Les cahiers du CESTP-ARACT - n°2 - Septembre 2007 Directrice de la publication : Sophie Savereux Coordination : Magali Collard Contributeurs aux textes : [Expériences d’entreprises] Docteur Bédier, Sylvain Bossu, Laurent Caron, Docteur Martine Crevel, Nathalie Lachambre, Docteur Isabelle Lamarche, Docteur Jean-Luc Lemoine, Isabelle Priol, Docteur Colette Rambour et Gérard Valléry. [Les définitions et les modèles scientifiques du stress ] Alain Lancry et Gérard Valléry. Merci à eux et à leurs responsables pour les efforts déployés et le temps accordé. Conception/rédaction : Patrick Falfus, Ptolémée, 4 cité Paradis, 75010 Paris, tél. 01 47 70 45 80 Une publication du CESTP-ARACT, 19 rue Victor Hugo, BP 924, 80009 Amiens Cedex 1 tél. 03 22 91 45 10
Stress au travail : du repérage à l’action Approche pluridisciplinaire d’une réalité complexe
*
Sommaire
AVANT-PROPOS Édito . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3 Stress au travail : une nécessaire prise de conscience . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 Qu’est-ce que le stress ? • Un risque devenu majeur • Les conséquences sur la santé • Le coût du stress • La place de la prévention • Un accord européen sur le stress
DU REPÉRAGE À L’ACTION Expériences d’entreprises : prévention et action . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 Violence au centre • Un coup de stress conjoncturel • Le stress dans la peau • Conseillères en ligne sous haute tension • Cardiofréquencemétrie en chaîne • Interview de Jean-Luc Devilleneuve, Ancien DRH du site d’Amiens de Procter & Gamble Regards croisés sur les actions de prévention à promouvoir . . . . . . . . . . . . . . . . 13 Outils de repérage du stress au travail . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16 Stress suspecté • Stress constaté • Stress installé
EN SAVOIR PLUS Les définitions et les modèles scientifiques du stress . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20 Préambule • Définition du stress • Les définitions scientifiques et les modèles théoriques [Approche biologique, le syndrome général d’adaptation - Approches causalistes - Approches psychosociales] Des ressources en Picardie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24 Extraits de l’accord européen . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26 Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
1
*
Édito
Le travail évolue, les salariés ont davantage d’au-
Le CESTP-ARACT, et à travers lui le réseau ANACT,
tonomie et de responsabilités, plus de contraintes
a une mission de veille, de conseil et de valorisa-
aussi, liées à la demande des clients et aux chan-
tion d’actions. Le CESTP-ARACT au regard de ses
gements d’organisation du travail. 29% des sala-
interventions en entreprise et des collaborations
riés européens se plaignent du stress d’origine
avec les acteurs de la prévention a souhaité
professionnelle. Un tiers des salariés français
proposer un espace d’échanges de connaissances
déclarent éprouver souvent du stress dans le cadre
et de pratiques des professionnels sur le stress.
de leur activité professionnelle.
Ce document vise à apporter aux acteurs de l’en-
Depuis novembre 2001, l’entreprise transcrit l’éva-
treprise et à leurs conseillers externes des points
luation de tous les risques dans un document
de repères théoriques et pratiques à travers des
unique élaboré en impliquant les salariés et leurs
expériences menées dans les entreprises. Il
représentants, et ce, sous la responsabilité du chef
propose un ensemble de ressources disponibles en
d’entreprise. Le stress professionnel est un risque
Picardie pour vous accompagner dans votre
à prendre en compte dans ce travail d’évaluation
démarche.
des risques. Entreprises, préventeurs et conseillers des entreprises sont parfois démunis pour traiter ce sujet.
Hervé Coquet Président du Comité d’orientation du CESTP-ARACT
Professeur Bernard Nemitz Président du Conseil d’administration du CESTP-ARACT
2
* Le
Introduction
CESTP-ARACT
mobiliser
souhaité
acteurs
dialogue dans l’entreprise.
L’objectif était d’offrir un espace
Ce cahier vise à apporter des
lers des entreprises en Picardie
d’échanges pluridisciplinaire sur
connaissances de base sur le
sur la question du stress au
les pratiques d’analyse et de trai-
sujet du stress professionnel. Il a
travail. Chacun à son niveau est
tement du sujet afin de dégager
été élaboré à partir des expé-
interpellé par le problème : les
ensemble des méthodes pour
riences et des réflexions des
dirigeants, les salariés et leurs
l’action.
professionnels
représentants.
Les échanges ont montré l’intérêt
groupe de travail et au regard
Ce sujet, complexe pour les
d’agir de front sur le volet indivi-
des connaissances scientifiques
entreprises,
les
duel et collectif. La prise en
sur le sujet. Il est largement
acteurs de la prévention et les
charge individuelle des salariés
illustré
divers conseillers des entreprises
exposés au stress s’avère néces-
grâce aux entreprises qui ont
s’y penchent ensemble.
saire mais insuffisante. En effet,
accepté de témoigner de leurs
l’organisation
difficultés et de leurs réussites
décembre
que
2004,
la
risque particulier et de faciliter le
2004 en droit français.
mérite
de
l’accord européen du 8 octobre
prévention et les relais-conseil-
Depuis
les
a
de
du
travail,
son
associés
d’exemples
au
concrets,
nombreuses institutions et inter-
contenu, ses évolutions sont des
dans la lutte contre le stress.
venants
facteurs qui peuvent générer du
Les acteurs de l’entreprise qu’ils
stress.
soient dirigeant, DRH, encadrant
échanges
participent autour
du
à
ces
CESTP-
ARACT. Ils cherchent à acquérir
Il
d’appré-
de proximité, représentant des
des connaissances et de l’infor-
hender l’ensemble des facteurs
salariés sont confrontés à ce
mation pour mieux identifier et
qui conduisent à l’altération de la
risque complexe.
comprendre les situations de
santé des salariés. Avec l’élabo-
stress afin d’enrichir leur pratique
ration du document unique, la
professionnelle.
démarche
Une
manière
est
indispensable
d’évaluation
des
aussi, pour eux, de préparer les
risques professionnels est un
entreprises à la transcription de
moyen de mettre au jour ce
Magali Collard, CESTP-ARACT
Ont participé au groupe de travail : Sylvain BOSSU, Association Santé et Médecine Interentreprises du département de la Somme (ASMIS) • Fabrice BOURGEOIS, OMNIA Intervention Ergonomique • Hélène BRASSART, Mission maintien dans l’emploi de l’Oise • Bertrand CANEPA, CESTP-ARACT • Daniel CHENAL, CCI d’Amiens • Magali COLLARD, CESTP-ARACT • Martine CREVEL, Médecine du travail de l’Aisne • Pascal DEMONCHY, Demonchy Conseil • Catherine DOUTRELLOTPHILIPPON, CHU - Consultations de pathologie professionnelle et de souffrance au travail • Olivia FIDANZA, Mission maintien dans l’emploi de l’Oise • Pierre GUISNET, ASMIS • Yves HELBECQUE, ASMIS • Nathalie LACHAMBRE, ASMIS • Anne LANCHEC, FP Consultants • Alain LANCRY, Université de Picardie Jules Verne • Peggy LAROCHE et Isabelle PRIOL, Mission maintien dans l’emploi de la Somme • Michèle TUMERELLE, MEDISIS • Emmanuelle TURBANT-CASTEL, CHU - Consultation de souffrance au travail • Michel VALLÉE, ANACT • Gérard VALLERY, Université de Picardie Jules Verne • Annie VAN POUCKE, Inspection du travail de l’Oise • Annie VERRIER, CHU - Consultation de souffrance au travail • Jean-Jacques VERDEBOUT, CRAM Nord-Pas-de-Calais-Picardie
3
Stress au travail : une nécessaire prise de conscience Le mot “stress” est passé dans le langage
Un risque devenu majeur
commun, il est utilisé indifféremment pour décrire
des
situations
de
nature
très
Depuis maintenant plus d’une dizaine d’années, le
diverses. Pourtant nous aurions tort de le
stress apparaît comme un nouveau risque majeur
banaliser. Les répercussions du stress au
en entreprise, les causes en sont multiples : muta-
travail peuvent être néfastes pour la santé
tions industrielles, évolution du temps de travail,
des travailleurs et touchent toutes les caté-
mondialisation, introduction des nouvelles techno-
gories de salariés. Le stress au travail est à
logies et évolutions sociétales. Le rythme des
l'origine de nombreuses pathologies géné-
modifications structurelles semble s’accélérer sans
rant des coûts aussi bien pour l'individu que
cesse.
pour les assurances sociales, pour l'entreprise et plus généralement pour la société.
Plus de la moitié des salariés français travaille dans l’urgence, 35 % des salariés déclarent recevoir des ordres ou des indications contradictoires, 56 % des
Qu’est ce que le stress ?
salariés affirment devoir fréquemment interrompre une tâche qu’ils sont en train de faire pour en
L’Agence européenne pour la sécurité et la santé
effectuer une autre non prévue, pour 54 % des
au travail définit le stress professionnel comme
travailleurs le rythme de travail est imposé par une
« un état survenant lorsqu’il y a déséquilibre entre
demande à satisfaire immédiatement, enfin une
la perception qu’une personne a des contraintes
majorité de salariés déclarent qu’une erreur dans
que lui impose son environnement et la perception
leur travail pourrait entraîner des conséquences
qu’elle a de ses propres ressources pour y faire
graves (65 % sur la qualité du produit ou du
face. Bien que le processus d’évaluation des
service, 50 % des coûts financiers importants pour
contraintes et des ressources soit d’ordre psycho-
l’entreprise, 38 % mettre en péril leur sécurité ou
logique, les effets du stress ne sont pas unique-
celle d’autres personnes, 60 % provoquer une
ment
perte de leur emploi ou une baisse importante de
de
nature
psychologique.
Il
affecte
également la santé physique, le bien-être et la
leur
productivité de la personne qui y est soumis ».
enquêtes « conditions de travail » de la Direction
rémunération).
Ces
chiffres,
issus
des
de l’animation de la recherche, des études et des Au delà de cette définition, il convient de distin-
statistiques menées régulièrement entre 1978 et
guer l’état de stress ponctuel, lié à une situation
1998, sont tous en progression.
exceptionnelle et le stress chronique pour lequel l’individu est soumis à des contraintes durables qui peuvent engendrer des réponses pathologiques. Le risque dans ce cas est double, il pèse directement sur la santé du salarié et contribue à la survenue d’accidents du travail.
