Approcher Auschwitz

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APPROCHER AUSCHWITZ I M P R E S SIO N S E T RÉ F L E X I ON S Textes rédigés par les élèves à l’issue du voyage en Pologne du 12 au 16 mars 2018. Il s’agit également d’un compte-rendu du projet pédagogique « Un voyage vers Auschwitz » mené au long de deux années scolaires, de septembre 2016 à Juin 2018. Professeures : Mme Rameau, Mme De Joie, Lycée du Parc des Chaumes à Avallon


IMPRESSIONS ET RÉFLEXIONS Je n'ai jamais réussi à finir un seul film ou livre sur la déportation pendant la Seconde Guerre mondiale. Pourtant je connais toute l'histoire de cette guerre, de la montée du populisme au génocide. Mais un cours théorique et une histoire n'abordent pas vraiment la réalité de la même façon. Et je ne me suis sûrement jamais sentie prête à affronter cette face de la réalité, au milieu même des victimes. Puis il y a presque deux ans, nous avons commencé notre projet « Un voyage vers Auschwitz ». Nous avons étudié et parlé de la guerre, de la doctrine nazie, des victimes. C'était intéressant, enrichissant même. On s'est préparé du mieux que l'on a pu à faire ce voyage. Mais on s'imagine peu ce que fut l'horreur des camps, même en l’ayant toujours étudiée. C'est une chose de savoir, c'en est une autre de comprendre, mais ce qui requiert le plus de temps, c'est sûrement de ressentir et d'imaginer. C'était l'aboutissement de notre voyage, je dirais même que c'est ce que nous a permis Lidia Maksymowicz.

Je ne ressentais que du vide, ni de joie, ni de tristesse, lors de cette visite. J'étais tel un automate, scrutant les moindres détails à l'intérieur des bâtiments. Loïc Gudefin

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1 Photo : Gabriel Hitier


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Cette dame est venue nous voir pendant notre séjour en Pologne, pour nous faire part de sa vie aux camps. Déportée biélorusse, à l'âge de trois ans, ce sont ses premiers souvenirs d'enfance. Son témoignage n'avait rien de commun, pas parce que l'histoire n'était pas la même que celle que l'on connait, mais plutôt parce que c'était intime, rempli de petits détails qui en font quelque chose d'humain que l'on peut appréhender et qui nous pousse à imaginer. Puis elle s'est levée et nous a montré son tatouage au bras : une suite de chiffres faits par les nazis pour les identifier. Je trouve que c'est une manœuvre administrative assez perverse, mais je crois que je ne m'en étais jamais rendue compte avant ce jour. C'était une façon de leur enlever leur identité et de les dégrader de leur nature d'êtres vivants, à leurs yeux, mais aux yeux des autres, surtout. Les moindres détails du système concentrationnaire étaient pensés, et c'est ce qu'il y a de plus dur à comprendre. Comment peut-on autant réfléchir à une horreur pareille ? C'est une question que je me pose encore.

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C'est vrai qu'il est difficile de s'imaginer le chaos et encore plus d'imaginer que quelqu'un l'ait construit de toutes pièces, et pourtant… Nous avons pu en voir les vestiges après notre rencontre avec Lidia. Il faisait froid et il y avait du vent. Le ciel était gris, l'air était pesant. Rien ne nous invitait à rester. L'ambiance était pesante dans le camp Auschwitz I, j'osais à peine respirer. Dans un des baraquements, les murs étaient tapissés de photos des déportés. Elles étaient accompagnées de fiches d'identité, faites grâce aux documents nazis. Une amie m'a fait remarquer que les juifs n'avaient pas de nationalité. Les nazis les avaient changés en apatride, des étrangers où qu'ils soient. Cela m'a refait penser au tatouage de Lidia. Tout était calculé et pensé. C'est ce qui m'a le plus frappée durant cette visite. Notamment lorsque l'on a pu se rendre compte de l'ampleur de la déportation. En rentrant dans un bâtiment, on a pu découvrir les amas d'affaires qui ont été prises aux déportés. Et un peu plus loin, un amoncellement monumental de cheveux humains. Cela m'a fait un effet bizarre, comme si le nombre de victimes prenait un sens concret d'un coup. Cette sensation n'a fait qu'augmenter lorsque nous avons vu la profusion de chaussures en tout genre qui remplissait les vitrines : des ballerines d'été, des bottes d'hivers, des escarpins, des mocassins, des chaussures d'enfants, … Cet endroit m'a beaucoup marqué, pas autant cependant que le bâtiment qui a suivi. Je n'en connaissais absolument pas l'existence, ce qui me l'a rendu d'autant plus surprenant : la prison du camp. Je ne m'explique toujours pas la présence de cet édifice, une prison dans la prison. Comme pour laisser entendre que c'était la liberté qui régnait dans le camp, et non pas le chaos organisé que l'on aurait pu y décrire. Je suis restée perplexe assez longtemps je pense, car je n'ai aucun souvenir de ce qu'il y avait à l'intérieur. Je me suis, pour tout dire, posé beaucoup de questions durant ce voyage, et j'ai entamé grand nombre de réflexions. Mais la plupart des réponses se trouvent dans la tête des nazis. Il est vrai qu'on ne peut que se demander comment ils faisaient pour ne pas culpabiliser de leurs actions, pour faire autant de mal avec aussi peu de scrupules.


Comment un endoctrinement peut autant surpasser la raison ? À la sortie du camp, notre guide nous a désigné une resplendissante bâtisse. C'était celle du directeur du camp et de sa famille. À trois pas de l'horreur, des enfants jouaient dans un jardin fleuri sous l'œil attentif de leurs parents. Peut-être n'était-ce pas tant un surpassement de la conscience qu'un aveuglement ? Aucun humain ne peut être si indifférent au mal à moins qu'il ne le voie pas ainsi. Socrate disait que seul un ignorant peut faire le mal, car quand on connait le bien, on ne peut agir autrement. J'aime bien cette pensée, je doute cependant qu'il y ait eu autant d'ignorants…

