Nouvelles Images d'Haïti n°84 mars 2010

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EDITORIAL

mars 2010 - n°84

Conférences internationales, mission interministérielle, plan d’actions pour une refondation....coordination...que de mots, que de phrases, que de colloques...indispensables, magnifiques quelquefois, répétitifs forcément pour bercer une Haïti qui a besoin d’être épaulée dans l’urgence et accompagnée dans la durée. Ou est la structure regroupant la société civile haïtienne, les bailleurs de fonds et les autorités civiles haïtiennes trois mois après le séisme ? On négocie la reconstruction du pays sans consulter les citoyens des sections et des petites villes , on les ignore même. Pas dupes des promesses les .rescapés s’installent dans le provisoire. N.I.H. doit rester vigilant entre les grands mots et les grandes solitudes.

Reconstruction : changer les façons de faire et d’agir Courant mars, de nombreuses rencontres et conférences ont eu lieu de part le monde sur la question haïtienne, mais la société civile nationale reste peu représentée malgré son implication. Retour sur un bilan humain et politique ainsi que sur les propositions et les objectifs qui font de cette catastrophe, malgré l’horreur, un tremplin vers la renaissance et la considération de tout un peuple.

L

ors de la conférence/débat (18 mars 2010), co-organisée par le Collectif Haïti de France, le Collectif national pour le Droit des Femmes et La Marche Mondiale, M. Gotson PIERRE , fondateur du groupe Médialternatif (Haïti), revient sur les dernières estimations du séisme et sur la situation actuelle et future d’Haïti. Le nombre de morts et disparus dus au séisme se chiffre, selon la Direction de la Protection Civile, à 222 517, mais l’ensemble des décombres n’ayant pu être inspecté et nettoyé, les autorités sont amenées à penser que de nombreux corps vont encore être découverts. Par ailleurs, les derniers comptages font effet de 500 000 personnes nécessitant des soins et de 597 801 déplacés, la commission de la santé

estimant à plus de 8 000 le nombre d’amputations. Cet ensemble laisse présager une recrudescence importante du nombre de personnes handicapées. Ces chiffres sont d’autant plus inquiétants que 23 des 40 hôpitaux du pays se sont effondrés et que, malgré l’aide humanitaire des différentes ONG, les 1,2 millions de personnes sans abris qui stationnent à Port au Prince, Léogane, Petit Goâve et Jacmel ne peuvent être soignées, faute d’hôpitaux de campagne créés pour l’occasion. Cette crise qui bouleverse les moyens d’existence de tout le pays a affecté environ 80% du PIB national et les pertes matérielles, immobilières comme culturelles, sont estimées à environ 8 milliards de dollars américains. Citons, en exemple, qu’au moins 25% des bâtiments d’infrastructure


coloniale de Jacmel est perdu. Pour l’ensemble des zones touchées, les autorités estiment, au vu du nombre d’édifices effondrés, que cela représente 60 millions de tonnes de gravas, c’est-à-dire l’équivalent de 1 000 camions par jour pendant 1 000 jours. Une des conséquences directes des pertes matérielles, en dehors du problème de logement, est la destruction des archives. En effet, la perte de ces registres ne facilite ni la situation en Haïti ni celle des Haïtiens de l’extérieur concernant le regroupement familial, les bourses universitaires ou le droit d’asile. Dans ce contexte chaotique, les décisions prises par la communauté internationale pour la reconstruction risquent d’être mises en place de façon tardive face à l’arrivée imminente de la saison des pluies. Les différents groupes de réunions mis en place insistent donc sur l’importance d’intégrer l’ensemble de la population dans le processus. D’autre part, ils poussent l’Etat haïtien à prendre ses responsabilités en proposant différentes mesures. Dans ces conditions, les forces nationales les plus à même de répondre aux besoins de cette reconstruction, et dans l’hypothèse où elles s’accorderaient, pourraient peser lourd dans la balance lors des élections générales de novembre, si elles ont réellement lieu.

«Des mesures d’urgence pour endiguer les problèmes rencontrés» Dans les deux derniers numéros d’Une Semaine en Haïti, bulletin hebdomadaire du Collectif Haïti de France, vous avez pu constater, à travers les articles d’Alterpresse, l’urgence concernant le logement, la situation précaire et insécuritaire des camps de réfugiés et la distribution de l’aide alimentaire. A ce sujet, la Plateforme des Organisations Haïtiennes des Droits Humains (POHDH) a recommandé aux responsables de l’Etat de prendre des mesures d’urgence pour pallier les problèmes : - de sécurité : patrouilles policières fixes et mobiles dans les zones de forte concentration, meilleure organisation de la distribution ; - de santé : installation de poubelles, programmes de fumigation et désinfestation pour diminuer les risques de maladie et d’épidémie, installation de cliniques ; - d’activité : création d’emplois, animations et appui psychosocial, implication de la population dans les décisions. En écho aux demandes de santé, de logement et d’aide alimentaire, le bulletin d’information du gouvernement haïtien1 revient sur les «directives gouvernementales» mises en place depuis le tremblement de terre. Le communiqué fait état d’une «distribution massive d’aliments de la part du gouvernement et du Programme Alimentaire Mondial (PAM) qui a touché 156 612 personnes en deux jours, début mars. Il devrait avoir bénéficié à 2 millions de réfugiés à la fin du mois. [...] Le Programme National des Cantines Scolaires (PNCS) qui fournit 40 000 1 Bulletin du 8 au 12 mars.