4
29% des salariés européens
se plaignent du stress d'origine professionnelle (Fondation de Dublin, 2000)
Les conséquences sur la santé
Le burn-out ou syndrome d’épuisement professionnel est lui aussi provoqué par un état de stress
Les mécanismes physiologiques qui entrent en
chronique. Il touche essentiellement les profes-
jeux dans le cadre d’une situation stressante
sions
intense et prolongée peuvent entraîner à plus ou
personnes et se caractérise par un épuisement
moins long terme des symptômes variés :
émotionnel, un désinvestissement de la relation et
Symptômes physiques (douleurs musculaires et
par une diminution du sentiment d’accomplisse-
articulaires, céphalées, troubles digestifs, fatigue,
ment personnel au travail.
sensation
Enfin, le stress est un facteur de risque d’accident
d’oppression,
sueurs,
troubles
du
sommeil..), symptômes émotionnels (sensation de
d’aide,
d’assistance
ou
de
soins
aux
du travail.
mal être, angoisse, excitation, tristesse…. ), symptômes cognitifs (perturbation de la concentration,
Le coût du stress
difficulté à prendre des décisions…), troubles du comportement de type addictif (consommation
Le stress au travail a des conséquences lourdes sur
d’alcool, de médicaments psychotropes, café,
la santé des salariés et sur la vie des entreprises,
tabac, cannabis), perturbations des comporte-
perturbées par l’absentéisme et les pertes de
ments alimentaires.
productivité. L’enjeu est donc de taille et il semble indispensable
Si l’état de stress se pérennise, les conséquences
de sortir d’une vision réductrice qui présente le
sur la santé peuvent devenir irréversibles. Ainsi, le
stress comme un problème individuel ou de
stress chronique favoriserait la survenue du
rapport entre individus.
syndrome métabolique, qui associe obésité, résistance à l’insuline, hypertension artérielle et pertur-
Les coûts directs et indirects du stress sont géné-
bations des lipides, en lien avec les modifications
ralement sous-estimés, ils sont en grande partie
hormonales. Ce syndrome contribuerait, comme
assumés par la société et peu visibles par l’em-
d’autres facteurs de stress, à la survenue de mala-
ployeur.
dies cardio-vasculaires (risque accru de maladies
Selon une étude menée par l’INRS en 2000, le coût
coronariennes et d’accidents vasculaires céré-
social du stress au travail est compris entre 830 et
braux). Des liens apparaissent également entre
1656 millions d'euros, ce qui équivaut à 10 à 20 %
stress
du
des dépenses de la branche Accidents du travail /
membre supérieur, troubles anxieux voire dépres-
Maladies professionnelles de la Sécurité sociale. 50
sion. Le rôle du stress a également été évoqué
à 60 % de l’absentéisme serait lié directement ou
dans la diminution de la résistance aux infections,
indirectement au stress professionnel.
et
troubles
musculo-squelettiques
dans la survenue de maladies immuno-allergiques, d’affections digestives ou de perturbations endocriniennes.
29% 47%
des salariés français déclarent éprouver souvent du stress dans le cadre de leur activité professionnelle (France, CSA, juillet 2000)
5
La place de la prévention
Un accord européen sur le stress
Les conséquences du stress sur le bien être des travailleurs et le bon fonctionnement des entre-
Le 8 octobre 2004, l’ensemble des partenaires
prises démontrent toute l’importance d’une poli-
sociaux représentatifs des employeurs et des sala-
tique de prévention efficace.
riés ont signé un accord cadre sur le stress d’ori-
La prévention est bénéfique pour l’entreprise
gine professionnelle.
(réduction de l’absentéisme, meilleure producti-
"Prévenir, éliminer ou réduire les problèmes issus
vité, climat amélioré) comme pour les salariés
du stress lié au travail" est l'ambition générale de
(réduction des problèmes de santé, amélioration
cet accord-cadre et l'engagement pris par ses
de la qualité de vie au travail).
signataires. Les employeurs sont invités à limiter le stress par des mesures individuelles et collec-
L’expérience démontre que le facteur essentiel de
tives, ou en faisant éventuellement appel à des
réussite d’une politique de prévention du stress au
experts externes.
travail est l’implication de tous les acteurs de l’en-
La qualité du management et de la communication
treprise : la direction, la ligne hiérarchique et les
interne sont particulièrement concernées par cet
salariés ainsi que les services internes ou externes
accord qui souhaite, avant tout, que les dirigeants
de prévention des risques professionnels.
d’entreprises se responsabilisent sur le sujet.
Alain Lancry & Gérard Valléry, Université de Picardie Jules Verne
6
Expériences d’entreprises : prévention et action Violence au centre
Dans ce centre d’accueil pour enfants en difficulté psychosociale, situé dans la Somme un enfant agresse physiquement un éducateur et profère des menaces verbales. Au delà du salarié victime de ces violences, toute l’équipe est ébranlée.
Ce centre, qui a pour mission d’encadrer et d’accompagner les enfants en dehors des temps scolaires, assure un relais auprès des familles et propose des activités et des séjours. Le personnel de la structure est organisé autour de deux équipes de 8 éducateurs. Une équipe d’encadrement composée d’un directeur, d’un responsable éducatif et d’un psychologue et une équipe technique complètent l’effectif. Après l’agression physique d’un éducateur par un enfant, le directeur du centre et le responsable éducatif saisissent le médecin du travail. Ils souhaitent proposer un suivi individuel post-traumatique à l’éducateur victime de l’agression et un suivi collectif au personnel du centre afin de
mieux appréhender et gérer la
tretiens avec le psychologue. En
violence des jeunes. Le médecin
fin d’entretien, avec l’accord et la
du
collaboration
travail
demande
à
son
du
salarié,
un
collègue, psychologue du service
compte-rendu est formalisé et
de santé au travail, d’intervenir
transmis au médecin du travail.
en ce sens.
Cinq
séances
collectives
de
Ce dernier constate dans un
groupe de parole et trois entre-
premier
tiens individuels ont lieu. Un bilan
temps
générateurs
de
les
éléments Les
d’intervention est réalisé par les
éducateurs expriment un senti-
responsables du projet et un
ment d’impuissance lié à l’ab-
rapport formalisé sur les groupes
sence de réponse vis-à-vis de la
de paroles est rédigé.
violence des enfants. Ils subis-
A ce stade, la direction du centre
sent une perte de communication
a changé. La nouvelle équipe a
entre les équipes éducatives et
interrompu la démarche et à
une perte de cohésion au sein de
modifié le mode de sélection des
chaque groupe. Dernier facteur
enfants. La violence a objective-
destabilisant,
ment régressé.
la
stress.
direction
du
centre a été renouvelée quelques
Dans ce contexte, il est difficile
mois auparavant.
d’évaluer tous les résultats de
Le psychologue propose ensuite
l’action
une organisation en deux axes de
équipes pédagogiques.
travail : le suivi collectif et le suivi
Le compte rendu d’intervention
individuel. Le premier axe néces-
permet malgré tout de constater
site au préalable une réunion de
que grâce aux groupes de parole,
formalisation de la demande et
les salariés ont retrouvé une
des pistes d’intervention avec le
certaine
directeur de l’établissement, le
dynamique de groupe est à
responsable éducatif, le médecin
nouveau présente.
entreprise
cohésion
avec
et
les
qu’une
du travail et le psychologue luimême. La proposition retenue
Sylvain Bossu, ASMIS
est la mise en place d’un groupe de parole pour chacune des équipes
éducatives,
à
raison
d’une séance de deux heures par mois pendant six mois. Ces
Le médecin du travail demande
séances s’appuyent sur les tech-
à son collègue, psychologue du
niques et dynamiques d’animations de groupe. Le deuxième axe est le suivi individuel du
service de santé au travail d’intervenir
salarié agressé sous forme d’en-
7
Un coup de stress conjoncturel
santé
L’usine picarde d’un fabricant de lessive est le site le plus important de ce groupe en France avec un effectif de plus
de
650
fabrique,
salariés.
conditionne
Il et
distribue ses produits sur le marché européen. En 2004, le DRH du site sollicite le CESTP-ARACT avec une demande
concernant
la
gestion des âges en raison d’une
recrudescence
nombre
de
plaintes
du des
quadragénaires et quinquagénaires : mal de dos, stress et baisse de la motivation sont les indices mis en avant par le DRH. Le service médical de l’entreprise et le médecin du travail sont sollicités et indiquent que la question du stress prend de l’ampleur et constitue sans doute l’élément central du problème. Trois hypothèses sont alors envisagées pour expliquer le phénomène : • concentration des cas dans le secteur « conditionnement des • catégorie des salariés les plus qui
seraient
les
plus
touchés, • source conjoncturelle, liée aux projets de changements dans l’établissement. Le
CHSCT
confirme
l’intérêt
qu’un regard extérieur soit porté sur le stress. Le CESTP-ARACT de Picardie initie une intervention construite autour d’une analyse des
données
démographiques
croisées avec les données de
8
et
complétée
comme un cercle vicieux. Les principaux effets ressentis sont :
tifs. Un questionnaire de prépa-
la fatigue mentale (cognitive) et
ration à la visite médicale des
morale (psychologique) ; une
salariés a servi de base de
difficulté à séparer le travail et le
données pour cerner la question.
hors travail ; un sentiment de
Ce questionnaire a été renseigné
débordement
par la quasi-totalité des salariés
implication moindre et le repli sur
permanents depuis quatre ans.
soi.
Les résultats sont clairs : le
Certains salariés arrivent à se
secteur « conditionnement des
préserver du stress. Parmi les
liquides » n’est pas plus touché
facteurs ou situations qui préser-
par le stress que les autres
vent, ont été identifiés : les
services. L’écart d’âge entre les
« experts » qui ne sont pas en
salariés qui se déclarent nerveux
situation de management ; les
ou déprimés et l’âge moyen des
quarts de nuit (moins d’informa-
salariés
tions à gérer, moins de pression,
n’est
pas
par
significatif
constant
;
une
(42,3 contre 39,1 ans).
plus au cœur de l’activité produc-
Des trois hypothèses de départ,
tive…) ; ceux qui relativisent la
seule celle concernant le carac-
place de leur travail ; le tutorat et
tère conjoncturel du problème
la formation ; les collectifs d’en-
semble se vérifier. Entre 1999 et
traides ; la participation aux
2002, les évolutions et change-
changements ; une ligne mana-
ments concernant l’organisation
gériale
du site se sont succédés : chan-
supporte.
qui
clarifie
et
qui
gement radical de la production de deux unités, modernisations techniques et rajeunissement de l’encadrement.