Puis nous sommes sortis du camp, et les discussions ont recommencé. C'était agréable d'entendre la voix de mes camarades après ce long silence qui avait fini par devenir oppressant. Nous sommes retournés à notre bus pour nous diriger vers le camp Auschwitz-Birkenau II, le centre de mise à mort. Là-bas, le vent glacial filait sur l'étendue d'herbe et de baraquements à demieffondrés. Les rails se dirigeaient vers des ruines entourées d'arbres grisâtres, presque sans vie. Un ami m'a dit qu'ils donnaient l'air de savoir ce qu'il s'était passé. Il avait peut-être raison… Ces ruines étaient celles de la chambre à gaz et des fours crématoires qui furent détruits par les nazis à la fin de la guerre. On ne se rendait pas bien compte de l'ampleur qu'ils avaient pu prendre, mais on la sentait d'une certaine manière. Tout paraissait mort ici, l'air y était pesant. L'un des baraquements encore sur pieds offrait une vision tout aussi pesante. Des centaines de compartiments les uns au-dessus des autres pour tout lit. La salubrité et l'humanité n'avaient jamais effleuré ces lieux. Tout comme dans la chambre à gaz, ce baraquement me donnait froid dans le dos. C'était étrange de se tenir vivant au milieu de toute cette mort, de se rendre compte de ce qu'étaient les camps.

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J'ai beaucoup pensé pendant cette visite, excepté dans le dernier bâtiment de ce camp : la chambre à gaz. Le seul mot qui flottait dans mon esprit à ce moment était « pars ». L'odeur d'humidité mêlée à l'obscurité rendait l'endroit inconfortable, alors quand on savait ce qui s'y était passé, ces quatre murs de pierre devenaient hostiles. On est d'ailleurs resté très peu de temps dans cet endroit, et cela s'est fait dans un silence assourdissant.

Et je pense qu'il n'y avait pas de meilleure façon d'appréhender l'horreur de cette guerre que de venir en personne pour ressentir ces lieux comme nous avons pu le faire. Il est important de se rappeler de cette période sombre pour ne pas la commettre à nouveau. J'ai tiré beaucoup de leçon de ce voyage et j'ose croire qu'elles me resteront à vie car il est de ces voyages qui restent ancrés dans les mémoires et font grandir comme nul autre ne pourrait le faire. Je m'en suis rendu compte il y a quelques jours, alors que je finissais de regarder le film La Rafle de Roselyne Bosch.

3 Mia Bergthold


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Par la suite, nous nous sommes rendus à Auschwitz, avant d’entrer en ces lieux de drame je ressentais beaucoup d’appréhension. J’avais peur de voir de mes propres yeux tout ce qui s’était produit et comment cela s’était réalisé. J’avais également peur qu’émotionnellement je ne résiste pas à la réalité des faits. Au cours de la visite nous avons vu d’innombrables atrocités. Or ce qui m’a le plus touché, a été la salle où il y avait tous les cheveux de ces pauvres personnes. Nous savons que 1 300 000 personnes furent déportées à Auschwitz, cela dit, le fait de voir ces cheveux, j’ai pu visualiser ce chiffre de manière sûrement plus démonstrative. Cela a été vraiment très dur, j’avais l’envie incessante de pleurer. Les cheveux font partie de nous, sans nos cheveux, l’être humain devient tout de suite plus faible, plus vulnérable, c’est perdre toute féminité ou masculinité. C’est perdre son identité, d’autant plus qu’ils n’avaient plus de prénom, ni de noms de familles, ils ne sont plus que des numéros. Ils sont totalement sans identité dès leur arrivée à Auschwitz. Et pour pousser la cruauté à son maximum, après les avoir rendus comme insignifiants, les nazis osaient utiliser leurs cheveux afin d’en faire du feutre. Les déportés étaient des êtres humains et tout être humain mérite qu’on le respecte. Or à Auschwitz, ils étaient considérés comme rien, enfin si, ils étaient de la main d’œuvre, des cobayes, des matières premières… tout sauf ce qu’ils étaient réellement : des êtres humains. Marie Zappa

Je me suis sentie d’autant plus touchée lorsque nous sommes arrivés devant le tas de chaussures, de cheveux, de lunettes, de prothèses, de valises portant les noms des déportés, les photographies ainsi que les habits d’enfants. J’étais devant les vitrines de l’horreur, d’une part des vies que les nazis ont retirées. Puis, arrivée à Birkenau, j’étais encore moins à l’aise. Plus j’avançais, plus je me rendais compte que je marchais sur les traces des victimes. Margaux Lemaître

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Par contre, j'ai été perturbé par la quantité d'objets et surtout de cheveux des détenus. C'est inimaginable, surtout en sachant qu'un grand nombre de cheveux étaient déjà retournés pour être réutilisés dans le 3eme Reich. Pour moi, c'est beaucoup plus parlant qu'un chiffre. Gaëtan Abrahamse Photos : Vincent Huchard


Certaines images me restent en tête par leur quantité impressionnante. La visite à Auschwitz a été frappante par les vrais objets des juifs montrés à travers les longues vitrines. Les lignes barbelées aussi longues les unes que les autres. La visite guidée m’a permis de me rendre compte qu’Auschwitz était synonyme de mort par les détails marquants tels que l’appel le plus long ayant duré 19 heures, les juifs survivants qui ne pesaient à peine 15 kilos à la libération ou encore les 2 tonnes de cheveux présents dans un long couloir ainsi que les chaussures. Par la suite nous avons effectué la visite de Birkenau. Ce lieu de concentration a été marquant par sa taille étendue sur plusieurs dizaines d’hectares. Le plus touchant pour moi est la visite des baraques et plus particulièrement la baraque des enfants, les enfants étaient 12 par châlits en bois ; la seule lumière de ces baraques était la présence de petites fenêtres présentes entre les trois étages de couchettes. Justine Bove

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Marcher sur ces pierres qui ont autrefois été battues par les pieds des détenus m'a vraiment fait ressentir des frissons. A chaque pas que je faisais, je me sentais un peu plus chamboulée. A chaque pile d'objets que je voyais dans les baraques, les larmes me montaient un peu plus aux yeux, que ce soit en voyant les brosses, les chaussures ou encore les lunettes. Je n'oublierai pas cette sensation d'impuissance devant les tonnes de cheveux auxquels j'ai fait face, ce sentiment et cette sensation de n'être rien et de passer à côté de cette cruauté. Nous sommes ensuite allés à Birkenau où, en passant par la grande porte et en marchant sur les rails, j'ai senti l'atmosphère froide qui pesait malgré les rayons de soleil. Notre guide, Beata, nous a même fait faire le chemin emprunté par les déportés avant de mourir dans les chambres à gaz en marchant toujours droit devant avec l'espoir d'un avenir meilleur. Je sais que jamais je ne pourrai ressentir les mêmes émotions et les mêmes sentiments qu'eux, mais à voir les arbres au fond du chemin inondé par les rayons du soleil, j'aurais pu également croire à un avenir meilleur. En rentrant dans la baraque des enfants, j'ai senti cette atmosphère froide mais légère accompagnée par le bruit du vent qui ressemblait à des plaintes, de légers gémissements. Océane Hoteplin

