Rapport d'évaluation du programme LBQFSF

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OU EN SOMMES-NOUS? Rapport d’evaluation du programme LBQFSF (2012-2015)

Benin – Burkina Faso – Cameroun – Togo Rédigé par Wendyam Micheline KABORE


Remerciements nos remerciements vont aux membres de Qayn qui ont participé à programme (aFRO Bénin, elleS cameroun, humanity First Cameroun, Ladies’ Voice) et au groupe du Burkina pour avoir accepté prendre part à cette évaluation et favoriser à travers les entretiens réalisés l’accès à des informations pertinentes. nous remercions Foundation for a Justice, astraea lesbian Foundation, global Fund for Women, isis international et American Jewish World Service (AJWS) pour leur soutien continue.

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ABREVIATIONS aFro-Benin : association des Femmes pour une Relève Orientée Bénin aTBeF : association Togolaise pour le Bien etre Familiale eLLes : ensemble pour la lutte des libertés des entités Sociales hFC : humanity First cameroun hsh : hommes ayant des rapports Sexuels avec des hommes isT : infection Sexuellement Transmissible LBQFsF : lesbienne, Bisexuelle, Queer, Femmes qui ont des rapports Sexuels avec des Femmes LgBTQ : lesbienne, gay, Bisexuel-le, Trans*, Queer LV : Ladies’ Voice msm : men who have Sex with men QaYn : Queer african youth Network sida : Syndrome de l’Immunodéficience Acquise TiC : Techniques de l’Information et de la communication Vih : Virus de l’Immunodéficience humaine

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JUSTIFICATION

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Table des II

OBJECTIFS ET RESULTATS ATTENDUS

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METHODOLOGIE DE APPERCU DU L’EVALUATION PROGRAMME : Page 12 PRESENTATION DES ELEMENTS

2.1. Objectif général 2.2. Objectifs spécifiques

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4.1. Introduction de l’Ecole Activiste 4.2. Appui financier et technique 4.3. Les activités réalisées 4.3.1. Les Causeries éducatives et discussions de groupe 4.3.2. Les activités socio-culturelles sportives 4.3.3. Les ateliers de formation 4.3.4. Autres activités

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matières V

APPRECIATION DES IMPACTS DU PROGRAMME

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VII

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RECOMMENDATIONS CONCLUSION

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5.1. La pertinence du programme 5.2. L’éfficacité du programme

5.2.1. Les défis rencontrés 5.2.2. Les insuffisances

5.3. Les impacts du programme 5.3.1. Le degré d’atteinte des objectifs planifiés 5.3.2. L’impact opéré au niveau des bénéficiaires 5.4. L’évaluation du parcours des coordinatricesteurs 5.4.1. L’impact de la mise en œuvre sur le parcours des coordinatricesteurs 5.5. L’évaluation de la contribution de QAYN Rapport d’évaluation du programme LBQFSF (2012-2015) | 5


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JUSTIFICATION Nous avons concu un programme de leadership LBQFSF qui combine l’education politique avec un appui financier et technique.

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Fondée en 2010, la Queer African Youth Network (QAYN) a pour but de mettre en place un vaste réseau de soutien en vue de promouvoir la sécurité et le bien-être 1des jeunes lesbiennes, gays, bisexuel-le-s, transgenres, et queer en Afrique de l’Ouest. Nous croyons qu’une transformation sociale inclusive des personnes et populations LGBTQ Africaines nécessite un engagement politique et le leadership des personnes elles-mêmes. Pour cela, QAYN facilite le développement et le renforcement de mouvements sociaux dirigés par de jeunes LGBTQ en Afrique de l’Ouest et au Cameroun – à travers des collaborations et des partenariats – avec des individus, des organisations locales, et avec d’autres organisations sous régionales et/ou internationales avec une mission similaire. Entant qu’une organisation féministe et guidée par une analyse intersectorielle féministe des rapports de pouvoir et des revendications transversales, QAYN met l’accent sur le développement du leadership des jeunes activistes lesbiennes, bisexuelles, queer, et femmes qui ont des rapports sexuel avec des femmes (LBQFSF) afin de faciliter nos processus de valorisation de nos propres sens du pouvoir, de développement de nos capacités d’analyse et de mobilisation, de définir nos visions de la libération et la capacité d’agir dans le monde pour la justice. En 2011, afin de toucher du doigt les réalités vécues par les femmes LBQFSF, QAYN a conduit une étude de terrain auprès des personnes et communautés LBQFSF du Burkina Faso, le Ghana et le Nigeria. Seules contre tous, le rapport de cette documentation a fait état

des défis quotidiens des femmes LBQFSF mais également donné un aperçu des difficultés dont fait face les leaders LBQFSF qui tentent de mobiliser leurs communautés autour d’actions collectives. Cette documentation a suscité des réflexions (1) autour de l’absence des besoins des personnes LBQFSF dans les associations dites LGBT et (2) comment soutenir des jeunes leaders LBQFSF a développer leur potentiel de leadership d’une part et de l’autre, la formation d’un mouvement social dirigé par des activistes LBQFSF en Afrique de l’Ouest. Ces constats et l’expérience de mobilisation de QAYN elle-même ont affirmé un besoin immédiat de mettre en place une initiative de renforcement des compétences en leadership des activistes LBQFSF émergentes et faire des actions collectives, les piliers d’un mouvement social dirigé par les personnes LBQFSF. Car malgré les lacunes, de jeunes leaders osent imaginer d’autres futures et se mobilisent pour apporter un changement dans leur société – le renforcement de leur leadership et capacités et la mise en réseau sont donc nécessaire pour qu’elles puissent naviguer les défis personnels et collectifs.

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ous avons donc conçu un programme de leadership LBQFSF qui combine l’éducation politique (Ecole Activiste) avec un appui financier et technique, et en articulation avec la mise en place d’un réseau au sein duquel les activistes peuvent élaborer un agenda politique collectif, partager leurs expériences, se soutenir, développer et pratiquer une solidarité réelle. La première Ecole Activiste sous le thème « Genre,

Sexualité et Communications : Vers un renforcement du leadership des jeunes femmes LBQFSF Francophones de l’Afrique de l’Ouest » a connu la participation de 08 personnes venues de 4 pays (Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Sénégal et le Togo) et la seconde édition de l’Ecole Activiste,

Nous considérons le bien-être comme ayant: 1) accès à et pouvoir entretenir des liens sociaux riches; 2) avoir l’autodétermination pour être les agents de nos propres vies; 3) avoir la stabilité pour gagner et maintenir ce qui compte le plus dans notre vie quotidienne; et 4) avoir accès à des ressources suffisantes pour vivre une vie digne.

