Magazine Culture - septembre 2012

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magazine automne-hiver 2012

La NUIT des MUSÉES Une invitation à la découverte

ARTS VISUELS

DOSSIER

A quoi servent Les premières fois de les prix culturels Léonard Gianadda de l’Etat du Valais?

ARTS DE LA SCÈNE

Quand le monde devient résidence

ne peut être vendu séparément Supplément

C

ulture


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théâtre le baladin – savièse jeudi 15 novembre 2012 à 20h00 <wm>10CFWMIQ7DQAwEX-TTri-2zzWswqKAKPxIVdz_oyZlBUNWs7NtZQ0_nut-rkcR6C4-mPDyHi3SWD3ZOMhCUhXUBw2LRWr8PaQ7QMa8HUEKdXIRC7GcEWNS78K12WW3z-v9BXHyNHqCAAAA</wm>

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plus particulières.

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CULTURE

choix aussi


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Sommaire

DOSSIER

ARTS VISUELS

LITTÉRATURE

CINÉMA

8-11

6-7

23-25

12-15

Prix culturels du Valais, à quoi servent-ils?

Les premières fois de Léonard Gianadda

Voyage à Horizon ville, le Valais vu par Yann Gross

Deux plumes, deux Plan fixe sur regards, interview Jean Troillet croisée de Metin Arditi et Bastien Fournier

15-17 Une balade avec Valentin Carron

18-22 Poster à détacher Carte blanche à Balthazar Lovay

26-27

28-29 La Nuit des musées profite aux Valaisans

30-32 «Résidence, sweet résidence»

ARTS DE LA SCÈNE 34-35 Troupes en résidence

36-37 L’Arsenal, étincelles de création Et aussi nos... News 4-5 Agenda 20-21 Bons plans 38-39

A.-N. POT

Pépinière de talents e Valais des arts mérite le coup de projecteur que «Culture» jette sur nos artistes et sur le soutien que le canton leur offre. Doté en 2005 d’un Service de la culture, le Valais récompense ses créateurs depuis plus de trente ans. Coup de projecteur aussi sur les Résidences, ces lieux mis à la disposition d’artistes, en Valais ou à Berlin, Paris, Rome et New York… Pour vivre de son art et se développer, l’artiste souvent doit s’exiler. «Culture» propose une galerie de portraits de cette création valaisanne hors les murs. Regard croisé de deux écrivains, Metin Arditi et Bastien Fournier, et balade martigneraine en compagnie du talentueux plasticien Valentin Carron qui représentera la Suisse à la Biennale de Venise en 2013!

L Jean Bonnard Rédacteur en chef des magazines

Le jeune Yann Gross a réalisé un roadtrip photo à l’américaine sillonnant pendant trois ans le canton, juché sur son… vélomoteur! Plans-Fixes immortalise en noirblanc des personnages que nous n’avons pas le droit de laisser filer dans l’oubli: Jean Troillet s’est ainsi confié à Jean-Claude Pont devant cette caméra du souvenir, avouant que ce fut une redécouverte de sa vie. Léonard Gianadda, photographe, entrepreneur, mécène et commandeur des Arts et Lettres, revient sur les «premières fois» de son exceptionnel parcours de vie. Enfin, présentation de l’Arsenal promu nouvel espace culturel de Brigue, de la Nuit des musées, des actus et de l’agenda de la rédac. Bonne lecture.

EN COUVERTURE:

Nuit des musées © Musées cantonaux du Valais, Sion. Olivier Maire, photo-genic.ch, Sion. IMPRESSION Centre d’Impression des Ronquoz S.A., CIR Sion. PUBLICITÉ Publicitas S.A., Sion. ÉDITEUR Editions Le Nouvelliste S.A., Sion. TIRAGE 54 000 exemplaires TEXTES D. Chammartin, V. Ribordy, J.-F. Albelda, J. Jenzer, Lysianne Fellay, Aline Carrupt, S. Jacquier, Estelle Baur. GRAPHISME ET RÉALISATION P. Claivaz, S. Pitot. Avec la collaboration du Service de la culture de l’Etat du Valais et de la Plateforme Culture Valais, Marlène Rieder.

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CULTURE


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ACTUS Le visage de la culture

Sébastien Olesen, la musique dans les veines Ilaimelamusique.SébastienOlesen peutaujourd’huivivredesapassionentrela présidence de l’association des «Je souhaite que Caves du le canton se réveille, Manoir à il y a une forte Martigny, la potentialité ici.» programmation de la salle PTR (Post Tenebras Rock) de l’Usine à Genève, et le succès du Palp Festival de Martigny l’été dernier.«Jen’aijamaisterminél’unigrâceauxopportunités que j’ai eues de pouvoir exercer ma passion dans le milieu de la musique.» Aujourd’hui, cela fait huit ans qu’il travaille aux Caves du Manoir et plus de trois ans à l’Usine. Deux lieux pour deuxfacettestotalementdifférentesdesonmétier. «A Martigny, tout est du bénévolat, parce que le canton n’entre pas en matière sur d’éventuelles subventions, malgré une programmation très pointue et la bonne réputation des Caves.» A Genève, le milieu de la musique alternative s’est battu il y a trente ans pour que l’Usine existe et c’est aujourd’hui une institution du centre-ville. «J’y travaille à 80%, mais dans ce métier il faut être atteignable tout le temps, être à l’affût de nouveaux groupes qui ne coûtent pas cher, mais qui vont monter et qui plaisent au plus grand nombre. C’est donc plutôt du 150%, mais je ne compte pas les heures.» Un travail de tous les instants qui le conduit à voir trois concerts et écouter une cinquantaine de groupes par semaine! Comme si cette charge de travail ne suffisait pas, le programmateur a également organisé le Palp Festival sur la place Centrale de Martigny l’été dernier. Une expérience unique qui a permis à Sébastien Olesen d’ajouter une nouvelle corde à son arc. «On a réussi à mélanger art contemporain, spectacles et musique dans un même festival en plein air. Une première pour moi! Nous avons proposé quelque chose d’unique en son genre qui a marqué le nombreux public présent.» Le rêve de l’homme avide de découvertes? Que le Valais et ses dirigeants aient plus de reconnaissance envers les musiques actuelles. «Je souhaite que le canton se réveille. Il y a un fort potentiel ici. Avec les touristes, il y a plein de projets qui pourraient se développer en Valais. Il suffit d’un peu de volonté politique...»

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CULTURE

SJ

Duo de créateurs Raboud et Zufferey au vieil Arsenal Pour la cinquième année consécutive, le Vieil Arsenal de la Fondation Pierre Gianadda à Martigny accueille en automne des artistes de la scène artistique suisse romande. Cette année le sculpteur André Raboud et le peintre Pierre Zufferey présentent, comme une suite à leur expoO. Maire sition «Nuit Blanche de São Paulo», leurs toutes dernières créations. Les sculptures en granit noir d’André Raboud et les peintures monumentales du Sierrois Pierre Zufferey sont à voir jusqu’au 21 octobre.

ans, c’est l’anniversaire de la médiathèque de Monthey. Elle le fêtera les 19 et 20 octobre. Au programme slam, spectacle, expositions, danse.

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Info: http://mdt.monthey.ch

Le bon plan Le Valais se met en scène

TÉLÉGRAMMES ENTRE LA SUISSE ET L’ITALIE Treize artistes dont Olivier Estoppey et Uli Wirz, huit communes impliquées, c’est l’exposition sur plus de 50 kilomètres, voulant jeter un pont entre la Suisse et l’Italie «Geo Chavez di tanti uno solo», des photographies, sculptures et installations en l’honneur de celui qui, il y a cent ans, passait les Alpes avec son Blériot XI.

EN PRÉPARATION

Notez dans votre agenda, les Scènes Valaisannes auront lieu du 15 janvier au 16 février 2013. Grâce à un abonnement général à 100 francs, vous pourrez assister à plus de vingt-cinq spectacles de créateurs valaisans. Musique, danse ou théâtre, la plupart des salles du Valais s’unissent à l’opération, du Crochetan de Monthey au Zeughaus de Brigue. Nouveauté pour cette édition, des spectacles auront lieu dans des transports publics, trains et bus.

Vincent Barbone sort un nouveau CD intitulé «Allo... la terre???» rock tenté de blues qui sera verni le 26 janvier au Théâtre du Crochetan à Monthey.

FORUM MUSICAL Mercredi 17 octobre aux Caves du Manoir de 19 à 22 heures se tient le forum sur le thème de «Comment vivre aujourd’hui de la musique?», entrée libre.

EXPOSITION La Ferme-Asile à Sion présente jusqu’au 23 décembre une grande installation en plumes de l’artiste Isa Barbier.


La Gale, talent protéiforme en pleine explosion.

Sur scène, la déferlante... Menue, nerveuse, gouailleuse, chaleureuse, explosive... La Gale, rappeuse lausannoise ayant également marqué les écrans avec «De l’encre» ou «Opération Libertad», fait étape aux Caves du Manoir de Martigny le 1er décembre prochain. Sur scène, elle «envoie du bois», comme disent les jeunes... JFA

Reine de la BD, La bande dessinée de Derib «Tu seras Reine» racontant la passion qui unit une jeune fille d’Evolène, Camille, et sa vache «Violette», vient de sortir de presse. Le dessinateur a tissé depuis son enfance des liens très forts avec le val d’Hérens. Cette bande dessinée est une sorte d’hommage au monde de la montagne, aux valeurs qu’elle développe. Une édition «valaisanne» a été éditée comprenant un dossier sur la vache au cours de l’histoire.

LE DISQUE ÀVENIR Double face lunaire P.d’Antonio

Fanny Roduit

La Gale aux Caves

DC

En plus de faire le buzz musical, les musiciens de Kyasma deviennent des célébrités de la toile, «Radioactivity» avait enregistré déjà 50 000 vues après trois semaines, toutes plateformes confondues! Dailymotion et Vimeo l’ont même spontanément placé en page d’accueil. Concert à Beausobre le 12 octobre.

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En image

Christian Pralong de Nihil etc. en concert au Tohu-Bohu en septembre.

Nihil etc. revient avec un double album «Dark Moon/Full Moon». Deux albums totalement différents pour un groupe qui aime le changement. Avec «Dark Moon», Nihil etc. use d’une atmosphère tout à fait intimiste, où aucun son électrique ne vient perturber le set folk, acoustique, voire même country par moments. Les morceaux noirs, amers et intimistes de «Dark Moon» ont été enregistrés en juin dernier, en période de lune noire. Sur «Full Moon», les cinq musiciens reprennent en main les guitares électriques et balancent le jus en pleine excitation de pleine lune. Ce deuxième opus a été composé en deux semaines à Ferpècle, au fond du val d’Hérens. Les titres ont été, eux, enregistrés en mars dernier dans l’urgence de l’inspiration hérensarde. Depuis toujours la musique de Nihil etc. explore des ambiances différentes, au gré de leurs humeurs. Tout comme la lune, le groupe évolue par cycles, et ce double album en est une preuve de plus. SJ

Radiohead, la perfection faite groupe On aura au final beaucoup écrit et parlé sur les dysfonctionnements logistiques du concert de Saint-Triphon. Mais la colère première retombée, le public gardera sans doute longtemps dans sa mémoire la perfection sonore et esthétique de la prestation de Radiohead. Car même dans ce déluge technologique d’écrans et de lumières, le groupe reste un modèle d’intégrité et d’inventivité.

Les disques sortiront sous forme de vinyl avec code de téléchargement pour obtenir les morceaux via l’internet. La sortie du double album est agendée à fin octobre. Pour le moment, aucun vernissage n’est prévu, mais toutes les informations sont disponibles sur leur page Facebook: Nihil etc.

JFA

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CULTURE


Hofmann

LES PREMIÈRES FOIS DE...

LÉONARD GIANADDA Photographe, entrepreneur, directeur et mécène... entre autres choses, Léonard Gianadda est connu grâce à la Fondation Pierre Gianadda qu’il a créée il y a plus de trentecinq ans. Il se retourne aujourd’hui sur les «premières fois» qui ont jalonné un parcours hors du commun.

Propos recueillis par Estelle Baur La première fois que vous avez été ému par une œuvre d’art?

L.G. C’était en 1950. J’avais tout juste 15 ans. Ma mère nous avait emmenés, mes frères et moi, en Italie, à l’occasion de l’Année sainte. Nous avions visité Rome, Florence et Naples. Je me souviens tout particulièrement de l’émotion ressentie à Florence, en découvrant le «David» de Michel-Ange, exposé devant le Palazzo Vecchio. Cette sculpture m’a fasciné. Quel a été votre premier choc esthétique?

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ARTS VISUELS

L.G. Ce premier voyage m’avait marqué. Je suis retourné seul durant trois mois en Italie, en 1952, et c’est en visitant un musée que j’ai fait la connaissance de Ken, un Américain, professeur d’histoire de l’art et pianiste, avec qui j’ai noué une solide amitié. Il m’a fait découvrir les

Etats-Unis pendant quatre mois, en 1953, mais il m’a surtout initié au monde de l’art. Je suis resté en contact avec lui régulièrement, jusqu’à son décès, en 2007. Votre premier achat d’œuvre d’art?

L.G. Encore collégien, j’avais acheté une gravure de Hans Erni que j’ai toujours gardée. C’était une dépense importante pour l’époque, surtout en regard des moyens dont je disposais. Ce n’est que bien plus tard que je me suis lié d’amitié avec Hans et Doris Erni, son épouse. Je fais aujourd’hui partie du conseil de la fondation qu’ils ont créée à Lucerne. La première fois que vous avez entendu un opéra?