Les deux principaux facteurs
Dans un deuxième temps, des
de stress sont l’inadéquation des
groupes de salariés sont constitués pour des entretiens collectifs
procédures organisationnelles
(un groupe de cadres, un groupe
au travail en mode dégradé et
d’agents de maîtrise et deux groupes de techniciens). L’ensei-
liquides », âgés
des
entretiens individuels et collec-
la charge de travail
gnement de ces entretiens est double. D’abord, sur le site, le stress ne se localise pas sur un
À la suite de ces études, la direc-
secteur ou une population en
tion des ressources humaines a
particulier. Ensuite les deux prin-
proposé de mettre en place un
cipaux facteurs de stress sont
certain
l’inadéquation des procédures
questionnaire de visite médicale
organisationnelles au travail en
a été modifié pour intégrer plus
mode dégradé (aléas et résolu-
directement la question du stress
tion de problèmes, gestion des
ainsi que des questions relatives
priorités…) et la charge de travail
à divers aspects du travail. Il doit
(densité de l’activité). Ces deux
ainsi servir de tableau de bord
facteurs agissent l’un sur l’autre
pour suivre les évolutions des
nombre
d’actions.
Le
Le stress dans la peau
liens entre santé et travail en plus de sa vocation initiale de
la charge de travail, notamment pour les cadres, a été initiée. Pour compléter cet axe, il est envisagé de travailler sur les processus avec comme objectif de les rendre plus cohérents et efficaces. Enfin, le DRH souhaite faire un travail de mesure de pertinence de certains aspects de
la
communication
interne
(réunions, usage du mail, etc.). Le renforcement de l’appui à l’encadrement en systématisant le parrainage des nouveaux et le « coaching » individuel et ponctuel seront favorisés. Enfin, le système de référents, cadres ou agents de maîtrise qui ont de
Dans le même établissement de fabrication de lessive, un agent ayant dix ans d’ancienneté doit être reclassé après la fermeture de son atelier. Pour cet employé qui souffre de
problèmes
dermatolo-
giques le contact avec les différents
produits
utilisés
sur le site est un facteur aggravant, il est donc par précaution orienté vers le Il
découvre
une
nouvelle
forme de travail : bureau partagé, objectifs collectifs de
production,
contraintes
temporelles et inter-dépendance avec des collègues.
des soins dans l’entreprise et de réduire ses douleurs. Les rencontres avec le salarié permettent d’identifier les difficultés dans lesquelles la maladie l’entraîne.
Les
contraintes
temporelles sont vécues comme des sources de stress. Son état de santé se dégrade ainsi que ses relations avec ses collègues et son responsable. Les objectifs qui Il ressent une grande démotivation. Son état de stress agit sur ses problèmes dermatologiques et lorsque les poussées surviennent, se renforce le sentiment d’isolement. La Mission maintien dans l'emploi propose en plus
À partir de 2002, ce salarié connaît des poussées de derma-
Laurent Caron, CESTP-ARACT
permettant au salarié de réaliser
lui sont fixés ne sont pas atteints.
service administratif.
l’expérience et que l’on peut solliciter, déjà existant sera renforcé.
douleurs physiques ainsi que les aménagements organisationnels
préparation de la visite médicale. Une approche de la question de
techniques afin de soulager les
tose qui le contraignent à être hospitalisé
et
à
s’absenter
pendant les crises. En avril 2004, la situation s’aggrave encore, il ne parvient plus à supporter les équipements de protection prévus par l’entreprise lors de ses passages sur les lignes de production. Une première analyse de la situation par le service de santé au travail montre que le salarié éprouve des difficultés concrètes : desséchement de la peau aggravé par la ventilation réfrigérée, perte de productivité liée à des diffi-
des aménagements techniques et organisationnels de travailler sur le ressenti, afin d’aider le salarié à retrouver sa place dans le collectif de travail. Un contact est établi avec une sophrologue. Le salarié bénéficie de 12 heures d’accompagnement. Dix-huit mois après, les crises se sont espacées. Elles sont moins intenses et moins douloureuses.
Le
salarié
est
devenu plus disponible pour luimême et pour les autres. Il a retrouvé une motivation face à son travail, à ses objectifs et un goût pour les actions collectives.
cultés gestuelles, hypersensibilité
Le salarié a retrouvé une motivation face à son travail et un goût pour les actions collectives
tactile qui le conduit à éviter tout contact.
Ce
salarié
s’isole
Isabelle Priol, Mission maintien dans l’emploi
progressivement de ses collègues et de son travail. La Mission maintien dans l'emploi (SAMETH 80) explore alors les possibilités
d’aménagements
9
Conseillères en ligne sous haute tension
l’Aisne dispose d’une plateforme téléphonique composée de huit conseillères encadrées une
responsable
de
service. Au cours de visites médicales
périodiques,
le
médecin du travail enregistre la description de maux récurrents et identiques. Il détecte un
mal-être
au
travail et
préconise une action pour enrayer
le
stress
de
france et la misère d’autrui. Les
nisationnel est menée au sein du
appels à caractère social augmen-
CHSCT réflexion
Une entreprise immobilière de
par
d’ordre collectif sur l’aspect orga-
ces
salariées.
dans
le
plus
cadre
d’une
tent, les situations de détresse
globale.
Après
sont plus nombreuses. Elles ne
étude préalable, le CHSCT valide
peuvent
ce projet. La formation se déroule
charge. La gestion des flux d’ap-
en deux sessions d’une demi-
pels est un autre facteur impor-
journée.
tant
La
responsable
de
pas
de
les
stress.
prendre
Un
en
tableau
service participe à l’une des
lumineux affiche le nombre d’ap-
sessions permettant ainsi l’ex-
pels en attente. Enfin, intervient le
pression des salariées en sa
besoin exprimé de reconnais-
présence et en son absence. La
sance, de soutien et de perspec-
formation alterne approches théo-
tives de carrières d’une part, le
riques des mécanismes du stress,
besoin
exercices pratiques (techniques
ergonomique du lieu de travail
de
d’autre part.
respiration,
relaxation…),
d’un
réaménagement
temps d’analyse de situations
La direction de l’entreprise sensi-
concrètes et utilisation d’outils.
bilisée par ces conclusions a mis en place six types d’actions : • Un plan de carrière pour les
Le médecin du travail saisit le
conseillères visant à réduire la
CHSCT de l’entreprise et l’em-
pénibilité de la tâche, à anticiper
ployeur pour que la probléma-
les demandes de mutations et à
tique du stress vécu au sein de la
proposer des changements d’af-
plateforme soit prise en compte.
fectation.
L’origine du stress est identifiée
• La valorisation de la plate-
comme directement liée à la
forme par des échanges formels
gestion des appels : le flux impor-
et l’intégration de l’équipe dans la
tant des appels d’une part et
démarche qualité de l’entreprise
l’agressivité verbale de certains interlocuteurs d’autre part. Deux axes
de
travail
sont
alors
proposés. D’une part, le médecin du travail préconise une formation à la gestion du stress. Cette proposition répond à une attente des salariées concernées. Elle est considérée comme une prise en charge
individuelle
du
stress
grâce à l’acquisition d’exercices pratiques simples à mettre en œuvre sur le lieu de travail. D’autre
part
une
démarche
Le vécu des conseillères est essentiellement une anxiété d’anticipation entre deux appels, souvent après un appel difficile 10
De
nombreux
enseignements
visant à prendre en compte l’ex-
émergent de ces sessions. Le
périence des conseillères, valider
vécu des conseillères est essen-
leurs acquis et donner une valeur
tiellement une anxiété d’anticipa-
ajoutée au métier.
tion entre deux appels souvent
• Une formation professionnelle
après un appel difficile. L’appel en
« Gérer les appels difficiles et
attente est perçu comme poten-
techniques de communication ».
tiellement « stresseur ».
• Une réflexion de l’entreprise sur
Les facteurs de stress sont multi-
l’orientation des personnes en
ples. Parmi les plus intéressants
situation précaire.
figure la relation avec le client. La
• Une expertise en ergonomie de
conseillère se sent en première
la part d’une technicienne du
ligne pour recevoir les mécon-
service de santé au travail.
tents. Elle joue un rôle tampon
• Un suivi d’une demi-journée à
entre les contraintes de l’entre-
distance de la formation initiale.
prise et les attentes du client. Les
Les choses bougent dans ce
conseillères sont parfois soumises
centre d’appels !
à des violences verbales. Elles sont aussi confrontées à la souf-
Martine Crevel, MTA
En plus des lombalgies à Cardiofréquencemétrie en chaîne
postes de tri. S’appuyant sur les compétences
pluridisciplinaires
du Service de Santé au Travail Cette plateforme logistique de la métropole amiénoise, emploie 135 salariés répartis en un secteur administratif et un secteur de production. L’entreprise
reçoit
les
produits finis des différents pôles du groupe avant de les expédier
dans
le
monde
entier. Le site est l’unique structure de distribution du groupe, ce qui lui confère une position stratégique. Son aire de
stockage
entièrement
automatisée en fait une des plus
belles
plates-formes
logistiques d’Europe. La ligne de tri y fonctionne en 2/8 du lundi au vendredi de 6h à 13h15 et de 13h15 à 20h30. Les pauses sont fixes et prises alternativement par les 2 agents qui gèrent en binôme les 22 lignes de tri. La fréquence des douleurs lombaires observées chez les agents affectés aux lignes de tri lors de la visite médicale, a conduit le médecin du travail à proposer démarche
à
la
de
direction prévention
une des
lombalgies. Cette démarche est rendue nécessaire par l’apparition de handicaps chez des salariés valides et la difficulté de reclassement de ces personnes au sein de l’entreprise. L’incidence sur le fonctionnement et le coût pour l‘entreprise des arrêts de maladies et/ou accidents de travail liés à
des
pathologies
du
rachis
lombaire sont considérables. En
parallèle,
le
médecin
du
travail a entrepris une analyse ergonomique de l’activité aux
(cardiologue,
hygiéniste
du
l’origine de l’étude, on observe une variation importante de la fréquence cardiaque avec des
travail, métrologue) et associant
pics significatifs témoins d’un
l’entreprise (agents de lignes, le
stress élevé
responsable du service et le directeur logistique) l’étude s’est attachée à identifier les facteurs
deviennent obsolètes et l’espace
de pénibilité en mesurant l’as-
atteint son degré de saturation.
