MINISTÈRE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUNICATION ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE D’ARCHITECTURE DE CLERMONT-FERRAND
Mémoire de 5e année
LES JARDINS HOSPITALIERS Espaces de détente et de guérison
AUTEUR : POTING Razvan - Alexandru Directeurs d’études : Amélie FLAMAND Alexis PERNET Raphaël MAGROU Date de présentation : 29 mai 2013
SOMMAIRE
I.
Introduction
II.
Histoire des hôpitaux en relation avec leurs jardins 1. Antiquité 2. Moyen Âge 3. Renaissance 4. Le XVIIe siècle 5. Le XVIIIe siècle 6. Le XIXe siècle 7. Le XXe siècle Conclusions + Frise chronologique
III.
IV.
Analyse comparative des hôpitaux contemporains 1. CHA Woman’s and Children’s Hospital, Bundang, Korea – KMD Architects 2. Hôpital Européen Georges Pompidou, Paris, France – arch. Aymeric Zublena 3. Hôpital privé Jean Mermoz, Lyon, France – arch. Françoise-Hélène Jourda 4. Landeskrankenhaus Hartberg , Autriche – arch. Klaus Kada 5. Dartmouth-Hitchcock Medical Center, Lebanon, NH, USA – arch. Shepley, Bulfinch, Richardson and Abbott Conclusions + Tableau analyse comparative
Analyse du CHU Estaing de Clermont-Ferrand 1. Histoire du site 2. Groupe-6 3. Insertion urbaine 4. Typologie 5. L’architecture de l’hôpital Conclusions V. Conclusion VI. Bibliographie VII. Annexes VIII. Table de matières
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Je tiens à remercier : - mes professeurs Amélie Flamand et Alexis Pernet, pour leur encadrement tout au long de l’année. - mon directeur d’études, Raphaël Magrou, pour ses conseils avisés et pour la confiance qu’il m’a accordée. - mes parents qui ont rendu mes études possibles. - les architectes : Michael Pukszta, Antoine Buisseret, Brigit de Kosmi, Rémy Butler, Ronan Desormeaux et Arnold Burger qui ont consacré de leur temps pour répondre à toutes mes questions. - mes amis et collègues : Anne-Sophie Monnin, Yann Zielinski et Mathieu Bertin qui ont rendu mon français déchiffrable et qui m’ont accompagné tout au long du mon Master.
Van Gogh – Le jardin de la maison de santé à Arles, 1889.
Introduction
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I. INTRODUCTION 1. Sujet, motivation De par mon intérêt pour l’architecture de la santé, j’ai réalisé le travail du mémoire sur les jardins et les espaces verts, situés (ou absents) dans les ensembles hospitaliers contemporains. Ces espaces libres sont en fait des interfaces, des espaces de connexion entre l’hôpital, la ville et la nature. De plus, une étude sur ce thème, intègre la problématique de développement durable, qui coïncide avec ma façon de concevoir l’architecture. Mon intérêt pour l’architecture de la santé est motivé par la situation actuelle des hôpitaux en Roumanie, mon pays d’origine. Là-bas, il existe deux principales générations d’hôpitaux : ceux construits en XIXe siècle et au début du XXe siècle (architecture classique) et les autres, construits entre les années 60 et 80. Après les années 90, le pays traversa une période caractérisée par l’absence d’une politique cohérente soutenue par l’état, pour la construction des hôpitaux publics. Les seuls projets réalisés furent du domaine des cliniques privées. La démarche future à prévoir est la conception et construction d’une nouvelle génération d’hôpitaux. D’une part, pour remplacer la première génération devenue depuis obsolète, mais aussi afin de remettre aux normes les hôpitaux des années 60 et 80. Mon objectif personnel est de prendre part à la naissance de ces hôpitaux, après la fin de mes études. D’autre part, je trouve que la conception durable dans le domaine architectural et urbain, doit être des lors, une façon naturelle de concevoir un bâtiment public d’importance, tel qu’un hôpital. 2. Avant-propos Actuellement, partout dans le monde, le principe de conception et de développement des hôpitaux est de s’ouvrir vers le patient, vers le public et vers la ville – principe couramment appelé humanisation. Ce terme n’est pas nouveau, il est apparu en France dans les années 50 et il a été confirmé par la première circulaire ministérielle « relative à l’humanisation des hôpitaux » publiée le 5 décembre 1958. La même thématique est toujours d’actualité, 60 ans plus tard. Bien sûr, la signification du terme a évolué en même temps que la société. Par exemple, pendant les années 60, l’humanisation des hôpitaux se traduisait par l’assouplissement des conditions de visites et par la suppression des dortoirs communs. Plus tard, pendant les années 80, ce fut les proportions
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monumentales des hôpitaux qui furent considérés comme inhumaines. Afin de chercher une réponse à ces problèmes, le model de l’hôpital horizontal est apparu au début des années 90. Ce dernier, parfois structuré le long d’une rue intérieure, arrive à articuler l’échelle monumentale de l’équipement avec l’échelle humaine du patient. Aujourd’hui, après 60 ans, on parle toujours de l’humanisation. C’est à mon avis, une preuve que cette démarche ne fut pas une totale réussite. Dans cette démarche de réflexion, la nature peut-elle rendre l’hôpital enfin humain ? Une raison expliquant ce manque d’humanité est le développement technologique accéléré des hôpitaux, qui sont devenues de véritables « machines à guérir » (Michel FOUCAULT). De plus, la politique actuelle, en raison des coûts élevés, cherche à tenir au minimum la durée d'hospitalisation et vise une efficacité maximale. Durant la dernière partie du XXe siècle, en lien avec les progrès technologiques, les jardins ont peu à peu perdu de leurs surfaces, ou ont été totalement oubliés de la conception des hôpitaux. Le prix du foncier, les fermetures d'établissements spécialisés en raison de l'efficacité accrue des médicaments, le coût d’entretien des jardins, le besoin de places de parking, l’évolution de la médecine, la rationalisation des budgets médicaux ont tous joué les rôles prédominants de ce déclin. 3. Problématique Dans le contexte actuel, les questions que je me suis posé sont les suivantes : Le jardin, dans le sens classique du terme, a-t-il encore un rôle important pour un hôpital contemporain ? Qu’apporte-t-il à la vie des patients et des employés ? Qu’apporte-t-il à la ville qui l’accueille ? Comment peut-on le réinterpréter et l’adapter aux besoins de la médecine actuelle ? Un autre objectif de mon travail de mémoire est d’étudier certaines fonctions, quelques peu atypiques, du jardin d’hôpital : petite agriculture, thérapie occupationnelle ou encore la possibilité de partager le jardin avec la ville. Cette liaison, hôpital – quartier (ville), m’intéresse particulièrement, car les jardins peuvent servir d’espaces tampons entre ces deux entités, il existe de plus la possibilité de les partager. Un tel type de décision peut partiellement résoudre le problème de l’enclavement des hôpitaux et ainsi les ouvrir à la ville.
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4. Méthodologie Afin de trouver des réponses à ma problématique, j’ai réalisé une étude en trois parties. Celle-ci est censée traiter de la thématique des jardins en univers hospitalier au travers des époques et dans plusieurs endroits du monde. Cette étude ne sera pas exhaustive, et ne présentera que des exemples pertinents, témoins majeurs de leurs époques et de leurs localités. Avant de me lancer dans la formalisation de ces trois parties, j’ai mis en place un protocole commun d’analyse des hôpitaux et des jardins, comportant des critères d’étude précis. Cette série des classifications m’a aidé à mettre en ordre et de synthétisé les informations récoltés pour chaque hôpital analysé. Le protocole s’appuie, de plus, sur le dictionnaire personnel des typologies hospitalières (le protocole et le dictionnaire seront présentés à la fin de l’introduction). a. Histoire : Comme point de départ de l’étude, j’ai effectué une série de recherche sur l’histoire des hôpitaux en rapport à leurs jardins. Il est bien connu qu’autrefois, les hôpitaux étaient pensés comme des bâtiments pavillonnaires insérés dans de grands jardins verts. En plus des raisons d’hygiène (bâtiments séparés pour éviter les infections entre les sections), l’emplacement pavillonnaire permettait aux patients de se détendre et de se promener dans les jardins. À l’époque, passer du temps dans la nature était considérée comme une thérapie à part entière et nécessaire. Ospedale degli Innocenti, Florence.
Actuellement, la stérilisation microbienne a permis de prévenir les infections. Les distances entre les pavillons sont devenues un fort facteur de ralentissement de la vitesse d’intervention. À cause de cela ainsi que des autres facteurs
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pragmatiques, les jardins ont perdu leurs rôles (et leurs surfaces) traditionnels. Ils furent remplacés par d’énormes parkings, héliports, extensions des bâtiments, annexes, etc. Dans la partie historique de mon étude, j’ai cherché à traiter ce changement radical d’approche, afin de comprendre mieux l’architecture des hôpitaux actuels. b. Hôpitaux contemporains : Afin de traiter la situation actuelle, dans la deuxième partie, j’ai réalisé une analyse comparative entre certains hôpitaux contemporains situés dans plusieurs endroits du monde. Cette comparaison me permettra de découvrir plusieurs façons de concevoir les hôpitaux, dans des cultures médicales et architecturales différentes. Chaque hôpital choisi a sa propre typologie et sa propre façon de mettre en relation le patient et la nature. Toutes ces approches sont des réponses très différents, mais tout à fait justifiés, à la problématique du jardin d’hôpital d’aujourd’hui. Hôpital Jean Mermoz, Lyon.
c. Le CHU d’Estaing à Clermont-Ferrand : Finalement, en troisième partie, j’ai réalisé une étude de cas sur le nouveau CHU Estaing de Clermont-Ferrand. Cette étude m’a donné l’opportunité d’observer, analyser et finalement de vivre un espace hospitalier et ses jardins. Lors de mon étude, j’ai trouvé intéressant d’étudier cet hôpital car c’est un établissement récent, construit en accord avec les dernières idées contemporaines. De plus, la proximité de l’hôpital m’a permis d’être efficace sur la recherche et d’avoir l’opportunité d’effectuer un véritable travail de terrain : visites d’observation, photos, entretien avec l’architecte (Antoine Buisseret), questionnaires pour les patients, etc.
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CHU d’Estaing, ClermontFerrand.
En plus de la formalisation de ces trois parties, j’ai envoyé une série de questionnaires à des architectes ayant déjà réalisée des bâtiments du domaine de la santé. J’ai choisi des agences localisée dans plusieurs endroits du monde, pour avoir une vision globale sur le sujet. Les opinions et les expériences racontés par ces architectes m’ont aidé à structuré mes idées et surtout m’ont fait sortir de la vision un peu romantique que j’avais sur les jardins des hôpitaux. C’est ici que Michael Pukszta (Cannon Design, St. Louis, États-Unis) a joué un rôle important, car j’ai réalisé avec lui un entretien, lors duquel, il m’a fait comprendre l’approche États-Unienne, très pragmatique, sur la thématique étudiée. L’ensemble de ces démarches m’ont amené a considéré ma problématique sous différents points de vues parfois contradictoires du fait des intérêts et des opinions des acteurs. Finalement, ces contradictions ont enrichi et affiné mon étude sur un sujet complexe, n’ayant pas des réponses uniques.
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A. PROTOCOLE COMMUN POUR L’ANALYSE DES HÔPITAUX ET DES JARDINS a. Dimension temporelle : - époque, style (antiquité, roman, gothique, renaissance, baroque, classique, art nouveau, moderne, postmoderne, contemporain) - style de l’hôpital, style du jardin originel et modifié (les jardins sont plus éphémères que le bâtiment de l’hôpital – facile à modifier) b. Dimension spatiale : - situation : (continent, pays) - climat : (influence du climat sur le choix des plantes et sur la conception paysagère du jardin, l’ensoleillement - ombrage) - influence de la culture locale sur la conception du jardin (à la française, anglaise, japonaise, etc.) c. Typologie d’hôpital : - typologies établis par l’ouvrage Patrimoine hospitalier – Un parcours à travers l’Europe, CARRÉ (Dominique) – l’influence de la typologie sur la disposition des jardins, hôpital dans un jardin ou jardin dans un hôpital. - hôpital antique, hôpital de type halle, maison hospitalière, hôpital en croix, hôpital classique ou en damier, hôpital en peigne, hôpital pavillonnaire, palais hospitalier, hôpital monobloc, tour sur un socle, hôpital polybloc, hôpital-rue. (http://europaphe.aphp.org/fr/b1.html) - insertion de l’hôpital dans la ville, le rôle du jardin, interface entre les deux. d. La perception du jardin : - accessibilité (le jardin est-il accessible aux malades, au personnel, aux habitants de la ville ?). - vue sur le jardin (le jardin est visible depuis les chambres des malades, depuis les espaces publiques, etc.). - perceptions (visuelle, olfactive, etc.). e. Fonctions des jardins : - utilisation directe (présence physique dans l’espace) : - circulation, espace de promenade, rencontre et sociabilisation, espace de jeux pour enfants, espace de récupération et de rééducation pour les patients ayant eu des traumatismes, espace de détente pour les employés. - jardin de plantes médicinales, petit agriculture - thérapie occupationnelle. - espace de cérémonies (religieuses).
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- utilisation indirecte (la présence physique dans l’espace n’est pas nécessaire) : - vue agréable pour les salons, source d’oxygène, espace tampon entre les salons et de potentielles sources de bruit et de pollution (avenues, écoles, marchés, etc.), médiateur entre l’hôpital et la ville. - cimetière. f. Évolution : - la dimension éphémère du jardin – c’est l’endroit de l’hôpital qui est plus facile à changer. - évolution du jardin au même temps que l’hôpital (les hôpitaux sont des équipements évolutifs dans le temps ; ils grandissent comme les plantes du jardin).
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B. DICTIONNAIRE DE TYPOLOGIES a. L’hôpital antique
Les hôpitaux d’Antiquité se trouvaient d’habitude à côté des temples, parce que la guérison était toujours due aux dieux. Toutes les salles sont organisées autour d’une cour rectangulaire avec une source d’eau au milieu. La cour était utilisée pour la circulation, l’éclairage naturel, la récupération d’eau, les cérémonies religieuses, etc. Son traitement était généralement minéral pour mieux servir à son fonctionnement.
b. L’hôpital type halle
Les églises hospitalières, spécifiques pour le Moyen-Age, se dotent d'une salle commune (parfois plusieurs), de plan généralement rectangulaire, disposée perpendiculairement aux bâtiments religieux et caractérisée par une architecture monumentale. La vaste salle est parfois dotée d'un autel, à une de ses extrémités, pour que les malades puissent assister à l'office religieux depuis leur lit. Pendant cette époque, les moines ont utilisé l’espace libre entourant comme jardin pour les plantes médicinales. c. Maison hospitalière
La maison hospitalière, ou d’hospitalité, renoue avec la tradition d’accueil des plus déshérités. Installée le plus souvent dans le centre des villes, elle occupe parfois un îlot entier et s’organise, comme une grosse demeure urbaine, autour d’une cour centrale. À cause de la haute densité bâtie du centre villes médiévales, la cour était d’habitude insuffisante et mal éclairée. Cette dernière avait des fonctions plutôt techniques (circulation, éclairage, stockage).
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d. Hôpital en croix Cette typologie, spécifique de la Renaissance, était organisée autour d’une croix grecque ou latine, surmontée d’une coupole. Au centre de croix était présente la chapelle. Les avantages de cette typologie étaient la possibilité pour les patients des quatre ailles de suivre les offices religieux et la surveillance était facilitée. L’inconvénient est que la salle centrale recueille les germes infectieux des quatre salles et ainsi les propage entre elles. Cette typologie, par sa géométrie, détermine d‘habitude quatre petites cours techniques. e. Hôpital classique ou en damier En juxtaposant les salles communes, autour d'une chapelle unique, située dans l’axe de symétrie, l'hôpital classique adopte de nouvelles formes morphologiques dont les caractéristiques sont : la présence de plusieurs cours intérieurs, une symétrie récurrente et une orthogonalité rigide. Les cours ont un rôle de représentation, faisant partie de la composition générale. La forme générale des édifices est cependant variable : carré simple ou rectangle, damier à plusieurs cours, qui constituent autant de variantes possibles. Cette typologie est spécifique de la Renaissance. f. Palais hospitalier Souvent financé par des mécènes riches ou philanthropes (ou par les rois), le palais hospitalier, par référence au « palais social », peut prendre la forme d’un château ou d’un vrai ensemble hospitalier. Il s’agit en général d’un corps de bâtiment d’aspect soigné avec ou sans ailes en retour. Accompagné par de jardins développés et de petits pavillons qui complètent la composition, il est souvent construit en périphérie des villes, principalement pendant le XVIIe siècle.
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g. Hôpital en peigne
Cette typologie était définie en XVIIIe siècle, mais elle était en fait caractéristique pour le XIXe siècle. Les salles communes se superposent, formant des pavillons clairement identifiés reliés entre eux par une galerie. Celle-ci ceinture souvent une cour centrale et forme le lien entre tous les bâtiments qui viennent s'y greffer, perpendiculairement ou parallèlement. L'hôpital s'organise le plus souvent en symétrie par rapport à l'axe entréechapelle. La cour centrale a un rôle de représentation, accueille et loisir. Les petites cours, qui se forment entre les pavillons, ont un rôle à la fois de détente pour les patients séparés en fonction de leur pathologie, et à la fois technique.
h. Hôpital pavillonnaire
L'hôpital pavillonnaire, caractéristique pour le XIXe et le XXe siècle découle directement de l'hôpital en peigne, poussant à l'extrême la recherche de séparation des pathologies et la volonté d'éviter les effets des contagions. Le complexe hospitalier, qui est dit éclaté, est composé de pavillons totalement séparés. La circulation entre les pavillons se fait parfois par des galeries souterraines. La composition des jardins est aussi importante que celle des bâtiments et contribue aux soins. i. Hôpital monobloc
L'hôpital monobloc, apparu au début du XXe siècle, se concentre en un seul bâtiment, caractérisé par la superposition des " pavillons " et des services. Les circulations convergent vers un unique pôle vertical. Ce système facilite le déplacement du personnel en réduisant les distances à parcourir et accentue l'ensoleillement et l'aération des chambres et des salles communes par l'orientation et l'élévation des bâtiments. L’invention de l’hôpital monobloc représente l’abandon des jardins pendant le processus de conception. Ils ont été remplacés par de grands parkings, héliports, plateformes techniques, etc.