L.G. C’était à Naples, en 1952: «Aïda», de Verdi. J’ai revu cet opéra plus d’une centaine de fois par la suite et je


Marcel Imsand

Jean-Pierre Wiswald

Roger Dorsaz

EN IMAGES

PARMI SES FILMS...

1954

1954

Août 1957

Juin 2003

Voyage en Italie dans les arènes de Vérone avec toute la famille Gianadda.

Léonard est passionné de photographies. Ici avec son premier appareil qui avait l’avantage d’être bon marché.

A Moscou sur la Place Rouge. Léonard Gianadda ramènera des reportages publiés dans les journaux de Suisse romande.

Avec Annette sa femme, Léonard Gianadda en habit d’académicien.

l’apprécie toujours davantage. Votre premier rapport à la photographie?

L.G. Dans les années 1950, j’ai parcouru de nombreux pays, souvent avec mon frère Pierre. Nous avons notamment effectué ensemble, en voiture et durant quatre mois, le tour de la Méditerranée. Puis j’ai visité la Birmanie, les Indes, «La première fois que l’Afrique, j’ai été ému par une l’Amérique… œuvre d’art? En décou- Quand j’étais vrant le «David» de encore étuMichel-Ange, exposé diant, j’en radevant le Palazzo menais des Vecchio. Cette sculpphotograture m’a fasciné...» phies. Des articles étaient régulièrement publiés dans la presse locale, romande et suisse.

me rappellent mon enfance et une certaine tradition familiale. Je vais encore de temps à autre chez mes cousins d’Italie, à Curino, pour perpétuer ces traditions. La première fois que vous vous êtes dit «ça, c’est une réussite!»?

L.G. Je n’en sais rien. La vie m’a beaucoup gâté et j’ai le sentiment que la réussite m’accompagne depuis septante-sept ans. Votre première désillusion?

L.G. Les premières désillusions sont associées à la perte d’êtres chers, de membres de la famille ou d’amis qui nous sont proches. Pour le reste, quand quelque chose ne marche pas comme prévu, je remets l’ouvrage sur le métier et cela finit généralement par porter ses fruits. Votre premier amour?

L.G. Ma mère, bien sûr, comme tous les enfants.

Votre premier appareil photo?

L.G.Dans les années cinquante, j’avais un appareil très sommaire. Il s’agissait d’une grosse boîte noire, plutôt encombrante, qui avait surtout l’avantage de n’avoir pas coûté trop cher.

Votre première fierté en tant que père?

Votre premier choc culinaire?

La première question que les gens vous posent, lorsqu’ils vous rencontrent?

L.G. Je ne parlerais pas de «choc culinaire». J’ai toujours aimé et j’apprécie encore une bonne soupe aux légumes, un risotto ou une polenta cuite au feu de bois, comme le faisaient ma grand-mère et ma maman, avec la morue séchée ou la saucisse au riz typique du Piémont. C’est sans doute parce que ces goûts

L.G. Il n’y a pas de «première fierté». Elle commence à la naissance des enfants et croît au fil des années. Le temps qui passe resserre les liens.

L.G. «Et après vous?» Evidemment, la question est généralement posée de manière moins brutale, mais ceux qui me demandent ce que deviendra la Fondation lorsque je ne pourrai plus m’en occuper sont de plus en plus nombreux.

Profil 1935 Naissance à Martigny 1960 Il obtient son diplôme d’ingénieur civil de l’EPFL 1978 Inauguration de la Fondation Pierre Gianadda à Martigny, en souvenir de son frère mort accidentellement en 1976 2010 Inaugurationde la Fondation Annette Gianadda Jusqu’au 25 novembre 2012 Présente la collection Merzbacher avec des œuvres deVan Gogh, Kandinsky et Picasso, à la Fondation Pierre Gianadda

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ARTS VISUELS


dr

PRIX CULTURELS à quoi servent-ils? RECONNAISSANCE Depuis 1980, l’Etat du Valais récompense les créateurs les plus méritants du canton. Qu’apportent concrètement ces distinctions aux artistes? Etat des lieux. Jean-François Albelda

e Valais n’a vraiment pas de quoi rougir de ses artistes… Au contraire.» Lorsqu’on passe en revue la longue liste des lauréats valaisans du Prix culturel depuis 1980, l’assertion de la conseillère culturelle Muriel Constantin Pitteloud prend une réalité très tangible... Jean Daetwyler (1981), Albert Chavaz (1984), Maurice Chappaz (1985), Tibor Varga (1993), Pierre Mariétan (1999), Oswald Ruppen (2004), Carole Roussopoulos (2009) ou Erika Stucky (2010), tous ces noms ¬ parmi cette liste non exhaustive ¬

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«Avec nos prix, nous essayons de donner aux artistes un ancrage dans le canton.»

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DOSSIER

Muriel Constantin Pitteloud, conseillère culturelle de l’Etat du Valais.

témoignent d’un grand rayonnement. Et de la fertilité du terreau artistique cantonal, que l’Etat entend cultiver au mieux. Trois types de prix A l’origine, en 1980, cette démarche de distinction coïncidait avec la création du Conseil de la culture, qui s’est vu alors attribuer un budget pour le soutien des activités culturelles. Au fil du temps, le Valais a adopté en 1996 la première loi cantonale sur la promotion de la culture, puis s’est doté du Service cantonal de la culture en 2005. Aujourd’hui, afin de couvrir et soutenir au mieux tout le champ de la pratique artistique, l’Etat dispense trois types de prix. «Le Prix culturel de l’Etat du Valais est un prix de consécration», explique Muriel Constantin Pitteloud. «Doté de 20 000 francs, il est décerné à une personne ayant déjà une carrière conséquente derrière elle. C’est la reconnaissance d’un parcours dans son entier.»


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EN DATES

LES LAURÉATS DU PRIX CULTUREL DEPUIS 1980

1985 Maurice Chappaz 1980 Marcel Michelet, écrivain 1981 Jean Daetwyler, musicien 1982 Christine Aymon, plasticienne 1983 Pierre Imhasly, écrivain 1984 Albert Chavaz, peintre 1985 Maurice Chappaz, écrivain 1986 Hans Loretan, sculpteur 1987 Maurice Zermatten, écrivain 1988 Michel Desfayes, ornithologue

1993 TiborVarga 1999 Pierre Mariétan 1989:TheoImboden,artisteverrier 1990 Georges Borgeau, écrivain 1991 Jean Suter, architecte 1992: Margrith Fialovitsch, violoniste 1993 Tibor Varga, violoniste 1994 Egidio Anchisi, botaniste 1995 György Sebök, pianiste 1996 Gérard de Palézieux, peintre et graveur 1997 Gottfried Tritten, peintre 1998 Oberwalliser Spillit

Le deuxième est un Prix d’encouragement (10 000 francs), qui va à trois personnalités en pleine ascension. «Ce sont des artistes qui ont fait leurs preuves, qui sont dans une lancée, et que l’Etat encourage ainsi à poursuivre leur démarche.» Et depuis l’an dernier, une troisième récompense (10 000 francs également) est attribuée. «Le Prix spécial permet de reconnaître les «travailleurs de l’ombre» du monde de l’art; scénographes, ingénieurs son ou lumière, ou personnalités très actives en coulisses dans le développement culturel du canton.» Les coulisses de l’attribution Les critères de sélection ou d’attribution ne sont pas figés, comme l’explique la conseillère culturelle. «Nous n’avons pas fixé de limite d’âge, ou autre... Selon la discipline, la carrière peut débuter plus ou moins jeune. A titre d’exemple, les écrivains éclosent généralement plus tard que les artistes visuels. Notre choix dépend plutôt d’une appréciation globale du parcours, des lieux où l’artiste a joué ou exposé, des projets…» Concrètement, chaque année, les différents membres du Conseil de la culture font différentes propositions, puis les lauréats sont élus lors d’un processus de vote. Ces choix sont alors soumis au Conseil d’Etat qui les valide ou non. «En général, les choix s’imposent…» La conseillère culturelle cite la comédienne Barbara Heynen,

2009 CaroleRoussopoulos

1999 Pierre Mariétan, compositeur 2000 Jean-Paul Darbellay, architecte 2001 Oberwalliser Volkensemble; Christine Vouilloz 2002 Pierrette Micheloud, écrivain 2003 Chœur Novantiqua 2004 Oswald Ruppen, photographe 2005: Pierre Loye, peintre

qui s’est fait un nom à Berlin, ou la danseuse Natacha Balet, reconnue à Paris, toutes deux ayant été distinguées cette année. «Il peut, ceci dit, y avoir une certaine frustration parfois. Car il arrive que des personnes méritantes n’obtiennent pas de prix, étant trop avancées dans leur parcours pour un prix d’encouragement, et pas encore assez pour un prix culturel.» Bénéfices et enseignements Les prix culturels sont donc, pour l’Etat du Valais, une façon de prendre le pouls de la création dans le canton, et, plus loin, de lui permettre de battre sur la longueur. «Nous aimons bien analyser les parcours des artistes récompensés, voir, par exemple, ce qu’il advient des lauréats du Prix d’encouragement. Pour la grande majorité d’entre eux, ils se sont développés, ont évolué. C’est le signe que nos choix étaient bons.» En se penchant sur ces trajectoires, Muriel Constantin Pitteloud constate encore «qu’un artiste ne peut plus aujourd’hui rester uniquement en Valais s’il veut vivre de son art et le développer.» L’exode culturel, une fatalité peut-être, mais plus encore une richesse hors frontières. «Ce que nous essayons de faire avec nos prix, nos soutiens et nos bourses, c’est de donner aux artistes un ancrage dans le canton, même s’ils travaillent ailleurs. Ainsi, ce patrimoine, le Valais ne le perd pas, malgré la distance…»

2006: Angel Duarte, peintre-sculpteur 2007 Heidi & Peter Wenger, architectes 2008 Christine Aymon, artiste plasticienne 2009 Carole Roussopoulos, réalisatrice vidéo 2010 Erika Stucky, musicienne chanteuse-performeuse 2011 André Raboud, sculpteur 2012 Norbert Carlen, musicien

LES PRIX 20 000 fr. pour le Prix culturel du Valais.

3 x 10 000 fr. pour les Prix d’encouragement.

10 000 fr. pour le prix spécial.

+ INFO www.vs.ch/culture

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DOSSIER


PRIX CULTURELS

QUE PENSENT LES LAURÉATS?

Comment les artistes vivent-ils l’attribution des prix? Quel impact ces récompenses ont-elles surleursparcours?Quatrecréateurs distingués donnent leur sentiment. ERIKA STUCKY, PRIX CULTUREL 2010 «Je travaille essentiellement à l’étranger. Sur 100 concerts, je dois en faire cinq en Suisse. Mais c’est magnifique de sentir cette reconnaissance dans son propre pays, son propre canton. C’est un peu comme quand ton père te pose sa main sur l’épaule et te dit que tu as fait quelque chose de bien. Ça fait longtemps que je tourne et je vois qu’on commence à savoir ce qu’elle fait cette Stucky... (rires). La mentalité suisse, montagnarde, est faite de pudeur et de distance. Les gens sont peut-être fiers de leurs artistes, mais le disent peu. Dès que ces derniers sont reconnus hors frontières, ils osent plus affirmer leur soutien. Je pense que les artistes valaisans ont une force, une rage... Peut-être parce qu’il faut, pour faire carrière, se battre contre les montagnes, les coutumes. Ne pas avoir peur...»

«C’est magnifique de sentir cette reconnaissance dans son propre pays, son propre canton.» Erika Stucky

Née en 1962 à San Francisco, elle réside depuis 1971 à Mörel, dans le Haut-Valais. Ses talents de performeuse inclassable lui ont donné une aura mondiale. www.erikastucky.ch

JULIE BEAUVAIS, PRIX D’ENCOURAGEMENT 2011

Lisa Biedlingmaier

«Au-delà de cette très touchante reconnaissance du canton, ce prix tombait très bien, car il va me permettre de prendre du temps de recherche, de création, sans devoir enchaîner tout de suite sur un nouveau projet. La démarche de l’Etat est juste. Elle aide à nouer des liens qui sont parfois difficilesàmaintenirquandontravailleàl’étranger,àétablirun rapport de confiance dans la durée et dans la liberté. Nous pouvons travailler et vivre ailleurs, et revenir monter des projets en Valais avec plaisir, sans nous sentir redevants ou obligés. C’est intelligent.»

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DOSSIER

Née en 1978, son parcours l’a emmené à Chicago, Genève, au Nicaragua, Danemark, Brésil, Mongolie... Depuis 2006, elle met en scène des opéras. Le dernier en date est «Alcina», à la FermeAsile de Sion. blog.juliebeauvais.com


Olivier Maire

Nici Jost

ANDRÉ RABOUD, PRIX CULTUREL 2011 «Après quarante-deux ans de bons et loyaux services pour la cause artistique, ce prix n’a pas réellement été une surprise, mais il m’a enchanté. D’autant que j’habite aujourd’hui sur le canton de Vaud. Mais je suis Valaisan dans l’âme et je l’ai toujours clamé. Le prix n’a pas eu d’incidence directe sur mon travail ou mes acheteurs. Mais il contribue à ouvrir le regard des gens ¬ en Suisse romande ¬ sur la sculpture, qui a longtemps été le parlent pauvre de l’art. Les choses évoluent depuis quelques années dans ce domaine... Je trouve encore que les prix d’encouragement sont une excellente chose, car cette reconnaissance donne la motivation qu’il faut à des artistes en devenir pour poursuivre dans la voie qu’ils ont choisie. Et qui n’est de loin pas une voie facile...» Né en 1949 à Strasbourg, il s’installe dans la région de Monthey à l’âge de 17 ans. Ses sculptures imposantes l’ont conduit à New York, au Japon ou au Brésil. www.andreraboud.ch

CLAUDE BARRAS, PRIX D’ENCOURAGEMENT 2007 «C’est un métier un peu difficile, avec pas mal d’administratif en solitaire... Ce prix est arrivé alors que je développais un projet de long métrage, qui est à présent en cours de financement, dans une période assez fragile. C’est sûr, ça donne confiance, on se sent porté... Sans cela, je n’aurais peut-être pas poursuivi ce projet. Je travaille aujourd’hui à Lausanne, mais à terme, je me pose la question de la possibilité de monter une structure en Valais. Je reste très attaché à mon canton.»

