journal interne de médecins du monde lyon

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LE RABAN

Publication interne trimestrielle de la Délégation Rhône Alpes/Bourgogne de Médecins du Monde

n.m.: bout de cordage, cordon fixé au bordage qui maintient le gouvernail

N°5 Novembre 2009 « N o u s

s o i g n o n s

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m o n d e

Edito

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« La garde meurt mais ne se rend pas ! » Cambronne*

SOMMAIRE C'est arrivé près de chez vous

Dossier CASO Grenoble / Lyon pp. 2­3 Evénements

MdM vibre aux sons de Jarring et du Foreztival p. 4 Journée sur « La santé mentale » p. 7 Conférence « Refus de la misère » p. 8

Interventions

Embarquement sur la péniche p. 5 Une journée dans les squats p. 6 Nouveautés

Création d'un poste pp.4­5 Au delà des frontières

Adoption Internationale p. 9 Bolivie /Pakistan p. 10 Guinée / Pakistan (suite) p. 11 Agenda / carnet rose p. 12

Si la rentrée sous un soleil radieux est de bon augure face aux inquiétudes grippales et autres virus hivernaux, l’actualité régionale, nationale et internationale est néanmoins parsemée de nuages gris. Qu’importe ! Vous êtes nombreux à vous investir par tous les temps et sur tous les fronts pour que chacun soit reconnu pour ce qu’il est et non pour ce qu’il représente. A ce titre, nous sommes heureux d’accueillir les nouveaux bénévoles, venus grossir à la rentrée les rangs de l’action solidaire menée par MdM depuis 1980. Le printemps et l’été 2009 ont vu éclore de nouveaux partenariats et se pérenniser des actions et des liens déjà forts ; mais ne nous réjouissons pas trop vite ! Les problèmes de visa (pp. 2­3) ou les récents événements en Guinée (p. 11), entre autres, démontrent une fois encore les limites des Etats et administrations à faire face à une situation. Mais cela appuie un peu plus, malgré les drames, le bien fondé de nos actions qui, bon an mal an, ne sont pas prêtes de s'arrêter. Ainsi, il n'est pas question ici de réussite ou d'échec, mais bel et bien d'un combat pour lequel chacun, à son échelle, apporte ce qu'il a de meilleur et se dépasse par conviction ou nécessité. L'ensemble des étudiants du Master 2 « Communication, Humanitaire et Solidarité » s'est incrit dans cette démarche pour réaliser ce numéro de rentrée. Petit tour d'horizon... Quentin Léal * Réponse du général français suite à l'injonction anglaise « vous vous êtes bien battus... rendez vous... » à Waterloo.

DOSSIERS THÉMATIQUES :

CASO : Grenoble / Lyon : un jour, des histoires... Au delà des frontières / Focus : 3 pays, 3 situations... Bolivie : nouvelle mission exploratoire...

Guinée : Conakry, chronique d'une mort annoncée...

Pakistan : de la menuiserie à l'humanitaire. Portrait d'un logisticien de retour de mission


DOSSIER CASO / GRENOBLE ET LYON : REGARDS CROISÉS

Nous avons suivi, durant une journée, le quotidien du CASO de Grenoble. Reportage. Un espace lumineux et aéré, quelques sièges et coussins de couleur vive ; au centre de la pièce, des jeux pour enfants. C’est dans une salle d’attente en apparence classique, mais en réalité emplie de chaleur et d’attention, que se jouent les premiers instants d’un après­midi au CASO de Grenoble. Etre au plus près de chacun Le Centre d’Accueil, de Soins et d’Orientation grenoblois de Médecins du Monde a pour vocation première l’accompagnement de toute personne en difficulté face à l’accès aux soins. Une équipe médico­sociale complète est présente. Parfois éprouvés par de nombreuses déconvenues administratives, les bénéficiaires doivent avant tout retrouver un soutien dans leurs démarches et une écoute attentive. Florence, assistante sociale, s’étend sur l’importance de ces missions, facilitées selon elle par la petite taille de la structure et de la ville de Grenoble : « les partenaires associatifs se connaissent, ce qui optimise la qualité de leur travail ». Les usagers ne sont pas des anonymes, ainsi, l’échange humain prévaut. L’exemple d’Andreï [1] nous le confirme. Arrivé de Géorgie il y a 3 mois, il a fui son pays pour des raisons politiques. Après avoir été pris en charge par un organisme épaulant les demandeurs d’asile, il a été redirigé vers MdM. Durant notre bref échange, il vante, pêle­mêle, les mérites de la démocratie en France, le soutien efficace que lui offre la structure, et la chaleur humaine de l’accueil. Pendant qu’il s’exprime avec émotion, son fils s’active autour de la table de jeux, sous l’œil bienveillant de sa mère et des intervenants présents.

L'équipe du Caso de Grenoble Ils sont mariés, viennent d'arriver en France, et sont en attente d'une décision de la préfecture pour savoir s'ils pourront y demander l'asile. Ils expliquent l'objet de leur visite: tous deux souahitent voir un médecin. La femme est reçue la première, et se plaint de maux de gorge. Elle souhaite un bilan sanguin complet, car elle se sent fatiguée. Le médecin lui explique que cela n'a pas l'air urgent, et lui propose d'attendre d'être mieux déterminée sur sa situation avant de procéder à des examens plus complets. Elle lui donne cependant quelques médicaments pour la gorge et les maux de tête. Son mari, lui, pense avoir la grippe, même si son état s'est amélioré. Il souhaite également que l’on examine de nouveau la radio que la préfecture a pris de ses poumons. Le médecin ne trouve rien, mais lui donne tout de même des antidouleurs. Entre temps, l'assistante sociale a accueilli la dame dans son bureau, et celle­ci a pu exprimer ses difficultés personnelles. On la sent très émue, mais elle se ressaisit lorsque son mari la rejoint. Lors de cette entrevue, l'assistante sociale leur explique les démarches à suivre, leur situation future dépendant de l'autorisation de la préfecture. Face à leur détresse, Florence propose à la femme de rencontrer la psychologue de MdM. Ce sont donc tous les aspects des souffrances individuelles qui sont pris en charge au sein de la structure. Une réponse pour chacun

Florence, en entretien avec Elena

Une prise en charge complète et attentive des usagers Un couple d’origine tunisienne est là, dans la salle d'attente. Pour elle, c'est la deuxième visite dans la structure, mais pour lui, c'est la première fois. Ils sont très vite reçus dans une petite pièce fermée, qui doit servir habituellement à des visites médicales. La bénévole est rapide et précise dans ses questions. Elle explique qu'elle n'est pas de la police, mais qu’elle a besoin connaître leur situation.

