONTEMPORANÉITÉ DE SES TOILES, L’ŒUVRE D’ADRIEN BELGRAND NOUS PARLE D’UN PASSÉ ÉTRANGEMENT PRÉSENT ADRIEN BELGRAND PE I N T R E DU PR É S E N T C OM P O S É
33 TEXTE HÉLÈNE VIRION
L’œuvre d’Adrien Belgrand compose avec le temps. Face au flux incessant des images numériques l’artiste préfère la lenteur d’une pratique composite, non sans rapport avec l’image photographique. Sous ses œuvres picturales se cachent des instants numériquement composés. L’artiste même s’il choisit la lenteur de procédés anciens, débute chaque œuvre par une composition de la scène par ordinateur. Le réalisme de ses toiles prend alors un tout autre sens. Sous le dessin, comme sous la peinture, se cache un temps pluriel mêlant le temps de la prise de vue à la lenteur de l’exécution de sa toile en atelier. Il joue ainsi avec le présent comme avec notre perception. Il nous donne à voir un instant figé - quasi photographique - qui nous trouble. A distance de la toile, le réalisme nous trompe et nous questionne. A son approche la maîtrise technique
de ses touches picturales nous saisit. L’artiste d’une trentaine d’années qui se consacre entièrement à la peinture depuis 2006 nous dévoile des images d’un passé éminemment présent. De l’intimité des foyers aux grands espaces en pleine nature, il nous offre en partage des moments poétiques, des fragments de vie. Face à ses tableaux nous sommes confrontés à des mondes silencieux, tout à la fois incroyablement familiers et énigmatiques. Sous la surface de ses peintures semble bruire un récit en suspens, un moment en attente dans le sillage des œuvres de Edouard Hopper ou de David Hockney. Ses tableaux résonnent en effet avec l’histoire de l’art comme avec notre contemporanéité. En témoigne la nageuse de Arin dans la piscine où la référence à l’Olympia de John Everett Millais se confronte à une figure féminine très actuelle. Dans ses
œuvres nous sommes toujours pris dans un instant saisissant, entre passé et présent. Nous sommes happés par le flottement de ces éléments aquatiques récurrents, comme par ces actions en suspens. Le temps d’un immédiat que nous épions tel un voyeur discret, semble entrer en collision avec celui d’une atemporalité saisissante. Si l’artiste nous convie dans son intimité, comme dans celle de ses proches, il semble par les nombreux indices qui composent ses œuvres nous parler d’une mythologie collective, plus encore nous faire plonger par la finesse de ses détails au cœur de la matérialité de l’œuvre.
L’hyperréalisme de vos peintures résonne avec la finesse de la captation
flux continue d’images qui s’impose à nous en permanence.
de l’image photographique.
Depuis maintenant quelques mois PROCESS Magazine se lit aussi à Charleville-Mézières, dans les terres
Éclairez-nous sur ce trouble fascinant.
Vous peignez avec un onirisme cer-
d’Arthur Rimbaud. Votre peinture la
Je préfère le terme de « réalisme », je m’inspire des photos que je prends qui me servent ensuite de base de travail. En fait je m’inscris dans la tradition de la peinture occidentale qui a toujours utilisée des outils optiques pour créer des images. Mais mon processus reste très simple : je démarre à partir d’une toile blanche et, sans l’aide d’un vidéoprojecteur, je fais le dessin puis progressivement la peinture.
tain, la douceur de moments privés.
« Dormeuse du Val »n’est pas sans
Dites-nous en plus sur la source de
référence à son poème. Pourriez-vous
vos sujets picturaux…
assouvir notre curiosité ?
Mes sujets sont autobiographiques, je peins les personnes qui me sont proches ou les lieux que j’ai visité et aimé. La peinture est le moyen le plus sûr de cristalliser les souvenirs et de fixer le temps qui passe. Je fais en sorte d’impliquer le spectateur dans la scène, un peu comme un voyeur bienveillant. Le format des toiles et l’illusion de la perspective permettent cette immersion du spectateur dans la toile.