treinte physique, l’astreinte liée à
Sur le plan de la sécurité, les
l’environnement
l’astreinte
agents prennent des risques lors
physiologique en réalisant des
de la mise en place des colis sur
cardiofréquencemétries au poste
les palettes. À partir de symp-
de travail.
tômes physiques (lombalgies),
et
L’analyse des données a fait
l’intervention a fait émerger un
apparaître
faits
indicateur objectif de pénibilité
marquants : une fluctuation forte
(coût cardiaque élevé) qui s’est
de l’activité durant la rotation des
révélé être relié à des dysfonc-
agents, des contraintes organisa-
tionnements organisationnels et
tionnelles liées à la dépendance
un vécu psychique et physique
de l’activité logistique vis-à-vis
issu de cette pénibilité. Cet indi-
de l’activité commerciale, un
cateur objectif a alerté l’entre-
manque important de visibilité.
prise sur les conséquences de ses
Ces éléments créent un niveau
choix
d’incertitude élevé et quotidien
convaincue de mettre en place
quant à la charge et aux moda-
des actions d’amélioration. Afin
lités de travail : nombre de colis
de réduire les contraintes sur les
arrivant sur la ligne, leur poids,
lignes de tri, source de difficultés
leur destination…
physiques et mentales, l’entre-
Les incidences sont nombreuses.
prise a investi dans un nouveau
En plus des lombalgies à l’origine
matériel qui prend en compte
de l’étude, on observe une varia-
tous les facteurs de pénibilité
tion importante de la fréquence
identifiés dans l’étude. Parallèle-
cardiaque avec des pics significa-
ment, les procédures ont été
tifs, témoins d’un stress élevé.
aménagées.
Lors d’une situation de produc-
L’ensemble des modifications a
tion dégradée (afflux massif de
permis d’atténuer la pénibilité du
colis, dysfonctionnement infor-
travail,
matique...) l’augmentation de la
nouvelles
fréquence cardiaque intervient
fréquence cardiaque et les entre-
avant même que le sujet n’aug-
tiens médicaux.
plusieurs
organisationnels
confirmée mesures
et
l’a
par
de
de
la
mente son activité physique. Dans le domaine organisationnel,
Sylvain Bossu, Nathalie
la pénibilité engendre une diffi-
Lachambre & Colette Rambour,
culté de recrutement de rempla-
ASMIS
çants en interne. Au niveau de la production,
les
procédures
11
Interview de Jean-Luc Devilleneuve Ancien DRH du site d’Amiens de Procter & Gamble
Comment avez-vous pris conscience de la réalité du risque « stress » au sein de votre
Qu’est-ce que cela change dans l’état d’esprit
entreprise ?
des membres de l’entreprise d’aborder la
Au préalable je voudrais souligner que la notion de
question du stress ? Qu’est-ce qu’une entre-
« stress » est, à mes yeux, très variable en fonc-
prise a à perdre à ne pas le faire ?
tion du vécu des individus. Le mot stress, en lui-
Au sein de l’entreprise, la reconnaissance de ces
même, revêt une signification péjorative, par
plaintes en tant que telles est très importante. Il
conséquent son emploi est souvent difficile au sein
est le signe d’une organisation qui va bien. Pour
d’une entreprise.
notre part nous y gagnons une plus grande effica-
Dans notre établissement, la prise de conscience
cité des équipes. Nous voulons dégager du temps
du risque a été progressive. En premier lieu, le
pour les équipiers sur les tâches perçues et vécues
service médical de l’entreprise (infirmerie interne
comme répétitives. Ils doivent pouvoir gérer leur
et médecine du travail) a enregistré un certain
organisation du travail avec plus d’autonomie et
nombre de plaintes de salariés qui étaient liées
certains peuvent être affectés à des tâches à plus
d’une part à la gestion du temps de travail et aux
forte valeur ajoutée. Par ailleurs la question du
changements fréquents et d’autre part au manque
stress au travail en tant que risque professionnel
d’autonomie émanant de contraintes de certains
est en cours de discussion au niveau de la Commu-
processus. Par ailleurs, nous avons eu connais-
nauté Européenne et il vaut mieux anticiper une
sance d’une publication de l’ARACT sur la gestion
réglementation à venir.
des âges et le travail en équipe. Les premiers
Ne pas prendre en compte le facteur « stress »
entretiens avec le représentant de l’ARACT nous a
dans le travail peut avoir des impacts sur le
amené à changer complètement de sujet pour
personnel, les organisations et la production et sur
traiter les plaintes enregistrées par le service
l’équilibre financier du site. Éluder la prise en
médical.
compte du risque au moment où les premiers signaux sont visibles c’est risquer de le voir s’am-
Quel processus conduit, en tant que DRH, à
plifier et être plus difficile à gérer ultérieurement.
mettre en place des actions de prévention ?
Il faut noter toutefois qu’une forte activité, des
La conjonction de plaintes individuelles nous a
demandes à court terme peuvent être bénéfiques
conduit à engager un travail de fond et une
pour certaines personnes. Il faut simplement bien
approche globale sur l’ensemble du site de produc-
mesurer ces demandes.
tion. Le vécu des salariés était très variable au sein d’une même unité ou d’une même équipe. Dans un premier temps, le consultant de l’ARACT qui nous a accompagné a conduit une étude statistique, une étude démographique et des interviews auprès des salariés. Cette phase d’analyse a été suivie d’un travail au sein de la RH en vue de mettre en place des outils opérationnels dans le but de faire évoluer l’organisation du travail de façon cohérente pour l’ensemble des unités.
12
Éluder la prise en compte du risque au moment où les premiers signaux sont visibles c’est risquer de le voir s’amplifier
Regards croisés sur les actions de prévention à promouvoir
Sophie Savereux
Quels enseignements tirez-vous des diffé-
Directrice – Déléguée générale CESTP-ARACT
rentes interventions du CESTP-ARACT sur la prévention du stress en entreprise ?
Depuis quand le CESTP–ARACT s’intéresse t’il
Le premier constat est que chaque entreprise est
à la question du stress au travail ?
un cas particulier, selon son activité ou son envi-
Nous abordons cette question depuis 2001 via les
ronnement local. Dans le secteur industriel, la
actions de prévention des risques professionnels.
question du stress interroge les modes d’organisa-
Nous étions, à cette époque, souvent sollicités par
tion de la production. Par exemple, le juste à
des entreprises sur des registres comme les
temps ou la réduction des stocks intermédiaires,
risques
la
s’ils sont mal maîtrisés, peuvent conduire à inten-
violence… Avec nos partenaires, inspection et
sifier la charge de travail et créer une tension forte
médecine du travail, nous avons alors souhaité
dans l’activité. Dans le secteur des services, c’est
apporter une clarification sur la définition des
la relation à la clientèle qui est un élément déter-
facteurs de stress et sur le périmètre d’action que
minant à observer.
ce phénomène nécessite.
L’environnement économique et social est un
psychosociaux,
le
harcèlement,
facteur important à prendre en compte. Le climat Quel mode d’action avez-vous choisi pour
économique de la région a une conséquence
accompagner les entreprises dans ce domaine ?
directe sur le développement du stress profes-
Les ARACT ont écarté les interventions à dimen-
sionnel. Lorsque les emplois sont menacés et que
sion individuelle. Nous avons choisi une approche
les personnes s’inquiètent pour leur avenir, cela
organisationnelle qui prend en compte la réalisa-
crée une tension et une fragilité qui génèrent du
tion du travail et ses conditions. Cette approche
stress. Enfin, lorsque les niveaux de qualifications
vise à agir sur les déséquilibres et la surcharge de
sont peu élevés, cela conforte probablement le
travail principalement. L’enjeu est celui de la
sentiment
prévention durable. Il ne s’agit pas d’intervenir sur
ressources mobilisables des personnes et les
le stress comme trouble ressenti par les personnes
objectifs toujours plus importants fixés, ces
individuellement, mais d’aider les entreprises et les
derniers étant reliés à un contexte de compétition
salariés en tant que collectif de travail à repérer les
économique accrue.
d’un
écart
important
entre
les
tensions et l’écart potentiellement existant entre les objectifs fixés et les moyens mis en œuvre pour
Quelles sont les perspectives du CESTP-
y parvenir. Concrètement l’action se situe sur la
ARACT sur cette question ?
formation et l’encadrement des personnes, l’orga-
Nous souhaitons avoir une veille systématique de
nisation générale de l’entreprise, sur la charge et
diagnostic et de prévention des facteurs de stress
l’organisation du travail. L’action est située en
à l’égard des entreprises qui nous interpellent. Le
amont et ne repose pas sur les conséquences du
CESTP-ARACT agit sur les causes qui sont de trois
stress sur l’individu mais sur ce qu’il génère
sortes : l’organisation du travail, les compétences
comme dysfonctionnement sur l’organisation du
et le management. Nous sommes ainsi complé-
travail (absentéisme, turn-over, perte d’image pour
mentaires de nos partenaires, notamment les
l’entreprise, augmentation des accidents du travail
services de santé au travail qui traitent pour leur
et des maladies professionnelles…).
part des atteintes à la santé et de la dimension
13
individuelle. Aborder le stress et ses effets sur la
ergonomie, risques psychosociaux et toxicologie.
santé au travail est encore un tabou pour nombre
Le domaine qui se développe le plus rapidement
d’équipes dirigeantes qui y voient, sans doute, une
chez eux est celui des risques psychosociaux, ces
remise en cause de leurs approches managériales
derniers intégrant la question du stress.
et organisationnelles. Les entreprises, par crainte d’une remise en question de leur mode de management s’orientent plus facilement vers les approches individuelles. Pour nous, elles ont leurs limites. Il est vrai que la frontière entre les déterminants individuels et les conditions de travail n’est pas toujours aisée à définir. Nous sommes conscients que le stress atteint chacun différem-
Quelle approche adopte votre réseau auprès des entreprises et de leurs dirigeants ? À l’heure actuelle, nombres d’entreprises ne considèrent pas encore le stress comme un trouble lié aux conditions de travail ou comme un risque professionnel. Il est difficile par conséquent de
ment et qu’un accompagnement individuel doit
l’identifier et de l’évaluer. Les services de santé au
être envisagé pour certaines situations. Mais la
travail n’ont pas une approche frontale de la
prévention des risques psychosociaux a tout à
gestion des situations de stress dans l’entreprise.
gagner à envisager globalement l’organisation du
Ils abordent la question par la prévention des
travail et la gestion des compétences, tant celle
agressions et des accidents pour mettre en place
des salariés que celle des managers.
des actions de prévention et de traitement du stress. On approche la causalité pour soigner la source. Par exemple, les travailleurs soumis à des
François Déserable
agressions verbales ou physiques de la part du
Directeur de l’ASMIS (Association pour
public (ex. personnel d’accueil en préfecture,
Services Médicaux Inter entreprises du
chauffeurs de bus…) sont des groupes avec
département de la Somme) et Président de
lesquels il est possible de réaliser un travail de
l’ARAMI (Association Régionale des Asso-
prévention du stress par le biais de l’accompagne-
ciations de Médecine Inter entreprises)
ment apporté pour l’amélioration de leurs conditions de travail.