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j. Hôpital tour sur socle Issu du modèle monobloc, cette typologie opère une nouvelle séparation des fonctions de l’hôpital. La partie technique (blocs opératoires, imagerie médicale) se concentre à la base du bâtiment, sur un plateau, tandis que l'hébergement se répartit sur les niveaux superposés de la tour. Les moyens techniques architecturaux permettent de construire de plus en plus haut. Au niveau des jardins, la situation est identique avec la typologie monobloc – ils font défaut.
k. Hôpital polybloc Les blocs d'activités ou d'hébergement, constitués désormais de chambres doubles ou individuelles, se multiplient. Cette concentration horizontale crée des établissements denses, ramassés, homogènes et ouverts sur la ville. L'hôpital horizontal, correspond à une volonté d'humanisation de l'hôpital, qui passe par son intégration au site et son ouverture physique et scientifique sur la ville qui l'entoure. Cette volonté d’humanisation est présente aussi dans la conception de jardins, qui apparaissent sous forme de terrasses végétalisées sur le socle.
l. Hôpital-rue Issu du modèle polybloc, ce type d’hôpital est caractérisé par une nouvelle organisation le long d'une rue intérieure qui relie entre eux les différents pôles médicaux. Cette rue est d’habitude semipublique et elle offre aux utilisateurs un espace clair et accueillant vers lequel tous les services médicaux s’ouvrent. La rue est souvent végétalisée, et devient un jardin traversant de l’hôpital.
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II. HISTOIRE DES HÔPITAUX EN RELATION AVEC LEURS JARDINS 1. ANTIQUITÉ Afin de donner une perspective globale sur la thématique de l’architecture hospitalière, ainsi que sur les évolutions fonctionnelles et formelles des jardins, je présenterai une étude sur leur histoire au travers du temps. Cette étude est un point de départ déterminant, qui me permettra de me lancer ensuite dans l’analyse des hôpitaux contemporains. Pour évoluer de la pratique préhistorique basée sur la magie, vers une vraie institution, la médecine a eu besoin d’un contexte favorable, de stabilité. Ce contexte a été trouvé pour la première fois durant l’époque de l’Égypte Antique. Égypte antique Nous pouvons aujourd’hui comprendre les préoccupations en soins de l’Égypte antique, par la découverte d’informations sur la réalisation de diverses manipulations médicales (tel que la trépanation ou l’anesthésie) et par la découverte d’instruments et de traitement. De plus, la découverte des différentes pratiques mortuaires qui constituaient le processus de momification, témoignaient de la maîtrise d'une technique complexe. « Aux yeux des Égyptiens, la plupart des maladies - du moins celles dont la cause n'était pas dut à un accident perceptible - étaient en fait l’effet des puissances hostiles. Leurs traitements dépendaient donc de la magie et seul un sorcier était apte à opérer. […] On pourrait penser que la pratique de l'embaumement avait familiarisé les Egyptiens avec l'anatomie interne du corps humain. Mais curieusement ce ne fut pas le cas car des définitions fantaisistes apparaissent assez souvent dans leurs écrits. » 1 La médecine était pratiquée dans les maisons de soins Sanatoriums souvent situées à côté des temples (par exemple le temple d'Imhotep à Memphis durant la Basse époque où encore les temples de Dendre et Deir El-Bahari). Les informations que nous possédons sur ces derniers sites sont trop pauvres pour nous faire une idée précise de leur fonctionnement. De plus, la réalité climatique égyptienne rend l’hypothèse de la présence de jardins végétalisés autour d’équipement de soins, peu probable. POSENER (Georges), SAUNERON (Serge), YOYOTTE (Jean), Dictionnaire de la civilisation égyptienne, Ed. Meridiane, Bucarest, 1974, page 96. 1
Une consultation médicale dans l'Égypte antique.
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Maison de soins à côté du temple de Dendre.
Grèce antique La médecine de la Grèce antique a stimulé, influencé et guidé la médecine arabe et européenne. Elle fut essentiellement reliée à la religion et à la magie, non seulement à ses débuts, mais aussi plus tard. La véritable médecine avait, depuis l'âge homérique, un caractère positif en accordant une attention particulière aux symptômes de chaque patient. Les descriptions des cas graves indiquent l’existence d’une certaine connaissance de l'anatomie. « Homer, nous confirme que même le dieu de la médecine, Asclépios (Esculape pour les Romains), était à l’origine un médecin mortel (XIe ou Xe siècle avant J.C.) Pour ses mérites spéciaux, il fut par la suite divinisé. En Grèce antique les médecins n'avaient pas de domicile fixe, en voyageaient dans le monde et s'arrêtaient deux ou trois ans dans une ville. Ils voyageaient accompagnés de leurs serviteurs. » 2 Le plus grand médecin de l'Antiquité fut Hippocrate (né dans l'île de Cos à 460 avant JC). Ses concepts ont constitué les fondements de la médecine moderne. Autour de 300 av. J.C., le culte d’Asclépios est devenu de plus en plus populaire. Les pèlerins venaient au temple avec l’espoir d'être guéris. Ils DRÂMBA (Ovidiu), Istoria culturii şi civilizaţiei, vol.3, Editura Ştiinţifică şi enciclopedică, Bucarest, 1990, page 30. 2
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dormaient durant la nuit, et le lendemain racontaient leurs rêves à un prêtre qui leur prescrivait un remède. Ce dernier était souvent un passage aux bains ou au gymnase. Les serpents étant considérés comme sacrés par Asclépios - ils étaient souvent utilisés dans les rituels de guérison. Les établissements de soins les plus connues étaient : l’Asclépiéion de Trikke en Thessalie (aujourd'hui connu sous le nom de Trikala) et l’Asclépiéion d’Épidaure. Ce dernier était traditionnellement considéré comme le berceau d’Asclépios. Ce vaste temple est encore aujourd’hui très bien préservé. Sur le thème de l’emplacement des asclépiéions, Vitruve a écrit : « Pour tous les temples on devra choisir les sites les plus sains avec des sources appropriées là où l’on doit ériger des Sanctuaires, particulièrement en l’honneur d’Asclépios et de Salus, et en général pour les dieux dont le pouvoir de guérir agit manifestement sur les gens. Comme les personnes malades transportées d’un lieu malsain dans un lieu sain où l’eau provient de fontaines salubres retrouveront plus rapidement la santé. Il en résultera pour la divinité une réputation et une autorité accrues. » 3 L’Asclépiéion de Corinthe illustre très bien les logiques du choix du lieu d’implantation. L’ensemble était divisé en deux parties – le temple et le bâtiment de soins. Les représentations d’ensemble montrent que le temple a été construit sur un relief de faible hauteur, auquel l’accès se faisait par une rampe. Devant lui s’étendait une grande cour carrée bordée de portiques sur ses quatre côtés. Le portique nord abritait une source, dont les eaux étaient captées dans de grands réservoirs. De plus cette cour, abritant un autel, était principalement utilisée pour des cérémonies religieuses. Le zone dédiée aux soins était située dans la partie Est de l’Asclépeion. Elle était composée d’un bâtiment carrée de deux étages, adossé à la colline sur laquelle était situé le temple. Sa cour était également de forme carrée, et entourée de 3
VITRUVE, Les dix livres d'architecture, Editura Academiei, Bucarest, 1964, page 55.
L’Asclépiéion de Corinthe : plan, coupes.
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portiques sur ses quatre côtés. Son utilisation était principalement fonctionnelle: de gérer les circulations entre les salles, d’éclairage naturel, d’activités ménagères, etc. L’hypothèse du fait qu’elle fût utilisée comme un espace de détente en plein air pour les malades, n’est pas très plausible. Ce besoin était satisfait par la cour du temple, considérée comme la cour principale de l’ensemble.
Rome Antique
Hôpital d’Ostie – plan.
« Dans la période de la Rome antique, la médecine avait en premier lieu un caractère traditionnel (avec des traitements à base d’herbes tel que des infusions). Depuis la période d'entrée en contact avec la médecine grecque (environ 200 avant JC) elle est alors passée aux principes hippocratiques. À partir du IIe siècle après J.C., Rome a vu apparaitre les premiers médecins privés ayant installé leurs cabinets dans leurs logements personnels. Pour la première fois, un système d'assistance sociale est organisé par l'état. Le statut des médecins évolue a celui de ‘’fonctionnaire’’, et les citoyens sont alors consultés et traités gratuitement. » 4 Le premier exemple d’hôpital, connu en Occident, a été construit dans le Port d’Ostie (le port de Rome durant l’antiquité). Ses fondations ont été découvertes lors de fouilles archéologiques et nous donnent des informations sur son organisation. L’hôpital d’Ostie été fondé en 380 après J.C. Notons qu’Il était contemporain avec un autre hôpital établit aux environs de Rome. En réalité, ils n’étaient pas les seuls de leur époque : dans l’empire d’Orient, il existait des institutions semblables, en particulier celui construit aux portes de Césarée en Cappadoce (construit en 370). Celui-ci était une véritable cité hospitalière, le complexe était constitué de : une hôtellerie pour les pèlerins et voyageurs, des pavillons avec infirmeries, une léproserie, des ateliers, des logements et une église. Si de nombreux textes parlent de ce lieu, aucune traces physiques n’a survécu aux dégâts du temps. VAIS (Gheorghe), Programe de Arhitectură, Editura UTCN, Cluj-Napoca, 1998, page 83. 4
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À contrario, sur le site d’Ostie, sont encore visibles les ruines de trois bâtiments d’hospitalisation, réunis autour d’une cour carrée fermée sur le quatrième côté par une chapelle. L’ensemble avait un puits central et était entouré sur son périmètre intérieur d’une galerie fermée, doublée d’un péristyle. « Les archéologues n’ont pas trouvé d’ouvertures, mis à part les portes. Mais il est possible que des fenêtres hautes placées au-dessus des toitures en apprentis amenaient un éclairage à l’intérieur des salles. (La reconstruction d’édifice est basse sur les hypothèses qu’il est possible Hôpital d’Ostie – d’inscrire un carré en coupe reconstruction dans les salles et un triangle volumétrique. équilatéral dans la nef de l’église. Ces proportions sont rencontrées fréquemment dans les constructions de l’époque). » 5 Il est bien connu que l’organisation de la maison romaine était le point de départ pour de nombreux types d'équipements publics dans la Rome antique (thermes, temples, etc.) De plus, elle était le point de départ pour les premiers plans des églises chrétiennes. Après un regard comparatif, j’ai découvert que la typologie architecturale de l’hôpital d’Ostie (et peut-être de tous les hôpitaux romaines) était également inspiré par le domus roman. Le domus était un type d’habitation urbaine unifamiliale de l’antiquité romaine. Ses principales caractéristiques sont : - L’inexistence de contact entre les habitants et l’extérieur, car aucune fenêtre ne communique avec la rue. -
le bâtiment se développe au long d’un axe de symétrie (fauces – atrium – tablinum – hortus). l’accès se fait par un vestibule (fauces). les pièces sont organisées autour d’une cour intérieure (atrium), demiprotégée par un toit.
RENAUD (Jean-Luc), L’architecture des hôpitaux - Mémoire de troisième cycle en architecture, ENSA Clermont-Ferrand, 16 Juin 1980, pages 2-3. 5
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Domus romain – axonométrie, plan.
l’ouverture du toit permet à l’eau de pluie de remplir le bassin (impluvium), l’élément central de l’atrium.
Toutes ces caractéristiques du domus romain se retrouvent aussi dans l’organisation de l’hôpital d’Ostie. La seule grande différence entre les deux est le remplacement du tablinum, dans le plan de l’hôpital, par une grande chapelle. La typologie de l’hôpital était fermée, le seul espace libre était la cour intérieure. Le traitement de cour fut exclusivement minéral (dallage en pierre) pour servir à son utilisation plutôt fonctionnelle. Son rôle dans le cadre de l’hôpital était de : gérer les circulations entre les salles, récupérer l’eau de pluie et d’éclairer naturellement les salles. En dehors de l'hôpital d’Ostie, nous ne connaissons que peu d'exemples dans les âges qui ont suivies. Ce fait, s’explique par les guerres et le chaos qui a suivi la chute de l'Empire romain. En cette période, la construction d’hôpitaux en Europe a fortement ralenti, mais des documents attestent l’existence d’un certain nombre d’hôpitaux dans l’empire d’Orient, en Inde, à Ceylan, etc. Début de Moyen Âge En Europe, seulement après 400 années de la construction de l’hôpital d’Ostie, a été construite l’Abbaye bénédictine de Saint-Gall en Suisse (en 814), comportant une zone de soins. Aujourd'hui, il reste peu de vestiges de cette abbaye médiévale. La plupart des bâtiments actuels, y compris l'abbatiale, furent reconstruits entre 1755 et 1768 dans le style baroque. Heureusement le plan, conservée jusqu’à nos jours, peut nous aider à comprendre l’organisation de la partie d’hospitalisation de l’abbaye.
Histoire
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L’abbaye de Saint-Gall – plan.
La zone de soins se développe dans la partie Est de l’enceinte de l’abbaye, en axe avec la cathédrale. L’ensemble de soins est construit sur une logique de symétrie, dont l’axe est constitué d’une petite chapelle avec double abside (une pour les malades et une pour les novices). Au nord de la chapelle est implanté la maison des novices et au Sud l’hôpital (développé autour d’une cour intérieure). Juste à côté de l’hôpital se trouvent une infirmerie pour les traitements, la maison du frère médecin et un jardin pour les plantes médicinales. La typologie d’hôpital de Saint Gall est simple, un bâtiment carré entoure une cour intérieure. La cour végétalisée, était entourée par une circulation et comportait une petite fontaine au milieu. Grace à ses proportions différentes de celle de la cour de l’hôpital d’Ostie, celle de l’hôpital de Saint Gall était plus adéquate pour fonctionner comme un espace de détente et de récupération pour les malades. De plus, à Saint Gall était présent un jardin clos pour les plantes médicales qui témoigne des profondes connaissances des moines sur la médecine traditionnelle.
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Typologie spécifique, conclusions Les hôpitaux antiques ont été d’habitude reliés aux temples, parce que la guérison était toujours due aux dieux. Les informations, que nous avons aujourd’hui, sont trop pauvres pour affirmer l’existence de vrais jardins hospitaliers, pendant la période de l’antiquité. Malgré ça, les écritures de l’époque, décrivant les traitements basés sur de plantes médicinales, nous suggèrent l’existence des jardins, nécessaires pour la cultivassions de ces plantes. Typologie : L’hôpital antique (exemples : les Asclépeions grecques, l’hôpital d’Ostie) Cette typologie est caractérisé par l’organisation des toutes les salles de l’hôpital autour d’une cour rectangulaire avec une source d’eau au milieu. La cour était utilisée pour la circulation, l’éclairage naturel, la récupération d’eau, les cérémonies religieuses, etc. Son traitement était généralement minéral pour mieux servir à son fonctionnement.
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2. MOYEN ÂGE Une civilisation stable et Fresque Basilica di San organisée est réapparu en Vitale. Europe seulement à partir Ravenne, e du XII siècle et Italie. l’architecture hospitalière a changé radicalement : la construction en bois est abandonnée et les nouveaux hôpitaux sont construits en pierre, qui jusque-là était réservée aux églises. De plus, dans la seconde moitié du XIIe siècle, l’architecture gothique s’épanouit et les premiers grands hôpitaux chrétiens sont construits avec des nefs voutées semblables à celles des cathédrales. Un des premiers édifices hospitaliers qui a bénéficié de ce nouveau style a été l’Hôtel Dieu d’Angers. Fondé en 1153, l’ensemble comportait une grande salle principale en trois nefs, une chapelle, des logements et un vaste magasin ou grenier, propre à abriter des provisions de toutes natures. Tous ces bâtiments étaient articulés autour d’une cour rectangulaire, destinée à gérer les circulations et l’accès dans les bâtiments. L’emplacement frontal de cette cour suggère qu’elle était aussi conçue comme une cour d’entrée pour l’accueil des patients et du roi fondateur. En Occident, presque tous les monastères avaient leurs propres infirmeries, appelées hôpitaux, qui étaient en fait des abris de repos et d'assistance pour les voyageurs pauvres et pour les pèlerins. Un exemple très connu est l'Hôpital du monastère de Cluny construit en 1157. Le plan de ce complexe monastique, est surprenant grâce à la présence des deux espaces pour les malades : l'infirmerie ancienne et la grande infirmerie. Le plan est le résultat de deux étapes
L’Hôtel-Dieu d’Angers – plan.
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Monastère de Cluny – plan à 1157.
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successives de développement de la zone de soins. L'ancienne infirmerie, accompagnée par la grande infirmerie et par la maison du prieur, constituent un ensemble, organisé autour d'une petite cour intérieure à l'extrémité ouest de l'enceinte. « Des hôpitaux existaient aussi en dehors des monastères et pendant le XIIIe siècle, tous les centres urbains ont eu au moins un grand hôpital et plusieurs petits hôpitaux, confiés aux communautaires religieuses. Les hôpitaux ont généralement un seul niveau. Les chambres étaient spacieuses, les planchers en carrelage de pierre, les fenêtres grandes et les lits séparés. De plus, chaque hôpital était doté d’un approvisionnement d’eau et d’un dispositif de drainage de la saleté.» 6 Deux modèles bien conservés de cette typologie médiévale sont : l’Hôpital Notre-Dame-des-Fontenilles à Tonnerre et l’Hôtel-Dieu de Beaune - les deux situées en Bourgogne. L’Hôpital Notre-Dame-des-Fontenilles à Tonnerre, fondé par Marguerite de Bourgogne, en 1293, se compose essentiellement d’une grande salle des malades (88m de long et 18m de largeur). « La grande salle abritait quarante cellules de boiseries dans chacune desquelles se trouvait un lit. Cette salle était séparée de la chapelle par un jubé qui mettait en communication deux galeries latérales qui, établissant une circulation continue audessus des alcôves permettaient d’ouvrir les fenêtres et de surveiller l’intérieur des cellules. » 7
VAIS (Gheorghe), Programe de Arhitectură, Editura UTCN, Cluj-Napoca, 1998 page 84. 7 RENAUD (Jean-Luc), L’architecture des hôpitaux - Mémoire de troisième cycle en architecture, ENSA Clermont-Ferrand, 16 Juin 1980, page 6. 6
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L’Hôpital NotreDame-desFontenilles à Tonnerre.
La relation qu’on trouve ici, entre la salle de malades et la chapelle, est un modèle pour les hôpitaux de Moyenâge. Elle permettait aux malades de suivre la messe depuis leurs lits. À l’extérieur de la grande salle, l’ensemble était complété par le bâtiment de service, la cuisine, le jardin de la reine, un lavoir, un cimetière, une prieure et une fontaine. Il est à noter que deux canaux souterrains passant des deux côtes de la grande salle, entraînant dans la rivière les vidanges de l’établissement. Cette solution était souvent employée, au même titre que la fosse, dans les hôpitaux. En 1650 le grand hall est désaffecté et transformé en église par Louis XIV. Pour remplacer les fonctions de la grande salle, des autres bâtiments hospitaliers ont été édifiés. Vers 1850, les bâtiments des années 1650 sont démolis, parce qu’ils ne répondent plus aux exigences médicales. De plus, les bâtiments de services originaux et le petit château de la reine ont été détruits et remplacés par un parc. Aujourd’hui il ne reste que le grand hall et le parc aménagé au XIXe siècle. L’ensemble fonctionne
L’Hôpital NotreDame-desFontenilles à Tonnerre plan.