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dr

Né à Sierre en 1973. En Suisse romande, il a fait œuvre de pionnier dans le cinéma d’animation. On lui doit les très remarqués «Banquise» (2005) et «Le Génie de la boîte de raviolis» (2006). Il travaille au sein du collectif Helium Films à Lausanne. J-FA www.heliumfilms.ch

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«Paysage de dos» Agnès Wyler / Katrin Hotz Curatrice: Véronique Ribordy. Sons: Patrick Peikert. Jusqu’au 24.11.2012 Carte blanche à un artiste valaisan - Lou Schmidt. Du 14.12.2012 au 10.2.2013 VisAges. Une exposition en lien avec le festival de film «VisAges». Du 22.2 au 31.3.2013 Printemps du Manoir. Du 13.4 au 19.5.2013 Le Manoir de la Ville de Martigny - Place du Manoir1 - 1920 Martigny

www.manoir-martigny.ch

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DOSSIER ©Agnes Wyler


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Editions Zoé.

2000 Création de la Fondation Arditi, qui octroie des prix à l’Université de Genève et à l’EPFL. 2004 Premier roman, «VictoriaHall» (Editions Pauvert). Sa carrière d’écrivain est lancée. 2011 «Le Turquetto» (Editions Actes Sud) est un grand succès critique et public

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LITTÉRATURE e in e a tr

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C o n t a c t

M a r i e

P a u l e

A n f o s s o

notre gauche, Metin Arditi, physicien, mécène, homme d’affaires établi à Genève, venu à l’écriture sur le tard, et qui connaît un grand succès d’édition. A notre droite, Bastien Fournier, Valaisan, professeur au collège et écrivain reconnu, tant pour ses romans que pour ses pièces de théâtre, mais peu vendeur. Deux univers pour une passion commune. Entre les deux écrivains, nulle envie de croiser le fer, mais plutôt un respect mutuel. Il s’agit ici de leur première rencontre, sur une terrasse à Morges, organisée en vue de disserter sur la condition de l’écrivain, la place que tient l’écriture dans leur vie, leurs motivations respectives...

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M P A

C o m m u n i c a t i o n s

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Comment êtes-vous arrivés à l’écriture? M.A. J’ai eu le virus de l’écriture pendant

l’adolescence et pendant mes années d’internat. Tout ce qui touchait aux arts ¬ l’écriture, le théâtre, la musique aussi, mais moins ¬, c’était une activité essentielle. C’était une occasion de vivre des émotions dont nous étions dépourvus en internat. Après, j’ai fait mes études, je suis entré dans les affaires, etc. Et, à l’âge de 50 ans, par le hasard des circonstances, si on peut parler de hasard, je me suis mis à écrire. B.F. Pour moi, c’est assez direct. J’ai découvert l’écriture à l’école, finalement. J’ai été ému, touché, et j’ai eu envie d’imiter, tout simplement. Tout de suite, je me suis dit que c’était quelque chose d’important dans mon existence, et, après, j’ai organisé ma vie autour de ça... J’anime aussi un groupe de théâtre scolaire. En fait, j’ai l’impression de vivre dans les lettres... M.A. Vous n’avez pas quitté. Moi si, et je suis revenu... B.F. Voilà. Mais peut-être qu’il faudrait quitter, peut-être qu’il y a un éloignement nécessaire. A voir, je ne sais pas, des fois je me dis qu’il en va peut-être de ça comme du reste, il n’y a pas de modèle juste... Le pourquoi? Je


deux regards

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Photos Louis Dasselbone

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ne le sais pas, du moins pour le début. Maintenant, Metin Arditi c’est parce que j’ai commencé! (Rires.) C’est peut-être aussi un contrepoids à nos soucis du quotidien. Je suis en train de découvrir tout ça, je suis un jeune auteur... M.A.Moi aussi!

«En fait, plus on écrit, plus c’est facile d’écrire n’importe où.»

Quelle influence a votre lieu de résidence sur votre production littéraire? M.A. Il y a au moins une chose qui est cer-

taine, avec une exception, «Le Turquetto», tous mes livres passent par Genève, et même si je

suis édité de manière prépondérante en France pour l’écriture romanesque. C’est sans calcul, c’est simplement parce qu’on écrit toujours au plus près de soi. Mettre des éléments en scène dans tel arrondissement parisien me semblerait ridicule. Sur le fond, les thèmes restent les mêmes, ce sont ceux qu’on porte en soi... B.F. Oui, on aime à Genève et on aime à Londres! Etes-vous disciplinés dans l’écriture? B.F. J’écris quand je peux... M.A. J’ai quelques moments de respira-

tion, mais c’est rarissime; j’ai toujours sur moi un cahier et dès que j’ai quelques minutes, j’écris. Je ne lâche jamais mes personnages. En fait, plus on écrit, plus c’est facile

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LITTÉRATURE


DANS LEUR BIBLIOTHÈQUE

À LIRE

«Pholoé», Editions de l’Aire. Guidée par ses sens Bastien Fournier narre les aventures d’une adolescente en mal de sensations, qui se lance dans une quête initiatique, à la recherche de plaisirs charnels. Un livre qui invite à la démesure, une forme d’hymne à la vie et d’appel à la joie.

d’écrire n’importe où. C’est comme les dates dans les cours d’histoire: plus on connaît de dates, et plus c’est facile de se souvenir des autres, parce qu’on a des points de repère. B.F. Est-ce que j’écris partout?... Non. Je me suis remis à l’écriture à la main, parce que

«J’ai l’impression de vivre dans les lettres.» Bastien Fournier

BastienFournier 1981 Naissance à Sion 2000 Prix international des jeunes auteurs 2006 Prix de laVille de Sion 2006 Parution de «Salope de pluie»,

je n’en pouvais plus d’être devant un ordinateur... Quelle question aimeriez-vous poser à l’autre? M.A. Où est-ce que vous vous voyez dans

dix ans? B.F. ... Je ne me vois pas dans dix ans! Je

«Prince d’orchestre» Editions Actes Sud. Arditi connaît la musique Le dernier roman de Metin Arditi se déroule dans le milieu de la musique classique cher à l’auteur. La chute d’un chef d’orchestre ¬ happé par les conventions et rattrapé par les blessures du passé ¬ racontée avec finesse par l’écrivain.

sais comment je ne me vois pas dans dix ans. Il faut quand même qu’il y ait un peu d’inattendu, alors j’essaie de rester ouvert... J’aurais plein de questions... Vous dites que chez vous le lien entre la musique et l’écriture est moins fort que ce qu’on pourrait croire, et pourtant vous parlez beaucoup de musique dans vos livres... M.A. Oui, mais c’est presque anecdotique, c’est souvent un prétexte. Mais il y a un lien très fort avec l’écriture elle-même: la musique est pour moi une partie prépondérante de l’écriture. Quand j’écris, je me lis toujours à haute voix, et c’est le test le plus cruel qui soit pour un texte, parce qu’on voit tout de suite toutes les inconsistances qui montent en surface. Un beau texte est un texte qui se lit très facilement. En cela, la musique m’a beaucoup aidé. Mais mon activité dans la musique est sur un autre plan. JJ

(Editions de l’Hèbe)

2006 «La ligne blanche et Genèse 4»,théâtre, aux Editions Faim de siècle.

2007 Bourse et atelier de Berlin de l’Etat duValais 2008 Roman «Le cri de Riehmers Hofgarten», aux Editions

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LITTÉRATURE ARTS VISUELS

Photos Louis Dasselbone

de l’Hèbe.


Sacha Bittel

Une balade avec

Valentin Carron Le Valaisan représentera la Suisse à la biennale de Venise en 2013. Il nous emmène en promenade dans la région de Martigny et livre au passage quelques réflexions sur la vie, l’art, le plaisir de laver sa voiture ou de grapiller dans sa vigne. Véronique Ribordy

u Kunsthaus d’Aarau, pour l’exposition «La Jeunesse est un art», Valentin Carron a envoyé deux vélomoteurs remis à neuf. «Ciao», l’adolescence, bonjour, l’âge de la maturité. Le Valaisan a fait le tour des symboles de sa jeunesse à l’heure de représenter la Suisse à la biennale de Venise. Ces vélomoteurs rappellent les skibobs, ces emblèmes d’un art de vivre disparu avec la fin des années 60, que Valentin collectionnait à sa sortie de l’Ecole d’art de Lausanne. Ces objets rapidement devenus désuets renvoyaient aux vacances chics à la neige, à Bécaud et Michèle Morgan dans leurs pull-overs en jacquard, invités pour une raclette dans un carnotzet d’hôtel. Un passé de vignette touristique, déjà un peu beauf. Notre beauf-attitude, Valentin Carron est très fort pour nous la mettre sous le nez. Par ici, dans ses Alpes qu’il revisite avec cynisme et ma-

A

lice, il énerve ou fait rire. Quand son discours prend un peu de distance avec cet humour grinçant, son travail laisse alors apparaître une réflexion cohérente et intelligente autour de l’identité, le faux et l’authentique, le local et l’universel, le beau et le laid, le pouvoir et la répression. Son esthétique est glaçante. Elle revisite le minimalisme, avec un je ne sais quoi de désespéré et de radical. Couleurs primaires En 2007, le Valaisan présentait à Zurich, où le temps est de l’argent, des tableaux aux couleurs primaires (jaune, rouge, bleu) sur lesquels trottait l’aiguille d’une horloge. En 2008, il investissait Milan la catholique avec des alignements de croix latines, jaunes, rouges ou bleues. En 2009, à Zurich toujours, il montrait des grands dessins géométriques réalisés en métal, en réalité des motifs de grilles.

«En art, il faut être conscient de l’importance de chaque geste.»

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ARTS VISUELS


«Une usine, ce n’est pas l’image habituelle du Valais. J’aime ce lieu. Les usines d’emballage Moderna racontent l’histoire industrielle de Vernayaz. Aujourd’hui, cette zone déshéritée pourrait être n’importe où, à Brooklyn ou ailleurs. Des artisans s’y installent. Il y a une forge, peut-être que je pourrai y faire réaliser des pièces... En tout cas, j’aimerais avoir un atelier ici. Il y a déjà une jeune société de design industriel, Projet Hidalgo, qui a dessiné une de mes sculptures, achetée par la ville de Zurich pour son espace public. Cette sculpture en bronze fonctionne comme une pompe à eau.

«Mon véritable atelier, c’est ma voiture. C’est là que je rencontre des pièces possibles. La voiture est un très bon poste d’observation. J’aime cette idée désuète de la vitesse, du mouvement. La voiture incarne encore une forme de liberté. Pour le musée d’Aarau et son exposition «La Jeunesse est un art», j’ai restauré des vélomoteurs Ciao». «Laver sa voiture à la main, c’est un rituel qui t’ouvre les portes d’une caste et te fait rencontrer des gens. C’est comme un baptême, un acte d’humilité. Tu repars propre et neuf pour une nouvelle semaine. C’est très Suisse».

En 2009, à Murcie, il présentait d’énormes tableaux gris, à la surface granuleuse, percés de formes carrées et rectangulaires. Là où le public voyait de puissantes compositions ins-

«L’art contemporain? Je n’aime pas ce terme. On fait de l’art, ou on n’en fait pas.» PROFIL

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ARTS VISUELS

1977 Naissance à Martigny, où il vit et travaille. 1992-1999 Ecole cantonale des beaux-arts, Sion et Sierre. 1997-2000 Ecole cantonale d’arts appliqués, Lausanne. Quelques jalons: 2006 Swiss Institute NewYork 2007 Kunsthalle Zurich 2009 Centre culturel suisse Paris, 2010 Palais de Tokyo, Paris.

pirées par le minimalisme, un spectateur valaisan ne pouvait pas ne pas reconnaître un mur de grange. Ironie bien tempérée Valentin a souvent pompé dans le répertoire des formes locales, quitte parfois à copier intégralement des sculptures placées dans l’espace public par des édiles disparus. Il n’y a pas que de l’ironie à refaire, souvent avec beaucoup de soin, des pièces qui ont eu leurs heures de gloire dans un passé proche. On peut aussi y voir un effort de mémoire, une réflexion sur l’aspect éphémère de certaines formes artistiques, de la renommée, de la vie elle-même.

«La place Centrale de Martigny, c’est un peu ma matrice. C’est là que mes amours se sont faites et défaites. Mes amitiés s’y inscrivent dans la durée. J’y passe mes soirées. J’aime les soirées de jazz au Diagonal Bar, les premiers jeudis du mois. La place, je la regarde aussi depuis chez moi. Mon appartement est un poste d’observation parfait. C’est une belle place, bien équilibrée. Elle me rappelle les peintures de Giorgio De Chirico, ces places à l’italienne, avec leurs perspectives. Je suis très content que la ville l’ait dégagée et améliorée».

