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DE RENOIR À SZAFRAN
Supplément
du 7 décembre 2010 Ce cahier ne peut pas être vendu séparément
DU 10 DÉCEMBRE 2010 AU 13 JUIN 2011
SOMMAIRE
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DE RENOIR À SAM SZAFRAN Exposition de l’hiver 2010-2011
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LE COIN DES ENFANTS Une page pour toi
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CLAUDE MONET Exposition de l’été 2011
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GLACIERS Médiathèque Valais-Martigny
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ARCHÉOLOGIE L’actualité par l’archéologue cantonal
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LES AMIS DE LA FONDATION La saison musicale
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MUSÉE ET CHIENS DU SAINT-BERNARD Des expositions sur la montagne
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MARTIGNY LA ROMAINE Promenades dans la ville
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LES JARDINS DE LA FONDATION Le parc des sculptures
COUVERTURE
• Berthe Morisot, La jeune fille au chat, 1892, huile sur toile, 55,5 x 46,6 cm. Maurice Aeschimann PAGE 3
• Claude Monet, Nymphéas, vers 1914, huile sur toile, 135 x 145 cm. DR
Impressions d’enfance ■ «Collectionner me remplit de joie.» Et la joie est parfois si grande qu’il faut la partager. Un grand collectionneur suisse prête pendant six mois 130 œuvres, peintures et dessins, qui disent une histoire de la peinture, de Jean-Baptiste Corot à nos jours. Histoire en partie subjective, puisque vue à travers l’œil du collectionneur. Ses parents s’étaient intéressés aux impressionnistes, Degas, Monet et Berthe Morisot en particulier. Lui s’est entouré de spécialistes tout en laissant parler son goût pour la couleur et la peinture du tournant du vingtième siècle. Petit à petit, Paul Signac, Maximilien Luce, Maurice Denis se sont placés tout en haut de son panthéon personnel. Ils ont été rejoints plus récemment par le peintre et pastelliste Sam Szafran, dont il est devenu un ami. Tout aurait commencé par une visite à la Wallace Collection, quand il avait 17 ans. Cet ensemble réuni par cinq générations de collectionneurs et
IMPRESSUM Editeur Editions Le Nouvelliste S.A., r. de l’Industrie 13, 1950 Sion Rédacteur des magazines Jean Bonnard Rédactrices Véronique Ribordy et Antoinette de Wolff ©Pro Litteris, Zurich Réalisation Raphaël Bailo
exposé dans la maison familiale lui paraît avoir déterminé l’orientation de sa vie. En bien des points ce collectionneur ressemble à Léonard Gianadda: goût pour l’art révélé dès l’enfance avec des voyages en famille, attachement aux mouvements modernes, en particulier à l’art français. Le Martignerain a découvert les impressionnistes lors d’un voyage aux Etats-Unis, où il a visité la Phillips Collection. Il avait 17 ans. Enfin, tous deux partagent ce goût de «faire plaisir et de se faire plaisir», un mot qui revient souvent dans la bouche du patron de la Fondation Pierre Gianadda. «De Renoir à Sam Szafran» précède une autre exposition très attendue, un «Monet» préparé avec le Musée Marmottan et des collections suisses pour l’été 2011. Véronique Ribordy
Relecture Faustine Defayes Impression Centre d’Impression des Ronquoz S.A., Sion Diffusion encarté dans «Le Nouvelliste» et distribué à la Fondation P. Gianadda Publicité Publicitas S.A., Sion
Ce magazine est gratuit et ne peut en aucun cas être vendu
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Luxe, calme UNE COLLECTION QUI CÉLÈBRE LA
■ La Fondation Pierre Gianadda
a le privilège d’entretenir d’excellentes relations avec un grand nombre de collections privées. Elle peut aujourd’hui accueillir un ensemble dont nombre de pièces sont déjà connues des fidèles de la Fondation. Les toiles de ce prêteur sont déjà venues enrichir l’une ou l’autre exposition des peintres impressionnistes ou nabis que la Fondation a organisée. Léonard Gianadda et ce collectionneur partagent en effet un certain nombre d’affections artistiques. Ce titre, «De Renoir à Sam Szafran», pourrait être le reflet des PAGE 4
Pierre-Auguste Renoir, Gabrielle. Nu ou jeune fille couchée en buste, h/t, 1905 environ, 37 x 50,3 cm. MAURICE AESCHIMANN
propres coups de cœur du maître des lieux! Cette entente entre les deux hommes explique peut-être ce prêt généreux de 130 œuvres, peintures et dessins, sur une durée de six mois. La présentation débute avec un paysage de Jean-Baptiste Camille Corot et cela ne doit rien au
hasard. La collection s’intéresse à la rupture avec l’académisme, à l’essor de l’impressionnisme et de la peinture de plein air. De nombreuses toiles célèbrent la nature et la lumière. Monet («Les Nymphéas»), Renoir («Buste de Gabrielle»), Sisley («La Prairie»), ou encore Berthe Morisot
avec ses jeunes filles dans des intérieurs bourgeois, puisent dans le quotidien et tournent le dos aux grandes compositions si prisées par l’Académie. Mais il ne s’agit que d’un avant-goût. La génération suivante, en particulier Signac et Luce, largement représentés, décompose la lumière d’un pinceau rêveur. Auprès d’eux se presse le groupe des Nabis, Maurice Denis, Vuillard, Bonnard, Sérusier. Manquent à l’appel Vallotton et Gauguin, dont les recherches s’éloignent peut-être trop du terrain de la légèreté et de l’esquissé.
et volupté... LUMIÈRE ET LES BONHEURS SIMPLES
La tentation est en effet grande de souligner le goût de ce collectionneur pour l’évocation, l’allusion, le jeu de la lumière sur une couleur souvent délicate. Il aime aussi la légèreté de l’aquarelle (Nolde, Dufy), la nostalgie poudrée du pastel (Denis, Redon). La couleur prime sur le dessin, ainsi on ne trouvera d’ailleurs qu’un seul Matisse, très peu de Picasso. La collection préfère s’attarder sur des bonheurs simples (Morisot), des élégances disparues (Van Dongen), des luxes tranquilles. Mais le début du XXe siècle, c’est aussi le vent de l’Europe qui
Raoul Dufy, Terrasse à Nice, gouache, 1940, 50,2 x 66,4 cm.