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L'histoire de Lidia m'a d'autant plus marqué que sa seule peine était d'avoir fui ce régime avec sa famille. Elle n'était pas juive, mais pourtant fut amenée au centre de mise à mort pour subir les expériences de Mengele. L'après-midi fut plus sinistre. Arrivé à Auschwitz, on sentait cette froideur, comme si le temps s'était arrêté en cette année 1945. On a tout d'abord visité le camp de concentration qui était à l'origine une caserne polonaise. A ce moment-là, je ressentis un vide, ce vide laissé quand on sait qu'il s'est passé quelque chose. Le plus impressionnant, si j'ose dire, mais aussi le plus marquant, ce sont ces objets personnels, ces cheveux, ces peignes, lunettes, valises, chaussures, par millions, éparpillés, qui nous rappellent à chaque instant que des gens étaient venus ici, mais aujourd'hui plus personne. Les prisons ne furent qu’une horreur supplémentaire de ce massacre général. La suite fut le deuxième camp de Birkenau, le centre de mise à mort. En arrivant, je l'ai redouté un peu de peur de ne pas supporter ce qu'on allait voir. J'ai subi encore cette impression de vide où le temps s'arrête. Que dire de cette entrée, à part qu'elle signifie que jamais vous ne ressortirez. Ce camp est très grand, mais aussi extrêmement détruit comparé au précédent. La grande allée menant au camp mais aussi à la mort m'attrista, d'autant plus avec la présence de ce vieux wagon.

Photo : Justine Bove

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Les chambres à gaz et crématoires détruits : on n'arrive pas à s'imaginer le nombre de victimes innocentes tuées ici. Les allées de baraquements détruits, ne reste que la maigre cheminée. Le nombre de personnes à l'époque, indénombrable. Mais aussi l'entassement des personnes montre l'atrocité des « conditions de vie ». On a beau regarder des témoignages, des vidéos, des images, je pense qu'on ne peut s'imaginer l'horreur. Uniquement que l'on a réellement vu les lieux où elle a été exercée. Florian Fazilleau


Nolwenn Deshayes

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Durant ce voyage en Pologne, deux choses m'ont réellement marquée. La première fut le témoignage très émouvant de Lidia. La seconde chose est la visite qui suivit ce témoignage à Auschwitz-Birkenau, un lieu que nous ne voyons seulement la plupart du temps derrière un écran, ainsi qu'en classe avec nos professeurs. Le fait d'y être allée réellement m'a impressionnée quand j'ai réalisé l'immensité de ces lieux. Durant tout un après-midi, j'ai été en quelque sorte déconnectée de notre réalité actuelle pour essayer de replonger dans les souvenirs de ces lieux intemporels. Cependant, même si nous avons été dans les lieux où beaucoup de personnes ont souffert, il a été très difficile de s'imaginer l'ambiance sombre, ou même s'imaginer tout ce qu'il s'est passé. Nous ne sommes que des spectateurs de ce massacre passé, et pour moi il nous est donc impossible de réellement comprendre et réaliser l'ampleur de ce qui est arrivé. Nous ne pouvons porter les lourdes mémoires de ces lieux mais nous nous devons de les transmettre plus tard pour ne pas oublier ce que l'humanité a fait de pire. Après la visite à Auschwitz-Birkenau, un sentiment que je ne pourrais expliquer est resté imprégné en moi. J'ai réfléchi sur le témoignage de Lidia et sur les lieux que nous avons visités. La vue des baraquements pour adultes comme pour les enfants, en sachant que beaucoup y sont morts, amène à une intense réflexion sur les actions de l'humanité que nous n'avons pas connues.

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Dans ces camps ont souffert des millions de personnes juifs, tziganes, déportés politiques, prisonniers de guerre… et, malheureusement la majorité d’entre eux y sont restés. Ainsi lorsque l’on visite ces camps, il n’est pas toujours évident de s’imaginer que toutes les horreurs que les nazis ont commises se sont faites ici, dans ces bâtiments. Mes premières réactions furent que ces bâtiments n’étaient qu’une sorte de reconstitution de l’histoire mais au cours de la visite, j’ai vite compris que toutes ces horreurs ont bel et bien existé. L’immensité du lieu, les biens des victimes tels que les cheveux, les chaussures… la peur ancrée dans les murs, la réalité des bâtiments reflètent la souffrance des victimes des nazis, ce qui crée un sentiment de mal-être chez les visiteurs. Ces lieux montrent à quel point l’homme peut devenir son propre ennemi et qu’il est prêt à tout pour obtenir ce qu’il veut. Puis, quand je vis les fours crématoires tout en sachant son fonctionnement, un sentiment de peur m’envahit, de la peur face à l’intelligence que certains ont eue pour inventer de tels bâtiments. Et puis, lorsque j’ai visité un des baraquements où dormaient les prisonniers, j’ai d’abords ressenti du dégoût à cause des conditions de vies répugnantes des prisonniers, mais le dégoût est vite parti et de l’empathie s’est emparée de moi car c’est inhumain de vivre dans de telles conditions. Ainsi, tout au long de la visite, je n’ai pas dit un mot, j’ai respecté les lieux car vu tout ce qui s’est passé en ces lieux, les personnes qui ont « vécu » ici méritent que l’on entretienne leurs mémoires et leurs histoires à travers les années avenir. Florian Tavoillot