Cet art violent et sobre ne livre pas tout de suite sa beauté. D’ailleurs, la beauté, Valentin juge que c’est une valeur «importante mais relative. Chacun en a sa propre interprétation. Beauté du geste, du sujet, de la texture. Beauté du sens, de l’ambiton. Tout ça se mélange». Avec les années, l’esthétique de ses pièces s’est affirmée et radicalisée, tout comme sa vision de l’art. Ainsi l’art n’aurait rien à voir avec un lieu d’échange ou de discussion, avec lequel on veut trop souvent l’associer. «L’art, estime Valentin, est au-dessus de ça. Il se vit dans un rapport privé, intime et personnel, tout en permettant de se sentir relié au monde.» Voilà une affirmation qui rappelle une autre conversation, plus ancienne, quand Valentin affirmait que «les expositions ne sont pas pour les enfants». L’art a besoin de lieux spécifiques, construits dans ce but, avec une «programmation typée et singulière, capable de déplacer le public même dans une région périphérique». Suivez son regard. Quand il arrive adolescent à l’Ecole d’art du Valais à Sion, Valentin Carron n’avait jamais mis les pieds dans un tel lieu. Il était «ignorant de tout», et il faut bien le dire «rempli de rage»; l’école de Walter Fischer lui a ouvert le monde


Sacha Bittel

SES ŒUVRES 2008 «Luisant de sueur et de brillantine», Viafarini DOCVA, VIR Viafarini-in-résidence, Milan.

2009 «Clair matin II», polystyrène, fibre de verre, résine et acrylique,Gallery 303, New York.

«Le Valais, c’est un peu mon maquis. J’ai grandi à Fully. Le magasin de mon père était la première exposition que j’ai vue; c’était comme une galerie, où les cheminées tenaient lieu de sculptures... Mon père dessinait certaines de ses pièces, des cheminées, des barbecues.»

«Ma vigne, j’en suis fier. Je vais construire là, à Fully, à côté de la maison de mes grands-parents. C’est un retour aux sources.»

des livres et de la grande histoire de l’art. Le peintre Alois Lichtsteiner, de dix-sept ans son aîné, lui apprend «à ne pas faire les choses gratuitement, à prendre conscience de l’importance de chaque geste». Le Fulliérain y voit aujourd’hui une exigence fondamentale: «Quand tu as 20 ans et 500 ans de peinture derrière toi, c’est important de savoir à qui et à quoi tu te réfères.» Repéré par Pierre Keller, il réussit son concours d’entrée à l’Ecole d’art de Lausanne: «Je faisais des peintures tristes, des photos de fruits et de légumes... Lausanne, ça m’ouvrait de nouveaux horizons.» Valentin rencontre les artistes John Armleder et Sylvie Fleury, Lionel Bovier, éditeur, fondateur des éditions JRP Ringier; il expose avec Mai-Thu Perret et sa route croise bientôt celle de jeunes curateurs, Fabrice Stroun, désormais directeur de la Kunsthalle de Berne, ou Giovanni Carmine, devenu directeur de la Kunsthalle de Saint-Gall. Le Tessinois sera le commissaire de son pavillon à la prochaine biennale de Venise. La biennale n’a pas toujours été tendre pour les artistes. Valentin Carron veut se montrer confiant. Tout serait question d’envie et d’ambition: «Il faut avoir envie. L’envie, c’est ce qu’il y a de plus difficile, cela implique des choix, des sacrifices. Le reste, tout le monde peut y arriver.» VR

2009 «Sans titre», sculpture pour Art Basel, Bâle.

SON ACTU 2012 On peut voir des pièces de lui au Kunsthaus d’Aarau, à Art in the City à Zurich, pendant la FIAC à Paris en octobre, au Museion de Bolzano jusqu’en janvier etc. 2013 Valentin Carron représentera la Suisse à la biennale de Venise. Il occupera le pavillon suisse dans les Giardini. Il sera aussi invité à la Kunsthalle de Berne pour une exposition personnelle.

2010 Vue de l’installation au Palais de Tokyo, Paris

2012 «The dirty grey cube (you) turns around sadly and screams at us (he) «ca-tarac-ta», vue de l’exposition à la Gallery 303, New York.

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ARTS VISUELS


de

VALÈRE sion

PUBLICITÉ

THÉÂTRE

CARTE BLANCHE à Balthazar Lovay Artiste plasticien

SEPTEMBRE

Ma 25 – Eclats de vie par Jacques Weber OCTOBRE

Me 10 – L’Echange de Paul Claudel Je 18 – Prosper et George de Gérard Savoisien Ma 23 – La Promesse de l’Aube d’après Romain Garry NOVEMBRE

Ve 9 – Astor Piazzolla, Concerto pour bandonéon, guitare et orchestre à cordes Je 15 – Quatre à 4 de Michel Garneau Je 22 – Refraction et Rasa, chorégraphies d’Alonzo King à Monthey Ma 27 – Le Grand cahier d’Agotha Kristof DÉCEMBRE

Ma 4 – Le Tour du monde en 80 jours d’après Jules Verne Me 12 – RocCHipédia par Massimo Rocchi – Humour Je 20 – Così fan tutte d’après l’opéra de Mozart JANVIER

Di 13 – Sept Quatuors Cataï de Guy Kummer-Nicolussi Je 17 – Noces de carton par Bergamote – Humour Je 24 – Le Combat ordinaire d’après Manu Larcenet Di 27 – Stabat Mater et autres regards sur Marie par Marquis de Saxe FÉVRIER <wm>10CAsNsjY0MDA20zUzszA3NAIA45UKnw8AAAA=</wm>

Ve 1er – Quelqu’un qui vous ressemble d’Ahmed Dich <wm>10CE2Lqw7DMBAEv-isXT_W5x6MwqKAqtykKs7_o6RBAUNGM9sWLeFmWffP-g4CRSZ5Z47sJVW18MrkIzDIDOYX1VC6LvXMrQgg-_w3BhnrpAxuFbNzzGvW7TDQ0vH9nbSG5RB_AAAA</wm>

Me 6 – Marie-Thérèse Porchet 20 ans et toutes ses dents! Je 7 – Marie-Thérèse Porchet 20 ans et toutes ses dents! Di 17 – Récital de piano de Frank Braley Di 24 – Les Ours dorment enfin de Geneviève Billette Je 28 – Bien au-dessus du silence MARS

Ve 8 – La Main qui ment de Jean-Marie Piemme à Martigny Sa 9 – La Main qui ment de Jean-Marie Piemme à Martigny Je 14 – Pagagnini – Humour musical Ve 22 – 84 Charing Cross Road de Helene Hanff Me 27 – Le Porteur d’histoire d’Alexis Michalik

a maison se découpe de nuit dans la lumière des projecteurs. C’est un bâtiment bizarre et familier qui n’a pas d’autre prétention que de répondre à un nouveau besoin de place, d’ordre, de rangement. C’est une architecture de rajouts, sans architectes, sans plan, sans planification, sans style ni dessin. Balthazar Lovay a réuni plus de 250 images de ces maisons qui apparaissent et disparaissent du paysage sans que personne ne se soucie d’en garder la trace. Alors que les anciens mazots, grangesécuries, raccards d’avant l’ère industrielle sont inventoriés, ces constructions neuves et bâtardes n’ont pas encore droit au chapitre. En Valais, les artistes ont été parmi les premiers à s’être intéressés à la modernité, aux nouvelles esthétiques et aux nouveaux codes. Edmond Bille intègre les usines de Chippis dans une «Danse macabre» dès la fin de la Première Guerre mondiale. Oswald Ruppen photographie une société en pleine mutation, entre mini jupe et costume traditionnel, à la fin des années 1960. La valse-hésitation du Valais ¬ image traditionnelle et/ou modernité? ¬ continue de questionner les artistes d’aujourd’hui. La nouvelle série de Balthazar Lovay, dont cette image est extraite, en est un bon exemple. Cette architecture vernaculaire, qui se réclame de formes traditionnelles et en même temps s’en échappe, reflète un contexte social. Le travail d’artiste de Balthazar Lovay se construit par séries successives. Entre 2008 et 2010, il a réalisé 300 dessins de formats différents sur le thème de l’abstraction et du dessin automatique. De 2010 à 2012, il s’est penché sur le monde du masque et des chapeaux de carnaval pour un voyage dans le temps plein d’humour et de pertinence. En 2011, il organise une exposition au Manoir de Martigny qui fait dialoguer des œuvres et objets de tous types et de toutes périodes. Ses séries semblent épuiser un thème autant qu’elles le transforment. Comme un travail d’historien ou d’archiviste qui aurait mélangé les sources et les classifications et provoqué des ensembles pervertis ou gonflés. Sauf qu’ici, ces immeubles mutants sont bien réels. VR

L

AVRIL

Je 11 – S underland de Clément Koch Ma 16 – Hors-la-loi de Régis Duqué Me 24 – Eric Antoine – Magie et Humour MAI

Ma 7 – Le Ravissement d’Adèle de Rémi De Vos Je 16 – In love with Federer à Sierre Ve 17 – In love with Federer à Sierre

2012 · 2013 saison

Abonnez-vous ! 027 323 45 61

EN BREF.... Naissance: en 1978 à Sion. Lieu de résidence: Montreux. Formation:ECAV (Ecole cantonale d’art du Valais), Sierre. 2004à2009 Programmateur des caves du Manoir. Depuis 2004, codirige Hard Hat à Genève, fondée avec John Armleder, Fabric Stroun, Lionel Bovier, Christophe Cherix et Jorge Perez. Hard Hat édite des multiples d’artistes et organise des événements artistiques. 2012 exposition collective à Karlsruhe en Allemagne (Ursula Blickle Stiftung); parade des chapeaux à Martigny (Palp festival) et Zurich (APNews); publication de Stroll, catalogue de l’exposition du Manoir, JRP Ringier, Zurich / Paris. En préparation: la publication d’environ 250 dessins.

POSTER et AGENDA à détacher


Carte blanche Ă Balthazar Lovay ÂŹ Culture magazine automne 2012


SIERRE «Nixe &

Obtus» . Pureté de l’équilibre ou équilibre de la pureté. Cindy Van Acker pratique la danse en calligraphe japonaise. Des danses jouant avec la lumière des néons, une plongée abyssale dans l’essence même du mouvement par deux danseuses en quête de grâce. Illusion d’optique, hallucination, l’œil du spectateur en reste encore longtemps imprégné.

theatre-les-halles.ch

«GIGI» BELLE DE NUIT Dans «Gigi» de Colette, la grandtante, la grand-mère et la mère de Gigi l’élèvent avec tous leurs soins. Mais l’éducation prodiguée par ces trois femmes, est très spéciale: ici on bannit l’amour tranquille des gens ordinaires dans le mariage. On prépare Gigi à la vie excitante des belles qu’on convoite dans les salons et qu’on admire dans les gazettes à scandale. www.lebaladin.ch

Tel un zoom sur une facette de l’Ecole de Savièse, l’exposition exclusive des dessins d’Edouard Vallet est réalisée en collaboration avec la famille de l’artiste. Processus menant à la peinture ou à la gravure: le statut polyvalent du dessin chez Vallet révèle la spécificité d’un aspect inédit de son art.

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18-19 octobre

DU ZOUC À L’ALAMBIC «Zouc forfait illimité», une pièce historique. Il y a trente-cinq ans, il y avait la télé noir-blanc, les compartiments fumeurs, l’URSS, le combat jurassien, les téléphones à fil, et puis Zouc. La «femme en noir », la «Suissesse drôle» a juste disparu, laissant des bribes d’elle-même ici ou là. Un contraste fracassant entre les années 70 et le monde contemporain. http://theatre-alambic.ch

MARTIGNY

Les 16 et 17 novem-

bre, Slideandsound marie sports de glisse et musique. Pour les concerts, Psy 4 de la rime, Puppetmastaz, Shaka Ponk, Round Table Knights, The National Fanfare of Kadebostany ou Kyasma, tout le programme sur:

23-24-25 octobre

LA PROMESSE DE L’AUBE

DANSE AU CROCHETAN

27 octobre

EIFFEL AU PONT ROUGE

La danse à l’honneur avec Cocoondance et la chorégraphie. Avec «Re-Play», Rafaële Giovanola a décidé d’explorer cette forme en s’inspirant du classique de Saint-Saëns, «La mort du Cygne», et d’en observer les conséquences visuelles, narratives et artistiques.

L’unique concert suisse d’Eiffel, le groupe bordelais, se tiendra au Pont Rouge. Emmenés par leur charismatique chanteur Romain Humeau, les français présentent leur sixième opus sorti le 18 septembre. Un alliage langue française et guitare électrique qui fonctionne à merveille.

www.theatredevalere.ch

www. crochetan.ch

www.pontrouge.ch

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2 novembre

NOLWENN ET LA BRETAGNE

Le Quatuor Amar se produira pour un concert exceptionnel à la salle de la Fondation de Wolff. Ces quatre virtuoses: Anna Brunner, violon; Igor Keller, violon; Hannes Bärtschi, alto; Peter Somodari, violoncelle, ont notamment déjà joué à Lucerne, Zurich, Londres et Saint-Pétersbourg. www.schubertiadesion.ch

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bouscule par des textes reflétant la dure réalité sociale et par une interprétation grave et claire dans «3ème temps». Il n’oublie pas non plus de mettre en slam quelques mots plus personnels, heureux ou bouleversants. On est entraîné par le rythme effréné de rimes fortes scandées par une voix inimitable.

