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VENDREDI 13 DÉCEMBRE 2013 42
Loisirs Le pari du parc du Petit Prince : faire de l’échec du Bioscope un succès L’Alsace sera la terre d’accueil du premier parc de loisirs inspiré par les aventures du Petit Prince, le célèbre conte d’Antoine de Saint-Exupéry qui redonnera vie au site du Bioscope. Il ouvrira en juillet prochain, 70 ans après la mort du pilote mythique. « Fais de ta vie un rêve, et d’un rêve, une réalité… » Jérôme Giacomoni et Matthieu Gobbi, les cofondateurs de la société Aérophile, une PME parisienne fabriquant et exploitant des ballons captifs, ont égrené la présentation de leur projet de citations du pilote écrivain. Un projet déjà largement dévoilé (L’Alsace du 8 décembre) et pour lequel le Symbio, le syndicat mixte du Bioscope, a délivré un bail de 21 ans.
Repères H Le parc du Petit Prince en chiffres : 23 hectares, 30 attractions, deux grands ballons captifs, un aérobar, trois salles de cinéma de 60 à 500 places, deux labyrinthes géants, des chaises volantes et des animaux (moutons, renards, papillons). H Ouverture : le 1er juillet 2014. La saison s’étendra de Pâques à la Toussaint avec une ouverture durant la période de Noël, comme à l’Écomusée. H Tarif : 22 € pour les adultes, 16 € pour les enfants jusqu’à 12 ans. Les montées en ballon sont comprises dans le prix d’entrée. H Investissement : le Département du Haut-Rhin et la Région Alsace ont investi 30 M€ (millions d’euros) sur le site du Bioscope. Le nouvel exploitant, la société Aérophile, va investir 4 M€ et créer 50 emplois à terme. La Caisse des Dépôts accordera une prime de reprise et de lancement de 4 M€, et un prêt de 3 M€.
Faire de l’échec du Bioscope – qui a fermé fin septembre 2012 au terme de la 7e saison avec un déficit d’exploitation cumulé de 28 millions d’euros – une grande réussite : tel est le pari, un peu fou, de ce parc aérien, un concept « à la française » qui a séduit les présidents du Département du Haut-Rhin et de la Région Alsace. Ainsi que le directeur de la Succession Saint-Exupéry, Olivier d’Agay, qui a accordé une licence d’exploitation de cette marque bien protégée.
Ils ont dit
Danse avec les moutons Comme annoncé, ce parc à thème s’articulera autour de deux univers. Dans les airs, avec deux ballons captifs (32 m de haut, 22 m de diamètre) qui s’élèveront à 150 m avec une nacelle pouvant accueillir jusqu’à 30 personnes. Ainsi qu’un bar aérien, « la planète du buveur », coulissant dans une structure métallique de 35 m. Au sol, il n’y aura pas de grand huit. Le beau site paysager du Bioscope deviendra la planète B612 du Petit Prince et déclinera
Image de synthèse de l’entrée du parc du Petit Prince qui redonnera vie, l’été prochain, au site du Bioscope à Ungersheim fermé depuis fin septembre 2012.
quatre thématiques : l’espace, l’aviation, l’eau, les animaux et les
plantes. Avec comme attractions principales, un film d’animation en 3D inspiré des aventures du Petit Prince et déjà projeté au Futuroscope, Les Ailes du courage, un film de Jean-Jacques Annaud, un jeu de questions-réponses sur les planètes, une ferme à papillons, une roseraie…
150 000 visiteurs par an
Les promoteurs du parc du Petit Prince (de gauche à droite) : Jérôme Giacomoni, le président du groupe Aérophile, Olivier d’Agay, le directeur de la Succession Antoine de Saint-Exupéry, et Matthieu Gobbi, le cofondateur d’Aérophile. Photo Darek Szuster
Deux spectacles sont annoncés : une « Danse avec les moutons » et une « Rencontre avec les renards ». Il y aura un enclos avec quatre renards et un autre avec plusieurs espèces de moutons. Des moutons, les petits et les grands enfants pourront également en dessiner sur un mur transformé en tableau géant. « Nous allons reprendre en grande partie les installations existantes », a indiqué Matthieu Gobbi. « Des sensations fortes [avec les ballons],
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du virtuel [avec les films], des animaux et des spectacles » : ce sont les ingrédients qui devraient garantir le succès. Les exploitants du parc du Petit Prince, qui ne bénéficieront pas d’aides publiques, misent sur 80 000 visiteurs pour la demi-saison d’ouverture (de juillet à novembre) et sur 150 000 visiteurs pour la première saison complète en 2015. « Partout où nous avons installé des ballons, le succès est au rendez-vous », soulignent-ils. Ailleurs, à Disneyland, au Futuroscope, à Paris, le ballon captif est en quelque sorte la cerise sur un gâteau touristique. Ici les ballons devront tenir le rôle d’attraction principale. « C’est véritablement utile parce que c’est joli » : on verra bien si cette autre citation de Saint-Exupéry s’appliquera au parc du Petit Prince. Adrien Dentz