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Renforcer nos compétences individuelles pour mieux forger nos communautés – A l’heure de l’activisme LBQFSF en Afrique de l’Ouest, a eu lieu en 2014 avec la participation de 19 personnes venant de 4 pays (Benin, Burkina Faso, Cameroun et Togo. L’un des objectifs de l’Ecole Activiste est de soutenir les participant-e-s à développer des plans d’action pour faciliter la mobilisation de groupes LBQFSF dans leur pays, avec un appui financier de QAYN pour faciliter l’implémentation de ces plans d’action.

Lors de la première phase du programme, le besoin principal était de faciliter au sein des communautés LBQFSF, des espaces de rencontre sécurisés qui permettront de rapprocher différents groupes de femmes autours des exchanges et partages de leurs vécues quotidiens, afin de mettre en évidences les besoins spécifiques qui constitueront des bases d’actions collectives futures. Les coordinatrices-teurs chargé-e-s de la mise en œuvre des activités avaient pour ambition de réunir au moins 50 LBQFSF dans chaque pays autour d’activités telles que des causeries éducatives et des activités caractère socioculturelles telles que des rencontres sportives et des projections cinématographiques. Chaque groupe par la suite a adapté le plan collectif à son contexte spécifique. Depuis 2012, QAYN a soutenu trois phases du programme. Ce présent rapport, Où en sommesnous ? donne un aperçu des résultats d’une évaluation interne des trois premières années du programme de leadership LBQFSF, de novembre 2012 à Décembre 2015. 8 | Rapport d’évaluation du programme LBQFSF (2012-2015)


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OBJECTIFS ET RESULTATS ATTENDUS Recueillir des recommandations pour renforcer le programme.

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2.1. objectif général L’objectif général de cette évaluation interne était de réaliser un examen des trois premières années de mise en œuvre du programme LBQFSF et de recueillir les besoins et recommandations des partenaires dans le but de renforcer les prochaines étapes du programme.

2.2. Objectifs spécifiques Les objectifs spécifiques étaient: • • • •

Evaluer la pertinence du programme et l’efficacité de sa mise en œuvre ; Evaluer l’évolution personnelle et organisationnelle des coordinatrices-teurs et des groupes partenaires du programme; Souligner les changements opérés ou induits ; et, Recueillir des recommandations pour renforcer le programme.

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Iii METHODOLOGIE DE L’EVALUATION La collecte des donnees a consiste a une revue documentaire et des entretiens.

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Il s’agit

d’une évaluation qualitative et participative avec la contribution des bénéficiaires et coordinatrices-teurs (anciennes et actuelles) du programme. La collecte des données a consisté à une revue documentaire et des entretiens réalisés auprès des coordinatrices-teurs et des bénéficiaires au niveau pays : a. La revue documentaire. Elle a principalement concerné : • • •

Les plans d’actions rédigés par les différents partenaires dans le cadre de la mise en œuvre des activités ; Les rapports synthèses de mise en œuvre des activités ; et, Les rapports d’évaluations réalisées.

b. Des entretiens. La collecte des données s’est également faite par des entretiens individuels (sous forme de l’administration d’un questionnaire structuré et standardisé) et de focus groupe regroupant l’équipe de mise en œuvre dans certains pays.

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APPERCU DU PROGRAMME : PRESENTATION DES ELEMENTS Le programme a gagne en mobilisation et en participation au fil du temps.

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e patriarcat imprègne matériellement et symboliquement les trajectoires militantes, les structures et les mobilisations des organisations mixtes. Ces organisations se caractérisent, en quelque sorte, par une « mixité à hégémonie masculine ». En effet, la division sexuelle du travail militant, l’appropriation du travail des femmes, leur instrumentalisation, leur relative invisibilité et les conditions particulières de leur accès au pouvoir sont autant de logiques de domination […] qui illustrent fort bien la force et la transversalité. 2ce même constant concerne également le mouvement lgBTQ qui se dit militant pour les droits humains de toutes les personnes lgBTQ mais, malgré la participation active des activistes lesbiennes, bisexuelles, queer et femmes qui ont des rapports sexuels avec des femmes (LBQFSF) dans certains pays, il a toujours affiché une certaine réticence à intégrer et/ ou soutenir les initiatives des activistes LBQFSF. par conséquence, la place des femmes lBQFSF demeure marginale dans le mouvement lgBTQ et leurs revendications sont rendues invisibles, pour sans doute rester dans une logique dominante.

C’esT pourQuoi depuis sa CréaTion eT guidée par une anaLYse inTerseCTorieLLe FéminisTe des rapporTs de pouVoir eT des reVendiCaTions TransVersaLes, QaYn a axé son TraVaiL dans La FaCiLiTaTion de L’émergenCe de Leadership des Femmes LBQFsF d’une part, et de l’autre, la formation d’un mouvement de femmes lBQFSF en afrique de l’Ouest – ceci à travers un programme de leadership et de renforcement de capacité de jeunes activistes lBQFSF basé sur des principes féministes – en combinant l’éducation politique 2

(Ecole Activiste) avec un appui financier et technique, et en articulation avec la mise en place d’un réseau au sein duquel les activistes peuvent élaborer un agenda politique collectif, partager leurs expériences, se soutenir, développer et pratiquer une solidarité réelle.

4.1. inTroduCTion de L’eCoLe aCTiVisTe en 2012, en partenariat avec iSiS international, une organisation féministe basée aux philippines, Qayn a conçu un espace politique d’apprentissage et d’échange, appelé Ecole Activiste – ou des jeunes activistes LBQFSF se réunissent pour développer et élargir leurs propres talents, leurs compétences et leur potentiel d’être des leaders. Entant que coordinatrice de l’Ecole Activiste, le rôle de Qayn est de créer un environnement et des dynamiques qui forment et renforcent des efforts individuels et collectifs. Les deux premières Ecole Activiste ont été réalisé avec Isis International en 2012 et 2014. Au Burkina Faso, la 1ère édition intitulée, genre, sexualité et Communications : Vers un renforcement du leadership des jeunes femmes FsF Francophones de l’afrique de l’ouest , la première du genre dans la sous-région, a réuni huit jeunes activistes venant du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire, du Togo, et du Sénégal. La formation avait pour objectif d’approfondir l’engagement personnel et organisationnel des participant-e-s, en s’appuyant sur des analyses critiques culturelles et politiques se rapportant au corps, au genre, à la sexualité, au féminisme et au pouvoir. La partie théorique de la formation, utilisant la méthode participative visait également à mieux consolider le travail collectif et l’esprit de groupe. La 2ème édition s’est tenue au Togo en 2014 sous le thème « renforcer nos compétences individuelles pour mieux forger nos communautés à l’heure de l’activisme LBQFsF de l’afrique francophone » et a réuni 19 participant-e-s venant du Bénin, du Burkina Faso, du cameroun et du Togo pour approfondir