repas chauds/jour continue également». D’autre part, Jean Hugues Henrys2 affirme qu’il n’y a pas d’alerte épidémique sur le territoire et qu’une grande campagne de vaccination a été lancée. En revanche, il n’est aucunement fait mention ni des chiffres concernant les troubles ni des décisions prises pour les limiter. Enfin, sujet qui suscite des polémiques, le gouvernement se targue d’avoir grandement participé à la distribution des tentes et matériaux aux sans abris, ajoutant que, grâce à cette action, «la plupart des rescapés devraient bénéficier d’un minimum de protection avant la saison des pluies qui culmine en mai». Selon un article d’Alterpresse, le gouvernement haïtien estime même que, grâce à son action et celle de l’aide internationale, «environ 600 000 sans abris disposent d’un logement sûr et sécurisé pour traverser la saison cyclonique». Mais les organisations sociales et les associations haïtiennes ne sont pas dupes de ces effets d’annonce et remmettent en question, outre les effets de manche gouvernementaux, leur place et leur temps de parole lors des colloques internationaux . Réunis le 5 mars sur l’invitation d’OXFAM, pas moins de dix-sept associations locales et groupements civils ont exprimé leurs souhaits concernant la reconstruction, qui doit être, selon eux : «une restauration d’Haïti, une construction, prenant en compte les mentalités, les valeurs et l’importance socioculturelle et linguistique du pays.» Par ailleurs, le 21 mars 2010, des mouvements sociaux haïtiens ont dénoncé le processus adopté pour la formulation du « Plan de Reconstruction d’Haïti», document de base ayant servi aux discussions de la Conférence des bailleurs, processus caractérisé selon eux par une exclusion quasi-totale des acteurs sociaux haïtiens et une participation faible et noncoordonnée des représentants de l’Etat. «Changer les façons de faire et d’agir» A la lumière des différents comptes rendus et de l’allocution de M. Gotson PIERRE, les points importants de la reconstruction sont : la décentralisation, la construction d’un service public de santé, d’éducation et une refonte des institutions ; la souveraineté alimentaire et la reconnaissance de la société civile dans le processus démocratique, idéologique et de développement du pays. Entre les décès et le nombre de déplacés suite à la catastrophe, Port-au-Prince a perdu plus de 800 000 habitants. De ce fait, le «pays en dehors» prend une importance capitale dans la reconstruction. Il faut transférer les ressources et les compétences aux autorités locales, et cela ne pourra se faire qu’en «repensant complètement le territoire haïtien au niveau des infrastructures - universités, services de l’état - ainsi qu’au niveau des terres et de la réforme agricole. Selon les acteurs locaux, il faudrait donc commencer par reconstruire les régions, avant la capitale. 2 Coordonateur adjoint de la commission sanitaire au ministère de la Santé Publique


Effet d’annonce ou réelle écoute des revendications, le gouvernement, à travers la Commission Interministérielle d’Aménagement du Territoire (CIAT), a diffusé un document intitulé «Haïti demain, objectifs et stratégies territoriales pour la reconstruction», qui évoque les plans et projets à mettre en oeuvre pour la décentralisation. Les options concernent la répartition des investissements, la structuration des réseaux routier, portuaire et aéroportuaie, l’urbanisation et les questions agricoles (déforestation, bassins versants...). D’autre part, il faut non pas réformer le service public - quasi inexistant - mais créer un réel service au lieu de «gérer le pouvoir pour le pouvoir», au détriment de la population. Le créateur de Médialternatif souligne ainsi l’activité du peuple haïtien et des structures dominicaines après le séisme et le manque d’intervention de l’Etat, notamment dû à l’absence «de politique de secours via les structures étatiques, de corps de pompiers ou de protection civile.» Les enjeux sont, de ce fait, essentiellement axés sur le social, à travers l’éducation et la santé. Jusqu’au 12 janvier 2010, le service public représentait seulement 10% du secteur éducatif, contre 90% pour le privé. Cette défaillance du système scolaire a entrainé, par le passé, de fortes disparités ville/campagne, ainsi qu’une forte migration vers des cieux plus propices ayant comme conséquence directe l’appauvrissement du pays au niveau des compétences de toutes sortes. De même, il faut repenser le système de santé dans sa totalité, et notamment en tenant compte de la difficuté d’accès aux hôpitaux, du prix élevé des soins et de l’absence de couverture médicale. Enfin, un autre problème qui lie la question de la décentralisation à celle du rôle de l’Etat est la sécurité alimentaire. D’aucuns parlent de la souveraineté alimentaire comme un des enjeux de la reconstruction. Depuis janvier, de nombreuses distributions alimentaires sont organisées, mais afin de gérer la transition entre l’urgence et la souveraineté, il est nécessaire «d’inclure le peuple haïtien et de lui donner les moyens de subvenir à ses besoins de façon plus organisée et communautaire». Dans ce but, et afin de relancer l’activité agricole et commerciale, les programmes alimentaires intègrent désormais, pour la plupart, 20% de produits locaux3. La saison des pluies ayant commencé, une distribution de semences a été réalisée pour ne pas perdre une année de récolte. Dans ce contexte, les médias vont jouer un rôle décisif d’observateur, de juge et de relais entre le gouvernement et la société civile en ce qui concerne les besoins, les attentes des uns, l’action des autres et les résultats généraux obtenus. «La reconstruction doit également s’opérer dans les fondements politiques et les représentations de la société» Des élections générales - présidentielles, législatives et 3 «Distribution de produits locaux, pour éviter des perturbations par l’aide alimentaire de l’extérieur» in USH spécial séisme 8, 29 mars 2010.