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Roman Kacew est un gamin d’origine juive ashkénaze, né en 1914 à Vilnius, appartenant à l’empire russe. Elevé à la fois par une mère extraordinaire et envahissante, amoureuse de la France, il accomplira sa promesse. Il deviendra Romain Gary, héros de la guerre, consul de France, écrivain énigmatique aux identités multiples...

FONDATION DE WOLFF

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CULTURE

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23 octobre

2 novembre

www.slideandsound.ch

SAINTMAURICE Maître du slam, Grand Corps Malade nous

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9-10-11 novembre

LA GUITARE EN FÊTE

Nolwenn Leroy revient en Valais avec son dernier album «Bretonne». Bretagne et Valais, une même quête d’authenticité, une même chaleur humaine! Pour animer ce doux mélange, une artiste et les plus belles chansons bretonnes. Des musiques inscrites dans la pierre et les mémoires et qui mêlent passé et présent. www.theatredumartolet.ch

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14, 15 novembre

CONTES AU CHÂTEAU

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NOVEMBRE

www.ferme-asile.ch

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17-18-19 octobre

VALLET AU PÉNITENCIER

SION

Connue pour être la voix du Blue Apple Quartet et pour ses collaborations avec Hocus Pocus et Natural Self, Elodie Rama ose l’aventure d’un projet qui porte son nom.Elle est à la FermeAsile dans le cadre du festival Jazz Contreband. A partir de ces héritages, elle fabrique des chansons hybrides en français et en anglais entre le jazz, le blues, la soul américaine et les rythmes caribéens.

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Du 6 octobre au 6 janvier

8, 9, 10 novembre

ÉVOLUTION DUVALAIS A l’Aula FXB à la HES-SO de Sion, le cycle de conférences «La nature en Valais depuis la fin de la Dernière glaciation» grâce aux travaux des biologistes et des archéologues témoigne des connaissances précises sur les modifications de la végétation, ainsi que sur le développement de l’agriculture et de l’élevage durant ces dix mille dernières années.

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21, 22, 23 novembre

GUITRY AU BALADIN

Présenter un programme de haute qualité d’interprétation musicale, inédit et original, varié et attractif, à vocation pédagogique et divertissante à la fois. C’est dans cette perspective, et dans un esprit de convivialité et d’ouverture, que les initiateurs ont réuni des maîtres de la guitare reconnus pour animer ces journées.

Le château Mercier sera envahi par la fièvre des contes «Contretemps». Des pas et des mots en balance pour raconter des histoires d’hommes et de femmes qui tanguent entre passion et révolte, entre amour et douleur, entre joie et peine, et qui nous rappellent combien nos humanités tiennent en ce fragile équilibre.

Entrons dans le monde de Sacha Guitry avec «Tu m’as sauvé la vie». Un baron misanthrope se prend brusquement d’affection pour un clochard qui lui a sauvé la vie. L’entourage du baron n’apprécie guère cette nouvelle amitié, qui met en danger les divers espoirs intéressés de chacun.

www.sionguitare.ch

http://chateaumercier.ch

www.lebaladin.ch

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LES OCTOBRE

AGENDA


Du 29 novembre au 1er décembre, avec

«Pourquoi êtesvous pauvres?»,

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www.petitheatre.ch

www.crochetan.ch

www.labavette.ch

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Après «Luigi le berger» en 2005, le photographe Marcel Imsand revient à la Fondation Gianadda, dont il a été le photographe pendant des années. Hommage et rétrospective.

www.theatredevalere.ch

www.gianadda.ch.

www.crochetan.ch

SION

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21 décembre

www.theatredevalere.ch

22 et 23 décembre

CARRACK ROULE LES MECHANICS

La station service attend B9. Fondé en 2008, le collectif B9 réunit des musiciens et compositeurs actifs dr dans le domaine du jazz et des musiques improvisées. A la station, le collectif 9 présentera son nouveau projet «The Blues And The Abstract Truth», musique d’Oliver Nelson.

DÉBRANCHEZ ÀVEYRAS

Paul Carrack et le SWR Big Band se réunissent à Rarogne pour un concert de Noël. Le premier chandr teur des Mike & The Mechanics donnera un concert festif des chansons de Noël. C’est de circonstance.

Prenez tous les musiciens du Valais, mélangezles à leur convenance, faites-les dr interpréter des reprises bien tordues, et imposezleur de jouer en acoustique.Voilà la recette de l’Unplugged de Veyras 19e du nom. Incontournable!

www.musicranch.ch

www.art-sonic.ch

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Du 16 au 18 janvier

DE L’ARSENIC AU CASINO

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HOMMAGE À DIDEROT

BERGAMOTE

«Arsenic et vieilles dentelles» raconte l’histoire de Dorothy et Martha Brewster, deux délicieuses vieilles filles de Brooklyn qui louent à de vieux messieurs l’une de leurs chambres. Ceux qui s’y installent ne paient ni le gîte ni le couvert... ni la boisson, surtout pas la boisson! Tout est compris, et d’ailleurs ils ne restent jamais bien longtemps.

«Jacques et son maître», hommage à Denis Diderot en trois actes. L’intelligence et le plaisir. Bonheur d’un texte en état de grâce, qui nous enchante et nous rend plus heureux. Intelligence de deux pensées qui, à plusieurs siècles de distance, dialoguent, s’interrogent et s’amusent, dans une lisibilité absolue qui nous fait croire à la vie.

www.casinodesaxon.ch.

www.lebaladin.ch

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Créés au Théâtre de Valère en décembre 2007, les Sept Quatuors Cataï reviennent à Sion pour un récital exceptionnel après avoir connu une longue tournée en Suisse et en Europe. En italien médiéval, la Chine se dit Cataï. Ainsi, «cataia» est le nom donné à la soie par Marco Polo. Ces sept quatuors sont l’œuvre de Guy-Kummer Nicolussi.

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16 décembre

DU JAZZ À LA STATION SERVICE

Du 11 au 20 janvier

Compagnie Les Héros Fourbus, fable poétique et musicale pour deux marionnettistes, raconte les aventures de M. Victor, personnage rêveur et contemplatif habité par une curiosité simple et profonde. Il se demande où est l’Etranger. Sans jugement ni peur, il part à la recherche de cet endroit énigmatique... au P’tit théâtre de la Vièze.

LAVOIX D’IMANY

IMSAND CHEZ GIANADDA

Après ses récents passages à l’Olympia et au Paléo Festival, Imany fera une halte à Monthey. Partie à NewYork à 17 ans conquérir les podiums, Imany est la nouvelle coqueluche du public. Son timbre grave à la Nina Simone tourne en boucle sur les radios. Un succès qui a poussé son label à remettre en avant son premier album «The Shape of a Broken Heart».

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MONTHEY «L’étrange voyage de M.Victor» par la

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12 décembre

L’adaptation du roman de Jules Verne «Le tour du monde en 80 jours». Le flegmatique gentleman londonien Philéas Fogg parie avec ses collègues du Reform Club qu’il réussira à faire le tour de la Terre en 80 jours. Il se lance dans l’aventure, accompagné par Passepartout. Tous deux parviennent à relever cet insensé défi.

MONTHEY «De l’instant»

de la Compagnie Zevada explore les liens entre l’image et le corps. La danse s’inspire directement de l’émotion captée par le photographe Mario del Curto. Les corps s’affrontent jusqu’à l’absurde, entre réalité et fiction, humour et drame. A voir au Crochetan les 8 et 9 décembre.

12

Du 7 décembre 2012 au 3 mars 2013

LE TOUR DU MONDE ÀVALÈRE

Mathias Glayre et Fred Mudry se proposent de nous aider à trouver réponse, par une adaptation très libre, drôle et trash du livre éponyme de William T. Vollmann.

08

7

4 décembre

Du 2 au 4 août

LARCENET S’INTERROGE

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«Le Combat ordinaire» est le titre d’une série de bande dessinée française réalisée par Manu Larcenet. En racontant l’histoire d’un jeune photographe de presse s’interrogeant sur ce qu’il doit faire de sa vie, l’auteurdessinateur propose une réflexion unique sur le passage à l’âge adulte, l’amour, l’amitié, la famille, l’acceptation de soi le rapport au monde. www.letheatredevalere.ch

25, 26 janvier et 1er, 2, 8, 9, 15 février

«LE BABYSITTER»

«Noces de carton», dernier spectacle de Bergamote. Monique et Roger sont devenus un des duos les plus célèbres de Suisse romande avec leurs histoires de couple. Dans «Noces de carton», ils se retrouvent seuls à la maison.Tous les enfants sont partis. Le couple vieillit et le canapé est le témoin privilégié de leur transformation. Une histoire drôle et touchante.

JANVIER

SION

dr

29

DÉCEMBRE

CHOIX de la rédac

www.theatredevalere.ch

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«Bernie vient d’être quitté par sa femme qui, en prime, lui laisse leur bébé en «cadeau de rupture»! Il se met dès lors en chasse de LA babysitter idéale pour l’aider dans son nouveau rôle de père célibataire, mais après avoir auditionné plusieurs candidates, son choix se porte sur… Ludovic, UN baby-sitter, qui réservera pas mal de surprises à Bernie! www.casinodesaxon.ch

Du 28 janvier au 3 février

LADANSE DANS LES SCÈNES... «Midi à l’ombre des rivières». La Compagnie Opale convie à une expérience théâtrale itinérante, à travers différents espaces de jeu. Seul ou en petit groupe, le spectateur passe d’un lieu à l’autre et devient l’interlocuteur privilégié d’hommes et de femmes qui revivent le moment qui a bouleversé leur existence. www.crochetan.ch

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CULTURE


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ARTS VISUELS


HORIZONVILLE La station-essence Horizonville a inspiré Yann Gross de nuit. Pour lui, elle évoque quelque chose au loin que l’on ne peut pas vraiment percevoir, quelque chose de rêvé. Il a choisi d’intituler sa série du même nom.

VOYAGE à Horizonville Profil YANN GROSS Photographe vaudois, 30 ans.

YANN GROSS Le jeune photographe a réalisé un véritable roadtrip américain en Valais. Ça ressemble à l’Ouest, mais c’est la plaine du Rhône.

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ARTS VISUELS


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Lysiane Fellay

ann Gross s’est laissé pousser la barbe. Il a enfilé un T-shirt avec une tête de mort et a enfourché son vélomoteur pour un «roadtrip» photographique en Valais entre 2005 et 2008. Bien ancré dans son personnage, le photographe vaudois a parcouru la plaine du canton à la rencontre de certains de ses habitants ou de gens de passage qui ont fait le choix d’adopter les référents d’une identité culturelle étrangère, plus précisément la culture américaine. Il a ainsi immortalisé des bikers, des danseurs en ligne, ou encore des passionnés de l’Ouest américain dans le but de réaliser un travail sur l’identité et le rapport aux communautés. «Je m’intéresse surtout à l’influence des médias sur le quotidien des gens. La télévision et le cinéma vendent du rêve et j’aime voir comment les gens se le réapproprient», précise Yann Gross. Sa série «Horizonville» est encore à découvrir au Musée d’art du Valais, à l’Ancien Pénitencier à Sion jusqu’au 6 janvier dans

Y Profil Yann Gross s’est créé un personnage pour aller à la rencontre des gens. Sa technique a bien fonctionné puisqu’il a toujours été bien accueilli dans un esprit très ouvert.

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ARTS VISUELS

photo, Olivier Lovey

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Yann Gross 2

3

1 4

5

1. ILLGRABEN, 2008 Embouchure de l’Illgraben Ce paysage fait penser à une peinture illustrant l’Eden. Il témoigne des forces géologiques. Les laves torrentielles de l’Illgraben ont construit le cône de déjection de La Souste, à l’origine des rapides du Rhône sauvage.

le cadre de l’exposition «Welcome to paradise: l’Ecole de Savièse, une colonie d’artistes au cœur des Alpes vers 1900». Le vélomoteur rapproche

«Horizonville» est en fait une partie de son travail de diplôme, réalisé pour l’Ecole cantonale d’art de Lausanne, qu’il a complété par la suite. Cette configuration explique le choix du roadtrip en vélomoteur: «A cette époque-là, je n’avais pas d’argent pour voyager, ni de voiture, mais j’avais envie de m’évader de mon village de Chexbres et j’ai choisi de partir à l’aventure près de chez moi», raconte le trentenaire. Ce moyen de transport lui a permis de ralentir le rythme et d’allonger les distances. Un véhicule qui lui a donné l’occasion de «s’enfiler dans plein de petits chemins». En le voyant au guidon de son vélomoteur avec sa remorque contenant le matériel de camping et de photo, les bikers, par exemple, l’ont trouvé sympathique et ils lui ont ouvert les portes de leur univers. A travers ses photographies, il a voulu dépasser les clichés et montrer

avec beaucoup d’empathie que la réalisation de soi ne passe pas toujours par des codes imposés par la société: «J’ai choisi de ne pas faire poser la pin up sur la moto, mais je l’ai mise avec son mari dans la campagne, là où ils vivent», précise Yann Gross. Frontière fiction/réalité L’artiste vaudois a joué sur la frontière entre la fiction et la réalité. Dans son travail, il a créé un univers rêvé avec des éléments documentaires associant portraits et paysages. Et l’effet est plutôt réussi puisque Yann Gross reçoit des mails d’Américains qui ont vu ses images et souhaitent venir visiter Horizonville. Un lieu qu’ils n’arrivent pas à trouver sur une carte. Si Yann Gross est content de l’effet, il aimerait toutefois amener le spectateur encore plus loin dans l’analyse de ses images. Un livre intitulé «Horizonville» regroupe ces images. Il est disponible au Musée d’art du Valais à l’Ancien Pénitencier de Sion.