J’aime beaucoup ce poème mais c’est surtout une référence à l’art de la fin du XIXème qui ne s’interdisait pas d’être lyrique, de représenter la nature dans sa plénitude et de faire appel à tous nos sens. Pour la composition de cette toile je me suis inspiré autant de la nymphe de Cranach que des Demoiselles des bords de Seine de Courbet.
À l’heure de la diffusion des images numériques à grande échelle, vous faites le choix d’œuvres réalisées à
Vos œuvres étaient présentées à la galerie Anouk Le Bourdiec à Paris
la peinture. Pourquoi documenter
Cherchez-vous dans votre histoire
début 2018. Quel est votre prochain
l’instant présent avec un médium qui
personnelle, des échos avec une
lieu d’accrochage ? Donnez-nous
paradoxalement nécessite de compo-
histoire collective proche de celle qui
rendez-vous…
ser avec la lenteur de sa réalisation et
inonde les réseaux sociaux et que
de son séchage ?
nous côtoyons tous ?
Je travaille à l’acrylique, j’ai toujours apprécié ce médium qui permet de superposer les fines couches de peintures et de travailler la transparence. Par contre le temps de réalisation est assez long : deux à trois mois pour un grand format. J’aime l’idée que la peinture par sa rareté et par la difficulté de sa réalisation s’oppose au
Les images que je peins sont tirées de ma vie mais j’aimerais que chacun puisse s’y retrouver. C’est pour cela que j’évite qu’il y ait trop d’éléments connotés dans mes sujets. Je m’inspire surtout de l’histoire de la peinture, les oeuvres des grands artistes ont une richesse infinie qui permet toutes les réinterprétations.
Je vais exposer à partir du 4 mai et jusqu’en septembre à l’Artsenal à Dreux dans le cadre d’une exposition collective intitulée « Héritages », je ferai parti d’un group show à partir de juin à la galerie Detais à Paris. Je prépare également un projet curatorial en collaboration avec la galerie Provost-Hacker à Lille pour la fin de l’année.
ADRIEN-BELGRAND.COM
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D OM I N IQU E L E B RU N
CHAMPAGNE ARDENNE BUSINESSMAN Sourires, rires et embrassades se succèdent lorsque Dominique Lebrun se promène dans la cité des Sacres. Cet ardennais pure souche, passionné de football, connaît tout le monde ou presque, a un mot pour chacun et pousse le vice jusqu’à mémoriser les dates de naissance de tout son entourage. Epicurien et quinqua assumé, il est aussi un homme de communication et un chef d’entreprise qui place l’humain au cœur de son travail.
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JEUNE HOMME
COMME UN SEUL HOMME
Dans une station-service près de Rethel, Dominique, qui rêve d’être pisciculteur, met les mains dans le cambouis pour aider ses parents. Afin de financer ses études, il devient correspondant pour le journal l’Ardennais, se prend au jeu des interviews et intègre L’Union en tant que journaliste : « J’avais en charge les questions agricoles, viticoles et économiques. J’ai notamment participé à une action de lobbying avec la profession sur les déchets dans les vignes. » Il aime les gens et, progressivement, construit son réseau. « J’avais des relations privilégiées avec les responsables nationaux de l’agriculture. Et grâce à mon métier, j’ai rencontré des personnages multiples et de grands hommes comme Serge Gainsbourg, le truand René La Canne, Christian Poncelet, alors Président du Sénat, et la légende du marathon Alain Mimoun. » L’évolution du métier de journaliste dans les années 2000 éloigne Dominique de la relation humaine. Pour celui qui se déplaçait en stop jusqu’à ses 24 ans pour le plaisir des rencontres, c’est le moment de passer à l’étape suivante.
