3ème Ecole Activiste
Activisme Queer Féministe en Afrique de l’Ouest Francophone. Définitions, enjeux et opportunités
Rapport
Cotonou, Benin, Juin 2016
Table des Matières 03 Introduction 04 Objectifs visés 06-13 Jour 1 - Le personnel est politique : Explorer et analyser le pourquoi de notre engagement 14-21 Jour 2 - Le personnel est politique : Analyse critique du contenu et du comment de notre engagement 22-23 Jour 3 - Situer nos luttes dans un contexte plus large – Renforcer nos connaissances politiques de nos luttes 24-27 Jour 4 - Définition, enjeux et opportunités de nos luttes 28-31 Jour 5 - Definir notre cadre d’engagement
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Introduction Le patriarcat imprègne matériellement et symboliquement les trajectoires militantes, les structures et les mobilisations des organisations mixtes. Ces organisations se caractérisent, en quelque sorte, par une « mixité à hégémonie masculine ». En effet, la division sexuelle du travail militant, l’appropriation du travail des femmes, leur instrumentalisation, leur relative invisibilité et les conditions particulières de leur accès au pouvoir sont autant de logiques de domination […] qui illustrent fort bien la force et la transversalité. 1Ce même constant concerne également le mouvement LGBTQ qui se dit militant pour les droits humains de toutes les personnes LGBTQ mais, malgré la participation active des activistes lesbiennes, bisexuelles, queer et femmes qui ont des rapports sexuels avec des femmes (LBQFSF) dans certains pays, il a toujours affiché une certaine réticence à intégrer et/ou soutenir les initiatives des activistes LBQFSF. Par conséquence, la place des femmes LBQFSF demeure marginale dans le mouvement LGBTQ et leurs revendications sont rendues invisibles, pour sans doute rester dans une logique dominante. C’est pourquoi depuis sa création et guidée par une analyse intersectorielle féministe des rapports de pouvoir et des revendications transversales, QAYN a axé son travail dans la facilitation de l’émergence de leadership des femmes LBQFSF d’une part, et de l’autre, la formation d’un mouvement de femmes LBQFSF
en Afrique de l’Ouest – ceci à travers un programme de leadership et de renforcement de capacité de jeunes activistes LBQFSF basé sur des principes féministes – en combinant l’éducation politique (Ecole activiste) avec un appui financier et technique, et en articulation avec la mise en place d’un réseau au sein duquel les activistes peuvent élaborer un agenda politique collectif, partager leurs expériences, se soutenir, développer et pratiquer une solidarité réelle. Ce programme a démarré en 2012 avec la première Ecole activiste sous le thème de Genre, sexualité et communications : Vers un renforcement du leadership de jeunes femmes Queer en Afrique de l’Ouest Francophone qui a réuni de jeunes activistes du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire, du Sénégal et du Togo. A la suite de cette formation, les participant-e-s ont reçu une petite subvention accompagnée d’un appui technique de QAYN afin de mettre en pratique les acquis de la formation.
Cette troisième session de l’Ecole activiste se veut, aujourd’hui plus qu’avant, un espace explicitement politique – dans l’objectif d’inviter à revenir aux points de départ grâce à une réflexion critique sur les engagements individuels et collectifs entant qu’activistes LBQFSF et trans* ; à examiner sous divers angles, le POURQUOI des engagements ; d’affiner les compréhensions des dimensions politiques des luttes dans lesquelles les participant-e-s s’impliquent, pour ensemble, définir le COMMENT des actions.
1
Roux P., Perrin C., Pannatier G., Cossy V. « Le militantisme n’échappe pas au patriarcat »
La deuxième phase du programme a débuté avec la seconde Ecole activiste au Togo en 2014, sous le thème de Renforcer nos compétences individuelles pour mieux forger nos communautés – A l’heure de l’activisme LBQFSF en Afrique de l’Ouest, avec la participation des activistes venu-e-s du Bénin, Burkina Faso, Cameroun et du Togo.
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Objectifs visés Sous le thème, Activisme Queer Féministe en Afrique de l’Ouest Francophone – Définitions, enjeux et opportunités la troisième Ecole Activiste de QAYN a réuni 33 activistes LBQFSF et trans* venant de 7 pays dont 6 de la sous-région (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Mali, Sénégal, Togo) et du Cameroun autour des objectifs suivants : Examiner le POURQUOI des engagements à travers une analyse critique et une prise de conscience des situations individuelle et collective. Situer les luttes dans un contexte plus large en tissant un lien entre l’individuel et le collectif dans le but de collectiviser les expériences et développer une compréhension commune de l’activisme queer féministe en Afrique de l’Ouest Francophone. Définir le comment, les valeurs et principes de l’activisme queer, LBFSF et trans* – Identifier les enjeux clés au niveau pays et sous régional d’une part et des revendications sous régionales d’autres. Définir les valeurs et principes de l’activisme LBQFSF et trans*.
Démarche de l’école En partant du principe que chaque personne est experte de sa propre vie et conscientes des manifestions multiformes de l’hégémonie patriarcale, cette session de l’Ecole Activiste a adopté la démarche de l’éducation populaire – ancrée dans le partage des expériences et la sensibilisation à l’expérience d’autrui, afin de provoquer une re-examination critique des points de vue et pratiques d’activistes et ceci dans le but d’amener les participant-e-s à contribuer au développement d’un mouvement politique et collectif. L’approche de l’animation de l’école des activistes s’adosse à l’éducation populaire qui inscrit le dialogue et le partage au cœur du processus d’apprentissage. Elle part de l’hypothèse que toutes les personnes sont détentrices de valeurs, de connaissances, de savoir et de savoir-faire. Qu’est-ce que l’éducation populaire autonome ? (EPA) L’EPA est une approche de formation et de co-formation qui traverse l’ensemble des luttes et des processus démocratiques de la vie des organisations qui ont comme valeur centrale d’atteindre la justice sociale. L’éducation populaire autonome (EPA) permet de :
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Prendre conscience de la réalité à partir du point de vue des activistes, réaliser que le personnel est politique par l’exploration et l’analyse des engagements et parcours en tant qu’individu et activiste et/ou leader Comprendre les causes et les structures responsables des injustices, des inégalités et des atteintes aux droits humains, saisir que le politique est personnel grâce à l’analyse des enjeux de l’activisme LBTQ et leur traduction dans les luttes présentes S’organiser ensemble pour redécouvrir le pouvoir et la capacité collectifs d’agir, en intégrant les principes et valeurs d’égalité et de justice dans les pratiques ; Agir pour transformer la société, en déterminant les stratégies propres afin d’influer sur les causes des inégalités, et pas seulement sur leurs effets ; Dynamiser l’engagement, en réalisant des gains en dignité, en convictions et en appartenance à un réseau et à une force collective qui porte un projet de société. 2
En utilisant la démarche de l’EPA, les facilitatrices ont élaboré les contenus des 3 premiers jours de l’agenda en annexe, en réservant aux participant-e-s un espace souverain de 2 jours pour déterminer leurs besoins spécifiques et de comment, par l’échange, satisfaire ceux-ci, de façon autonome et participative. Le présent rapport rend compte du déroulement des 5 jours de l’école des activistes. Nous avons adapté des outils des sources suivantes : La boîte à outil Notre Solidarité : Un territoire à décoloniser du Project Accompagnement Solidarité Colombie ; Libérons nos corps, notre Terre et nos territoires ; et Faire le choix de l’éducation populaire autonome
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Fondation Filles d’Action. Qu’est-ce que l’éducation populaire ? http://www.fillesdaction.ca/fr/boite-aoutils-resonnance/qu-est-ce-que-l-education-populaire. Consulté en ligne en Mai 2016.