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actuellement comme office du tourisme et musée. Le parc géométrique, dans sa forme actuelle, ne présente pas d’intérêt pour mon étude, parce qu’il a été construit longtemps après le grand hall aillant déjà perdu sa fonction de soins. Un siècle et demi plus tard, en 1451, l’Hôtel Dieu de Beaune a été réalisé. Ce fut une référence pour la conception et pour la typologie des Hôtels Dieu de Moyen-Âge. L’hôpital était fondé par Nicolas Rolin, chancelier du duc de Bourgogne, avec l’autorisation du pape Eugène IV. Le plan de l’hôpital est organisé autour d’une cour intérieure de forme rectangulaire d’environ 65 m de longueur et 20 m de largeur. Cette cour abrite le noyau initial : la chambre de Pauvres et la chapelle avec la sacristie. Ce noyau a été complété par des bâtiments organisés autour de la cour - chambre SainteAnne, salle Saint-Hugues, salle Saint-Nicolas, cuisine, salle de conseil d’administration, pharmacie, etc. À l’origine, l’hôpital était en forme d’U – la partie nord-ouest, qui a clos l’ensemble, a été ajoutée en 1649. Cette partie a été construite dans un style différent du reste de l’hôpital, spécifique à son époque et elle se compose d’une grande salle (salle Saint-Louis), un laboratoire, la salle du polyptyque et le logis des aumôniers. L’entrée principale du bâtiment est située en bordure de la rue, entre la grande halle de Pauvres et la zone de sœurs. Les malades, arrivant par le vestibule d’entrée, accédaient à la halle directement, sous la conduite de la sœur chargée de l’accueil. « Afin que les hospitaliers puissent circuler d’un lieu à l’autre à l’abri des intempéries, notamment pour le transport de repas, des galeries basses et hautes avaient été prévues le long des façades, côté cour : le fonctionnement de l’hôpital exigeait que ces galeries soient plus larges que celle de demeures privées, de sorte qu’elles assombrissaient considérablement les chambres de l’étage. Pour remédier à ce problème, on eut recours à des «louvres», vastes lucarnes-pignons qui interrompaient la toiture dans l’axe des fenêtres de chaque chambre. » 8
BROUSSET (Michel), L’Hôtel Dieu de Beaune, Somogy éditions d’art, Paris, 2005, page 36.
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L’Hôtel-Dieu de Beaune – plan.
L’alimentation en eau courante a été un enjeu très important pendant la construction d’hôpital. Les nécessités d’eau ont été satisfaites par la rivière Bouzaise qui, à l’époque, traversait à ciel ouvert les abords de l’hôpital. La troisième aile édifiée (l’une du sud-ouest) a été implantée pour les deux tiers sur la Bouzaise. De plus, de nombreux puits fournissaient l’eau destinée à l’alimentation, à la toilette et au lavage de la vaisselle. (Le puits principal est présent dans la cour rectangulaire centrale). À l’époque, l’ensemble englobait une buanderie et un lavoir. Le lavoir était situé dans la cour. Il a été démoli en 1854, pour permettre de couvrir la rivière et de paver la cour à son emplacement. Au sud de l’Hôtel-Dieu s’entendait un grand terrain occupé par des jardins et par un cimetière. Une longue galerie permettait d’y circuler à l’abri des intempéries : elle desservait deux chambres destinées aux pauvres malades frénétiques et une chapelle mortuaire. C’est au XVIIe siècle que le manque de
L’Hôtel-Dieu de Beaune – cour intérieure.
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place poussa les administrateurs à entreprendre des constructions dans les jardins. (Greniers, annexes). La construction de ces derniers avait réduit la superficie du cimetière qui s’avéra bientôt trop petit et fut alors déménagé. Aujourd’hui, l’ancien Hôtel-Dieu est un musée visité par 400.000 personnes chaque année. Typologies spécifiques, conclusions Pendant le Moyen-Âge la médecine restait toujours reliée à la religion. En conséquence, l’acte médical était réalisé par des prêtres dans des bâtiments qui ressemblaient aux églises. Typologie 1 : L’hôpital type halle (exemples : l’Hôtel-Dieu d’Angers, l’Hôpital Notre-Dame-des-Fontenilles à Tonnerre) Les églises hospitalières, spécifiques pour le Moyen-Âge, se dotent d'une salle commune (parfois plusieurs), de plan généralement rectangulaire, disposée perpendiculairement aux bâtiments religieux et caractérisée par une architecture monumentale. La vaste salle est parfois dotée d'un autel, à une de ses extrémités, pour que les malades puissent assister à l'office religieux depuis leur lit. Pendant cette époque, les moines ont utilisé l’espace libre entourant comme jardin pour les plantes médicinales. Typologie 2 : La maison hospitalière (exemple : Hôtel-Dieu de Beaune) La maison hospitalière, ou d’hospitalité, renoue avec la tradition d’accueil des plus déshérités. Installée le plus souvent dans le centre des villes, elle occupe parfois un îlot entier et s’organise, comme une grosse demeure urbaine, autour d’une cour centrale. À cause de la haute densité bâtie du centre villes médiévales, la cour était d’habitude insuffisante et mal éclairée. Cette dernière avait des fonctions plutôt techniques (circulation, éclairage, stockage).
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3. RENAISSANCE
Au XIVe siècle le grand mouvement de la Renaissance s’est ressenti dans tous les domaines de la culture humaine et dans ce contexte particulier les hôpitaux ont eu une situation privilégiée. L’attachement pour les valeurs humaines, qui sont une constante de ce mouvement, s’est exprimé d’une façon très distincte dans la conception des hôpitaux. Pour expliquer cette affirmation il faut analyser les origines de la Renaissance qui ont vu le jour à Florence, en Italie. L’histoire de l’architecture nous dit que le premier bâtiment de la Renaissance était le dôme de la cathédrale Santa Maria del Fiore à Florence (1420-1436) réalisé par Filippo Brunelleschi. Dans cette même période, (1419-1424) il conçu et bâti le Spedale degli Innocenti (l'hôpital des Innocents) à Florence, pour accueillir les enfants abandonnés. Le design de Brunelleschi était basé sur le style classique roman, l’architecture romane italienne et sur le gothique mature. Si la façade « loggia » était un modèle de traitement bien connu pour son époque, l'utilisation de colonnes rondes à chapiteaux classiques, (dans ce cas de l'ordre composite) en collaboration avec des dosserets était un élément nouveau. De même, les voûtes circulaires surplombées de coupoles sphériques segmentées furent des expressions architecturales inédites. La logique des proportions utilisées resta d’origine classique : par exemple la hauteur des colonnes n'était pas arbitraire : l’espacement des colonnes était de distance égale à leur hauteur propre, cette proportion formait ainsi un motif régulier, celui du carré. Ce désir de régularité et d'ordre géométrique est devenu un élément important de l'architecture de la Renaissance.
Docteur Schnabel de Rome, pendant la peste noire (gravure de Paul Fürst 1656).
Spedale degli Innocenti, Florence – façade principale.
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Spedale degli Innocenti, Florence – plan.
Ospedale Maggiore, Milan.
La planimétrie de l’hôpital n’était pas aussi révolutionnaire que la composition de la façade. Elle était plutôt une évolution des modèles anciens, comportant des cours intérieurs bordées par les ailles du bâtiment sur leurs quatre côtés. On peut trouver ici deux cours : le cloître des hommes et celui des femmes, indépendants l'un de l'autre. Comme dans la période gothique, les deux cloîtres sont entourés par des chambres de soins et par une chapelle. Leur traitement était exclusivement minéral. L’évolution typologique consistait essentiellement à modifier les proportions des cours et de les adapter aux idées et proportions de la Renaissance (par exemple le cloître des hommes est un carré parfait). Au cours de la Renaissance, si on analyse les plans et les dispositions de cette nouvelle génération d’hôpitaux, on remarque deux typologies prédominantes basées sur l’emploi de la symétrie et des proportions classiques : - le plan carré ou rectangulaire entourant une ou plusieurs cours intérieurs. - le plan en croix, comportant souvent une chapelle située en son centre.
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Pour la première catégorie le modèle est l’Ospedale Maggiore de Milan réalisé par Antonio Filarete en 1457. À l’époque, en XVe siècle, il s’affichait comme le plus grand hôpital de l’Europe. Sa planimétrie est très régulière, basée sur des carrés adjacents. Ces carrés sont en fait, de grandes cours bordées par des portiques. La grande cour d’honneur, située dans l’axe de symétrie, porte le rôle d’articuler l’entrée principale et la grande chapelle. Ospedale Maggiore, Milan plan.
Pour la deuxième catégorie (le plan en croix), un des premiers exemples fut l’hôpital Vecchio à Parme, Italie, construit en 1476-1508. À l’origine, l’hôpital était organisé autour d’une croix grecque surmontée d’une coupole. La chapelle était située au centre de cette croix. En 1763 fut édifié l’oratoire San Ilario à l’intérieur même du plan de l’hôpital, l’entrée fut donc modifiée par l’architecte Louis Auguste Feneulle, faisant passer le plan de croix grecque à une croix latine. Les avantages de cette typologie étaient : - la possibilité pour les patients des quatre ailles du bâtiment de suivre les offices religieux. - une facilité de surveillance des patients. L’inconvénient est que la salle centrale recueille les germes infectieux des quatre salles et ainsi les propages entre elles. Cette disposition se répètera à l’Hôpital de Rois de Saint Jacques de Compostelle à Florence et à l’hôpital Santa-Cruz à Tolède, ces deux édifices furent réalisés par Enrique Egas.
L’hôpital Vecchio, Parme – vue aérienne.
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Typologies spécifiques, conclusions La recherche d’organisation, qui est une constante de la Renaissance, s’est trouvée aussi dans la conception des hôpitaux, en générant des typologies très claires, géométriques. De plus, la médecine s’éloignait de la religion par la recherche des réponses scientifiques pour les maladies et leur guérison. Typologie 1 : L’hôpital classique ou en damier (exemple : l’Ospedale Maggiore de Milan, Italie) En juxtaposant les salles communes, autour d'une chapelle unique, située dans l’axe de symétrie, l'hôpital classique adopte de nouvelles formes morphologiques dont les caractéristiques sont : la présence de plusieurs cours intérieurs, une symétrie récurrente et une orthogonalité rigide. Les cours ont un rôle de représentation, faisant partie de la composition symétrique générale. La forme générale des édifices est cependant variable : carré simple ou cour rectangulaire, damier à plusieurs cours, qui constituent autant de variantes possibles. Cette typologie est spécifique de la Renaissance. Typologie 2 : L’hôpital en croix (exemples : l’hôpital Vecchio à Parme, Italie) Cette typologie, spécifique de la Renaissance, était organisée autour d’une croix grecque ou latine, surmontée d’une coupole. Au centre de croix était présente la chapelle. Cette typologie, par sa géométrie, détermine d‘habitude quatre petites cours techniques.
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4. LE XVIIe SIÈCLE
Pour le cas de la France, nous ne connaissons la plupart des hôpitaux du XVIe siècle que par le biais de gravures et dessins. Il nous faudra donc attendre le XVIIe siècle pour trouver des hôpitaux bâtis d’une seule pièce et qui ont survécu entièrement ou partiellement aux dégâts du temps. C’est le cas de l’hôpital Saint-Louis, dont la construction a été ordonnée par le roi Henri IV en 19 mai 1607. La décision a été prise après une épidémie de peste qui ravagea Paris en 1606. La capacité d’accueil de l’Hôtel-Dieu était insuffisante, il était donc nécessaire de bâtir un nouvel établissement, hors de la ville, pour les pestiférés.
« Il avait été admis qu’il ne fonctionnerait qu’en temps d’épidémie, ce qui arriva en 1619, 1623, 1628, 1636, 1638, 1651, 1670, 1709, 1729. Plus tard, après avoir servi de dépôt de blé dans les périodes de disette, et suite à l’incendie de 1772, il devint un hôpital permanent. […] Construit en dehors de la ville, il comporte une double enceinte de murailles et deux cours concentriques qui l’enveloppent et interceptent toute communication avec la ville. » 9 RENAUD (Jean-Luc), L’architecture des hôpitaux - Mémoire de troisième cycle en architecture, ENSA Clermont-Ferrand, 16 Juin 1980, page 18. 9
Leçon d'anatomie du docteur Tulp, Rembrandt, 1632.
L’hôpital Saint-Louis, Paris.
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L’Hôpital Royal de Chelsea, Londres.
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La structure de l’hôpital est organisée autour d’un quadrilatère central de 120m de côté. Ce quadrilatère abritait au rez-de-chaussée les convalescents et au premier étage exclusivement les malades. Cette disposition permettait d’éviter la contamination aérienne. Quatre pavillons de services disposés en équerre doublent les angles du quadrilatère. Dans ces bâtis, suffisamment éloignés de la zone contagieuse, se trouvent les espaces pour les médecins, prêtres, infirmières, serviteurs, etc. La communication entre les deux enceintes se faisait par des galeries couvertes. Cette nouvelle typologie d’hôpital présente deux grandes cours de fonctionnements totalement différents. La cour carré (appelé Le Carré de Saint-Louis), organisé comme un jardin à la française, était utilisé par les convalescentes. Au milieu était disposé une fontaine afin d’augmenter la sensation d’espace naturel. La deuxième cour était utilisée comme un espace de services, conçu pour desservir le quadrilatère des malades. En dehors de ces annexes se situaient un ensemble de terrains de culture. Limités par un mur d'enceinte, ils étaient munis de petits pavillons pour les jardiniers. Au fond de ce domaine considérable se trouvait un bâtiment isolé appelé : le Pavillon royal. Autrefois, un établissement de cette importance était supposé, comme un château seigneurial, pouvoir vivre sur lui-même. Il était donc le centre d'un domaine cultivant arbres fruitiers et légumes. Un jardin botanique était utilisé pour approvisionner l'apothicairerie. Cet hôpital, augmenté par de nouveaux pavillons fonctionna jusqu’à 1980, lorsqu’un nouvel hôpital fut construit au nord des bâtiments historiques. Aujourd’hui, l’ancien ensemble est utilisé pour des activités administratives et de recherche, il abrite de plus un musée de dermatologie. De l’autre côté de la Manche, en Angleterre, fut fondé en 1682, par le Roi Charles II, l’Hôpital Royal de Chelsea. Il fut bâti pour accueillir les vétérans de l’armée régulière qui ne pouvaient plus servir la patrie (malades ou trop âgés). Christopher Wren fut chargé d’en dessiner les plans et de diriger les travaux. Ses plans s'inspirèrent de l'Hôtel des Invalides de Paris. La construction fut menée rapidement et à la mort de Charles II, en 1685, le bâtiment principal ainsi que la chapelle étaient achevées. En 1686 Wren agrandit ses plans originaux pour ajouter deux ailes,
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une à l'est et l’autre à l'ouest de la cour centrale. « Le complexe fut conçu comme un ensemble de bâtiments et de cours situés sur un vaste terrain faisant face à la Tamise. Le premier bâtiment terminé fut « Figure Court », agrandi pour intégrer « Light Horse » et « Collège Courts ». […] « Figure Court » inclut la chapelle et le Grand Hall, avec un vestibule octogonal entre les deux. Les bâtiments à quatre étages, de chaque côté de « Figure Court », hébergent les grandes salles où vivent les pensionnés. Ces grandes salles sont aménagées d’une série de «box». L’hôpital comportait un « jardin d’eau », un verger, et un jardin d’agrément dessiné par John Gibson vers 1860. Le Royal Hospital de Chelsea, qui a ouvert un centre social, accueille aujourd’hui environ trois cents soixante pensionnés dans les bâtiments d’origine qui ont été modernisés. L’hôpital abrite un musée illustrant son histoire. » 10 L’Hôpital Royal de Chelsea, Londres plan.
Le traitement des trois cours de l’hôpital est à peu près similaire, chacune ayant une petite statue au centre. La grande cour centrale est légèrement différente des autres, car elle est aménagée comme une cour d’honneur, avec une circulation centrale et de la végétation basse. La tour de la chapelle se trouve dans l’axe de symétrie de la cour, formant ainsi l’accent vertical de la composition.
CARRÉ (Dominique), Patrimoine hospitalier – Un parcours à travers l’Europe, Monum, Éditions du patrimoine, Paris, 2001, page 30. 10
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Typologies spécifiques, conclusions Le XVIIe était caractérisé par la construction de grands hôpitaux, en dehors de villes, afin d’éviter la transmission de maladies, mais aussi pour offrir aux malades un cadre naturel, calme. Typologie : Le palais hospitalier (exemples : l’Hôpital Royal de Chelsea, l’hôpital Saint-Louis à Paris) Souvent financé par des mécènes riches ou philanthropes (ou par les rois), le palais hospitalier, par référence au « palais social », peut prendre la forme d’un château ou d’un vrai ensemble hospitalier. Il s’agit en général d’un corps de bâtiment d’aspect soigné avec ou sans ailes en retour. Accompagné par de jardins développés et de petits pavillons qui complètent la composition, il est souvent construit en périphérie des villes, principalement pendant le XVIIe siècle.
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4. LE XVIIIe SIÈCLE
Au XVIIIe siècle, la typologie d’hopital déjà existante (appelé classique) continue de se développer : l’Hôtel-Dieu de Lyon, Guy Hospital quartier de Southwark à Londres, l’Hôpital général de Douai dans le Nord-Pas-de-Calais, etc. Mais c’est dans ce siècle qu’apparait une nouvelle typologie : la typologie pavillonnaire.
The Doctor's Visit, Egbert Van Heemskerk III, 1725.
Dans la première catégorie, la typologie classique, je prendrai comme objet d’analyse l’Hôtel-Dieu de Lyon, un des plus avancés et complexes de son époque. Il est construit sur la presqu'île, sur la berge du Rhône. Il fut construit sur les fondations du tout premier hôpital lyonnais (attesté en 1184). En 2007, il fut décidé de transférer ses services dans d'autres établissements, afin de pouvoir vendre le bâtiment et son site exceptionnel. Il est, depuis la fin de l'année 2010, totalement désaffecté. L’HôtelDieu de Lyon.
La partie de l’Hôtel-Dieu qui nous intéresse est l’extension construite entre 1741 et 1751 par Germain Soufflot – un jeune architecte revenu de Rome pour s’établir à Lyon. « Il a découvert et relevé en Italie les plans de plusieurs églises à coupoles construites pour la plupart en briques et travertin, matériau élastique qui résistait mieux aux secousses que la pierre d’appareil française. Le jeune Soufflot à
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L’HôtelDieu de Lyon coupole.
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un gout pour les effets théâtraux allié à un véritable sens des affaires. » 11 Sa personnalité d’architecte et son penchant pour l’architecture italienne sont lisibles dans le dessin de l’extension de l’Hôtel-Dieu qu’il a réalisé. Cette extension consistait en un grand bâtiment (324m) le long du Rhône, complété par quatre bâtiments perpendiculaires. Dans l’axe de symétrie du bâtiment, Soufflot avait prévu un dôme monumental couvrant la chapelle. Une de ses fonctions était de fournir une cheminée d’évacuation de l’air vicié des salles des malades. L’élément le plus frappant du dôme est sans doute son parement intérieur, traité en trompe-l’œil. L’organisation verticale de l’hôpital est pragmatique, comportant deux étages pour les malades, les combles pour les séchoirs et au rez-dechaussée des arcades abritant des boutiques à louer et des chambres payantes. Les quatre ailles perpendiculaires contiennent les chambres des malades et les escaliers. En plus de cela, elles séparent plusieurs cours intérieurs. À cause de la grande densité du milieu urbain lyonnais et de la hauteur de l’hôpital, ces cours ne sont pas généreuses, ni bien éclairés. En fait, cette façon de construire est diamétralement opposé à la typologie pavillonnaire qui est apparu à la deuxième partie du XVIIIe siècle. L’hôpital pavillonnaire s’est développée au début en Angleterre et a ensuite influencé la conception des hôpitaux, partout en Europe, Russie et Amérique. Le premier de ce type est l’Hôpital Royal de Plymouth, construit entre 1756 et 1764 par l’architecte Rovehead. L’idée principale de son projet était d’éviter la dispersion de maladies contagieuses par l’isolement de chacune d’elles dans un ensemble de pavillons aérés et ventilés au maximum.