© 2010, PROLITTE-
RIS, ZURICH
souffle sur Paris, avec l’arrivée de Chagall, Picasso, Pascin ou Modigliani, peintres que l’on a regroupés un jour sous le vocable un peu lâche d’Ecole de Paris. Ils sont là, en petites touches. On sent bien qu’ils ne règnent pas sur cette collection comme sur d’autres, que l’affection va plutôt
à un Othon Friesz, qui se range du côté des héritiers de l’impressionnisme, quelque part entre Marquet et Dufy, mais en tout cas du côté de la couleur. Quant à l’abstraction, elle est résumée tout entière par un lumineux Josef Albers de 1971. Un choix solaire, et unique, qui vaut
presque comme un manifeste. La commissaire de l’exposition, Marina Ferretti Bocquillon, également directrice du Musée des impressionnismes à Giverny, termine cette présentation sur une note pourtant un peu inquiétante. En quatre pastels virtuoses, Sam Szafran nous fait plonger dans de vertigineux escaliers, trous noirs de la mémoire. Cet artiste de la génération de Léonard Gianadda a fait son entrée dans les jardins et dans la collection de la Fondation il y a quelques années. Encore un point commun entre cette collection privée et son hôte martignerain... VR PAGE 5
Famille Habersaat, dir.-propriétaire Rue du Forum, 1920 Martigny Tél. 027 722 20 78 Internet: www.moteldessports.ch
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DÉCEMBRE
Me 1er – Lékombinaqueneau d’après Raymond Queneau – Humour et légèreté Ma 7 – Richard III de Shakespeare – Grand classique Me 22 – Barber Shop Quartet – Humour musical JANVIER
Ve 14 – Ophélie Gaillard et l’ensemble Pulcinella – Musique baroque Je 20 – Un dimanche indécis dans la vie d’Anna de Jacques Lassalle Me 26 – Pimpinone et La Serva padrona - Opéra de Lausanne FÉVRIER
Je 3 – Elles par Jean-Jacques Vanier – Humour tendre Di 6 – Les Musiciens de Brême – opéra pour enfants – Hors abo Ve 11 – 4 Secrets de et par Julien Labigne – Magie et mentalisme Je 17 – Trio Smetana – Musique de chambre Je 24 – Hamelin de Juan Mayorga MARS
Me 2 – Christophe Alévêque est super rebelle Je 24 – Chaque homme est une race de Mia Couto Me 30 – Motobécane de et avec Bernard Crombey – Emotion AVRIL
Ma 5 – Harold et Maude de Colin Higgins – Classique contemporain Ma 12 – Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée de Musset Me 20 – Le Mec de la tombe d’à côté de Katarina Mazetti MAI
Ma 3 – Kafka sur le rivage de Haruki Murakami Di 15 – Guerra par Pippo Delbono à Monthey
2010 · 2011 saison
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Tous les matins du monde PIERRE BONNARD, LE NABI À L’ACCENT DU MIDI, FAIT DE L’INTIMITÉ UN SUJET PUBLIC ■ Pierre Bonnard (1867-1947)
Pierre Bonnard, La Marine, Cannes, 1931, huile sur toile, 56 x 70 cm. MAURICE
fait partie du groupe des Nabis, formé à partir de 1888 autour de Paul Sérusier, Edouard Vuillard, Maurice Denis ou encore Félix Vallotton. Ces peintres sont subjugués par l’œuvre de Gauguin, ils découvrent avec enthousiasme l’art japonais et s’intéressent aux philosophies orientales. Un peu par dérision, ils reçoivent alors ce surnom de nabis, d’un nom hébreu qui veut dire prophète, illuminé. Bonnard sera quant à lui le nabi japonard... Maurice Denis, le plus littéraire, publie cette définition du jeune mouvement en 1890: «Se rappeler qu’un tableau, avant d’être un cheval de bataille, une femme nue ou une quelconque anecdote, est essentiellement une surface plane recouverte de couleurs en un certain ordre assemblées.» Jeune jusriste, Pierre Bonnard
AESCHIMANN
abandonne vite sa carrière administrative pour se consacrer à la peinture. Il privilégie des sujets intimes, des intérieurs, des nus. De lui, le public retient surtout ses fenêtres ouvertes sur un jardin baigné de lumière. On connaît moins peut-être son humour et son intérêt pour la vie citadine, son admiration pour Degas, dont il partage le goût pour l’imprévu et les cadrages décentrés. Il faut en effet se souvenir que la photographie fait son entrée dans la culture visuelle. Bonnard peint en 1894 des «Personnages dans la rue» qui s’inspirent des compositions de Degas et de ses propres flâneries dans
Paris, aux alentours de la place Clichy. «La Terrasse de la Roulotte à Vernonnet», dite aussi «Coup de soleil», a été peinte dans «La Roulotte», une maison que Bonnard occupe entre 1912 et 1938, sur la rive droite de la Seine. Située à l’écart du village, la maison est ouverte sur la nature et entourée d’un jardin à la végétation dense. Ses maisons, celle-ci puis celle qu’il achète au Cannet, deviennent un thème récurrent de sa peinture. Comme les impressionnistes, Bonnard est attiré par l’eau et ses reflets. Comme Signac, il aime naviguer. En 1929, il est à Arca-
chon, où il peint peut-être «La Rade» avec sa pinasse, la barque caractéristique des ostréiculteurs. «La Marine» rappelle le coup de foudre du peintre pour le Midi. En 1926, il achète une maison au Cannet, Le Bosquet. Entourée d’un jardin, la maison s’ouvre sur les collines de l’Estérel et la Méditerranée. Bonnard s’y fixe définitivement en 1938 et meurt au Cannet en 1947. «La Marine» réduit l’anecdote à l’essentiel. Les deux silhouettes sont à peine identifiables, la lumière est le vrai sujet du tableau. Certains critiques ont vu dans les compositions tardives de Bonnard une source d’inspiration de Jackson Pollock et du lyrisme abstrait américain. La Fondation Pierre Gianadda lui a consacré une rétrospective en 1999. VR (avec le catalogue de l’exposition) PAGE 7
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Signac, histoires d’eaux LE PEINTRE QUI AIMAIT LES SCIENCES...