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Jour 1 – Le personnel est politique :
Explorer et analyser le pourquoi de notre engagement I. S’accorder sur le déroulement de la rencontre
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Suite à l’allocution de l’ouverture de l’atelier, un exercice a permis aux participant-e-s d’apprendre à mieux se connaître, à définir ensemble les éléments, comportement, attitudes qui permettent de créer un environnement de confiance et de solidarité dans le groupe. Les participant-e-s ont été invité-e-s à former un cercle, et à tour de rôle, d’attacher une
Ce qui vous mettra à l’aise Bon comportement de tous/toutes Respect des autres La vie privée de chacun-e- est privée, ce qu’on à faire dans ce cadre doit se situer en dehors de l’hôtel Les téléphones sous vibreur Un changement à la fin de l’atelier Respecter de l’apparence des autres quels que soit les préjugés
ficelles à leur poignet afin de créer une toile d’araignée. A la fin de l’exercice, les participant-e-s ont analysé la figure formée comme : Un lien très fort Une harmonie Un effort collectif, commun
Ce qui vous mettra mtal à aise Des messes basses Des histoires entre les participant-e-s Arracher la parole à une personne en train d’intervenir Moquerie Se croire supérieur-e- aux autres
Ils-elles ont estimé que cette création, qui les relie les un-e-s aux autres, symbolise que l’acte de chaque membre de l’atelier/ du groupe a un impact sur la vie des autres. Les productions des participant-e-s figurent dans le tableau ci-dessous.
Ce que vous ferez pour mettre les autres à l’aise Avoir un comportement exemplaire, dans le respect des autres Ne pas monopoliser la parole Bon comportement Ecouter les autres Ouverture et respect de la parole des autres Respecte des autres Ecouter et respecter le point de vu des autres Aimer tout le monde Etre à l’heure Assurer la sécurité
Le fil de la toile a été débité en morceaux enroulés sous forme de bracelet à chaque poignet, afin de témoigner et rappeler l’engagement à se comporter en co-responsables du maintien d’un climat de sécurité, de cohésion et de solidarité.
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II. Mémoire de parcours : du Je au Nous
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A. Animation autour du rythme Une animation autour du rythme a renforcé l’harmonie et l’enthousiasme de l’ouverture de l’atelier : à partir de sons individuels, une harmonie collective est élaborée avec divers instruments. L’analyse de la progression du rythme a permis aux participant-e-s de commenter le parcours depuis le son “je” (la tonalité individuelle faible) au son “nous” (la tonalité collective plus forte). Selon les participant-e-s, le processus a connu la disharmonie du début, puis la diversité, ensuite chacun-e- a tenu compte de l’autre pour créer l’harmonie à la fin. Les notions de rythme, de réussite, de chaleur, de bonne ambiance, d’amour, d’attention, d’écoute de l’autre et de complicité, de solidarité, d’union des forces, de convivialité et de communication ont été notées comme marquant le chemin du je au nous. Pour les participant-e-s, à l’état actuel des luttes, aucune organisation, aucune personne ne peut aller seule. De plus, chaque personne est unique et on a besoin de la diversité qui fait la richesse du mouvement. Si tout le monde faisait la même chose, mangeait la même chose, le monde serait fade, incolore et inodore.
bien être tant moral qu’intellectuel. Pour ce faire entre les organisations, les activistes et les leaders, il a été préconisé de :
Communiquer davantage Construire une entente et une synergie, Se comporter avec humilité Tenir des réunions pour des mises au point des activités
La lutte n’est pas que personnelle, elle est également commune et il faut franchir les barrières. En cas de coups bas, il faut prendre sur soi et aller vers la personne avec qui on a le conflit pour créer une nouvelle base de relation. Il faut se mettre ensemble, taire les rivalités et mettre l’accent sur ce qui unit, en s’efforçant de résoudre et de dépasser ce qui divise. Des expériences ont été partagées par des participant-e-s, concernant leurs attitudes face au conflit intergroupes, intragroupes et/ou interpersonnels. La leçon tirée est que le premier pas vers l’autre brise les barrières et permet la bonne poursuite des relations.