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Dans le couloir, un couple de Polonais d’une trentaine d’années environ, attend pour voir le médecin. Nous échangeons quelques mots dans leur langue. La femme nous apprend que le bandeau qu’elle porte sur le visage est le résultat d’un coup violent, cadeau agressif qu’elle a reçu dans la rue. En France depuis quelques mois, et ne parlant pas français, ils ont rencontré de nombreux problèmes pour accéder aux services sociaux ; Angélique, salariée du CASO, les reçoit. Elena [1] essaye de retranscrire la conversation à son mari, mais ses paroles se perdent dans le brouillard de la traduction. [1] Prénoms d'emprunt (NDLR)


Malgré tout, Angélique, habituée à ce genre de situations, arrive à la comprendre, et les réfere à un médecin qui après consulation leur remet des médicaments pour lutter contre la grippe hivernale. Après un dernier échange souriant avec l’équipe, ils quittent la chaleur de MdM pour affronter de nouveau les rafales du vent d’automne. Une histoire particulière de plus, peut­être un peu trop commune, qui alimente le quotidien animé de la structure... Peu après, nous rencontrons deux hommes venus récupérer un réchaud et un duvet. Depuis quelques mois, l’antenne de Grenoble met à disposition ce type de matériel pour les personnes en situation de grande précarité, rencontrées dans le cadre de tournées hebdomadaires (maraudes). A l’issue d’un ultime entretien mené par Florence, c’est déjà la fin de cet après­midi riche et poignant, vécu au gré de différents parcours individuels. Aurélie Arnoux, Mathilde Mariette, Liam Nolan et Thibault Simonet.

Le CASO de Grenoble • Une structure fondée en 1988. • Une à dix personnes accueillies par après­midi. • Une assistante sociale, deux psychologues, un médecin, des infirmières, des pharmaciens et des spécialistes à disposition des usagers. • Plus de 80% des personnes reçues sont des étrangers ; les trois­quarts environ sont sans­papiers. • De plus en plus de retraités dépassant juste le plafond de la CMU sont accueillis.

Nouvelles des partenaires algériennes de MdM Venant de Constantine, elles auraient dû arriver le 12 octobre pour des formations au CHU de Grenoble puis avec l'association Education Santé Isère. Délais plus longs que prévu, problèmes de transmission des informations… les visas des trois Algériennes ont été délivrés trop tard, et les billets d’avion annulés. Les partenaires n'arriveront qu'une semaine plus tard, ne participant qu’à la moitié du programme, heureusement très réussi et riche en informations et échanges. Ou quand la bureaucratie entrave les partenariats médicaux… A 34 ans, il ne veut pas avoir d’enfants. « Je préférerais ne pas être né... », nous confie­t­il, amer. Une fois entrés dans la salle d'attente, tout le monde se précipite vers les deux accueils.

Un usager venu récupérer un duvet et un réchaud

Pendant ce temps, au CASO de Lyon... Rue Ste Catherine, une dizaine de personnes attendent l’ouverture du Centre d'Accueil, de Soins et d'Orientation (CASO). Ils viennent d'horizons différents et ce n'est pas vraiment étonnant que chacun reste dans son coin. Venir ici entame un peu la dignité de chacun et une atmosphère timide et froide se dégage. Un homme nous accoste tout de même. En anglais, il nous demande une cigarette. Nous apprenons qu’il vient du Nigéria. Il a débarqué en France par hasard il y a 9 jours, stoppé à Marseille alors qu'il voulait passer en Angleterre. Le CASO l'accueille pour son diabète et les soins de sa jambe fracturée. Pour l’instant, il subit des examens, alors que lui pensait obtenir des médicaments. Cela fait 3 jours qu’il est suivi.

Mais très vite, l'ordre se rétablit et une ambiance morose s’installe. La préoccupation est palpable dans la salle d'attente, et certains montrent déjà des signes d’impatience. Deux SDF viennent récupérer des duvets. Quelques chuchotements troublent le silence et on entend les échos de différentes langues. Spontanément, un homme se propose de faire office d’interprète pour les familles Roms. La gaieté des enfants témoignent de leur insouciance. Ils jouent entre eux et s'offrent des goûters, sans barrière culturelle. Deux petites Roms se lient d’amitié avec un guinéen du même âge sous le regard bienveillant de leurs parents. Le bras posé sur la poussette où dort son deuxième enfant, la mère du petit guinéen nous dit être arrivée en France il y a 2 ans. Son mari, polygame, ne pouvait l'entretenir. Sans ressources, elle vient pour la deuxième fois au CASO, et de ses confidences émanent une envie d'ouverture et de partage. Ainsi les personnes en détresse ne viennent pas seulement au CASO pour des consultations... Elles cherchent aussi une oreille attentive. Lokomo Nondo et Marie­Dominique Richard.

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ÉVÈNEMENTS

Foreztival : « Consommer à moindre risque »

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En août, sur le site du Foreztival (Trelins, 42), MdM a mis les bouchées doubles.

