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IMAGES SAINTES – MAÎTRE DENIS ROUBLEV ET LES AUTRES GALERIE NATIONALE TRETIAKOV MOSCOU
Supplément
du 2 décembre 2009 Ce cahier ne peut pas être vendu séparément
DU 3 DÉCEMBRE 2009 AU 13 JUIN 2010
La ronde des animaux
A une époque où l'on ne jurait que par la modernisation à tout-va, René-Pierre Bille, Georges Laurent et Michel Strobino ont attiré l'attention sur la fragilité du patrimoine naturel. Leurs images disent la beauté de la vie sauvage et invitent à la respecter. La Médiathèque Valais - Martigny leur rend hommage dans une exposition multimédia. Un parcours dans les sous-bois et en montagne à la découverte du « monde sauvage de l'Alpe ». A cette occasion, paraît Comme aux premiers matins du monde, un album de photographies de Georges Laurent, avec des légendes de Maurice Chappaz. (mv.martigny@mediatheque.ch)
Médiathèque Valais - Martigny Gare 15 3 juillet 2009 - 17 janvier 2010 tous les jours 10-18 heures
SOMMAIRE
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ICÔNES RUSSES Saintes comme des images les icônes orthodoxes
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ANDREÏ ROUBLEV Le moine «plein de joie et de clarté»
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MAÎTRE DENIS Le peintre de la grâce
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LA BIBLE ET LES SAINTS L’imaginaire des icônes prend sa source dans l’histoire biblique et la vie des saints
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LES MOTS POUR LE DIRE Quelques précisions utiles pour comprendre le monde des icônes
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NICOLAS DE STAËL Une exposition pour l’été 2010
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LES PHOTOS DE LÉONARD GIANADDA VONT EN VOYAGE Expositions des photographies de Léonard Gianadda à Évian et à Moscou
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LA SAISON MUSICALE PLAN DE MARTIGNY LA ROMAINE LE PARC DES SCULPTURES Plan de la Fondation Pierre Gianadda et de ses jardins
COUVERTURE
Des fleurs au pied des icônes ■ Une exposition d’icônes n’est pas une exposition comme une autre. Léonard Gianadda se souvient de sa surprise, à une de ses premières visites à la Galerie Tretiakov, de voir de nombreux visiteurs déposer des fleurs au pied des icônes, «au sein même du musée». Les icônes sont d’abord des images sacrées et il y a une certaine jubilation à les contempler dans un lieu qui fut lui-même sacré, ce temple indigène autour duquel la Fondation Pierre Gianadda s’est construite. Moscou 1957, premier voyage d’un très jeune Léonard Gianadda en Russie. «Images saintes» 2009, troisième exposition d’icônes à la Fondation Pierre Gianadda. La capitale russe, ses grands musées, ses collections d’art ont durablement impressionné le Valaisan. Avec constance, Léonard n’a cessé d’arpenter, de creuser et de faire fructifier les sillons ouverts dans sa jeunesse. La Galerie Tretiakov tient une place importante dans l’histoire de Léonard Gianadda et de la Fondation qui porte le nom de son frère. En 1991, une action en mécénat avait permis la restauration du Théâtre juif de Marc Chagall et une première exposition à Martigny. En 1997, la galerie russe accordait un premier prêt d’icônes à la suite d’un deuxième mécénat. Bâtir une exposition uniquement sur ces images sacrées était alors nouveau. Cette année marque la 3e exposition d’icônes russe et la 7e collaboration entre la Galerie Tretiakov et la Fondation. C’est à chaque fois une exploration d’un autre pan de cette collection majeure, avec en 1997 les grands thèmes de l’Ancien et du Nouveau Testament, en 2000 les saints russes. Pour ces «Images saintes», Nadejda Bekeneva, commissaire de l’exposition, fait entrevoir la richesse des écoles stylistiques et de leurs iconographes. Une place particulière est donnée aux plus célèbres d’entre eux, Andreï Roublev, Maître Denis, Simon Ouchakov. Pour une exposition presque comme une autre. Véronique Ribordy
• Les Saints Elus: Parascève, Grégoire le Théologien, Jean Chrysostome, Basile le Grand, Détrempe sur bois, XVe siècle, 147 x 134 cm PAGE 3
• A ta droite se tient la Reine, Détrempe sur bois, Seconde moitié - fin du XVesiècle, 28,5 x 24 cm
IMPRESSUM Editeur Editions Le Nouvelliste S.A., R. de l’Industrie 13, 1950 Sion Rédacteur des magazines Jean Bonnard Rédactrices Véronique Ribordy et Antoinette de Wolff ©Pro Litteris, Zurich Réalisation Isabelle Grichting Impression Centre d’Impression des Ronquoz S.A., Sion Diffusion encarté dans «Le Nouvelliste» et distribué à la Fondation P. Gianadda Publicité Publicitas S.A., Sion Ce magazine est gratuit et ne peut en aucun cas être vendu
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Saintes comme des images, DEPUIS 1000 ANS LES ICÔNES RUSSES FONT LE PORTRAIT DU DIVIN
■ Le mot grec «eikôn», image, a
donné son nom aux images sacrées des chrétiens orthodoxes. Dans les pays orthodoxes, le mot désigne une représentation des saints, de la Vierge ou du Christ, ou encore une peinture des scènes de leur vie. Ces images codifiées sont regroupées depuis des siècles sur l’iconostase des églises orthodoxes. Sur cette cloison qui sépare les fidèles du lieu du mystère où le prêtre officie, les icônes se superposent, dans un ordre préétabli. Il arrive aussi que l’«Image» entre dans les habitations pour des dévotions privées. Le culte des icônes peut s’épanouir lorsque le christianisme devient religion d’Etat, sous le règne de l’empereur Constantin. PAGE 4
La «Sainte Face», Iaroslavl, dernier quart du XIVe siècle, détrempe sur bois, 104 x 74 cm, provient de l’église Saint-Nicolas de Novoïé, entrée en 1966 dans le fonds de la Galerie Tretiakov. Cette représentation du visage du Christ est dite acheiropoïète, non faite de la main de l’homme. Selon la tradition, le Christ imprime les traits de son visage sur le linge que lui tend Véronique dans la montée au Calvaire. Le prénom garde le souvenir de cette légende, Véronique, la porteuse d’image, ou selon les étymologies, la vraie image. Galerie Tretiakov Moscou