Il a été conseillé de partir de l’expérience de chacun-e- pour créer la coordination afin d’obtenir les résultats recherchés en termes de 3ème Ecole Activiste - Activisme Queer Féministe en Afrique de l’Ouest Francophone Définitions, enjeux et opportunités | 9
B. Talk-show Partir de nos expériences concrètes en tant que femmes, personnes aux genres nonbinaires, trans* pour situer nos parcours individuels Ce partage d’expériences s’est fait par le biais d’un talk-show filmé où des participante-s étaient invité-e-s à venir partager
leur expérience des raisons, motivations, aspirations à la base de leur engagement dans une action collective. Fidèle au format talk-show, les participant-e-s qui jouaient le rôle du public, étaient invité-e-s à poser des questions aux invité-e-s du show. Les expériences partagées étaient aussi diverses que le nombre de personnes invitées - les partages ont néanmoins permis de regrouper les raisons vers l’activisme sous les catégories suivantes : La résistance contre les différentes formes de dominance Le rejet de la discrimination L’inspiration à s’investir dans la lutte grâce à l’influence d’une autre personne
l’activisme comportent de grandes similitudes quant au processus. Dans leurs parcours, il a été constaté la difficulté pour tous et toutes de s’accepter à cause des tabous et pesanteurs sociales. Les questionnements sans réponse, le rejet des normes et attentes familiale et sociale, les expériences de discriminations et violence, l’isolement, la volonté de contribuer à un changement social ont été à la base des motivations de s’engager dans une cause commune. L’appui des ami-e-s, la fréquentation des associations, la documentation et l’éducation personnelle ont renforcé l’acceptation de soi et la volonté de s’engager dans une lutte commune. Le tableau ci-dessus fait la synthèse des parcours et expériences qui ont conduit à l’activisme
L’impulsion de l’activisme par des faits de violence relatés dans la presse Une séance en plénière a suivi le talk-show lors de laquelle la facilitatrice a invité les participant-e-s à partager leurs réflexions sur les témoignages des invité-e-s du talk-show et dans la mesure du possible, identifier les expériences communes aux leurs. Discussion des productions Globalement et en se basant sur les différents témoignages, il est sorti des expériences des un-e-s et des autres que les cheminements vers
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Synthèse des parcours et expériences Incompréhension de soi-même Ignorance de l’existence de personnes semblables à soi
Stigmatisation Isolement discrimination
Appui par des ami(es) ou la famille
Connaissance de soi
Environnement (Presse)
Refus de la stigmatisation Volonté de changement
Confusion
S’orienter vers les organisations DH / Gays Besoins spécifiques Besoin d’autonomie
Malaise
S’accepter comme on est Avoir un contrôle sur sa propre vie
Arriver à un changement de mentalité
Comprendre les droits
Contribuer au mouvement
Comment les défendre
Communiquer à l’interne
Prendre en compte le genre
Questionner soi en tant qu’activiste
Prendre en compte les besoins de la Communauté
La modélisation du parcours d’une personne activiste LBTQ La modélisation a donné le schéma global suivant :
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C. Ce que nos parcours ont de commun réflexion critique sur nos cheminements individuels vers l’activisme En travail individuel puis en synthèse d’expériences, les participant-e-s ont dressé leur parcours et analysé leurs cheminements à travers cet outil:
Mon cheminement individuel vers l’activisme
1. Quand et comment je me suis interessé-e- à l’activisme ?
Qu’est-ce que je vivais? Je me questionnais souvent sur… Quelles sont les personnes qui m’ont aidé – e?
2. J’ai décidé de participer à la vie associative pour/parce que
Vers quel type de structure je me suis tourné-e-? Pourquoi me suis-je impliqué-e dans mon groupe actuel ?
3. Mes expériences à travers mon engagement avec mon groupe
Qu’est-ce que j’ai appris depuis que je participe au groupe ? En quoi le groupe m’a-t-il aidé-e à changer ma façon de voir les problèmes et les personnes qui les vivent? A prendre conscience de certaines réalités et à vouloir les changer? Quelles sont les actions que ma façon de voir, ma prise de conscience m’a poussé à initier ?
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Récapitulatif des productions des groupes Quand et comment je me suis interessé-e à l’a e ?
J’ai décidé de participer à la vie associative pour/parce que
• Suite à des questionnements (suis-je seule ? Suisje normal-e ? Pourrais-je supporter un homme ?)
• Défendre nos droits et mener une revendication commune
• Fatiguer de vivre cacher
• Créer un environnement favorable aux personnes LBT
• L’incompréhension quant à son orientation sexuelle et/ou identité de genre • Pourrais-je supporter un homme ?
• Rencontrer d’autres personnes qui partagent la même orientation sexuelle que moi • Former un mouvement solide pour la justice sociale et le respect des femmes LBT
• La confusion et le mal être • Révolte contre le déni de droits
Mes expériences à travers mon engagement avec mon groupe m’ont permis de • Savoir que je ne suis pas seule • Se connaitre soi-même • Accepter l’autre tel qu’il/elle est • Prise de conscience et compréhension de la question du genre • Ecouter et respecter les différences et les expériences
• Curiosité (fréquentation des activistes)
• Avoir des expériences dans l’activiste et les droits humains
• Avoir des connaissances en droits humains, sur les techniques et mécanisme de protection des droits humains par la défense à la valorisation de nos droits, notre
• Continuité d’autres combats
• Participer aux changements sociaux
• principale revendication
• Se protéger, revendiquer et défendre ses droits
• L’injustice
• Défense de mes droits et celle de ma communauté • L’acceptation et l’estime de soi
Pour le même thème, encore en travaux de groupes mais cette fois-ci selon les organisations, les participant-e-s ont retracé maintenant le parcours de leurs organisations. La restitution des travaux de groupes a été programmée pour le jour 2 Une proposition de coaching individuel a été proposé et un tableau pour prendre rendez vous avec les facilitatrices a été crée a cet effet. L’objectif du coaching individuel est de consolider le leadership, d’aider, d’appuyer à surmonter les obstacles individuels pour donner des bases facilitant l’évolution et le progrès dans l’activiste. La première journée s’est terminée avec une évaluation du jour, faciliter par une participante. 3ème Ecole Activiste - Activisme Queer Féministe en Afrique de l’Ouest Francophone Définitions, enjeux et opportunités | 13