Gerland, le 21 juin 2009

« Un don pour un nouveau camion » Une soirée de récolte de fonds à la fête de la musique racontée en direct, par le bus lui­même ! « 21 juin 2009, me voici dans un milieu que je ne connais guère, non pas sur la place Carnot, ni aux Terreaux mais devant l'entrée du parc de Gerland d'où résonnent des musiques électroniques. Ce ne sont pas ceux que je rencontre d'habitude lors des permanences, mais des personnes qui vont faire la fête. Les gens me regardent étrangement mais n’hésitent pas à m’approcher. Ils s'arrêtent et écoutent mes douze collègues bénévoles présents pour leur parler de moi et de ce que nous faisons. Depuis plus de 10 ans, nous nous attachons à accueillir au mieux des personnes souvent victimes d'exclusion afin de les orienter, de les accompagner ou parfois simplement de les écouter et de leur accorder un peu de notre temps. Les dialogues alors engagés sont riches. L'objectif principal de visibilité et de sensibilisation est pleinement atteint. Au loin, l'association Jarring Effect qui organise ce concert, pour nous soutenir dans notre action, font défiler sur la scène des photos de moi réalisées par le collectif Lightgraf. On voit bien que je ne tiens plus la route et que je deviens de plus en plus vieux pour trainer dans la rue des soirées entières, alors certains font leur fonds de poche. Petit à petit la cagnotte monte... je sens que je vais faire long feu ! »

n gonflant son effectif à onze bénévoles (dont quatre médicaux) issus de la mission bus, MdM a su remplir ses objectifs de prévention et de réduction des risques liés à l'usage des drogues. De nombreuses réunions de préparation visant à coordonner les actions des différentes associations présentes sur le festival (Keep Smiling et FMR) ont été mises en place. Postés derrière un stand visible et bien décoré ou lors des maraudes permanentes, les bénévoles ont pris leur rôle à cœur en distribuant tracts d’information, kits stérilisés et préservatifs. Ils ont privilégié le dialogue et ont assuré un soutien psychologique, humain et médical aux personnes en état d’ébriété ou de surconsommation de stupéfiants. Ils étaient également présents sur le parking du site, bien que l'interdiction du son sur ce dernier ait réduit sa fréquentation. MdM a travaillé de concert avec KS et FMR, orientant les festivaliers vers la structure adaptée à leurs besoins. Cette complémentarité dans l'action fut pour l'organisation du festival un gage de réussite. Pour le Foreztival 2010, le réengagement de MdM fera l’objet d’un débat au cours des prochains mois. Désormais, FMR a pris de l’ampleur, d'où un questionnement sur l'utilité de l'action de MdM. A garder cependant en tête que la Croix Blanche n’intervient pas sur les parking et que l’absence de MdM laisserait cette zone du festival à l’écart de toute éventuelle intervention médicale ! De gauche à droite : Marc, Lae, Antoine, François, Thierry, Myriam, Thomas et Anne­Cécile.

Morgane Cariou, Mathilde Mariette et Fabienne Thiry N OUVEAUTÉS

Un nouveau poste pour la mission régionalisation Julie Bellenger, 32 ans, sociologue, est une anciennement bénévole de Médecins du Monde et membre du Collège régional Rhône Alpes. Elle occupe depuis le mois de septembre la fonction de chargée de Mission régionalisation. Cela consiste à relayer les actions de l’association au niveau local et à donner de nouvelles responsabilités aux délégations régionales. Ainsi, celles­ci peuvent adapter leur mode de fonctionnement à la réalisation de projets territoriaux dans différents contextes. Julie a pour mission d’accompagner les délégations régionales, de définir avec elles leurs besoins et de réflechir à une stratégie par des outils méthodologiques adaptés. Elle permet de faire le lien entre les différentes délégations et de relayer les informations auprès des bénévoles. Actuellement, Julie Bellenger effectue un « tour de France » des délégations régionales afin de réaliser un « état des lieux », d’expliquer sa mission et les objectifs. La finalité consiste à mettre en place une méthodologie et un suivi de projets correspondants aux attentes de chaque région. Nous sommes convaincus que cette démarche portera ses fruits.

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I NTERVENTIONS

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Jetons l'encre sur la Péniche... ’est un endroit qui ressemble à la Louisiane, à l’Italie, il y a des fleurs qui embellissent la terrasse et c’est joli… On dirait le Sud, le temps est plaisant, mais on est bien sur les berges du Rhône à deux pas de la gare Perrache à Lyon... Voilà un lieu peu commun pour garantir aux personnes en situation de précarité un accueil de jour. De 14h à 17h30, du lundi au vendredi, chacun franchit la passerelle pour des raisons personnelles. Les uns viennent se rencontrer, créer du lien social autour d'une partie de carte ou d'un jeu d'échecs, les autres, juste, se posent dans un coin, regardent la vie qui s'anime en buvant une boisson chaude. Et pourtant le naufrage n'est jamais très loin pour ces passagers que la vie à terre n'a pas épargné. « Les gens ne viennent pas pour manger, ni se vêtir, mais pour rencontrer de l'humain ». Mais l'accueil n'est pas la seule raison d'être de la Péniche : les 4 salariés et 50 bénévoles proposent aussi une assistance sociale, des conseils en orientation et une médecine préventive afin de remplir leurs 4 missions : accueillir, écouter, informer, orienter.