Roux P., Perrin C., Pannatier G., Cossy V. « Le militantisme n’échappe pas au patriarcat »

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leurs compétences dans la mobilisation et organisation communautaire, la documentation et la communication au sein de leur communauté et, appuyer l’émergence d’un agenda collectif de jeunes femmes LBQFSF dans le but de promouvoir le développer un mouvement LBQFSF à travers la sous région et au Cameroun. La 3ème édition en 2016, Activisme Queer Féministe en Afrique de l’Ouest Francophone – Définitions, enjeux et opportunités a réuni 33 activistes LBQFSF et trans* venant de 7 pays dont 6 de la sous-région (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Mali, Sénégal, Togo) et du Cameroun pour revenir aux points de départ de notre activisme grâce à une réflexion critique sur les engagements individuels et collectifs entant qu’activistes LBQFSF et trans* ; examiner sous divers angles, le POURQUOI de nos engagements; et, affiner les compréhensions des dimensions politiques des luttes dans lesquelles les participant-e-s s’impliquent, pour ensemble, définir le COMMENT de nos actions.

4.2. Appui financier et technique Les ressources qui soutiennent le mouvement LGBTQ au-delà de la question de la prévention du VIH/Sida sont rares, en particulier dans les pays de l’Afrique Francophone et, les défis dont fait face les structures LBQFSF – qui limitent autour de questions sociales complexes et où le processus de changement est lent – sont encore plus élevés. Par conséquent, QAYN s’est retrouvée à apporter un appui financier aux groupes et associations LBQFSF dans leur phase initiale de formation. A la suite de chaque Ecole Activiste, la mise en œuvre des plans d’action est soutenue par des sous-subventions que QAYN met à disposition des différents groupes/organisations. Ces soussubventions ont évoluées de $600 en 2012 à $2,600 en 2015 et ont été accompagné par de subventions supplémentaires pour l’achat d’outils de travail. Au total, lors des trois premières phases du programme, QAYN a octroyé $20,390 USD de sous-subventions à six groupes/ organisations au Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Sénégal et Togo. La mise en œuvre des activités s’est déroulée

en trois phases. La 1ère phase qui s’est déroulée de novembre 2012 à mars 2013 a connu la participation de quatre pays dont quatre groupes: le Burkina Faso, le Cameroun, le Sénégal et le Togo. La 2ème phase a concerné la période d’octobre 2013 à mars 2014 et a vu le partenaire du Sénégal se retirer et remplacé par un autre groupe au Cameroun, doublant ainsi le nombre de partenaires bénéficiaires dans ce pays. La 3ème phase s’est déroulée entre juin 2014 et décembre 2015, avec l’introduction d’un nouveau pays, le Benin.

La création d’espace sécurisé pour tenir des rencontres et ceci dans le but de favoriser la mobilisation des femmes LBQFSF, a été l’objectif commun des groupes lors des deux premières phases d’implémentation des plans d’actions. Les expériences acquises après les deux étapes ont permises aux coordinatrices-teurs de diversifier leurs activités lors de la 3ème phase du programme, en mettant l’accent sur le renforcement de leadership qui a commencé a émergé au sein des groupes nouvellement constitués.

4.3. Les activités réalisées Même si les contextes y compris les expériences des coordinatrices-teurs étaient différents, les besoins et les attentes des personnes et groupes LBQFSF étaient similaires comme – le besoin d’avoir des espaces sécurisés organisés par et pour des personnes et groupes LBQFSF et le besoin de s’engager à la formation de groupes formels afin de construire un pouvoir collectif et s’organiser autour des objectifs collectifs. L’analyse des rapports des activités a permis de regrouper les activités réalisées au cours de

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ces trois phases en trois catégories : les causeries éducatives et discussions de groupes, les activités socioculturelles et les sessions de renforcement des capacités.

4.4. Les Causeries éduCaTiVes eT disCussions de groupes

les causeries éducatives et les discussions de groupes étaient deux activités clés organisées par tous les partenaires en réponse au besoin de créer un espace de discussions qui permettent aux membres de leurs communautés de discuter de sujets qui les touchent. Les sessions avaient pour but de créer une cohésion entre les membres de différents groupuscules en renforçant les liens sociaux et en développant une compréhension commune des vécues des personnes et groupes LBQFSF. Ces activités ont amenés les bénéficiaires à mieux se connaître, d’avoir accès à des informations sur la santé sexuelle, l’identité de genre et de briser l’isolement dans lequel certain-e-s se trouvaient.

nous retrouvons des similitudes entre la majorité des thèmes traités lors des causeries éducatives et les discussions de groupes. La majorité de ces discussions était axée sur les stratégies et techniques à adopter pour pouvoir vivre en sécurité sa sexualité et faire face aux défis de sécurité et de survie. Les thèmes se résument ainsi : groupes

L’identité de genre

La santé sexuelle et reproductive des LBQFsF et les isT, et le Vih/sida L’estime de soi et l’acceptation de soi

Les violations des droits des LBQFsF

se mobiliser, militer au sein d’une organisation identitaire

Thèmes

• La définition de lesbienne • Comment accepter la différence due à son orientation sexuelle, son identité ou expression de genre? • Comment se comporter en société • La question/notion du genre • En parler aux parents ou se taire pour toujours ? • Le vécu des lesbiennes

• La santé sexuelle des LBQFSF y compris les infections sexuellement transmissibles • Les pratiques sexuelles à risque chez les LBQFSF • • • •

L’estime de soi L’acceptation de soi Les vécus des lesbiennes dans les relations de couple Les rôles patriarcaux au sein des couples

• • • • •

Les violences au sein des couples LBQFSF La violence interne dans la communauté LGBTQ La discrimination faite aux LBQFSF Les droits humains : droits sexuels, violences basées sur le genre Comment se comporter face à une agression

• La nécessité de créer une association identitaire • La création d’un groupe féministe • Apport des associations identitaires dans les actions à base communautaire • Comment rassembler les groupuscules LBQFSF • Union et force pour la défense des droits des LBQFSF • La vie associative

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Nous avons assemblé les sujets abordés en groupes suivants : Les questions liées à l’identité de genre, et à l’acceptation de son orientation sexuelle étaient les premiers points à être débattus lors des causeries dans l’ensemble des groupes. En créant des espaces sécurisés, les coordinatrices ont pu, à travers ces activités de partages et d’apprentissage, permettre aux membres de leurs communautés d’avoir accès à des informations dont elles/ils n’avaient pas toujours les réponses convenables d’une part, et de l’autres, ces rencontres ont été également des occasions pour certain-e-s de briser le silence quant à leur orientation sexuelle, identité ou expression de genre.