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PÉTILLOT (Anne), Patrimoine hospitalier, Editions Scala, Paris, 2004.
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Cet hôpital, de 1200 places, est organisé de façon symétrique : 15 pavillons arrangés autour d’une grande cour. La moitié de l’ensemble comporte les pavillons des femmes et l’autre, les pavillons des hommes. Cette séparation des genres est visible depuis l’entrée principale, bordée par deux petits bâtiments. Ces dernières contiennent la loge du portier et les pièces destinées à la réception des malades : salle d’attente, bureau d’examen, vestiaires. À proximité, sont disposés les salles de bains, le service de désinfection des habits et les entrepôts d’objets personnels. Suite à l’entrée nous trouvons la grande cour, bordée par deux files de sept pavillons et comportant la chapelle en fin de perspective. Cette dernière a sur l’un de ses côté les logements des prêtres et de l’autre un amphithéâtre de dissections anatomiques. L’Hôpital Royal de Plymouth - vue aérienne.
L’Hôpital Royal de Plymouth - façade.
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« Chaque file comporte quatre pavillons des malades, à partir de l’entrée, renferment la cuisine et la pharmacie. Elles sont reliées par une galerie couverte, tandis qu’un autre, de la hauteur du rez-de-chaussée, relies les bâtiments espacés entre eux de 24 mètres. Chaque bâtiment a trois étages : le rez-de-chaussée est destiné aux convalescents, les deux étages suivants aux malades et le troisième est employé à loger les gens de service, les magasins, ainsi qu’un réservoir d’eau qui alimente les salles, les lavoirs et les latrines. […] Une rue de vingt-quatre mètres de large, entoure l’hôpital. Sur son parcours se trouvent les hangars, remises, écuries, magasins de bois, charbon et autres annexes nécessaires. Le convoi mortuaire l’empruntera sans qu’il soit vu des malades. » 12 La grande cour mesure 56 mètres de large et 240 mètres de long. Son ampleur nous donne une idée sur l’importance de l’espace vert dans le processus des soins des patients. On sait de plus, qu’au milieu de la cour, pendant les siècles précédents, était cultivé un jardin d’herbes médicinales. Plus tard, à Plymouth, pour couper le vent, un mur fut construit le long de la ligne droite définie par les bords extérieurs des pavillons latéraux. Apres cette intervention, les bâtiments n’étaient plus tout à fait détachés. La réputation de cette hôpital était assurée en 1788, quand sir Joseph Banks (1743-1820) a décrit ce lieu au physicien français Jean-Baptiste Le Roy : « Notre Hôpital Royal de Plymouth, qu’on a trouvé par expérience être fort et bon, est peut-être la meilleure construction de tous ceux que nous avons dans le Royaume. (2 Oct. 1788) » Cette typologie hospitalière ressemble à celle de la Saint-Barthélemy (Londres) et à celle du Royal London Hôpital. Dans tous ces trois cas les bâtiments forment des grandes cours centrales, bordées de galeries. En plus de ces deux typologies principales, le XVIIIe siècle était marqué par l’imagination de projets utopiques, d’hôpitaux idéaux. Ces derniers ont été inspirés par la célèbre œuvre Mémoire sur les hôpitaux de Paris écrite par le chirurgien Jaques Tenon. Les projets sont apparus suite à l’incendie qui a détruit une grande partie de l’Hôtel-Dieu de Paris en 1772. Ce désastre, suivi par la nécessité de reconstruction, fut une occasion de réflexion et de débat qui allait faire naître les grands principes de l’hôpital moderne. L’architecte Bernard Poyet, inspiré par les idées de Tenon, a cherché à offrir une réponse à ce problème, par la proposition d’un projet pour la reconstruction de l’Hôtel-Dieu. « La forme que sieur Poyet donne à son édifice est celle d’un cercle RENAUD (Jean-Luc), L’architecture des hôpitaux - Mémoire de troisième cycle en architecture, ENSA Clermont-Ferrand, 16 Juin 1980, page 32-33. 12
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composé de grandes salles tendant au centre et séparées par de vastes cours. Le premier avantage que présente cette forme imposante est de retracer l’un des plus beaux monuments de Rome, le Colisée ; de se décorer elle-même et par-là de prévenir les dépenses en décoration dont les autres formes ont besoin. » 13 Persuadé par les idées et les théories aéristes de Poyet, l’Académie des sciences de Paris a défini les principes essentiels du nouvel hôpital moderne, sous forme d’un cahier des charges, qu’elle confiera à Poyet et dont les points essentiels sont les suivantes : - suppression des concentrations de Projet non réalisé de Poyet malades. - création des pavillons isolés ne comportant pas plus de deux étages. - chaque pavillon doit être séparé de son voisin par des cours-jardins d’environ 30 mètres de largeur. - un soin particulier est porté à la ventilation naturelle des salles ainsi qu’à l’évacuation des matières souillées. - afin d’obtenir un ensoleillement maximum, l’orientation des bâtiments est préconisée d’être nord-sud. - la distribution doit être faite par des galeries couvertes (mais pas fermées) favorisant la circulation d’air. Les deux références essentielles qui guidèrent la mise en forme des dessins du Poyet furent les hôpitaux militaires (baraques) d’une part et d’autre part l’hôpital Royal de Plymouth qui fut visité par Tenon. L’architecture hospitalière au XIXe siècle. L’exemple parisien, Les dossiers du musée d’Orsay. 13
pour la reconstruction de l’HôtelDieu, 1785.
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Le modèle de Tenon – Poyet – plan.
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Ce projet, réalisé par Poyet, connu comme le modèle de Tenon-Poyet, a servi ensuite de modèle théorique aux premiers hôpitaux pavillonnaires français, qui ne sortirent de terre qu’un demi-siècle plus tard. Du point de vue administratif, en France, le XVIIIe siècle a entraîné de nombreux changements : la notion de charité a été modifiée en notion d’assistance et tous les biens hospitaliers ont été nationalisés. Suite à ces changements, sont apparus deux notions qui demeurent encore notre système de référence actuel : nombre de lit par habitant et prix d’une journée d’hospitalisation. Typologies spécifiques, conclusions Le XVIIIe siècle fut un siècle d’interrogations et des recherches sur l’avenir des hôpitaux. Ces démarches ont formé la base théorique de l’hôpital moderne. Typologie 1 : L’hôpital classique (exemples : l’Hôtel-Dieu de Lyon) La typologie de l’hôpital classique restera d’actualité jusqu’à XVIIIe siècle, ainsi que d’autres typologies connus (palais hospitalier, hôpital en peigne).
Typologie 2 : L’hôpital en peigne (exemples : l’Hôpital Royal de Plymouth, le modèle Tenon-Poyet) Cette typologie fut définie par la construction de l’hôpital Royal de Plymouth est par la réalisation du modèle théorétique Tenon-Poyet en XVIIIe siècle. Cependant, elle était en fait e caractéristique pour le XIX siècle et je la traiterai dans le chapitre suivant.
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5. LE XIXe SIÈCLE Le XIXe siècle fut marqué par la révolution industrielle, l’urbanisation et, conséquence de ces deux facteurs, par de grandes épidémies. C’est pour ça que le modèle Tenon-Poyet, conçu pour réduire la propagation des infections internes, fut très utilisé pendant plus d’un demi-siècle. Le premier hôpital pavillonnaire en France fut celui de Bordeaux (hôpital SaintAndré, 1823), mais le premier à suivre toutes les indications de Tenon-Poyet fut l’Hôpital Lariboisière à Paris (1846-1854, architecte : Martin Pierre Gauthier). Le vaste terrain de 5 hectares situés sur le boulevard de la Chapelle à Paris a permis une orientation nord-sud des pavillons. « Six cents malades sont accueillis dans six pavillons séparés par des préaux-promenoirs plantés de 21 mètres de largeur. Ils sont distribués en peigne de part et d’autre d’une cour centrale rectangulaire, délimitée par une galerie de circulation, un corridor surmonté d’une galerie découverte. Deux quartiers de trois pavillons chacun sont ainsi nettement séparés, l’un accueillant les femmes, l’autre les hommes, selon les principes de répartitions de l’époque. […] La composition est fermée par deux corps de bâtiments linéaires. L’un sur la Rue Ambroise-Paré abrite l’entrée, l’administration, la cuisine et la pharmacie. L’autre comprend des bâtiments de services généraux entre lesquelles est encastrée la chapelle, placée sur l’axe longitudinal symétrique à l’entrée. » 14
FERMAND (Catherine), Les hôpitaux et les cliniques – architectures de la santé, Le Moniteur, Paris, 1999, page 21-22. 14
Anatomy of the heart, Enrique Simonet,
L’hôpital Lariboisière, Paris.
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L’hôpital Lariboisière, Paris - plan.
Les jardins hospitaliers
Les pavillons ont deux niveaux de hauteur et sont construits sur des caves voutés pour les isoler de l’humidité du sol. Vers la ville, cette typologie était très fermée en ne laissant aucun contact entre les malades et le monde extérieur. De la même manière que les pavillons, les jardins sont très fortement séparés et hiérarchisés, chacun ayant une fonction bien définie. Devant l’entrée principale est située une petite cour d’honneur, par laquelle il est possible d’accéder à la grande cour centrale. Celle-là, aménagé de façon géométrique, est le centre de composition et joue le rôle d’espace d’articulation entre les pavillons. L’aménagement d’origine, avec ses trois zones de basse végétation, une fontaine au centre et la circulation sur le périmètre a été conservé jusqu’à aujourd’hui. Cependant, durant les années ’70, un plateau médico-technique fut construit sous la cour. Afin de permettre l’éclairage de ce niveau souterrain, une série de puits de lumières fut rajouté au plan initial de la cour centrale. Entre les pavillons se trouvent 8 préaux pour les malades, celui-ci étant utilisé pour la détente en plein air. Aujourd’hui les cours ont perdu leur caractère et leurs aménagements initiaux et sont utilisés comme parking ou espace technique. Les abords de l’ensemble servaient de grand espace de promenade planté. Aujourd’hui ils sont occupés par de nouveaux bâtiments hospitaliers construits pendant les années ‘70. La typologie de l’hôpital Lariboisière était facilement intégrable dans la planification urbaine générale de nouveaux quartiers. Elle est donc rapidement devenue le modèle d’hôpital dont la capitale devait se doter. Suite à cela, deux grands hôpitaux furent construit à Paris suivant la même typologie : le nouvel Hôtel-Dieu (1877) et l’hôpital Tenon (1978). Inspirée par les hôpitaux parisiens, les états unis ont vue arrivé la construction d’hôpitaux tel que, le
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Johnson Hopkins Hospital à Baltimore en 1876, qui influença la construction de nombreux hôpitaux américains pendant la fin du XIXe siècle. Le XIXe siècle s’illustre comme le siècle de Louis Pasteur, de la découverte du monde microbien et des méthodes d’antisepsie (les techniques de stérilisation). Ces nouvelles théories ont fait tomber les certitudes du modèle Tenon et ses implications architecturales. La nouvelle réflexion était de transformér le modèle de l’hôpital pavillonnaire en peigne, alors obsolète. Donc de diviser le modèle Tenon en plusieurs bâtiments totalement séparées – l’hôpital pavillonnaire. L'hôpital pavillonnaire, caractéristique de la fin du XIXe et du début du XXe siècle, découle directement de l'hôpital en peigne, poussant à l'extrême la recherche de séparation des pathologies et la volonté d'éviter les effets des contagions. Le complexe hospitalier, dit éclaté, est composé de pavillons totalement séparés. La circulation entre les pavillons se fait, dans certains cas, par des galeries souterraines assurant ainsi une liaison technique. La composition des jardins est aussi importante que celle des bâtiments et contribue aux soins. « L’architecture hospitalière change d’échelle : les pavillons séparés, affectés à des pathologies spécifiques, deviennent plus domestiques, avec leurs toitures en combles mansardés. Aux frontons et ordres classiques succèdent les modénatures de matériaux
Johnson Hopkins Hospital, Baltimore – plan.
Johnson Hopkins Hospital, Baltimore – carte postale.
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Les jardins hospitaliers
de l’époque. […] Entre l’image de l’architecture domestique et celle de la cité industrielle de la fin du XIXe siècle, la nouvelle cité hospitalière est conçue comme une cité-jardin aménagée sur des emprises foncières de plus en plus importantes. » 15 Les premiers grands hôpitaux de ce genre (l’hôpital de la Pitié à Paris, l’hôpital Edouard-Herriot à Lyon et l’hôpital Brugmann à Bruxelles) sont apparus seulement à l'aube du XXe siècle. Typologies spécifiques, conclusions Le XIXe siècle fut la période d’apogée pour les jardins hospitaliers. Les théories « aéristes », en conseillant la séparation drastique des pathologies dans les hôpitaux, ont générée de grands jardins végétalisées. Ces jardins ont joué un rôle important dans le processus de guérison des patients. Typologie : L’hôpital en peigne (exemples : l’hôpital Lariboisière à Paris, l’hôpital Tenon à Paris, l’Hôtel-Dieu de Paris, Johnson Hopkins Hospital à Baltimore, USA) Cette typologie était définie par la construction de l’hôpital Royal de Plymouth est par la réalisation du modèle théorétique Tenon-Poyet en XVIIIe siècle, mais elle était en fait caractéristique pour le XIXe siècle. Les salles communes se superposent, formant des pavillons clairement identifiés reliés entre eux par une galerie. Celle-ci ceinture souvent une cour centrale et forme le lien entre tous les bâtiments qui viennent s'y greffer, perpendiculairement ou parallèlement. Cette forme résulte directement d'une réflexion sur l'hygiène, la volonté d'une bonne ventilation et la séparation des pathologies. L'hôpital s'organise le plus souvent en symétrie par rapport à l'axe entrée-chapelle. La cour centrale a un rôle de représentation, accueille et loisir. En même temps, les petites cours, qui se forment entre les pavillons, ont un rôle à la fois de détente pour les patients séparés en fonction de leur pathologie, et à la fois technique. FERMAND (Catherine), Les hôpitaux et les cliniques – architectures de la santé, Le Moniteur, Paris, 1999, page 24. 15
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6. LE XXe SIÈCLE Le début du XXe siècle fut marqué par la construction des deux hôpitaux emblématiques, qui illustreront parfaitement la typologie d’hôpitaux pavillonnaires (ou pastoriens). Les deux furent conçus par de grands architectes de leur époque : Tony Garnier et Victor Horta. Le premier, conçu par Tony Garnier autour de 1909, c’est l’hôpital GrangeBlanche à Lyon, appelé aujourd’hui Edouard-Herriot. L’hôpital est composé de seize pavillons totalement séparés, comportant mille deux cents lits sur 16 hectares. Chaque pavillon est autonome et regroupe un à deux services d’environ soixante lits. L’administration et la logistique générale sont situées dans deux bâtiments indépendants. Ils sont reliés entre eux et aux restes des pavillons par un réseau de 2.5 kilomètres de galeries souterraines.
À cause de la 1ère guerre mondiale, la construction fut interrompue. En 1930, à son ouverture tardive, l’hôpital était déjà dépassé par les nouvelles tendances comme Catherine FERMAND l’explique dans Les hôpitaux et les cliniques – architectures de la santé :
Formule moléculaire de la pénicilline.
L’hôpital GrangeBlanche, Lyon.
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Les jardins hospitaliers
« En effet, les principes de décentralisation vigoureusement défendus jusque-là sont progressivement abandonnés : l’hôpital Beaujon à Clichy, conçu en 1932 par Jean Walter, LouisVictor Plousay et Urbain Cassan, sur l’exemple des hôpitaux-blocs américaines, entérine la conception plus fonctionnelle des hôpitaux verticaux, aux dépens de celle des cités jardins. » 16
L’hôpital GrangeBlanche à Lyon plan.
Le deuxième exemple d’hôpital pavillonnaire est l’Hôpital Burgmann, conçu par Victor Horta pour les hospices de Bruxelles. Cet hôpital, construit entre 1911 et 1923 était de plus petite capacité que celui de Lyon (sept cents lits sur 18 hectares). Le foncier généreux a permis une organisation plus aérée qu’à Lyon. Horta a profité de cela pour apporter une nouvelle organisation planimétrique appelée – arête de poison. Les pavillons sont réunis deux par deux, dans le sens transversal, autour d’une galerie centrale fermée, formant l’épine dorsale du plan. Le caractère social du programme hospitalier ne permettait pas, financièrement, l'utilisation des matériaux et la mise en œuvre auxquelles Horta était habitué L’hôpital (pour la construction de ses Burgmann, hôtels particuliers il s’était Bruxelles. illustré dans un style Art Nouveau). La décoration de l'hôpital se caractérise donc par une mise en œuvre imaginative de bandeaux horizontaux de briques de couleurs alternées et de quelques élégants auvents en ferronnerie.
FERMAND (Catherine), Les hôpitaux et les cliniques – architectures de la santé, Le Moniteur, Paris, 1999, page 26. 16
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À Bruxelles, comme à Lyon, le plus grand problème est resté le facteur temps des longs déplacements, véritable contrainte pour la vitesse d’intervention. À ce problème la solution est venue de l’autre côté de l’Atlantique – en 1930, à New York fut construit le premier hôpital gratte-ciel – le Cornell Medical Center, architectes : C. A. Coolidge et G. F. Shepley. La nouvelle théorie fut bien synthétisée par Edward F. Stevens en 1921 : « Il est bon de découper l’hôpital tant en strates horizontales qu’en zones verticales : les niveaux sont aussi indépendants que les pavillons. » 17 La réalisation de Cornel Medical Center, haute de vingt-deux étages, fut possible grâce à la généralisation des ascenseurs. Celui-ci fut un des premiers hôpitaux monobloc, qui présente plusieurs avantages fonctionnels par rapport aux hôpitaux pavillonnaires : l’économie du foncier, la concentration des services, la distribution plus rapide de la nourriture et du matériel, la réduction des volumes (par la suppression de nombreuses galeries et de halles qui accompagnaient les formes traditionnelles). Pendant l’histoire de l’évolution des jardins des hôpitaux, c’est alors le moment où débute leur abandon lors du processus de conception. Lors de l’entretien avec Michael Pukszta, (Healthcare department president AIA, Cannon Design, New York, USA) il commenta l’évolution de la typologie pavillonnaire à la typologie monobloc : « M.P. : Il y a 100 ans, la philosophie générale de conception des hôpitaux prenait pour base le besoin d’une bonne circulation d’air à l’intérieur du bâtiment, dans le but de ventiler et de d’extraire les germes infectieux. Avant l’invention de la climatisation et de la ventilation mécanique, les hôpitaux ont suivi la tendance d’être des bâtiments très étroits, avec des fenêtres sur les deux côtés. Comme ça, le vent pouvait passer au travers de l’hôpital et ventiler l’air vicié. En évoluant, ces bâtiments étroits sont devenus de plus en plus longs, ils ont donc commencé à 17
Stevens (Edward F.), The American Hospital of the Twentieth Century, NYC, 1921.