Dès 330, l’empereur fait de Byzance la capitale de l’Empire romain. Byzance devient Constantinople, la ville de Constantin. Les artistes de la cour impériale donnent une iconographie officielle à la nouvelle religion. La capitale devient le berceau de la
peinture d’icônes. Les plus anciennes icônes connues datent du Ve siècle. Elles sont conservées au Monastère Sainte-Catherine sur le MontSinaï. En 2004, la Fondation Pierre Gianadda avait d’ailleurs accueilli une partie de la collec-
tion d’icônes des moines du Mont-Sinaï lors d’une grande exposition intitulée «Trésors du monastère Sainte-Catherine, mont Sinaï Egypte». L’icône survit à deux crises iconoclastes, ou de destruction des images, aux VIIIe et IXe siècles. Contrairement à l’islam et au judaïsme, le christianisme finit par autoriser la représentation des êtres divins. Mais pour se conformer au caractère sacré des images, les peintres d’icônes obéissent à des règles strictes, dans leur vie comme dans leur art. Dessin, couleurs, représentation des personnages et des scènes sont fixés par écrit. Les icônes assument une double charge, celle d’objet de culte et d’outil de catéchisme.
les icônes orthodoxes Ni élément décoratif, ni illustration des textes de l’Ancien ou du Nouveau Testament, l’icône fait partie intégrante de la liturgie. Elle a son rôle à jouer lors des fêtes religieuses. Transportable, elle peut être amenée en procession ou prendre une place particulière dans les églises. Son usage se répand dans l’Orient chrétien. Il faut attendre le Xe siècle pour que le culte des icônes pénètre en Russie. En 988, le grand prince de Kiev, Vladimir, choisit le christianisme comme religion officielle. Il invite à Kiev des pein-tres de Constantinople qui emmènent dans leurs bagages la tradition des icônes byzantines. Plusieurs foyers de peintres d’icônes vont se développer par-
«La protection de la Mère de Dieu», Novgorod, seconde moitié du XVe siècle, détrempe sur bois, 74 x 50 cm, de la collection I.S. Ostrooukhov, entrée en 1929 dans la Galerie Tretiakov. La composition de cette icône est inspirée d’un épisode de la vie de saint André le Fol-en-Christ, qui a vécu à Constantinople vers le Xe siècle. Alors qu’il est en prières dans l’église des Blachernes à Constantinople, saint André a la vision de la Vierge, entourée d’anges, d’apôtres, de martyrs et de Pères de l’Eglise, entrant dans l’église et étendant son manteau en signe de protection au-dessus des fidèles. Le peintre d’icône a transposé cette scène dans une architecture russe à coupoles et à toits rouges. Galerie Tretiakov Moscou
tout en Russie, à Souzdal et Vladimir du XIIe au XVe siècle, à Iaroslav du XIIIe au XVIIe siècle, et surtout à Novgorod entre le XIe et le XVe siècle. L’influence byzantine disparaît peu à peu. Les peintres d’icônes russes
créent un style nouveau, moins sévère, plus populaire. Après la prise de Constantinople par les Turcs ottomans en 1453, Moscou s’affirme comme principal centre pour les peintres d’icône. Les ateliers les plus
fameux s’y concentraient déjà, avec Théophane le Grec (vers 1335-1410) proche des primitifs italiens, Andreï Roublev (vers 1360-1430), contemporain de Fra Angelico, ou Maître Denis (vers 1440-1508). Longtemps objet de culte, l’icône a accédé tardivement au statut d’œuvre d’art. Le premier collectionneur à exposer les icônes comme des œuvres d’art est Pavel Tretiakiov (1832-1898), marchand et industriel dans le textile, fondateur de la Galerie Tretiakov de Moscou. Les icônes n’étaient qu’une toute petite partie de son énorme collection occupant quarante salles d’une galerie spécialement construite à cet effet. ■■■ PAGE 5
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Pavel Tretiakov lègue ses collections à l’Etat russe en 1892, quelques années avant sa mort. En 1909, la soixantaine d’icônes rassemblées par le collectionneur entre dans l’exposition permanente de la Galerie Tretiakov; c’est le premier musée à donner à l’icône le statut d’œuvre d’art. En 1914, le déclenchement de la Première Guerre mondiale entraîne un regain d’intérêt nationaliste pour l’art russe ancien. Dès 1930, les conservateurs de la galerie présentent les icônes par provenance sur le modèle des écoles occidentales. Les icônes, étudiées, exposées, deviennent des œuvres presque comme les autres. Récemment, leur fonction d’objet de culte a cependant été réactivée par des demandes de prêts ou de
«Présentation au Temple» avec scènes de la vie de la Mère de Dieu, de Joachim et d’Anne, XVIe siècle, Novgorod, détrempe sur bois, 116 x 102 cm, provient de la collection A.V. Morozov. La «Présentation au Temple» est inspirée d’évangiles apocryphes. Selon la légende, Marie, âgée de 3 ans fut conduite au Temple pour être consacrée à Dieu par un vœu de ses parents,Anne et Joachim. Elle est accueillie par le grand prêtre Zacharie qui la fait asseoir sur le troisième degré de l’autel, puis la guide dans le Saint des Saints, où même les grands prêtres n’étaient autorisés à entrer qu’une fois par an. Dans les marges sont peints des épisodes de la vie de Marie,Anne et Joachim. Galerie Tretiakov Moscou
dépôt de la part de l’Eglise orthodoxe russe. Le département des icônes de la Galerie Tretiakov, «le plus russe des musées russes», attire un public nombreux. Les «Trois anges» ou «Trinité», d’Andreï Roublev, est mondialement connue. Entrée à la Galerie Tretiakov en 1929, elle est l’objet d’un
véritable culte de la part des visiteurs. Cette icône des icônes ne sort évidemment plus de Russie. Pour bien comprendre la singularité des icônes, il faut encore dire quelques mots sur les règles qui régissent leur élaboration. Nous avons dit plus haut que chaque détail de la peinture répond à une signification précise et codifiée.
