la santé à l’école
Nouvelle-Calédonie : l’école, lieu de prévention des conduites addictives En Nouvelle-Calédonie, la consommation de tabac, d’alcool et de cannabis est élevée chez les jeunes. Un dispositif de prévention a été mis en place, depuis 2005, dans les collèges, autour de séances d’information et de théâtre forum. Tous les acteurs institutionnels et associatifs sont impliqués. Des enquêtes réalisées en 2003 en population adulte (1) et en 2006 auprès des 16-25 ans (2) ont montré que les principales spécificités des conduites d’alcoolisation étaient la banalisation et la répétition des crises d’ivresse aiguës ainsi que la méconnaissance des repères de consommation à moindre risque définis par l’Organisation mondiale de la santé. Selon l’enquête Escapad 2005 (3), la Nouvelle-Calédonie est l’un des territoires les plus consommateurs : sur les six Dom/Tom/Com, elle arrive en première ou deuxième place pour tabac, alcool et cannabis. Enfin, une étude réalisée en Nouvelle-Calédonie en milieu scolaire en 2005 (4) a indiqué qu’à 14 ans, 52,2 % des adolescents ont déjà expérimenté l’alcool, 39 % le tabac et 17 % le cannabis. À 16 ans, ils sont 74,2 % à avoir expérimenté l’alcool, 60 % le tabac et 42,6 % le cannabis.
Une initiation dès 14 ans Les résultats de ces différentes enquêtes situent l’initiation aux produits psychoactifs vers l’âge moyen de 1415 ans. En raison des importantes conséquences sanitaires et sociales dues aux consommations de produits psychoactifs, le gouvernement de NouvelleCalédonie a défini la prévention des conduites addictives comme une priorité de santé publique et mis en place des actions de prévention en milieu scolaire, les jeunes étant la cible prioritaire d’actions centrées sur le besoin d’information mais aussi sur la valorisation des comportements alternatifs à la consommation de produits psychoactifs. Le milieu scolaire est un lieu privilégié pour atteindre les jeunes, en particulier dans un territoire où il existe des disparités importantes entre populations d’appartenances ethniques et socioculturelles
différentes et dont les modes de vie des adolescents, vivant en milieu urbain, rural ou tribal, sont très éloignés. Le bilan des différentes actions de prévention mises en œuvre jusqu’en 2005 pointait une absence de stratégie bien définie, un manque de coordination entre acteurs et des actions trop rares en éducation pour la santé. D’où l’ambition de fédérer ressources et moyens pour retarder l’initiation aux produits ou éviter le passage d’une consommation occasionnelle à une consommation régulière.
Un dispositif de prévention partenarial Ce dispositif de prévention, créé en 2005, est coordonné par le service de prévention en addictologie de l’agence sanitaire et sociale de la Nouvelle-Calédonie, en partenariat avec le vice-rectorat, les services de prévention provinciaux, une association de prévention et des interlocuteurs de proximité (les enseignants et équipes pédagogiques et socio-éducatives, les infirmières et assistantes sociales scolaires, les comités d’éducation à la santé et à la citoyenneté et, quand cela est possible, les associations de parents d’élèves). Le dispositif évite les actions ponctuelles et favorise celles inscrites dans un projet d’établissement, reposant sur un discours commun entre intervenants de la prévention. Il cible les 14-15 ans (élèves de 4e et de 3e) et permet la discussion autour d’expériences vécues par le jeune dans un contexte où l’identification au groupe et la pression du groupe sont importantes. Les objectifs sont, pour les jeunes, d’acquérir des connaissances sur les produits alcool, tabac, cannabis, d’af-
finer la perception du risque, de valoriser les comportements alternatifs à la consommation de ces produits, d’être capable de se positionner au sein d’un groupe et de prendre des décisions responsables, de développer des compétences pour réaliser des choix positifs. Autre ambition : impliquer les équipes pédagogiques de manière transversale dans le projet d’établissement. Initialement, il s’agissait d’une intervention de deux heures par classe s’appuyant sur un outil pédagogique interactif inspiré du jeu « L’alcool, un labyrinthe pour Fred et ses amis » adapté à la Nouvelle-Calédonie et étendu au tabac et au cannabis1. Progressivement, les intervenants en éducation pour la santé et les jeunes se sont rendu compte que cette séance qui abordait les compétences psychosociales était insuffisante et trop courte ; par ailleurs, des collégiens se plaignaient de manquer de temps pour pouvoir s’exprimer. Une seconde séance de mise en situation d’une heure a été proposée à certains établissements-pilotes afin de mieux travailler sur le comportement, l’affirmation de ses choix et sur les stratégies d’évitement. Elle s’est révélée très riche sur le plan de la libération de la parole, du partage d’expériences et de l’interactivité. Ultérieurement, devant le succès de cette seconde séance, l’idée de faire intervenir des comédiens professionnels a émergé en 2007. Des séances de théâtre forum ont donc été mises en place, menées par deux comédiens, en présence de deux professionnels de la prévention, au rythme de deux séances d’une durée de deux heures par établissement. Le théâtre forum permet de donner la parole aux élèves autour de
LA SANTÉ DE L’HOMME - N° 402 - JUILLET-AOÛT 2009
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