En tant qu’expert de la santé et de la médecine au travail, comment abordez-vous la
Quels sont les axes de travail à développer
question du stress dans le milieu profes-
avec vos partenaires et avec le monde du
sionnel ?
travail ?
Je suis un militant de la première heure de la pluri-
Je crois que la gestion du risque psychosocial et
disciplinarité dans l’approche des risques psycho-
particulièrement du stress au travail n’est possible
sociaux dans le travail. L’ASMIS a d’ailleurs été le
que s’il est accompagné d’un travail d’amélioration
premier service inter entreprises à avoir embauché
de l’environnement. C’est tout l’intérêt du posi-
un psychologue du travail en 1998 après avoir
tionnement de la médecine du travail. D’une part,
identifié le stress comme un item des risques
elle intègre de plus en plus une démarche pluridis-
professionnels. Dans cette perspective, il me
ciplinaire, d’autre part elle dispose à la fois d’un
semble que la pluridisciplinarité est le vecteur appelé à connaître le développement le plus important dans les années à venir en matière d’évaluation et de prévention des risques. En Belgique, les services de santé au travail sont en avance sur cette question. Ils ont obligation de développer la pluridisciplinarité pour l’évaluation des risques professionnels dans les trois domaines suivants :
14
À l’heure actuelle, nombres d’entreprises ne considèrent pas encore le stress comme un trouble lié aux conditions de travail ou comme un risque professionnel
accès à l’individu (donc à la prise en charge indivi-
Comment détecter un état de stress dans le
duelle du trouble) et à une vision de l’environne-
milieu professionnel ?
ment qui permet un traitement plus global des
Nous en sommes au B.A-BA sachant que nous ne
causalités.
sommes pas dans le domaine d’une science exacte. La détection du stress en entreprise passe souvent par l’identification d’une personne qui ne
Jean-Jacques Verdebout Contrôleur de sécurité à la direction des risques professionnels, CRAM Nord Picardie (Caisse Régionale d’Assurance Maladie)
va pas bien : état dépressif, manque de résultat, absentéisme important et arrêts maladie répétés, sont les symptômes les plus courants. En élargissant le regard depuis cette personne vers son environnement et en étudiant la collectivité, les sources du stress et sa causalité apparaissent
Comment la CRAM s’est-elle intéressée à la question du stress au travail ? L’intérêt porté par la CRAM à la notion de stress au travail provient d’élargissements successifs du domaine de la prévention des risques professionnels. Entre 2000 et 2002 nous nous sommes
plus clairement. L’individu pourrait être comparé à une sentinelle qui fait prendre conscience du risque et permet une prise en compte collective du problème, si l’entreprise accepte de rechercher la causalité du stress dans le travail lui-même et/ou dans l’organisation du travail.
penchés sur les troubles musculo-squelettiques (TMS) et plus largement sur les composantes biomécaniques des maladies professionnelles; ces études ont rapidement fait apparaître le stress comme un facteur important dans la causalité de ces troubles. Cette question nous a conduit à considérer la gestion du stress en entreprise en tant que risque.
Qu’est-ce qui existe et qu’est-ce qui peut être mis en place en matière de prévention sur la question du stress ? La notion du stress au travail perçu comme risque professionnel est très récente. En toute logique les outils d’analyse et de prévention sont encore rares. Il n’existe pas de grille d’évaluation et de cotation
Quel rôle joue la CRAM Nord-Picardie sur cette question ? Le stress dans le milieu professionnel fait partie des thèmes abordés dans le cycle de conférencesdébats organisé par la CRAM. Ces conférences visent les chefs d’entreprises et les préventeurs internes, mais aussi les collègues de la CRAM. Il s’agit de sensibiliser le milieu professionnel et les préventeurs à une approche du stress en tant que risque professionnel à part entière. Les agents de la CRAM Nord-Picardie ont suivi une formation à l’ergonomie. L’approche de cette disci-
du stress en tant que tel. Le sujet est encore tabou pour nombre d’entreprises. Le message à faire passer est que dans l’évaluation des risques professionnels les risques psychosociologiques doivent être pris en compte. Cette question est émergente aujourd’hui parce que l’on connaît mieux les conséquences médicales de ce risque. Le stress doit devenir un item en tant que tel dans l’évaluation des risques. En matière de prévention, les dirigeants et acteurs de l’entreprise doivent s’appuyer sur des connaissances et des compétences pluridisciplinaires.
pline est pour nous une clé d’entrée importante pour appréhender la notion de stress. Nous nous sommes en effet rendus compte qu’il existe un lien évident entre les TMS et le stress, le premier étant le symptôme et le second l’origine de la souffrance vécue dans le travail.
15
Outil de repérage du stress au travail
L’outil qui suit a été élaboré par le groupe de travail
Par ailleurs, un problème de stress généralisé dans
coordonné par le CESTP-ARACT.
l’organisation peut hypothéquer ses chances de
Il s’agit d’un outil de sensibilisation et de détection
résultats et parasiter ses relations externes. Ce
destiné à l’entreprise, particulièrement aux DRH,
processus est décrit via les entrées « organisa-
aux CHSCT, ainsi qu’à tout intervenant en préven-
tion » et «environnement ». Il ne s’agit pas de
tion des risques professionnels. En matière de
dresser un scénario catastrophe mais de sensibi-
risque « stress », la clé d’entrée proposée est l’in-
liser les décideurs afin de prévenir de tels risques.
dividu. La prise en considération des troubles de
La colonne de droite (Principaux acteurs mobilisa-
l’individu doit amener à rechercher dans son envi-
bles) doit permettre aux préventeurs d’identifier
ronnement un problème de stress touchant poten-
les acteurs avec qui agir sur la question du stress
tiellement
au travail.
ou
d’ores
et
déjà
la
collectivité
professionnelle. C’est pour cela que l’approche individuelle introduit l’approche collective dans ces
Trois niveaux du processus de stress sont envi-
tableaux.
sagés, qui correspondent à trois moments possibles de l’intervention : • Le premier niveau correspond à la phase de détection : on soupçonne l’existence d’un stress. Plusieurs catégories d’indices (individuels, collectifs,
organisationnels
et
environnementaux)
peuvent aider à poser un diagnostic et à envisager, préventivement, des actions de correction. • Le deuxième niveau renvoie à la situation de stress avéré. Un ou plusieurs salariés en sont
L’individu pourrait être comparé à une sentinelle qui fait prendre conscience du risque et permet une prise en compte collective
victimes. Ici encore, des indices permettent d’évaluer l’importance des facteurs stressogènes dans le processus pathogène. • Le troisième niveau considère les effets du stress installé sur l’ensemble du personnel et sur l’organisation de travail. Il permet d’envisager à la fois les différents modes de gestion du stress et les dispositions à prendre pour informer et aménager.