à l’encontre des membres de la communauté LBQFSF sont fréquentes. Aussi, le constat d’une reproduction du système patriarcal au sein des couples LBQFSF avec son lot de violence, a été également un thème longuement examiné lors des trois phases du programme. Les coordinatricesteurs ont mis l’accent sur le renforcement des connaissances de leurs communautés sur les questions de droits, la sensibilisation sur les violences perpétrées dans les couples LBQFSF et aborder la question du genre pour édifier davantage les participant-e-s sur leur compréhension générale du sujet. Le dernier thème a traité de la nécessité

de se mobiliser, de militer au sein d’une organisation identitaire. Etant donné que la majorité des partenaires étaient des groupes informels, les sujets sur la nécessité Le sujet de l’estime et de de s’unir, de se regrouper en association pour l’acceptation de soi était un autre point défendre leurs droits et mieux coordonner majeur lors des causeries éducatives et discussions leurs actions au bénéfice des membres de la de groupes. La question du rejet familial et social communauté ont été amplement discutés par tous qui parfois se manifeste par l’auto-stigmatisation les partenaires. La question de l’activisme a été ont aminée des échanges autour de la nécessité débattue pour mieux faire comprendre son sens de s’accepter, tout en supportant les critiques et et susciter l’adhésion des membres. le regard des autres, et de trouver des stratégies pour s’affirmer et s’épanouir malgré la pesanteur sociale. Le troisième thème de questions a porté sur

la santé sexuelle et reproductive des LBQFSF. Les échanges se sont confrontés

aux besoins et aux attentes identifiées face aux infections sexuellement transmissives auxquelles sont exposées les femmes qui ont des pratiques sexuelles autres que hétérosexuelles. Du matériel (kits de prévention, lubrifiant et gels) a été distribué par certains partenaires au cours de ces activités pour outiller davantage les membres à mieux se protéger et vivre sainement leur sexualité et également les doter des connaissances requises pour leur bien-être sexuel. Le quatrième thème a mise l’accent sur les violations des droits des LBQFSF, la discrimination ainsi que les violences dans les couples LBQFSF. Ce sujet a attiré l’attention des participant-e-s en raison du contexte de certains pays tels que le Cameroun où les exactions

4.5. Les activités socioculturelles

Les activités socio-culturelles comme des projections de films et documentaires ont été un outil d’éducation et de découvertes d’autres vécus de personnes LBQFSF à travers le monde et le sport a été un tremplin de relaxations mais aussi de conciliations dans les groupes. Ces activités ont offert des espaces de détente et d’expression physique. Tous les groupes ont régulièrement organisé des matchs de football entre les bénéficiaires et dans certains contextes, ont diversifiés les participations aux matchs en jouant contre les hommes de leurs communautés y compris des personnes hétérosexuelles. Dans ces cas, les matchs avaient pour but de favoriser la découverte et l’acceptation de la communauté LBQFSF par les autres.

Les sorties de sensibilisation sur le

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terrain ou encore appelées les sorties dans

LBQFSF a permis de toucher 50 LBQFSF et recueillir leurs attentes et besoins liés à la sécurité des personnes LBQFSF dans la ville de Yaoundé. Une documentation des violences faites aux personnes LBQFSF a permis de partager l’expérience des violences subies par des femmes LBQFSF du fait de leur orientation sexuelle, identité et/ou expression de genre.

4.6. Les ateliers de formation

• Les activités de permanences : Elles ont été initiées pour assurer la continuité entre les différentes phases du projet et maintenir la mobilisation. La cyber sensibilisation a été combinée à ces actions pour permettre de maintenir et animer une communication virtuelle avec les membres. Cela a favorisé la mobilisation de personnes anonymes souhaitant préserver leur identité mais à la recherche d’informations sur leur orientation sexuelle, la santé sexuelle, etc. ;

3

les grins ont été développé par la majorité des groupes pour atteindre un nombre important de membres. Ainsi, à travers des fiches de sensibilisation les pairs éducatrices-teurs allaient à la rencontre des personnes et des thèmes sont discutés au cours des soirées avec des messages d’information et d’éducation.

Deux partenaires du projet (Bénin et Burkina Faso) ont organisé des sessions de formations des pairs éducatrices-teurs. Les pairs éducatrices-teurs avaient pour rôle d’être le point de référence entre le groupe et les communautés en assurant les besoins d’éducation et de sensibilisation des membres de leurs communautés et leur mobilisation.

4.7. Autres activités Des activités spécifiques ont été organisées par les partenaires dans le pays en fonction des contextes et des besoins des membres. Nous pouvons noter par pays :

Humanity First Cameroun. Au cours des

trois phases de mise en œuvre du programme, la cellule genre de HFC a eu à réaliser plusieurs activités au profit des LBQFSF de Yaoundé. L’objectif était de faire face aux défis de la participation régulière des personnes aux activités et également susciter l’intérêt et l’adhésion d’autres membres de la communauté. Parmi les actions uniques, nous pouvons citer : • Des visite de solidarité en prison : au cours de la deuxième phase du projet les coordinatrices-teurs ont initié-e-s des visites à la prison principale de la ville dans le but d’aller à la rencontre des LBQFSF incarcéré-é-s et également leur apporter un soutien moral et psychologique ;

• La prise des nouvelles des perdu-e-s de vue : cette initiative a permis de garder le contact avec les membres qui sont irrégulièr-e-s aux activités pour une raison ou une autre et de maintenir la mobilisation. AFRO-Bénin. AFRO-Bénin a initié des sorties de sensibilisation en particulier dans les grins pour être davantage plus proche des personnes de leurs communautés. Ces sorties ont permis aux coordonnatrices du projet de mieux partager leurs expériences d’activistes, sensibiliser sur la santé sexuelle des LBQFSF et distribuer gratuitement des kits de prévention des IST. Les objectifs des projets ont été atteints dans presque tous les pays. La mise en œuvre a connu des décalages de calendrier en fonction des pays/groupes, mais l’efficacité et la motivation des coordinatrices-teurs ont permis de surmonter les défis. Les coordinatrices-teurs estiment que les stratégies et techniques utilisées dans le cadre de la mobilisation et de la mise en œuvre des activités ont produit des résultats satisfaisants. 3

Un grin est un espace social où se regroupent régulièrement des personnes d’un même groupe pour échanger et se divertir.