municipales - doivent se tenir en novembre 2010, et cela provoque certains remous dans le paysage politique haïtien car l’avis des différentes forces en présence ne s’accorde pas sur le bien fondé de ces élections, importantes pour mener la reconstruction qui va durer plusieurs années plutôt que quelques mois. Ainsi, le gouvernement actuel de René Préval, ainsi que des états tiers dont le Canada, les Etats-Unis et la France, souhaitent le maintien des élections à la date prévue. Cela s’explique en partie, au niveau international, par le fait que la reconstruction, synonyme de marché, ouvre des perspectives contractuelles intéressantes pour les acteurs ayant participé à l’urgence, suite à la catastrophe. En effet, les négociations commerciales qu’engage le processus de réhabilitation du territoire haïtien seront, pour les pays concernés, plus faciles à mener et plus rapides dès lors que l’interlocuteur est le même pour les années à venir. Le gouvernement actuel, quant à lui, estime que les actions menées depuis le tremblement de terre et les aides internationales joueront en sa faveur. Cependant, dans le cas où le vote ne pourrait avoir lieu en novembre, la majorité actuelle de Préval souhaite - arguant d’une prise de pouvoir tardive par l’actuel président - qu’il ait lieu en mai 2011. De son côté, l’opposition, qui représente un tiers du Parlement, se compose de plusieurs partis - l’Organisation du Peuple en Lutte (OPL), Fusion des sociaux-Démocrates Haïtiens et Convention Unité Démocratique - qui ne s’accordent pas. Ce manque de cohésion ne leur permettant pas de représenter une réelle alternative, ils préfèrent remettre à plus tard les élections, mais contestent leur tenue en mai 2001, la constitution fixant la prise de fonction présidentielle au mois de février. D’autre part, si l’on ajoute, aux problèmes d’union, celui d’un projet politique qui n’est pas réellement différent de celui du gouvernement actuel, l’on peut comprendre le refus de l’opposition. En effet, cela lui laisserait un peu de répit pour tisser de réelles ententes et préparer un projet national plus à même de répondre aux attentes de la population. La troisième force en présence, et non des moindres, est représentée par les mouvements divers issus de la société civile et de mouvements sociaux, dont les plus anciens sont le Mouvement Paysan de Papaye (MPP), le mouvement de femmes SOFA ou la PAPDA. Face à une perte de confiance et d’intérêt politique de la part de la population, ces mouvements alternatifs civils, très actifs depuis le séisme, ont retrouvé un poids et une voix sur l’échéquier politicosocial du pays. Ils portent également, à travers leur participation aux différentes actions d’urgence, conférences et rencontres, des revendications de changements émanant du peuple haïtien. L’importance du rassemblement des femmes lors du 8 mars - Journée Internationale de la Femme - est une illustration on ne peut plus concrète de l’ampleur de cette force. Cependant, de nombreux débats ont lieu sur le bien fondé et la façon de peser dans la balance politique. Un instrument unitaire et intermédiaire est en train d’être mis en place


pour promouvoir une alternative plurielle. Il s’agit d’une Assemblée populaire de l’ensemble des mouvements sociaux et des organisations politiques sensibles à la thématique sociale...

Gardons donc les yeux grands ouverts et les oreilles à l’affût pour suivre au mieux les évolutions à venir et ne pas tomber dans la crédulité et la croyance aveugle vis-à-vis des discours officiels. Quentin LEAL

QUELQUES EXTRAITS... L-P. DALEMBERT, «Haïti, la dette originelle», Libération, 25 mars 2010. http://www.liberation.fr/monde/0101626497-haiti-la-dette-originelle [...] Un pays mis au ban des nations Nous sommes en 1825. Après deux décennies de négociations pour tenter de ramener, sous une forme ou une autre, l’ancienne colonie française de Saint-Domingue dans le giron de la métropole, Paris a compris qu’il allait devoir y renoncer. [...] Dans une ordonnance en date du 17 avril 1825, il «concède» au jeune Etat son indépendance contre une indemnité de 150 millions de francs-or pour dédommager les anciens colons et l’assurance d’échanges commerciaux privilégiés en faveur de la France. Les Haïtiens sont choqués. L’indépendance, ils l’ont déjà payée au prix de leur sang. Ensuite, la somme requise dépasse de loin la réalité financière du pays, ruiné par des années de guerre. Qu’à cela ne tienne ! Paris est prêt à aider le gouvernement haïtien à trouver en France un emprunt à des «conditions convenables». «Vous devriez même insister, écrit le ministre de la Marine, le comte de Chabrol, au porteur de l’ordonnance, pour qu’il ne s’adressât pour cet objet à aucun autre pays.» Pour amener les Haïtiens à accepter «le pacte le plus généreux dont l’époque actuelle offre l’exemple», Charles X a des arguments de poids. Il fait escorter l’ordonnance par une armada de 14 bâtiments de guerre armés de 528 canons. En cas de refus, toujours selon le ministre de la Marine, Haïti sera «traité en ennemi par la France», dont l’escadre «est prête à établir le blocus le plus rigoureux devant les ports de l’île». [...] Il se met ainsi en place un jeu financier complexe que la jeune nation va traîner tel un boulet sur plus de cent vingt-cinq ans.