Le concept des Business Clubs naît dans le Nord en 2013, autour de la volonté de deux amis, hommes d’affaires et passionnés de sport, de faire se rencontrer des dirigeants, principalement du monde industriel, pour partager des moments et favoriser les affaires sur leur territoire. Autrement dit, se connaître pour travailler ensemble. Le Business Club Group cherche à se développer sur toute la France. Dominique, accompagné de deux co-équipières, Peggy Léoty et Stéphanie Violette, inaugure à l’automne 2016 le Champagne Ardenne Business Club (CABC), premier Club franchisé. Il est le cœur du réseau et celui qui l’anime. « Ces déjeuners sont un mélange de ce que je fais depuis des années : de l’événementiel, de l’animation, du réseautage, … Et il y a surtout le plaisir de se retrouver, qui je crois, est partagé par tous. » Lors des déjeuners mensuels, il s’adonne à nouveau à l’exercice de l’interview avec un intervenant d’envergure nationale : Xavier Bertrand, Gérard Holtz, Michel-Edouard Leclerc,… Phase 2 de l’aventure : la déclinaison du Club dans les Ardennes, si chères à son cœur. « C’était presque naturel. Avec Jean-Thierry Lechein et Gauthier Gondel, deux chefs d’entreprise sedanais, on s’est appuyé sur la dynamique d’une marque existante pour lancer ce Club Made in Ardennes (MABC) en avril dernier. » Questionné sur ses futurs projets, Dominique répond : « On verra bien, je sais qu’il ne faut pas rester figé. J’avance pas à pas, je m’adapte et je veux continuer à m’amuser ! »
D’HOMME À HOMME
En plein scandale de la vache folle, Dominique imagine monter une agence de communication avec des acteurs économiques et institutionnels, pour construire des actions communes et apporter des réponses collectives. La mayonnaise ne prend pas. Il se lance alors en 2005 dans l’aventure entrepreneuriale en créant son agence Tercom, à Reims (conseil en stratégie de communication, des relations média, animer des événements et créer des supports). En 2012, il prend la présidence du Club de la Presse régional avec l’ambition de lui donner un nouvel élan et de rapprocher les univers de la presse et de la communication. En mode « séduction », il recrute des adhérents et lance un nouveau rendez-vous qui deviendra annuel, le dîner de gala. « Avec le Club de la presse, j’ai trouvé une richesse propre au monde associatif. Une aventure collective et des personnes volontaires qui travaillent dans un même but. Et puis il faut toujours bosser en s’amusant. » En 2016, la concurrence et la digitalisation de la communication poussent une nouvelle fois Dominique, alors père de quatre enfants, à se réinventer.
TIMELINE 1984 Correspondant au journal l’Ardennais 1988
Journaliste à L’Union
2005 Création de l’agence de communication Tercom 2012
Président du Club de la Presse Champagne-Ardenne
2016 Lancement du Champagne Ardenne Business Club 2018
Lancement du Made in Ardennes Business Club
L E S B U S INE SS C LU B S
• 1 déjeuner par mois / 10 par an au Stade de Reims (CABC) et au Château Fort de Sedan (MABC) • 1 intervenant culturel, économique, sportif ou politique par déjeuner • 2/3 de donneurs d’ordres • 130 adhérents au CABC / 30 adhérents au MABC
C H A M PAG N E -A R D E N N E - B U S I N E S S - C L U B . F R MADE-IN-ARDENNES-BUSINESS-CLUB.FR TERCOM.FR
B
BUSINESS
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TEXTE ALICE MYRO PHOTO ERIC VANDENBOSSCHE
VISITES & FLANERIES Les flaneries musicales de Reims organisent 3 concerts exceptionnellement précédés de visites patrimoniales.