Jour 2 – Le personnel est politique : Analyse critique du contenu et du comment de notre engagement 14 | 3ème Ecole Activiste - Activisme Queer Féministe en Afrique de l’Ouest Francophone Définitions, enjeux et opportunités
A la suite de la restitution des travaux de groupe sur la synthèse des expériences, la nécessité de documenter nos expériences personnelles et celles de nos organisations a été soulignée. CertainEs participantEs pour raconter leur expérience à travers des enregistrements audio dont les transcriptions sous ci-dessous :
Anne Marie
Mon incompréhension C’est que j’ai grandie dans une atmosphère familiale où on ne parle pas de sexualité mais je voyais des gens, des couples qui faisaient de choses. Mais ce que moi je ne comprenais pas c’est pourquoi j’avais tendance à toujours jouer avec les petites filles. Sur le coup je trouvais ça normal je me disais que j’avais tel jouet et tel jouet. Toujours c’était moi le papa et les petites filles avaient tendance à m’appeler papa. Toujours ces petites filles me disait toi tu es le mari et moi je suis la femme, et je disais ok. Quand je suis arrivée à l’âge de 12 ans et 13 ans une jeune petite fille adolescente plus âgée a voulu qu’on joue encore. J’ai compris que ça devenait suspect. J’ai grandi avec une mère très prude avec laquelle on ne parlait jamais de sexualité et on avait l’impression que la sexualité c’est quelque chose de mauvais. Du coup quand on jouait à l’enfance c’était bien mais quand je grandissais elle me martelait chaque jour que le sexe on ne touche pas. J’arrive à l’adolescence et je me rends compte que je suis attirée vers les filles et je me demande si
c’est normal. L’incompréhension de moi-même est arrivée à tel point que je suis rentré dans la vie religieuse parce que j’étais dans un environnement où on parlait de Dieu et de ceci et je me suis dit que ce n’est pas possible d’aimer une fille. Dans mon innocence, j’avais même parlé de ça à ma mère qu’il m’arrive que je rêve que je faisais l’amour avec des femmes et qu’il m’arrive d’avoir des pulsions. Directement, elle m’a amené chez un prêtre. On a fait des séances et des séances et à la fin je ne sentais pas de différence. J’ai tellement poussé la chose que je suis rentrée au couvent parce que je me suis dit que ce n’est pas possible et que je ne peux pas. Dieu est contre ça et je suis rentré dans la vie religieuse. J’en ai parlé à mes supérieurs à mon confesseur que je ne comprends pas mais que cette chose là je veux que ça s’arrête. Quand je suis tombée amoureuse d’une sœur j’ai compris. Ce qui s’est passé, c’était la première fois je suis tombée vraiment amoureuse et c’était extraordinaire. Une sœur s’est rendue compte et m’a dit Anne Mairie si tu vois cette sœur oh la la. Je me suis dite que si ça se voit tant que ça c’est très grave. S’il faut que je vienne tomber amoureuse là où je suis supposée arrêter d’aimer les femmes, c’est très grave. Je dis que je laisse tomber, elles ont tout fait que tant que je respecte mes vœux ça peut aller. J’ai dit que ça va et j’ai quitté le couvent. Je suis rentrée à la maison et après j’ai expliqué à mes parents. J’ai mis encore 5 ans pour demander à Dieu si c’est comme ça, que j’aimerais arrêter, avoir des enfants et pourquoi c’est comme ça. Un jour je me suis dit, tu es lesbienne, arrête de tourner
en rond, tu aimes les femmes. Ça m’a pris du temps et quand je l’ai accepté je l’ai accepté pour toujours. Ça fait maintenant je suis libre ma famille le sait et ils vivent avec. Ce n’est pas un sujet de conversation. Anne Marie tu te marie, non je ne me marie pas. Pourquoi tu es toujours avec les filles ? J’aime les fill es. Avec moi on évite d’aller loin car avec moi ça sort comme ça sort.
BABETTE
Mon incompréhension de moi-même a débuté toute jeune parce que je n’aimais pas faire ce que les filles faisaient. Quand ma maman me disait que la place des filles c’est à la cuisine, ça m’énervait parce que moi je voulais aller jouer au ballon. Quand mes seins ont commencé a poussé ça m’énervait et j’ai tout fait pour que ça rentre. Je suis allé demander à ma mère pourquoi mon frère n’a pas de seins ? Pourquoi moi j’ai un truc qui est plat et pour lui est long ? Qu’est ce qui cloche ? Ma mère m’a dit que tu es une fille et ton frère est un garçon. Une fille ça porte des soutiens, ça fait ça et ça. A un moment mes règles sont venues j’avais à peine 8 ans et ça m’a énervé car j’avais commencé à réaliser que je suis une fille et je saigne c’est énervant. Quand les autres filles me parlaient de garçons ça m’énervait, que je suis allée voir mon copain. J’aimais toujours les jeux bizarres, joué avec les filles et j’aimais être papa. Je sais que quand papa et maman sont dans la chambre il faut faire forcement quelque chose. Du coup à la
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maison quand on demandait aux garçons de faire quelque chose, j’étais la première à me lever et à le faire. Quand on demandait à une fille de faire quelque chose je n’étais même pas à côté. Ma maman a commencé à dire tu seras quelle genre de femme, tu ne sauras pas faire la cuisine, tu ne sauras pas… Par fini j’aidais ma maman à faire la cuisine mais ça m’énervait au fonds de moi. Au lycée j’ai eu un problème car je ne voulais pas porter la robe mais le pantalon. A un certain moment j’étais dans un collège où on interdisait aux filles de porter les pantalons. C’était dur et mon papa s’est énervé car au quartier les gens se plaignaient que je me comportais en garçon. A un moment ma maman a demandé à tout le monde d’amené son petit copain à la maison. C’est là que j’ai commencé à chercher dans tout le quartier parce qu’il fallait que je leur présente mon petit copain. Ma mère m’a tellement mis la pression qu’à un moment je me suis retrouvé avec un copain. J’ai eu un tas de copains et j’ai cherché en vain et je me suis rendu compte qu’il y a un truc qui cloche en moi. Au fonds de moi je ne suis pas fille ni garçon. Je me sens fille par moment et souvent garçon par moment. C’est un peu compliquer et jusqu’à présent je ne suis pas situé car si je me mets en couple avec un garçon s’il m’appelle ça m’énerve et quand je me mets en couple avec une fille et qu’elle m’appelle son copain, ça m’énerve encore plus. Parce que je me dis que nous sommes toutes deux filles je peux être ta femme dans le cas où tu acceptes que tu sois ma femme aussi. Mais si tu me dis que je suis la femme et toi le copain, il y a problème. Je ne me sens pas à l’aise
dans cette relation. Jusqu’à présent j’essaie de jongler mais je sais que je suis lesbienne et ma place est avec une femme. Je réfléchie encore sur le rôle que j’aurais. Pour le moment je suis une femme.