Cornell Medical Center, New York.
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Les jardins hospitaliers
s’enrouler autour d’eux-mêmes, en fermant ainsi des cours intérieurs. […] La raison principale pour laquelle nous avons eu des jardins dans les hôpitaux vient seulement du fait que les bâtiments devaient être très étroits. Ainsi, l’histoire des jardins n’a pas grand-chose à voir avec le fait qu’on voulait un jardin. R.P. : Vous avez pointé l’invention de la ventilation mécanique - est-ce que cette invention a joué un rôle important dans la disparaissons des jardins ? M.P. : Oui, oui. Dans les années 1930-1940, quand nous sommes devenus capables de chauffer et de refroidir les bâtiments sans ouvrir les fenêtres, les hôpitaux ont commencée à devenir très, très épais. Donc, si vous regardez l’empreinte au sol d’un hôpital des années 40 et 50, vous remarquerez la présence d’un très grand espace intérieur – cela s’explique parce que nous sommes devenu capable de les ventiler. » (Passage traduit de l’anglais ; l’ensemble de l’entretien avec Michael Pukszta est présent dans la partie des annexes) L’Hôpital En France, ces idées sont de Clichy – développées par l’architecte ancienne Jean Walter qui, avec Louiscarte Victor Plousay et Urbain postale. Cassan ont construit à Clichy un hôpital-bloc de onze étages (1400 des lits) après un concours gagné en 1933. Jean Walter fut blessé durant la Première Guerre mondiale et L’Hôpital c’est pendant sa période de Clichy – d’hospitalisation qu’il a eu le plan. temps d’observer attentivement le fonctionnement des hôpitaux. Ses idées ont été de plus influencées par les hôpitaux-blocs, qu’il a étudiés pendant sa visite des États-Unis – à New York et à Los Angeles. Du point de vue économique, une étude contemporaine à la construction de l’hôpital Beaujon à Clichy estime son cout de construction de 40% moins élevé que celui d’un hôpital pavillonnaire de même capacité.
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L’hôpital est constitué d’une grande barre de 150 mètres de longueur ou les onze services indépendants occupent chacun un étage séparé. Le principe de peigne n’est pas complétement abandonnée, la preuve en est que vers la partie sud, la barre est bordée de cinq résidents : salles de quatorze lits sur chaque niveau. Chaque salle était dotée d’une terrasse-solarium pour compenser le manque de contact avec l’extérieur. En 1934, après le succès d’Hôpital de Clichy Jean Walter, et son équipe, gagna un autre concours pour la construction d’une cité hospitalo-universitaire de mille sept cents lits à Lille. L’organisation de cette véritable cité hospitalière suit un schéma d’organisation en forme d’étoile. L’ensemble comporte deux tours de dix-neuf étages, regroupant chacune quatre ailes d’hébergement. Ces dernières sont constituées par la superposition de salles communes d’hospitalisation de vingt-quatre lits. Les «branches» de l’étoile convergent vers un noyau central, qu’occupent les salles des infirmières, placées en position privilégié pour la surveillance des malades. « Cette disposition a été considérée comme étant trop rigide, perdant de sa fonctionnalité lors de la transformation des salles communes en chambres de huit lits, juste avant l’ouverture de l’hôpital, en 1950. » 18 Malgré «l’inhumanité» de cet édifice, générée par l’ampleur de son programme et par sa verticalité, l’hôpital Huriez, reste un modèle précurseur de nombreux hôpitaux construits par la suite en Europe.
FERMAND (Catherine), Les hôpitaux et les cliniques – architectures de la santé, Le Moniteur, Paris, 1999, page 29. 18
L’Hôpital Huriez, Lille – plan
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Les jardins hospitaliers
Typologies spécifiques, conclusions Le XXe siècle fut marqué par l’apparition de l’hôpital monobloc, qui gênera une véritable rupture dans la conception des jardins hospitaliers. Cette typologie est diamétralement opposée à la typologie pavillonnaire, est a pour conséquence l’abandon de l’utilisation de jardins. Les évolutions ultérieures de l’hôpital monobloc ont généré, vers la fin du siècle, de nouvelles typologies contemporaines, que je chercherai à détailler dans le chapitre suivant. Typologie 1 : L’hôpital pavillonnaire (exemples: l’Hôpital Grange-Blanche à Lyon, l’Hôpital Burgmann à Bruxelles) L'hôpital pavillonnaire, caractéristique pour le XIXe et le XXe siècle découle directement de l'hôpital en peigne, poussant à l'extrême la recherche de séparation des pathologies et la volonté d'éviter les effets des contagions. Le complexe hospitalier, qui est dit éclaté, est composé de pavillons totalement séparés. La circulation entre les pavillons se fait parfois par des galeries souterraines qui assurent une liaison technique. La composition des jardins est aussi importante que celle des bâtiments et contribue aux soins. Typologie 2 : L’hôpital monobloc (exemples : Cornell Medical Center à New York, l’Hôpital de Clichy, l’Hôpital Huriez à Lille) L'hôpital monobloc, apparu au début du XXe siècle, se concentre en un seul bâtiment, caractérisé par la superposition des "pavillons" et des services. Les circulations convergent vers un unique pôle vertical. Ce système facilite le déplacement du personnel en réduisant les distances à parcourir et accentue l'ensoleillement et l'aération des chambres et des salles communes par l'orientation et l'élévation des bâtiments. L’invention de l’hôpital monobloc représente l’abandon des jardins pendant le processus de conception. Ils ont été remplacés par de grands parkings, héliports, plateformes techniques, etc.
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Les jardins hospitaliers
Conclusions partie historique Suite à l’apparition de l’hôpital monobloc et la disparition des jardins, l’évolution des hôpitaux est devenue moins linaire qu’auparavant. Les économies produites par la nouvelle typologie et les destructions causées par la deuxième guerre mondiale ont été les prémisses pour la construction d’une ample génération des hôpitaux monoblocs. Cette tendance a duré jusqu’aux années 70 quand la typologie monobloc a évolué vers des dispositions monobloc sur socle ou polybloc. Jusqu’à aujourd’hui, toutes ces typologies coexistaient ensembles en causant l’absence de linéarité que j’ai déjà évoquée. D’autre part, l’espace de jardin dans toutes ces approches restait marginal, parfois remplacé par la végétalisation des espaces résiduels. En fait, on peut dire qu’entre la deuxième guerre mondiale et les années 80, l’histoire des jardins des hôpitaux n’existaient plus. À la fin des années 80, la critique contre la massivité et l’inhumanité de ces hôpitaux a généré l’amélioration des typologies antérieures et l’apparition de l’hôpital horizontal. Ce dernier peut, des fois, être structuré le long d’une rue intérieure, typologie appelée l’hôpital rue. Suite à ces évolutions, la nature a commencé à trouver sa place dans la composition générale des hôpitaux. Cette redécouverte de la nature a produit, pendant les années 90 – 2000, des hôpitaux de bonne qualité, qui profitent de la valeur ajoutée par l’emploi des différents types de jardins. Le chapitre suivant comporte l’analyse de 5 hôpitaux contemporains, situés dans plusieurs endroits du monde, afin d’exposer une vue globale sur la thématique des jardins d’hôpitaux actuels. Chaque hôpital s’appuie sur une typologie différente, donc l’étude révèle une vraie richesse au niveau de l’intégration de la nature dans les établissements hospitaliers.
Analyse des hôpitaux contemporains
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III. ANALYSE COMPARATIVE DES HÔPITAUX CONTEMPORAINES
1. Le jardin intérieur CHA Woman’s and Children’s Hospital, Bundang, Séoul, Corée du Sud Architectes : KMD Architects 2003 Vue aérienne – Google Maps.
Présentation Ouvert en juin 2006, l'Hôpital CHA pour les mères et les enfants de Séoul, en Corée du Sud, constitue un pas en avant dans la conception des unités de soins pour la maternité. Le design reflète les résultats d'études scientifiques qui confirment les avantages tangibles, dans le processus de guérison, d'une exposition accrue des patients aux éléments naturels. En raison des dimensions réduites du site, le nouveau bâtiment a nécessité quatre niveaux au-dessus du sol et quatre souterrains (pour le stationnement et les services de soutien). Le dernier étage est réservé aux services d’hydrothérapie et de récréation et la toiture terrasse est traitée comme un jardin végétal.
Perspective.
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Typologie – hôpital monobloc revisité
Les jardins hospitaliers
L’hôpital CHA pour les mères et les enfants est une version contemporaine, améliorée de l’hôpital monobloc présenté dans le chapitre précédant (Histoire des jardins des hôpitaux). Le manque de jardins, qui est un grand désavantage de la typologie, est compensé à Séoul par le grand
atrium et la toiture végétalisés. Qualité des soins L'hôpital a été conçu en utilisant une technologie avancée, tempérée par les architectes qui ont intégré des éléments de l'architecture traditionnelle coréenne – le bois, les plantes, les jeux d'eau et les formes organiques. Ces dernières contrastent avec le verre, l'aluminium et l'acier inoxydable. Deux tiers des 130 lits sont installés dans des chambres particulières, bénéficiant d’un bon éclairage naturel, d’un jacuzzi et d’un équipement multimédia. Les Façade.
Analyse des hôpitaux contemporains
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fenêtres des chambres des patients comprennent une technologie permettant de filtrer la lumière selon la nécessité, et de préserver le sentiment d'intimité malgré l’insertion dans un contexte urbain dense. Le mur rideau en verre translucide offre un sentiment d’abri sans séparer les patients de l'extérieur. Le jardin sur le toit Le toit terrasse de l’hôpital devient un jardin très agréable, ouvert vers le ciel. Ce jardin n’est pas visible depuis les chambres, comme à l’Hôpital Jean Mermoz de Lyon que je présenterai prochainement. Pourtant, il est accessible à tout le monde, comme un espace de détente et de sociabilisation en plein air. Le toit est divisé en zones végétalisées et terrasses en bois. Les plantations typiques ressemblent à celles quel on trouve dans les jardins traditionnels coréens. L’accent est mis sur les arbustes à fleurs pour leur capacité à résister à des températures hivernales basses et aux rares chutes de neige. Le jardin intérieur L’objectif principal du projet était d'améliorer l'expérience hospitalière par un bon éclairage naturel, afin d’assurer une meilleure satisfaction des patients et visiteurs. Pour atteindre cet objectif, un grand atrium central a été conçu pour permettre à la lumière naturelle d’éclairer l’intérieur de l’hôpital. En conséquence, une variété de
Le jardin sur le toit.
Le patio intérieur.
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Les jardins hospitaliers
zones à ciel ouvert apparaît, favorisant l'interaction sociale et la détente. Un deuxième objectif, tout aussi important, a été l'introduction de formes et de matériaux naturels, des plantes et de fontaines dans l’ensemble de l'hôpital, formant un contraste frappant avec la dureté du quartier environnant. Presque tous les étages de l'immeuble, du sous-sol au jardin sur le toit, comportent des terrasses de détente végétalisées, accessibles aux patients, aux visiteurs et au personnel. Aux niveaux de ces terrasses intérieures, les plantes choisies sont des bambous et de petits arbres verticaux. Leurs proportions leur permettent d’être observés d'un certain nombre des points de vue différents, repartis à plusieurs niveaux du bâtiment. Au niveau de l'entrée, l’aménagement joue sur un contraste entre les arbres, le bambou et des sculptures qui ressemblent à des légumes géants. L'ensemble sera complété par de grands arbres, à feuilles caduques, plantés en alignement au long de la rue. De l'extérieur, la texture de ces arbres forme un contraste naturel-artificiel avec le mur-rideau. À l'intérieur, les espaces de détente et les escaliers offrent des vues vers les cimes de ces arbres qui marquent le paysage urbain dense environnant. Conclusion Le projet de l’Hôpital CHA pour les mères et les enfants arrive à injecter des espaces végétalisés dans un tissu urbain très dense. Pour cette situation particulière, où la parcelle est bâtie à 100 %, les architectes ont trouvé la solution de créer des jardins sur et dans le bâtiment. Ces jardins arrivent dans une certaine mesure à compenser le manque de jardin extérieur plus traditionnel, c’est-à-dire situé au sol.
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2. Le jardin traversant Hôpital Européen Georges Pompidou, Paris, France Architecte : Aymeric Zublena 1985-1998
Vue aérienne – Google Maps.
Présentation L'hôpital européen Georges-Pompidou (HEGP) est un hôpital de l'Assistance publique - hôpitaux de Paris (AP-HP). Il est situé entre les rues Leblanc et du Professeur-Florian-Delbarre dans le 15e arrondissement de Paris, au bord de la Seine, sur l’ancien emplacement des usines Citroën. Dans sa proximité se trouvent le parc André-Citroën et les locaux de France Télévisions. L’idée de construire un hôpital dans le sud-ouest de Paris apparut pour la première fois en 1976. En 1983 était organisé un concours, gagné par l’équipe d’Aymeric Zublena. Cependant, à cause des problèmes administratifs, l’hôpital a été mis en service seulement 16 ans plus tard, en 1999.
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Entrée.
Les jardins hospitaliers
Cet ample hôpital de 850 lits forme, par sa dimension, un des principaux repères urbains du quartier Cévennes Citroën. Il était sans doute, en France, l’une des réalisations hospitalières les plus ambitieuses des années quatre-vingt-dix.
Typologie – Hôpital rue, implanté dans un site urbain L’hôpital européen Georges-Pompidou est organisé le long d’une rue hospitalière, qui structure d’une façon très lisible tout l’ensemble. Cette rue semi-publique offre aux utilisateurs un espace clair et accueillant vers lequel tous les services médicaux s’ouvrent. La rue est assez végétalisée et devient un jardin traversant de l’hôpital. De plus, on peut aussi considérer le parc Citroën, présent en proximité, comme un jardin extérieur de l’hôpital. Pour cette typologie, l’ample épaisseur d’îlot et la complexité du programme était de grands obstacles pour l’éclairage naturel de tous les services. Pour y parvenir, l’architecte fit appel à deux typologies de vides : des patios et des cours en U ouvertes vers le Sud. La rue hospitalière L’axe majeur d’organisation spatiale est la rue hospitalière, qui structure d’une façon très simple tout l’ensemble de l’hôpital. Cette galerie, parallèle avec l’axe du parc, relie les trois entrées principales de l’hôpital. Elle s’ouvre à chacune de ses extrémités sur deux espaces piétonniers, le jardin Noir et la place semicirculaire, situés à proximité de la station Balard et de la gare RER - Bld. Victor. Cette disposition correspond à l’idée de créer un véritable espace urbain, pouvant être traversé, éventuellement par les riverains. L’architecte, Aymeric Zublena, dans un entretien pour Malade ou client ? (sous la direction de
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Dominique et Christiane Rue Jolly), insiste sur l’influence de intérieure la rue au niveau de l’organisation du quartier : « Des dispositifs types de rues hospitalières ont été imaginés. C’est un espace dont la configuration facilite le repérage des services et la bonne distribution des accès aux étages. Il permet en outre d’apporter au sein de bâtiments souvent compacts pour des raisons de fonctionnalité la lumière naturelle par des verrières. Enfin, lorsque cette rue traverse le bâtiment de part en part comme dans le cas de l’hôpital du quinzième arrondissement, elle peut devenir un élément structurant du quartier. » 19 La meilleure qualité de cette rue est de donner aux patients, visiteurs et personnel l’impression de confort et simplicité, qui est déterminante dans un bâtiment d’une telle dimension. La rue articule l’échelle monumentale du programme et celle humaine du piéton. Le rapport entre les deux façades intérieures de la rue et l’animation des kiosques et des boutiques en font un espace agréable à parcourir. La rue est vitrée sur toute sa longueur (200 mètres). Outre sa position dans l’ombre portée du bâtiment le plus élevé, elle reçoit une protection solaire par sérigraphie. L’ambiance intérieure est créée en utilisant des effets de réflexions et de transparences qui mettent en valeur, par contraste, la texture naturelle de la végétation. Ces effets sont mis en place par l’emploi du verre (clair et imprimé), de l’aluminium (métallisé ou poli) et par la répartition aléatoire des lames des stores intégrés.
19
JOLY (Dominique), JOLY (Christiane), Malade ou client, Economica, Paris, 1993.
Rue intérieure – croquis.
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Les jardins hospitaliers
Le parc Citroën La présence du parc Citroën Cévennes a été très influente dans le processus de conception, en orientant les volumes d’hébergement. L’entrée monumentale, couverte par une verrière, est aussi orientée vers le parc, considéré comme un jardin extérieur de l’hôpital (où comme une cour d’entrée). La chance d’avoir un grand parc à côté du site d’intervention a été bien exploitée par la recherche d’une relation visuelle directe avec les chambres des malades. De plus, ce voisinage privilégié exprime la valeur symbolique de l’hôpital, comme équipement public. Conclusion Les deux « jardins » présents à l’hôpital Georges-Pompidou, à savoir la rue intérieure et le parc Citroën, sont très différents, tant en termes de fonctions, qu’au niveau de la perception. Ces différences les rendent complémentaires en offrant une alternative intéressante aux jardins classiques. Plan masse.
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3. Le jardin suspendu Hôpital privé Jean Mermoz, Lyon, France Architecte : Françoise-Hélène Jourda 1998-2008 Vue aérienne – Google Maps.
Présentation L’hôpital Jean Mermoz est plus qu’une clinique privée, c’est un vrai ensemble de soins. L’ensemble est reparti en trois bâtiments indépendants interagissant en synergie : un hôpital en position centrale, bordé au Sud par la Maison des médecins et au Nord, par l’institut d’Oncologie. L’hôpital de 420 lits fut ouvert en septembre 2008, devenant un des plus grands établissements privés de France. Aperçu architectural.