■ Paul Signac (1863-1935) fait
Paul Signac, Avant du Tub (Opus 176), 1888, h/t, 45 x 65 cm. © 2010, PROLIT-
clairement partie des coups de foudre de ce collectionneur. Par la suite, il a développé des ensembles cohérents: «J’aime particulièrement constituer une série, par exemple celle de ports de France de Signac, ou les illustrations peintes par Van Dongen pour illustrer une édition d’«A la recherche du temps perdu» de Proust.» La série des ports de France (1929-1931), évoquée ici, est une commande de Gaston Lévy, mécène de l’artiste, créateur de la chaîne de magasins Monoprix. A ce moment, Signac préférait l’aquarelle à la peinture à l’huile pour peindre les sites marins ou fluviaux qu’il affectionnait. L’«Avant du Tub (Opus 176)» est
TERIS, ZURICH
bien antérieur. En 1888, Paul Signac est un des jeunes protagonistes de l’impressionnisme dit «scientifique», avec Seurat et Pissarro. Il peint souvent les bords de la Seine, Asnières ou Clichy. Pour cette toile, Signac a adopté le point de vue du plaisancier, en se situant à bord de son propre bateau, «Le Tub». L’artiste regarde en direction de la rive gauche du fleuve et décrit la lumière diffuse d’un jour gris. On aperçoit la nouvelle banlieue d’Asnières, dédiée aux loisirs nautiques. Au fond, dans l’axe du
voilier, apparaît la pointe de l’île de la Grande Jatte, un lieu important pour la génération de Paul Signac. C’est en effet là que son ami Georges Seurat (1859-1891) peint entre 1884 et 1886 «Un dimanche après-midi à l’île de la Grande Jatte», véritable manifeste pointilliste. Tout comme Seurat, Signac s’appuie sur des théories scientifiques nouvelles. Pour «Saint-Briac. Les balises. Opus 210», également présenté dans cette exposition, Signac reproduit avec précision un paysage réel, tout en utilisant la théo-
rie des couleurs et des lignes du mathématicien Charles Henri, auteur d’une «Introduction à une esthétique scientifique». Le peintre simplifie et géométrise sa composition, exécutée à toutes petites touches de couleurs. Cette toile est très proche de l’univers raffiné, presque abstrait, de Seurat. La Fondation Pierre Gianadda avait consacré une exposition à Paul Signac en 2003. Plusieurs des œuvres réunies à Martigny cet hiver, dont l’aquarelle «Les Cyprès de Sainte-Anne» et cette huile «Avant du Tub», avaient été présentées pour la première fois au public à cette occasion. VR
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Sous le soleil exactement MAXIMILIEN LUCE, PROCHE AMI DE PAUL SIGNAC, DONNE DES COULEURS À LA VIE MODERNE ■ Maximilien Luce (1858-1941)
a longtemps été un proche ami de Paul Signac. En 1889, Signac et Luce passent plusieurs semaines ensemble à Herblay, sur les rives de la Seine, à peindre sur le motif. L’année suivante, Signac invite son ami Luce sur son «Tub» et les toiles peintes côte à côte reflètent cette proximité esthétique. Camille Pissarro, leur aîné, est installé non loin, dans le village d’Eragny. Tous les trois explorent les possibilités du divisionnisme, testant de nouveaux effets optiques en juxtaposant couleurs primaires et couleurs secondaires par petites touches. Pissarro et Luce partagent les préoccupations du monde ouvrier. Après la répression de la Commune, Luce est même brièvement emprisonné. Par la suite,
Maximilien Luce, Le Port de Saint-Tropez, 1893, 73 x 91 cm. MAURICE AESCHIMANN
il collabore à des publications d’inspiration anarchiste, il peint les batailles ouvrières des révoltes syndicales, dénonce le sort des poilus pendant la guerre de 14-18. Les toiles présentées à Martigny montrent une autre facette de son œuvre, le paysagiste intéressé par la modernité, l’industrialisation, la vie urbaine. On trouvera ainsi des vues de Paris ou de Londres, ou un paysage très avant-gardiste de SaintTropez. Paris est la ville natale de Maximilien Luce. Parmi les dix toiles qu’il présente au Salon des indépendants en 1890, il choisit plusieurs vues du «Pont Neuf», avec la foule grouillant sur les quais. Luce aime les vues noctur-
nes, le crépuscule du soir, les becs de gaz allumés dans la nuit, toujours cet intérêt pour la modernité... Son ami le poète Léon-Paul Fargue se souvient, des décennies après l’avoir vu, d’un «carré de nuit...: un pont sur la Seine vu de biais qu’une longue file de réverbères en vol de grues marquetait de traverses rousses...» Le «Port de Saint-Tropez» est peint lors d’un séjour chez Paul Signac en 1893. La luminosité des vues tropéziennes contraste avec les paysages londoniens que Luce vient de fixer sur la toile. La critique est bonne lorsque Luce présente ces nouveaux tableaux au salon des Indépen-
dants la même année. Félix Fénéon a ces mots amusés: «Très épatantes les tartines de Luce. On est d’abord dans le Midi: le soleil tombe en plein; si ça continue, la mer va bouillir comme une soupe.» Cette toile du «Port de Saint-Tropez» a d’abord appartenu à Olivier Sainsère, avocat, politicien et collectionneur à l’œil sûr qui s’est intéressé à Monet, Seurat, Bonnard, Gauguin, Pissarro, Signac, etc. Elle est réapparue sur le marché en 2008. Maximilien Luce est très présent dans la collection présentée à la Fondation P. Gianadda, avec une large sélection de toiles, telles «Le Café» (1892), le «Port de Saint-Tropez» (1893) ou une «Vue de Londres» (1893), un des nocturnes chers à l’artiste. VR PAGE 11
Eclosion d’un art nouveau MAURICE DENIS, PURETÉ DE LA LIGNE ET PURETÉ DES SENTIMENTS
■ Commencée avec les impres-
Maurice Denis, Avril (Les anémones), huile sur toile, 1891, 65 x 78 cm.
sionnistes, la collection s’est peu à peu centrée sur des œuvres produites entre 1890 et 1940 environ. Dans un entretien publié dans le catalogue, le collectionneur revient sur cette évolution: «Avec le temps mon goût s’est précisé ou développé. Au début, j’appréciais surtout l’impressionnisme puis, avec Signac, j’ai privilégié des œuvres plus lumineuses, plus colorées et me suis surtout intéressé au postimpressionnisme. A partir des années 2000, j’ai décidé de compléter la collection avec Signac, Luce et les autres peintres néo-impressionnistes, mais aussi leurs contemporains du groupe des nabis et en particulier Maurice Denis.»
