241113 européennes au parlement

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Région politique

DIMANCHE 24 NOVEMBRE 2013 41

Européennes Joseph Daul, l’Alsacien qui tutoie Angela Merkel, quitte le Parlement PPE… » Il avait parlé d’intérim À 66 ans, l’agriculteur jusqu’à son retour, mais il savait de Pfettisheim qu’il allait mourir. Je lui ai dit que j’assurerai l’intérim… Joseph Daul, J’ai été élu à l’unanimité par les un des hommes représentants des 74 partis, isles plus influents sus de 39 pays, bien au-delà de l’Union européenne. Assurer, à du Parlement la fois ma mission au Parlement européen, européen et la présidence du c’est impossible. Cela m’a ne se représentera pas PPE, aidé à prendre ma décision. en mai. Cet élu UMP veut se consacrer « C’est une femme au Parti populaire extraordinaire » européen (PPE). Retour sur une carrière. De plus, nous venons de voter le

l’Europe qui, en sauvant les banques, a garanti les livrets d’épargne de nos concitoyens. Il y a aussi les négociations autour de la PAC. Comme ancien responsable agricole je les ai toujours suivies avec attention. J’avais beaucoup appris avec Chirac, lorsque j’étais encore socioprofessionnel. Ce sont les mêmes méthodes que nous avions apprises comme syndicaliste et que j’ai pu appliquer ici. Discuter, rechercher l’efficacité, trouver des consensus…

Comment ont réagi vos amis, à l’annonce de votre décision ? C’est l’éloge funèbre ! Je leur ai dit : « Arrêtez, je ne suis pas mort ! Vous aurez encore à me subir jusqu’en juillet. Et même après… » Quand avez-vous pris votre décision ? Il y a quinze jours. Trois jours avant sa mort, le président du PPE, Wilfried Martens, m’avait appelé pour me dire : « Joseph, des dix vice-présidents, toi seul saura maintenir l’unité du

Il me faut des dossiers à travailler et à défendre. Cela va être le cas à la présidence du PPE. Et surtout, il ne faut pas faire le mandat de trop. Là, je peux encore servir. Mais je me suis engagé à rester seulement jusqu’en 2015. Après on verra. Vous êtes toujours sur votre exploitation ? J’y serai samedi [NDLR : hier], comme chaque fois quand on a besoin de bras. En juillet et août, j’ai passé mes vacances à la ferme, à bosser de 7 h du matin à 9 h du soir. Comme au Parlement… Mais dimanche [aujourd’hui], je pars pour Athènes pour une réunion du PPE, puis pour celle du Parlement. Et mercredi, je serai reçu par le pape François à Rome… Et vos relations avec le président SPD Martin Schultz ? Excellentes ! Il n’a qu’une parole. Il n’a jamais trahi. Et quand il ne peut pas la tenir, il est malheureux… Sa mère était CDU ! Le siège du Parlement à Strasbourg est menacé après le vote de mercredi ? Non, non, non ! Les chefs d’État et de gouvernement ont d’autres chats à fouetter. À ceux qui veulent rediscuter du siège, je propose que Strasbourg obtienne en échange la Cour de justice ou la Banque centrale européenne ! On est tranquille pour un moment…

budget et tous les grands dossiers ont été négociés pour les cinq années à venir. La réforme de la PAC [NDLR : la Politique agricole commune] porte sur les sept prochaines années. Je peux laisser ma place à un plus jeune qui pourra se former. Vous étiez pressenti comme futur président du Parlement européen. Le soutien de l’Allemagne vous a manqué ? Non, au contraire ! J’ai pris ma décision de concert avec Angela Merkel. Le PPE est très important pour elle. C’est une femme extraordinaire, qui gère seule son emploi du temps, répond

FTrautmann derrière Martin ? Pour la fédération socialiste du Bas-Rhin, il n’y a pas l’ombre d’une hésitation. Dans le Grand Est, la liste doit être conduite par Catherine Trautmann, présidente de la délégation socialiste française, députée européenne depuis 2004. Or les instances nationales du PS veulent imposer le responsable CFDT de Florange, Édouard Martin, qui n’est pas adhérant du PS. Ce que contestent avec vigueur les amis de Catherine Trautmann, qui mettent sa connaissance des dossiers européens et des rouages du Parlement en avant. Après la décision de Joseph Daul de ne pas se représenter, le climat n’est pas plus serein à droite. Là c’est Nadine Morano, conseillère municipale de Toul, qui a fait acte de candidature au sein de l’UMP. « Je souhaite mettre mon expérience d’élue locale, de députée nationale et de ministre au service de la construction d’une vraie Europe politique plus proche des citoyens », affirme l’ancienne ministre de l’Apprentissage du gouvernement Fillon, appuyée par Jean-François Copé. Mais d’aucuns observent, à droite, qu’elle pourrait choisir l’Europe en attendant mieux…

