Guebwiller
Q MERCREDI 13 NOVEMBRE 2013
GUEBWILLER ET SOULTZ Réforme des rythmes scolaires
« Que c’est compliqué » Alors que les communes de Rouffach et de Merxheim ont appliqué la réforme des rythmes scolaires dès la rentrée 2013, les autres sont entrées dans la phase de concertation, sur fond de grèves et de manifestations à partir d’aujourd’hui. Exemple à Guebwiller et Soultz.
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Guebwiller, l’heure est encore aux consultations et à la réflexion autour de la mise en place des nouveaux rythmes : « Nous avons repoussé l’application de ce décret d’un an, précise le maire (PS) Denis Rebmann car nous voulions être calés, on veut que ça fonctionne. Un questionnaire a été adressé à tous les parents d’élèves afin de connaître leurs besoins. Nous devons savoir très précisément qui est intéressé ou pas par les nouvelles activités, même si nous nous laissons un peu de marge. »
Denis Rebmann : « l’erreur qui a été faite a été le passage à la semaine de quatre jours » Des réunions ont déjà eu lieu avec les directeurs d’école et les représentants des parents. La suivante devrait intéresser les présidents d’associations « qui n’ont encore pas tout compris à la réforme ». Pour l’instant, les écoles de Guebwiller s’orientent vers une matinée de classe supplémentaire le mercredi, avec des activités péri-éducatives organisées sur les quatre autres jours. Une machinerie lourde à mettre en place, car « nous avons beaucoup d’écoles, et nous souhaitons avoir chaque jour le même type d’horaires, explique encore le maire. Y compris en maternelle, où les problématiques sont différentes en petite et grande section. Actuellement, toutes les discussions ont un seul but, préserver l’intérêt de l’enfant. »
En maternelle, des problématiques différentes entre la petite et la grande section. L’objectif à Guebwiller est de rendre à l’inspection d’académie un projet pédagogique « pour début décembre. On veut quelque chose de cohérent, martèle Denis Rebmann. Nous avons encore beaucoup de choses à vérifier, notamment pour ce qui est du subventionnement. » Sur les coûts, une fourchette a été définie et « c’est quelque chose à prévoir », commente sobrement le premier magistrat, qui n’avance pas en-
core de chiffre. Quand à son avis de maire socialiste sur une réforme si décriée : « la mise en oeuvre est compliquée, admet-il. Mais l’erreur qui a été faite a été de passer de la semaine de 4,5 jours à celle de quatre jours [en 2008 ndlr]. »
Thomas Birgaentzlé : « une réforme complètement idiote ! » Dans la commune voisine de
PHOTO ARCHIVES DNA-B.FZ.
Soultz, l’heure est également aux discussions et aux réunions. Mais le maire, Thomas Birgaentzlé, se montre très remonté contre une réforme qu’il juge « complètement idiote ! Nous avons prévu de présenter un projet au conseil municipal du 28 novembre prochain, mais les choses ne sont pas si faciles. Cette réforme des rythmes scolaires n’est qu’un décret qui peut encore être abrogé, nous allons en reparler la semaine
prochaine lors du congrès des maires de France… et le ministre [Vincent Peillon] n’a qu’à bien se tenir ! » Malgré tout, les réunions s’enchaînent à Soultz depuis le mois d’avril dernier. Six réunions déjà, associant les directeurs d’école, les parents, l’équipe municipale et les partenaires associatifs. « Nous procédons par étapes, commente l’adjointe à l’éducation Karine Pagliarulo. Nous nous ap-
puyons sur l’enquête qui a été menée auprès des parents, et à laquelle 80 % ont répondu. La plupart se sont prononcés en faveur de la classe le mercredi matin. Certes, c’est jour de marché à Soultz, mais ça pourrait aussi lui apporter une nouvelle dynamique… Et le collège Beltz va sans doute lui aussi passer à la classe le mercredi matin au lieu du samedi, pour des raisons de commodité.» Les futurs horaires ont été définis, et les activités péri-éducatives, encadrées par des intervenants rémunérés, démarreront à 15 h 15 à l’école Krafft, à 15 h 20 à la maternelle St-Jean et à 15 h 30 à Belle-Vue et Bruyère les lundis, mardis et jeudis. « Nous proposions déjà des activités au titre du contrat éducatif local, explique l’adjointe, et nous ne manquons pas de propositions. Nous devons aussi intégrer aux futurs plannings les APC, activités pédagogiques complémentaires, qui sont assurées par les enseignants. » L’objectif enfin, pour Karine Pagliarulo, est de « préparer le terrain à la future équipe municipale qui sera élue en mars. »
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Q Un rassemblement de parents
d’élèves contre la réforme des rythmes scolaires est annoncé demain matin à 8 h à Gundolsheim devant l’école La Rose des vents, et au même moment à Issenheim evant l’école Soeur Fridoline. Jeudi, 12 enseignants sur les 27 que compte la ville de Soultz devraient se mettre en grève. VALÉRIE KOELBEL
CANTON D’ENSISHEIM Boycott du mercredi de rattrapage
Les parents dans la rue De nombreux parents devraient garder leurs enfants à la maison ce mercredi à Ensisheim et dans les autres communes du canton pour protester contre la réforme des rythmes scolaires. À Ensisheim une manifestation est prévue devant la mairie à 10 h.
ce dossier, précise « nous savons où nous allons en nous tournant vers les périscolaires et des associations susceptibles d’intervenir mais nous n’avons pas trop de retours à ce niveau ».