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Stress suspecté
Individu
Indices
Suivi médical Information Espaces de dialogue possibles : formels (entretien professionnel ) et informels Signes précurseurs: Changement de position [change- etc… ment de poste, de fonction, responsabilités, lieu] • Événe- Des actions qui permetment de vie et caractéristiques personnelles • Risques tent de mettre le salarié professionnels perçus • Vécu des changements en situation d’acteur de sa santé au travail Indicateurs : Arrêts répétitifs • Surcharge ressentie • Report de congés systématique • Conflit interpersonnel • Changement d’humeur • Changement de comportement au travail…
Collectif
Indicateurs : Climat social • Absentéisme significatif • Turn-over Déterminants possibles : À quelles conditions le changement peut être pathogène : Modification de la taille de l’unité (augmentation ou réduction ) • Modification de la composition de l’unité • Changement de leader • Changement de style de management • Changement de mode d’organisation du travail • Changement des objectifs • Changement de procédures, des moyens de production, de la technique • Configuration des espaces de travail, configuration de l’environnement physique ,conflit de travail
Organisation
Les facteurs protecteurs : Mode de coopération dans le travail, soutien social, Ambiance de travail …
Environnement
Actions de prévention envisageables
Changement législatif Nouveau type de contrat de travail Réglementation sur le temps de travail Environnement politique difficile, incertain…
Service de santé au travail Délégués syndicaux, délégués du personnel CHSCT Responsable du personnel Médecin traitant Encadrement de proximité
Mise en place de conduite de projet pour accompagner le changement avec un pilote Préparer au changement Information et implication des salariés concernés par les changements Formation pour accompagner les changements Espaces de dialogue Information sur le rôle du MT, DP, CE, CHSCT pour mieux « utiliser » ces instances Démarche d’évaluation des relations professionnelles
Service de santé au travail CRAM Délégué du personnel CE CHSCT Responsable du personnel
Information et implication du CE, CHSCT aux changements
Service de santé au travail CRAM Délégué du personnel CE CHSCT Responsable du personnel Branches professionnelles CCI, Chambres de métiers
Information régulière pour éviter les rumeurs liées aux informations dans la presse, par exemple. Communication
Branches professionnelles CCI, Chambres de métiers
Indicateurs : Absentéisme significatif • Climat social • Turn-over • Problème d’attractivité et d’image Facteurs aggravants : Restructuration économique (délocalisation, absorption, fusion…) • Appel à la sous-traitance • Repositionnement stratégique • Positionnement sur de nouveaux marchés • Évolution des fonctions et des métiers • Culture d’entreprise • Politique RH (recrutement, formation…) • Dialogue social tendu • Logique d’actionnariat etc…
Principaux acteurs mobilisables
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Stress constaté
Individu
Indices Indicateurs : • Physiques : Troubles cardiaques (rythme cardiaque, tension artérielle, etc), troubles du sommeil, troubles gastro-intestinaux • Psychologiques : Troubles de l’humeur (irritabilité, agressivité, réactions émotionnelles exacerbées, apathie), retrait sur soi, perte de sens • Psychosociologiques : désinvestissement au travail, démotivation, comportements agressifs et impulsifs, absentéisme, addiction (médicamenteuse, alcoolique, etc.) • Réalisation du travail : baisse de la qualité, de la performance, dégradation des outils de travail… • AT, MP Facteurs aggravants : Changement de position ; changement de poste, de fonction, responsabilité, lieu ; événement de vie et caractéristiques personnelles ; risques professionnels perçus Vécu des changements…
Actions de prévention envisageables
Bilan et suivi médical Bilan et suivi psychologique Sensibilisation, information Formation à la gestion du stress
Principaux acteurs mobilisables
Service de santé au travail Délégué syndical Délégué du personnel Responsable des ressources humaines Inspecteur du travail Encadrement de proximité Psychologue clinicien Psychologue du travail Sophrologue Assistante sociale intraentreprise ou de la CRAM
Environnement
Organisation
Collectif
Information
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Indicateurs : • Réactions psycho-sociologiques : désinvestissement ; désengagement collectif, angoisse collective, modification des rapports inter-personnels (avec la hiérarchie, les collègues, les clients…), détérioration du climat social • Réalisation du travail : surcharge liée à l’absentéisme, baisse de la qualité, de la performance, dégradation de l’outil de travail…
Dysfonctionnements : Déclarations multiples auprès des Organismes publics (CRAM…), absences occasionnelles, inaptitude, maladies professionnelles, augmentation des rotations (turnover), des heures supplémentaires, dialogue social aggravé, perte de clients, perte d’efficacité, dégradation de l’image de l’entreprise…
Multiplication, voire extension, des conflits sociaux Mise en place d’une nouvelle politique sociale Développement des logiques boursières
Formation ( groupe de travail et de réflexion) Aménagements des situations de travail et de l’organisation GPEC et des âges
Le collectif lui-même CHSCT, CE Inspection du travail RH Préventeurs Service de santé au travail Ergonomes Psychologues du travail
Programmes d’accompagnement au travail Développer la concertation sociale, l’information Mettre en place des procédures d’accompagnement du changement Implication de la Direction dans les actions de prévention en collaboration avec le CHSCT , CE GPEC et des âges
Direction RH Consultant Organismes spécialisés sur les questions de santé au travail CHSCT et CE Inspection du travail
Renforcement de la politique de prévention des risques professionnels des pouvoirs publics Mise en place d’actions globales de prévention de la part du groupe
Instances politiques (élus, Etat, régions…) Instances mobilisées sur les questions du travail et de l’emploi (Insp du travail, Cram, Inrs, Aract…)
Stress installé
Environnement
Organisation
Collectif
Individu
Indices
Indicateurs : • Troubles physiques : affections cardio-vasculaires (hypertension, artériosclérose, infarctus…) et leurs complications (mort subite), maladies psychosomatiques (céphalées, ulcères, maladies inflammatoires du colon, palpitations, sensations d’étouffements…), pathologies gastro-intestinales chroniques (spasmes, états nauséeux, « boule » dans la gorge, vomissements, douleurs abdominales, anomalie du transit…), troubles répétés du sommeil… • Etats psychopathologiques : Addictions, angoisses chroniques et paralysantes, dépressions, TS,… • Etats psychologiques : Troubles répétés de l’adaptation et de l’humeur, panique, sentiment d’impuissance aggravé, troubles cognitifs (concentration, mémoire…) • Attitude par rapport au travail : arrêts de travail, absentéismes répétés, impossibilité de tenir un poste • AT, MP
Indicateurs : • Psychosociologiques : Tensions répétées, conflits inter-personnels (avec la hiérarchie, les collègues, les clients), manifestations d’agressivité entre collègues, harcèlement, détérioration du climat social, conflits, grève… • Réalisation du travail : surcharge liée à l’absentéisme, détérioration des outils de travail, objectifs non atteints, dégradation de la performance…
Actions de prévention envisageables
Prise en charge spécifique et suivi médical Soutien et accompagnement psychologique Assistance personnalisée à trouver des stratégies adaptatives Recherche de situation de travail et d’emploi adaptée
Programme d’assistance collective au personnel (prise de conscience, recherche collective de solutions, déculpabilisation et partage entre le collectif, sortir de l’isolement…) Repenser l’organisation du travail et les modes de gestion (polyvalence, création de postes spécifiques…) S’appuyer sur le collectif et les logiques de solidarités (groupes de parole, création de liens, échanges de « bonnes » pratiques et d’expériences positives…) Aménagements des situations de travail (temps, contenu, poste…)
Dysfonctionnements : absences systématiques, inaptitudes, maladies professionnelles, turn over, augmentation des heures supplémentaires, demandes d’expertises CHSCT répétées, qualité de service dégradée, image négative, efficacité dégradée, dialogue social rompu
Expertises, audit, interventions psycho-sociales, ergonomiques, organisationnelles, prévention des risques… Remise en place d’une logique de concertation et du dialogue social, Médiations sociales
Logiques de procédures judiciaires (prud’hommes…) Conflits.
Information régulière pour éviter les rumeurs liées aux informations dans la presse, par exemple. Communication
Principaux acteurs mobilisables
Service de santé au travail Médecin traitant Psychiatre Psychologue du travail Psychologue clinicien Sophrologue Assistante sociale intraentreprise ou de la CRAM Préventeurs Inspection du travail RH, CHSCT, Délégué du personnel, Délégué syndical
Le collectif lui-même Encadrements, RH CHSCT Délégué du personnel Délégué syndical Inspection du travail Préventeurs Service de santé au travail Ergonomes Psychologues du travail Psychologues cliniciens
Direction et RH CHSCT, CE Inspection du travail, Délégué du personnel Délégué syndical Conseils et Organismes spécialisés (Aract, Inrs, Cram, conseils…)
Inspection du travail, associations de défense des victimes, avocats…
19
Les définitions et les modèles scientifiques du stress Préambule
Les définitions scientifiques et leurs supports théoriques
L’ambigüité du concept Stress aboutit à confondre fréquemment causes et effets. Par exemple, il est courant de confondre harcèlement et stress alors que le harcèlement est source de stress. Dans le
Approche biologique, le syndrome général d’adaptation (SGA) :
même ordre d’idée, il est banal, dans le langage courant d’assimiler la surcharge ou encore la préci-
Cette théorie SGA s’inscrit dans le fil des travaux de
pitation à du stress. Personne n’est plus surchargé,
C. Bernard sur la notion d’équilibre interne pouvant
ni angoissé, ni encore anxieux mais tout le monde
être modifié par des événements externes et de
est stressé.
ceux de Cannon sur la notion d’homéostasie corres-
Cet état de fait met en porte à faux les profes-
pondant à un état d’équilibre physiologique interne.
sionnels ayant à traiter du stress professionnel.
L’organisme, via le système nerveux sympathique
Comment faire la part de ce qui relève véritable-
dispose d’un système de réponses d’urgence aux
ment du stress et de ce qui relève d’un abus de
agressions susceptibles de menacer cet équilibre.
langage ?
Les travaux de Selye reprennent cette conception,
Il convient donc de tenter d’objectiver le stress en
la développent et donnent au concept de stress une
lui donnant à la fois une définition non ambiguë et
double acceptation selon les effets.
opératoire et en s’appuyant pour cela sur les modèles scientifiques descriptifs et explicatifs du
Le stress, dans la conception de Selye, est une
stress.
réaction adaptative non spécifique de l’organisme à une situation nouvelle. Ses effets peuvent être
Définition du stress
souhaitables voire bénéfiques (eustress) ou au contraire non souhaitables voire préjudiciables à
Le stress est un état qui s’accompagne de
l’intégrité de l’organisme (distress). On ne consi-
symptômes
dère le plus souvent que le côté « distress ».
ou
de
dysfonctionnements
physiques, psychologiques ou sociaux et qui apparaît chez un individu se sentant inca-
Le mécanisme du SGA décrit par Selye comporte
pable de répondre à ce que l’on exige ou
trois phases :
attend de lui (Source : Accord Européen sur le
• Une phase d’alarme impliquant la réaction de
stress).
l’organisme à un agent stressant, selon un double
Cette définition se rapproche des travaux scienti-
mécanisme : le choc qui correspond à l’état de
fiques actuels sur le sujet. En effet, elle insiste sur
surprise lié à l’agression soudaine et le contre-choc
le caractère composite des réactions au stress et
au cours duquel l’organisme réagit et met en
sur le caractère transactionnel du processus de
œuvre ses moyens de défense active.
stress (le rapport entre les ressources dont dispose
• Une phase de résistance qui apparaît si
l’individu et les contraintes de la situation qui excè-
l’agression perdure. C’est une phase de tentative
dent ces ressources).
d’adaptation à la situation nouvelle.
20
une ontologie dans laquelle on trouve :
résistance
• les facteurs intrinsèques du travail (surcharge ou sous-charge par exemple) • les facteurs liés aux rôles dans l’organisation de travail (ambigüité, conflit) • les facteurs liés aux rapports sociaux
alarme épuisement - régénération
(relations interpersonnelles difficiles) • les facteurs liés au développement de la carrière
Selye : Syndrome Général d'Adaptation (SGA - 1936) Les 3 étapes
(insécurité, précarité) • les facteurs liés au climat organisationnel
• Une phase d’épuisement lorsque l’organisme ne parvient plus à s’adapter et à supporter l’agent stresseur.
Limites de ce modèle : • au cours de l’évolution humaine, les sources directes d’agression de l’organisme se sont éloignées. Il s’en suit que le SGA est devenu une réaction inappropriée et disproportionnée par rapport au stimulus causal. À la longue, cette mobilisation inutile et répétée entraîne une usure et une dégradation des organes impliqués par la réponse neuro-endocrinienne. Dans cette optique, la notion de pathologie psychosomatique constitue un prolongement du stress. • Cette approche se limite aux aspects biologiques du stress et s’inscrit dans un modèle StimulusRéponse qui exclue l’intervention de processus psychosociaux. La personne est passive et subit le stress et ne réagit qu’au plan organique.