« Pas de crainte » pour le siège à Strasbourg

Président, depuis 2007, du groupe parlementaire du Parti populaire européen, le plus important du Parlement européen, l’Alsacien Joseph Daul a été désigné à la tête du parti le 12 novembre. Photo Jean-Marc Loos

sur son portable… J’ai le plus grand respect pour elle et une confiance réciproque partagée. Quelle est votre feuille de route jusqu’aux élections ? Comme président du groupe, je participe à l’organisation des élections européennes, j’aiderai à la mise en place du nouveau président. Il y a un autre enjeu, la désignation du candidat du parti à la présidence de la Commission européenne. Que ce soit un Premier ministre d’un pays autre ou le Français Michel Barnier, nous le choisirons en mars. Mais le 19 décembre, nous discuterons, au sein du PPE, de la politique que nous voulons mener. Tout dépendra ensuite du résultat des élections dans les 28 pays. En France, certains prédisent une poussée du Front national…

Jusqu’à présent, les gens qui votent pour les extrêmes se sont abstenus lors des élections européennes… Ceux qui prônent la sortie de l’Europe et de l’euro sont des inconscients, qui ne savent pas de quoi ils parlent. Il faudrait qu’un pays teste cette hypothèse, mais surtout pas la France ! Je ne comprends pas que les économistes n’expliquent pas clairement ce qui se passerait. Il appartient aussi aux chefs d’entreprise de prendre position.

« Il faut des élus sérieux qui s’engagent » Qui vous remplacera comme tête de liste du Grand Est ? II faut des hommes et des femmes sérieux, qui s’engagent à s’investir dans le travail du Parlement européen, et qui ne rê-

vent pas de repartir, dès qu’il y aura de la lumière à Paris… Arnaud Danjean, spécialiste des questions de sécurité et de défense, ferait une excellente tête de liste. En deuxième position, Véronique Mathieu, est très investie aussi ici. A la troisième place, il faudra un Alsacien. Fabienne Keller aurait été la meilleure pour défendre l’Alsace et Strasbourg au niveau de l’Europe. Mais elle préfère se consacrer aux municipales. Et Nadine Morano [lire ci-contre] ? J’ai dit à Jean-François Copé [NDLR : président de l’UMP] ce que je pense de sa candidature. Quels sont les temps forts vécus au Parlement ? L’offensive russe en Géorgie, sous la présidence Sarkozy, mais surtout la crise financière, quand on ne savait plus où on allait. On l’oublie, mais c’est

Propos recueillis par Yolande Baldeweck

Municipales Keller relaie les Au Parlement Schillinger inquiétudes de Strasbourgeois s’inquiète des contrôles Urssaf Alors que l’accord avec l’UDI François Loos n’est toujours pas en vue, Fabienne Keller s’est engagée, hier, à soutenir « 1 000 projets inédits tout au long de son mandat ». Pendant plus d’une heure, hier matin au Fec, les rapporteurs des 12 ateliers, six thématiques et six par quartier, ont relayé « ce que disent les habitants ». Certains s’exprimaient pour la première fois, d’autres avaient fait partie de l’ancienne équipe. « Un point d’étape » après le lancement, avant l’été, de l’opération « Dites-moi tout ». « 200 volontaires en binômes sur le terrain, 4 200 rencontres en porte à porte, 1 700 parents rencontrés sur les rythmes scolaires, plus de 7 300 contributions depuis le printemps », s’est félicité la tête de liste UMP, Fabienne Keller, qui teste là une méthode qui a fait ses preuves ailleurs. Mais les électeurs peuvent changer d’avis, jusqu’au jour de l’élection…

« Réfléchir, innover… » Les thématiques révèlent ce même mécontentement, confirmé par les sondages, lié à la politique nationale quand il s’agit de dénoncer les taxes. Malgré les efforts de rénovation faits depuis des années, dans certains quartiers fragiles, « les habitants ont le sentiment d’être délaissés ». « Ils ne veulent pas changer de quartier, ils veulent changer le quartier », a souligné l’intervenante en charge de

Fabienne Keller et président de la Chambre de métiers d’Alsace, qui veut « rassembler, au-delà des étiquettes et des idéologies, ceux qui veulent travailler, réfléchir, innover ». Puisque des contributions ne font pas un projet, il a annoncé la création de « l’Atelier », pour que « chaque Strasbourgeois soit l’artisan du projet ».

