Poème

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Un voyage vers Auschwitz Folie. Je pensais que ce seul mot définirait l’horreur Mais ce que j’y ai découvert est bien supérieur. Ce serait insulter la folie que d’oser répandre Qu’elle est la cause de tant de morts. La ville est parsemée de rails ternes et rouillés Rappelant à tout moment ce qu’il s’est passé. Ces rails ont porté des trains qui ont mené Inlassablement des Hommes à trépasser. Je regarde autour de moi. La ville est sans chaleur. Je ne peux alors imaginer combien la peur A dû, et doit encore régner sur le camp de la mort. Il faut maintenant nous taire et ressentir. Nous sommes à l’entrée : « Arbeit macht frei » J’exprime un rire nerveux. Cette phrase n’a guère De sens ici. Elle communiquait peut-être l’espoir D’une liberté proche aux arrivants d’hier. Je me demande comment les nazis définissaient « Liberté » si pour eux, le travail l’offrait. Et qu’est-ce que « travail » pouvait signifier Si, dans ce cas, il donnait la liberté ? Ces mots me laissent avec beaucoup de questions. Ce que je vois ensuite amène l’incompréhension. Je ne m’attendais pas à ce que nous visitions Ces belles maisons rouges typiques de la région. Même si elles sont agréables en surface, La réalité revient rapidement à sa place. En effet, il y a des cicatrices du passé, des traces Comme les barbelés, les portes, les fenêtres cassées…


Un voyage vers Auschwitz

J’ai honte. J’ai honte d’avoir trouvé ce lieu beau Sachant ce qu’il s’est passé, le fléau Qui s’est abattu ici et quel sorte de chaos Il a répandu. Je dois laisser un moment mes émotions de côté. Nous entrons dans un des baraquements Et y découvrons un nombre horrifiant D’affaires personnelles d’enfants mais aussi de grands. Des casseroles, des jouets, des couverts, des brosses… Mais l’émotion que j’éprouve à ce moment-là N’est rien comparé aux chaussures en cuir noir Entreposées ici. Certaines sont par paires Est-ce une mise en scène ? Un hasard ? Nous entrons maintenant dans un endroit sombre. Il y a derrière cette vitre, des cheveux en très grand nombre. Je n’en ai jamais vu autant ! Et, malgré la pénombre, Je distingue des blonds, des roux ou encore des bruns… L’infime partie de ces nattes m’offre la vision Du nombre de personnes prisonnières qui ont Vécu… ou non… ici. Après quelques pas, nous voyons Un ensemble pour bébé. Un bébé… mais pourquoi ? Dans un couloir, des portraits sont affichés. Ce sont toutes les personnes qui sont passées Dans ce camp… Mais qui ne sont jamais ressorties. Cinq mois. C’est le temps maximum de survie. Des impacts de balles. Il y en a si peu… Si elles ne sont pas allées dans le mur, des corps les ont prises. Des scènes de tortures nous sont décrites Je sais alors pourquoi il y a devant ce mur les plus belles fleurs.


Un voyage vers Auschwitz Avant d’aller au mur des fusillés, Le chemin de la prison était emprunté Par beaucoup de prisonniers. Ce qui, pour eux, signifiait ‘’Vivre’’ à quatre dans un mètre carré. Alors que nous visitons la prison, je réalise Que je ne marche pas uniquement dans les pas des déportés Mais aussi dans les pas des nazis. Tout devient très différent… je suis en train de paniquer. De qui suis-je le plus proche ? Des bourreaux ? Des déportés ? Non, je ne suis ni l’un ni l’autre. Cette question reste tout de même dans ma tête… La chambre à gaz. Je suis à l’entrée. J’hésite. Je vois des personnes quitter Le groupe. Je recule. Si je m’en vais Maintenant, je le regretterais. Alors je rentre. Avec beaucoup d’effroi. Cette chambre n’a servi qu’une fois. Et pourtant sur les murs, il y a des griffures. Il m’est impossible d’imaginer a quel point ils ont dû souffrir. Il fait froid. Pas seulement à cause de la température. L’air est lourd, oppressant. Il me tarde de sortir d’ici. Il faut d’abord voir les fours crématoires. C’est pire ici. C’est horrible. Nous sortons enfin. Je peux enfin respirer !


Un voyage vers Auschwitz Comment peut-on vivre dans ces conditions ? Dormir à même le sol, avoir des maladies, ne pas pouvoir aller aux toilettes quand il y a besoin, ne pas manger à sa faim, vivre dans la boue et le froid, ou au contraire sous une chaleur insupportable, travailler plus que ce que le corps ne peut supporter, obéir à des personnes qui ont comme but d’éliminer des populations entières afin de promouvoir une race suprême, être traité comme des cobayes par des médecins, être séparé de sa famille… Survivre à un camp de concentration nazi était, sans doute possible, surhumain. A Auschwitz-Birkenau, le ciel était gris, l’air froid. J’avais l’impression d’avoir un voile terne et sans vie devant mes yeux. C’est comme si dans cet ancien camp de la mort, plus aucune vie heureuse ne pouvait être possible ; que les rayons du soleil ne pourraient plus jamais réchauffer ce lieu. Il y a beaucoup trop de choses à dire sur cette visite. Il y en aurait pour des semaines rien que pour décrire un sentiment qu’évoque ce camp. Ils sont tellement forts ! Il faut maintenant se souvenir pour que jamais ne se reproduise ce genre de folie. Zoé Degoix


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