© 2010, PROLITTERIS, ZURICH
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Maurice Denis (1870-1943) est remarquablement représenté dans la collection, avec trois versions, sur six, du «Mystère catholique», et «Avril les Anémones», considéré par Marina Ferretti Bocquillon comme un «chef-d’œuvre absolu». Maurice Denis rencontre très tôt Paul Sérusier qui lui transmet son enthousiasme pour Paul Gauguin, rencontré en Bretagne. Très vite, Denis, Sérusier, Bonnard forment le groupe des Nabis. Le jeune Maurice Denis partage avec ses camarades son goût pour le Japon et le symbolisme. Il se passionne ensuite pour l’art de la
première Renaissance italienne, en particulier pour Fra Angelico qui répond à sa recherche de simplification de la ligne et son intérêt pour le spirituel. Il fait un premier voyage en Italie en 1897, séjourne à Rome l’année suivante et reçoit sa première commande d’art religieux en 1899, un décor pour une chapelle au Vésinet. Son œuvre comportera par la suite un grand nombre de compositions religieuses. En 1919, il fonde les Ateliers d’art sacré avec Georges Desvallières et vingt ans plus tard, il publie son «Histoire de l’art religieux». Dans «Avril (Les anémones)»,
Maurice Denis propose une version de la forêt de Saint-Germain-en-Laye s’éloignant à plusieurs titres de celle de ses aînés. Contrairement aux impressionnistes, Maurice Denis raconte volontiers des «histoires» dans ses tableaux. Il joue avec les références à la religion, à la mythologie, à la littérature, à la poésie, etc. Cette composition puise dans la mythologie grecque - Anémone est la nymphe dont s’éprit Zéphyr - dans la littérature latine - «Les Métamorphoses» d’Ovide - et dans un symbolisme issu de la tradition iconographique chrétienne. Le tableau a appartenu au décor du Palais Stoclet à Bruxelles.
Le vertige du monde SAM SZAFRAN FAIT RENAÎTRE L’ART DU PASTEL DANS LES ANNÉES 1970
■ «Je pense qu’un collection-
Sam Szafran, Escalier, pastel sur papier, 2002, 65 x 80 cm. MAURICE AESCHIMANN
neur n’arrête jamais de chercher, je dirais qu’aujourd’hui après ces années de quête je me suis assagi et j’essaye surtout de compléter la représentation de l’œuvre d’un peintre, je continue d’avoir envie de réaliser des ensembles, des séries comme celles de Signac ou de Van Dongen. Je fais la même chose maintenant avec Sam Szafran ou Albers...» Dans cette collection de maîtres surtout impressionnistes et néoimpressionnistes, Sam Szafran est le seul artiste né au XXe siècle. Né en 1934 dans une famille d’émigrés juifs polonais, Sam Szafran perd son père au début de la guerre. Il est caché chez des paysans, puis trouve refuge chez des républicains espagnols dans
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le Lot. A la fin de la guerre, il fait partie des enfants regroupés en Suisse par la Croix-Rouge. Il séjourne quelque temps à Frauenfeld, puis rejoint sa mère et sa sœur qui embarquent pour l’Australie. Il revient seul en France en 1951 et s’inscrit à l’atelier de la Grande Chaumière. Dans les années 1950, il se découvre une passion pour le jazz, forge des amitiés fortes avec des sculpteurs (Ipoustéguy, Delahaye, les Giacometti, etc.) et tente brièvement l’aventure de l’abstraction. Il se lie avec Riopelle, Yves Klein, Tinguely. En 1960, l’artiste reçoit une boîte de
pastels. Il abandonne la peinture à l’huile. La Galerie Claude Bernard à Paris le soutient depuis le début des années 1970. L’artiste travaille volontiers par séries. Après les «Choux», qui marquent ses débuts au pastel dans les années 1960, c’est avec les «Ateliers» et les «Imprimeries» qu’il va prendre sa véritable ampleur. Une quinzaine d’œuvres composent la série «L’imprimerie Bellini» de 1972. Szafran y multiplie les points de vue. Chaque pastel constitue un fragment de l’espace réel de l’imprimerie. La composition, très savante, tourne autour d’un
axe central, la poutre rouge, tandis que le toit et les structures métalliques convergent. Szafran travaille à partir de polaroïds, il joue avec les points de fuite et la perspective. Cette architecture finit par ressembler à celle d’une cathédrale. Comme Maurice Denis, Sam Szafran spiritualise le quotidien. Trois autres pastels plus récents («Escalier», 2000 et 2002, «Feuillage», 2006) présentent d’autres variations sur le thème de la perception, spatiale ou sensorielle. La série des escaliers, entreprise dès 1973, a désormais fait place à celle des feuillages. L’artiste y laisse libre cours à son goût pour une luxuriance de détails, pour le fantastique et le rêve. VR PAGE 13
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1. Alfred Sisley, «La Prairie», 1880.