Bethy
Incompréhension et acceptation de soi Avant que j’arrive à m’accepter franchement ça été très difficile car je me posais des questions sur ce qui se passe, pourquoi moi ? Pourquoi ça m’arrive et qui pourra répondre à cette question ? Car je me vadrouillais en désordre sans retenue et tout ce que je voyais je tirais dessus jusqu’à ce qu’on m’a surnommé virus. Quand je viens dans un milieu je dois laisser de traces, sinon ça veut dire que je ne suis pas passée. Jusqu’au jour où je me demande suis-je malade ? Jusqu’à ce que un jour je suis allée voir un pasteur pour un autre problème. Je me suis dit qu’il pourra m’aider à comprendre ce que j’ai. J’en parle au pasteur qui me dit qu’on va faire la délivrance. Je dis « délivrer quoi je suis née avec ». Il dit que c’est un démon qu’on doit le chasser. Dans la délivrance on a fait une prière de 7 jours et j’ai jeuné. Je vous assure qu’à l’église j’ai…. Laissé des traces jusqu’à on m’a baptisé …. Franchement ça c’est un problème et il faudrait que je trouve une solution. Je me suis dit qu’il faut que je m’accepte telle que je suis. Je me suis mariée et j’ai eu un enfant mais ça n’a pas marché dans mon foyer. On s’est séparé de ce dernier car je ne suis pas bisexuelle. Tout mon problème était d’avoir une femme à mes
côtés. Un jour j’ai croisé une amie qui était dans le domaine parce que je ne savais pas qu’il avait d’autres personne comme moi. Elle m’a dit « tu sais Betty je veux que tu viennes chez moi je vais te présenter à des amis qui pourront t’aider à comprendre ce que tu vis, sinon moi seule je ne peux pas » Alors on s’est donné rendez-vous et je suis allée. Là j’ai vraiment vu des gens comme moi, parce que toute petite on me disait pourquoi toi tu t’habilles toujours en garçon. Je répondais que ça c’est mon style et maintenant je me sens parfaitement à l’aise, ça te gène ? J’ai eu un emploi quelque part on me dit qu’à cause de ma tenue vestimentaire je ne pouvais pas travailler là-bas. Je me sens bien et je suis fière de ce que je suis en ce moment je ne suis plus virus et je me suis engagé avec une personne qui a accepté partager sa vie avec moi. Je vous assure je me sens parfaitement à l’aise et je suis fière de ce que je suis et je m’accepte telle que je suis.
CERVEAU
Mon incompréhension Chez moi je peux dire que c’est les deux à la fois, mon incompréhension et la confusion. Je m’habillais normalement comme les filles parce que chez ma maman je ne peux pas dire que je vais porter un pantalon. Je n’ai jamais joué les jeux de filles avec des bébés, pour moi c’est d’aller faire le foot, les jeux de cache-cache. Mais je me cachais jamais avec les garçons parce qu’à un certain âge quand les enfants font des jeux de cache-cache, et quand c’est avec des garçons ont sait ce qui
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cloche et moi je n’aime pas me cacher avec les hommes. Mais jusque-là je ne le savais pas et jusqu’à un âge donné je me suis donnée au foot. Quand on part quelque part car on quittait souvent Cotonou pour aller ailleurs, les filles s’accrochaient à moi. Je me dis mais tien ça c’est quoi ça encore ? Il avait même des filles qui m’avouaient leur amour. Moi je ne savais pas ce que c’est je les regardais et j’écoute et je commence à fuir. De même quand les hommes m’approchaient je les fuyais. Je ne sais plus où je suis si c’est gauche ou droite mais je suis au milieu. Jusqu’à 20 ans j’étais encore vierge. Un jour j’étais à Lomé une fille m’a invité chez elle. D’abord elle m’avait attaqué d’une manière sur le terrain de foot, je l’ai mise à sa place. Il parait que c’est la fille d’une autorité. Elle m’a invité chez elle a commencé à faire ses grimaces. Je me suis dit ça c’est quelle histoire, le truc là m’a suivi du Benin jusqu’ici, c’est grave. J’ai essayé de m’en sortir je lui dis de me laisser le temps de la connaitre, j’ai inventé quelque chose et je suis partie. La fille est revenu jusqu’à Cotonou. Quand elle appelle c’était sur le fixe je ne répondais jamais jusqu’à ce qu’elle se fâche et rentre chez elle. Un jour j’étais avec une amie sans savoir qu’elle était dans le même bord que moi. La différence était qu’elle connait DEJA ce qu’elle est. On était en train de causer et je l’ai vu comment elle s’habillait, je l’ai dit toi là tu t’habilles comme moi tu ne sais pas ce que moi je vis avec ce style-là. Elle dit mais pourquoi tu dis ça et je dis que c’est vrai. J’ai dit que souvent quand je sors habiller comme ça les filles me voient habillé comme ça. Parce qu’à un
moment donné j’ai changé mon style, je ne m’habillais plus en filles. Mais quand les filles me voient, elles s’accrochent à moi je ne sais pas ce que ça veut dire. C’est vrai qu’il y a des filles quand je vois j’essaie de lier amitié avec elles. Je me confie plus à elle qu’aux autres. Sans savoir qu’elle aussi est la même chose, elle me dit toi tu ne sais pas ce que tu es encore. Mais on en parlera. Après elle m’a fait comprendre qu’elle aussi c’est comme ça. J’ai pris toute la nuit pour réfléchir, j’ai fait le bilan de gauche et de droite, j’ai vu que le côté fille était plus que le côté garçon. Pour se lancer j’ai pris encore quelques mois pour voir réellement qui je suis. Quand je me suis réveillé un matin j’ai dit assez de réflexion il faut que je me lance de l’autre côté parce que j’avais déjà essayé avec les garçons. Quand un garçon commence à me fréquenter j’accepte bien l’amitié mais dès qu’il me fait la proposition d’aller au sexe, là il a tout gâté, je le renvoie et il ne va plus venir chez moi. C’est là que je me suis lancé de l’autre côté pour voir et comprendre ma vie. Quand je suis allée de l’autre côté j’ai vu que c’est ma vie, et c’est parce que je n’avais pas vite compris et il y avait personne avec qui parler pour savoir qui j’étais. Actuellement je sais qui je suis. C’est Afro qui m’a aidée à savoir plus sur moi-même.
Éric
des robes normalement. C’est à l’âge de 4- 5 ans, un beau matin j’ai dit à ma mère que je veux couper mes cheveux et changer ma garde-robe. Que tout ça ne m’appartient pas et je ne veux plus de ça. Je ne voulais plus qu’une petite fille vienne me voir mais si c’est un garçon ça va. Mon père nous apportait des teeshirts et autre. Je jouais toujours avec des garçons. Moi j’avais un grand frère et lui il avait droit à un pantalon et moi une jupe ou une robe. Du coup j’ai dit à ma maman si papa appelle, il faut lui dire que moi je veux le parler. Il a appelé et je lui ai dit qu’il faut changer les choses. Je ne veux plus les robes, je veux m’habiller comme mon frère. Il a dit ok. On me posait même pas la bonne question à la maison, pourquoi tu veux ça et ça. On me blâmait seulement. Du coup je ne pouvais pas m’expliquer et il y avait personne pour m’écouter. Donc tout était confus dans ma tête je ne savais pas si j’étais un homme ou une femme. Quand je rentrais pour dormir la nuit je me demandais qui je suis réellement. C’est mon sexe qui me dérangeait. Moi j’ai un sexe féminin et pourquoi dans ma tête c’est comme si on a installé un système masculin dans ma tête. C’était un choc. Réellement je ne savais pas qui j’étais. C’est au fil du temps que je vivais et je ne savais pas à qui m’adresser et je me suis fait une raison je suis un homme et je le suis jusqu’à maintenant. C’est comme ça je vivais jusqu’à maintenant et je sais qui je suis.