UMP-UDI au point mort La tête de liste UMP, Fabienne Keller. Photo J.-M. L.

la Meinau et du Neuhof, pour qui « le rayonnement de Strasbourg passe par la proximité ». Au Neudorf, les habitent s’insurgent contre « les murs de béton, sans concertation ». Au centre-ville, les Strasbourgeois se plaignent du manque d’espaces verts et de jeux pour les enfants. « Tous les problèmes sont amplifiés. Si on veut construire la ville sur la ville, il faut réorganiser les services », avance une autre intervenante. D’autres critiques visent « les constructions anarchiques et la ville livrée aux promoteurs, sans plan d’ensemble », mais aussi « la difficulté d’accessibilité » ou encore « le manque de parkings ». Sans oublier l’insécurité… « Ce dialogue avec les habitants de Strasbourg est essentiel. Les élus et la société civile ne se parlent pas assez », a relevé Bernard Stalter, président du comité de soutien à

Fabienne Keller a affirmé vouloir « remettre les Strasbourgeois au cœur de Strasbourg ». Tout en dénonçant « la résignation du maire sortant sur de nombreux dossiers », elle s’est présentée comme « un maire mobilisé », en annonçant le soutien à « 1 000 projets issus de la société civile, du monde économique, des associations ». Pas un mot au sujet de la réunion entre responsables UMP et UDI, vendredi soir au siège de l’UDI. D’après un participant, François Loos, tête de liste UDI, tout en refusant de discuter en direct avec Fabienne Keller, lui a proposé la 2e place sur sa liste. « Les Strasbourgeois ne veulent plus de cette manière archaïque de faire de la politique, par le partage des postes, comme Roland Ries et Robert Herrmann. Il faut que les équipes se rencontrent et discutent du projet », a-t-elle commenté hier, en observant que deux élus UDI, Bornia Tarall et Jean-Charles Quintiliani, font partie de son équipe. Y. B.

Patricia Schillinger, sénatrice PS du Haut-Rhin, est intervenue en séance pour demander des clarifications sur les « redressements conséquents par les Urssaf » visant des sociétés d’informatique qui interviennent chez leurs clients. Dans sa réponse, la ministre des Affaires sociales a détaillé les critères de distance qui justifient les redressements fiscaux sur la prise en charge des repas et frais et transports, avant de préciser que « des échanges ont lieu avec le secteur pour préciser les conditions d’application de la circulaire ». Brasseurs : Schneider prend leur défense. – André Schneider, député UMP du Bas-Rhin, a écrit à Bernard Cazeneuve, ministre du budget pour dénoncer « la hausse de la fiscalité applicable à la bière ». Dans sa réponse, le ministre souligne juste qu’il reste attentif à la situation des professionnels qui pourraient rencontrer des difficultés de trésorerie. Discriminations : Bies cosigne un amendement. – Philippe Bies, député PS du Bas-Rhin, a cosigné un amendement faisant « de la discrimination à l’adresse un délit ». « Le présent amendement permet de lutter contre les cas de discrimination par le lieu de résidence, sans mettre en cause les politiques volontaristes en faveur des quartiers populaires », assure-t-il.

La sénatrice socialiste Patricia Schillinger. Archives J.-F. F.

Pesticides : Ries pour plus d’encadrement. – Le sénateur PS Roland Ries a fait adopter au Sénat une proposition de loi visant à interdire l’usage des pesticides publics à l’État et aux collectivités. Il est revenu sur l’expérience de la mise en œuvre très positive de la politique « Zéro phyto » à Strasbourg depuis 2008 pour expliquer que « cette belle expérience l’a conduit à penser que dans ce domaine il faut mener une double bataille, à la fois culturelle et administrative et technique ». Buralistes : Reitzer s’insurge contre les taxes. – Le député UMP du Haut-Rhin, Jean-Luc Reitzer, a interpellé la ministre du Commerce, Sylvia Pinel, en commission des finances sur la situation des buralistes. « Envisagez-vous d’autres mesures en fa-

veur des buralistes implantés dans les zones rurales ou dans les régions frontalières ? », a-t-il demandé. Dans sa réponse, la ministre rappelle qu’en 2013 « l’État a dépensé 106 millions d’euros en faveur des buralistes, qu’il s’agisse d’accroître leur sécurité ou de moderniser leurs équipements ». « Il s’agit là d’un effort considérable », a-t-elle noté en indiquant « vouloir renforcer la diversification des activités, afin que la viabilité économique des buralistes ne dépende plus uniquement de la vente de tabac ». Linky : Grosskost reçoit une réponse. – Arlette Grosskost, députée UMP du Haut-Rhin, avait alerté le ministre de l’Écologie sur les nouveaux compteurs électriques « Linky », qui seraient plus sensibles aux dépassements de puissance que les anciens compteurs, ce qui va entraîner des changements d’abonnement, avec un surcoût important pour les consommateurs. Le ministère répond que « dans le cas où la puissance appelée par le consommateur est supérieure à la puissance souscrite, celui-ci se verra proposer la possibilité d’augmenter la puissance souscrite, ou bien pourra adapter sa consommation en diminuant le nombre d’appareils électriques fonctionnant en même temps ». Sailesh Gya


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