2. Paul Signac, «La Place des Lices à Saint-Tropez», 1905.
3. Berthe Morisod, «Le piano», 1888.
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V
L
ierre-Auguste Renoir, un peintre impressionniste dont tu peux voir une jolie «Gabrielle» peinte à l’huile, aimait aussi l’aquarelle. Cette technique de peinture sur papier permet de donner de la transparence, de la légèreté et une impression de lumière quand l’aquarelliste laisse apparaître le blanc du papier. Pour toutes ces qualités, l’aquarelle a eu beaucoup de succès à partir des impressionnistes. Il faut dire aussi que le peintre pouvait emporter ses couleurs dans une boîte, ce qui est pratique quand on travaille en plein air. Il suffit ensuite de trouver un peu d’eau et le tour est joué. VR
ers 1900, on se déplace avec des voitures tirées par des chevaux ou dans des trains à vapeur, on rêve de voyager en ballon zeppelin, le cinéma vient d’être inventé et le téléphone fait son apparition dans les bureaux... Les peintres aussi aiment la modernité. L’invention de la peinture à l’huile en tube vers 1850 leur permet d’aller peindre en plein air. Ils peignent directement les paysages qu’ils ont sous les yeux, dans la lumière du soleil comme l’a fait Alfred Sisley, un peintre amoureux du ciel. C’est la naissance de l’impressionnisme...
e pastel est une technique de dessin qui utilise des petits bâtons moulés dans un mélange de pigments de couleurs et de colle (qu’on appelle aussi liant). Déjà connu au XVe siècle quand le papier fait son apparition, l’art du pastel revient à la mode à l’époque des impressionnistes. C’est facile à transporter, commercialisé par des marchands de couleurs, les peintres n’ont plus besoin de les fabriquer et peuvent les glisser dans leur besace quand ils vont peindre en plein air «sur le motif». Berthe Morisot, mais aussi Edgar Degas ou Henri de Toulouse-Lautrec ont été de grands pastellistes.
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Monet, de Marmottan DUNCAN PHILLIPS CROYAIT QUG E RANDE L’ART A LE POUVOID’ÉTÉ R D’EM ELFONDATION LIR LA VIE. PIERRE EXPOSITION À BLA
■ La vie et l’œuvre de Claude Monet apparaissent comme un symbole incontesté du mouvement impressionniste. En 1874, la Société anonyme des peintres, sculpteurs et graveurs organise, dans l’atelier du photographe Nadar, une exposition qui regroupe des artistes désireux de s’éloigner des salons officiels. Les visiteurs découvrent un genre de peinture nouvelle: une composition inhabituelle, une couleur claire, appliquée de façon généreuse et spontanée et des sujets qui appartiennent au monde du quotidien. Un journaliste du Charivari, Louis Leroy, inspiré par le tableau de Monet «Impression, soleil levant», invente le néologisme «impressionniste». Le public l’adopte pour remplacer le PAGE 16
Claude Monet, Le Pont japonais, 1918, huile sur toile100 x 200.
Musée
Marmottan, Paris, France/Giraudon/The Bridgeman Art Library
nom d’«intransigeant» donné à ces peintres auparavant. Né involontairement d’un tableau de Monet, l’impressionnisme devient le titre d’un des mouvements les plus célèbres de l’histoire de l’art. AVEC LE MUSÉE MARMOTTAN
La Fondation pourra bénéficier de prêts du Musée Marmottan et de tableaux provenant de musées et de collections particulières suisses. Situé dans le beau quartier de la Muette, le Musée Marmottan
est connu pour ses célè bres toiles impressionnistes. Ancien pavillon de chasse du duc de Valmy, ledit musée est acquis en 1882 par Jules Marmottan. Son fils Paul en fait sa demeure et l’agrandit d’un pavillon de chasse destiné à recevoir des objets d’art. A sa mort en 1932, il lègue à l’Académie des beaux-arts l’ensemble de ses collections ainsi que son hôtel particulier. Le Musée Marmottan naît en 1934 dans ce bel hôtel particulier du XIXe siècle avec un ensemble exception-
nel de chefs-d’œuvre du Premier Empire. En 1957, le Musée Marmottan bénéficie d’une donation de la collection de Victorine Donop de Monchy, héritée de son père le docteur Georges de Bellio, médecin de Monet, un des premiers amateurs de la peinture impressionniste. En 1966, Michel Monet, fils du peintre, lègue les tableaux reçus de son père au Musée Marmottan qui devient ainsi le musée de la plus importante collection au monde d’œuvres de Claude Monet. UNE SI LONGUE VIE
Né à Paris en 1840, Claude Monet passe sa jeunesse au Havre où sa famille s’installe quelque cinq ans plus tard. La Seine se jette dans la mer au
aux collections suisses GIANADDA DU 17 JUIN AU 20 NOVEMBRE 2011
Havre et explique la passion de Monet pour ce fleuve si souvent présent dans son œuvre. Très jeune, le futur peintre caricature les Havrais et collecte ainsi ses premiers petits sous. Eugène Boudin pratique son art au Havre et emmène un jour Monet peindre dans la campagne. Une véritable révélation pour le futur impressionniste qui déclare plus tard: «Ce fut comme un voile qui se déchire; j’avais saisi ce que pouvait être la peinture; par le seul exemple de cet artiste épris de son art et d’indépendance, ma destinée de peindre était ouverte.» A Paris en 1859, il travaille à l’Académie suisse et y rencontre Pissarro. Après son service militaire en Algérie où il reçoit «des impressions de
lumière et de couleur qui contenaient le germe de mes recherches à venir», il rentre au Havre, y retrouve Boudin et le Hollandais Jongking, lui aussi passionné de paysagisme en plein air, surtout de transparence atmosphérique. De retour à Paris, en 1862, il fréquente l’atelier de Charles Gleyre et se lie d’amitié avec Renoir, Sisley, Bazille, avec lesquels Monet partage les tendances naturalistes et antiacadémiques. Ensemble ils vont travailler sur le motif dans la forêt de Fontainebleau. Monet et ses
amis exposent au Salon de 1868 et sont mal acceptés par la critique officielle et le public. En 1870, la guerre franco-prussienne éclate, après la défaite de Sedan, Monet avec Pissarro se réfugient à Londres. Les œuvres de Turner et de Constable vont marquer les deux exilés. Monet rentre à Paris en 1871 en passant par la Hollande. Les reflets des rivières de ce pays comme ceux de la Tamise, irisés par une lumière rampante, provoquent une fascination pour le futur peintre des nymphéas.