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[…] Ce projet m’a permis de découvrir des nouvelles connaissances, qui sont liées à l’histoire française et à l’histoire des Juifs. Notre étude était centrée sur la population juive et le massacre qu’ils ont subi pendant la Seconde Guerre mondiale. Le sentiment que j’ai eu pendant nos recherches, comme tous les élèves, était la pitié. Cette population était depuis le siècle de Salomon une population rejetée, toujours en migration et elle n’avait jamais un pays propre à elle. Cela m’a permis de changer l’idée que j’avais par rapport aux juifs et sur la question palestinienne, car on a étudié que la Palestine était la terre des Juifs, donc en quelle que sorte c’est leur droit d’y retourner (bien sûr sans faire partir la population actuelle de la Palestine). […] Dès l’entrée du camp on voit la tristesse à travers les murs de ses bâtiments et à travers les barbelés. La visite était pleine d’émotions. Ce n’est pas


Ghizlane Tounssi Auschwitz est aujourd’hui le symbole du monde concentrationnaire et des meurtres de masse orchestrés par les nazis en raison de sa taille. Celui-ci est composé de 3 parties : Auschwitz I, Auschwitz II (170 hectares), et Auschwitz III. La première est un camp de concentration où périrent 70 000 personnes : prisonniers de guerre, opposants politiques polonais et soviétiques, juifs et enfin résistants. La seconde est un camp de mise à mort immédiate (un million de mort environ) des juifs et des tziganes. La dernière était un camp de travail.

Nous avons ainsi visité les deux premiers camps d’Auschwitz (I et II) en présence d’un guide qui nous a d’abord présenté les différents bâtiments et leur fonction dans le camp I. Nous étions tenus de garder un certain silence lors de la visite en signe de respect pour les vies anéanties en ces lieux. Ceci n’était pas sans nous plonger immédiatement dans l’ambiance glaciale du camp de concentration et ainsi nous immerger dans les lieux. Nous avons pu visiter les différents musées où sont exposés les biens des victimes retrouvés par l’armée soviétique après la chute du troisième Reich. Chaussures de toutes les couleurs et

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une visite qu’on peut faire tous les jours, c’était une visite assez exceptionnelle, une visite qui nous permet de commémorer le génocide des personnes innocentes, la seule faute qu’ont commise ses personnes était d’être nées juives. C’est quand même incroyable à imaginer qu’on peut tuer des gens juste à cause de leur identité. […] Ce que j’ai retenu de son histoire (Lidia), c’est qu’il ne faut jamais perdre l’espoir dans la vie. A la fin de son témoignage, elle nous a invité à raconter son histoire à notre entourage pour ne jamais oublier la mémoire de la Seconde Guerre mondiale et celle des déportés. La commémoration de ces évènements passés peut sensibiliser les gens et a pour but aussi d’éviter de reproduire la même erreur.

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de toutes les tailles accumulées en un relief imposant, valises comportant des inscriptions des défunts avant leur arrestation par les nazis mais également lors de celle-ci puisqu’il leur était annoncé qu’ils sortiraient de ce camp et qu’il fallait qu’ils puissent retrouver leurs biens, des casseroles et autres ustensiles transportés par les familles discriminées par le régime nazi, des restes de cheveux retirés des victimes… La liste est encore longue de ce que l’on pouvait trouver au sein des musées du camp numéro un. Nous comprîmes très vite que la volonté des nazis n’était pas de « simplement tuer » les victimes et les opposants politiques mais étaient d’annihiler l’identité de chacun de telle façon à ce qu’il ne reste aucune trace de leur humanité, et par extension de leur existence. Enfin nous avons terminé la visite par le camp Auschwitz II, le camp d’extermination immédiate des juifs et des tziganes. La première chose frappante à l’arrivé dans le camp c’était vraisemblablement sa superficie démesurée. Nous pouvions regarder de part et d’autre du camp sans en apercevoir les limites. Bon nombre de bâtiments en bois ont fini par s’effondrer à cause des pluies, mais certains sont encore debout. Une interminable ligne de chemin de fer parcourait le camp en longueur, de l’entrée du camp jusqu’aux forêts qui cachaient les chambres à gaz. Pour ainsi dire, ce chemin conduisait irrémédiablement tous les individus déportés à Auschwitz II jusqu’à la mort. Ceci nous laissa sans mots pour décrire les lieux et encore moins les actes commis. Ce n’était pas tant un sentiment de dégoût, de peur, ou bien de tristesse qui s’empara de nous d’une manière progressive, au fil que nous marchions le long de cet axe ferroviaire, mais bel-et-bien une grande incompréhension. De telle façon à ce que nous remettions en doute l’existence de tels actes indescriptibles au sein de notre esprit tellement ces derniers paraissaient sortir tout droit du scénario d’un film de science-fiction. Autrement dit, il était difficile, pour ne pas dire impossible, de s’imaginer concrètement que des millions d’êtres humains arrivaient en masse par des wagons pour finir leur vie dans une chambre à gaz ; que les nazis désignaient par le terme de « douche » en promettant aux déportés qu’une fois sortis de cette « douche » ils pourraient récupérer leurs affaires et revoir leur famille. Il n’y avait aucun mot pour exprimer notre incompréhension. Ou peut-être un seul : « pourquoi ? ». Ce mot résonnait dans nos esprits et ne cessait de prendre de l’importance au fur et à mesure que nous en apprenions plus sur cette histoire tragique, faute d’un autre mot pour qualifier les actes commis. Pourquoi avoir fait tout cela ? Yassine Lehsin

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Ce voyage en Pologne effectué cette année a eu plusieurs conséquences sur moi. Il m'a tout d'abord permis de découvrir ce pays, dans lequel je n'étais jamais allée auparavant. J'ai trouvé l'austérité typique des pays d'Europe de l'Est. Mais la répercussion de ce voyage, la plus importante pour moi, reste d'avoir réalisé les horreurs de la Shoah. Le premier électrochoc fut le témoignage de Lidia Maksymowicz, qui m'a transmis beaucoup d'émotions surtout à la vue de son numéro tatoué. Mais le fait que Lidia ne parlait pas ma langue et que ce qu'elle disait été traduit m'a permis de prendre du recul. La visite à Auschwitz m'a aussi


Noémie Phal Ce voyage nous a confrontés à des réalités passées mais toujours douloureuses. En effet, la rencontre avec Lidia Maksymowicz, une ancienne déportée, m'a particulièrement touchée. Elle nous a décrit comment se déroulait l'arrivée et les journées au camp pour les déportés : froid, rats, maladie, terreur, mort rythmaient leur journée. L'ambiance était plutôt triste lorsqu'elle nous en parlait, cela devait sans doute être difficile de faire partager une histoire telle que la sienne. Celle-ci a été d'autant plus touchante lorsqu'elle nous a montré le numéro tatoué sur son bras gauche, un peu effacé, mais ancré sur cette femme, en elle et sur elle, pour toujours. Lorsqu'elle nous l'a montré, un silence pesant s'est installé dans la salle. C'est là que je me suis rendue compte de ce qu'avait traversé Lidia. A la fin de cette rencontre, elle nous a dit qu'elle comptait sur nous pour que cela ne se reproduise jamais, cette phrase était particulièrement touchante venant d'elle. C'est pourquoi l'histoire et la mémoire de cette guerre ne doivent jamais être oubliées, c'est à nous de les transmettre afin de respecter et faire durer le devoir de mémoire.