De même, peindre une icône n’est jamais un acte anodin. Avant d’entreprendre sa tâche, le peintre d’icône mène une vie pieuse et observe une période de jeûne. L’icône est peinte sur une planche de bois, qui renvoie au bois de la croix du Christ. La surface est recouverte d’une toile de lin, puis d’une préparation à base de craie mélangée à de la colle d’esturgeon, le levkas, posée en plusieurs couches, puis polie. La peinture à la détrempe consiste en un mélange d’eau, d’œuf et de pigments. Pour conserver l’éclat des couleurs, la détrempe est vernie. Le fond d’or rappelle la lumière éternelle. Chaque étape a ainsi sa symbolique qui renvoie aux fondements de la religion chrétienne orthodoxe. VR PAGE 7
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Andreï Roublev LE MOINE «PLEIN DE JOIE ET DE CLARTÉ»
■ La Fondation Pierre Gianadda
présente 64 icônes, certaines réalisées par des peintres qui ont marqué cet art. Deux œuvres sont de la main d’Andreï Roublev, «Saint Jean Chrysostome» et «Saint Grégoire le Théologien». Andreï Roublev, peintre de génie de l’ancienne Russie, naît lors d’une période charnière. Les principautés russes, auparavant isolées par l’invasion des Tatars, commencent à s’unir sous la suprématie de Moscou. Le monachisme vit alors son âge d’or en Russie. Andreï Roublev, canonisé en 1988, est lui-même un moine né vers les années 1360 et mort vers 1430. Son nom apparaît pour la première fois dans une chronique qui décrit les travaux de décora-
«Saint Grégoire le Théologien» et «Saint Jean Chrysostome», 1408, Andreï Roublev. Moscou. Détrempe sur bois, 314 x 106 cm et 313 x 105 cm, proviennent de l’iconostase de la cathédrale de la Dormition de la ville de Vladimir. Galerie Tretiakov Moscou
tion de la cathédrale de l’Annonciation au Kremlin à Moscou en 1405. Il fait partie d’une équipe de peintres dirigée par le célèbre Théophane le Grec. Cependant, Andreï Roublev va s’affranchir du style de Théophane et des canons grecs pour laisser parler l’influence locale. Il élimine les détails narratifs pour construire des compositions d’un remarquable équilibre, dans un style «plein de joie et de clarté». Il participe à quelques-uns des grands chan-
tiers de son temps, à la cathédrale de l’Assomption à Vladimir, au monastère de la Trinité-SaintSerge. Il passe de longues années au monastère Saint-Andronic. Les deux icônes de saint Jean Chrysostome et saint Grégoire le Théologien faisaient partie de l’iconostase de la cathédrale de la Dormition de la ville de Vladimir. Les «Chroniques du monastère de la Trinité-Saint-Serge» rapportent que la cathédrale de la Dormition fut ornée de fresques
en 1408 par Andreï Roublev. De l’iconostase, qui formait un tout avec les fresques, ont été conservées treize icônes de la rangée de la Déisis. Saint Jean Chrysostome (347407) et saint Grégoire le Théologien (329-389), tous deux archevêques de Constantinople, trouvent là une de leurs premières représentations en pied dans une Déisis. La célèbre icône de la Trinité de Roublev, peinte vers 1411 pour le monastère de la Sainte-Trinité de Zagorsk, a elle aussi ouvert une nouvelle voie pour les peintres russes. Le «Concile des cents» à la fin du XVe siècle impose ses œuvres comme canons particuliers de l’Eglise orthodoxe russe. VR PAGE 9
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Maître Denis LE PEINTRE DE LA GRÂCE
■ Maître Denis vit également au
XVe siècle (environ 14301503) et son atelier moscovite participe à la décoration de nombreuses églises. Son art vise à «représenter la beauté qui n’est pas de ce monde» et à provoquer une élévation morale et spirituelle du croyant. L’icône de «La Crucifixion» est considérée comme l’un des chefsd’œuvre de Denis. Elle appartient à la période où le zographe travaille sur le lac Blanc, au nord de la Russie. En 1500, Denis a peint une partie de l’iconostase de l’église de la Sainte-Trinité du monastère Saint-Paul d’Obnora, dont provient cette icône, très proche par son style des célèbres fresques de l’église de la Nativité de la Vierge du monastère Fera-
«La Crucifixion», 1500, Maître Denis, Moscou, détrempe sur bois, 85 x 52 cm, provient de l’iconostase de l’église de la Sainte-Trinité du monastère Saint-Paul d’Obnora, aux environs de Vologda, reçue en 1932. Cette icône est considérée comme l’un des chefs-d’œuvre de Maître Denis, un des plus célèbres peintres d’icônes du XVe siècle. Galerie Tretiakov Moscou
pontov. Cette «Crucifixion» suit l’iconographie traditionnelle, avec la croix et le Mont-Golgotha au centre, Marie et trois saintes femmes à droite du Christ, l’apôtre Jean et le centurion Longin à sa gauche. Sous les bras de la croix sont figurées l’Eglise vétérotestamentaire et l’Eglise néotestamentaire, accompagnées d’anges. Une
autre icône rappelle l’art de Maître Denis à Martigny, il s’agit de «La Sainte-Trinité». Cette icône, attribuée à l’école de Maître Denis, met en image la notion de la Trinité. C’est l’iconographie la plus ancienne de la Trinité, tirée de la rencontre d’Abraham et des trois anges, un récit de la Genèse, chapitre 18. La composition de