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Les jardins hospitaliers
La commande de l’hôpital était attribuée à Françoise-Hélène Jourda, suite à un concours organisé en 1998. Dans un entretien réalisé par Christophe Leroy, l’architecte se souvient : « Quand j'ai gagné le concours de l’Hôpital Privé Jean Mermoz en 1998, j'étais la seule à n'avoir jamais construit d'hôpital. […] Je tenais à ce que le patient soit au centre du projet. L'homme, dans son ensemble, ne peut se réduire à une pathologie, le malade n'est pas une zone technique à réparer. » 20 Ces arguments, qui répondent à des problématiques architecturales très actuelles, ont été décisifs pour l’obtention de la commande. De son côté, le maître d’ouvrage (la Générale de la Santé fondée en 1987) est le premier réseau français et européen d’établissements hospitaliers privés. Les objectifs qu’il a annoncés pour ses bâtiments hospitaliers sont : « efficience qualitative et performance économique – déclinées en humanisme, engagement, culture de progrès, éthique ». Dans le cas de l’hôpital Jean Mermoz, je trouve intéressant de comparer le bâtiment existant avec le dessin de projet conçu par les architectes. Cette comparaison est possible parce que la construction est assez récente et que les aperçus informatiques sont toujours disponibles. Typologie – hôpital polybloc Cette typologie est apparue dans les années 80 quand les blocs d'activités ou d'hébergements (constitués désormais de chambres doubles ou individuelles) se sont multipliés. Cette concentration horizontale crée des établissements denses, ramassés, homogènes et ouverts sur la ville. L'hôpital horizontal correspond à une volonté d'humanisation de l'hôpital, qui passe par son intégration au site et son ouverture physique et scientifique sur la ville qui l'entoure. Cette volonté d’humanisation est également présente dans la conception des jardins, qui apparaissent sous forme de terrasses végétalisées sur le socle.
http://www.cyberarchi.com/actus&dossiers/index.php?keywords=lyon&dossier=98&a rticle=11744 20
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Organisation de l’hôpital Jean Mermoz Suivant le modèle typologique, l’hôpital Jean Mermoz est traité en trois strates superposées comportant une toiture végétalisée présente sur le socle. « Chaque strate a sa propre fonction, sa propre ambiance, donc sa propre architecture. » 21 La première strate est constituée par le rez-de-chaussée, vitré et semi-public, contenant : l’entrée principale qui donne sur un hall de double hauteur, l’accueil, les boutiques, un café et un restaurant. Au-delà se trouvent les préadmissions, une crèche pour le quartier, etc. Ce niveau est généreusement vitré, en relation avec la ville et éclairé par deux grands patios intérieurs. Ces derniers sont des vastes puits de lumière traités en verre coloré et sérigraphié. Le premier patio, de forme ovale comporte au centre de petits arbres entourés par du gazon. Il éclaire, au rez-de-chaussée, la zone d’entrée, les préadmissions et les laboratoires. Le deuxième patio, de forme trapézoïdale, est utilisé comme jardin pour la crèche et comporte des jeux d’enfants. Outre la crèche, il éclaire le restaurant et la pharmacie. La deuxième strate est constituée par un plateau technique contenant la logistique, la stérilisation centrale, les blocs opératoires, l’imagerie médicale, etc. En façade, la dimension technique de ce plateau est marquée par la présence de panneaux d’inox. Il est à noter que la salle de réveil et l’hébergement ambulatoire donnent sur les patios. Cela montre la volonté de l’architecte d’offrir aux patients des vues privilégiées, servant à leur guérison. De plus, il existe un troisième petit patio, qui se développe sur un seul étage, au cœur du service d’imagerie. Celui-ci est couvert de plantes fleuries sur des caillebotis de bois et offre des vues surprenantes sur les pavillons d'hébergement, qui forment la dernière strate. 21
Françoise-Hélène Jourda - http://www.jourdaarchitectes.com/
Le petit patio.
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La dernière strate comportant deux étages d’hébergement est située au-dessous du plateau technique. Grâce au plan en peigne, six secteurs sont définis, réunissant chacun une quinzaine de chambres desservies depuis le hall d’entrée par trois batteries d’ascenseurs. La toiture du plateau technique est végétalisée, devenant ainsi un jardin suspendu. Il est accessible aux patients et devient alors un espace de détente en plein air. Les façades des niveaux d’hébergement sont traitées en bois, offrant une ambiance chaude, déterminante pour le processus de guérison. Différences projet – bâtiment L’étude de cet hôpital, ouvert récemment, révèle quelques différences entre le bâtiment édifié et les plans réalisés par les architectes. Ces différences Les différences.
proviennent principalement du fait que les plantes n’ont pas eu le temps d’arriver à leur maturité. Par exemple, les aperçus exposent un alignement d’arbres devant l’hôpital. De plus, le parking est fortement végétalisé sur le plan masse. Aujourd’hui les arbres sont plantés, mais il faudra attendre quelques années pour voir la situation imaginée par les concepteurs. La même différence est perceptible pour la végétation de la toiture, qui dans les aperçus est riche et déborde des parapets. Conclusion À l’hôpital Jean Mermoz à Lyon sont présents deux types de jardins : les patios (perçus plutôt visuellement) et le toit végétalisé (visible et accessible depuis les chambres). Finalement, je trouve que le point fort du projet est la relation entre les pavillons d’hébergement et le toit végétalisé. Cette relation offre aux malades un cadre agréable, qui leur fait oublier leur hospitalisation.
Analyse des hôpitaux contemporains
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4. Le jardin intermédiaire Landeskrankenhaus, Hartberg , Autriche Architecte : Klaus Kada 1999 Vue aérienne – Google Maps.
Présentation. La conception du nouvel Hôpital de Hartberg a commencé en 1996 et seulement 3 ans plus tard, en 1999, il fut ouvert pour le public. La capacité actuelle de l’hôpital est de 200 lits, en offrant la possibilité d’évolutions futures.
Entrée dans l’hôpital.
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Typologie – Tour sur socle revisitée Issue du modèle monobloc, cette typologie opère une nouvelle séparation des fonctions de l’hôpital. La partie technique (blocs opératoires, imagerie médicale) se concentre à la base du bâtiment, sur un plateau, tandis que l'hébergement se répartit sur les niveaux superposés d’une barre. Au Hartberg la typologie est améliorée par l’emploi d’une hauteur modérée du bâtiment et par la division de la barre en plusieurs ailles articulées, afin de mieux s’intégrer dans le contexte. De plus, dans ce cas, les jardins sont intégrés dans la composition générale de l’hôpital. Cette approche n’était pas spécifique pour la typologie originale, apparue dans les années 80.
L’accès principal et l’aille chirurgicale.
Organisation de l’hôpital L’architecture de l’hôpital de Hartberg a été conçue d’une part pour marquer l'entrée en ville et d’autre part comme le point final de l'architecture locale. Par sa volumétrie, il accentue la présence des bâtiments existants dans le quartier et renforce l'ordre spatial. Le bâtiment hospitalier divise le site en deux zones : une orientée vers la ville et une autre, orientée vers le paysage naturel. La première zone comporte l’entrée principale et une aire de stationnement, prêts pour l’accueil du public. La deuxième zone, à l‘Ouest, comporte un parc paisible réservé pour les patients. L’hôpital lui-même est également divisé en deux : la zone d’hébergement et la zone chirurgicale. Cette dernière, avec l'admission d'urgence, s’oriente vers la route d'accès principal. Le hall d'entrée est accessible depuis la route via une rampe, un ascenseur ou un escalier extérieur. Le rez-de-chaussée du bâtiment se dégage à partir de l'entrée pour former le grand hall, qui s'étend sur trois étages. Il comporte une cafétéria, une zone d'attente et l’accès vers des services de consultations. De plus, il existe la possibilité de rejoindre tous les départements, y compris l'aile chirurgicale par l’ascenseur présent dans le hall.
Analyse des hôpitaux contemporains
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Le laboratoire central est situé dans la partie nord du rez-de-chaussée, la gynécologie et l'obstétrique se trouvent dans la partie Est et les chambres administratives se trouvent dans le côté Sud. Le bloc opératoire central est situé au premier étage de l’aile chirurgicale, combiné avec le service de surveillance intensive. L'aile du service chirurgical a une hauteur de deux étages et permet des évolutions futures. La zone d’hébergement a été élevée parallèlement à la pente, qui est inclinée vers l'Est. Elle s’adapte à la descente par une variation de hauteur (de trois à quatre étages). Le jardin Ce nouvel hôpital nécessitait un jardin : cet espace vert serait à la fois ouvert aux patients, et attractif pour les habitants de la ville. Pour mettre en place cette dualité, l’aile chirurgicale fut orientée ainsi afin de séparer le jardin en deux zones : - une zone comportant l’accès principal et accessible aux habitants de la ville. - une zone dédiée aux patients. La première zone du jardin était conçue comme un décor pour l’accès : il se fait par un chemin en demi-cercle avec des promenades radiales autour.
Perspective vers l’accès principal.
La terrasse, avec sur la droite, le toit végétalisé.
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Le parc des patients.
Les jardins hospitaliers
Un vieux verger a été intégré dans le concept d'aménagement paysager. Depuis le parking situé de l'autre côté de la route, les visiteurs arrivent à l'hôpital par une promenade suspendue entre les cimes des arbres. Des touffes d'herbe, une roseraie et un étang sont des éléments d’aménagement qui créent une ambiance particulière. La deuxième zone, orientée vers l’Ouest, est dédiée aux patients, en offrant un cadre calme et intime, nécessaire pour leur guérison. Une particularité de cet hôpital est le toit-jardin de 800m2 avec des ajoncs, des hibiscus, de la lavande et de la cataire, qui semblent s’entendre jusqu’aux collines de Styrie en arrière-plan. Le toit végétalisé est accessible depuis la zone d’hébergement. Entre les chambres et le toit jardin se trouve une terrasse couverte, imaginée comme espace de détente et de socialisation. De plus, cette terrasse offre aux malades de belles vues vers le paysage environnant. Conclusion À l’hôpital de Hartberg le jardin n’est pas une annexe de l’hôpital, il fait partie intégrante de la composition générale de l’ensemble. La vision globale, qui caractérise ce projet, a conduit à la mise en place d’une véritable synergie entre le jardin et le bâtiment. Grace à ça, les patients sont soignés dans un milieu très accueillant, toujours en relation avec la nature.
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5. Le jardin entourant Dartmouth-Hitchcock Medical Center, Lebanon, New Hampshire, USA Architectes : Shepley, Bulfinch, Richardson and Abbott 1991 Vue aérienne – Google Maps.
Présentation Situé sur un site boisé de 225 hectares, le DartmouthHitchcock Medical Center fut conçu par les architectes Shepley, Bulfinch Richardson et Abbott (de Boston). Il comprend une zone d’hébergement de 328 lits pour les patients hospitalisés, constituée de
L’entrée principale.
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deux tours octogonales, une aile de diagnostic et de traitement et un centre de soins ambulatoires avec des bureaux pour 160 médecins. Comme beaucoup de nouveaux établissements de santé, le complexe Dartmouth-Hitchcock est conçu pour permettre une future extension. Un bâtiment carré autonome (de 18 000 mètres carrées) dédié à la recherche est séparé du bâtiment principal par une parcelle de terre libre, réservée à l'École de médecine de Dartmouth. Typologie – hôpital rue, implanté dans un site naturel Issu du modèle polybloc, ce type d’hôpital est caractérisé par une organisation fonctionnelle au long d'une rue intérieure qui relie entre eux les différents pôles médicaux. Cette rue est semi-publique et elle offre aux utilisateurs un espace clair et accueillant vers lequel tous les services médicaux s’ouvrent. La rue intérieure La rue intérieure.
Les architectes ont organisé l'énorme complexe comme un enchainement linéaire des structures bas adjacentes le long d’un couloir de 120 mètres. Ce gallérie vitrée de trois étages ordonne le complexe et crée un système de circulation efficace. Une série de patios couverts apportent du rythme et de l’ampleur à l'espace. Le mur ouest recule sur trois niveaux pour permettre un meilleur passage de la lumière naturelle. Entre la rue intérieure de Dartmouth-Hitchcock Medical Center et celui de l’hôpital Georges Pompidou de Paris on peut trouver quelques différences notables :
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- à cause de l’implantation dans un site naturel, à Lebanon la rue intérieure n’a pas un rôle de liaison au niveau urbain (elle n’a que le rôle de gestion de la circulation intérieure de l’hôpital). - à Lebanon la rue est moins végétalisée qu’à Paris. La forêt environnante L’hôpital est construit dans une forêt de pins située à 5 kilomètres du centre-ville de Lebanon et à 4 kilomètres du Connecticut River. Cet emplacement privilégié offre de belles vues vers la nature pour les chambres de malades et protège l’ensemble de la pollution et du bruit. Malheureusement, les parkings nécessaires pour ce site, accessible uniquement en voiture, occupe une place assez ample dans la composition générale. Ces parkings, sur certains angles particuliers, préjudicient les vues des chambres. L’emplacement de cet hôpital est spécifique de la façon de penser américaine que j’ai aperçu lors de l’entretien avec Michael Pukszta, (Healthcare department president AIA, Cannon Design, New York, USA). Il m’a expliqué que la façon américaine de concevoir les jardins des hôpitaux est basée sur l’étude réalisée par Robert URLICH vers 1989. Pendant cette étude il a analysé, dans un hôpital, deux chambres comportant des conditions identiques pour les patients. La seule différence était la vue : une chambre avait une vue vers un mur en brique et l’autre vers un paysage naturel. Cette étude a démontré que les patients accueillis dans la chambre orientée vers la nature ont pris mois d’analgésiques, ont été plus satisfaits et ils ont quittés l’hôpital plus tôt que les autres. M.P. : […] à la fin des années 80, on a découvert que les paysages et la lumière
Vue sur le jardin.
Vue aérienne.
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naturelle améliorent le processus de guérison. Et donc, à ce moment-là un grand changement est survenu dans la conception des hôpitaux et on a commencé à développer des bâtiments avec accès à la lumière et à la nature. Et c’est là que les jardins ont commencé à entrer en jeu. Mais un jardin est un…. Vous savez, en tant qu’architecte, nous avons beaucoup de moyens différents pour fournir l’accès des patients à la lumière, aux vues, à la nature. Nous pouvons organiser les bâtiments de sorte que les espaces des patients soient tournés vers, si nous en avons, des vues agréables, vous savez, des montagnes, rivières, ruisseaux – nous pouvons certainement les orienter dans cette direction. Dans certains cas, il est impossible d’orienter l’ensemble des différentes espaces d’un hôpital vers une montagne. Certains d’entre eux doivent être orientés dans la direction opposée. Ces espaces, et ceux situés très bas dans le bâtiment, n’ont pas de vues lointaines. Pour ces espaces, on utilise les jardins pour leur offrir une vue vers la nature. […] R.P. : Donc, à votre avis, il est plus important d’avoir une vue vers la nature qu’un accès direct dans un jardin ? M.P. : Oui, oui, je crois que c’est principalement la raison pour laquelle le jardin existe – parce que c’est un moyen d’apporter la lumière et la nature dans les espaces des patients. Il y a un peu de recherches sur les patients et les membres de famille qui utilisent effectivement les jardins, qui sont physiquement à l’intérieur d’un jardin. Il y a très peu de recherches qui suggèrent que la présence physique des patients dans un jardin joue un rôle important dans le processus de guérison. » (passage traduit de l’anglais ; l’ensemble de l’entretien avec Michael Pukszta est présent dans la partie des annexes) Conclusion L’implantation d’un hôpital dans un site boisé apporte de nombreux avantages au niveau de la qualité des vues et pour la diminution du bruit et de pollution. Cette façon de concevoir les hôpitaux est spécifiquement américaine : les vues naturelles sont considérées plus importantes dans le processus de guérison qu’un accès physique dans un jardin. Cependant, dans cette approche, l’hôpital perd sa dimension urbaine, en devenant une grande surface pour la santé, située à la périphérie de la ville et entourée d’énormes parkings.
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Conclusions analyse comparative Suite à cette analyse, une hiérarchisation qualitative de ces 5 hôpitaux n’a pas d’intérêt. Chacun d’entre eux a ses propres caractéristiques, dictées par leurs sites et par la culture architecturale et médicale locale. Finalement, je trouve que chacun offre des réponses adaptées aux contraintes imposées par leur environnement, en intégrant différents types de jardins. L’intérêt pour mon étude était de trouver que, malgré les cultures assez différentes, la volonté d’intégrer la nature dans la vie de l’hôpital reste une constante. L’analyse de ces 5 exemples souligne une grande richesse pour l’insertion de la nature dans les hôpitaux. L’analyse du CHU Estaing de Clermont-Ferrand, présentée dans la partie suivante, est réalisée dans le même esprit que l’analyse des 5 premiers hôpitaux. La proximité de ce 6e exemple m’a permis de passer d’une approche théorique à un sujet concret sur lequel j’ai pu faire un véritable travail de terrain (entretiens, questionnaires, observations, etc.). Cette enquête de site, réalisée sur un établissement très récent, a soulevé de nouvelles questions sur l’usage et sur l’appropriation des jardins. Comment le personnel d’hôpital et les patients s’approprient les différents types de jardins, proposés par les concepteurs ? Combien de temps est nécessaire, sachant que le CHU a été ouvert en mars 2010 ?
Analyse du CHU d’Estaing de Clermont-Ferrand
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IV. ANALYSE DU CHU ESTAING DE CLERMONT-FERRAND
6. CHU Estaing CHU Estaing, ClermontFerrand, France. Architectes : Groupe 6 - Michel Raffin et Yves Pervier (directeurs de projet), Antoine Buisseret (chef de projet), Grenoble, France., 2010.
1. Histoire du site La particularité de ClermontFerrand est son caractère de ville bipolaire, résultat de l’union des deux anciennes villes : Clairmont et (sa rivale) Montferrand. Cette union a été imposée par Louis XIII en 1630 par l’édit de Troyes. La liaison entre les deux villes se faisait par la route de Paris (actuelle Avenue de la République) créant un espace intermédiaire nommé « l’entre deux villes ». Jusqu’à la deuxième moitié du XXe siècle cet espace intermédiaire fut délaissé par les habitants et utilisé pour des activités insalubres : cimetière, abattoirs, casernes militaires, manufactures et plus tard, usines. À partir du début de XXe siècle, l’entreprise Michelin a commencé à devenir propriétaire d’un patrimoine foncier considérable, en occupant la quasi-totalité de « l’entre deux villes ». Le fabricant de pneus a marqué ce paysage urbain par l’installation de ses usines, pistes et cités ouvrières. Ce développement industriel étendu entre l’avenue de la République et les côteaux de Chanturgue, a bloqué
CHU d’Estaing – plan masse.
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la croissance de la ville de Clermont à l’Est et a renforcé l’isolement de Montferrand. À la fin du XXe siècle, suite au déplacement des usines vers le Nord-Est de l’agglomération, « l’entre deux villes » est entrée dans une nouvelle phase de développement. Cette phase, née grâce à la volonté de relier les deux villes, comprenait la construction des équipements publics et des logements principalement au long de l’Avenue de la République. (le Polydôme, la rénovation de Place du 1er Mai, la Coopérative de Mai, le Centre Diocésain, la Maison de l’habitat, le ZAC de la République, etc.). De cette démarche globale fait également partie la construction d’un nouvel CHU sur le site de l’ancienne usine Michelin d’Estaing. L’usine d’Estaing Vue aérienne de l’ancienne usine d’Estaing.
Sur le site de l’hôpital actuel, en 1913 fut construite la deuxième usine Michelin clermontoise. (la première fut construite en 1889, près de la place de Carmes). L’usine, située entre la voie ferrée, la caserne militaire et la ville de Montferrand occupait un site de 14 hectares. La présence de l’infrastructure ferroviaire a favorisé le choix du site pour la construction de l’usine, en accueillant la gare de la firme Michelin. « Les bâtiments industriels furent construits en plusieurs étapes. Dans un premier temps, on implante, en 1913, la première piste de lancer de pneus (située le long de la voie ferrée). Ensuite seront construits les entrepôts, les hangars et deux barres de béton de 7 étages réservés au stockage, dont une partie fut reconvertie en bureaux dans les années 1980.