• Documentations : Une enquête sur l’impact du meurtre d’un activiste gay sur l’activisme Rapport d’évaluation du programme LBQFSF (2012-2015) | 19


Des techniques de mobilisation utilisées Des techniques d’animations utilisées : par les partenaires, nous pouvons noter Nous avons observé que les coordonnatricesles plus courantes teurs avaient peu d’expériences en termes de technique d’animation de groupe. Cependant • Les visites dans des espaces publics, certains groupes ont surmonté ce défi, en comme les restaurants en plein air, les maquis, impliquant entièrement des pairs éducatricesles grins et d’autres espaces publics ont permis teurs dans la mobilisation. Seul le groupe du d’aller directement vers les membres des Burkina a difficilement surmonté ce défi entrainant communautés dans des espaces moins formels et la suspension momentanée des activités du convivial pour créer la confiance et susciter des programme. intérêts autour des activités. En somme, toutes les stratégies utilisées dans la • Les SMS, les réseaux sociaux (Facebook, mise en œuvre du programme ont pu assurer twitter, WhatsApp, Viber) et les appels téléphoniques ont été des outils de mobilisations. Dès lors que la confiance est établie avec des une mobilisation importante des membres de la membres de la communauté, des messages sont envoyés aux personnes en fonction du canal préalablement définit par la personne destinataire. Les listes de présence des activités antérieures sont également utilisées pour faire des suivis des membres réguliers aux activités. • Une troisième stratégie utilisée par certains groupes demeure la motivation des pairs éducatrices-teurs à mobiliser davantage à chaque activité les membres de la communauté. La cellule genre de HFC a instauré une permanence au sein du Centre de l’Association comme stratégie de mobilisation. La permanence permettait de garder le contact avec les filles durant les périodes creuses des activités et de les informer facilement de la tenue des prochaines activités. Elle servait également de cadre pour fournir un appui psychologique aux membres dans le besoin. Le Burkina a également initié cette activité, malheureusement elle n’a pas produit les résultats escomptés. • La sécurité constitue un aspect capital dans la mobilisation des membres de la communauté dans tous les pays de mise en œuvre du programme, pour ce faire les coordonnatricesteurs garantissent aux participant-e-s la tenue des activités dans un cadre sain et approprié en fonction du contexte du pays.

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communauté et assuré une meilleure qualité de la réalisation des activités dans sa globalité.

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APPRECIATION DES EFFETS ET IMPACT DU PROGRAMME L’un des resultats immediates du programme LBQFSF de QAYN a ete la facilitation de l’emergence de l’activisme et du mouvement LBQFSF dans la sous region.

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5.1. La pertinence du programme « La mise en œuvre du projet avec QAYN nous a donné une indépendance qui a permis de mener librement les actions » Crédo, AFROBénin L’état des lieux des défis de l’activisme LBQFSF en Afrique de l’Ouest avait fait ressortir plusieurs points notamment, le manque d’espace sécurisé pour faciliter les rencontres des personnes LBQFSF, de visibilité de la communauté et d’activités favorisant la mobilisation communautaire. Au début de ce programme, à l’exception de Sourire de femme au Sénégal et de la cellule genre au sein d’une association MSM, Humanity First Cameroun, il n’existait pas d’associations formelles dirigées par et pour les personnes LBQFSF en Afrique de l’Ouest Francophone.

L’un des résultats immédiates du programme LBQFSF de QAYN a été la facilitation de l’émergence de l’activisme et du mouvement LBQFSF dans la sous région. Avec l’appui de QAYN, les groupes ont conçu des activités de mobilisation et sensibilisation qui ont abouti à réunir les membres de leurs communautés et promouvoir des échanges autour de thématiques identifiés par les bénéficiaires. De façon général, les activités des partenaires membres ont impacté positivement la vie de la majorité des LBQFSF ayant pris part aux activités. Ces résultats varient d’un pays à l’autre en fonction du contexte.

Dans le cadre du déroulement du programme au Benin, certain-e-s LBQFSF étaient déjà impliqué-e-s dans les activités d’organisations identitaires HSH. Mais le constat était que les initiatives à l’endroit des HSH ne répondaient pas aux besoins des LBQFSF même si quelques actions étaient réalisées au profit de ces groupes par des leaders à travers des séances de sensibilisation et de causeries éducatives soutenues par des activistes gays. La mise en œuvre du programme par AFROBenin a été fortement saluée par les bénéficiaires LBQFSF. Sur la base des expériences avec les LBQFSF, les coordinatrices-teurs du projet ont pu élaborer des activités qui répondaient à leurs besoins et attentes. L’évaluation des acquis présente une réussite globale du projet – nous pouvons noter la prise de conscience des LBQFSF de la nécessité de se regrouper et mener ensemble la lutte pour la promotion des droits, d’où la formalisation d’une organisation identitaire LBTQ au Benin. Des acquis individuels les bénéficiaires ont noté une meilleure connaissance des questions des droits humains, de la santé sexuelle des LBQFSF et des risques encourus lors des pratiques sexuelles.

b. Le Burkina Faso Au niveau du Burkina Faso, les effets du programme sur les membres sont difficilement mesurables en raison des difficultés rencontrées durant son implémentation. Avant la mise en œuvre des activités, les membres des communautés se regroupaient par clan/affinité et de façon informelle. La mobilisation des membres au cours du programme s’est donc fait sur cette base à travers les leaders émergents des différents groupes ; au départ, les activités menées ont été accueillies favorablement par les membres des différentes communautés. Plusieurs raisons ont compromis la mise en œuvre : • Les coordinatrices-teurs expliquent les difficultés par leur faible expérience dans le

a. Le Benin Rapport d’évaluation du programme LBQFSF (2012-2015) | 23


domaine de l’animation de ces types d’activités, également le manque d’accompagnement adéquat de QAYN et la disponibilité de ressources financières nécessaires pour les aider à atteindre les objectifs du projet, même si le groupe du Burkina a reçu les mêmes soutiens financiers que l’ensemble des groupes dans les autres pays. Néanmoins, elles-ils ont pu au cours de la mise en œuvre du programme acquérir des compétences et améliorer leurs connaissances et compréhensions des questions LGBTQ. « J’ai acquis beaucoup de connaissances grâce à ce projet, […] le projet a réveillé l’activisme en moi, l’idée d’être activiste. […], le fait que j’ai été coordonnateur de ce projet, cela m’a permis de me responsabiliser, d’être attentif.» Éric, Burkina Faso

un changement de comportement chez les LBQFSF en lien à la baisse de la violence dans les couples LBQFSF et au sein de la communauté d’où, selon les coordinatrices-teurs, la diminution du nombre d’interventions policières et des arrestations qui en découlent. Les membres régulier-e-s affirment connaitre leurs droits, et ont appris les méthodes de protection et de prévention face aux IST/VIH/Sida. La mise en œuvre du projet a contribué à rendre visible l’existence de ELLES Cameroun dans le milieu de l’activisme LGBTQ de Douala et à susciter le désir de regroupement des LBQFSF dans d’autres localités du pays.