Trois dates, trois lieux, trois concerts : dit ainsi, on dirait presque une formule magique, non ?! Une formule pour mélomanes, amoureux du patrimoine et surtout pour les curieux ! Car cette année, le musée Saint Remi sera, au même titre que l’Opéra et que le Domaine Pommery, au programme des visites avant concert prévues par l’équipe des Flâneries musicales. L’heure est venue de vous remémorer vos compositeurs préférés, de réfléchir aux lieux rémois qui n’ont pas encore reçu votre visite et de cocher les soirs où le travail cesse de vous accaparer ! Mais avant, laissons la parole à Corinne Herbay, l’administratrice de production du festival, qui a eu la gentillesse de nous accorder cet entretien pour nous en dire un peu plus sur les visites avant concert et sur les Flâneries.
ensuite le relais le mardi 3 juillet, à 18H également, pour nous en dire plus sur son histoire. Ce sera l’occasion de découvrir quelques endroits inaccessibles au public en temps habituel : les coulisses, les loges des artistes, le magasin de décors… Et la dernière visite avant-concert aura lieu à 18h au musée Saint-Rémi, le mardi 10 juillet. Le public pourra découvrir les sculptures anciennes provenant des fonds du musée mais aussi celles, plus contemporaines, prêtées par le FRAC. À noter que cette visite sera traduite en langue des signes. Combien de personnes pourront profiter de ces visites offertes en même temps que les places de concert ?
20 personnes à chaque fois ! Comment est née cette idée de mêler musique et visites ?
Cette année, 52 concerts auront lieu dans une trentaine de lieux – aux Cryptoportiques, au domaine des Crayères, dans le parc Mumm, au salon Degermann, dans la salle du festin du Palais du Tau, à l’intérieur de l’église St Nicaise… – et chaque été, notre objectif est de mettre en lumière quelques uns de ces lieux afin que les rémois, qui les connaissent depuis leur naissance, les redécouvrent et que les non rémois se familiarisent avec ce patrimoine qu’ils n’ont pas encore eu l’occasion d’explorer. Depuis combien de temps organisez-vous ces visites ?
Je ne saurais dire exactement… disons depuis un peu moins de 10 ans ! Est-ce que ce seront des visites guidées ?
Le public vous écrit-il parfois pour vous suggérer un lieu et vous dire ses envies ?
Non, nous n’avons pas de sollicitations de la part du public et c’est dommage ! Mais je pense que cela vient du fait que notre offre est déjà très variée… Cette année encore, la basilique Saint-Remi accueillera le premier, mais aussi le dernier concert des Flâneries : c’est devenu une tradition ?
Oui, presque ! Non seulement l’acoustique de ce lieu est merveilleuse, la lumière qui rentre par les vitraux y est incroyable, mais en plus, la basilique peut accueillir plus de 1000 personnes. Et chaque année, nous sommes en relation avec le père Oudinot, Alain Lys et Xavier de Marsac, les deux sacristains, mais aussi quelques personnes de la ville de Reims, pour tout mettre en place et cela se passe très bien.
Oui, et chacune d’elle durera une heure ! Cette fois, pas de concert à la cathédrale de Reims ? Alors, dîtes-nous, quel monument ouvre le bal cet été ?
C’est le Domaine Pommery ! Le samedi 30 juin, à 18H, une visite des caves, des crayères gallo-romaines et des bas-reliefs est prévue. L’Opéra de Reims prendra
Non, le calendrier n’était pas libre. Ce sera donc pour une prochaine édition ! Beaucoup d’évènements entourent le départ de l’archevêque, Monseigneur Thierry Jordan…
R É S E R VAT I O N O B L I G AT O I R E P O U R L E S V I S I T E S AVA N T C O N C E R T (DANS LA LIMITE DES PLACES DISPONIBLES) À PA R T I R D U 1 9 M A I 03 26 36 78 15 MC.RENNAUD@FLANERIESREIMS.COM
FLANERIESREIMS.COM
TEXTE JUSTINE PHILIPPE PHOTOGRAPHIES AXEL CŒURET
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ARCHITECTURE D’INTÉRIEUR
PA R T I C U L I E R • R E I M S
DESIGN, MOBILIER CONTEMPORAIN, ARCHITECTURE D’INTÉRIEUR 3 2 R U E V O LTA I R E À R E I M S I 0 3 2 6 0 4 3 3 4 6 I W W W. H O M E A G E . F R
PORSCHE : LE DESIGN EST AUSSI DANS LE SHOWROOM
TEXTE CYRILLE PLANSON
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DESIGN
La politique architecturale de Porsche conduit la marque allemande à concevoir tous ses showrooms avec le même soin du détail et le goût du design que les autos ellesmême. Démonstration avec le nouvel espace Porsche de Reims.