Philippe Richert, président de la Région Alsace : « L’échec du Bioscope a provoqué une frustration. Mais il aura permis de faire le parc du Petit Prince. C’est un beau projet, qui permettra de faire d’un échec un succès, sans aides des collectivités dont l’actif a été préservé. » Charles Buttner, président du conseil général du HautRhin : « Je suis persuadé du succès de ce projet car il repose sur l’essentiel : la capacité d’éprouver et de partager des émotions. C’est la clé du succès. Avec l’Écomusée et le Carreau Rodolphe, ce grand site touristique commence à illuminer notre territoire. » Michel Habig, président du Symbio, le syndicat mixte du Bioscope : « Mission accomplie, on ne pouvait pas trouver mieux pour ce site. Il suffisait d’y mettre une âme. » Jean-Claude Mensch, maire d’Ungersheim : « Notre commune s’est engagée dans une démarche de transition énergétique qui s’inscrit dans le message délivré par Antoine de Saint-Exupéry. Les treuils électriques qui actionneront les ballons captifs pourraient être alimentés par l’énergie renouvelable produite ici par la centrale solaire et la future éolienne… » Djamila Sonzogni, porte-parole d’Europe Écologie-Les Verts : « Le projet que le Symbio avait voté à l’unanimité, il y a quelques mois, n’a plus rien à voir avec le parc du Petit Prince. Le parc devait s’inclure dans celui de l’Écomusée et il était question d’une entrée unique gérée par l’Écomusée. Or aujourd’hui, c’est un parc d’attraction qui sera indépendant de l’Écomusée, donc concurrentiel. Quel que soit le contenu de ce parc, les deux ne pourront pas faire le plein et l’un fonctionnera au détriment de l’autre, ou pire encore, les deux ne feront pas assez d’entrées pour être viables économiquement. Entre les deux, mon cœur ne balance pas, nous avons un joyau alsacien, c’est l’Écomusée et il faut le préserver. Nous n’avons pas retenu la leçon du Bioscope. »
Télévision Aventures en ballon au « pays du père Noël » avec Jean Becker L’émission « Faut pas rêver », ce soir sur France 3, consacre un de ses reportages à Jean Becker, ancien journaliste à « L’AlsaceLe Pays » et aérostier chevronné, à l’occasion d’une expédition chez les Lapons. Une émission comme « Faut pas rêver », le magazine de voyages de France 3, se prépare longtemps à l’avance. C’est donc dès août 2012 que la société de production Cargo Culte a contacté Jean Becker pour le sujet qui sera diffusé ce soir sur la chaîne, dans le cadre d’un numéro spécial consacré à la Laponie, le « pays du père Noël ». Passionné de montgolfières depuis un reportage effectué en 1979 pour le compte de L’AlsaceLe Pays, devenu un pionnier de la discipline dans notre région, cet aventurier dans l’âme avait déjà volé plusieurs fois en Scandinavie : en Suède, en Norvège, en Finlande et plus au nord encore, jusqu’au Spitzberg, au-dessus de la banquise et des ours polaires. C’est sur le site de l’association Ballooning Adventures, créée par
le Belfortain, que l’équipe de « Faut pas rêver » a repéré ce « bon client », qui totalise 3 000 heures de vol.
Voler par moins trente En février dernier, cap a été mis sur Gällivare, à environ 50 km au nord du cercle polaire et à 3 000 km de l’Alsace, à bord de deux SUV prêtés par un sponsor, tirant les aéronefs de Jean et de son fils Jonathan, 27 ans, tombé dans la nacelle dès son enfance et lauréat d’un titre de vice-champion du monde junior l’an dernier. Ces deux jours et demi de route ont été éprouvants. « Nous avons essuyé notre première tempête de neige à Hanovre, avant de parcourir près de 2 500 km sur neige et sur glace. Mieux que le Trophée Andros ! », raconte notre ancien collègue, retraité depuis avril dernier. À l’arrivée, en plein cœur de la Suède : les grands espaces immaculés de la taïga couverte de neige, d’une sérénité absolue. Pour voler par des températures inférieures à -30°, il faut utiliser de l’azote pour comprimer le propane qui alimente le brûleur. Et il va sans dire que des équipements spéciaux, de type expédition polaire, sont de rigueur. Les quelques degrés supplémentaires
acquis lors de l’ascension – l’air au contact du sol glacé est plus froid qu’en altitude – sont les bienvenus, mais pas question de toucher un mousqueton du doigt sans protection. « Mieux vaut ne pas oublier ses gants avant de décoller ! », plaisante Jean, qui porte aux pieds des bottes garanties jusqu’à -75°. Autre difficulté : trouver des bases solides pour décoller et atterrir : « La neige est très épaisse, très volatile et très sèche, impossible de marcher dedans. Il est donc impératif de trouver une route ou un chemin où la neige a déjà été tassée pour poser les montgolfières. »
Un paradis blanc Le reste dépend, comme ailleurs, de la météo. Parfois capricieuse, comme en témoigne le décollage périlleux de Jonathan, visible dans le film. Une fois les conditions réunies, les vols ont pu s’étaler sur plus de trois heures, pour observer à loisir une nature encore vierge, un paradis blanc peuplé d’élans, de rennes, de renards, de lynx, de coqs de bruyère… Six vols furent effectués durant les dix jours passés en Laponie. Des trente heures tournées par les deux reporters qui accompagnaient les quinze membres de Ballooning Adventures, restent
Jean Becker en février dernier, au-dessus de la taïga suédoise. À l’arrière-plan, le ballon piloté par son fils Jonathan.
26 minutes retraçant l’expédition, montrant aussi les aérostiers belfortains au marché annuel de Jokkmokk, un moment fort de la vie locale, et chez des éleveurs de rennes.
Intitulé « Les gonflés du cercle arctique », ce film résume aussi l’histoire de la famille Becker. Jean et Jonathan prévoient déjà de retourner dans le Grand Nord en février, pour préparer un nou-
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veau raid, et à Pâques, pour les fêtes traditionnelles de ce peuple lapon qui les passionne. Olivier Brégeard FVOIR « Faut pas rêver », ce soir à partir de 20 h 45, sur France 3.