La confusion C’est à partir de 4 et 5 ans j’ai commencé à ne rien comprendre. Au début j’étais une petite fille avec de longs cheveux et je mettais
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Gai Questionnement Moi avant que je ne me lance dans l’activiste, quand je voyais un gay franchement je me posais des questions à savoir pourquoi il fait ça ? Pourquoi il s’expose comment ça ? Est-ce que ce ne serait pas bien qu’il s’habille normalement comme tous les autres hommes. Et quand il serait chez lui, il peut s’habiller comme il veut. Quand je suis rentrée à QAYN j’ai participé aux sessions et tout, et petit à petit j’ai compris. Mais ça n’a pas été facile car il m’arrivait de voir Seguera pour savoir pourquoi un tel est comme ça, un tel est un homme il a une voix de femme. Pourquoi cette femme a une voix d’homme et à chaque fois ce problème revenait toujours vers les gays efféminés. Tu penses que c’est eux qui exposent la communauté. Je les en voulais au fait. Au fur et à mesure avec les ateliers que j’ai participé avec les facilitateurs j’ai compris vraiment qu’ils ne faisaient pas semblant mais qu’ils sont comme ça et on n’y peut rien tout comme moi qui ne peux pas porter de jupe ou de robe. Je les accepte comme ça. Par exemple chez moi il y a plein de gens même dans la communauté quand ils voient un gay efféminés ils l’évitent. Il ne faut pas aller les saluer et on va dire que celle-là est lesbienne et l’autre gay. Moi franchement depuis que j’ai commencé la lutte communautaire, quand j’ai compris qu’on n’en peut pas être tous pareils, je n’ai jamais refusé de serrer la main de quelqu’un. Mais avant si je n’avais pas compris j’allais le faire mais ce moment, même le gay le plus efféminé de Ouaga je peux le remorquer derrière ma moto et je m’en fou.
Quelle est l’histoire de notre groupe/ structure?
Passer de l’individuel au collectif : réflexion critique sur le cheminement de nos organisations (restitution des travaux du J1) Un exercice de groupe à amener les participant-e-s qui font partie d’un groupe ou une association, a exploré l’histoire de leur groupe ou association et à faire une analyse critique de ses initiatives.
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Les objectifs d’une structure à l’autre peuvent se résumer comme suit : Sortir de l’ombre, briser le silence et exister Créer un espace de rencontre pour les personnes LBTQ Promouvoir le leadership LBTQ Se retrouver entre soi et initier des activités qui puissent créer une mobilisation S’entre-aider entre membres de la communauté Lutter contre les violences et toutes formes de discrimination à l’égard des femmes Sensibiliser pour un environnement favorable Promouvoir et défendre les droits humains Sensibiliser la communauté sur la santé sexuelle Etre une tribune d’éducation Contribuer au développement de son pays Promouvoir une bonne structuration des structures identitaires. Les stratégies
Organisation des activités d’information de mobilisation et des divertissements (causeries éducatives, soirée cinéma, sensibilisations de proximité) Organisations des activités d’information et de sensibilisation pour une meilleure compréhension es objectifs du groupe ou de la structure Mobilisation et sensibilisation sur les réseaux sociaux Renforcer les mécanismes de documentation relative aux violations basées l’orientation sexuelle et l’identité de genre Sensibilisation et plaidoyer Prévention et dépistage Initier et soutenir les projets de prise en charge (médicale, thérapeutique, juridique et socio économique). Les difficultés communes aux groupes et associations sont : Faible compréhension des membres de l’activiste et de la vie associative Faible capacité organisationnelle et programmatique des activistes Réticence des groupes cibles Manque d’engouement lorsque les initiatives prennent de l’ampleur
L’hostilité de l’environnement de travail et de vie, les lois ou projets de loi criminalisant l’homosexualité Problème de l’insécurité Les problèmes interpersonnels existent et influent sur la vie des organisations/ groupes. Ils se résument aux problèmes d’ego, de difficulté de mobilisation, de motivation et de manque de professionnalisme en autres. Les partenariats et autres liens avec l’extérieur : Les organisations ont des liens avec des associations identitaires nationales, sous régionales et internationales Les OSC Les mouvements des droits de l’homme et des ONG internationales. La production de Ladies’s Voice a été mis en exergue pour montrer que quand on fait l’historique de son organisation il faut être fidèle aux faits d’ou l’importance de la documentation du parcours des groupes et organisations. Le besoin de rendre hommage aux personnes qui sont à la base de la création d’un groupe/structure revêt une grande importance et crée des liens entre le passé, le présent et jette un pont vers l’avenir. Il est essentiel de savoir d’où on vient. En tant qu’individus on a une généalogie, des racines qu’il est très important de connaître afin de les
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garder intactes. Tout comme pour les groupes/ organisations, il est nécessaire de préserver le fil de l’histoire de l’organisation. Même si cette histoire n’est pas connue des membres, il faut chercher à la retracer, savoir qui était à la base de l’organisation, leurs expériences, leurs luttes, savoir quelles sont les personnes qui sont là en ce moment, comment l’héritage a été transmis, etc.
Faire la différence entre « être mobilisé-e » et « se mobiliser » Une séance en plénière a facilité la distinction entre « se mobiliser » et « être mobilisé -e- » en prenant en compte la définition du concept et de l’attitude « activiste ». La mobilisation comprend au moins deux aspects à savoir se mobiliser et/ou être mobilisé-e. Les activistes se mobilisent par leur propre initiation impulsée par un désir de changement. Le changement veut dire qu’on est à un endroit et on veut aller à un autre endroit, avec un objectif pour atteindre ce changement. Cela signifie être dans l’action, s’engager activement, avec motivation et initiative. Un-e activiste prend l’initiative, mobilise et n’attend pas qu’une tierce personne le/la mobilise y compris dans ou en dehors de la vie associative. En tant qu’activiste dans un groupe ou une structure, il est important de mesurer son niveau de leadership, d’activité, d’initiative. Cette analyse permet à l’activiste de savoir s’il/elle est mené-e- ou s’il/elle mène, de
connaitre sa position actuelle et la finalité de son action, de savoir s’il/elle définit ses propres priorités ou bien s’il/elle fonctionne selon les priorités de d’autres parties. Ceci est stratégique car la dynamique LBTQ n’a pas encore réussi à se libérée d’influences externes et continue à reproduire les activités sur la santé sexuelle, en omettant les revendications politiques. S’élever contre les normes sociales relève d’une attitude politique. Le mot politique ici veut dire qu’on est dans une certaine situation dont l’on veut se libérer, contribuer à un changement ou aller vers une situation meilleure, avec une claire conscience du contexte en cours, des forces en contradiction et du changement recherché. L’activisme est une activité fondamentalement politique. C’est l’un des objectifs de cette école que de faire émerger une vision partagée vers la transformation.
notre activisme au sein de nos communautés Analyser la manière dont nous menons notre activisme en dehors de nos communautés Identifier les formes de dominations au sein de notre groupe et/ou association. Cet exercice s’est réalisé en travaux de groupe et sous le monitoring de participant-e-s coaches.