NOUVEAU SHOWROOM PORSCHE ZAC CROIX BLANDIN 12 RUE LÉNA BERNSTEIN 51100 REIMS 03 26 88 80 00 CENTREPORSCHE.FR/REIMS
Trente-neuf Centres Porsche en France, dont l’un deux, entièrement repensé vient d’être inauguré à Reims. Un projet architectural élégant qui ne doit rien au hasard. C’est en effet Porsche France et son architecte conseil qui ont posé les grands principes qui guident la construction, l’agrandissement ou la réhabilitation d’un centre Porsche. Celui de Reims préexistait mais il était trop petit. L’architecte conseil de Porsche, qui s’avère être celui retenu pour le projet rémois a donc décliné ici un concept architectural, un « identity concept », selon les termes de Benoît Durupt, responsable Service « Développement Réseau » de Porsche France. Le cabinet Axe Architecture est spécialisé dans l’aménagement des espaces industriels et commerciaux. « Le principe de base, c’est la division de l’espace en deux zones distinctes, explique-t-il. D’un côté les ateliers et « leur espace de réception », de l’autre l’espace dédié à l’exposition et à la vente. Et au sommet, reliant les deux, la canopée ». Le bâtiment conçu par l’architecte DPLG Olivier Perrier (Axe Architecture) est sobre, avec pour principe des vitrines assez
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basses (2,40 m), dans une proportion d’un tiers par rapport au reste du bâtiment. Une manière de rappeler la proportion qui est celle des modèles sport de la marque allemande dans son équilibre vitrage / carrosserie. La canopée permet de faire le lien entre deux espaces, « celui de la vente et celui de l’après vente ». Pour la partie haute et la canopée, le constructeur a choisi un aluminium haut de gamme, perforé. « Pour nos centres Porsche, nous avons choisi la simplicité et la pureté, qui sont l’image de la marque, poursuit le responsable de Porsche France. Avec pour seul élément visuel un lettrage en façade ». Celle-ci est courbe, selon les vœux du constructeur pour chacun de ses centres. « De la même façon, nous n’avons pas souhaité beaucoup de couleur à l’intérieur, souligne Benoît Durupt. L’extérieur est noir. L’intérieur est aussi très sobre, pour renforcer notre positionnement luxe ». La luminosité a été baissée, par exemple. Là où la plupart des concessions choisissent 1 000 lux de puissance, Porsche se contente de 550 lux pour un effet plus tamisé. « Ici, ce sont les véhicules, les
vedettes. C’est pourquoi, toutes sont installées dans le show-room, que nous imaginons comme une galerie, à l’instar de ce qu’elles seraient sur la grille de départ d’une compétition automobile ». La partie atelier a aussi son importance. Le constructeur revendique 70% de véhicules en circulation parmi toutes les automobiles jamais commercialisées par la marque. L’attention portée au véhicule et à son entretien est donc première. Le client circule d’un espace à l’autre, il y est guidé par cette canopée qui relie les deux zones. Benoît Durupt, qui insiste beaucoup sur la fluidité des déplacements dans les différents espaces, justifie ses choix : « Nous misons sur la transparence. On peut voir l’atelier derrière les vitres de l’espace équipé d’un point qui accueillie chaque client lors du point qu’il réalise avec le chef d’atelier ».