Un exemple : sur la base du calcul des frais, primes, intérêts et capital, et d’un éventuel acquittement dans les temps, le premier emprunt seul s’élève à un montant effectif de 81 millions de francs-or. C’est ce que les historiens nomment «la double dette de l’indépendance» : celle envers l’Etat français pour indemniser les anciens colons et celle auprès des banquiers parisiens. Mais la situation économique du pays, après des années de guerre et un blocus, de fait, n’est plus celle de la florissante colonie d’il y a vingt ans. De plus, par crainte du retour des Français, ses dirigeants se sont lancés dans des constructions militaires d’envergure au détriment de la mise en place d’infrastructures de développement. [...] Au total, l’indemnité aura été de 90 millions de francs-or, que les Haïtiens vont finir de payer en 1883. Pour y arriver, il a fallu mettre sur pied un système bancaire complexe au travers duquel la France aura contrôlé les finances du pays jusqu’à l’occupation étasunienne de 1915. En revanche, les divers emprunts et intérêts auprès des banques françaises, puis étasuniennes, pour régler la «dette de l’indépendance» ne seront définitivement soldés qu’en 1952. De l’avis des historiens, le paiement de cette «double dette», sans en être la seule cause, aura pesé très lourd sur la situation catastrophique du pays. C’est, on imagine, ce à quoi pensait le président Sarkozy en se référant à Charles X et en parlant de responsabilité «au nom de la France». Bien sûr, la démarche de l’homme politique n’égalera jamais la générosité gratuite dont le peuple français a fait montre pendant le tremblement de terre du 12 janvier. On ose tout de même espérer que ce curieux exercice de «repentance» ne vise pas qu’à positionner la France sur le marché de la reconstruction d’Haïti qui s’ouvre le 31 mars prochain à New York.

J-P. BORIS, «Main basse sur le riz», Fayard, Arte Edition, mars 2010 [...] Comme dans la plupart des pays du tiers-monde, l’agriculture haïtienne a été abandonnée. Les dirigeants des pays développés, ceux des institutions financières internationales, les théoriciens de l’économie libérale en sont convaincus depuis plusieurs décennies : l’agriculture n’est pas porteuse de développement.Mieux vaut regrouper les populations dans les villes, favoriser l’émigration rurale et chercher à créer de toutes pièces des filières industrielles. Au diable les subventions à l’agriculture et le protectionnisme agricole ! Vive l’ouverture des frontières des pays pauvres ! Et puisque la population est majoritairement regroupée

dans les villes, il ne sera pas difficile de la nourrir. Souvent, les villes sont près des côtes. Il y a des ports. Il suffit de faire accoster les cargos et de les décharger. Nourrir les populations n’est plus un problème politique. C’est à peine un problème d’intendance. Si, par hasard, survient une crise, il suffit de quelques mesures d’urgence, d’un geste de solidarité de la communauté internationale. Face aux manifestations, le gouvernement haïtien compte sur cette aide extérieure. Il suffira d’en importer un peu plus, de faire appel aux stock s du Programme alimentaire mondial, le Pam, dont les fonctionnaires sont à pied d’oeuvre, à Port-


au-Prince. Mais la situation est si tendue, les prix du riz si élevé que le gouvernement promet beaucoup plus : il s’agit de relever l’agriculture nationale de ses ruines. [...]La plaine de l’Artibonite est le grenier à riz d’Haïti. Mieux vaut écrire «devrait être». Car jusqu’aux problèmes de l’année 2008, ces quelques dizaines de milliers d’hectares irriguées ont été délaissés par les pouvoirs publics pendant des décennies. a quoi bon entretenir ces terres, s’assurer deu débit des canaux, vérifier l’état des vannes, consolider les barrages, à quoi bon produire du riz si l’on peut en faire venir à bon compte des Etats-Unis si proches et si productifs  ? Même le riz asiatique est bon marché ! rendez vous compte  ! Il fait le tour de la planète et il n’est pas cher  ! Raisonnement économique imparable qui a poussé beaucoup de paysans de la plaine de l’Artibonite à fuir leurs campagnes pour aller moisir dans les bidonvilles des Gonaïves ou de Port-auPrince. Certains, cependant, sont restés. [...] Et si cette colère (2008 NDLR) venue des villes était plus efficace que celle des campagnes ? Si la hausse des cours mondiaux du riz convainquait enfin le gouvernement haïtien, les décideurs internationaux dont le poids était si important dans le pays, qu’il fallait investir dans les champs ? Que le riz haïtien valait d’être cultivé ? Oh, certes, la production de la plaine de l’Artibonite ne suffirait pas à elle seule, loin de là, à répondre à l’énorme demande des consommateurs haïtiens. Souvenez-vous : l’Haïtien est rizivore. Mais au moins réduirait elle la part des importations dans la consommation nationale. Ce serait quelques devises en moins à sortir pour cette économie de survie. Et, un détail parmi bien d’autres, cette prise de conscience rendrait à quelques milliers de paysans de l’Artibonite un peu de leur raison d’être, un peu de leur honneur. Encore faudrait-il qu’ils quittent les bidonvilles où ils sont venus s’entasser. Sur les hauteurs de Port-au-Prince, Jalousie est l’un de ces ghettos. [...] Entre les fruits et les légumes, devant les bouteilles d’eau, il y a aussi du riz, en petits monticules, pour l’essentiel importé des Etats-Unis. Les grains sont beaux, lisses. Mais,