Marie­France Paquient, psychologue de Médecins du Monde, bénévole à la Péniche depuis 5 ans se réjouit de voir que l'alchimie fonctionne : une cinquantaine de personnes par jour en moyenne, soit plus de 15 000 passages par an. Pour elle, la Péniche est « un bistrot social », où les gens « ne viennent pas pour manger, ni se vêtir, mais pour rencontrer de l'humain ». Les passagers de tous âges et toutes origines embarquent là où l'enquête est prohibée et l'individu valorisé. Certains ont besoin de parler, se confier aux autres, aux bénévoles, ou d’utiliser les douches mises à leur disposition. A l'intérieur, l'ambiance est conviviale et chaleureuse. Les passagers se divertissent autour de jeux de société quand d’autres préfèrent le silence du large, quelquefois muets pendant plusieurs années, tel « l'Homme à la casquette ». L'odeur du café et du chocolat chaud qui se répand dans l'atmosphère donne à ce lieu un caractère paisible, dont tout le monde a envie de prendre soin. A l'extérieur, les passagers peuvent profiter de la terrasse fleurie par une des bénévoles du parc de la Tête d'Or. C'est un espace tranquille où on peut discuter, fumer une cigarette, échanger tout simplement... Venez naviguer avec eux, la Péniche est toujours à la recherche de nouveaux bénévoles. Manuel Jaskowiak, Chloé Lhoir et Marta Wnorowska

Des usagers profitant du lieu autour d'une partie de cartes

Pour tous renseignements, contactez Gérard : Tél. : 04.72.41.72.45 peniche.accueil@wanadoo.fr www.penicheaccueil.fr

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I NTERVENTIONS

Une journée de la mission squat « Nous, on est les fourmis laborieuses » telle est l'image qu'Isabel Marblé utilise pour présenter son travail de travailleuse sociale sur la Mission Squat de MdM depuis sept ans.

Il est important de tisser et développer un lien de confiance avec les Roms (qui "habitent" majoritairement ces lieux) afin de les orienter selon leurs besoins, vers un centre de soin, le SAMU social... Ce sont ces nombreux allers­ retours qui permettent de créer le lien pour que, en confiance, ils se déplacent à la rencontre des médecins... Il est également primordial d’assurer un suivi continu et régulier, surtout lors de pathologies lourdes ou de risque de contamination, qui requièrent l'appui d'un médecin.

Isabel Marblé sur le terrain

« Une journée type ? Ca n'existe pas ! » s'exclame Isabel dés notre arrivée dans son bureau de consultation. Elle s'accorde à dire « notre boulot, c'est d'aplanir, d'enlever les obstacles pour que le soin puisse être mis en place. Voilà, s'il y avait une définition de notre travail ce serait celle­là (...) c'est pour ça que le travail de repérage dehors est très important » et du coup « on marche beaucoup ».

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eule, ou accompagnée d'une infirmière, il s'agit tout d'abord d'un travail de repérage qui demande du temps, de la discrétion et qui peut poser des difficultés suivant le type de squat dont il s'agit : bâtiment ou terrain. Les indications fournies par les gens sur la localisation des squats sont souvent peu exhaustives : « à côté d'un feu rouge, d'un magasin, pas de numéro, ni de nom de rue ». Cette étape est primordiale, puisqu'elle consiste à faire un état des lieux simple, à constater le nombre de personnes, l'état de santé des enfants, d'évaluer l'accès à l'eau, l’électricité et l'état de salubrité du squat.

« L’importance de prendre le temps » « La mission de MDM, et la mienne sur les terrains, est d'orienter les gens, quand ils peuvent le faire, vers "des structures" de droit commun (Maisons du département...), de les diriger sur le centre d'accueil et de soins, ou sur les PASS, les hôpitaux s’ils ont des droits ». Isabel confirme avoir un rôle de passerelle, rôle qui peut s'avérer difficile car « il n'y a plus de cadres quand on est dehors ». Elle nous donne sa définition du travailleur social comme étant quelqu'un de pluridisciplinaire qui jongle entre les actions sociales, juridiques et de médiations. « Notre but, c'est d'accompagner les gens le plus longtemps possible et de les guider le mieux possible ». Travailler au contact de l'humain, c'est s'adapter chaque jour. Blandine Le Roy et Sabine Rainaud

A son retour au CASO, elle en réfère aux deux responsables de mission et à la coordinatrice afin de définir un plan d'action en fonction des besoins du terrain. Ensuite se met en place un va­et­vient permanent entre le terrain et le CASO. Squat derrière la Part­Dieu

EN

S AVO I R

PLUS

SUR

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SQUATS

,

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LES

ROMS...

* Roms et Tsiganes, Jean­Pierre Liégeois, 2009, La Découverte (Collection Repères Sociologie). * Roms, Roma Housing Comparative Report, Agence Européenne des Droits Fondamentaux sur les gens du voyage, oct. 2009. * Les enfants des squats ont droit à l’école, Gagneur Elisabeth, Ecarts d’identité, 2007, n°110. * Squats ­ Un autre point de vue sur les migrants, Freddy Muller , Florence Bouillon, 2009, Eidtions Alternatives. * Les mondes du squat ­ Anthropologie d'un habitat précaire, Florence Bouillon et Michel Agier (Préfacier), 2009, PUF (Collection : Partage du savoir).

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ÉVÈNEMENTS

Pétage de plomb, équilibre psychique, folie… vous connaissez ?

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L’enjeu de la journée régionale du samedi 7 novembre 2009, présidée par M. Micheletti, est de mieux nous sensibiliser à la question de la santé mentale. ’accès aux soins pour un sans­abri présentant des troubles psychiques s’avère être un véritable parcours du combattant. C’est donc dans des situations bien particulières qu’intervient MdM en partenariat avec « Interface SDF » auprès de ces personnes. L’équipe mobile crée un premier contact et établit un climat de confiance pour orienter ces personnes vers les structures les mieux adaptées à leurs besoins. Interface SDF prend ensuite le relais pour leur prise en charge.

Francis Maqueda nous parle « d’alliance avec le patient ». Une relation de confiance est indispensable à la reconstruction du sujet. Lorsqu’un homme sénégalais parle de « marabout », ou une femme bosniaque de « djinn », n’oublions pas que c’est juste une façon différente d’évoquer leurs référents culturels individuels et/ou collectifs. Une écoute attentive est donc garante du respect de l’intégrité de chacun. Accueillons l’Autre comme on aimerait nous­mêmes être accueillis. Et devenons tout simplement « Citoyens du Monde ».