ELISABETH LIKE A DREAM TOUT EN ELECTRO-ROCK Né sur un coin de bar à la Comédie de Reims fin 2011, Elisabeth Like A Dream (ELAD pour les intimes) est à l’origine le fruit de la rencontre de la musicienne Aleksandra Plavsic avec l’artiste plasticienne Myriam Bâ, puis de l’artiste visuelle Coralie Datt et de Sarah Walbaum : « on trainait à la Comédie et on avait envie de faire un groupe de filles ».
Très vite, le groupe s’essaie à son répertoire déjà préétabli « à la base les compositions proviennent du travail d’Aleksandra à Belgrade, qui faisait dans les 90’s partie de la scène underground serbe ». La particularité du groupe c’est qu’hormis Aleksandra, personne n’est musicien à l’origine. Pourtant, Myriam se met très vite à la basse et Sarah aux claviers. De son côté, Coralie apporte son expérience au chant en tant que deuxième voix. Six mois après la formation du groupe, un premier concert à Maison Vide à Crugny (lieu artistique situé au nord de Reims) montre tout le potentiel du groupe naissant, un concert très vite suivi d’un autre à la Comédie, comme une sorte de retour aux sources, lors du festival Reims Scènes d’Europe, qui confirme le talent d’ELAD. Le groupe, depuis devenu duo (Aleksandra et Myriam) poursuit alors son aventure en se produisant régulièrement en Live. On a pu notamment voir ELAD fin 2017 sur la scène mythique du Bus Palladium et la scène de l’Alimentation Générale à Paris, des concerts qui ont alors permis au duo de « tester de nouveaux morceaux ». Inspirées par la musique minimaliste contemporaine, la New Wave, l’électro, le Rock et la musique black américaine, les compositions d’ELAD sont le résultat d’une étroite collaboration entre les deux membres du groupe : « quand on crée, il n’y a
pas de règle. On peut aller dans une direction, puis dans une autre. Mais généralement, quand Aleksandra compose, c’est plutôt une image qui lui vient à l’esprit. Elle s’enferme alors pour écrire en secret les Paroles et la musique simultanément. Avec la guitare il lui suffit de quelques instants pour composer un morceau autour de deux ou trois accords », ensuite, c’est au tour de Myriam de découvrir les créations et d’y apporter sa sensibilité personnelle « notamment sur les mélodies et les rythmiques ». « On a des notes en nous, autour desquelles on s’est rendues compte que l’on tournait : FA, RE, DO plus la basse très présente et la boite à rythme qui remplace la batterie. Ce qu’Aleksandra compose parait tellement évident que c’est comme si je l’avais composé moi-même » précise Myriam. « On a environ une cinquantaine de titres qui n’ont jamais été édités ou joués en Live. C’est pour nous une base à de nouvelles compositions ». ELAD, qui a déjà sorti un EP « Sing Sing » en 2013, un 45 tours « Shadow » en 2016 et un autre EP « Encounter » en 2017, a un rapport au disque qui lui est propre : « Tout bien considéré, on préfère sortir un single 45 tour à chaque fois, parce que c’est un objet, avec l’image sur la pochette, et un format qu’on affectionne particulièrement, plutôt que de sortir un EP de plusieurs titres ».
Adeptes du DIY, Aleksandra et Myriam font presque tout elles-mêmes, qu’il s’agisse de leur musique, de leurs covers de vinyles ou de leurs vidéos « sauf le clip de Shadow qui a été réalisé par Romu Ducros et tourné en notre atelier qui est une ancienne boucherie où subsistent encore le carrelage d’origine et quelques crochets ». Le regard d’ELAD sur la scène rémoise ? « On n’entretient pas de relations avec les autres groupes rémois. Un groupe de filles, c’est un peu à part ici où quand on pense groupe, on pense mâles… Mais on aimerait pouvoir échanger beaucoup plus avec les groupes rémois. A Reims, nous avons surtout travaillé avec François Pavant pour plusieurs arrangements ». « Actuellement on apprécie beaucoup ce que font The Shoes et Ian Caulfield, même si on ne se connaît pas personnellement, et ce que faisait Paulette Wright, trop tôt disparue».