à Jalousie, le riz est comme la vie : il est cher. «La vie est dure, la vie est chère», se lamentent les citoyens haïtiens de Jalousie. Ce cri du coeur vient de toutes les gorges. De celles des hommes jeunes qui, avec l’aide de quelques ONG canadiennes ou françaises, ont créé une coopérative, de celle de cette vieille femme malade qui se frotte le ventre avec le dos de la main pour essayer de calmer les crampes de son estomac affamé, de celle de ces commerçants dont les stocks de riz ne se vendent pas, ne se vendent plus tant les prix ont flambé au cours des derniers mois. En ce mois d’avril 2008, plus personne ou presque n’a les moyens de s’offrir une mesure de riz. Plus personne à part quelques privilégiés, quelques chanceux qui ont un emploi auprès de l’administration des Nations Unies, d’une ambassade, dans un hôtel, ou dans une des rares entreprises locales. Sans que quiconque y comprenne grand chose dans les rues de Portau-Prince, des Cayes, ou de Miragoane, et dans toutes les villes haïtiennes, les prix du riz ont explosé. Et avec eux, le budget des ménagères. [...] Sur le port de la capitale, un cargo décharge ses milliers de tonnes de riz. le cargo et le riz viennent de Floride, à quelques encablures de là. Des dizaines de manutentionnaires s’activent au pied d’un manchon qui crache le riz sans discontinuer et l’enfournent dans des sacs qui s’empilent ensuite sur des camions. Ils partiront bientôt vers des entrepôts dont personne ne veut rien dire, surtout pas où ils sont. Le soleil tape, la mer au large est belle, la Caraïbe est toujours splendide, même quand le vent de la misère souffle partout. On imagine les importateurs de ce riz tranquillement installés sur des chaises longues, quelque part en Haïti. Ils ont les yeux rivés sur le flot tranquille, pendant que leur riz fait route vers des entrepôts d’où il sortira pour aller vers les stands de commerçantes désargentés qui tenteront de le vendre à des clientes misérables. Malgré le dénuement ambiant, ces intermédiaires s’enrichissent. Il faut beaucoup de pauvres pour faire un riche.

CRITIQUE / CULTURE A l’UNESCO, ce mercredi 24 mars, la journée de rencontre et de réflexion avec Haïti s’est achevée au Théatre : dans la belle salle de spectacle de l’UNESCO c’était, en première mondiale, «Melovivi ou le piège», de l’écrivain haïtien FRANKETIENNE. Sur scène deux comédiens, l’un plus âgé que l’autre, l’un plus noir que l’autre, dans un espace dévasté, de guerre ou de tremblement de terre. Frankétienne lui-même joue l’un des deux personnages et il nous racontera - à la fin de la représentation - qu’il avait écrit cette pièce en Novembre et Décembre 2009 et qu’il était chez lui, à Port-au-Prince, avec un journaliste venu l’interviewer. L’autre acteur venait de partir, quand la terre s’etait ouverte sous eux...le mardi 12 janvier à 16 heures et que la maison s’était effondrée. Il nous donnait, ce soir là, pour la première fois en public,

ce dialogue magnifique et fou de deux hommes perdus de désarroi, de colère, de révolte, se souvenant de tout et criant leur rage, leur refus. Dans leur terre dévastée il reste leurs voix. Dans le tohu-bohu du monde il y a la parole de l’autre qui provoque ou qui répond. Silencieux nous entendions ce cri. Frankétienne -dit Fabrice Hadjadj dans la préface du livre,»ne fut jamais un littérateur de salon, c’est un sismographe des zones à risques»... Frankétienne, «Melovivi ou le piège», Riveneuve éditions


ASSOCIATION Haïti Soleil L’association Haïti Soleil est née, en Corrèze, le 25 janvier 2010 sous l’impulsion de Bénito LACROIX, Haïtien de France, de sa femme et d’une amie. Elle a pour but de promouvoir l’accès à l’éducation des jeunes enfants Haïtiens en soutenant les actions éducatives menées dans toutes structures d’accueil qui leur sont dédiées sur le sol haïtien, et ce en collaboration étroite avec les intervenants locaux. L’association participe à la mise en place d’un programme d’urgence alimentaire. Les premiers fonds ont permis à Monsieur Fritz-Gerald ZEPHIRIN (Fondateur FLAP HAITI) d’acheter les aliments nécessaires, pour faire face à l’urgence alimentaire. L’objectif fixé à 2 000 repas distribués a été atteint. A présent, la priorité est de trouver des fonds, récolter des vêtements, des fournitures scolaires… pour aider la Fondation de la FLAP HAITI, et de permettre aux enfants de manger et de retrouver le chemin de l’école. Projets à venir pour la reconstruction : Un nouveau programme est en cours d’élaboration pour les 5 mois à venir, qui comprend la création de nouvelles salles de classe. Elles pourront accueillir les enfants de Portau-Prince qui, suite au séisme, ont migré vers la vallée de Bainet.