Fort de son expérience, Francis Maqueda, psychologue clinicien, nous a livré quelques réflexions à propos du travail qu’il réalise au sein de l’équipe « psy » de MdM Lyon. Il reçoit et accueille principalement des demandeurs d’asile. Violences, tortures ont pu être leur quotidien dans un ailleurs, d’où ils ont été contraints de s’exiler. Ce sont des personnes affaiblies qui rencontrent des difficultés pour recréer un lien social. Quel rapport entre inter culturalité et santé mentale ? Par inter culturalité, on entend une rencontre entre deux personnes ayant des codes, des référents socioculturels différents. Or les troubles présentés par le patient reflètent l’universalité de la souffrance psychique, quelle que soit la façon dont elle se manifeste.

PRÉCARITÉ, SANTÉ MENTALE ET INTERCULTURALITÉ : LE TRIO INFERNAL.

A 95%, les personnes qui viennent à MdM se plaignent de douleurs physiques (mal de dos, maux de tête…). Celles­ci sont très souvent la manifestation de souffrances psychiques, signe d’un besoin d’accompagnement psychologique. La personne est morcelée dans sa chair et dans son âme à cause du traumatisme subi, telle une effraction… Ce patient, en venant consulter, peut trouver un lieu rassurant et qui lui permet de retrouver un certain équilibre. Dans sa prise en charge, certains éléments sont fondamentaux : la régularité des rencontres, le lieu d’accueil et la présence d’un interprète pour pouvoir s’exprimer dans sa langue maternelle.

UN VÉRITABLE CERCLE VICIEUX. Personne n’est à l’abri de souffrir un jour d’un trouble psychique. La santé mentale n’est pas seulement l’affaire des psychiatres, psychologues ou infirmiers psychiatriques, elle nous concerne tous. Les pathologies sont nombreuses : dépression, troubles bipolaires, ESPT (Etat de Stress Post­Traumatique), schizophrénie, et bien d’autres encore… Lorsque le trouble psychique entretient une liaison dangereuse avec la précarité, cela devient un véritable cercle vicieux. Pourquoi ? Simplement, parce que la précarisation sociale peut être la conséquence de troubles psychiques traités ou non, ayant invalidé les capacités sociales et d’adaptation de la personne. Ces troubles peuvent eux­mêmes être aggravés par un mode de vie précaire rendant difficile la conduite et la continuité d’un projet thérapeutique. Claire Austen et Isabelle Sanyas

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É VÈNEMENTS

Journée mondiale du refus la misère : MdM s’implique

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eudi 15 Octobre avait lieu à Médecins du Monde à Lyon une conférence de presse en prémices de la journée du refus de la misère. Le docteur Bernard Longin s'est exprimé en présentant les chiffres significatifs de l’année 2008. Plus de 33000 consultations auront été effectuées au sein des 22 Centres d’Accueil de Soins et d’Orientation (CASO) au niveau national. Parmi ces personnes, 98% vivent en dessous du seuil de pauvreté (sois moins de 880 euros par mois), étrangers pour la quasi totalité (89%). A l’ordre du jour cette année, trois préoccupations majeures. LA COUVERTURE MALADIE UNIVERSELLE (CMU) ET SES LIMITES Créée depuis dix ans pour défendre le principe du droit fondamental à la santé pour tous, la CMU doit encore faire ses preuves. Des obstacles importants persistent et empêchent d’éventuels patients d’y adhérer, notamment depuis la création de l’aide médicale d’Etat (AME), une situation confuse pour de nombreux utilisateurs qui ne savent plus vers qui se tourner. A cela s’ajoutent des procédures administratives complexes, ainsi qu’un manque d’information des usagers. Sur 79% des ayants­droit aux soins, seuls 21% y ont effectivement accès.

La journée mondiale du refus de la misère, c’est quoi ? Le 17 octobre 1987, à l'appel du Père Joseph Wresinski, 100 000 défenseurs des Droits de l'Homme se sont rassemblés sur le parvis du Trocadéro, à Paris, pour rendre honneur aux victimes de la faim, de la violence et de l'ignorance, pour dire leur refus de la misère et appeler l'humanité à s'unir pour faire respecter les Droits de l'Homme. Proclamée Journée internationale pour l'élimination de la pauvreté par l'assemblée générale des Nations Unies suite à l’initiative de Javier Perez de Cuellar, ancien secrétaire général de l'ONU, cette journée fait désormais l’objet de nombreux rassemblements qui se tiennent le 17 de chaque mois. Cet évènement est l’occasion de montrer publiquement, au niveau local, national et international, qu’un nombre croissant de personnes est d’accord avec cette affirmation et travaille, chacune à sa manière, à sa réalisation. Pour sa part, Médecins du Monde œuvre pour l’accès aux soins des plus démunis.

LE RAPPORT DIRECT ENTRE LOGEMENT ET ACCÈS AUX SOINS Julie Donjon est intervenue sur la question de l’hébergement, en faisant le constat que les problèmes de santé étaient directements liées aux conditions de logement. Elle illustre cette idée en rappelant que les SDF ont une espérance de vie de 48 ans environ, contre 80 ans pour la moyenne nationale. Les personnes sans logement régulier ne peuvent bénéficier d’aucun suivi médical. On est ici face à un véritable cercle vicieux : chaque thème ne peut être traité indépendamment. L’ARRÊT DES SOINS POUR LES ÉTRANGERS MALADES EXPULSÉS Isabel Marblé a rappelé que le cycle de soins est régulièrement interrompu pour les personnes en situation irrégulière. Particulièrement vulnérables sont les populations Rroms pour qui il est très difficile d’accéder à l’AME. Le système exige un minimum de 3 mois de présence ininterrompue et justifiée sur le territoire. Le docteur Longin s’est inquiété d’un réel renoncement des soins de leur part : « Aujourd’hui, on assiste à un mouvement de peur qui n’était pas visible avant. Les Rroms préfèrent fuir plutôt que de recevoir une notification d’expulsion ».