La même année il s’installe à Argenteuil, village au bord de la Seine non loin de Paris, connu pour ses régates. C’est le début d’une décennie productive et d’une technique nouvelle. Il exclut les couleurs locales en faveur des complémentaires et les ombres deviennent couleurs animées par la lumière. La surface picturale de ces toiles atteint un dynamisme joyeux grâce à de petites touches fragmentées posées en virgule, accolées les unes aux autres. Cette modulation des couleurs détermine les formes et l’espace et se prête bien pour décrire les aspects mouvants de la nature, le scintillement de l’eau des rivières, le ■■■ PAGE 17
frémissement des feuillages dans le soleil. Il fixe le caractère éphémère de la nature sans l’immobiliser mais en lui donnant une réalité poétique. En 1874, c’est le baptême du mouvement impressionniste, dont la deuxième exposition se tient chez Durand-Ruel en 1876. A partir de 1878, il s’établit à Vétheuil, où s’éteint son épouse Camille Doncieux, l’année suivante, à l’âge de 32 ans. Deux fils étaient nés de cette union, Jean et Michel. Ce village lui inspire de nombreuses toiles dans lesquelles il saisit les variations du temps: le brouillard matinal, les paysages hivernaux dans lesquels il décrit le deuil de la nature. Rejoint par Alice Hoschedé, PAGE 18
Claude Monet, Nymphéas, 1903, huile sur toile 73 x 92. Musée Marmottan, Paris, France/Giraudon/The Bridgeman Art Library
épouse de son premier mécène ruiné Ernest, Monet avec ses fils et les six enfants de sa compagne habitent deux ans à Poissy de 1881 à 1883. Il participe à la septième exposition des impressionnistes en 1882 et en 1883 une rétrospective se tient chez Durand-Ruel avec 56 tableaux. Cette même année Monet découvre Giverny, village entre l’Ilede-France et la Normandie, où il se fixe avec sa famille jusqu’à sa mort. Au début, Monet voyage beaucoup: avec Renoir sur la
Côte d’Azur et en Italie, en Hollande, à Londres. Il expose à Bruxelles en 1886, ainsi qu’à New York, grâce à Durand-Ruel. En 1889, la galerie Georges Petit réunit Monet-Rodin, un événement qui fait date dans l’histoire de l’art. Des séjours en Norvège, Venise et dans la Creuse ponctuent encore la vie de cet artiste errant. A partir de l’automne 1890, le peintre transforme sa propriété et acquiert quelques terrains avoisinants. Le jardin potager devient
une vallée de pivoines, de lys, d’iris, géré par cinq jardiniers. Il se passionne pour cet espace, il aménage un «jardin d’eau» agrémenté d’un pont japonais, probablement inspiré par son importante collection d’estampes japonaises comprenant des œuvres de Hokusai et de Hiroshige. Nous en exposerons une cinquantaine prêtée par la Fondation Claude Monet de Giverny. Les nymphéas envahissent la surface de l’eau. Depuis 1895, son jardin devient sa grande source d’inspirations «... tout à coup j’ai eu la révélation des féeries de mon jardin. J’ai pris ma palette... depuis ce temps je n’ai guère eu d’autres modèles.» A partir de 1906, le thème des nymphéas se révèle presque
exclusif. De ces visions végétales, où l’eau affleure, le peintre pousse l’impressionnisme à une expression quasi abstraite. En 1911, survient le décès d’Alice Hoschedé, sa deuxième femme depuis 1892. Le patriarche de Giverny décède à l’âge de 86 ans en 1926. LA POÉSIE DU QUOTIDIEN
Monet peint pendant plus de soixante ans et à l’aube de sa vie, il porte un jugement sur son travail et déclare: «... ma seule vertu, c’est d’avoir peint directement d’après nature, en essayant de transcrire les impressions que produisaient sur moi les changements les plus fugaces.» Il trouve la plupart de ses sujets dans la vallée de la Seine, tel «La Seine à
Claude Monet, Londres. Le Parlement. Reflets, 1899-1901, huile sur toile 81 x 92 cm. Musée Marmottan Monet, Paris. Musée Marmottan, Paris, France/Giraudon/The Bridgeman Art Library
Argenteuil, 1874» (Kunstmuseum Bern, Legat Robert Vatter). Son intérêt pour les paysages et l’eau ne se démentira jamais, même loin de son pays, à Londres, «Le parlement. Reflets sur la Tamise, 1899-1901» (Musée Marmottan Monet, Paris). Le Parlement dont il peint les effets architecturaux atteste de ce nouvel urbanisme de Londres comme les récentes réalisations du baron Hausmann à Paris. L’étude de l’irisation de l’eau et de ses multiples miroitements trouvent son apothéose dans les
«Nymphéas, 1903» (Musée Marmottan Monet, Paris) et dans «Le Pont japonais, 1918» (Musée Marmottan Monet, Paris). A part l’eau et son spectacle sans cesse renouvelé, Monet est un homme de son temps, il rend aussi hommage par huit vues de la gare Saint-Lazare, antichambre de tous les départs vers les banlieues à la mode, vers sa chère Normandie, vers Londres... «Le pont de l’Europe Gare Saint-Lazare, 1877» (Musée Marmottan Monet, Paris), restitue toute une poétique de la vie moderne. Dans
le traitement rapide de la fumée, on retrouve la technique instantanée du peintre impressionniste. Les jeux de la vapeur soulignent les structures métalliques du pont. L’exposition Claude Monet de la Fondation, grâce à des prêts prestigieux, offrira au public un voyage où la réalité est recomposée à partir de la lumière à laquelle l’artiste fait subir des variations infinies. Une invitation à l’étude de la nature, des paysages, de l’urbanisme dans un souci de capter le réel dans ses apparences les plus fugitives. Un véritable hymne à la lumière et à la couleur. Antoinette de Wolff-Simonetta Fondation Pierre Gianadda PAGE 19
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Glaciers UNE EXPOSITION DE LA MÉDIATHÈQUE VALAIS JUSQU’AU 25 SEPTEMBRE 2011 ■ Longtemps menaçants, les glaciers sont fragiles et leur recul semble inéluctable. Eléments du paysage et objets d’étude, ils occupent également une place de choix dans l’imaginaire. La Médiathèque Valais Martigny leur consacre une grande exposition, jusqu’au 25 septembre 2011, tous les jours de 10 à 18 heures. A thématique spectaculaire, scénographie ambitieuse. A l’occasion de l’exposition, l’espace de la Médiathèque Valais - Martigny a été entièrement réaménagé. Le visiteur est invité à entrer dans une grotte glaciaire et à se laisser guider dans un labyrinthe qui donne à voir les différentes facettes du glacier: légendes et croyances, découvertes scientifiques, début du tourisme, etc.