2 et 5- ILLARSAZ, 2005. Martin Rohrer Avec sa tondeuse à gazon améliorée pour pouvoir tirer de lourdes charges, Martin Rohrer participe aux compétitions de Tractor Pulling, catégorie «Garden». Il s’est classé deuxième. Yann Gross apprécie de voir cet homme se réaliser dans sa passion. On retrouve le terrain qui sert aux compétitions de Tractor Pulling en dessus.

3. MARTIGNY, 2007. Lady Harley Lady Harley est la présidente du Moto-club Les Têtes Brûlées, dont les membres doivent adopter un comportement exemplaire sur la route ou envers leur prochain. Dans un univers plutôt masculin, elle joue un rôle différent des femmes qui s’asseyent derrière les bikers.

4. BRAMOIS, 2005. Lion des Montagnes Lion des Montagnes, alias JeanPierre Genayne, s’habille en Cheyenne. Il crée de l’artisanat indien et promeut la culture amérindienne. Il se considère comme un Indien d’il y a 200 ans, fier de son mode de vie.

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ARTS VISUELS


LA TRACE laissée par le noir/b Dire une vie L’Association Films Plans-Fixes, créée en 1979, a pour but d’enrichir le patrimoine culturel de la Suisse romande en réalisant et produisant des entretiens filmés. Les films sont construits en cinq plans fixes tournés sans reprises ni coupures sur pellicule 16 mm noir et blanc, en un seul lieu et en une seule journée. Ils durent cinquante minutes. Les originaux image et son sont déposés au Centre d’archivage de la Cinémathèque suisse cela dans un but de conservation de ce patrimoine audiovisuel. L’entretien a lieu le plus souvent chez la personne sujet du film. Son interlocuteur n’est pas visible à l’écran.

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CINÉMA

Depuis trente-cinq ans, près de 280 personnalités romandes ont joué le jeu. De Luc Chessex à Claude Nicollier, en passant par Pascal Couchepin, l’association propose de créer une mémoire vivante romande. Samuel Jacquier

En Valais, Cilette Faust, Léonard Gianadda, ou encore Maurice Chappaz ont accepté de se dévoiler devant la caméra de Plans-Fixes. «Notre rapport au Valais est intime et les personnalités du canton sont toujours authentiques et prêtes à se dévoiler», confie Jean Tschopp, président du comité de l’association. «Les critères de sélection des personnalités sont variables. On essaie de trouver un équilibre entre les professions, les sexes et les cantons. Mais on fait en sorte que les intervenants aient un vécu passionnant et il y en a beaucoup en Valais.» Le but? Filmer des personnalités romandes pendant cinquante minutes en noir/blanc. «Un choix qui est avant tout esthétique», confie Alexandre Mejenski, le secrétaire général de Plans-Fixes. Toutes ces personnalités sont interrogées par un interlocuteur qui les a rencontrées avant le tournage, et qui connaît leur parcours de vie. «Le tournage se fait systématiquement en un seul jour et en un seul lieu, généralement chez la personne

qui se dévoile. C’est important qu’elle se sente dans un environnement familier pour qu’elle se laisse aller à la confidence.»Le réalisateur ne peut utiliser que cinq plans fixes pour son tournage, sans coupure ni reprise. «Pour entrer dans l’intime des gens, il est important que tout soit simple. Et notre concept met en confiance les personnalités.» «Un visage, une voix, une vie» est le credo de Plans-Fixes qui vise à développer le patrimoine audiovisuel romand et à laisser une trace pour la postérité des personnalités de nos régions. En 1977, la TSR préparait les festivités consacrées au centenaire de la naissance de CharlesFerdinand Ramuz. A son grand regret, la télévision romande a alors remarqué qu’aucune œuvre cinématographique n’existait sur l’écrivain. Michel Bory, journaliste, décide alors de réaliser des portraits filmés de personnalités marquantes en Romandie. Aidé par les cinéastes Nag Ansorge et Jean Mayerat, le premier portrait a été tourné en décembre 1977 et mettait en scène le compositeur et orientaliste Constantin Regamey. PlansFixes était né. LeValais pas en reste «Plusieurs membres du comité ont un large réseau en Valais», revient Jean Tschopp. Une vingtaine de Valaisans se sont confiés à Plans-Fixes en trente-cinq ans. De Marie Métrailler à Tibor Varga, les personnalités valaisannes ont toutes donné une part de leur vie devant la caméra. Le dernier en date: Jean Troillet. Dans un entretien


© Pla 2012. nsFixe Asso s - ciati Pho on tom Film ont s age NF

lanc avec Jean-Claude Pont, le fameux guide de montagne s’est dévoilé en février dernier avec une sincérité déconcertante. «Le chaleureux accueil que nous a réservé Jean Troillet était tout simplement incroyable. Son parcours est par ailleurs tout à fait passionnant», rapporte Alexandre Mejenski. Le but de Plans-Fixes est de laisser une trace historique par le cinéma. Grâce à l’archivage des films par la cinémathèque suisse et l’indexation organisée sur le site internet www.plansfixes.ch, l’association est en train de réussir son pari et de créer une véritable plateforme historique de notre temps.

une discussion fournie. L’équipe de tournage était aussi très sympa, ce qui a permis que tout se passe de manière détendue. Qu’est-ce que vous retiendrez de cette expérience hors du commun? J.T. C’était une sorte de redécouverte de

moi-même. Je suis retourné dans le passé et je n’avais pas eu l’occasion de le faire auparavant. ça m’a donc permis de ressortir des moments incroyables du passé, notamment avec mon frère Daniel. J’en garderai un très bon souvenir!

INFO Le 8 novembre, salle du Casino à Martigny à 18 h: Diffusion du film sur Jean Troillet. L’entrée est libre. L’équipe de tournage, Jean Troillet et Jean-Claude Pont seront également présents à cette Première. Toutes les infos complémentaires sur:

www.plansfixes.ch.

JeanTroillet: «Une redécouverte de soi-même» Plans-Fixes, c’était une première devant la caméra pour vous? J.T. J’ai déjà répondu à des interviews télé-

visées évidemment. Mais faire tout un film, et aborder des souvenirs aussi précis que ceux que nous avons abordés, c’était une première. Mais l’aventure s’est avérée enrichissante.

c’était très facile. C’était un dialogue entre amis. Il me connaît très bien et je connais également son parcours, ce qui aide pour avoir

Keystone

Etait-ce facile de vous confier comme cela devant des caméras? J.T. Avec Jean-Claude Pont en face de moi,

«J’ai pu retourner dans mes profonds souvenirs grâce au tournage» Jean Troillet

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CINÉMA


photos Olivier Maire

La NUIT profite aux musées valaisans EXPOSITIONS-ÉVÉNEMENTS Le 10 novembre, la 7e édition de la Nuit des musées permet de les visiter autrement. Estelle Baur

e Nuit valaisanne des musées, samedi10 novembre. Entrées libres. Horaires et Informations sur musees-valais.ch

7

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ARTS VISUELS

uit des musées, à l’origine organisée au mois de mai, à l’instar d’autres musées suisses et internationaux. Or, pour des raisons de calendrier, la manifestation est déplacée, cette année, au 10 novembre. L’occasion de faire voir les musées autrement. Horaires élargis et ton décontracté donneront peut-être envie, à ceux qui n’osent le faire, de passer la porte des diverses institutions culturelles disponibles en Valais. Les habitués ne seront pas en reste puisqu’ils pourront redécouvrir ces lieux selon une approche différente. En effet, diverses animations inédites (musique, théâtre, contes, ateliers, visites à la lueur de lampes de poche…) conféreront aux musées une ambiance toute particulière. Cette année, 10 institutions valaisannes ouvrent leurs portes aux visiteurs nocturnes. A

N

Sion, bien sûr, mais également à Bagnes, Isérables, Ayent, Sierre ou encore Kippel. Le programme de ces musées a en commun la gratuité d’entrée ainsi que l’organisation de visites commentées des expositions présentées. La plupart de ces manifestations tourneront autour de la thématique de l’intégration, de l’immigration et du rapport de l’homme à la nature. D’autres, comme celles proposées au Musée d’art du Valais ou à la Grange-à-l’Evêque, inviteront l’imaginaire collectif sur le devant de la scène. La programmation promet de satisfaire petits et grands. Les aînés trouveront leur compte lors de cartes blanches, comme celles accordées à Anne-Gabrielle Bretz-Héritier, Marie Claude Morand ou Suzanne Chappaz-Wirthner, au Centre d’expositions de l’Ancien Pénitencier de Sion. Des lectures et conférences seront également organisées. Des manifestations plus ludiques, comme une visite guidée nocturne du site


Olivier Maire

La nuit des musées permet de découvrir différents lieux culturels du canton avec un regard neuf grâce aux différentes manifestations qu’ils accueillent.

Temps forts.

de Valère ou «Gletscherli», un spectacle consacré aux légendes du petit glacier qui parcourt le Valais à la Grange-à-l’Evêque, permettront de vivre les musées différemment. Les plus jeunes pourront découvrir la richesse culturelle de la région à travers des contes, des animations théâtrales, des ateliers bricolage ou des spectacles de cirque organisés à Bagnes, au Musée d’art du Valais, au Musée de la nature de Sion, et au Musée valaisan de la vigne et du vin. Une nouvelle exposition permanente sera dévoilée au public du Lötschentaler Museum.

• Musée de Bagnes: soirée «rencontres» avec des cultures étrangères installées en Valais.

• Musée d’Isérables: contes sur le thème de la forêt et apéritif aux saveurs de la chasse.

• Musée d’art du Valais: le Valais et l’image de la montagne. • Musée d’histoire du Valais, Sion: visite guidée nocturne du site de Valère, dans une atmosphère mystérieuse et envoûtante

• La Grenette, Galerie de la Ville de Sion:«Michel Butor et Luc Joly, dialogues simultanés entre texte et image» • Musée de la nature: atelier «Parlez-vous pinson?», pour apprendre à reconnaître les cris et chants des animaux. • Maison de la Nature: atelier de bricolage. • Musée des bisses: exposition didactique. • Musée valaisan de la vigne et du vin: nuit de contes dans les vignes, à la lueur de la bougie. • Lötschentaler Museum: présentation et discussion autour de la nouvelle exposition permanente. PUBLICITÉ

L’École de Savièse <wm>10CAsNsjY0MDA20zUzMzQxsAAAb7yKGQ8AAAA=</wm>

Musée d’art du Valais, Ancien Pénitencier, Sion 23 juin 2012 — 6 janvier 2013 <wm>10CFWLMQ4CMQwEX-Ro1473YlKi604UiD4Noub_FXAdxTSjmeOY2XBy3W-P_T4JhExix5ie3nzEDI2W6BNFOugXKiu8hv56CwHktn6NQea12A2bJZeK6zvrdBhQez9fHxmSB-iAAAAA</wm>

ma-di 11-17h • www.musees-valais.ch

ALU MIN IUM

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DANS L’ART

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ARTS VISUELS


à Paris ellay, F o g Die

Séverin e Zuffe rey, a B erlin

Léonard Ber thole t, à Berlin

David Gaudin, au Mali

Vincent Chablais, à Barcelone. Photo Carlotta Thormann Photomontage NF

RÉSIDENCE, Sweet Résidence CRÉATION De plus en plus d’artistes sont invités à passer des semaines voire des mois dans des lieux mis à disposition par l’Etat. Notre éclairage sur une espèce en pleine expansion. Véronique Ribordy

rtiste en résidence. L’expression est entrée dans notre vocabulaire. Elle signale une nouvelle espèce d’artiste, apparue il y a trente ou quarante ans. Parmi ses ancêtres, citons pour mémoire l’Artiste Invité, chez un roi ou un mécène titré; l’Artiste du Grand Tour, très courant au XVIIIe siècle; l’Artiste Itinérant, très pratiqué chez nous dans les périodes de vaches maigres (tout le Moyen Age et une bonne partie de l’époque moderne). «En résidence» indique une temporalité

A 30

CULTURE

brève dans un lieu inhabituel. Souvent, la résidence se trouve dans une ville d’art ou un lieu culturel, mais pas forcément puisque le vocable indique aussi bien Londres (Angleterre), que Siby (Mali) ou Sion (Valais). Le phénomène est mondial. Son expansion, constante. L’artiste en résidence ne crée pas seulement hors de ses murs habituels. Il est aussi en quelque sorte mis dans une vitrine. Il contribue à la renommée du lieu où il a provisoirement posé son baluchon et ses crayons (ou ses pinceaux, ou sa caméra, ou tout autre moyen de création). L’artiste en résidence n’est pas forcément


une espèce productive, du moins pas aussi productive que l’artiste invité chez François Ier ou le duc de Mantoue. Sur place, il laisse généralement peu de chefs-d’œuvres (quoique le recul manque pour juger). Un peu comme l’Artiste du Grand Tour, il rentre chez lui avec une valise pleine de nouveaux croquis, la tête grouillant de projets et de quoi alimenter sa correspondance pour les décennies à venir. La résidence n’est pas (seulement) un lieu de création. C’est un graal. Une initiation. Un chemin vers soi-même. Une rencontre vers l’Autre. Il arrive que l’artiste en résidence soit piqué par le virus. La résidence lui devient aussi nécessaire que la respiration. A l’aise partout, tel le coucou, il ne crée plus que dans la précarité, se plaît dans la vie collective et aime l’expérience de l’art, le processus qui y mène, peut-être plus

que le résultat. C’est le type d’artiste qui agace le bourgeois et inquiète ses parents (ce sont parfois les mêmes). C’est aussi le plus productif. Ses projets réalisés en résidence lui assurent gloire et renommée. Et l’assurance d’une prochaine résidence. Il arrive à l’artiste en résidence d’être repéré par le Marché ou par l’Institution, ce qui peut signer le démarrage d’une carrière à l’étranger. La fois suivante, l’artiste n’est plus en résidence. Il est invité, tout simplement. PS. Le Valais met au concours chaque année des résidences à Berlin (quartier de Kreuzberg), Paris (Cité internationale universitaire), Siby (Association Bougou Saba), New York (Brooklyn), Rome (Institut Suisse, via Ludovisi). La résidence de Barcelone n’est plus attribuée.