l’icône, l’attitude et les gestes des anges s’inspirent clairement de la «Trinité» d’Andreï Roublev dont nous avons parlé précédemment. Le style de Maître Denis est caractérisé par des figures allongées et arquées, ce qui en accentue la grâce, et par les traits délicats du visage, avec leurs yeux entrouverts qui semblent renvoyer à une intense vie intérieure. La composition, avec ses couleurs délicates et son équilibre parfait, se détache sur un fond d’or. Certains historiens voient dans cet art l’annonce d’un maniérisme et d’une surabondance de détails, prémices d’un style plus décoratif, et selon ce point de vue moins spirituel, qui fleurira dans les siècles suivants. VR PAGE 11
i xp os ons E l lyriques Musée d’art du Valais, Sion 14 novembre 2009 – 11 avril 2010 Du mardi au dimanche 11 – 17h www.musees-valais.ch
Conception graphique: Arturo Andreani, Berne
La peinture abstraite en Suisse 1950 –1965
La Bible et les saints L’IMAGINAIRE DES ICÔNES PREND SA SOURCE DANS L’HISTOIRE BIBLIQUE ET LA VIE DES SAINTS
■ La peinture d’icônes donne
une place importante aux scènes de l’Ancien Testament, du Nouveau Testament et à la vie des saints. Parmi les scènes de l’Ancien Testament présentes dans cette exposition, «L’arbre de Jessé» (XVIIe siècle) met en image la généalogie de Jésus depuis Jessé, représenté couché, avec un cep de vigne poussant de son flanc. Connue dès le IXe siècle, cette image est inspirée par la prophétie d’Isaïe qui annonce la venue du Messie: «Un rejeton sortira de la souche de Jessé, un surgeon poussera de ses racines.» «La Création du monde» (XVIe siècle) illustre les premiers chapitres de la Genèse. L’icône est séparée en deux registres, le
«Notre-Dame du Signe», icône processionnelle à deux faces, seconde moitié du XVIe siècle, Novgorod, provient de la collection I.S. Ostrououkhov, entrée en 1929 dans la collection de la Galerie Tretiakov. Galerie Tretiakov Moscou
monde visible en bas et le monde invisible en haut. Certaines icônes puisent à la fois dans l’Ancien et dans le Nouveau Testament. L’iconographie de «La Sagesse a bâti sa maison» (première moitié du XVIe siècle, Novgorod) réunit ainsi des thèmes iconographiques différents pour illustrer des points doctrinaux à la symbolique complexe. Les sept piliers de la Sagesse sont reliés aux sept Conciles œcuméniques.
Les scènes tirées du Nouveau Testament apparaissent largement représentées dans la collection présentée à Martigny. La vie de Jésus est évoquée avec «Le baptême», «La transfiguration», «L’entrée à Jérusalem», etc. De nombreuses images sont dévolues à Marie, telle «La Sainte Mère de Dieu allaitant» ou «Notre-Dame du Signe». Cette dernière iconographie est présente par une icône processionnelle à double face provenant de
Novgorod. La «Vierge du Signe» renvoie à une célèbre relique conservée dans la cathédrale de Novgorod. Une légende du XIVe siècle rapporte que cette relique a permis à Novgorod d’échapper au pillage lors du siège de la ville par les troupes du grand-prince André Bogolioubski de Vladimir et Souzdal en 1170. L’icône de Novgorod ayant accompli le signe (le miracle) a donné son nom à un type d’image très répandu dans l’art orthodoxe. Au revers est représentée la «Conception de saint Jean le Précurseur», parfois appelé le «Baiser de Zacharie et Elisabeth», une scène tirée de l’Evangile de Luc. Ce sujet était également très populaire à Novgorod. VR PAGE 13
IMAGES SAINTES Maître Denis, Roublev et les autres Galerie nationale Tretiakov Moscou
Les gravures du
Grand-Saint-Bernard et sa région
Collection Fondation Pierre Gianadda
Fondation Pierre Gianadda
Fondation Pierre Gianadda
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De Renoir à Sam Szafran
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3 décembre 2009 – 13 juin 2010 Tous les jours de 10 h à 18 h
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3 décembre 2009 – 13 juin 2010 Tous les jours de 10 h à 18 h
parcours d’un collectionneur
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10 décembre 2010 –12 juin 2011 Tous les jours de 10 h à 18 h
Les mots pour le dire QUELQUES PRÉCISIONS UTILES POUR COMPRENDRE LE MONDE DES ICÔNES
■ ICONOSTASE
«L’iconostase est la frontière entre le monde visible et le monde invisible.» Paroi élevée au niveau de l’abside des églises orthodoxes qui sépare les croyants de l’autel, mais dans le même temps les relie au monde céleste. Son usage se répand entre le XIVe et le XVIe siècle. L’iconostase est divisée en plusieurs registres horizontaux. Les deux registres supérieurs sont dévolus à l’église de l’Ancien Testament avec les patriarches et les prophètes. Un troisième registre comporte les douze grandes fêtes de l’Eglise orthodoxe (quatre fêtes de Marie, six fêtes du Christ, la Pentecôte et l’Exaltation de la Croix). Un quatrième registre contient la Déisis. Le der-
«L’Annonciation», Simon Ouchakov, détrempe sur bois, 56 x 37 cm. Cette icône prend sa source dans l’Evangile selon saint Luc. Le sujet apparaît en Russie dès l’adoption du christianisme. Celle-ci a été peinte par Simon Ouchakov (1626-1686), peintre en chef de l’école du Palais des armures de Moscou, personnage central dans l’art russe du XVIIe siècle. Ce grand maître apporte un élément nouveau dans la composition. Le nuage où figure Dieu, le Saint-Esprit et l’archange Gabriel occupe la moitié de l’espace de l’icône. Les effets de perspective sont réservés à la moitié droite de l’image, mais avec une architecture austère et sans fioriture, ce qui le distingue également de ses confrères.