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MUSIQUE
Dans l’avenir, ELAD souhaiterait « aller vers des choses plus dansantes et arriver à intégrer de la musique serbe traditionnelle » dans ses compositions, et « développer les installations vidéo en lien avec les Live ». Un dernier souhait ? « Avoir un manager pour ELAD ».
ELISABETH-LIKE-A-DREAM.COM FAC E B O O K @ E L I S A B E T H L I K E A D R E A M
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Un grand
est
EN AVIGNON de
spectacles
11 COMPAGNIES - 4 LIEUX LA CASERNE
ESPACE ALYA
CIE LES ESCARGOTS AILÉS Cirque/Musique (jeune public)
CIE PAPIERTHÉÂTRE Théâtre de papier (jeune public)
LA SOUPE CIE Théâtre visuel/Musique/Marionnettes (jeune public) Romance - 11H
11• GILGAMESH BELLEVILLE
7 - 23 JUILLET - RELÂCHES 10 ET 17 Loin et si proche, perdre, chercher, trouver - 9h30
6 - 29 JUILLET - RELÂCHES 11, 18 ET 25 - 12H - SALLE B Noir ou blanc
CIE YÔKAÏ Marionnettes/Magie
6 - 27 JUILLET - RELÂCHES 11, 18 ET 25 - 20H45
CIE LA MAIN DE L’HOMME Jonglage chorégraphique
Ton beau Capitaine
CIE LA MANDARINE BLANCHE Théâtre
THÉÂTRE DES HAUTS PLATEAUX
Possession (Killing Alice) - 12H15 Bruit de couloir - 13h30
Rêve de printemps - 15h
CIE RÊVE GÉNÉRAL ! Théâtre Les préjugés - 17h15
CIE LES HEURES PANIQUES Théâtre
7 - 19 JUILLET - RELÂCHES 11 ET 18 - 22H45 CIE LI(LUO) Danse Go, go, go, said the bird (human kind cannot bear very much reality)
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Région Grand Est - Direction de la Communication - Mai 2018.
présente
DANS LES PAS DES SAAMIS CÉSARÉ EXPLORE L'UNIVERS SONORE E T V I SU E L D E L A L A P O N I E . Entre musiques traditionnelle, rock et explorations sonores, Johtolat est le projet « grandeur nature » du trio Animal K (Violaine Lochu, Serge Teyssot-Gay et Marie-Suzanne de Loye), parti sur les traces des éleveurs de rennes du Grand Nord.