Conférence de presse au CASO de Lyon .outefois, ce neuvième rapport annuel ne fait pas que rappeler les faiblesses du système mais tente de les résoudre. Pour ce qui est de l’accès à l’information, la rencontre fixée vendredi 16 octobre entre le président de Médecins du Monde, le Dr Olivier Bernard, et la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, apportera peut­être une solution au problème. Le lancement d’une éventuelle campagne visant l’amélioration de l’information sur les soins sera peut­être abordé. Il s’agirait de renseigner les futurs patients sur leurs droits et de rappeler aux professionnels leur devoir de les soigner. Notons que l’Etat aura aussi un rôle clé dans la simplification du système de couverture maladie, car lui seul peut faire fusionner la CMU et l’AME pour plus d’efficacité comme le revendique Médecins du Monde. Mélanie Tate et Serge Noujaim

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AU DELÀ DES FRONTIÈRES

Adoption : mission encore possible ! DES DÉFIS COMPLEXES, UNE ÉQUIPE PRÊTE À Y FAIRE FACE.

FORMATION À L’ACCOMPAGNEMENT : UN PAS EN AVANT

Entre 1991 et 2008, 398 enfants ont été adoptés grâce à la médiation de l’équipe adoption de Lyon. 15 bénévoles sont coordonnés par Patricia Le Goff et Brigitte Quentin, elles­ mêmes bénévoles et Responsables Mission Adoption. A travers leurs différentes activités, ils sont un relais entre les parents désireux d’adopter un enfant et les enfants rêvant de faire à nouveau partie d’une famille. Une mission relais qui s’avère de plus en plus difficile à gérer.

Cette année, une première à la délégation MdM à Lyon, qui accueille une formation spéciale dédiée aux bénévoles sur l’accompagnement de l’adoption. Ce cursus se déroule les 5 et 6, puis 19 et 20 octobre et les 16 et 17 novembre. Le contexte est celui de la complexité du processus d’adoption qui est loin de signifier seulement paperasses et bureaucratie. Des aspects psychologiques, médicaux et éducatifs doivent aussi être pris en compte. C’est pourquoi un consultant extérieur va être chargé de donner des cours aux bénévoles faisant partie de trois associations réunies en « collectif pour l’adoption internationale » : MdM, Amis des enfants du monde et Rayon de Soleil. Le but général est de fournir des outils pour rendre leur activité plus performante. Cela va aboutir à faciliter la relation entre les trois parties : les familles adoptives, les enfants et les bénévoles des associations. Colette Djadeu, Andra Pomeanu et Ana Popoescu

Ça se passe près de chez vous, à Lyon...

En terme de ratio, une demande sur dix aboutit à une adoption d’enfants, qui connaît une baisse remarquable à cause de la chute du nombre d'enfants adoptables. Les raisons sont nombreuses : l’augmentation du niveau de vie dans les pays d’origine des enfants ; des critères de plus en plus rigoureux imposés par ces pays. Il existe aussi une incompatibilité entre les familles préférant des enfants en bas âges (moins de 3 ans) et les enfants proposés à l’adoption, pour la plupart âgés de plus de 5 ans, des fratries ou encore présentant des problèmes médicaux. La spécificité de l’équipe Mission Adoption est de faire adopter ces catégories particulières d'enfants.

* Fête des enfants annuelle : cette année, le 14 juin une centaine de personnes ont pris part à la fête dédiée aux familles adoptives de la région. Pique­nique, jeux pour les enfants, joie et bonheur. L’opportunité de se connaître et créer des amitiés... * Fête d’accueil pour les nouveaux arrivés : chaque année, début janvier, on souhaite la bienvenue aux enfants qui viennent d’être adoptés. Ne ratez pas la prochaine * Réunions pour les parents : 3 fois par an, les parents qui sont en attente d’adoption ont l’occasion de partager entre eux leurs expériences et leurs difficultés. * Réunions des bénévoles : tous les 15 jours, les bénévoles de Mission se réunissent pour réfléchir comment rendre leur mission possible...

A SAINT ETIENNE EN 2009

A LYON EN 2009

► 13 bénévoles ► 13 familles en suivi ► 32 dossiers de demande, 14 retenus ► 23 couples en attente (6 pour la Russie, 5 pour la Colombie, 5 pour la Chine, 4 pour le Vietnam, 1 pour Magadascar, Albanie et Bulgarie) ► 6 couples ont assisté à la réunion de la préparation à la parentalité (en attente d'un enfant attribué) ► 3 enfants arrivés en 2009 (2 de Chine et 1 d'Haïti), entre 14 mois et 3 ans ► Age moyen des parents : 40 ans pour les femmes et 38,5 pour les hommes.

► 15 bénévoles ► 42 familles en suivi ► 200 dossiers de demande d’adoption ► 68 familles en attente ► 12 enfants déjà là en 2009

A GRENOBLE EN 2008 ► 116 dossiers ont été étudiés par l’équipe : 23 acceptés au final (Grenoble et Paris) ► 7 enfants sont arrivés : 3 de Colombie, 2 du Vietnam, 2 de Chine ► 31 familles ont été visitées par les chargées de suivi de l'équipe

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AU DELÀ DES FRONTIÈRES / FOCUS

Bolivie : il faut continuer !

M

MdM prépare un nouveau projet d’accès aux soins des femmes et des enfants.

DM maintient sa présence en Bolivie avec un nouveau projet qui porterait sur la santé materno­infantile et notamment auprès des employées de maison. Pendant cinq ans, une première mission a été conduite à Potosi, laquelle « est devenue partiellement autonome grâce au relais d’organismes locaux », explique Lionel Liron, responsable de cette mission.

C

e nouveau programme serait mené dans le département de Chuquisaca qui regroupe des zones rurales très pauvres pro­gouvernementales et la ville de Sucre, violement opposée à Evo Morales et dont la population est réputée raciste envers les Amérindiens. Dans cette région, les domestiques, généralement de jeunes paysannes migrantes sont victimes de discrimination raciale et privées d’accès aux soins. La santé materno­infantile reste préoccupante : la fécondité et la mortalité infantile sont bien supérieures à la moyenne nationale.