nier registre, le plus bas, comporte des figures en pied de saints locaux, d’anges, de la Vierge et du Christ. Au centre, la porte est réservée à l’Annonciation et aux évangélistes, elle symbolise l’en-
trée du royaume des cieux.
parfois élargie aux saints archanges et aux apôtres. Elle constitue l’image centrale de l’iconostase. ÉCRITS APOCRYPHES
L’ensemble de textes (évangiles, actes, apocalypses, etc.) non reconnus par l’Eglise. La conception de sainte Anne par exemple (icône du XVIIIe siècle, provenant du nord de la Russie) est inspirée par plusieurs évangiles apocryphes apparus au IIe siècle, tels le «Protoévangile de Jacques», l’«Evangile du pseudoMatthieu», le «Livre de la nativité de Marie et de l’enfance du Sauveur», etc.
DÉISIS
Le Christ entre la Vierge Marie et Jean-Baptiste qui intercèdent pour l’humanité. La Déisis est
ICONOGRAPHE, HAGIOGRAPHE, ZOGRAPHE
Peintre d’icône.
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Décembre Ma 1er - AZh HZV \^gah | humour musical Me 16 - AV ;a iZ ZcX]Vci Z YÉVeg h BdoVgi Janvier Di 17 - AZh <j^iVgZh kVaV^hVccZh YZ <jn @jbbZg"C^Xdajhh^ Me 20 - =di =djhZ YZ =VgdaY E^ciZg Ve 29 - AV 7aVcX]^hhZg^Z dj AÉ:hhdgZjhZ | g kZ | Chorégraphie Février Je 4 & Ve 5 - 6iiZci^dc YZ Zi eVg BVgX 9dcZi"BdcZi | humour Ma 9 - EVXVbVbWd YZ LV_Y^ BdjVlVY Ve 26 - AZh ;g gZh IVadX]Z | humour Mars Me 10 - K^Xidg =j\d! bdc Vbdjg YÉVeg h K^Xidg =j\d Je 18 - Ig^d LVcYZgZg | Musique de chambre Me 24 - ?djgcVa | fjVigZ bV^ch YZ ;adgV Zi 7Zcd iZ <gdjai * Molière de la révélation théâtrale Me 31 - I^aa ;ZaacZg | piano Avril Je 15 - Idji Vj WdgY YZ 7ZgcVgY 8d\c^Vjm Zi BVg^Z"EVjaZ @jbeh * Prix du Théâtre {B} Je 29 - ;ZVgh YZ Zi eVg BVcj @gdje^i | Humour visuel
Nicolas de Staël L’EXPOSITION D’ÉTÉ DE LA FONDATION PIERRE GIANADDA DU 18 JUIN AU 21 NOVEMBRE 2010
■ Quand les anges et les saints
Footballeurs, 1952, Huile sur toile, 65 x 81, Fondation Pierre Gianadda.
des icônes russes repartiront à Moscou, leur succéderont les œuvres de Nicolas de Staël, né à Saint-Pétersbourg, à la personnalité un peu dostoïevskienne, au physique démesuré, artiste un peu martyr, pas comme ceux représentés dans les icônes, morts pour le Christ, mais un martyr qui a vécu son aventure créatrice comme une passion. Victime des profonds bouleversements que traverse la Russie à partir de 1917, Nicolas de Staël, âgé de 5 ans, connaît en 1919, avec sa famille les affres douloureuses de l’exil en Pologne. En l’espace d’à peine une année, en 1921 et 1922, le jeune Nicolas perd ses parents. Les trois orphelins sont confiés à une famille
russe de Bruxelles, les Fricero, riches et hospitaliers. A 10 ans, il entre chez les Jésuites et, à partir de 16 ans, se passionne déjà pour la peinture qu’il pratique. A partir de 1933 à 1936, il suit les cours de l’Académie royale des beaux-arts et celle de l’Académie Saint-Gilles, il s’initie au dessin antique et ponctue ses études de voyages en Hollande, en Espagne et au Maroc. En 1937, il rencontre une jeune femme peintre, Jeannine Guillou, qui deviendra sa femme. L’année suivante, avec Jeannine, Nicolas parcourt l’Italie, s’enthousiasme pour les primitifs, mais reconnaît, que les vieux Flamands et les Hollandais
«sont plus proches de son cœur». A Paris, il travaille en 1938 trois semaines dans l’atelier de Léger. La guerre éclate et le page du tsar, Nicolas de Staël, s’engage dans la Légion étrangère, courte aventure car il est démobilisé en 40 et rejoint Jeannine à Nice. C’est dans cette ville que naît Anne, en 1942. C’est précisément cette année-là que Staël, commence réellement à peindre des œuvres qui ne rappellent en rien les dessins des débuts. Orienté par Magnelli, Arp ou Le Corbusier, Staël peint ses premières toiles non figuratives, œuvres atypiques, géométriques, des formes qui s’entrecroisent, des grif-
fures et des hachures qui animent la surface, dans des tons plutôt sombres. L’important, c’est un style qui se précise. Il intéresse la galeriste Jeanne Bucher qui accroche en 1944 à ses cimaises des peintures et des dessins de Staël entre Magnelli et Kandinsky. A cette époque, le peintre vit avec sa famille à Paris, gagne l’amitié de Braque et expose pour la première fois seul à la galerie l’Esquisse. Mais le couple Staël vit dans une pauvreté qu’accentue l’occupation. Les acheteurs sont rares, la famille souffre du froid et de la faim, qui ne sont pas étrangers à la mort de Jeannine en 1946. Cette disparition le fait orphelin pour la deuxième fois. ■■■ PAGE 17
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■ Sa peinture jusque-là s’ex-
Coin d’atelier fond bleu, 1955, Huile sur toile, 195 x 114 cm, Collection particulière.