Le monde se trouve à la croisée des chemins, il y a des personnes qui cherchent à maintenir le statu quo et d’autres qui se battent pour la transformation des sociétés pour plus de justice sociale. Il faut savoir où se situer soimême et le mouvement doit savoir quel sont les profils, les conditions à remplir pour être reconnue comme membre.
Les rapports de force et privilèges dans nos groupes et/ou associations Analyser la manière dont nous menons
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La carte du pouvoir Privilèges et rapports de force dans notre groupe/association • • • • • • • • • • •
Qui a accès aux informations dans votre groupe ? Qui donne l’information dans le groupe ? Qui impose le choix des activités ? Comment les rôles et les responsabilités sont partagés dans le groupe ? Dans notre groupe/association, est-ce que l’expérience des personnes est un savoir important, nécessaire et valorisé ? Comment vous sentez-vous par rapport à votre position dans votre groupe/association ? Etes-vous à l’aise dans cette position Comment les autres se sentent par rapport à ma position ? Sont-elles/ils à l’aise dans cette position Vous sentez-vous comme étant une personne privilégiée dans votre groupe/association ou en marge (à l’écart) ? Qui a accès aux formations et aux voyages ? Comment ces choix sont faits ? Qui possède quoi et qui en profite ?
La faible profondeur des productions n’a pas permis une lisibilité de la carte du pouvoir, chacun-e- s’étant évertué-e à formuler les réponses sous la meilleure lumière possible. Selon les restitutions, la question de savoir si les responsables présentes des associations n’ont pas eu un poids sur les autres de leur groupe/structure, une possibilité de coercition sur les autres et qui les empêche de s’exprimer
librement. Certain-e-s activistes sont redevables au leader de leur groupe, développent une dépendance au point de ne pas pouvoir critiquer le fonctionnement des choses. Le privilège est fluide, on peut l’être dans un milieu et être désavantagé dans un autre. Qu’est-ce qu’on fait des privilèges dont nous jouissons ? Qu’est-ce que nous créons pour partager ces expériences et privilèges ; les gardons-nous jalousement au point de générer
des tensions et des marginalisations ? La discussion a alors porté sur la confiance mutuelle, l’esprit critique, la sincérité au sein du mouvement et des organisations, dans les relations interpersonnelles.
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Jour 3 – Situer nos luttes
dans un contexte plus large – Renforcer nos connaissances politiques de nos luttes
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Développer et/ou renforcer la connaissance des courants féministes, queer et trans* Divisé-e-s en 6 groupes, les participant-e-s ont défini les notions de queer, féministes et trans*, y compris l’ analyse des revendications des différents courants, explications des intersections, les différences, les contradictions possibles.
Restitution Féminisme – Le féminisme est une conviction politique, un engagement pour revendiquer les droits, la dignité et la liberté des femmes. Les féministes sont toutes les personnes qui militent pour les droits des femmes. Les combats féministes ne concernent pas que les femmes, car certains hommes se sont engagés pour la cause des femmes. On a besoin du féminisme car malgré des décennies de combats, les femmes sont toujours considérées comme des citoyennes de seconde classe. Trans* – Un terme qui regroupe les personnes dont l’identité ou l’expression de genre diffère du sexe attribué à la naissance. Queer – Les personnes queer ne se définissent ni comme homme, ni comme femme, mais selon leur désir et sentiment du moment, ont des désirs et des pratiques sexuelles, vestimentaires, identitaires fluides, ne s’enferment pas dans la catégorisation binaire.
Apport d’informations et de clarifications A la suite des restitutions, les discussions ainsi que les clarifications partagées par les facilitatrices et les participant-e-s permettent de retenir les points ci-après : Le premier danger c’est d’accepter cette binarité qui enferme alors qu’il y a d’autres façons de nommer les choses, les pratiques et les expériences humaines. On a l’obsession de mettre les choses dans une case. Mais, il faut laisser les personnes qui sont concernées s’exprimer elles-mêmes sur la manière dont elles désirent être considérées.
Art, détente et camaraderie Cette session a été aminée par une participant-e, artiste plasticienne du Togo. La salle de conférence a été par la suite transformée en galerie d’exposition pour présentation les œuvres réalisées. Une séance de projection du film The Danish Girl a cloturé la fin du 3ème jour.
Même dans un espace militant, les préjugés sont réels. Il est frustrant d’entendre certains mots très réducteurs et simplificateurs, alors que les individus complexes, sont diversifiés et différents. La question des identités est très personnelle et il faut avoir l’ouverture d’esprits pour comprendre les autres. En tant qu’activiste il faut prendre cette habitude d’écouter et d’être patient-e car il y a des choses, des mots, des comportements qui blessent ou qui font monter la tension. Les participant-e-s ont déduit que les courants féministes, queer et trans* comportent des revendications similaires, en particulier en matière de droits ; constat qui invite à l’identification des croisements et des intersections, et à dégager des pistes de collaborations possible.
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Jour 4 – Définition, enjeux et opportunités de nos luttes 24 | 3ème Ecole Activiste - Activisme Queer Féministe en Afrique de l’Ouest Francophone Définitions, enjeux et opportunités
Visite de galerie d’art Le 4ème jour a débuté avec une visite de la galerie d’exposition mise en place par les participant-e-s qui ont contribué à la séance de création artistique. Cette séance a permis de découvrir des talents cachés des partipant-e-s et d’environner les possibilités que l’art peut apporter au travail des activistes.
Développer collectivement la suite du programme - placer les participant-e-s comme actrices/ acteurs au cœur de leurs propres besoins et capacités A partir des travaux des jours précédents et en tenant compte des revendications et changements en prévision, les participant-e-s ont exprimé leurs besoins en termes de savoirs (connaissances et de savoir être (valeurs, éthiques, comportements)
facilitent les présentations/discussions sur les thématiques proposées face à leurs pairs.