M
MUSIQUE
C’est à l’occasion de la Magnifique Avant-Garde que l'on a découvert le 13 juin l’étonnante création de Johtolat, un projet « grandeur nature » qui pourrait en surprendre pus d’un. Car Johtolat est avant tout une aventure, celle qui amené la plasticienne, performeuse et chanteuse Violaine Lochu sur la trace du peuple saami (les samis ou lapons en français). Lors d’une résidence artistique en Laponie - un territoire à cheval sur la Norvège, la Suède et la Finlande -, l'artiste a beaucoup marché et parcouru à pied certains chemins de la traditionnelle transhumance des rennes. Ces sentiers étaient empruntés par les Saamis, un peuple autochtone de cette région, autrefois nomade, aujourd’hui largement sédentarisé, dont la principale activité tient en l’élevage de troupeaux de rennes dont les peaux, la chair et lse bois sont exploités. L’endroit est calme, très peu peuplé, mais le projet s’est nourri de Violaine Lochu s’est aussi nourri des rencontres, rares mais fortes, qui ont jalonné ce parcours. Violaine Lochu croise alors Sara Ajnnak, une éleveuse de rennes qui présente aussi la particularité d’être une chanteuse de joïk, le chant traditionnel de la culture saami. Un chant profond, qui trouve sa source dans les traditions chamaniques. Il est exécuté a cappella, parfois accompagné du tambour traditionnel saami. Un chant de résistance aussi, qui aurait pu disparaître, sous le coup de l’interdiction absolue qui en était faite aux Saamis par les missionnaires chrétiens, venus des grandes villes du Sud pour évangéliser une population de culture animiste. Et ne leur parlez pas de « lapons », ce terme suédois désigne celui qui porte des haillons. Une manière aux siècles passés de dévaloriser ces populations nomades, jugées inférieures et acculturées. Sara Ajnanak a initié l’artiste française à cette pratique vocale singulière. « Le joïk est une mélodie courte, composée à partir de quelques mots ou de vocalises, chantée à plusieurs reprises », explique Violaine Lochu. Plus qu’une chanson, c’est un moyen d’accéder à d’autres modes d’existence. La mélodie, le rythme, le timbre, cherchent à capter une vibration : on ne chante pas à propos d’un individu, d’un animal, d’une plante, d’un phénomène, on le « devient ». Le déplacement d’un renard, le croassement d’une corneille, les variations de hauteur d’une chaîne
montagneuse, sont des "devenir" possibles exprimés par ces chants". Le joik a pour fonction de décrire l’essence d’une personne, d’un lieu ou d’un animal. Ainsi, chaque homme ou femme saami possède sa mélodie qui est en quelque sorte son « portrait musical » L'idée est de Violaine Lochu est alors de « faire entrer en résonance l’expérience de la marche et celle du chant ». Formée aux Beaux-arts de Cergy, elle s’est toujours intéressée par ailleurs aux musiques traditionnelles, « pour étudier certaines techniques vocales spécifiques, en voyageant notamment en Europe centrale et en Italie du sud » se souvient-elle. La performance concert intitulée Johtolat l'associe à un autre explorateur, un aventurier du son. Serge Teyssot-Gay, guitariste et cofondateur du groupe Noir Désir, parcourt depuis la fin du groupe bordelais le champ des musiques expérimentales. Celui que l’on a tous admiré pour ses riffs dans Tostaky ou L’Homme pressé y noue de nombreuses collaborations, construit des formations ad hoc pour chacun de ses projets : Interzone, avec l’oudiste syrien Khaled Aljaramani, Zone Libre, avec le batteur Cyril Bilbeaud, Trans, avec la contrebassiste Joëlle Léandre, Ligne de Front, duo peinture / guitare avec le peintre Paul Bloas… Au plateau, à leurs cotés, Marie-Suzanne de Loye (viole de gambe, voix) est la troisième figure du Trio Anima K. Spécialiste de la musique baroque, elle cultive l’ecclectisme en collaborant avec des artistes du théâtre, de la danse contemporaine, du court métrage ou encore de la chanson… Sur une création vidéo de Violaine Lochu, réalisée en Laponie, les trois artistes composeront ainsi, en images et en sons, le paysage de ces "états particuliers propres aux longues marches : rêverie, concentration, réceptivité, fatigue, exaltation". Comme une ode aux déambulations lentes, un hymne à la vie qui s’écoule plus lentement dans ce paysage de landes et de neige. La performance vidéo-concert Johtolat est produite par Césaré. S’il fallait définir ce qui fait la force du trio Animal K, Violaine Lochu renvoie aisément son interlocuteur à la liberté infinie qu’elle trouve ici dans « le croisement des répertoires traditionnels, du rock et es expériences bruitistes… » En langue saamie, le mot « johtolat »signifie « itinéraire »…
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TEXTE CYRILLE PLANSON
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