• En tout six coordonnatrices-teurs se sont succédé-e-s pour diriger le programme, toustoutes celles-ceux qui ont été sont unanimes de la nécessité d’un tel programme pour les membres de leurs communautés. La mise en œuvre des activités a opéré un changement significatif en elles- eux, et booster leur leadership et leur engagement pour la cause des personnes LBQFSF.

« Grace à ce projet, la visibilité des FSF est devenue effective dans le mouvement LGBTQ Camerounais et nous sommes de plus en plus consultées dans les décisions qui concernent la communauté en général. » Anne Marie, HFC

c. Le Cameroun ELLES Cameroun « Les filles affirment connaître leurs droits élémentaires et adoptent dorénavant des comportements responsables ; ce qui entraine la baisse de la violence au sein de la communauté. » Pegguy, Elles Cameroun Basée dans la ville de Douala, ELLES Cameroun a intégré le programme dans sa deuxième phase. De l’analyse des coordinatrices-teurs, le programme a impacté fortement la communauté LBQFSF. Dans un premier temps, les activités ont permis le regroupement des LBQFSF et suscité, voire ont insufflé l’ambition de se mettre en association d’où la formalisation de l’association qui au départ était un groupe Facebook. Les séances de discussions ont permis d’observer

La cellule genre de Humanity First Cameroun (HFC)

Présente dès le début du programme, la cellule genre a favorisé l’intégration et la prise en compte des LBQFSF dans le fonctionnement de HFC ce qui a abouti à une réorganisation de ses objectifs et le changement d’organisation HSH en organisation inclusive LGBTQ. Le contexte politique et social hostile aux personnes LGBTQ au Cameroun astreint les LBQFSF à une vie invisible et réservée. Le programme a permis de rassembler un nombre important de LBQFSF de la ville de Yaoundé et de mener des activités ayant permis de discuter de sujets consensuels. Les sessions ont permis de renforcer les connaissances des membres du groupe dans des domaines. « Ces activités ont répondu dans un premier temps au besoin de la communauté à travers la transmission des informations lors des causeries éducatives et le besoin de rassemblement des filles en une communauté à travers les activités sportives » Babette, HFC Le programme a permis à la cellule d’asseoir sa légitimité au sein de l’équipe de HFC, de gagner en visibilité au sein du milieu associatif LGBTQ de

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la ville de Yaoundé et entrainé un accroissement considérable de ses besoins et des attentes des membres. Selon les coordonnatrices-teurs, une des difficultés rencontrées demeure la faiblesse budgétaire qui ne prenait pas en compte certains aspects du programme (tel que les frais de transport des membres) et également l’accès au soin de santé auprès des centres de santé et les frais liés à une assistance juridique dans les cas des arrestations et les diverses formes d’abus à l’encontre des LBQFSF. Les coordinatrices-teurs sont néanmoins unanimes que le programme a été un succès pour la communauté LBQFSF de Yaoundé et les nombreux résultats engrangés au cours de sa mise en œuvre ont contribués à bâtir une communauté LBTQ forte et visible et contribuer à un encrage institutionnel qui ont favorisé diverses collaborations avec des organisations féminines et sociales.

ressources financières, a offert un espace pour abriter les rencontres/réunions de groupes des membres du projet et fournit des consultations gynécologiques gratuites aux membres de Ladies’ Voice. Les débats sur l’estime de soi, l’acceptation de son orientation et comment se comporter en société ont permis à certain-e-s LBQFSF de pouvoir se découvrir, s’accepter et prendre conscience de leur différence. L’assurance et la confiance acquises ont permis à d’autres de pouvoir aborder la question de leur orientation avec leur entourage, leur famille et sortir du mutisme.

O d. Le Togo

« Les gens ne se cachent plus ; ceux qui se cachaient avant dans leur coin sans se soucier de leur santé sexuelle, le font rarement. Ils ont également une meilleure connaissance des droits humains. Avant les activités les couples se disputaient souvent et déclenchaient des bagarres dans les bars et autres lieux publics ; mais depuis l’implémentation du programme, ses actions ont diminué. » Blanche, Ladies’ Voice La communauté LBQFSF de la ville Lomé avaient l’habitude de se retrouver à travers des soirées récréatives ou des causeries dans des domiciles, organisées par certain-e-s membres de la communauté et souvent appuyé-e-s par des groupes de HSH. L’initiation du programme a permis de créer un espace de rencontres et d’échanges sécurisé et plus formel.

La mise en œuvre des activités au Togo s’est fait avec l’appui technique et matériel de l’Association Togolaise pour le Bien être Familiale (ATBEF). ATBEF a soutenu bénévolement le groupe dans l’hébergement et la gestion des

« Après les ateliers sur les droits humains, nous avons observé que deux ou trois LBQFSF ont eu le courage de parler de leur orientation à leur famille. Cela m’a beaucoup intéressé car les parents n’ont pas posé d’opposition. Personnellement je n’ai pas eu le courage de le faire du vivant de mes parents et je me demande toujours s’ils vivaient encore j’allais pouvoir le faire. » Lamy, Ladies’ Voice L’impact du projet est allé au-delà de la ville de Lomé car il a permis aux coordinatricesteurs d’aller à l’intérieur du pays, dans une ville secondaire, Tsévié pour s’entretenir avec les LBQFSF, ce qui à par la suite, abouti à la mise en place d’une coordination locale de Ladies’ Voice en vue de délocaliser les activités au profit de la communauté résidente.