Favoriser l’accès aux soins des domestiques et l’émergence d’un mouvement de reconnaissance de leurs droits et améliorer les capacités locales de gestion des grossesses et de la nutrition infantile devraient être les deux axes de ce projet. L’approche interculturelle restera un pilier de ce programme.La mission exploratoire, qui devra faire le constat de la réalité des beoins et de la faisabilité du projet sera menée en début d’année 2010 par Lionel Liron et Ingrid Tapia, coordinatrice à Potosi et instigatrice du projet Sucre. « Nous serons également accompagnés par Pierre Casedevant, médecin généraliste du CASO de Pau », informe Lionel. Les objectifs sont précis: identifier les communautés ciblées, rechercher des précisions sur la santé de la population, constater les besoins, rencontrer les acteurs locaux. Camila Aragon, Alejandra Cuaran et Audrey Humbert

LA BOLIVIE : l’un des pays les plus vulnérables d’Amérique Latine (source OMS, 2006) • Dépenses consacrées à la santé : 6,6% du PIB • Mortalité infantile : 54 ‰ naissances (67 ‰ à Chuquisaca) • Fécondité : 3,8 enfants par femme (4,5 à Chuquisaca) • 72,7% de la population de Chuquisaca est amérindienne (source : ONU 2001) • Evo Morales : Président depuis 2005, est considéré comme le premier président bolivien d'origine amérindienne

Pakistan : « La mission parfaite » De retour d'une mission au Pakistan, Ludovic de Champs, logisticien, livre ses impressions sur cette nouvelle intervention de MDM auprès des populations déplacées. Depuis mai 2009, plus de 2,5 millions de Pakistanais ont fui la vallée de Swat. Les diktats islamistes imposés par les talibans et leur conflit avec l'armée pakistanaise poussent ces populations à trouver refuge dans des zones plus sécurisées. Arrivé le 18 juin 2009, Ludovic, avec les équipes présentes sur place, a trois semaines pour ouvrir et rendre opérationnelles deux bases logistiques dans les districts d'Islamabad et de Swabi. Objectif : renforcer la capacité d'accueil des structures de santé en partenariat avec les autorités sanitaires locales, créer des outils logistiques et trouver des locaux et des véhicules nécessaires au bon déroulement de la mission. Concrètement cela passe par la mise en place de cliniques mobiles et par un appui à l'hôpital de district pour la prise en charge des déplacés. Lors de cette mission, le travail de Ludovic a consisté ainsi à recruter des équipes. Ce que Ludovic retient avant tout de cette mission, c'est « une culture de la solidarité et de l'hospitalité hyper forte dans un pays hyper structuré » qui rendent son travail de logisticien relativement agréable dans un contexte tendu. La principale difficulté fut pour lui de "se coordonner avec les structures déjà existantes".

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S

Guinée : viols dans le massacre

i ce phénomène de viols sur la femme ne date pas d’hier, il a pris une certaine ampleur dans les pays où sévissent les conflits armés, mais aussi dans les Etats en quête de démocratie, où ils sont utilisés comme une arme de terreur, à l’exemple de ce qui s’est passé en Guinée. Cellou Baldé, qui travaille actuellement sur un projet (« Kindianaise d’assistance aux détenus ») visant l’amélioration des conditions de vie et de santé en milieu carcéral, dans la ville de Kindia, est partenaire MdM dans ce pays. Il avait déjà déploré une dégradation de la situation politique, faisant allusion aux récents actes de barbarie commis par l’armée guinéenne. Il a transmis récemment à MdM des informations relatives aux événements de Conakry, lançant un cri d’alarme au nom des forces vives de la nation, qui constituent la cible de la junte. Alors que Moussa Dadis CAMARA, le chef de l’Etat guinéen, avait déclaré vouloir mener le pays vers une transition démocratique avant de se retirer après sa prise de pouvoir suite à un coup d'état militaire, celui­ci a émis le souhait de se présenter aux élections présidentielles prévues en janvier 2010. Suite à cette annonce, la foule des manifestants s’est réunie le 28 septembre au stade de Conakry pour protester contre cette éventuelle candidature, et a subi une violente répression de la junte au pouvoir. Lors de ces événements, environ 157 morts et plus de 1200 blessés ont été dénombrés, selon l’Organisation guinéenne de défense des droits de l’homme (OGDHO). Le gouvernement prétend pour sa part ne recenser que 57 morts et 200 blessés. Passages à tabac, humiliations intentionnelles et viols ont été perpetrés sur de nombreuses femmes, dont certaines ont témoigné auprès des ONG.

Ces structures sanitaires possèdent une bonne capacité d'accueil, mais l'afflux de population déplacée nécessite un renfort extérieur. Il relève « qu'il est important de ne pas déstructurer un système existant qui fonctionne et qui est garant d'une certaine efficacité ». Ludovic est heureux de parler de l'équipe constituée sur le terrain et d'évoquer la complémentarité des compétences de chacun. Au sein de la communauté, il est accueilli chaleureusement. Sa barbe lui confère une familiarité avec les autochtones, qui lui ont immédiatement attribué un surnom : Sheikh Khan (nom porté par le défenseur des Pachtounes). Très favorable à la présence de MdM, la population participe au succès de la mission et enrichit les échanges. Pour Ludovic, c’est « la mission parfaite ». Cependant, il reste conscient que dans un pays musulman, le fait d'être un homme simplifie énormément les conditions de travail.

Tout laisse à croire que les femmes ont été spécifiquement prises pour cibles. Le nombre exact de victimes de ces exactions reste encore indéterminé. Face à la honte que suscitent les violences sexuelles dans ce pays de culture musulmane, les victimes hésitent à s’exprimer, et les médecins locaux refusent de témoigner. Celles qui osent parler, préfèrent le faire dans l’anonymat, par crainte certainement de représailles. Elles sont nombreuses à rester encore enfermées chez elles, et à craindre de demander de l’aide. A cela s’ajoutent le sentiment de honte et la stigmatisation généralement associés au viol.