Le glacier d’Aletsch. DR En médaillon à gauche: glacier du Trient, 1891, par Oscar Nicollier, MÉDIATHÈQUE VALAIS - MARTIGNY, en médaillon à droite: le même en 2009 par Hilaire Dumoulin. H. DUMOULIN. Photographies, gravures, peintures, affiches, films, images en 3D, et créations contemporaines mettent en scène les glaciers, de 1840 à nos jours. Du glacier du Rhône au massif du Mont-Blanc, l’exposition s’articule autour de comparaisons. Des vues actuelles, réalisées par Hilaire Dumoulin, sont mises en regard des plus anciennes photographies alpines. Mieux que de longs discours, elles donnent la mesure du déclin de ces géants. Le thème des glaciers est à la fois un sujet d’actualité et un élément central de l’histoire culturelle des
régions alpines. Une exposition ne peut prétendre en faire le tour. Pour compléter encore le tour d’horizon, de nombreuses manifestations sont organisées. Elles permettront d’approfondir l’un ou l’autre aspect de la problématique des glaciers: enjeux environnementaux et climatiques, évolution des connaissances, mais aussi films de fiction et documentaires, spectacle musical et visuel tous publics. Renseignements et programme complet sur www.mediatheque.ch La conservation et la mise en valeur du patrimoine valaisan
audiovisuel et imprimé sont une des missions principales de la Médiathèque Valais. Une telle exposition est l’occasion de présenter une partie de ce patrimoine, en l’occurrence une sélection d’affiches reflétant les débuts de l’industrie touristique en Valais. La numérisation constitue une opportunité supplémentaire de diffuser le patrimoine conservé à la Médiathèque Valais. Cette technologie offre au public la possibilité d’écouter des enregistrements sonores, de visualiser des photos, des films et de lire des textes anciens en version intégrale. La consultation en ligne se déroule sur www.mediatheque.ch Anne Michellod Romaine Valterio Barras PAGE 21
Actualité arc MISE EN VALEUR D’UNE PARTIE DU TEPIDARIUM DES THERMES PUBLICS
■ Au sud-ouest de la ville
antique de Forum Claudii Vallensium, en périphérie du centre urbain, à proximité de la Fondation Pierre Gianadda, s’étendent des thermes publics édifiés au IIe siècle de notre ère. En 1974, avant le terrassement de l’actuelle rue du Forum, cet établissement a pu être fouillé sur une surface d’environ 600 m2, alors que son corps principal devait occuper au moins 1850 m2, sans compter plusieurs annexes. D’importants sondages entrepris en 1991 dans le secteur ouest de ce complexe, à l’emplacement prévu d’une partie des garages souterrains de la Résidence du Forum, ont en effet permis de préciser la largeur du corps de bâtiment et de repérer quelques PAGE 22
Martigny: Plan des thermes publics du sud-ouest (fouilles 1974-1991). En F, le bassin du tepidarium. B. La salle de chauffe C avec ses foyers en blocs de molasse lors des fouilles de 1974. Au centre de la photographie, le tepidarium D. C. Le caldarium B lors des fouilles de 1974.
murs de clôture construits en plusieurs étapes, délimitant un enclos de forme irrégulière, contre lesquels quelques dépendances semblent avoir été édifiées (fig. A). Parmi les parties dégagées, on relève, dans l’angle sud, le vaste local de chauffe C (fig. B), avec ses foyers (praefurnia) en molasse qui alimentaient en air chaud le sous-sol de plusieurs salles: le caldarium B, la salle D, le tepidarium E avec son bassin F, particulièrement bien conservé. Au nord-ouest, un autre
local de chauffe TC, qui, dans un deuxième temps, s’ouvrait directement sur la cour située à l’intérieur de l’enclos, possède également un ou plusieurs foyers pour alimenter en air chaud le sous-sol des salles de cette partie des thermes. Au moins sept grandes salles étaient pourvues d’une telle installation (hypocauste): A, B, D, E (y compris son bassin annexe F), H, TB et M (cette dernière sur une partie seulement de sa surface). La plus spacieuse actuellement reconnue, A, cou-
vrait une surface de quelque 131,50 m2. Rien ne permet d’affirmer que des bassins ont été aménagés dans ses annexes sudouest et nord-ouest. A côté des impressionnants blocs de molasse des praefurnia de la salle de chauffe C, ces thermes possèdent deux particularités insignes: deux bassins de modestes dimensions aménagés au sein de l’hypocauste du caldarium B (dans ses angles sud et est, profonds de 56, respectivement 78 cm) et la hauteur (1,62 m) des pilettes (fig. C et D). Cette hauteur exceptionnelle – on ne connaît pas d’autre exemple – est due au fait que les bassins sont aménagés dans l’épaisseur de la structure de l’hypocauste, alors que, généralement, le fond des bassins des
rchéologique DE LA VILLE ANTIQUE DE MARTIGNY, LES THERMES DU SUD-OUEST
thermes se situe au même niveau que le sol du reste de la salle, dont ils sont séparés par des murets que le baigneur devait enjamber. Ici, le fond des bassins, chauffé par dessous et reposant par conséquent sur des pilettes, se situe à un peu moins d’un mètre, respectivement à quelque 75 cm au-dessous du sol de la salle, ce qui explique la hauteur inhabituelle des pilettes sur lesquelles ce dernier repose. La salle G, non chauffée, possède un bassin dans son angle est: ce devait être le frigidarium. La salle M, quant à elle, pouvait être une salle de réception, un auditoire, et les petits locaux I, K et L (ce dernier pourvu apparemment d’un bassin non chauffé) des salles de massage, des vestiaires,
D. Reconstitution de l’angle sud du caldarium B des thermes publics du sudouest. E. Le secteur dégagé en 1974 du bassin du tepidarium. F. Le chantier actuel lors des «portes ouvertes» du 27 octobre 2010.
voire des «salons privés». Aucun espace ne peut être identifié comme étuve (sudatio). De même, l’emplacement de la palestre demeure inconnu. Au début des années 1980, lors de la création du parking de la Fondation Pierre Gianadda, un espace correspondant à l’extension du bassin du tepidarium, en très bon état de conservation (fig. E), construit au sud-est contre la façade des thermes, avait été réservé, dans l’attente d’une possible mise en valeur sous un abri protecteur.