Cinq démarches

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SÉVERINE ZUFFEREY Danseuse et chorégraphe, 41 ans De Sierre, à Berlin.

Danseuse et chorégraphe, Séverine Zufferey passe six mois à Berlin en 2004, dans l’appartement-atelier mis à disposition par l’Etat du Valais. C’est alors son second séjour à Berlin. Elle y avait déjà vécu deux ans, entre 1994 et 1996, pour se former à la danse et au théâtre dans une «école des arts semblable à celle qu’on voit dans Fame», entre une première formation au Conservatoire de Sion et une école professionnelle à Montpellier: «J’ai commencé tard la danse, vers 14 ans, parce qu’enfant j’habitais Saint-Luc et que cela rendait les choses difficiles. Par la suite, il a fallu mettre les bouchées doubles.» Douze ans après ce premier séjour, elle envoie sa candidature au canton: «J’avais terminé «Petites métamorphoses sans gravité, une chorégraphie autour du mythe d’Icare et j’avais l’impression de ne pas avoir tout dit.» Berlin lui semblait offrir des versions contemporaines du mythe, avec ses récits d’évasions de l’est à l’ouest, «des expériences qui ressemblent à celle d’Icare». Pendant ses six mois à Berlin, elle suit divers cours et formations, et rencontre une danseuse avec qui partager cette envie de projet personnel: «Je n’avais aucune contrainte, aucun cahier des charges, seulement le besoin de rencontrer des gens. J’ai décidé de monter une exposition à la fin de mon séjour pour avoir un résultat concret.» Des photographies et une vidéo retracent ce travail

Ingrid Mareski.

Des ailes pour danser.

qui met en scène deux danseuses dans Berlin, non sans quelques clins d’œil du côté des «Ailes du désir» de Wim Wenders… «Ce séjour a été une étape fructueuse de mon parcours personnel et artistique. Grâce à l’ambassade suisse, j’ai rencontré d’autres artistes en résidence, qui m’ont ouverte à d’autres disciplines, la photo, la vidéo. J’ai ouvert la palette «Ce séjour a été des possibilités. une étape fructueuse C’est un travail de mon parcours perqui me suit et que sonnel et artistique.» je n’ai pas encore fini d’utiliser.»

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CULTURE


Comédien et danseur, 31 ans De Saillon, à Berlin.

dr

Carnet de bal. On s’est habitué à sa longue silhouette brune, récurrente dans les pièces de son frère Mathieu. On a appris qu’il pouvait aussi avoir de l’humour quand il rencontre l’univers de Pierre-Isaïe Duc, qui l’avait repéré pour «Le Pré, Poème skilistiques». Léonard Bertholet est comédien et danseur et l’an prochain, il passera six mois à Berlin, grâce au canton du Valais. Les frères Bertholet inversent ainsi les rôles, Léonard s’envolant à Berlin au moment même où Mathieu, metteur en scène et dramaturge, se prépare à travailler en Valais. Venu tôt au théâtre, grâce à un père comédien amateur, Léonard entre tout naturellement au Conservatoire de Lausanne. Tout aussi naturellement, il est remarqué par Cisco Aznar, chorégraphe catalan, qui l’intègre dans sa compagnie Buissonnière à Lausanne. Le comédien y passe trois saisons et «apprend un peu à danser». Léonard s’est beaucoup passionné pour des spectacles qui demandent «un engagement physique important», partant en tournée avec Oskar Gomez Mata ou recruté par Anne Bisang pour une Salomé à la Comédie de Genève. Mais après s’être mis au service des metteurs en scène et des chorégraphes, le comédien a désormais envie d’expérimenter un projet «qui vient de lui». Berlin s’imposait, pour son offre culturelle «gigantesque», en particulier en théâtre et en danse: «J’avais entendu parler de l’atelier d’artistes à Berlin. Je savais qu’il était assez grand pour devenir un espace de répétition et de travail.» Mais le canton a soin de préciser que ces résidences s’adressent avant tout à des créateurs. Or, s’il n’aime pas se définir

3

DIEGO FELLAY Graphiste, 29 ans De Martigny, à Paris.

Un réseau à Paris Bien qu’il ait envoyé son dossier à la dernière minute, Diego Fellay obtient une résidence de six mois à la cité universitaire à Paris en 2011.

drSamuel Eggs

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LÉONARD BERTHOLET

comme un créateur, Léonard Bertholet considère qu’il a une qualité précieuse, sa «disponibilité de comédien». Le Saillonin imagine un projet sur mesure: à Berlin, il se mettra toutes les deux semaines à la disposition d’un nouvel artiste, plasticien, peintre, chorégraphe, etc. Après cinq mois, son «carnet de bal »bien rempli, le comédien pourrait utiliser cette dizaine de duos pour une ébauche de spectacle, pour être à la fois «créateur et interprète». Nul ne peut encore dire ce qui surgira de ce dernier mois de travail: «Comme dans un bal, on ne peut pas savoir à l’avance quelle sera la meilleure danse, elle dépend beaucoup de l’entente des partenaires et de tout l’inconnu qui peut surgir d’une rencontre.»

Jeune graphiste diplômé de l’ECAL, il venait de se faire connaître en Valais avec une jolie exposition, au Musée de Bagnes, qui réunissait photographes et textes d’artistes autour de l’idée de montagne. Ça s’appelait Eden Roc, et c’était convaincant. Dans son dossier pour Paris, il indiquait vouloir travailler sur le pavillon Le Corbusier de la cité universitaire à Paris. Sur place, il s’intéresse à un mural disparu de l’architecte suisse. S’inspirant de la peinture originale, Diego Fellay invite illustrateurs et photographes à réinterpréter avec lui les images de ce mural oublié. Les six affiches produites sont exposées au Pavillon suisse, puis au Musée du design à Zurich, au centre d’art contemporain de Genève, dans une galerie à Berlin… Ce joli succès lui donne des ailes et l’opportunité de «rencontrer beaucoup de gens et de créer un réseau à Paris… et finalement d’y rester». Un an plus tard, toujours à Paris où il a fondé AM studio, un bureau de direction artistique, il évoque avec plaisir «ce temps sans stress, ce temps de pause»qui lui a permis de concrétiser un projet sur plusieurs mois et de se faire remarquer dans une ville aussi stimulante que compétitive pour un jeune graphiste suisse.


Peintre, 50 ans De Saint-Maurice, à Barcelone

dr

Du temps pour l’avenir. Vincent Chablais enseigne à l’ECAV (école d’art du Valais à Sierre). Le Valais, il connaît bien. Car bien qu’il soit installé depuis longtemps à Berne, c’est en Valais qu’il est né et est venu à la peinture, à l’école des Beaux-Arts de Sion. En 2004, de retour d’un séjour à Paris, il répond à une proposition de résidence de six mois à Barcelone dans un atelier-appartement mis à disposition par le canton. Vincent Chablais attrape la proposition au vol. Depuis toujours, il aime Barcelone, la première ville visitée enfant avec ses parents, et s’intéresse à son urbanisme. Vincent part sans attente et sans projet d’exposition, mais pas par hasard: «Je m’intéressais aux réalisations de l’urbaniste Oriol Bohigas dans les années 80.» Barcelone vit de grandes mutations, le tissu urbain est réparé, recousu, la ville se tourne vers la mer, se dote de parcs, réaménage une centaine de places. Vincent Chablais y passe trois mois. Il n’est pas là pour se faire un réseau, bien qu’il rencontre de nombreux peintres, mais pour s’imprégner de la ville: «J’étais dans un état de disponibilité à la rencontre de la ville. Je notais l’usage et l’usure des choses, je cherchais des traces d’un équilibre entre décomposition et rénovation». Il se promène et accumule les notes dessinées: «La prise de note, sorte d’archivage volatile, est une pensée pas encore conceptualisée, une pensée

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DAVID GAUDIN Vidéaste, 34 ans De Sion, au Mali.

Carlotta Thormann

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VINCENT CHABLAIS

en direct. J’ai vécu là-bas dans un état proche de la somnolence. Il ne s’agissait pas d’étudier l’urbanisme, mais de percevoir la ville de manière très allusive et en même temps, de façon concrète. Je suis parti dans un état de flottement.» Après son séjour à Barcelone, cet intérêt pour le fragment et ses corollaires (rapiéçage, décomposition, dissolution, etc.) s’est lue dans sa peinture: «Je ne savais pas à ce moment si tout cela avait un lien avec mon travail. Je suis surpris aujourd’hui de voir à quel point a pris forme ce que j’ai noté à ce moment. J’apprécie aujourd’hui d’avoir pu vivre ce temps sans aucun projet particulier». Et de conclure: «Cette résidence, dont je n’étais pas sûr au départ qu’elle soit une bonne chose, a été une chance.»

Un laboratoire d’idées. David Gaudin a trouvé son projet de résidence à un moment clé de sa vie. Vidéaste au sein du collectif Interface à Sion, il veut reprendre sa liberté quand le canton lance l’idée d’une résidence au Mali. La destination tombe à pic pour David qui avait déjà rêvé de l’Afrique avec ses camarades sédunois. Il s’envole pour Siby, bourg rural à 100 km de Bamako avec caméras et tables de montage sans bien savoir dans quoi il s’engage. Pour ce premier séjour, le canton lui propose d’«aller voir ce qui peut être fait sur place». Sur place, justement, il y a Vincent Zanetti. Journaliste à Espace 2, percussionniste, ethnologue, ce Valaisan a monté un centre culturel helvético-malien. Quelques cases et de quoi faire des concerts dans ce lieu mythique, aux sources de la musique afro-américaine. David ne trouve ni électricité ni eau courante, mais un accueil chaleureux où tout semble possible. David Gaudin filme à tour de bras. Portraits de villageois, clips musicaux pour des copains de copains (Pascal Rinaldi…), vidéos de démonstration pour des danseurs ou des groupes fokloriques, documentaires sur les fêtes religieuses, sa caméra est boulimique. Ces trois mois lui permettent de définir vers quoi il veut aller. A son retour, il crée sa maison de production, Sight 7, basée à Sion. Son séjour est une nouvelle naissance. Au Mali, on l’appelle affectueusement Daouda Koulibali. VR


dr

DES TROUPES EN RÉSIDENCE Deux compagnies professionnelles bénéficient du soutien de l’Etat du Valais et peuvent créer en résidence durant trois ans. Visite au Théâtre Les Halles à Sierre et au Crochetan à Monthey pour un bilan à mi-parcours.

Anne Salamin (avec PierreIsaïe Duc) et la Compagnie Opale, en résidence au Théâtre du Crochetan à Monthey.

POUR S’OUVRIR sur l’ailleurs Joël Jenzer

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ARTS DE LA SCÈNE

a résidence est une expérience passionnante qui demande beaucoup d’engagement personnel. Il faut travailler beaucoup pour arriver à des résultats.» A la tête de la compagnie Le crochet à nuages, «Ce n’est pas une rési- Armand dence repliée sur elle- Deladoëy a posé même. Nous essayons ses valises au d’ouvrir, de voyager.» Théâtre Les Halles à Sierre, Armand Deladoëy pour une résidence de trois

ans. Un séjour en Valais qui lui permet de monter plusieurs projets: deux pièces créées sur place («Dans la solitude des champs de coton», de Bernard-Marie Koltès, et «La femme au balcon», de Bastien Fournier), un travail suivi avec des comédiens amateurs, un samedi par mois depuis deux ans, un cycle de formation continue avec des acteurs professionnels, avec deux stages organisés chaque année de résidence. Du côté de Monthey, au Théâtre du Crochetan, c’est la Compagnie Opale qui, depuis 2011, jouit de trois ans de résidence, avec aussi la possibilité de mettre sur pied plusieurs projets. Anne Salamin, qui dirige la compagnie, considère que la résidence est «une espèce


M. Koening

R. Berger

A voir prochainement «Midi à l’ombre des rivières», par La Compagnie Opale, du 28 janvier au 3 février 2013 au Théâtre du Crochetan à Monthey. www.crochetan.ch Armand Deladoëy profite des infrastructures du Théâtre Les Halles, à Sierre, pour monter divers projets théâtraux.

La compagnie Le crochet à nuages a monté la pièce «La femme au balcon», avec Jocelyne Page et Olivia Seigne, en résidence au Théâtre Les Halles de Sierre.