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Ces bâtiments, destinés à la démolition (fin 2005) pour la construction du nouvel hôpital, posent le problème du traitement des déchets. Cela représente un énorme chantier pour l’évacuation de gravas et la décontamination des sols, aux vues des dimensions des bâtiments et leurs systèmes de construction. » 22 Dans la décision d’implanter l’hôpital sur la limite Sud et Ouest de la parcelle de l’ancienne usine, cette pollution des certaines parties du sous-sol a joué un rôle assez important. Plan de l’ancienne usine d’Estaing.
Après le déménagement de l’usine Michelin, le site est censé à accueillir en plus de CHU un pôle dentaire contenant : un centre de soins dentaires (CDS), et l’unité de formation et de recherche (UFR) d’ontologie de l’Université d’Auvergne-Clermont 1. À l’Est, un terrain est gardé pour la construction de deux ensembles de logements (96 logements par Logidôme et 50 appartements par Groupe ACI). De plus, au Nord des logements, un ensemble de bureaux est en construction (avril 2013).
BORGES (David) et FRASSETTO (Pierre), Requalification du site d’Estaing : une démarche bioclimatique en contexte urbain, TPFE, ENSA Clermont-Ferrand, 3 Juin 2005, page 47. 22
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Le CHU Estaing En 2003 a été organisé un concours loi MOP pour la construction d’un hôpital de 70.000 m2, contenant 530 lits, sur la partie Ouest du site de l’usine. Cet hôpital était censé accueillir tous les services de l’Hôtel Dieu de ClermontFerrand : médecine interne, hématologie, dermatologie, odontologie, chirurgie, pédiatrie et le pôle mère-enfant. Le concours a été gagné en mars 2004 par l’agence Groupe 6 de Grenoble (lauréat à l’unanimité du jury 23), représentée par les architectes : Michel Rafin, Yves Pervier et Antoine Buisseret. L’hôpital a été livré en novembre 2009 et mis en service en printemps 2010.
2. Groupe-6 Figurant parmi les premières agences d’architecture en France avec 180 collaborateurs de 15 nationalités différentes, Groupe-6 est composée d’architectes, d’urbanistes, d’architectes d’intérieur, de directeurs de travaux, de paysagistes et d’économistes. En France, l’agence Groupe-6 a deux sièges : un situé à Grenoble (siège social ouvert en 1971) et un autre situé à Paris (ouvert en 2001). Pendant son histoire de 30 ans l’agence est arrivée à traiter toutes les échelles du territoire : des projets urbains, des projets d’architecture (de la santé, des sports, des loisirs et de la culture) et de projet d’aménagement intérieur. De plus, Groupe-6 est impliqué dans plusieurs projets de recherche, enseignement et culture. Un des objectifs principaux de l’agence est de concevoir des projets répondant aux enjeux du développement durable et de l’éco-responsabilité. Pour atteindre cet objectif et pour améliorer la qualité finale de chaque projet, l’agence collabore avec des spécialistes extérieurs : ingénieurs, paysagistes, spécialistes en éclairage, médecins, acousticiens, etc. Dans le domaine d’architecture médicale, en dehors de l’hôpital de Clermont, Group-6 a conçu plus de 60 autres établissements de santé en France : CH d’Arras, CH de Roanne, Hôpital mère-enfant à Limoges, CHU de Dijon, etc. L’agence Groupe-6 est aussi présente au niveau international en réalisant des projets en Europe, en Ukraine, au Moyen-Orient et au Maghreb. Avec La Montagne, CHU Estaing Clermont-Ferrand – Un hôpital est né, supplément 9 mai 2010, page 13. 23
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l’inauguration en 2011 de l’agence de Bahreïn, Groupe-6 a ouvert plus son esprit vers des démarches et des projets multiculturels. Les architectes du CHU Estaing Les responsables du projet de l’hôpital du Clermont ont été Michel Rafin, Yves Pervier et Antoine Buisseret. Les trois sont architectes-associés en cadre du Groupe-6 et spécialisés en architecture de la santé. Michel Rafin : Après une formation chez l'architecte Roland Schweitzer et une première expérience au Maroc, il entre chez Groupe-6 en 1982. Associé depuis 1989, membre du Conseil d'Administration de l'agence depuis 2007 et du conseil stratégique depuis 2011, il est spécialiste de l'architecture hospitalière. Entre autres réalisations : le CHU Estaing de ClermontFerrand, le CH de Rochefort-sur-Mer livrés en 2010, et le CH Alpes Léman d'AnnemasseBonneville livré en 2011, opération réalisée en PPP. En dehors de l’architecture hospitalière, il a abordé des secteurs d'activité variés comme le Palais des Sports et de la Culture de l'Alpe d'Huez ou l'université Mohammed VI de Benguerir au Maroc. Yves Pervier : Associé de Groupe-6 depuis 1989, il conçoit principalement des projets dans le domaine de la santé comme le Pôle Mère et Enfant de Marseille, le CH d'Aix en Provence, celui de Fréjus, le CHU Estaing de ClermontFerrand, les CH de Montéran et de la BasseTerre en Guadeloupe. Actuellement (2012) il dirige la construction du centre de soins de suite et de réadaptation d'Evian. D'autres réalisations comme le Musée des Beaux-Arts de Grenoble, le centre de presse des Jeux Olympiques d'Albertville ou la salle des fêtes de Champagnole lui ont permis d'étendre son expérience à des programmes variés et exigeants.
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Les jardins hospitaliers
Antoine Buiseret : Après des débuts à Londres chez Nicolas Grimshaw & Partners, puis chez Architecture-Studio, Antoine rejoint Groupe-6 en 2002. Associé depuis 2008 et membre du conseil stratégique et d'administration de Groupe-6 depuis 2011, il s'est investi dans le CHU Estaing de ClermontFerrand (2005-2010). Impliqué dans le développement de l'agence à l'international, il conçoit le "Children's Hospital of the Future" à Kiev (2007), obtient le prix spécial du jury pour le "Senior Citizen Centre" à Helsinki (2008). En 2010, il développe deux projets d'envergure à Barheïn : le Gold Market et le Royal Maternity Hospital (prix Hospital Built 2011). Plus récemment (2012), Antoine est impliqué dans des projets d'envergures qui ouvrent la voie vers de nouveaux secteurs d'activités. Lauréat en avril 2012 du concours de l'Arena de Chartres (équipement multifonctionnel sport et spectacle), il travaille actuellement sur un projet de tours mixtes dans l'Est Parisien. 24 Présentation hôpital Le Centre Hospitalier Universitaire Estaing, avec une surface de 70.000 m2 et une capacité de 565 lits, remplace aujourd’hui les fonctions de l’ancien HôtelDieu édifié au XVIIIe siècle en centre-ville de Clermont-Ferrand. Deux enjeux principaux ont été établis par les concepteurs afin de définir la qualité de ce projet phare : « - Celui d’offrir une réponse affirmée à l’extension de la ville vers sa périphérie en proposant une solution architecturale valorisante pour ce nouveau quartier. - Celui d’assurer l’optimisation de la qualité d’offre de soins avec un regroupement des activités hospitalières par pôles et une mutualisation des moyens et de ressources, tout en favorisant un climat et des espaces de vie accueillants et sereins. » 25
24 25
http://groupe-6.com/#/fr/agency/presentation Groupe-6, CHU d'Estaing, Clermont-Ferrand – dossier de presse, page 3.
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3. Insertion urbaine Le nouveau CHU Estaing est implanté sur l’ancien site Estaing des usines Michelin, à la limite de la ville. Les architectes n’ont pas traité ce grand projet comme un projet classique d’hôpital, mais comme un projet urbain. L’implantation de cet équipement offre une réelle opportunité de développement de la ville au-delà de ses limites actuelles. Situé dans un quartier en pleine mutation, le CHU devient un véritable générateur d’urbanité et le point central d’un futur pôle tertiaire orienté vers la santé. Grâce à son parvis monumental marquant l’entrée principale, l’hôpital devient un repère urbain du quartier. Ce signal affirme clairement la présence de l’hôpital dans la vile et exprime la dimension publique et sociale de ce type d’équipement. Pour une bonne intégration en site, la trame historique de Montferrand, qui se prolonge jusque-là, se retrouve ponctuellement dans l’organisation volumétrique de l’hôpital. Ce dernier s’aligne aux rues existantes autour du site en définissant leur statut et leur qualité (Rue Lucie Aubrac, Rue du Ressort, Rue Molière et Rue d’Estaing). La hauteur était volontairement limitée à 15 mètres en respect pour les bâtiments existants et pour l’échelle du quartier. Entre l’hôpital et la voie ferrée fut construit un parking couvert avec des panneaux photovoltaïques. Ce parking a le rôle d’espace tampon entre les nuisances de la voie ferrée et l’hôpital. Finalement, pour améliorer encore plus l’intégration urbaine, les concepteurs ont traité l’intérieur de l’hôpital comme une ville en ville : « L’organisation et la volumétrie du nouvel hôpital répondent à une typologie et à un vocabulaire urbain. Au sein du CHUE, en effet, on parle de place, de parvis, de rue, de ruelles. L’hôpital
Le parvis de l’entrée.
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est déjà dans la ville. Ainsi, la rue intérieure, mail planté de 250 mètres de long ponctué de zones de repos et de lecture, est traitée comme un espace semi-public, piéton et commerçant, en un mot : une rue urbaine. » 26 La vitesse de construction était aussi un enjeu important pour les concepteurs, afin de répondre au besoin du déménagement de l’Hôtel-Dieu, mais aussi afin d’améliorer la qualité du nouveau quartier. La rationalisation des éléments constructifs, la limitation des gestes architecturaux complexes et le choix d’horizontalité ont permis de penser un chantier efficace et rapide. Enfin, pour réaliser l’étude et la construction de l’hôpital, 5 ans et demi ont été nécessaires, un record pour un projet de cette dimension. Lors d’un entretien pour la revue DH Magazine, Antoine BUISSERET explique l’approche du Groupe-6 pour le chantier du CHUE : « Une clé de la réussite a été pour nous de déléguer sur le site une équipe d’architecture et d’ingénierie à temps plein, du debout à la fin, pour assurer une étroite relation de compréhension, de dialogue et de souplesse réciproques avec le maitre d’ouvrage et l’entreprise. […] Fait assez rare, les délais ont été respectés. Pour ce qui nous concerne nous y avons mis les moyens : ainsi sur les études, nous avons mobilisé entre 15 et 20 personnes pendant près de deux ans. » 27
4. Typologie – Hôpital rue, implanté dans un site urbain Le CHU d’Estaing est organisé le long d’une rue hospitalière, qui structure d’une façon très lisible tout l’ensemble. Cette rue semipublique offre aux utilisateurs un espace clair et accueillant vers lequel tous les services médicaux s’ouvrent. La rue est végétalisée et devient un jardin traversant l’hôpital. Groupe-6, CHU Estaing Clermont-Ferrand – dossier de presse, page 4. DH Magazine, CHU Clermont-Ferrand – La modernité est au rendez-vous !, numéro 131, Mars-Avril 2010, page 81. 26 27
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Au niveau de la ville, la rue est conçue comme un véritable espace urbain, pouvant être traversé par les riverains. Elle joue aussi le rôle de voie d’accès pour le futur pôle dentaire, qui est actuellement (2013) en construction à l’Est de l’hôpital. Pour cette typologie, l’ample épaisseur de l’îlot et la complexité du programme étaient de grands obstacles pour l’éclairage naturel de tous les services. Pour y parvenir, les architectes ont fait appel à deux typologies de vides (cours) : - des patios (le plus grand desserve la zone de la pédiatrie) - des cours en U ouvertes vers le Sud. Questionné sur les références typologiques sur lesquelles la conception du CHU d’Estaing s’est appuyée, Antoine Buisseret, le chef de projet, évoque l’hôpital Georges Pompidou à Paris, conçu par Aymeric Zublena (traité en deuxième partie de cette étude) et l’Hôpital Militaire Percy à Clamart, conçu par Samir Farah. L’organisation au long d’une rue centrale de ces trois hôpitaux est assez exceptionnelle aujourd'hui, mais elle a le potentiel de devenir la typologie caractéristique pour une nouvelle génération d’hôpitaux.
5. L’architecture de l’hôpital En plan, le CHU d’Estaing est organisé au long de la rue centrale de 250 mètres qui commence par une place semicirculaire. Cette place marque l’entrée principale de l’ensemble. Vers le Sud, l’hôpital est organisé en peigne et vers le Nord la volumétrie est plus compacte, rectangulaire. L’enjeu architectural principal était d’articuler l’échelle monumentale caractéristique pour cet équipement public avec l’échelle humaine du patient. Le principe de circulation intérieure fut appelé par les concepteurs : « Une navigation en 3 clics » et fonctionne comme suite : « Le parti-pris de l’horizontalité permet de gagner en efficience et d’assurer des liaisons simples et directes entre les différents services. Les itinéraires des utilisateurs sont gradés, clairement lisibles et bien identifiés. Depuis le hall d’entrée, la
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circulation se fait en « 3 clics » : d’un côté le pôle mère-enfant, de l’autre le secteur adulte, autour de la rue centrale ; puis une fois dans la rue centrale, chaque point de montée dessert le service désiré. » 28 Les fonctions de l’hôpital sont clairement séparées en strates verticales et en secteurs horizontaux. Les strates sont organisées sur les quatre niveaux du bâtiment : - Le sous-sol, comportant la gestion logistique (cuisine, laverie, chapelle, service mortuaire, etc.) - Le rez-de-chaussée, comportant l’accueil, les espaces publics et l’ensemble des fonctions en liaison avec la ville (cafétéria, boutiques, etc.). - Les deux étages supérieurs, comportant le plateau technique et la zone d’hébergement. En plan, on trouve trois secteurs principaux : - Le secteur adulte au Sud de la rue intérieure, avec les zones d’hébergement en peigne. - Le secteur mère-enfant à l’Ouest, développé autour d’un patio privatif et d’un jardin d’enfants. - Le secteur médico technique au Nord. Le secteur médicotechnique.
La structure porteuse du CHU permet d’offrir une organisation évolutive des services d’hébergement en terme de surface (potentiel évolutif important de plus de 20 % des surfaces). De plus, une évolution fonctionnelle par l’extension
28
Groupe-6, CHU Estaing Clermont-Ferrand – dossier de presse, page 7.
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rapide des secteurs médico-techniques est possible. Le système technique était expliqué dans la revue Report (Reynaers Aluminium) : « Plaqué avec des plateaux modulaires, transformables et extensibles, le projet a été conçu pour garantir à l’hôpital un potentiel évolutif important avec une structure porteuse à large portée, des points durs regroupant les colonnes techniques, et une conception des façades démontables pour les pignons Nord du plateau médicotechnique. » 29 Les matériaux utilisés La gamme de matériaux choisis pour le CHU d’Estaing est simple et cohérente, donnant une identité forte au bâtiment. Le métal, le verre, le béton, le basalte (rappelant les volcans d’Auvergne) et les panneaux composites en résine de couleurs Trespa sont utilisés pour fragmenter le volume afin de minimiser l’effet de masse. Cette alternance des matériaux rappelle les activités et le contexte historiques environnants. Au rez-de-chaussée, afin de mettre en place une ouverture vers la ville, la façade est traitée avec des panneaux de verre profilés translucides, alternés avec des bandes de vitrage clair. Les étages abritant l’hébergement sont bordés de basalte afin de donner une image plus domestique. a. La place semi-circulaire Cette place d’entrée de l’hôpital a notamment un rôle de représentation, pour marquer l’importance de cet équipement au niveau de la ville et pour créer un point de repère visuel dans le quartier environnant. L’élément principal de la composition est le parvis d’entrée constitué de 4 piliers en béton supportant 1500m2 de couverture métallique. La dimension monumentale et la finesse spécifique à un ouvrage d’art font de ce parvis un signal, qui affirme l’importance publique et sociale de l’hôpital. La place semi-circulaire est en relation directe avec le grand hall d’accueil couvert, qui est le point de départ pour la rue intérieure. Ce rapport donne à la 29
Report (Reynaers Aluminium), Projet hôpital, numéro 5, automne 2009, page 25.
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place le statut d’une véritable extension extérieure des espaces publics intérieurs, en lien avec la ville. Au milieu de la place, on trouve un espace vert comportant une végétation basse (gazon, arbustes, etc.) ponctué par de petits arbres (sapins, magnolia stellata, magnolia soulageana, etc.). L’espace est meublé avec des bancs et des chaises longues en bois. Le traitement exclusivement végétal du sol est marqué par un chemin du désir qui traverse la place en diagonale (en reliant l’entrée de l’hôpital avec le carrefour). Entre les 4 poteaux monumentaux de l’entrée est aménagé l’espace pour les fumeurs, comportant les bancs le plus utilisés de tout l’ensemble. La place semicirculaire.
En relation avec la place d’entrée et la salle d’accueil est située un café – boutique comportant 50-60 places à l’intérieur et 8 (où 16) places à l’extérieur. Le café est très fréquenté par les visiteurs et par les patients, en permanence, pendant tout l’horaire d’ouverture. Lors mes observations j’ai remarqué que le café est souvent plus utilisé que l’espace végétal extérieur.
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b. La rue intérieure L’axe structurant de l’hôpital est un grand mail planté couvert, long de 250 mètres, qui relie le hall d’accueil (accessible par la place semi-circulaire) avec le Pôle dentaire situé à côté d’un futur parc urbain. La hauteur de 13 mètres permet d’amener la lumière dans le cœur du bâtiment par des illuminateurs zénithaux. Pour l’aménagement de cette rue intérieure les architectes ont cherché à amener une atmosphère lumineuse, sereine. Cette atmosphère est créée par un traitement paysager, ponctué avec des jardins d’agrément végétalisés, de mobilier urbain et d’installations et d’expositions temporaires. La composition est rythmée par les batteries d’ascenseurs panoramiques et par des passerelles qui relient la zone d’hébergement avec les zones médicales. La rue intérieure.