Trente ans après, à l’initiative de Léonard Gianadda, qui a trouvé le financement de sa construction, un pavillon est en cours de réalisation (fig. F). Ce projet s’insère aussi dans le cadre du réaménagement de la rue du Forum. Cet édifice, conçu par l’architecte John Chabbey, abritera les vestiges du bassin et d’une partie de la salle du tepidarium proprement dit, qui seront ainsi protégés des intempéries. On y présentera également, sous forme de copies, les bustes de César et de l’empereur Claude I,
les «pères fondateurs» de l’histoire martigneraine. Lieu de rencontre et d’informations consacré à l’archéologie martigneraine, on pourra y lire également le texte de César concernant la bataille d’Octodure (57 avant J.-C.), en version originale et en traductions, et se renseigner sur les différentes visites archéologiques proposées: Musée et jardins de la Fondation Pierre Gianadda, Mithraeum, Amphithéâtre, Maison du Génie domestique, Promenade archéologique avec Caldarium des thermes du forum et Cave romaine, Domus Minerva et Caveau archéologique de l’église paroissiale (première cathédrale du Valais). François Wiblé Archéologue cantonal PAGE 23
MUSÉE NATIONAL SUISSE. Château de Prangins. 08.10.2010 – 01.05.2011 Papiers peints, poésie des murs Les collections du Musée national suisse
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FONDATION PIERRE GIANADDA MARTIGNY-LA-ROMAINE PROCHAINES EXPOSITIONS 10 décembre 2010 – 13 juin 2011
DE RENOIR À SAM SZAFRAN PARCOURS D'UN COLLECTIONNEUR tous les jours de 10 h. à 18 h.
17 juin – 20 novembre 2011
CLAUDE MONET AU MUSÉE MARMOTTAN ET DANS LES COLLECTIONS SUISSES tous les jours de 9 h. à 19 h.
PROCHAINS CONCERTS Dimanche 12 décembre 2010 à 17 heures
CHRISTIAN ZACHARIAS, direction MARC PANTILLON, piano ORCHESTRE DE CHAMBRE DE LAUSANNE Prokofiev, Poulenc et Bizet Vendredi 25 février 2011 à 20 heures
MICHEL CORBOZ, direction ENSEMBLE VOCAL DE LAUSANNE LES CORNETS NOIRS Monteverdi Mercredi 16 mars 2011 à 20 heures
OLIVIER CAVÉ, piano Clementi, Beethoven, D. Scarlatti, Granados, Albenìz et Villa Lobos Louis et Mireille-Louise Morand Mardi 5 avril 2011 à 20 heures
VIKTORIA MULLOVA, violon GIOVANNI ANTONINI, direction KAMMERORCHESTER BASEL Schubert et Beethoven
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Jeudi 14 avril 2011 à 20 heures
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Prix des places de concerts: Fr. 30.– à Fr. 120.–
Renseignements: Fondation Pierre Gianadda, 1920 Martigny Téléphone: 027 722 39 78 – Fax: 027 722 52 85 – www.gianadda.ch
Signature: Bulletin à détacher et à retourner à la Fondation Pierre Gianadda, 1920 Martigny - Suisse
Les Alpes au cœur du monde VENEZ DÉCOUVRIR NOS CÉLÈBRES CHIENS SAINT-BERNARDS ET NOS EXPOSITIONS TEMPORAIRES.
■ Le Musée et Chiens du Saint-
Bernard, Fondation Bernard et Caroline de Watteville présente un voyage au cœur des Alpes. Le musée vous invite à venir découvrir ses expositions temporaires et son espace permanent consacré à l’hospice et au col du Grand-Saint-Bernard et à ses chiens, au travers d’une muséographie moderne et ludique. Situé dans un ancien arsenal militaire qui jouxte l’amphithéâtre romain, le musée abrite des œuvres d’art, des tableaux du XIXe ainsi que des sculptures de l’école de Brienz. Réalisés spécialement pour le musée, deux films sont également projetés. «François le pèlerin» dévoile des scènes de sauvetage par des saint-bernards et de magnifiques vues des Alpes.
Une muséographie ludique pour une promenade dans les Alpes et dans quelques autres cultures de montagne. DR
«Attachez vos ceintures» est un dialogue entre un saint-bernard et un berger allemand sur leur vision du sauvetage en hélicoptère. Vous pourrez également admirer, photographier et caresser les légendaires chiens saint-bernards. Ceux-ci peuvent s’ébattre librement dans un parc arboré. Vous y trouverez aussi le chenil et l’espace réservé aux soins des chiens. La Fondation Bernard et Caroline de Watteville propose également deux espaces dédiés aux exposi-
tions temporaires. Les expositions consacrées aux «Masques de l’Himalaya» et aux «Masques du Lötschental et autres masques suisses» peuvent y être admirées jusqu’au début de l’année 2011. Offrant un parallèle entre les cultures suisse et himalayenne, elles ont l’honneur d’être reconnues par la Commission suisse de l’UNESCO comme contribution à l’année internationale du rapprochement des cultures. L’exposition «Masques de l’Himalaya» suscite l’intérêt en proposant des masques aussi fasci-
nants que mystérieux, à l’image des divinités ou démons présentés. L’exposition «Masques du Lötschental et autres masques suisses» fascine les petits comme les grands. Avec leurs expressions effrayantes mais magnifiques, les masques frappent par leur présence à tel point qu’on les imagine volontiers prendre vie. Au cours de l’année 2011, d’autres expositions temporaires seront proposées. Vous pourrez notamment admirer une nouvelle exposition d’art inuit. Nous vous invitons à consulter régulièrement notre site internet pour plus de renseignements et à nous rendre visite. Musée et Chiens du Saint-Bernard, Fondation Bernard et Caroline de Watteville PAGE 27
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