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énormément marqué, j'étais abasourdie d'entendre ce qui s'était passé en ces lieux tout en les voyant. Les nombres de juifs déportés, les photos des nazis posant fièrement à côté des déportés, des juifs arrivant aux camps; l'étendue colossale de cheveux rasés de la tête de personnes vivantes s'apprêtant à mourir, toutes ces images restent gravées en moi et ont provoqué chez moi le jour-même une déréalisation totale de ces faits. Je n'arrivais plus à imaginer que tout cela s'était produit. Face au camp de Birkenau, je ne pouvais concevoir que des humains innocents ont eu à vivre et mourir dans de telles conditions. Ensuite, la visite du musée de Schindler et son histoire m'ont paru comme une minuscule bouée de sauvetage dans la tempête du nazisme en Pologne. Cela m'a rassuré de voir de la solidarité, de courage et d'humanisme à cette sombre époque où la peur d'agir contre ces actes de cruauté était prédominante et justifiée. Mon impression finale, que je garderai sûrement toute ma vie, est l'incompréhension. Je ne comprends pas comment de telles choses ont pu se produire, comment des personnes pouvaient traiter d'autres personnes semblables à eux d'une telle manière. Et par-dessus tout, je ne comprends pas comment la haine, que ce soit l'antisémitisme ou le racisme, subsiste encore aujourd'hui dans le cœur des gens. La Shoah est la démonstration des affreuses conséquences que ces modes de pensées provoquent. Le plus important désormais pour nous tous est de nous en rappeler et de se protéger les uns les autres.

Coline Bulte L'autocar nous conduit ensuite vers le deuxième camp, le camp d’AuschwitzBirkenau qui est un camp de concentration et lieu d'extermination uniquement utilisé pour l’extermination des juifs et donc pour la solution finale à partir de 1942. Ce camp où Lidia passa deux ans de son enfance était éloigné de tout. De loin, on pouvait apercevoir le portail de l'entrée du centre de mise à mort. La

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première chose qui m'a fait froid dans le dos est l'immensité du site : plus de 170 hectares consacrés à l'extermination de juifs. On pouvait apercevoir un grand nombre de baraques comme nous l’avait décrit Lidia : des baraques toutes identiques. Un grand nombre de celles-ci furent brûlées et nous voyons seulement les fondations et les cheminées de celles-ci. Nous avons longé la voie de chemin de fer jusqu'au bout du camp, cachées derrière les arbres se trouvaient les anciennes chambres à gaz. Ces chambres ont été dynamitées mais les débris de celles- ci nous montrent ces événements comme récents, comme par exemple une petite grille métallique qui est restée intacte à l'entrée de la chambre à gaz. Ensuite, nous nous sommes dirigés vers les baraques où séjournaient les déportés entrés dans le camp après la sélection. Les baraques correspondaient totalement à ce que nous avait décrit Lidia, j'avais l'impression que je rentrais dans un poulailler avec des cases. : 3 cases allant du sol au plafond et pouvant contenir 12 enfants ou 8 adultes. C’était une forme de soulagement lors de la sortie du camp, comme si on avait peur de rester enfermé. Après ce voyage, beaucoup de sentiments nous tourmentent. Je suis toujours dans l'incompréhension mais je perçois davantage ce qu'ont pu subir les juifs. Ce voyage et ces visites ont été, je le pense, bénéfiques pour tous : une bonne leçon de vie ! On ne peut pas retourner 75 ans en arrière et éviter cela, mais on peut tout à fait faire en sorte que cela ne se reproduise pas. Ce voyage n'est pas un simple voyage scolaire pour visiter, admirer ou s'instruire... Mais un voyage comme un devoir, un devoir de mémoire. Il nous donne une autre perception des faits. Louis ROBERT

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Cette visite des deux camps est riche en souvenirs, mes cours d'histoires prenaient enfin vie et je comprends réellement le sens des mots tels que « centres de mise à mort », « industrie de la mort ». Avant pour moi ce n'était que des mots que je devais apprendre et définir qui désignaient le système concentrationnaire nazi ; aujourd'hui j'ai compris vraiment ce que signifiaient ces mots et pourquoi on les


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employait. La visite des camps, les baraquements, les ruines des chambres à gaz étaient donc un véritable électrochoc pour moi et m'ont permis de me rendre compte réellement de la triste et sinistre histoire qui s'y était passée durant plusieurs années. Cette semaine était donc riche également en émotion. En effet, lors de la visite du camp Auschwitz, nous avons pu voir tous les effets personnels des juifs déportés : une allée remplie de valises, un amas de lunettes, deux tonnes de cheveux (soient 40.000 personnes), une montagne de chaussures d'hommes et d'enfants, une fosse pleine de casseroles ainsi qu'une pièce remplie d'affaires de toilettes, telles que des brosses à cheveux et des brosses à dents et encore une autre pleine de prothèses. Tous ces objets étaient entassés les uns sur les autres tellement il y en avait. L'atmosphère était pesante: lorsque j'ai vu les cheveux, je me suis dit que c'était la seule chose vivante qui restait de ces pauvres gens; contrairement aux valises, même s'il y avait encore les noms des propriétaires dessus. Ce sont des images qui vont me marquer à vie. Je ressentais quelque chose de totalement paradoxal : je pouvais m'imaginer totalement ce qu'il s'était passé car on voyait réellement ce qu'ils avaient vécu, où ils avaient étaient détenus, on avait un regard extérieur aux événements ; et en même temps ce qui s’est passé est tellement horrible, on était au cœur de l'histoire et on ne pouvait pas se mettre à leur place, comme lorsque nous avons visité les cellules de 1m² où ils étaient entassés à quatre pendant plusieurs jours, donc impossible de dormir. J’étais triste de voir la vérité et l’horreur en face et en même temps contente de me dire « Oui, j’ai vu Auschwitz de mes propres yeux ». Lylou Mylian Il y a dans la vie des moments qui blessent la mémoire. Ces moments, il est difficile de les évoquer, parce que l'on ne sait pas toujours trouver les mots justes pour rappeler l'horreur, pour dire le chagrin de celles et ceux qui les ont vécus. Mais je vais essayer de vous faire partager ce que j'ai pu voir car il est déjà plus simple de croire ce que nous voyons. Mais il est aussi nécessaire de s'être renseigné, d'avoir étudié cette tragédie avant d'en découvrir l'emplacement. Les historiens, comme on le sait, ont joué un rôle important dans la restauration de ces mémoires et leur évolution. On a parfois du mal à s'imaginer tout cela avec des mots, c'est pourquoi les images, les témoignages, les films, le mémorial de la Shoah, permettent d'essayer de se rendre compte de ce que l'homme est capable de faire et de se faire.