Il s’agit également d’achat de matériel scolaire, de la mise en place d’une cantine scolaire avec l’objectif de nourrir 180 enfants par jour, ou encore de l’élaboration d’un programme scolaire de qualité. Le budget de fonctionnement pour ce programme a été évalué à 3380 €. En projet également, l’achat d’un terrain pour la construction d’une nouvelle école qui obéirait à des normes de construction en tenant compte de la réalité sur place. L’association souhaite, enfin, collecter vêtements et chaussures (toutes tailles, tous sexes) ainsi que des fournitures scolaires afin d’organiser un envoi vers Haïti. A ce sujet, nous rencontrons des difficultés pour acheminer cet envoi et recherchons donc activement un transporteur peu cher ou une possibilité d’envoi groupé. Coordonnées : Haïti Soleil La Croix de Pierre - 19470 LE LONZAC Tél : 05 55 73 17 14 / 06 18 08 39 65 Mail : associationhaitisoleil@orange.fr http://associationhaitisoleil.e-monsite.com Président : Benito Lacroix Trésorière : Tamara Van Strien Lafairea Secrétaire : Valérie Lacroix

LE COLLECTIF HAÏTI DE FRANCE Collaboration avec les ONG françaises et européennes pour une prise de position commune lors de la Conférence des donateurs pour la reconstruction d’Haïti le 31 mars à New-York En mars, le Collectif Haïti de France a continué son partenaires haïtiens. Nous nous réunissons ainsi régulièrement travail en étroite collaboration avec les ONG françaises de dans la Coordination Europe Haïti (COEH). La COEH était développement sur la question de la reconstruction d’Haïti. également présente à New-York. Dans une déclaration, elle a Des réunions hedbomadaires ont eu lieu à Paris pour échanger souhaité mettre l’accent sur le secteur rural. En effet, il nous l’information sur les partenaires haïtiens et la situation qui paraît nécessaire de penser au renforcement de l’agriculture évolue chaque semaine sur place... Il a aussi été question familiale et paysanne et de la souveraineté alimentaire pour de définir une position commune des ONG françaises sur une reconstruction d’Haïti à moyen et long terme. 60 % au la reconstruction d’Haïti, pour la Conférence des donateurs moins de la population haïtienne vit en milieu rural, toute de New York, qui a rassemblé la communauté internationale stratégie de développement d’une économie locale solide en (notamment en présence du président Clinton, envoyé spécial Haïti doit donc reposer sur le développement rural et agricole. des Nations-unies pour Haïti, et de Kristalina Georgieva, Dans ce contexte, une révision des Accords de Partenariat commissaire européenne à l’Aide humanitaire et à l’action Economique, et notamment celui signé récemment avec civile), l’Etat haïtien, ainsi que les sociétés civiles. Les ONG l’UE (APE) doit être envisagée. La COEH a également françaises ont donc rédigé une déclaration dans laquelle rappelé le besoin de favoriser la décentralisation en Haïti et elles soulignent quatre priorités : le maintien de l’aide d’associer, dans la réflexion sur ce nouveau modèle, tous les d’urgence, la reconstruction, le secteur rural et l’éducation. acteurs concernés : collectivités territoriales, organisations Elles ont aussi rappellé des grands princpes fondamentaux, paysannes, ONG locales, administrations, afin de créer notamment le fait que toutes les interventions de la des pôles secondaires de développement économique et de communauté internationale (organisations internationales, permettre aux personnes déplacées de rester dans les zones donateurs bilatéraux, ONG, associations) doivent s’appuyer rurales. Enfin la COEH a souligné que le respect des droits sur l’ensemble de la société civile haïtienne (ONG, syndicats, humains doit être au centre des efforts de reconstruction et organisations paysannes, comités de quartiers, etc. et les de l’assistance humanitaire. autorités publiques de l’échelon national à l’échelon local). Les représentants des ONG françaises et européennes Le Collectif Haïti de France travaille également depuis plus se sont alors réunies le 25 mars, six jours avant la grande de 5 ans avec les ONG européennes qui travaillent avec des conférence de New-York du 31 mars, pour rencontrer les


sociétés civiles : américaines, brésiliennes, canadiennes, haïtiennes etc... Il était question de préparer ensemble la grande conférence de New-York. C’est ainsi qu’une déclaration conjointe des plates-formes d’ONG du Brésil, du Canada, du Chili, d’Europe, d’Espagne, de France et

des États-Unis a été portée le 31 mars. Elle fait état des principes et recommandations pour la participation des ONG internationales à la reconstruction et au développement d’Haïti.