Déterminer les enjeux politiques et les opportunités du mouvement naissant LBTQ Cette activité s’est déroulée autour du besoin d’identifier : 1 à 2 revendications que nous devons porter d’ici à 2017 en tenant compte de nos besoins et de l’intersectionnalité avec d’autres courants ; les changements spécifiques, réalistes et mesurables que vont apporter ces revendications dans la vie et les organisations des LBTQ.
Il s’agit de mieux clarifier : Le patriarcat dans l’analyse féministe et les liens avec les luttes identitaires La trans identité La demande concerne aussi comment acquérir et/ou renforcer la confiance en soi pour faire face aux comportements homophobes. A la suite et de façon volontaire, se sont constituées des binômes de participant-e-s qui 3ème Ecole Activiste - Activisme Queer Féministe en Afrique de l’Ouest Francophone Définitions, enjeux et opportunités | 25
Les restitutions de travaux de groupes ont permis aux participant-e-s de s’accorder sur les décisions suivantes :
Enjeux identifiés Au niveau interne • Comprendre et accepter des diversités au sein du mouvement ; • Comprendre les systèmes d’oppression et leur mécanisme de perpétuation dans le milieu militant. Au niveau Externe • Le droit à l’existence ; • Egalité du genre ; • Changement social en faveur des droits sexuels ; • Inculquer la notion de solidarité et d’intersectionalité entre les luttes et combats ; • Faire comprendre les rapports de force et de pouvoir imposé et assimilé par le système capitaliste ; • Développement du leadership et promouvoir la visibilité des jeunes LGBTQ dans le mouvement ;
Revendications
Opportunités de croisement et de collaboration
• Droit à l’existence : libre de circulation, droits sexuels, l’auto-détermination ;
• Création de mouvements unifiés et diversifiés ;
• Reconnaissance des droits sexuels ;
• Plaidoyer pour le respect des chartes et conventions signées par les Etats Africains ;
• Combattre toutes les formes d’oppressions et de discriminations à travers l’abolition du système patriarcal ; • Accès à la santé ; • Pour un monde juste et équitable.
• Participation à des forums, conférences et autres espaces d’échanges et de prise de décisions des féministes constitue des opportunités pour les personnes LBTQ de s’exprimer et de partager leur expérience de la même façon les ateliers, les formations constituent une occasion de collaboration et d’apprentissage de part et d’autre ; • Documentation – raconter nos histoires, retracer notre histoire pour une meilleure visibilité et détruire l’idée d’une importation occidentale. « Nous étions là, nous sommes là et nous sérions là ».
• Rendre visible les privilèges y compris dans le mouvement LGBTQ ; • Changement de l’environnement socioéconomique, politique et juridique ; • Déconstruction du patriarcat et toutes les formes de dominance.
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Jour 5 – Definir notre cadre d’engagement
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Evaluation globale
ne évaluation orale filmée a clôturé la fin de cette session de l’Ecole Activiste avec une cérémonie de remise d’un tableau à QAYN.
U
L’essentiel des évaluations est résumé dans le tableau ci-dessous.
En partant d’ici qu’est-ce que vous emportez avec vous
Qu’est-ce que vous abandonnez ? (Idée comportement, sentiment, habitude
Quelles sont nouvelles orientations et perspectives
Quels sont vos nouveaux appuis
L’idée d’une famille, qu’il y a des L’idée qu’on doit être d’accord sur M’impliquer encore plus pour gens qui se battent pour que les tous les plans connaître et travailler avec des autres puissent jouir de leurs droits personnes qui sont proches de nous
On n’a pas le même niveau de compréhension, qu’il faut faire ce qu’on a à faire sans se soucier du regard des autres
Connaitre beaucoup de choses, je ne savais pas que ce que nous faisons pour éduquer nos filles sont dans une vision féministe
La reproduction du patriarcat que nous faisons dans nos familles et structures
Documenter nos réalités
Compter sur mes collègues pour m’accompagner sur la notion du féminisme
Meilleure connaissance acquise sur le féministe
Des idées pré conçues sur les personnes trans*
J’ai appris que les revendications permettent de former un groupe
Perception plus nette du féministe
Perception plus nette du féministe La violence
Plus de compréhension concernant les rôles de genre et les identités, la nécessité de déconstruire le patriarcat L’expérience des un-e-s et des autres me permettront de continuer
Mon autoritarisme et la colère que j’ai en moi sans pour autant vexer les autres
Contact, le réseau QAYN et toutes les opportunités de rencontres à venir
Sur l’estime de soi, j’ai une trop Féministe je posais des actes et je grande fierté de moi et je ne veux vais déconstruire le système pas aller avec les autres, je pense que je vais laisser ma fierté et aller vers les autres
Je m’appuie sur l’estime de soi. Je n’arrive pas à parler de moi et m’exercerai pour le faire dans l’avenir
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Evaluation globale
En partant d’ici qu’est-ce que vous emportez avec vous
Qu’est-ce que vous abandonnez ? (Idée comportement, sentiment, habitude
Quelles sont nouvelles orientations et perspectives Ayant lu et approuver la charte des féministes africaines, ce document restera en moi et je me veux une féministe pleine
Quels sont vos nouveaux appuis
Une équipe forte est en constitution, et résoudre de nos conflits, une nouvelle perspective
Ma timidité
La connaissance des différentes notions Plusieurs notions de féministe trans*, patriarcat
La perception sur les trans*
Présence de tous, de partager les informations pour que chacun ait des informations car nous avons la même lutte. En laissant nos différences, nous tenons à nos promesses, il faut qu'on prenne la relève qui parlera de nous demain Plus m’engager en tant qu'activiste
Beaucoup de chose par rapport au monde
Je foncerai encore plus car j'ai beaucoup appris
Toutes les explications sur ce qui se passe dans nos communautés et j'ai appris beaucoup de choses Qualité de la formation, les connaissances partagées et mieux mener mon activiste J’ai appris que nous avons beaucoup à faire Très contente, je ne savais que ça se passe ainsi la joie, la convivialité de la famille Beaucoup de connaissances sur les concepts, les explications sur trans, féministe
Le jugement envers les autres sans les connaitre
Engagement d’aller plus loin
Je laisse la violence
Nous allons nous engager plus
Merci à QAYN de nous appuyer
Les rancœurs
Le féminisme
Mes idées préconçues sur les trans*
Impliquer davantage les trans* car je ne les considérais pas comme ma cible
Mener à bien les activités au sein de mon organisation, fermer mes oreilles et aller de l'avant Je m'engage pour le féministe
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Nous remercions nos bailleurs pour leur soutien
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