prime avec des traits violents, souvent noirs, l’abstraction se révèle profonde, l’intensité du geste est palpable, témoin d’un tempérament excessif. A partir de 1947, la palette s’éclaircit et on assiste à une évolution sûre, favorisée par son mariage avec Françoise Chapouton, qui lui donne trois enfants, et son installation dans un atelier spacieux rue Gauguet. Les soucis matériels s’éloignent et des séjours à la montagne lui inspirent des lumières nouvelles. Apparaissent dès 1950 des formats plus grands, une matière généreuse souvent appliquée au couteau, d’où jaillissent des jaunes éclatants et des rouges vifs. La réussite de Staël à cette
époque s’inscrit dans la reconnaissance de l’abstraction, la fureur de quelques attardés se tarit. Mais Staël continue à proclamer: «Toujours, il y a un sujet, toujours...» Les grands plans juxtaposés s’imbriquent les uns dans les autres, mais l’inspiration reste le motif: les arbres deviennent des verticales, les massifs des courbes, Staël pose son œil inspiré sur la nature. Les grandes expositions se succèdent à New York, Paris et Londres. Il entre au Musée d’art moderne et dans les collections anglaises et américaines. Le 26 mars 1952, Nicolas assiste au match France-Suède en nocturne
au parc des Princes. Peintre jusqu’au bout du pinceau, il déclare: «Entre ciel et terre sur l’herbe rouge ou bleue, une tonne de muscles voltige en plein oubli de soi... Alors, j’ai mis en chantier toute l’équipe de France...» Suivent vingt-quatre tableaux où le peintre explore toutes les possibilités révélées lors de ce fameux match dont «Les Footballeurs» de 1952 de la Fondation Pierre Gianadda. En 1953, Staël achète le Castellet à Ménerbes, ancienne maison fortifiée, et y réside jusqu’en septembre 1954 où il s’installe à Antibes. Sa technique se modifie, sa matière devient plus fluide.
Les Nus le préoccupent et semblent hanter son univers pictural. La figuration se fait plus palpable. Comme surgi de la terre avec une puissance chtonienne, «Nu couché bleu, 1955» appartient par certains côtés encore à l’abstraction mais rejoint malgré tout la figuration. Confrontation abstraction-figuration, Staël a porté en lui cette contradiction jusqu’au vertige dans une aventure dont l’œuvre sort vainqueur et le peintre anéanti. Nicolas de Staël se donne la mort le 16 mars 1955 à Antibes. Il avait écrit à sa sœur religieuse: «Dieu que c’est difficile la vie! Il faut jouer toutes les notes, les jouer bien...» Antoinette de Wolff-Simonetta PAGE 19
Les Photos de Léonard PSNA CRO EP OIO RSD M. BELLIR LA VIE. EXPOSITIONS DES PHOTOGDRUANPC HA IENS PDHEILLLÉIO DYGAIIATNQAUDEDLA’AÀRTÉVAIALN EO T UÀVM C’OEU
■ Depuis plus de trente ans, la
Fondation Pierre Gianadda fascine le monde entier par la qualité de ses expositions et le succès populaire qu’elle rencontre. Au cœur de cette réussite, un homme: Léonard Gianadda, ingénieur et bâtisseur, mais aussi académicien et mécène. Par quel miracle Léonard Gianadda réussit-il à faire venir à Martigny des expositions et des artistes de renommée mondiale? Comment s’y prend-il pour que le public soit lui aussi au rendezvous et cautionne, par sa forte présence, sa vision de l’art? Les expositions mises sur pied par la Médiathèque Valais-Martigny au Palais Lumière d’Evian et au Musée Pouchkine de Moscou tentent d’apporter des éléments PAGE 20
Léonard Gianadda sur la Place Rouge, Moscou, 1957. Jean-Pierre Wiswald
Deux ouvrages accompagnent l’exposition: «Léonard Gianadda, d’une image à l’autre», un livre de 336 pages en bichromie, accompagné d’un DVD avec un portrait filmé de Léonard Gianadda dans la série Plans-Fixes et un montage d’Antoine Cretton sur les 30 ans de la Fondation; «Moscou 1957», un livre de 224 pages en bichromie et couleurs. de réponse au mystère Gianadda. Dans tout ce que Léonard entreprend et réussit, on découvre une étonnante capacité à intégrer les éléments déterminants d’un domaine, un sens aigu de l’importance des choses, un souci du détail qui frappe, et, par-dessus tout, la passion de partager.