«Dans la solitude des champs de coton» et «La femme au balcon», par la compagnie Le crochet à nuages, au Théâtre 2.21 à Lausanne jusqu’au 14 octobre.

www.theatre221.ch et à l’ABC de La Chauxde-Fonds, du 26 au 28 octobre. www.abc-culture.ch

de plate-forme qui permet de tester, de faire des ébauches». Avec souvent des événements inattendus qui surgissent: AnneSalamin «Parfois, un projet change ou les choses ne se font pas et un autre projet apparaît.»

«Etre dans un grand théâtre, c’est aussi une possibilité d’ouverture vers l’extérieur.»

Exporter les spectacles Chez Opale, plusieurs spectacles ont été créés depuis l’année dernière, dont «Midi à l’ombre des rivières», une pièce d’Eric Masserey. A Sierre, Armand Deladoëy, armé d’une aide financière de 70 000 francs par année, a la possibilité de disposer de huit comédiens ¬ «C’est extraordinaire d’avoir une troupe pendant trois ans, c’est un grand luxe pour faire de la recherche» ¬, doit trouver des fonds supplémentaires ailleurs pour financer les pièces que sa compagnie monte. Avec le but d’exporter les spectacles: «Ce n’est pas une résidence repliée sur elle-même. Nous essayons d’ouvrir, nous voulons voyager, nous irons jouer à Lausanne et à La Chaux-de-Fonds. Et nous ne restons pas forcément à Sierre, nous organisons des stages à Malévoz, des lectures dans les médiathèques du canton.» A Monthey, la Compagnie Opale bénéficie d’un appui de 50 000 francs annuels. Une somme qui ouvre des perspectives à Anne Salamin et son équipe, comme le fait d’être en résidence au Crochetan: «Nous sommes dans un théâtre qui est un grand théâtre, c’est aussi pour nous une possibili-

té d’ouverture vers l’extérieur. C’est un lieu où l’on s’assoit, où l’on réfléchit, et pas forcément un endroit où nous sommes en représentation.» En clair, la compagnie joue souvent dehors, dans tous les sens du terme, comme elle l’a déjà fait sur le court de tennis du château Mercier à Sierre. Lors de cette résidence, l’équipe d’Opale répète souvent dans des salles disponibles à l’hôpital de Malévoz, présentant notamment des lectures aux patients. La compagnie participe aussi à des événements culturels de la région de Monthey, comme Le Crochetan hors les murs. Elle organise aussi des ateliers sur le jeu et l’écriture, en vue de spectacles futurs. «Notre résidence est basée sur l’échange: nous participons notamment à des débats avec les écoliers de la région.» Voir plus loin Si les deux résidences prendront fin en 2013, un bilan intermédiaire fait déjà ressortir une grande satisfaction de ceux qui en profitent. Pour Armand Deladoëy, «la résidence montre quelles sont les possibilités de créer en Valais». «Nous aimerions amener les gens à s’intéresser au théâtre d’une autre façon, que ce ne soit pas qu’une chose qu’ils viennent consommer un soir juste pour se distraire, mais qu’ils prennent conscience qu’il s’agit d’un art vivant.» Le metteur en scène salue aussi le travail effectué en Valais: «Il y a un mouvement qui s’enclenche, un sillon qui se creuse. Je trouve que ce n’est pas correct de dire que le Valais est en retard et que le canton de Vaud est avancé.» Pour Anne Salamin, l’expérience de la résidence ouvre de belles perspectives: «Pour nous, la prochaine étape serait de sortir du lieu.» Ou quand la résidence ouvre de nouveaux horizons...

Soutien précieux L’Etat du Valais soutient des projets de résidence dans le but de favoriser la pérennité des compagnies valaisannes et de développer les créations de spectacles. Une compagnie peut décrocher une subvention de trois ans pour un projet en résidence, si elle remplit les objectifs du programme ThéâtrePro. Le montant annuel accordé oscille entre 30 000 et 70 000 francs. Un appel d’offres est lancé chaque année: les compagnies intéressées peuvent alors faire parvenir un dossier de candidature. Actuellement, deux compagnies sont en résidence: la Compagnie Opale au Théâtre du Crochetan à Monthey et la Compagnie Le crochet à nuages, au Théâtre Les Halles à Sierre.

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ARTS DE LA SCÈNE


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L’ARSENAL. étincelles de création BRIGUE Le bâtiment, désaf-

fecté,étaitunimmensevide.La Ville l’a racheté pour y créer un centre culturel. Le Zeughaus Kultur, comprenez «Arsenal culture»,était né.

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ARTS DE LA SCÈNE


Tous les jeudis soir à 20 h: «ABUSITZ» L’association Zeughaus Kultur met gratuitement une scène à disposition des artistes de la région. Information auprès de Beat Jaggi (beat@zeughauskultur.ch)

Samedi 20 octobre à 20 h «CHRISTINE JUON UND BAND» Une «James Brown» version féminine, pour un concert entre jazz, funk et blues

Vendredi 26 octobre à 20 h «PLASTIC CREATURES»

Du mercredi 7 au dimanche 11 novembre «BERGBUCHBRIG»

Reprises des tubes des années 55 - 75 revues et corrigées à la sauce haut-valaisanne

Festival littéraire et multimédia dédié à la nature, à la culture et aux loisirs en montagne.

Programme mis à jour sur www.zeughauskultur.ch

Aline Carrupt

a possibilité d’y présenter la culture sous toutes ses facettes nous a inspirés», s’enthousiasme la responsable Judith Bärenfaller. Pour cette danseuse professionnelle, directrice de sa propre école, l’occasion était trop belle. Sitôt que la commune le lui a proposé, elle a rejoint le groupe de travail. Un groupe précisément composé d’artistes issus de divers horizons, qui ensemble ont réinventé une nouvelle vie à l’imposante bâtisse. En quelques mois, ils ont su imaginer un espace design, remis aux normes mais baignant encore dans son jus rustique, un brin militariste. Car ici ou là, des traces témoignent du passé de ces locaux. Au rez, un bout de mur couvert d’un carrelage blanc et sale. Sous les combles, un parquet biscornu et grinçant. A côté de certaines portes, des grades gravés sur plaquettes métalliques. Un lieu de mémoire, presque un mu-

«L

sée, mais bien vivant celui-là, inauguré en grande pompe en 2009. Une enveloppe flexible L’endroit est un véritable laboratoire de création. Dans la salle principale, on a beau chercher, on ne trouve ni scène ni fauteuils. Ici, tout se monte et se démonte. Si le lieu abrite des bureaux et un bistrot, les quinze autres pièces, réparties sur trois étages, peuvent accueillir expositions, concerts, buffets, ballets, cours de piano ou mariages… La liste des possibles est infinie. «Mais la culture a toujours la priorité sur le reste», glisse Judith Bärenfaller. Ecoles, peintres, chanteurs, danseurs y ont d’ailleurs déjà pris leurs quartiers. A l’arsenal, seuls les extrêmes, «qu’ils soient politiques ou religieux», n’ont pas droit de cité. Un programme au jour le jour Aujourd’hui, cinq collaborateurs sont salariés de l’association Zeughaus Kultur. Des experts en grand écart, d’où une programmation explosive, éclectique, sans véritable tête d’affiche. «En tant qu’artistes, nous sommes guidés par le cœur et non par les chiffres», explique la patronne. Vous cherchez le programme? Vous ne le trouverez pas, du moins pas sur papier. Pas de vente d’abonnements non plus. «La maison organise cinq à six événements par saison», confie Judith Bärenfaller, «mais entre les conférences, les expositions ou les spectacles des écoles, des dizaines d’autres viennent étoffer le calendrier jour après jour. Il serait impensable d’imprimer un programme.»

Du vendredi 16 au dimanche 18 novembre «YOUNG ART»

ÀVOIR, A ÉCOUTER

LES PROCHAINS RENDEZ-VOUS DE L’ARSENAL

Exposition sur le thème «plus d’argent, plus de problèmes»

PRATIQUE Zeughaus Kultur Gliserallee 91 3902 Glis 027 923 13 13 info@zeughauskultur.ch Ouvert du lundi au vendredi de 14 h à 18 h En raison du programme évolutif du Zeughaus Kultur, pas de vente d’abonnements. Le pass «20 francs 100 francs Valais» permet d’accéder à tous les spectacles organisés par l’association. Les autres événements sont payants.

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1- L’ancien arsenal de Brigue est devenu un véritable carrefour culturel. 2- Ici, tout se monte et se démonte. La salle principale est modulable à souhait. 3- Les quinze salles, rafraîchies, peuvent désormais être louées. 4- Sous le toit, les combles isolées sont devenus une salle de danse. 5- Sobre, élégant et design, le bistrot occupe une bonne partie du rez-de-chaussée.

«En tant qu’artistes, nous sommes guidés par le cœur et non par les chiffres» Judith NF

Bärenfaller, directrice du Zeughaus Kultur

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ARTS DE LA SCÈNE


Les coups de CŒUR de Nicolas Lieber

Véronique Ferrero Delacoste

«Mon but est de découvrir des formes et des langages artistiques qui me surprennent, qui m’interpellent, qui me touchent et qui me donnent envie de les faire découvrir à d’autres.»

directrice du far°, Festival des arts vivants à Nyon

Samuel Jacquier.

ée à Sion en 1968, Véronique Ferrero Delacoste est depuis trois ans à la tête du far°, Festival d’arts vivants à Nyon. Danseuse et pédagogue, elle travaille dans le domaine des arts et de la culture depuis 1994. De 1995 à 2005, elle dirige la Bavette au P’tit théâtre de la Vièze à Monthey, tout en assurant la programmation danse et performance du far° à Nyon. Après un diplôme en gestion culturelle et un master en arts visuels, elle en prend la direction en 2009. Créé en 1984, le far° se voulait d’abord focalisé sur le théâtre. Il regroupe aujourd’hui le théâtre, la danse et la performance. Ce festival des arts vivants propose des spectacles originaux et novateurs, tout en visant un large public. Evénement unique en son genre dans l’arc lémanique, le festival réunit chaque été environ 3000 spectateurs en onze jours. En août 2012, il présentait 55 artistes pour45représentations,dontdenombreuses créations.

N

Monthey, le tous les enfan 22 septembre, emmen ts que vous co er Bavette au nnaissez à La P’tit théâtr e de la Vièze voir le spectacl , pou découvrez la p e «La grande cuisine» et r ro gr ammation orig ateliers de ce inale et public. www.lapetit théâtre pour le jeune les bavette.ch.

Prochaines dates du far°: du 7 au 17 août 2013. Sierre

bre au 25 septem Marseille du, aller découvrir la pro13 octobre actoral. ure, mation d’

Monthey Sion Champéry

Sacha Bittel

érat gram i présente litt Le festival qu , théâtre, performances, danse, poésie usique, philosophie… arts visuels, morg www.actoral.

, assister à septembre une prén e , re r Sie TupperHalles, une réunion ez vous, des spectacles de sentation, ch éâtre les Halles. saison du Th eshalles.ch. www.theatrel

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DOSSIER

Sion, revoir l’église de Valère et son orgue.


BON PLAN Le

pour se cultiver sans se ruiner

Jeunesse et culture? Plus d’excuse! Le passe «20 ans 100 francs Valais» Les jeunes de moins de 21 ans pourront désormais bénéficier d’un passe culturel leur donnant accès à 50 lieux pour 100 francs par an seulement. Le Service de la culture de l’Etat du Valais, en collaboration avec une cinquantaine de lieux culturels du canton, lance une offre unique en Suisse. Les jeunes âgés de moins de 21 ans pourront désormais commander un passe culturel pour 100 francs par année. Dès samedi 1er septembre, le passe, unique en son genre et portant le doux nom de «20 ans 100 francs Valais», pourra être commandé via le site internet: www.20ans100francs.ch. Il fera office d’abonnement général pour tous les lieux culturels qui se sont affiliés au projet.

«20 ans 100 francs Valais» • 14 théâtres • 26 musées • 6 salles de concert • 2 (ou +) s à: ciné-clubs ccè a ’ l st c’e = • 600

événements

Shutterstock

culturels pour l’année!

L’idée du passe «20 ans 100 francs Valais» a été lancée par Lorenzo Malaguerra, directeur du Théâtre du Crochetan, et Michaël Abbet, directeur du Petithéâtre de Sion, avec la collaboration de Marlène Rieder et Nathalie Benelli, responsables de la promotion culturelle à la Plateforme Culture Valais. Elle aboutit aujourd’hui, permettant aux jeunes Valaisans de bénéficier d’une offre défiant toute concurrence. Avec cette initiative, la culture prend une autre dimension en Valais et participe à la formation au sens large. Le passe «20 ans 100 francs Valais» permettra aux jeunes d’être le public du présent et plus uniquement celui de l’avenir. Grâce à lui, les jeunes seront véritablement encouragés à franchir les portes des lieux de culture.

Théatr Fondation Gian adda Crochee du tan

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www.20ans100francs.ch La démarche est des plus simples. Il suffit de se rendre sur le site internet. Après avoir rempli un formulaire et envoyé une photo d’identité, les jeunes recevront leur passe directement par la poste. Il leur suffira de présenter le passe à l’entrée des lieux culturels qui les intéressent et ils pourront y accéder sans autre contrainte. Une offre incroyable à ne louper sous aucun prétexte! SJ

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DOSSIER


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Le passe 20 ans 100 francs Valais ouvre la porte de centaines de spectacles, expos, concerts, films à tous les jeunes valaisans.

badaboum.ch

www.20ans100francs.ch


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