« On n’y comprend plus rien »
L‘APPEL AU BOYCOTT lancé au
niveau national contre la réforme des rythmes scolaires devrait être suivi par de nombreux parents ce mercredi et jeudi ce sont les enseignants qui devraient faire grève pour protester à leur tour contre cette réforme. « La réforme telle qu’elle est présentée aujourd’hui, posera plus de problèmes qu’elle en réglera. C’est d’une réforme en profondeur que l’école à besoin et pas de bricolage » estime Florence Pascolo, représentante des parents d’élèves de l’école maternelle St-Martin à Ensisheim et membre de l’APEESEE, l’association des parents d’élèves d’Ensisheim et des environs. Avec d’autres parents d’Ensisheim, de Réguisheim, d’Oberhergheim, de Rustenhart, de Biltzheim, de Munwiller, de Niederentzen, d’Oberentzen ou de Meyenheim, elle manifestera ce mercredi à 10 h devant la mairie d’Ensisheim. À 11 h, une LGU 01
La réforme des rythmes scolaires suscite à la fois l’opposition des parents et des enseignants dans les communes du canton. PHOTO – ARCHIVES DNA délégation sera reçue par Michel Habig le maire d’Ensisheim et président de la communauté de communes et lui remettra une lettre tandis qu’une pétition circule depuis quelques jours déjà en ville. « Nous demanderons au maire de ne pas appliquer cette réforme et nous demandons aussi l’abrogation de ce décret » précise cette maman. Le maire UMP souligne à propos de la
mise en place de cette réforme « nous n’avons rien demandé, c’est quelque chose que l’on impose aux communes et que nous subissons, nous avons reporté la mise en œuvre d’une année pour prendre le temps de bien réfléchir au niveau de la communauté de communes et de faire les choses de façon pragmatique ». Le premier magistrat s’interroge « est-ce que ça va vraiment profiter aux en-
fants ? Cette réforme soulève des protestations des parents et des enseignants, on n’y comprend plus rien et cette réforme n’est pas neutre non plus sur le plan financier. Chez nous, la réflexion est menée au niveau intercommunal et avec les périscolaires mais cela passera aussi par une participation des familles ». Geneviève GricourtWeber, l’adjointe aux affaires scolaires à Ensisheim qui suit
À Munchhouse, les parents se rassembleront aussi ce mercredi devant l’école et ils seront rejoints par des parents de Rumersheim-le-Haut. À Niederhergheim où les parents ont rencontré le maire en fin de semaine dernière et seront eux aussi devant l’école ce matin, Valérie Paciello, représentante des parents à la maternelle explique « nous avons décidé de boycotter cette journée et de ne pas envoyer nos enfants à l’école parce que cette réforme est injuste et rigide, on nous dit que c’est pour le bien des enfants mais c’est très dur pour les plus petits, les communes font ce qu’elles peuvent pour trouver des solutions, mais on est dans le flou le plus complet, l’accueil de tous les enfants est impossible et dans les petits villages c’est un vrai casse-tête ».
La fin de la journée à15h15 à Roggenhouse Parmi ces petites communes, il y a par exemple celle de Roggenhouse. Son maire Henri
Masson a fait ses comptes « chez nous c’est très simple, c’est impossible. Je n’ai qu’une employée à la mairie et un agent technique, et je ne peux pas embaucher trois personnes pour s’occuper des 47 enfants de l’école pendant 45 minutes l’après-midi. Comme le texte du décret stipule que le temps d’activité périscolaire reste facultatif, les enfants rentreront donc à la maison à 15 h 15. Ce n’était pas vraiment le but de cette réforme, mais on ne peut pas faire autrement. Je ne comprends d’ailleurs pas pourquoi cela pose tant de problèmes à certaines communes, il suffirait qu’elles fassent aussi valoir, comme c’est écrit dans le texte du décret, que la mise en œuvre du temps d’activité périscolaire est facultative ».
Les enseignants en grève En marge de cette mobilisation des parents, un mouvement de grève des enseignants est aussi annoncé pour ce jeudi 14 novembre et devrait être très suivi selon les établissements du secteur. A Ensisheim par exemple, l’adjointe Geneviève GricourtWeber précise « à l’école Rasser beaucoup d’enseignants devraient travailler mais a priori je n’ai personne dans les trois autres écoles, à St-Martin, à la Mine et à Baldé ». JEAN-ALAIN HAAN
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