Au lendemain du massacre : une femme en deuil. (AFP/Seyllou)

Devant cette situation chaotique, le travail des associations et différentes ONG en place, tant locales qu’internationales, s’avère être à la fois délicat et important, au regard de la situation d’urgence et du climat d’insécurité qui règnent dans le pays. Ces organisations, au même titre que la communauté internationale, devront œuvrer davantage dans la prise en charge médicale et psychologique des victimes, ainsi que sur la sensibilisation, en s’appuyant sur les résolutions internationales existantes en la matière. Le conseil de sécurité des Nations Unies en a adopté plusieurs, notamment celle qui condamne toutes formes de violences sexuelles (1674), et ce quel que soit le cadre dans lequel elles se produisent. L’exemple guinéen n’est malheureusement pas isolé, et doit nous interpeller sur l’ampleur mondiale de ce phénomène. Ainsi, nous appelons chacun à lutter activement contre ce genre de pratiques indignes du genre humain. Lokomo Nondo et Thibault Simonet

Un parcours atypique…

Après des études à Sciences Po, Ludovic, 29 ans, poursuit une formation en menuiserie qu'il complète par un DESS en Humanitaire. Il multiplie ses activités dans l'humanitaire et travaille au sein de MdM depuis 4 ans déjà.

Ludovic 2ème depuis la gauche et son équipe logistique

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A GENDA

ON Y ÉTAIT...

ON Y SERA...

14 juin 2009. L’orchestre des Hospices Civils de Lyon a

7 novembre 2009. 9h à 16h30. Journée régionale à MdM

donné un concert au profit de plusieurs associations, dont MdM, à l’auditorium Maurice Ravel sous le thème : « Porter la musique au cœur de l’hôpital. » Le programme était conçu pour tout public et les morceaux ont couvert un large, du ballet, du spirituel, de la danse, de la légende, et du mythe. « C’était revigorant et porteur, la salle a été enchantée » nous confie Jean André, médecin du CASO de Lyon. Le prochain concert aura lieu en 2010, et MdM devrait encore une fois s'y associer. A ne pas manquer cette année !

Lyon : « Santé Mentale et Précarité » et missions internationales en Asie...

14­22 novembre 2009. Semaine de la Solidarité

Internationale. Guy Caussé participera le 21 novembre à une table ronde à Echirolles. Au festival Sol’enFilms, : MdM animera des débats après les séances des films Welcome (Cinéma Le Lem à Tassin le 22/11 à 19h) et La Consultation (Ecully Cinéma le 23/11 à 20h30). Soyez nombreux à nous y rejoindre !

10­11 octobre 2009. Journées Missions France à Bordeaux. A travers des debats et ateliers, les bénévoles et salariées de toute la région (dont 15 représentaient la délégation Rhône­Alpes) ont profité de l'opportunité de partager leurs expériences et connaissances avec les acteurs des autres délégations, entendre les prises de position de MdM sur les sujets d'actualité, et réflechir à leur engagement personnel.

Tous à vos plumes ! Nous attendons vos articles pour le prochain numéro du RABan.

Pour plus d’informations : www.cadr.fr ou auprès de Paola et Clotilde. 24 janvier 2010. 32ème Foulée Blanche. La partenariat entre MdM et La Foulée Blanche, course de ski de fond à Autrans (Vercors), se poursuit en 2010. Venez nombreux nous rejoindre dans cet engagement citoyen et solidaire. Pour plus d'informations : mdm.grenoble@free.fr

Skiez solidaire avec Médecins du Monde !

A envoyer à l’adresse suivante : delegation.regionale@mdmlyon.net Rédaction : Aurélie Arnoux, Claire Austen, Camila Aragon, Morgane Cariou, Alejandra Cuaran, Gaëlle de la Brosse, Colette Djadeu, Audrey Humbert, Manuel Jaskowiak, Blandine Le Roy, Quentin Leal, Chloé Lhoir, Lokomo Nondo, Mathilde Mariette, Fran McCrae, Liam Nolan, Serge Noujaim, Andra Pomeanu, Ana Popescu, Sabine Rainaud, Marie­Dominique Richard, Isabelle Sanyas, Thibault Simonet, Mélanie Tate, Pauline Trautvetter, Joana Veiga, Marta Wnorowska. Dessin : Manuel Jaskowiak. Photos : Liam Nolan, Philippe Merchez, AFP. Réalisation technique : Quentin Léal, Fran McCrae. Merci à toutes les personnes qui nous ont reçus, à Vincent Charbonnier, Paola Baril et Clotilde Guillerm pour leur soutien et leur aide.

Bienvenue

à L u c as !

Le petit L uca Vaulx­en­V s est arrivé le 8 sep tembre 20 elin. Du h 09 à aut de ses et fort de 48,5 centim ses 3,170 kilos, il re ètres, ses jolis y garde le m eux bleus, onde de et passe d paisibles éjà de lon nuits. Pur gues et produit d Monde, il e Médecin aura fort à s du faire pour traces d’un m e maman c oordinatric archer sur les à Lyon, et e de progra d’un papa mm menuisier MdM ! To et logisticie es us les coll ègu n de ainsi que les 28 néo es de Carole et Lud ovic, ­journalist Lyon, adre es de l’IC ssent leurs O M de félicitation un petit bis s aux pare ou au nouv nts, et el arrivant.

DÉLÉGATIONRÉGIONALERHÔNE­ALPES/BOURGOGNE

MISSIONS DE LA DÉLÉGATION

13 rue Sainte Catherine ­ 69001 Lyon Tél. : 04 78 29 59 14 Fax : 04 26 84 78 08 delegation.regionale@mdmlyon.net

Grenoble : Lyon : Saint Etienne : Les MIR*:

CASO / Mission Hors Centre / Adoption CASO / Mission Hors Centre / Adoption Adoption Algérie et Guinée

(*Missions Internationales Régionales)


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