5.2. L’efficacité du programme Des objectifs identifiés dans le cadre du programme, à savoir la création d’un espace sécurisé dans chaque pays, insuffler le désir de se réunir et développer le leadership des activistes, ont été atteints. L’intégration des activités sportives au cours de la 1ère phase à travers l’organisation de matchs de football a connu partout une importante mobilisation des membres de la communauté. Les matchs ont été une occasion de cohésion sociale entre les LBQFSF et également avec certains groupes de HSH et

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hétérosexuelle. Les activités de la 2ème et 3ème phase du programme ont insufflé une dynamique de réunion et de la vie associative dans les communautés LBQFSF. En particulier,

les activités de renforcement du leadership des jeunes LBQFSF ont contribué à étendre la base de nouveaux leaders dans les différents pays de sorte à ce que les bénéficiaires étaient également des actrices actives de l’implémentation du programme. Du démarrage timide en début des mises en œuvre, le programme a gagné en mobilisation et en participation au fil du temps. En effet, les stratégies et techniques de mobilisation ont permis de susciter l’intérêt, la confiance et l’adhésion des membres des communautés LBQFSF. Dans certains pays, des personnes se sont impliquées davantage en devenant soit des animatrices-teurs d’activités soit des coordonnatrices-teurs du programme. Toutefois, les contextes socio-politiques imprévisible tel que la recrudescence des violences à l’endroit des personnes LGBTQ au Cameroun et au Togo, l’adoption de textes durcissant les lois criminalisant l’homosexualité, des manifestations contre les personnes et populations LBQFSF ont affecté l’implémentation du programme dans certains pays sans pour autant altérer les acquis capitalisés. Même si quelques échecs ont été constatés, nous pouvons souligner la grande qualité de participation et d’implication des bénéficiaires dans la réalisation des différentes activités.

5.2.1 Les défis rencontrés a. Les défis internes Les partenaires ont dû faire face à des défis inhérents à la mise en œuvre des activités ; en particulier : • Le manque relative d’expérience en gestion de projet et de management de dynamiques de groupe chez certain-e-s coordinatrices-teurs a été à certains moments un handicap, provoquant souvent des conflits qui ont impacté le déroulement de certaines activités d’une part et de l’autre, engendré des difficultés en animation, rapportage, et gestion financière. • L’existence de clans au sein des communautés. Avant de se constituer en association formelle, dans la plupart des pays les membres des communautés LBQFSF se regroupaient par affinité ; ce qui a favorisé la formation de clans. Malheureusement, l’entente n’était pas toujours assurée entre différents groupes, rendant les efforts de mobilisations des coordinatrices/teurs plus difficile étant donné que des membres de différents clans refusaient souvent de partager le même espace. b. Les défis externes Certains défis provenaient de facteurs indépendants : • Le Temps et la programmation des activités: nous pouvons citer certains retards rencontrés dans la mise en œuvre ; et ces retards découlent du démarrage tardif des activités dans certains pays tels que le Cameroun, le Burkina et le Togo pour plusieurs raisons. Soit à cause de l’arrivée tardive des finances, soit des difficultés d’ordre technique tel l’exemple de ELLES Cameroun qui a connu des difficultés dans la mise en œuvre en raison des complications rencontrées avec le gestionnaire financier. Cela a conduit à l’arrêt du financement et mis fin prématurément à la mise en œuvre du projet dans sa dernière phase.

5.2.2. Les insuffisances

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Les insuffisances du programme (gestion, activités, stratégies, etc.) ont été répertoriées comme ciaprès : • Les difficultés liées à la disponibilité des ressources à temps pour certains partenaires : c’est un paramètre à prendre en compte pour la prochaine phase du programme. Cela va du déblocage tardif aux aléas des transferts d’argent d’un pays à un autre ; • L’insuffisance des ressources allouées pour l’implémentation des plans d’actions : à la vue des besoins des différents groupes, la nécessité d’augmenter le volume financier s’impose mais dépend impérativement de l’enveloppe financière mobilisée auprès des partenaires financiers ; • L’inadéquation entre la planification et le budget : accompagner les partenaires dans la planification des plans d’actions afin qu’ils tiennent compte de l’enveloppe financière disponible ; • Les difficultés rencontrées dans l’implémentation du programme ont conduit à l’annulation de certaines activités dans certains pays ; • Des cas extrêmes ont été recensés, notamment l’arrêt du programme au Burkina Faso en raison de conflits entre les coordinatricesteurs et à ELLES Cameroun suite à l’arrêt de collaboration avec le gestionnaire financier.

5.3. L’impact du programme 5.3.1. Le degré d’atteinte des objectifs planifiés La mise en œuvre des activités lors des trois ans du programme a permis d’atteindre les objectifs planifiés dans tous les pays de manière globale et selon les évaluations faites par les coordinatricesteurs. De l’objectif de regroupement des LBQFSF dans la première phase du projet en passant par les objectifs identifiés selon le contexte du pays pour la deuxième phase et enfin aux objectifs de renforcement du leadership de nouveaux leaders LBQFSF dans la dernière phase, les résultats sont appréciables à travers : • Le taux de mobilisation : au cours des trois phases du projets, les activités ont connu dans la majorité un fort taux de mobilisation dans la plupart des pays. Néanmoins certaines activités n’ont pas répondu aux attentes des membres entrainant moins de participation. Au total, environ 748 personnes ont été touchées par les activités. • Le taux de réalisation : nous pouvons au vu des résultats confirmer un fort taux de réalisation des activités, environ 99%. Seules 2 ou 3 activités n’ont pas pu être réalisées. • Le taux de groupes formés : sur 2 organisations au départ, à la fin du programme 4 nouveaux groupes ont été formés au Bénin, Burkina, Cameroun et Togo.

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5.3.2. L’impact opéré au niveau des bénéficiaires « Mon comportement a changé avec ma famille, il y a des choses que je ne faisais pas à la maison, mais que je fais maintenant. Je ne me cache plus dans le « placard » comme avant, j’assume mon choix. Chez moi avant quand je recevais de la visite féminine mon oncle venait vérifier ce que nous faisons. Mais maintenant j’ai compris qu’il violait mes droits et j’en ai parlé avec ma maman et cela a changé. » Blanche, Ladies’ Voice

« Nos activités ont eu un impact positif sur les bénéficiaires car beaucoup d’entre elles ont changé de mentalités. A l’aide des causeries avec des avocats elles ont changé leurs comportements en société en adoptant des comportements responsables ; avec les causeries avec le médecin elles font plus attention lors de leurs rapports sexuels en adoptant des pratiques sexuelles moins risquées. » Babette, HFC

Les résultats obtenus au cours de la mise en œuvre du programme nous permettent de relever les impacts suivants : • L’engagement et l’adhésion des membres de la communauté LBQFSF à s’approprier le programme. L’évolution positive de certains membres au sein de leur groupe/structure – certain-e-s ont commencé comme membre, et par la suite de par leur engagement et dynamisme sont devenu-e-s des coordinatrices-teurs ; • La visibilité de la communauté LBQFSF à travers leurs organisations et actions. Les participant-e-s ont décelé la nécessité de mieux s’organiser, fédérer leurs forces et restés engagés dans ce combat qui nous est commun pour l’épanouissement et l’amélioration des conditions de vie des personnes LBQFSF ; • Le changement de comportement observé chez la majorité qui s’est traduit pour certain-e-s à l’acceptation de son orientation, au renforcement de l’estime de soi, à se faire accepter par leur famille et à réintégrer le domicile familial ; • La connaissance des droits humains permet également de savoir réagir lorsqu’on est victime de violation de ses droits.