(management autocratique) • les facteurs extra-professionnels
Plus concrètement, on peut relever par exemple : • Les responsabilités trop lourdes • La hiérarchisation difficile des tâches • Le fait d’avoir à travailler vite ou fort • Le niveau de concentration requis • Le caractère dangereux de la tâche • La nature de la clientèle • Les possibilités d’initiative • Le style de gestion et de management • Les modes de communication
On trouve dans cette optique le modèle de Karasek (1985, 1990). Il se présente sous la forme d’un questionnaire traitant trois dimensions : 1- La demande psychologique associée à la réalisation des tâches et qui renvoie aux facteurs de charge et de tension de travail (facteurs temporels comme les délais, les interruptions ; facteurs de quantité et de nature des tâches ; facteurs liés à la
Approche causaliste En s’inspirant de la conception biologique du stress qui postule que c’est la gravité, la durée et la
prescription des tâches). 2- La latitude décisionnelle, renvoyant à l’autonomie décisionnelle, c’est-à-dire à une sorte d’auto-contrôle et au degré de liberté accordé pour
fréquence des agressions qui seraient pathogènes, plusieurs auteurs ont cherché à identifier les facteurs stressogènes dont les effets ont été évalués via des études quantitatives à l’aide de
Modèle initial de Karasek
Demande psychologique
Faible
Elevée
Elevée
Détendu
Actif
Faible
Passif
Tendu
questionnaires. Autonomie Ces facteurs, considérés comme sources objec-
décision-
tives du stress professionnel, sont organisés en
nelle
21
choisir comment et avec quoi réaliser les tâches
Limites de ces modèles :
qui sont prescrites.
Ces modèles ont l’avantage de permettre de
3- Le soutien social au travail (dimension rajoutée
connaître les facteurs potentiellement stresso-
au modèle initial), c’est-à-dire l’aide, le soutien
gènes. En revanche, ils échouent à prendre en
mais aussi la reconnaissance que l’on peut trouver
compte le caractère dynamique des différents
chez les collègues et la hiérarchie.
facteurs de stress mais aussi le rôle important que jouent les représentations cognitives de ces
À partir de ces facteurs, on peut par exemple
facteurs.
évaluer les situations de détresse (cas où la demande psychologique est forte et la latitude décisionnelle faible) se traduisant par une tension
Approches psychosociales
au travail qui accroît la morbidité. Ce sont des modèles qui insistent sur les mécaSiegrist (1996) complète d’une certaine façon le
nismes et la dynamique du processus de stress.
modèle de Karasek en ce sens où il lie les efforts
Neboit et Vezina (2002) en donne une synthèse
déployés par l’agent pour réaliser ses tâches et les
intéressante.
récompenses qu’il en tire. Les efforts peuvent être
Une première série de modèles sont les
extrinsèques, c’est-à-dire liés aux contraintes défi-
modèles interactionnistes qui visent finale-
nissant les conditions de réalisation de la tâche
ment à repérer dans une situation donnée les
(contraintes de temps, charge de travail, interrup-
éléments qui caractérisent une situation
tions, etc.) ou intrinsèques, c’est-à-dire consécutifs
acceptable pour la personne. Ils sont centrés
à l’intensité de l’engagement dans le travail
sur les interactions complexes entre la situation ou
(compétitivité, hostilité, impatience, irritabilité,
l’organisation et les personnes qui agissent dans
etc.). Les récompenses peuvent être de natures
cette situation et tentent d’appréhender les consé-
variées, depuis la rémunération, la progression
quences de ces interactions pour le système. D’une
dans la carrière mais aussi l’estime des autres. On
certaine façon, ce qui relève de la personne est
imagine combien des efforts importants aboutis-
peu développé, en particulier son activité et la
sant à des récompenses faibles peuvent créer un
façon dont elle va réagir à la situation stressante.
état d’insatisfaction pouvant se manifester dans
Dans cette perspective, on peut définir le stress
certains cas tant au plan psychologique qu’au plan
comme étant un état de souffrance physique et/ou
physiologique.
psychologique, consécutif à l’échec des réactions
Contraintes et facteurs de stress extrinsèques et intrinsèques Indicateurs Stress perçu
Physiologiques
Santé
Psychologiques
Individu
Comportementaux
Organisation
Somatiques Facteurs individuels Sociologiques Démographiques Professionnels Psychologiques Modèle interactionniste (d'après Neboit et Vezina, 2002)
22
de tous ordres émises en réponse à une agression
analyse la probabilité qu’une des options entraîne
de l’environnement physique, social ou profes-
les résultats escomptés, la probabilité d’application
sionnel.
effective des stratégies et l’évaluation des conséquences de telle ou telle en fonction des demandes
L’approche transactionnelle met l’accent sur
ou contraintes externes et/ou internes ” (Ponnelle,
l’interprétation de la situation, sur la signifi-
1998). C’est le contrôle perçu.
cation que la personne va lui donner. Cette
Pour répondre aux exigences situationnelles, la
signification se construit au travers d’un double
personne met alors en œuvre, après évaluation, un
processus évaluatif qui peut aboutir à considérer
ou des processus qui permettent de faire face (to
que les exigences de la situation excèdent ou ne
cope en anglais) et qui sont de véritables straté-
correspondent pas aux ressources dont il dispose
gies d’ajustement.
ou auxquelles il peut accéder. C’est donc bien une transaction entre la personne et la situation, dans
Limites de ces modèles :
une perspective cognitive et émotionnelle qui
Ils reposent sur la perception (ou la représenta-
caractérise les modèles transactionnels. Deux
tion) que les personnes peuvent avoir des facteurs
processus d’évaluation constituent le cœur de la
stressants. Par conséquent des facteurs intermé-
transaction selon le modèle le plus usité de nos
diaires comme la personnalité de l’individu, son
jours, le modèle de Lazarus & Folkman (1984) et
histoire, ses contextes interviennent dans la
Folkman & Lazarus (1985). Confronté aux agents
construction de cette représentation. Et finale-
stressants, l’individu entre dans un premier
ment, cela peut aboutir à centrer l’analyse et l’ex-
processus d’évaluation : l’évaluation primaire
plication du stress principalement sur les facteurs
(primary appraisal) qui a pour but de repérer les
individuels en perdant de vue l’importance des
enjeux de la situation, d’en apprécier éventuelle-
facteurs situationnels et organisationnels.
ment le caractère menaçant ou encore ce qu’on risque de perdre. C’est le stress perçu. La seconde
Alain Lancry,
évaluation (secondary appraisal) porte sur les
Université de Picardie Jules Verne
ressources personnelles et environnementales qu’il est possible de mobiliser pour réduire la tension de la situation. “ Il s’agit d’un processus complexe qui prend toutes les options de coping disponibles et
Contraintes Ressources internes
Evaluation Primaire Stress perçu
Stratégies d'ajustement
Santé
Secondaire Contrôle perçu
Contraintes Ressources externes
Modèle transactionnel du stress (d'après Neboit et Vezina, 2002)
23
Des ressources en Picardie CRAM Nord-Picardie
CESTP-ARACT
11 allée Vauban
19 Rue Victor Hugo BP 924
59662, Villeneuve d’Ascq cedex
80000 Amiens
http://www.cram-nordpicardie.fr
http://www.cestp.aract.fr
0821 10 59 60 (0,118 €/mn)
03 22 91 45 10
La CRAM Nord-Picardie est un organisme de Sécu-
Le CESTP-ARACT (Centre d'Ergonomie et de Sécu-
rité Sociale. De droit privé, elle est chargée d’une
rité du Travail de Picardie - Association Régionale
mission de service public et administrée par un
pour l’Amélioration des Conditions de Travail) est
conseil paritaire d’employeurs et de salariés.
une association loi 1901 à but non lucratif. Admi-
La circonscription de la CRAM Nord Picardie s’étend
nistrée par des représentants des organisations
sur cinq départements : le Nord, le Pas-de-Calais,
patronales et syndicales et des personnalités quali-
l’Aisne, la Somme et l’Oise.
fiées. Financée par la Direction Régionale du
Elle dispense ses services dans trois domaines
Travail, de l'Emploi et de la Formation Profession-
principaux :
nelle de Picardie, le Conseil régional de Picardie,
• la Retraite des salariés du régime général de
l'ANACT et avec le Fonds Social Européen. Il
Sécurité sociale
accompagne les entreprises de Picardie quelque
• la Santé des assurés
soit leur secteur d'activité. Ses prestations sont
• La Prévention des accidents du travail et des
gratuites et prioritairement destinées aux PME-
maladies professionnelles
PMI. Il favorise les démarches participatives et
Dans ce dernier domaine, la CRAM Nord-Picardie
concertées. Il adhère à une charte déontologique.
aide et incite les entreprises à gérer les risques
matière d’Accidents du travail et de Maladies
La consultation de souffrance au travail du CHU d’Amiens
Professionnelles. Par ailleurs, elle gère l’allocation
CHU d’Amiens-hôpital nord - Place Victor Pauchet
amiante et elle contribue à la programmation des
80054 Amiens Cedex 1
actions en santé travail.
03 22 66 89 41
professionnels. Elle établit les taux de cotisation en
C’est dans ce cadre qu’elle a participé au travail présenté dans ces pages, dans un partenariat volontaire et nécessaire pour aborder l’élargissement nouveau du champ de la prévention.
La consultation de souffrance au travail a été mise en place au CHU d’Amiens en janvier 2003. Son objectif est d’apporter une aide aux personnes présentant une souffrance psychique en raison de difficultés professionnelles.La consultation a lieu à la demande du médecin du travail, du médecin traitant ou du médecin spécialiste. Il s’agit d’une consultation pluridisciplinaire. Sont réalisées une évaluation clinique et psychologique, une étude de la situation de travail, ainsi qu’une appréciation de son retentissement sur la santé du salarié. Après évaluation de la demande, des propositions sont faites à la personne, en prenant en compte les aspects psychologiques, professionnels, légaux et sociaux.