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Mardi 13 Mars 2018

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Durant la matinée, nous avons rencontré un témoin de la Shoah et de la déportation : Lidia Maksymowicz qui est une ancienne détenue d'AuschwitzBirkenau. Elle est entrée dans le camp à ses 3 ans et en est sortie à ses 5 ans. Elle sera recueillie ensuite par une famille polonaise. Je vous fais part de ce qu'elle nous a confié, tout en vous faisant part de mes sentiments.

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Comme nous n'étions pas encore allés à Auschwitz et que nous n’avions vu que des photos auparavant, elle nous a comme projetés dans ce lieu encore inconnu pour nous. On nomme Auschwitz le “Camp Mère” car tous les autres camps étaient reliés à celui-ci, Birkenau c'était l'usine de la mort, où se trouvaient les vestiges d'hommes, femmes et enfants. Les gens vivaient dans la famine, la saleté. Il y avait une odeur de désespoir, c'était le lieu de la destination finale. Ils n'étaient que des numéros : chaque jour, chaque minute, chaque heure pouvait être le dernier moment de leur vie. Les photos que nous pourrions voir dans le camp étaient soit des photos prises par les Allemands, ou par l'Armée Rouge en 1945.

Lidia était détenue dans le baraquement 16 à AuschwitzBirkenau qui était le plus grand camp de concentration du système nazi, il était impossible de sortir car tout autour du camp, il y avait des clôtures, des fils électrifiés et des barbelés. Certains détenus se jetaient sur les fils électriques pour se suicider. La grande entrée est bien connue, elle était adaptée aux transports par wagons (les voyages de détenus se faisaient pendant plusieurs jours, en provenance de toute l’Europe, de jour comme de nuit sans sanitaires, ni nourriture, ni boisson). Une fois arrivés, une sélection était faite : les SS avec des chiens exerçaient les ordres dans une langue étrangère. S’ils étaient adaptés au travail, les hommes allaient à droite dans les baraques en bois et à gauche les femmes dans les baraques en brique avec les enfants. Les autres (la majorité) allaient directement dans les chambres à gaz. Les SS jugeaient s'ils étaient utiles


ou non. Derrière ces baraques, on peut voir une grande étendue de cheminées aujourd’hui, qui peut nous faire penser approximativement au nombre de personnes détenues. Les Polonais qui habitaient à côté du camp savaient ce qu'il se passait. Certains connaissaient Auschwitz et d'autres non. C’était le côté vie et le côté mort.

Pour ce qui est de l'alimentation :  

le matin, ils avaient une tranche de pain noir, le midi, une soupe brune faite des restes de la cuisine allemande servie dans des seaux.

Leur condition de vie faisait que des maladies les touchaient et principalement la diarrhée et le typhus à cause de l'hygiène. Les toilettes étaient des pots, il n'y en avait qu'un seul par baraque (la baraque des enfants où était Lidia a accueilli jusqu’à 700 personnes). Les ordres s'effectuaient avec des bâtons car pour les soldats ils étaient beaucoup trop sales pour les toucher.

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Les femmes à l’arrivée dans le camp étaient mises à nues, rasées, dépouillées de leur dignité humaine et de leur féminité. Leurs vêtements étaient remplacés par des vêtements spécifiques au camp qui étaient de très mauvaise qualité et de couleur blanc et gris, les chaussures étaient des sabots. La séparation des mères et des enfants était très brutale, de force comme pour des animaux. Cette séparation était faite par des soldats SS et des femmes criminelles allemandes. Les enfants dans le camp étaient traités comme des adultes, il fallait apprendre très vite l'allemand.

Le pire moment était quand le docteur Josef Mengele et son équipe venaient chercher des enfants pour pratiquer des expériences... Les détenus l'appelaient “l'ange de la mort” car il était beau, intelligent, mais n'avait pas de sentiments humains. (Ces « médecins » prenaient beaucoup de sang jusqu'à évanouissement, ils menaient des expériences sur les jumeaux, ils essayaient de changer la couleur de l'iris des yeux en bleu...) En janvier 1945 a eu lieu la marche de la mort : les prisonniers survivants doivent quitter le camp sur ordre des nazis (à cause de l’avancée des Soviétiques, ils ne veulent laisser aucune trace), les prisonniers épuisés ont marché sur 60 km, les bords des chemins étaient parsemés de cadavres fusillés ; d'après les historiens, il y avait 10 cadavres pour 1 km ; c'est un convoi de prisonniers où les gardiens font avancer les prisonniers au mépris de la vie de ces derniers, voire en vue de leur extermination. Ce témoignage m'a permis, cet après-midi-là, en visitant les camps de m'imaginer ce qui s'était passé à l'endroit où j'étais. Je regardais beaucoup autour de moi, le

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sol attirait mon attention, j'essayais vraiment de m'imaginer tout ce que j’avais entendu, vu sur des photos, mais même avec cela, une partie de moi n'arrivait pas à se faire à cette idée, à y croire. Aimée Coquard

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J’écris cette lettre pour transmettre mon ressenti, mes sentiments, ma façon de voir les choses aujourd’hui. En effet, ma vision sur un important passage de l’Histoire n’est plus la même depuis le voyage en Pologne organisé par mon établissement scolaire, intitulé « Voyage vers Auschwitz ».