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5.4. L’éVaLuaTion du parCours des CoordinaTriCes-Teurs

5.5. L’éVaLuaTion de La ConTriBuTion de QaYn

5.4.1. L’impaCT de La mise en ŒuVre sur Le parCours des CoordinaTriCes-Teurs

De la coordination du programme par l’équipe de Qayn et de sa collaboration avec les partenaires, ces derniers l’évaluent positivement sans toutefois omettre de notifier les difficultés rencontrées, les attentes non comblées et formuler des recommandations pour le futur. Les différents groupes sont satisfaits de l’appui technique et matériel dont ils ont bénéficié de Qayn dans le cadre de la mise en œuvre du programme. Le matériel acquis a contribué à améliorer la qualité de leur travail, et également assurer la sécurité des données. Quant à l’appui technique, cela leur a permis de renforcer leurs connaissances pratiques dans la coordination des activités et au niveau des thématiques abordés lors des mobilisations.

« Le projet LBQFSF a renforcé ma capacité organisationnelle et m’a donné plus de plus visibilité dans les actions que je mène envers la communauté » andréa, aFro-Benin Selon les différent-e-s coordinatrices-teurs, toutestous ont vu leurs compétences en leadership se renforcer, ainsi que les aptitudes en animation, en rédaction et gestion budgétaire et en capacité organisationnelle. De l’évolution de l’activisme des coordinatrices-teurs, ils-elles ont dorénavant une meilleure compréhension du mouvement lgBTQ ce qui a entrainé leur meilleure implication pour la cause des LBQFSF. Elles-ils ont acquis plus d’engagement, de confiance en leur capacité de défenseurs des droits des personnes LBQFSF. Le sentiment d’appartenir à une communauté lBQFSF et le désir de contribuer à bâtir un monde égal, à assumer son statut et son rôle dans ce combat commun font désormais partis des engagements pris. de façon globale, le programme a largement contribué à rendre visible les leaders lBQFSF dans les espaces de revendications locaux. On observe également le développement d’alliance et de partenariat avec d’autres organisations intervenant soit sur les questions de santé sexuelle ou sur les droits humains au niveau local ou régional.

L’instauration d’une communication transversale et permanente tout au long de la mise en œuvre du programme par le secrétariat de QAYN a permis d’accompagner efficacement les membres ; même s’ils reconnaissent quelques défaillances à certains moments de la mise en œuvre. De l’avis des partenaires, la communication n’a pas été souvent permanente et continue et a souffert par moment d’imprécisions pour faciliter leur travail. Un autre point relevé concerne l’appui matériel ; en effet face aux besoins matériels des différents partenaires pour rendre efficace la coordination et la mise en œuvre du programme, QAYN n’a pas été en mesure de répondre favorablement à toutes les requêtes. Cela a donc constitué un handicap pour certains dans l’accomplissement de leur mission.

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a

Vi

RECOMMENDATIONS L’amelioration de la qualite de la collaboration entre l’equipe de QAYN et les coordinatrices-teurs.

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pas encore d’organisation identitaire formalisée, en vue d’opérer des choix objectifs et judicieux selon les compétences des leaders ; • L’amélioration de l’accès au Google Drive, base de données virtuelle de QAYN, par tous les partenaires : cela nécessite une petite formation aux membres afin de renforcer leurs connaissances à l’utilisation de cet outil de collaboration ; • La mise à jour du site web en intégrant les données de tous les partenaires : certains membres de QAYN ne figurent pas sur le site web, d’où le besoin de les insérés ; • L’amélioration de la qualité de management de l’équipe de QAYN : elle doit prendre en compte tous les aspects pour éviter les frustrations et les conflits entre collaborateurs-trices ; • L’amélioration de l’accueil au sein de QAYN : réfléchir à une formule de gestion du centre de QAYN au Burkina en vue de prendre en compte les besoins des membres d’avoir à leur disposition un endroit sécurisé et disponible pour les rencontres. Au titre des recommandations, nous pouvons noter : • L’amélioration de la communication entre QAYN et ses partenaires : cela demande l’instauration d’une communication permanente et efficace qui accompagne les membres tout au long de la collaboration ;

Une mention spéciale dans le cadre du suivi évaluation du programme : en vue d’améliorer le suivi évaluation des activités du programme et permettre une meilleure exploitation des résultats, il serait judicieux de renforcer le secrétariat par des outils de suivi évaluation et le développement d’un système de suivi évaluation en se basant sur le cadre de suivi évaluation déjà élaboré.

• L’amélioration de la qualité de la collaboration entre l’équipe de QAYN et les coordinatrices-teurs chargé-e-s de la mise en œuvre du programme : instaurer un climat de confiance et de respect qui facilite la collaboration ; • L’accompagnement des partenaires dans la nomination des coordinatrices-teurs du programme dans les pays où il n’existe Rapport d’évaluation du programme LBQFSF (2012-2015) | 31


Vii CONCLUSION

La prise de decision est difficile et le processus de croissance est lent.

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« Puisque y’a pas un suivi qui est fait sur cette phase-là, [...] comment on va savoir si c’est vraiment l’association ou c’est vraiment le projet qui a impacté ou pas? Après le projet y’a pas une évaluation […] dans la mise en œuvre du projet à venir, il faut qu’il y ait un suivi ; tant que y’a pas ce suivi on ne peut pas juger que ça impacte ou pas. » Chouchou, Burkina FASO Le rapport d’évaluation révèle les défis et succès du programme. Comme défis principal, nous avons relevé les difficultés liées au maintien et à la croissance des intérêts et engagements des femmes LBQFSF dans des actions collectives, car la prise de décision est difficile et le processus de croissance est lent. Et, ceci quand le travail initial est de soutenir les personnes à faire face à l’oppression dans leur propre tête et commencer le processus d’auto-transformation et d’autoréalisation. Malgré les défis, sans équivoque, les trois ans du programme ont permis la mobilisation et la visibilité de l’activisme LBQFSF dans notre sous région et au Cameroun. Le programme a contribué au développement d’un sentiment de pouvoir chez les LBQFSF impliquées. C’est ce sentiment de pouvoir qui changerait les gens bien au-delà de la réalisation des objectifs immédiats et contribuerait à bâtir un mouvement durable avec un engagement et une vision à long terme.

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Q A Queer African Youth Network 04 BP 511 Ouagadougou 04, Burkina Faso Tel : + (226) - 25 37 48 29 Email : contact@qayn.org www.qayn.org www.q-zine.org Twitter : @qayn-center Facebook : QAYNetwork


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