24
Les Services de Santé au Travail
Les services de santé au travail de Picardie Aisne
Toutes les entreprises, dès qu’elles emploient un salarié, ont l’obligation d’adhérer à un service de médecine du travail. Ces services, créés par la loi du 11 octobre 1946, ont été transformés en
MTA ZA Bois de la Chocque 02100 Saint-Quentin 03 23 62 52 48 http://www.mt02.org
Services de Santé au Travail par la loi de Modernisation sociale du 17 janvier 2002. Cette nouvelle dénomination illustre une évolution de l’organisation de ces services dans une approche globale de la prévention des risques
SISAT 52 Avenue de Soissons 02200 Soissons 03 23 76 44 44 http://www.sisat.org
professionnels et dans un désir de favoriser la pluridisciplinarité par le biais d’intervenants en prévention des risques professionnels (IPRP) en liaison avec le médecin du travail.
GAS-BTP-NE (Aisne) 1 Rue Emile Cazier 51069 Reims 03 26 48 42 10
Le rôle des services de santé au travail tend désormais à s’inscrire dans un domaine plus large, la
Oise
santé au travail étant perçue comme une préser-
MEDISIS
vation de la santé physique mais aussi mentale des
240 Avenue Marcel Dassault
salariés. Ceci inclut notamment la prévention des situations de stress. Organisés sous la forme d’associations loi 1901,
60008 Beauvais 03 44 06 15 93 http://www.medisis.asso.fr
les Services Interentreprises de Santé au Travail
MTVO
sont administrés par des structures associant les
ZAC de Mercières 8 rue Nicéphore Niepce
employeurs et les salariés, à travers un conseil d’administration et une commission de contrôle. Leur création est soumise à l'approbation et à un
60200 Compiègne 03 44 38 51 90 http://www.mtvo.fr
agrément délivrés par le Directeur Régional du
SMIN
Travail, de l'Emploi et de la Formation Profession-
Avenue Alsace Lorraine
nelle après avis du Médecin-Inspecteur Régional du Travail et de la Main d'Oeuvre (MIRTMO). Cet agrément est révisable tous les 5 ans.
60400 Noyon 03 44 09 38 32 SMI-BTP (Oise) 240 Avenue Marcel Dassault 60008 Beauvais 03 44 06 15 80 Somme ASMIS 77 Rue Dubaussaux 80000 Amiens 03 22 54 58 00 http://www.asmis.net AIMTV 13 Rue Chevalier de la Barre 80520 Woincourt 03 22 60 21 60
25
Un accord européen sur le stress Le 8 octobre 2004, l’ensemble des partenaires sociaux représentatifs des employeurs et des salariés ont signé un accord cadre sur le stress d’origine professionnelle. Extraits.
Le stress au travail est considéré sur le plan international, européen et national comme une préoccupation à la fois pour les employeurs et les travailleurs (…) Le stress peut potentiellement toucher tout lieu de travail et tout travailleur, quels que soient la taille de la société, le domaine d’activité ou le type de contrat ou de relation de travail (…) La lutte contre le stress au travail peut entraîner une plus grande efficacité et une amélioration de la santé et de la sécurité au travail, ainsi que des bienfaits économiques et sociaux considérables pour les entreprises, les travailleurs et la société dans son ensemble. Il importe de tenir compte de la diversité des travailleurs dans la lutte contre les problèmes de stress au travail (…) Reconnaissant que le harcèlement et la violence sur le lieu de travail sont des facteurs potentiels de stress au travail, mais que, dans le programme de travail du dialogue social pour 2003-2005, les partenaires sociaux européens examineront la possibilité de négocier une convention spécifique sur ces questions, la présente convention ne traite pas de la violence, du harcèlement et du stress post-traumatique (…) Le stress est un état qui s’accompagne de symptômes ou de dysfonctionnements physiques, psychologiques ou sociaux et qui apparaît chez un individu se sentant incapable de répondre à ce que l’on exige ou attend de lui (…) Les individus peuvent réagir de manière différente à des situations similaires et un même individu peut réagir différemment à des situations similaires, à des moments différents de sa vie (…) Le stress n’est pas une maladie, mais une exposition prolongée au stress peut réduire l’efficacité au travail et être une cause de mauvaise santé (…) Le stress qui trouve son origine en dehors de l’environnement de travail peut entraîner des changements de comportement et une réduction de l’efficacité au travail. Toutes les manifestations de stress au travail ne doivent pas être attribuées au stress au travail, qui peut être causé par des facteurs divers, tels que le contenu et l’organisation du travail, l’environnement de travail, une mauvaise communication, etc (…)
26
Vu la complexité du phénomène du stress, la présente convention n’entend pas fournir une liste exhaustive des indicateurs potentiels de stress. Toutefois, un niveau élevé d’absentéisme ou de rotation du personnel, des conflits personnels fréquents ou des plaintes fréquentes de la part des travailleurs sont quelques-uns des signes pouvant indiquer la présence du stress au travail (…) Si un problème de stress au travail est détecté, une action doit être entreprise pour le prévenir, l’éliminer ou le réduire. Il incombe à l’employeur de déterminer les mesures qui conviennent. Ces mesures seront appliquées avec la participation et la collaboration des travailleurs et/ou de leurs représentants (…) La lutte contre les problèmes de stress au travail peut être menée dans le cadre d’une procédure globale d’évaluation des risques, par une politique distincte en matières de stress et/ou par des mesures spécifiques visant les facteurs de stress identifiés (…) La prévention, l’élimination ou la réduction des problèmes de stress au travail peut passer par diverses mesures. Ces mesures peuvent être collectives, individuelles ou les deux (…) Lorsque l’entreprise ne dispose pas de l’expertise requise, elle peut faire appel à l’expertise externe voulue, conformément à la législation européenne et nationale, aux conventions collectives et aux pratiques (…) Ces mesures pourraient par exemple consister en : • des mesures de gestion de communication visant à clarifier les objectifs de la société et du rôle de chaque travailleur, à assurer un soutien adéquat de la direction aux individus et aux équipes, à faire correspondre les responsabilités et le contrôle sur le travail, à améliorer l’organisation du travail et les processus, ainsi que les conditions et l’environnement de travail ; • une formation à l’intention des managers et des travailleurs afin de les sensibiliser au stress et de leur faire comprendre ses causes éventuelles, la manière de les gérer et/ou de s’adapter au changement ; • la fourniture d’informations aux travailleurs et/ou à leurs délégués et la consultation de ceux-ci, conformément à la législation européenne et nationale, aux conventions collectives et aux pratiques (…)
Bibliographie réalisée par le Centre d’information et de documentation du CESTP-ARACT
L’homme à l'échine pliée : réflexions sur le
Les transformations du travail : méthodes et
stress professionnel / Directeur BRUNSTEIN
pratiques / LANCRY (Alain), LEMOINE (Claude). -
(Ingrid) ; Collaborateur AUBERT (Nicole) ; Collabora-
EDITIONS L’HARMATTAN, 2004, 182 pages (collec-
teur CHANLAT (Jean-François) ; Collaborateur ENRI-
tion Psychologie du travail et ressources humaines)
QUEZ (Eugène) ; Collaborateur JAYET (Christian) ; Collaborateur LEHMANN (Alexis) ; Collaborateur
Le stress / STORA (Jean-Benjamin). - PRESSES
NEVEU (Jean-Pierre) ; Collaborateur PERILLEUX
UNIVERSITAIRES DE FRANCE, 2002, 127 pages
(Thomas) ; Collaborateur VAN DEN HOVE (Didier).
(collection Que sais-je ?, n° 2575)
EDITIONS DESCLEE DE BROUWER, 1999. - 204 pages Du mal travailler au mal vivre / ETTIGHOFFER Facteurs psychosociaux du stress au travail
(Denis), BLANC (Gérard). - EDITIONS EYROLLES ,
et absentéisme pour raison de santé / NIED-
2003, 424 pages (collection société)
HAMMER (Isabelle) ; BUGEL (Isabelle) ; GOLDBERG (Marcel) ; LECLERC (Annette) ; GUEGUEN
Le stress au travail / LEGERON (Patrick). -
(Alice). OCTARES, 2002. - pp. 153-162
EDITIONS ODILE JACOB, 2003, 381 pages (collection Poches)
Temps et travail : analyse secondaire de la troisième enquête sur les conditions de travail. Tome 1 : l'intensité du travail / BOISARD (Pierre), CARTRON (Damien), VALEYRE (Antoine), BESANCON (Jean-Baptiste), GOLLAC (Michel). - CENTRE D’ETUDES DE L’EMPLOI ; FONDATION EUROPEENNE POUR L'AMELIORATION DES CONDITIONS DE TRAVAIL, 2002, 84 pages Stress au travail et santé psychique / NEBOIT (Michel), VEZINA (Michel). - OCTARES, 2002, 310 pages (collection Travail et activité humaine) Prévenir le stress et les risques psychosociaux au travail / SAHLER (Benjamin) ; Collaborateur BERTHET (Michel) ; Collaborateur DOUILLET (Philippe) ; Collaborateur MARY CHERAY (Isabelle) EDITIONS DE L'ANACT, 2007. - 268 pages
Le deuxième corps / PEZE (Marie). - LA DISPUTE, 2002, 150 pages (collection Le genre du monde) Semaine européenne de la sécurité et de la santé
au
travail.
Actes
du
séminaire
:
travailler sans stress, Albi, Ecole des Mines, 24 octobre 2002 / MINISTERE DU TRAVAIL , 10/2002, 23 pages Travailler
sans
stress
!
Prévention
des
risques psychosociaux et du stress au travail en pratique / AGENCE EUROPEENNE POUR LA SECURITE AU TRAVAIL, 2002, 79 pages Traumatismes
psychologiques
en
milieu
professionnel : identifier et prévenir les troubles, gérer les crises / NEUVILLE (JeanPhilippe),
LIZION
(Clotilde).
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EDITIONS
LIAISONS, 2004, 98 pages Travail, stress et adaptation. L'adaptation au travail : contrainte ou fait humain ? / FERRERI
Le stress professionnel / HELIS (Philippe). -
(Maurice), LEGERON (Patrick). - ELSEVIER, 2002,
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107 pages
(collection Les cahiers de préventique, n° 6)
PREVENTIQUE,
2006,
141
pages
27
Temps de travail et tâche prescrite, induite et
Comment maîtriser les problèmes psychoso-
effective, en cas d'horaires induits par la
ciaux et réduire le stress d'origine profes-
tâche / LANCRY-HOESTLANDT (Anne), QUEVAL
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Les dimensions humaines du travail : théories et pratiques de la psychologie du travail
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28