Collaboration avec les Haïtiens de l’extérieur pour une prise de position commune lors de la Conférence des donateurs pour la reconstruction d’haïti le 31 mars à New-York Les Haïtiens de l’extérieur, la diaspora, était également doit profiter de sa capacité à se mobiliser et à mobiliser conviée à se réunir pour discuter de la reconstruction d’Haïti, la générosité internationale ; 7/ la diaspora soutient l’Etat en amont de la Conférence de donateurs de New-York. C’est haïtien, pas ses gouvernants. ainsi qu’a eu lieu le Forum de la Diaspora Haïtienne, du 21 au 23 mars, au siège de l’Organisation des Etats Américains A l’issu de ce forum, l’ensemble des diasporas présentes (OEA) à Washington. Son objectif était de réunir les se sont mises d’accord sur de grandes décisions et acteurs affichant toutes les formes de la representation de recommandations : 1/ créer un bureau de contrôle et de la diaspora haïtienne dans le monde, afin de les consulter vérification pour la gestion des appels d’offres ; 2/ fournir pour des sugestions et des recommandations, en vue de la des abris temporaires pendant la construction des logements reconstruction d’Haïti. selon les normes sismiques, revoir l’aménagement du territoire ; 3/ décentraliser l’administration ; 4/ développer Une délégation d’Haïtiens de France/Guadeloupe était l’éducation à travers tout le pays ; 5/ développer la formation présente, dont Frantz Cadet, secrétaire du Collectif Haïti professionnelle en milieu rural etc... de France et Auguste Joint, des associations haïtiennes de Guadeloupe. La délégation avait défini en amont du Forum A son retour, la délégation nous a témoigné de la faible les grandes priorités pour la reconstruction d’Haïti, qui sont, représentation de la diaspora haïtienne en France comparé selon elle : 1/ les Haïtiens du dedans doivent être les premiers à celles des Haïtiens des Etats-Unis et du Canada. Ils ont responsables de la reconstruction ; 2/ l’Etat haïtien doit se également été surpris de voir intervenir des personnes qui renforcer et prendre ses responsabilités ; 3/ le mot d’ordre est ne sont pas de la diaspora, comme par exemple Richard la demande de décentralisation ; 4/ la diaspora doit réaliser Coles (grand propriétaire en Haïti) qui aurait prromis que les un apport massif indispensable à la reconstruction ; 5/ le industriels paieraient désormais des impôts à l’Etat haïtien. droit a la nationalité ne doit plus se perdre ; 6/ la diaspora L’équipe du Collectif haïti de France à Paris s’aggrandit Il était question, depuis quelques mois, de recruter de nouvelles personnes au Collectif Haïti de France, pour soutenir le travail de la coordinatrice, de plus en plus sollicitée par des associations, des ONG ou des individus intéressés par Haïti. Ainsi, Quentin Léal s’occupe désormais du volet information/communication : coordination des bulletins d’informations, site internet... Vous pouvez le

contacter, notamment pour proposer vos événements à : infocom@collectif-haiti.fr. Nelly Jossé , quant à elle, aura la charge du travail avec les ONG françaises et européennes et les questions de plaidoyer. Vous pouvez la contacter à : partenariat@collectif-haiti.fr. Ils seront parmi nous pour les 6 mois à venir. Nous leur souhaitons la bienvenue!

LA LETTRE DU BUREAU DU COLLECTIF HAÏTI DE FRANCE Chers (ères) amis (ies),

Vous vous êtes tous mobilisés pour répondre rapidement à nos partenaires haïtiens ; les interventions et les échanges, lors de l’Assemblée Générale du 13 mars, ont bien souligné toutes les actions entreprises : collectes, soirées culturelles, conférences et manifestations publiques de solidarité, interventions dans les médias, contacts avec les collectivités locales, diffusion d’informations au sein des associations et dans le Collectif, envois de matériel et d’argent, déplacements en Haïti pour quelques uns. Chaque association est intervenue comme elle en avait les moyens en se référant aussi aux démarches que le Collectif a entreprises au niveau national. Les sollicitations auxquelles nous avons été soumis, au niveau national, ont été très nombreuses tant de votre part que des divers secteurs (ONG et autres structures associatives, médias, autorités ministérielles..) : elles ont démontré que notre lisibilité est bonne mais aussi que nos ressources humaines et matérielles n’étaient pas à la hauteur des responsabilités que nous devions assumer. Le Bureau et le CA du Collectif avaient, en novembre 2009, prévu un certain nombre de démarches pour se doter de capacités plus importantes : le séisme du 12 janvier a accéléré les prises de décisions et nous voici donc, début avril 2010, avec un deuxième poste de salarié(e) déjà pourvu par une personne expérimentée et un local plus spacieux, toujours à la même adresse, rue Voltaire. La présence d’un stagiaire, de mars à septembre, s’exprimant dans la spécialité de son master, «communication information humanitaires», permettra de renforcer l’équipe au niveau national. Le Bureau vous alerte aujourd’hui pour dire que désormais les enjeux ont pris une toute autre dimension et nous demandent d’aller plus loin que le renforcement de notre structure associative. Nous devons donc: • participer de façon efficace à la reconstruction/refondation d’Haïti, • soutenir son développement économique, • renforcer sa place et son image dans le concert des nations, • favoriser le retour de ses enfants compétents et engagés dans son avenir.