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On connaît tous plus ou moins la Seconde Guerre mondiale étudiée à l’école ou contée à la télévision, on connaît le passage sur l’extermination des juifs, des tziganes, des homosexuels ou encore des handicapés. Cependant on ne sait pas. On ne sait pas à quel point cela a pu être horrible et inhumain, et on ne saura jamais. Néanmoins, on peut se rapprocher de la réalité en se rendant sur les lieux du crime, sur les lieux où furent exécutés, exterminés, éliminés, massacrés des millions d’êtres humains. Je dois avouer qu’avant ce voyage, ce passage de l’Histoire se résumait à des cours sur la Seconde Guerre mondiale, ou à quelques documentaires diffusés à la télévision, je n’y portais pas vraiment attention. J’avais pris connaissance de ce qui avait pu se passer dans mon pays, la France, et dans ses pays voisins. Tout ce que je pouvais entendre sur cette effroyable période ne me faisait pas vraiment réagir ; certes cela m’attristait, ou même me mettait en colère, mais sans pour autant me permettre de me rendre compte de la réalité. C’est-à-dire que ces sentiments disparaissaient une fois la salle de classe quittée ou la télévision éteinte. Des textes, des photos nous sont montrés, ils ont des impacts dans notre conscience, c’est vrai, cependant ils ne m’ont jamais permis de penser à ces atrocités, de réfléchir à l’acte épouvantable de certains hommes, de compatir à la souffrance des victimes et à leur famille. Néanmoins, ce voyage a changé les choses. […] Une fois la rencontre terminée [avec Lidia], j’ai commencé à beaucoup appréhender la suite de la journée ; finalement j’avais peur d’être confrontée à la réalité. Lors du trajet jusqu’aux camps, j’entendais certains de mes camarades rire, écouter de la musique, parler ; j’en étais incapable, j’avais beaucoup trop de questions en tête, beaucoup trop d’inquiétudes sur ce que j’allais découvrir, alors je suis restée silencieuse. Une fois sur place, nous avons rejoint notre guide pour la journée, nous nous trouvions à l’entrée du camp d’Auschwitz, et l’atmosphère pesante du camp s’était déjà installée, alors que nous n’avions même pas commencé la visite. Je n’appellerai même pas cela une visite, mais un retour à la réalité, une confrontation à l’Histoire. Au fil de la visite, c’était de plus en plus


Lorsque nous sommes entrés dans une chambre à gaz (celle qui a servi aux expérimentations à Auschwitz I), mon esprit m’a abandonné. J’ai essayé d’imaginer les choses, j’ai essayé d’entendre des cris, j’ai essayé de me rendre compte, mais j’ai échoué. Je n’avais plus rien en tête. J’ai beaucoup entendu parler des chambres à gaz, des millions de morts qu’elles ont causées ; mais entrer dans l’une d’elle a été épouvantable. Entendre des choses, les voir et comprendre sont trois choses complètement différentes, et désormais je pense que je suis passée par ces trois étapes. Je comprends clairement l’intérêt de ne pas oublier. Nous avons ensuite quitté Auschwitz pour aller à Birkenau. L’atmosphère était tout aussi pesante, très dure à supporter, nous avions la même guide qu’à Auschwitz I qui faisait ressentir la difficulté d’évoquer l’Histoire de ces lieux. Malgré le fait que Birkenau a presque été complètement détruit, ce qui en reste est déjà trop pour transmettre les horreurs. Les ruines des chambres à gaz et des fours parlent déjà beaucoup, il n’y a pas besoin de les voir en entier pour comprendre ce qu’il se passait ici. Nous sommes entrés dans une baraque, le même type de baraque dans laquelle a été enfermée Lidia Maksymowicz. Lorsque je suis rentrée et que j’ai entendu les conditions dans lesquelles se trouvaient les personnes entassées dans ces dernières, je n’ai pu m’empêcher d’essayer d’imaginer, mais essayer est tout ce que j’ai réussi à faire. La monstruosité effectuée dans ces lieux est imprégnée dans les murs, le sol, l’atmosphère. Tout ceci a été dur pour moi, qui étais là pour visiter et apprendre, mais pour ceux qui

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difficile, c’était de plus en plus d’horreur à entendre, c’était de plus en plus de réalité. Pour nous c’était la première fois que l’on était confronté à ce lieu, mais notre guide le fait régulièrement. On pourrait donc penser que c’est une routine pour elle à présent, qu’elle effectue ces visites sans difficultés : c’était tout le contraire. Elle était aussi émue que nous, aussi bouleversée, et elle vit ceci tous les jours. Heureusement qu’il y a des personnes assez fortes pour transmettre l’Histoire de la manière dont elle le fait ; en effet, il faut être vraiment fort moralement et psychologiquement pour vivre cela régulièrement. Les sentiments que cet endroit et son histoire font ressentir sont des sentiments qu’on ne peut éprouver nulle part ailleurs. Ils sont forts, durs et inexplicables. En plus de l’émotion transmise par la guide, on était face à tout ce qu’on a pu voir en photos avant. On a vu des objets personnels des personnes arrivées au camp : des lunettes, des chaussures, des prothèses, de la vaisselle, des valises avec le nom de son propriétaire inscrit dessus, et même des cheveux. Je me suis rendue compte à quel point cela devait être difficile, en plus d’être déracinés, on leur enlevait tout, ils ne possédaient plus rien, ils devenaient « personne ». Cette visite me semblait interminable, entendre toutes ces choses a été très dur, mais se rendre compte que ce n’est pas que dans les films, ou dans les livres que ce genre d’actes immondes se produisent, mais que cela s’est réellement produit est un sentiment inqualifiable.

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l’ont vécu, qui sont morts par centaines de milliers... La visite touchait à sa fin, la guide nous dirigeait vers la sortie, en expliquant que ceux qui ont pu être sauvés, sont également sortis par cette porte, malheureusement un bien plus grand nombre est entré sans jamais en sortir.