Cela ne date pas d’aujourd’hui. Avant de se lancer dans une carrière technique, le jeune Léonard s’est fait connaître comme photoreporter. Les articles qu’il signe au gré de ses voyages et de ses enquêtes sont publiés dans des magazines («L’Illustré», «Radio TV Je vois tout», «l’Echo Illus-
tré», «Die Woche») et dans la presse locale («Le Nouvelliste», «Le Confédéré»…). Il est aussi le premier correspondant de la Télévision suisse romande en Valais. La carrière paraît prometteuse. Pourtant, à vingt-cinq ans, il délaisse les chroniques, abandonne le photo-journalisme et entame une carrière d’ingénieur et de constructeur. Pour son œuvre photographique, un long sommeil commence. Après cinquante ans passés dans l’ombre des cartons, après une première exposition à la Médiathèque Valais-Martigny en 2008, les photographies de Léonard Gianadda entament un périple inattendu qui a débuté à Evian le 16 octobre 2009 et se poursuit à Moscou au Musée Pouchkine le 26 janvier 2010!
Gianadda vont en voyage ✎ D’UNE IMAGE À L’AUTRE, AU PALAIS LUMIÈRE D’EVIAN. 16 OCTOBRE 2009 – 31 JANVIER 2010
La Médiathèque Valais-Martigny expose les photographies de Léonard Gianadda au Palais Lumière d’Evian. Construite autour d’un axe chronologique, l’exposition nous emmène sur les pas du photoreporter devenu mécène d’art, de la découverte de ses photographies oubliées des années 19501960 jusqu’à l’illustration d’une Fondation au rayonnement international. Le visiteur ne pourra qu’être surpris à la vue de ces clichés sortis de l’ombre, témoins d’une facette méconnue, et pourtant essentielle, de la personnalité de Léonard Gianadda. Ils révèlent un photographe de talent qui rapporte des images originales et fortes des pays qu’il visite.
la font vivre depuis plus de trente ans. En mettant en scène les activités de la Fondation et les solides amitiés qui y sont nées, les photographies d’Oswald Ruppen et de Marcel Imsand confirment la réussite d’un homme né pour le partage et qui a su, selon le souhait de son professeur de collège, «faire de sa vie quelque chose de grand et de beau».
Désert de Libye, 1960. Equateur, 1961.
Son regard ne s’arrête pas aux événements. Il va au-delà. Toute son attention est captée par la vie quotidienne des hommes, des femmes et des enfants qu’il croise dans les rues souvent fourmillantes du Caire, de Tunis, de Palerme, de Moscou…, ou au hasard des dunes, en plein désert. Ses photographies relatent la pro-
fondeur de ces rencontres, chaque fois uniques, en transmettent l’émotion et l’authenticité. Ce riche parcours en images qui suit les zigzags internationaux du jeune photo-reporter puis de l’ingénieur fraîchement diplômé nous conduit à la genèse de la Fondation Pierre Gianadda, et au cœur des grands événements qui
■■■ Visites commentées par Léonard Gianadda et Jean-Henry Papilloud: Samedi 12 décembre 2009 à 18 heures Vendredi 15 janvier 2010 à 18 heures
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Léonard Gianadda, «Moscou 1957», au Musée Pouchkine à Moscou. 26 janvier – 24 février 2010
En 1957, Léonard Gianadda se rend à Moscou pour participer au Festival de la jeunesse et des étudiants. Il en rapporte mille deux cents photographies qui sont autant de témoignages sur la Russie de l’époque. L’Union soviétique est à un tournant de son histoire. Le «dégel» lancé par Khrouchtchev est notamment marqué par un assouplissement des relations internationales. C’est dans ce contexte qu’est mis sur pied le sixième Festival de la jeunesse, dont le slogan est «Paix et amitié». Soucieuse d’améliorer son image, l’URSS accueille chaleureusement trente-quatre mille étudiants à Moscou pendant deux semaines. Les rues de la ville sont animées par les chants, les danses et
Moscou, 1957. Hongrie, 1957. Au Goum, grand magasin d’Etat, 1957. les rencontres entre jeunes de cent trente et un pays. Cependant, les manifestations spectaculaires, minutieusement organisées dans le stade Lénine et qui ont lieu sous le regard attentif des dirigeants, trahissent l’instrumentalisation de la fête par le pouvoir soviétique. Léonard Gianadda ne s’y trompe pas: il part surtout à la découverte de Moscou et capte des éléments de la vie quotidienne qui ont la force du constat, la beauté de la composition et la sensibilité de l’échange. Léonard a déjà réalisé plusieurs voyages hors des frontières suis-
ses et publié une série de reportages pour divers magazines lorsqu’il décide de franchir le rideau de fer. Il emmène dans ses bagages les recommandations spéciales de «L’Illustré» qui «prie les Autorités soviétiques de lui réserver bon accueil et de lui accorder leur bienveillant appui dans l’accomplissement de sa mission de reporter». Malheureusement, à son retour en Suisse, une de ses photographies de János Kádár suscite une vague d’indignation. Le principal acteur de la sanglante répression de novembre 1956 à Budapest y apparaît por-
tant l’insigne suisse au revers de son veston. Conséquence: excepté un seul article qui paraît sur «L’envers du rideau de fer», la presse fait l’impasse sur ses reportages. Les joies du voyage et des rencontres se transforment alors en déception et amertume, et les clichés, jamais tirés, tombent dans l’oubli. Juste retour des choses, Mme Irina Antonova, directrice du célèbre Musée Pouchkine, est enthousiasmée par la récente découverte des photographies inédites de Moscou et de ses habitants. Elle leur offre une vitrine de choix à Moscou dès le 26 janvier 2010. Jean-Henry Papilloud Sophia Cantinotti Médiathèque Valais-Martigny