Certes ces objectifs étaient présents chez beaucoup d’entre nous, mais des préoccupations très localisées l’emportaient souvent sur les actions plus fondamentales à mettre oeuvre. Il faudra bien sûr continuer à travailler avec nos partenaires, et si modeste soit-elle, faire que notre vision commune nous oriente vers une refondation concertée dans les différents domaines pour lesquels nous travaillons que ce soit en éducation, en santé, en développement rural, en sécurité alimentaire et en terme de valorisation culturelle. Il va falloir aussi lever les contraintes qui pèsent sur ces quatre grands enjeux énumérés ci-dessus. Ils ressortent avec force des deux démarches menées par le Collectif depuis le 12 janvier : • notre participation à la MIRH (Mission Interministérielle pour la Reconstruction d’Haïti). Lire par ailleurs les CR sur les 5 commissions de cette Mission. • les concertations que nous avons eues avec beaucoup de grandes ONG (environ 35) au sein de l’Espace de Partenariat Franco-Haïtien (EPFH). Celui-ci s’est réuni toutes les semaines, depuis le séisme, et c’est le Collectif qui en assure le secrétariat. De plus le Collectif est chargé, depuis plusieurs années, de représenter l’EPFH au sein d’une Coordination Europe Haïti (CoEH) qui regroupe certaines ONG de 7 pays européens. Durant toutes ces démarches et dans tous ces échanges nous avons été très souvent en relation avec Coordination SUD (Solidarité Urgences Développement). C’est la structure qui regroupe toutes les ONG françaises et Collectifs d’Associations. Notre adhésion, qui était déjà en discussion, nous apparaît maintenant comme impérative ; nous avons signé ensemble une lettre au président Sarkozy, avant son déplacement en Haïti, et nous avons participé à l’élaboration du document présenté à la conférence de New York (voir les logos de toutes les structures internationales qui se sont concertées pour l’élaboration de ce document). Le Collectif a souvent rencontré aussi, ces dernières semaines, les responsables de la PAFHA, Plateforme des Associations Franco-Haïtiennes, dans des réunions de concertation générale, mais surtout pour la prise en charge commune des difficultés que rencontrent les Haïtiens en France et en Haïti, dans tout ce qui touche à la migration (rapprochements familiaux, permis de séjour et expulsions, obtention de visas, droit à la liberté de voyager et de travailler). Le collectif est adhérent de la PAFHA. Par ailleurs, la délégation de la Diaspora Haïtienne de France au Forum de Washington les 21, 22 et 23 mars derniers, comportait le Président de la PAFHA et le Secrétaire National du CHF. Vous avez compris que le Collectif travaille beaucoup, mais dans ce que certains appellent une « nébuleuse » où seuls les initiés peuvent s’y retrouver. Nous avons donc besoin de clarifier les choses et de trouver une structuration pour être plus lisibles et plus efficaces, surtout dans la période actuelle. C’est un des objectifs principaux du deuxième poste salarié, financé pour 6 mois par la Fondation de France, que d’améliorer les échanges avec les ONG et la PAFHA et de trouver une structuration qui satisfasse les parties intéressées, qui permette une meilleure visibilité (et efficacité) des actions et interventions des uns et des autres sur les questions touchant Haïti. Dans l’immédiat le Bureau du Collectif demande à chaque association et à chaque membre de se mobiliser pour plusieurs années, si nous voulons être davantage utiles à nos partenaires haïtiens et au pays en général. La question de mutualiser nos moyens est plus que jamais à l’ordre du jour : le montage de projets à faire financer peut constituer un excellent moyen de se regrouper et d’accéder à des financements plus importants. Les possibilités de financement, dont la présentation a été esquissée aux Rencontres nationales d’octobre 2008, sont beaucoup plus nombreuses et la période actuelle est très favorable à la présentation des dossiers concernant Haïti : • les collectivités locales : municipalité, département, région (agences de bassins) • certaines entreprises industrielles et commerciales dans leurs actions de reconstruction • aux niveaux national et international : Fondations diverses et notamment Fondation de France, Agences Nationales (énergie, environnement, eau, recherche…), l’Union Européenne. Le Bureau et le CA du Collectif vont donc proposer, très prochainement, des sessions en Régions et à Paris pour vous aider à monter des projets. Vous pourrez le faire avec d’autres associations du Collectif qui travaillent dans les mêmes secteurs (géographiques ou thématiques, sur l’éducation ou la santé par exemple), mais aussi avec des ONG ou des organismes qui ont des compétences affirmées dans leur domaine mais qui n’ont pas une expérience d’Haïti aussi longue que la vôtre. La bonne connaissance des partenaires haïtiens et le dialogue que vous avez eu avec eux, dans le passé, seront précieux dans l’élaboration, l’exécution et le suivi des projets. Conformément aux raisons d’être de notre association, ces projets veilleront : • à lutter contre l’évaporation des crédits dans le financement des organisations intervenantes • à oeuvrer pour la participation directe des populations et pour le caractère concret des réalisations • à aller dans le sens des efforts pour constituer un Etat et en contrôler l’efficacité Dernière préoccupation : il est indispensable de trouver de nouveaux acteurs (bénévoles, stagiaires, salariés) pour nos associations, pour les collectifs régionaux, pour la structure nationale si nous voulons répondre aux sollicitations pertinentes et aux besoins exprimés en Haïti. A chaque niveau il faut réfléchir, s’organiser et s’engager ….pour quelques années. Les financements viendront naturellement avec les projets que nous aurons montés, mais rien n’empêche d’en trouver d’autres dès maintenant. Les difficultés et les souffrances actuelles des populations haïtiennes nous obligent à nous engager plus fortement, à anticiper nos choix pour être davantage réactifs, à inventer et à changer pas mal de choses dans notre train train habituel. Soyons solidaires. Kenbe fèm ! Nouvelles Images d’Haïti est un bulletin du Collectif Haïti de France 21 ter, rue Voltaire, 75011 Paris - Tel : 01 43 48 31 78 infocom@collectif-haiti.fr / www.collectif-haiti.fr


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