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Lors du trajet du retour vers Cracovie, je n’étais plus silencieuse comme à l’aller, il fallait que je m’exprime, que je parle de ce que je venais de voir et de ce que je venais de comprendre. Et là, j’ai toute la conclusion de ce voyage. Ce texte a été très difficile à écrire, simplement parce que les sentiments éprouvés ne sont pas faciles à exprimer et surtout à expliquer. « À nous le souvenir… À eux l’immortalité », ceci prend tout son sens à présent. Désormais je me sens concernée par le souvenir. Je sais pourquoi il ne faut pas oublier, personne ne doit négliger l’Histoire, la vérité, de façon à ce que toutes les victimes des camps, et ceux des champs de bataille, morts pour la liberté, ne soient pas oubliés. C’est important de se souvenir, déjà pour éviter de reproduire les mêmes erreurs et atrocités, mais aussi pour rendre immortelles les victimes de ces erreurs. Pour ne pas oublier, je veux transmettre ce que j’ai vu et ressenti, témoigner de ce que j’ai appris, de la même façon que le fait Lidia Maksymowicz, une survivante de la déportation et des camps. Il ne faut pas oublier, pour que les victimes ne restent pas juste des numéros, pour qu’elles arrêtent d’être traitées comme « personne ». Ces humains doivent devenir immortels. Maxine Carvalhido

Même si l'on nous enseigne l'histoire de la Seconde Guerre mondiale depuis le collège, je trouve difficile de s'imaginer ce qu'il s'est vraiment passé, il est difficile de concevoir qu'au XXe siècle l'humanité a pu causer la mort de 60 millions de personnes et qu'elle ait créé une entreprise de la mort qui tua plus de 5 millions de Juifs et autres détenus. Comment le projet de la solution finale a pu naître et prendre forme ? Comment a-t-il pu prendre une telle tournure à une si grande échelle ? Je trouve cela difficile à concevoir que l'homme puisse en arriver à vouloir éliminer tout un peuple juste pour assouvir ses pulsions et ses désirs. C'est aussi pour cela que ce voyage était important, il pouvait répondre à nos questions, nos angoisses et nos peurs.

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C'est au bout du deuxième jour que nous avons visité Auschwitz Birkenau, avant cela nous avons eu le témoignage de Lidia Maksymowicz une survivante de la Shoah. Cette dame de 80 ans nous a fait l'honneur de nous raconter son histoire, elle n'avait que 3 ans quand elle a dû traverser les enfers. L'entretien s'est passé dans le musée Galicja Jewish.


A la fin de la guerre quand l'Armée Rouge libéra le camp, Lidia fut recueillie par une famille polonaise qui habitait autour du camp, ils l'adoptèrent. Sa mère était encore sous les griffes des nazis, elle a effectué la marche de la mort. Mais sa mère survécut et les deux femmes se retrouvèrent 17 ans après, malheureusement nous n'avons pas eu le temps d'entendre cette histoire, nous devions rejoindre le bus pour Auschwitz. En partant nous avons tous remercié cette fabuleuse femme pour son courage et nous sommes repartis le cœur rempli d'émotion et avec une histoire à raconter à nos proches. La visite s'effectua l'après-midi, nous commencions par Auschwitz, le camp de concentration pour terminer par Auschwitz-Birkenau le centre de mise à mort. Toutes les images vues dans les livres d'histoire, tous les films, les vidéos vus auparavant et bien c'était ici qu'ils ont été pris et tournés, on y était vraiment, c'était aujourd'hui que l'on visitait ces camps de la mort, c'était aujourd'hui que nous aurions réponse à nos questions.

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Son histoire est des plus fabuleuse : cette petite fille de 3 ans traversa de multiples épreuves avant d'arriver à Auschwitz avec sa mère et ses grands-parents qui eux sont morts à l'arrivée dans le camp, c'était la dernière fois qu'elle les voyait. Lydia fut, comme tous les enfants, séparée de sa mère qui était une jeune femme de 22 ans et qui de nombreux soirs risqua sa vie pour aller donner de la nourriture à sa fille, traumatisée de ne plus être avec sa mère. Nous étions tous captivés par ce que nous racontait Lidia même si nous avions du mal à y croire (je vous passe les horribles détails...), mais le moment qui m’a le plus marqué c'est quand elle s'est levée et nous a montré le tatouage sur son bras. A ce moment-là on réalise vraiment, c'est là que je me suis dit que « oui, tout ce qu'elle nous raconte est bien réel », que ce n'était pas un rêve, je pense que je me rappellerais de ce moment toute ma vie...

Personnellement j'avais encore du mal à réaliser les centaines de prothèses pour handicapés, les millions de cheveux, les centaines de lunettes, les chaussures, les vêtements qui avaient étés dérobés aux juifs par les nazis et qui était exposés... Tout ceci était vraiment impressionnant cela montre à quel point ce génocide était une entreprise, les nazis réutilisaient tout ce qui appartenait aux juifs, même les cheveux. Puisque les nazis ont tout détruit, on n’a pu visiter qu'une chambre à gaz, celle d’Auschwitz I, et ce n'était « qu'une chambre expérimentale ». C'était tellement pesant que certains n'ont pas pu y rentrer, mais quand on est à l'intérieur, l'air y est lourd, pesant, les traces sur les murs vous horrifient, les fours crématoires relèvent du surréaliste, cette pièce nous laissera une trace pour toujours. Une chose fut assez marquante, la maison du chef nazi du camp qui se trouvait juste à côté d'Auschwitz, c'était sa maison personnelle, il y vivait avec sa femme et ses

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enfants. Je me suis quand même demandé comment on pouvait élever des enfants à côté d'un centre de mise à mort sans aucun scrupule...

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Ce qui m’a le plus « impressionné » encore c'est le deuxième camp celui de Birkenau, j'ai plus eu conscience du génocide avec ce camp que celui d’Auschwitz I : il était tellement grand, on n’en voyait même pas la fin. Le pire c'est lorsque nous avons visité la baraque, celle où Lydia dormait, les enfants dormaient à même le sol ou sur des planches de bois, les conditions étaient inhumaines et pourtant des petites filles comme Lidia y ont survécu pendant plusieurs mois.

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La visite des deux camps restera à jamais gravée dans ma mémoire mais elle aura aussi renforcé le nombre de questions, qui je pense, n'auront jamais de réponse. Même après ce voyage je ne réalise toujours pas, je pense qu'inconsciemment je ne veux pas imaginer que tout cela a été possible tellement ce passage de l'histoire est horrible, inimaginable et indescriptible. Louis Chaumerlhiac

La « salle du choix », Musée Schindler, photo : F. Fazilleau


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