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FONDATION PIERRE GIANADDA MARTIGNY-LA-ROMAINE PROCHAINES EXPOSITIONS 3 décembre 2009 - 13 juin 2010
IMAGES SAINTES MAÎTRE DENIS, ROUBLEV ET LES AUTRES Galerie Nationale Tretiakov, Moscou GRAVURES DU GRAND-SAINT-BERNARD ET DE SA RÉGION Collection Fondation Pierre Gianadda
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CHŒUR DU PATRIARCAT DE MOSCOU Direction: Hiéromoine AMBROISE Hymnes liturgiques orthodoxes et chants populaires russes Vendredi 29 janvier 2010 à 20 heures
TRIO KOPATCHINSKAJA, GABETTA, SIGFRIDSSON Haydn: Trio no 39, Hob XV:25 Beethoven: Trio no 5 «Les Esprits» Schumann: Trio no 2, op. 80 Mercredi 17 février 2010 à 20 heures
FABIO BIONDI, violon et direction EUROPA GALANTE Telemann et Vivaldi: Concertos et Suites Mercredi 3 mars 2010 à 20 heures
PAUL LEWIS, piano ORCHESTRE DE CHAMBRE DE LAUSANNE Direction: CORRADO ROVARIS Schubert: Ouverture dans le style italien, D 591 Beethoven: Concerto pour piano no 1, op. 15 Beethoven: Symphonie no 8, op. 93 Caves Orsat – Rouvinez Vins
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Tél.: Date: Signature: Bulletin à détacher et à retourner à la Fondation Pierre Gianadda, 1920 Martigny - Suisse
Gravures du Grand-SaintUNE COLLECTION DE GRAVURES ACHETÉE PAR LA FONDATION PIERRE GIANADDA EST PRÉSENTÉE AU PUBLIC
■ Parallèlement à l’exposition
«Images saintes, Maître Denis, Roublev et les autres, Galerie nationale Tretiakov Moscou», la Fondation Pierre Gianadda présente une exposition de gravures sur le Grand-Saint-Bernard et sa région. Afin de la sauver d’une dispersion préjudiciable à la sauvegarde d’un patrimoine de grande qualité, la Fondation Pierre Gianadda achète, en 2006, la collection de gravures d’un musée privé. La vocation des œuvres d’art étant d’être accessibles au public, des perspectives d’expositions furent aussitôt envisagées: à Etroubles d’abord l’été dernier et à la Fondation Pierre Gianadda aujourd’hui. PAGE 26
Hospice du Saint-Bernard vu du côté du Valais. Peint par G. Lory, sculpté par Himely, aquatinte.
Cette collection de gravures, réunie pendant plus de quarante années par Frédéric Künzi, spécialiste du sujet et commissaire de la présente exposition, est d’une qualité rare. Elle compte de nombreuses estampes qui ne sont connues que dans cet inventaire et sont considérées comme des spécimens uniques. Elles n’ont été répertoriées à ce jour dans aucune grande collection publique ou privée. Plusieurs suites de vues valaisannes sont quasiment complètes, telles celles de Lamy, de Raoul-
Rochette ou la très belle série de Weibel réalisée en 1818. Elles sont rehaussées par des pièces signées, tels un bon à tirer d’Eugène Cicéri ou un modèle de couleurs griffé par Kahn, maître coloriste chez Goupil. Une dizaine de planches sont de formats exceptionnels et certaines sont accompagnées d’états préparatoires. L’objectif de cette exposition est de présenter le parcours complet des gravures: l’original qui a servi de modèle; les moyens d’impression, tels
les cuivres gravés au burin ou à l’eau-forte, le bois de fil ou la pierre lithographique; le livre illustré, finalité du travail. Afin de réunir les antiques ouvrages imprimés et les supports d’impression, particulièrement de rares cuivres mais aussi un bois de plus de deux cents ans, plusieurs musées et la Médiathèque Valais se sont joints à la Fondation Pierre Gianadda pour des prêts de grande qualité, notamment le Musée cantonal d’histoire, le Musée d’ethnographie de Genève et le Musée historique de Vevey. Le catalogue réalisé à partir de cette collection comporte, hormis les multiples renseigne-
Bernard et sa région DU 3 DÉCEMBRE 2009 AU 13 JUIN 2010
Über den Grossen St. Bernhard. Nach einer Originalskizze. J. Scotti. Xylographie (coloris d’époque). Corridor de l’hospice du Grand-Saint-Bernard. Publié par J.-P. Lamy à Berne, Bâle & Genève. Aquatinte (coloris d’époque). From The Picture by Basil Bradley (The St. Bernard Dogs). The Graphic Exhibition of Animal Painting. Xylographie (coloris d’époque).
ments techniques énumérés dans l’avant-propos, un commentaire critique pour chaque estampe mentionnant ses qualités, son éventuelle rareté, un historique du sujet représenté ou la publication dont elle est extraite, bref, de multiples renseignements qui se veulent à la fois didactiques et anecdotiques. Le catalogue relève également la variété des
œuvres présentées, tant en ce qui concerne les sujets et les techniques que les couleurs. La collection est majoritairement constituée de vues du GrandSaint-Bernard, de Martigny et du val d’Entremont, ainsi que de quelques scènes de l’histoire napoléonienne. Frédéric Künzi PAGE 27
WANG HONGJIAN XU WEIXIN XIN DONGWANG L’école réaliste et néoréaliste de Beijing
Le Manoir de la Ville de Martigny 14 novembre 2009 - 14 février 2010 tous les jours de 14h à 18h, sauf le lundi et jours fériés www.manoir-martigny.ch - Place du Manoir 1, CH-1920 Martigny Sous le patronnage de la
WANG HONGJIAN LIEU MAGIQUE 2001 HUILE SUR TOILE 182X122CM