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Au niveau de fonctionnement de l’hôpital, la rue intérieure est le lieu de tous les échanges et activités. Autour s’y concentrent les cabinets de consultations externes, les boutiques, des activités culturelles, etc. De plus, un petit lieu de culte est accessible depuis cette rue. Toutes ces activités et fonctions sont destinées à amener l’atmosphère de la ville dans l’hôpital, afin de faire oublier leur hospitalisation aux patients. L’atmosphère et le concept d’aménagement de la rue intérieure sont synthétisés par les concepteurs : « Transparences qui laissent deviner les adresses recherchées. Sobriété des formes, effet de réel… tout concourt au confort des usagers et à la dédramatisation de l’univers hospitalier. » 30 La rue intérieure joue un rôle d’espace tampon entre l’extérieur et les services de l’hôpital. En hiver, elle est chauffe à 16 dégrées, afin d’augmenter l’inertie thermique de l’ensemble et de minimiser les effets de changements de température extérieure. En fait, Antoine Buisseret explique que ce statut d’espace tampon était l’argument qui a justifié, devant le maître d’ouvrage, la construction d’un espace vert intérieur assez grand : « Aujourd’hui, il faut être réaliste par rapport aux contraintes que les hôpitaux ont, ça veut dire que les contraintes budgétaires sont extrêmement fortes. Donc, aujourd’hui, pour pouvoir restituer de grandes espaces libres, comme on l’a fait à Clermont-Ferrand, il faut démontrer que ce sont des espaces qui créent des économies. Alors, je m’explique : c’est que par exemple on aurait pu imaginer la rue centrale à Clermont-Ferrand comme un espace extérieur et on aurait tout le cheminement piéton autour de ce jardin central. […] Sauf que le fait de couvrir cet espace et d’en faire un espace tampon, ça a permis d’économiser l’isolation des façades des deux côtes de la rue intérieure. […] Cet espace, on va dire intermédiaire, est devenu un espace à vivre. Ça, c’est vraiment intéressant parce que dans beaucoup de projets, quand on regarde le programme - c’était le cas à Clermont-Ferrand - pour le hall, on avait le droit à 400 mètres carrés, quand nous, on offre […] au moins 2500 où 3000 m2 qui ont été offerts par le fait que ça généré une économie dans la construction. Sinon, le programme en général les oublie. Il y a un budget qui est serré, donc il y a une petite surface pour le hall et la relation avec le jardin est une relation de lumière et de vue vers l’extérieur plutôt qu’un usage réel. » 31 En plus de ses qualités de circulation et
Groupe-6, CHU Estaing Clermont-Ferrand – dossier de presse, page 5. Entretien avec Antoine Buisseret; l’ensemble de l’entretien est présent dans la partie des annexes. 30 31
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d’espace public, l’emploie de cet espace tampon va générer des économies de chauffage et de climatisation pendant toute la vie de l’hôpital, estimée à 50 ans. La rue est bordée sur son côté Sud-Ouest par la salle d’accueil et de l’autre côté, au Nord-Est, par un petit espace extérieur couvert et végétalisé. Le hall d’accueil, qui est le point de départ de la rue, abrite des expositions temporaires de peinture. Lors mes observations, j’ai eu la chance de voir une exposition de Claudette Carletta-Viader qui a duré jusqu’à 8 avril 2013 et ensuite l’exposition ‘60s de Nokat. Le long de la rue sont également aménagés : un espace pour des installations artistiques, 4 espaces de détente et un point info. Pendant la période de mon étude (octobre 2013 - avril 2013) l’espace pour les installations artistiques été occupé par un ensemble de sculptures appelé La Pieuvre réalisées par Alain Séchas. Les sculptures étaient mise gratuitement à disposition du CHU Estaing par FRAC d’Auvergne. La Pieuvre.
« La Pieuvre présente une scène de vol figée en un instant crucial : la pieuvre, hypnotisant le bijoutier qui lui présente des pierres précieuses, lui dérobe son stock de diamants avec la complicité de comparses fantomatiques, dont un attend dans une voiture prête à démarrer en trombe. » 32 J’ai trouvé cette installation très réussie, capable de détendre un peu le patient qui est en train de parcourir la rue pour arriver au service médical souhaité. En
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plus de La Pieuvre, trois œuvres artistiques sont présentes dans la rue, réalisées par le sculpteur François Rudel et le ferronnier Bernard Buisson. Le prochain endroit marquant de la rue, entouré de végétation, est le point info santé. Celui-ci est aménagé comme une pièce ouverte et intime en même temps, où le patient a la possibilité de parler de ses problèmes aux conseillers de l’hôpital.
Un espace
Le long de la rue, le point info santé est suivi par les 4 espaces de détente végétalisés. Ces espaces sont traités d’une façon unitaire au niveau des matériaux et du mobilier urbain, générant une image cohérente et élégante. D'autre part, la végétation est employée différemment pour les quatre espaces afin de les rendre plus ou moins ouverts par rapport à la circulation de la rue. Ce traitement laisse aux utilisateurs le choix de passer le temps dans un endroit intime ou dans un endroit en relation directe avec la vie de la rue.
intime de détente.
Les plantes utilisées pour l’aménagement de la rue sont des espèces résistantes, avec une grande vitesse de croissance et des capacités fortes de régénération (bambou, lierre, fatsia, etc.). De plus, ces espèces de plantes ne provoquent pas des allergies, ce qui est une qualité indispensable pour la végétation présente dans l’univers hospitalier. Sur le choix des plantes Antoine Buisseret explique : « Il y a un choix assez précis de certains types des plantes, qui ne sont pas justement allergènes - qui évitent de créer des problèmes de respiration, ou d’allergies. C’est un paramètre en hospitalier qui est assez nécessaire. Il y a un autre paramètre qu’il faut
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prendre en compte – en général, les hôpitaux sont des établissements qui ont peu de moyens pour entretenir les jardins. […] À Clermont c’est un jardin qui est plutôt architectural et assez minéral. Finalement, il y a quelques zones de bambou, mais il y a quand même beaucoup de cailloux blancs, pour un entretien très facile, parce que l’hôpital n’a pas beaucoup d’argent pour entretenir les jardins. » 33 Le désavantage de l’emploi de ces plantes, dans un jardin intérieur avec un climat contrôlé, est l’impossibilité d’apercevoir l’alternance saisonnière. Dans les cours extérieures, pendant mes visites et mes observations, j’ai vu les plantes sèches pendant l’hiver et en fleurs pendant le printemps (magnolias, forsythias, etc.). Cette dimension saisonnière manque dans l’ambiance de la rue, où elle est remplacée par une atmosphère, peut-être, trop statique. Au niveau du traitement du sol, des plateformes en bois sont alternées avec des zones de gravier. La grande partie de la rue est traitée en galets quartzeux (blancs) et dans les zones végétalisées, le sol est couvert de graviers de scorie basaltiques bruns de provenance volcanique (probablement d’Auvergne). Une caractéristique qui différentie le CHU d’ Estaing des autres hôpitaux-rue est l’emplacement de la rue directement sur le sol naturel, sans la présence d’un sous-sol. Cela permet l’emploi de plantes plus grandes que pour une terrasse végétalisée aménagée sur une dalle de béton.
Entretien avec Antoine Buisseret; l’ensemble de l’entretien est présent dans la partie des annexes. 33
Bambou sur la rue intérieure
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À la fin de la rue, entre l’hôpital et le pôle dentaire est organisé un espace vert extérieur, mais couvert. Cet espace est beaucoup utilisé par les patients et par le personnel pour fumer et pour des contacts sociaux. L’espace vert extérieur.
c. Le patio du pôle mère-enfant Le patio du secteur mère-enfant est aménagé comme un jardin pour les enfants, accessible depuis les espaces de la pédiatrie. L’aire de jeux est traitée en sable et entourée d’un garde-corps métallique et par de la végétation basse (arbustes). D'autre part, le gazon est en plastique, collé sur une dalle de béton. Pendant mes observations sur le site, je n’ai jamais observé de gens utilisant le patio. Assez intrigué, j’ai soulevé ce problème lors de l’entretien que j’ai fait avec Antoine Buisseret. Sa réponse a confirmé mes suppositions –l’hôpital est probablement trop récent et les usagers n’ont pas eu les temps de s’approprier cet espace. « Parce que là, c’est effectivement un problème d’usage. Il peut avoir les
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intentions architecturales et après il y a l’usage. Cet espace était dédié pour être un espace de jeu extérieur pour les enfants. » 34 Même s’il n’est pas facilement accessible ou s’il n’était pas encore suffisamment approprié par les usagers, le patio est visible depuis toutes les zones médicales et les circulations qui l’entourent en leur offrant des vues agréables et de la lumière naturelle. Cette fonction de repérage est importante pour les patients du pôle mère-enfants en facilitant leur orientation à l’intérieur de l’hôpital. Le patio.
d. Les cours situées entre les dents du peigne Du côté Sud du site, entre les dents du peigne, quatre cours végétalisées sont présentes. Ces cours sont visibles depuis les chambres des malades du secteur adulte. L’aménagement des quatre cours est identique, comportant de gazon et des arbustes (forsythia, mahonia, pyracantha, saule, etc.). Une bonne partie du sol de chaque cour est traitée avec du sable pour permettre l’accès exceptionnel des voitures (surtout des voitures techniques, livraisons, etc.). Les quatre cours sont
Entretien avec Antoine Buisseret; l’ensemble de l’entretien est présent dans la partie des annexes. 34
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accessibles pour le personnel de l’hôpital et sont utilisées comme accès rapide depuis le parking et pour prendre des petites pauses. Une des cours situées entre les dents du peigne.
6. Conclusion Le nouvel CHU d’Estaing fait partie d’une génération très récente d’hôpitaux urbains, bien intégrés dans leur environnement urbain. L’étude de cet hôpital m’a fait comprendre son fonctionnement et ses relations avec la ville, qui se fait par l’intermède de ses espaces verts. En plus de ces espaces extérieurs, la rue intérieure végétalisée, qu’on trouve à Clermont-Ferrand, a des caractéristiques uniques pour le monde hospitalier (espace tampon, aménagement sur la terre pleine, etc.). Ses caractéristiques fonctionnelles ont été mises en évidence par la comparaison avec d’autres hôpitaux contemporains, présentés en deuxième partie de cette étude. (voir le tableau comparatif à la fin du deuxième partie). Du point de vue des usagers, la qualité générale de cet hôpital était confirmée par la directrice Christine Rougier, pendant un entretien pour la revue Auvergne Architectes, publiée en juillet 2010 :
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« On n’est plus dans un ensemble de pavillons séparés, mais sur un site plus « ramassé », et l’on évolue vers une prise en charge plus globale des patients. Les personnels, surtout soignants, se sont très vite approprié ce bâtiment. » 35 Malgré cette affirmation, valable pour les espaces intérieurs, le défaut d’utilisation du patio privatif et des cours situées entre les dents du peigne, m’ont montré que l’appropriation est, en fait, un processus lent, qui rend les espaces vivants petit à petit. Magnolia stellata sur la place de l’entrée.
AUVERGNE ARCHITECTURES, CHU Estaing ; dans le sens de la longueur, no.52, juillet 2010, page 12. 35
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Fiche technique 36 Architectes : Michel Rafin, Yves Pervier, Antoine Buisseret, architectes michel.rafin@groupe-6.com yves.pervier@groupe-6.com antoine.buisseret@groupe-6.com T + 33 1 53 17 96 00 94, avenue Ledru-Rollin 75011 Paris Directrice de la communication Laurence Guéret-Plard laurence.gueret-plard@groupe-6.com T + 33 1 53 17 96 61 Ingénierie technique : Jacobs France Type d’ouvrage : Centre Hospitalier Universitaire Estaing (CHUE) Adresse : Quartier Estaing à Clermont-Ferrand, 1 place Lucie Aubrac 63 003 Clermont-Ferrand cedex 01 Directeur du CHU : M. Alain Meunier, Directeur Général du CHU de Clermont-Ferrand Mme Marie-Christine Rougier, Directrice du site Estaing Type d’opération : concours loi MOP Maître d’ouvrage : CHU Clermont-Ferrand Mandataire : Groupe-6 (Michel Rafin et Yves Pervier directeurs de projet; Antoine Buisseret, chef de projet) Entreprises : Groupement GFC-GTM-DUMEZ Rhône Alpes et DUMEZ Lagorsse Surface : 70 000 m² Capacité totale : 565 lits et places Budget : 223 millions d’euros TTC (y compris achat du terrain et démolition) Calendrier : Lauréats du concours : mars 2004 Date de réception : 5 octobre 2009 Ouverture publique : mars 2010 36
http://groupe-6.com/#/fr/projects/view/15 - Dossier presse.
Conclusion
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V. CONCLUSION L’architecture de la santé est un sujet qui suscite mon intérêt depuis longtemps. De plus, j’ai observé dans la composition de plusieurs hôpitaux contemporains une insuffisance évidente des espaces verts. Cela n’était pas spécifique pour les anciens hôpitaux, où la présence de la nature était considérée comme une thérapie à part entière. Ce contexte a amorcé la formulation de ma problématique : Le jardin, dans le sens classique du terme, a-t-il encore un rôle important pour un hôpital contemporain ? Par rapport à cette question, j’avoue avoir eu, au début de mon étude, une vision un peu romantique et j’étais tenté de répondre que : Oui, la présence d’un jardin a un rôle très important pour le bon fonctionnement d’un hôpital contemporain. Aujourd’hui, à la fin de l’étude, ma réponse reste toujours affirmative, mais beaucoup plus nuancé qu’avant. D’abord, j’ai découvert que c’est principalement la vue vers la nature et non la présence physique du patient dans le jardin, qui accélère le processus de guérison. Une vision assez radicale à ce sujet a été affirmée par l’architecte norvégien Arnold Burger, lors de nos échanges : « on peut dire que si un patient est capable de sortir dans le jardin, il est capable de rentrer chez soi ». D’autre part, les bénéfices d’une vue vers la nature ont été démontré par des études scientifiques depuis plus d’une vingtaine d’années. L'un des chercheurs les plus éminents dans ce domaine est le psychologue environnementaliste Roger ULRICH, qui a suggéré que « bien conçu, les jardins d’hôpitaux non seulement offrent des vues de la nature réparatrices et agréables, mais peuvent aussi réduire le stress et améliorer les résultats cliniques ». (Roger ULRICH, View through a window may influence recovery from surgery, 27 avril 1984) Dans une de ses études, il a constaté que les patients en chirurgie ayant bénéficié d’une vue vers un jardin, ont pu quitter l’hôpital plus tôt, ont pris moins d’analgésiques et ont reçu moins d'évaluations négatives de la part des infirmières que les patients groupés dans des salles similaires avec une vue vers un mur. Cette étude évoque également d’autres avantages amené par une vue sur la nature, comme la réduction du cout des soins et l’amélioration de la satisfaction du personnel. D’autre part, les bénéfices d’une présence physique du patient dans un jardin ne sont pas une évidence pour les scientifiques. Les études de Robert ULRICH ont été également évoquées par Michael Puksta, lors
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de notre entretien. Aux États-Unis, ces résultats constituent une base d’appuis pour la conception des hôpitaux, celle-ci est traduite par des implantations moins urbaines qu’en Europe, avec des vues vers le grand paysage. Une deuxième conclusion, alimentée par mes observations sur le CHU Estaing et par le biais des entretiens, est relié à l’usage des jardins extérieurs. Les expériences des architectes questionnés ont relevé que la mise en place seule d’un espace vert n’est pas suffisante. En effet, si ces espaces ne comportent pas de fonctions, les patients ne l’utiliseront pas. De ce point de vue, les espaces végétalisés intérieurs (atriums, rues, etc.) sont plus facilement intégrables dans le fonctionnement général de l’hôpital. De plus, un autre avantage de ces espaces intérieurs est la présence d’une climatisation contrôlée, qui les rend utilisables durant toute l’année. Un bon exemple d’espace intérieur végétalisé, fonctionnel et vivant est la rue du CHU Estaing de Clermont-Ferrand. En effet, nous pouvons nous demander si le concept d’hôpital dans un jardin n’est-il pas en train d’évoluer vers celui du jardin dans un hôpital ?
En dernier lieu, nous pouvons nous questionner sur les possibles évolutions des jardins et des hôpitaux. Comment sera l’avenir des jardins hospitaliers ? Il est normal de penser que la médecine continuera à évoluer et nous passerons, dans le futur, moins de temps en hospitalisation qu’aujourd’hui. Si l’on parle d’une hospitalisation de courte durée (un, deux jours), il parait évident que la présence d’un jardin ne rendra pas de bénéfices visibles. Cependant, la présence des espaces verts, destinés à la détente du personnel, restera essentielle. Finalement, j’envisage qu’à l’avenir, l’hospitalisation sera plus nettement séparée du traitement ambulatoire. Ce dernier va rester exclusivement urbain, de proximité, avec les contraintes spatiales afférentes. D’une autre part, tous porte à penser que nous verrons apparaitre de nouveaux établissements hospitaliers très spécialisés, pour les interventions médicales les plus intrusives, réalisables grâce à de nouvelles technologies (transplants, etc.). Pour ces hôpitaux, dont la période d’hospitalisation sera considérable, je suppose qu’ils suivront un retour vers la nature, visible par la mise en place de jardins, afin d’améliorer le séjour des patients ayant des problèmes plus complexes.
Annexes
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Annexes
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Annexes
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CHA Woman’s and Children’s Hospital, Bundang, Korea : http://kmdarchitects.com/ Croquis hôpital Georges Pompidou : VALLAT (Daniel), Aymeric Zublena, Mardaga, Liège, 1995.
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VII. ANNEXES
1. Questions pour Michael Pukszta (AIA, Principal, Healthcare Practice Leader) Cannon Design, St. Louis, MO, USA. 0. Je présente mon sujet et ma problématique. 1. Pourriez-vous me donner votre avis sur le rôle et sur la place des jardins des hôpitaux contemporains ? Dans quelle mesure sont-ils importants dans le processus de guérison ? - Would you mind giving your opinion on the role and the place of contemporary hospitals’ gardens? Are they still important in the healing process? 2. Pendant le processus de conception d’un hôpital, quelle importance donnezvous aux aménagements et dimensions des jardins ? Pour quoi? Est-ce que vous avez des modelés dans l’histoire de l’architecture ? - During the design process of a hospital, what importance do you give to the layout and the size of the gardens? Why? Do you have inspirational models in the history of architecture? 3. Au niveau de programmation, est-ce que les jardins fassent partie de la demande ou c’est plutôt une proposition des architectes ? - Are the gardens usually part of the client’s demand or are they an architects’ proposal? 4. Quelles sont les espèces de plantes que vous utilisées dans les jardins ? Pour quoi ? Est-ce que vous travaillez avec un paysagiste ? - Which are the plant species that you use in the garden design? Why? Do you work with a landscape architect? 5. Pouvez-vous me donner quelques détails sur la façon dont vous avez conçu le jardin (et son rapport à la nature) dans le cas de le Centre Médical Baptiste à Jacksonville, FL, USA ? - Can you give me some details on the way you designed the garden (and the connection with nature) in the case of the Baptist Medical Center in Jacksonville, FL, USA. 6. Comment imaginez-vous le futur des jardins dans les hôpitaux de demain? - How do you picture the future of hospital gardens?
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2. Entretien avec Michael Pukszta, (AIA, Principal, Healthcare Practice Leader) (Cannon Design, New York, USA) Fait le 13 mars 2013 – Skype, (8.00 St. Louis, USA time – 14.00 France time) RP : Would you mind giving your opinion on the role and the place of contemporary hospitals’ gardens? Are they still important in the healing process? MP : When I think about gardens, and hospitals, I’ve been doing healthcare design for about 25 years. Maybe I should tell you a little bit about myself, so you know who you are talking to. RP : Yes, I’ve already read a bit about you on the internet. MP : OK. So, I am an architect, I was trained in Unites States, I’ve practiced probably 70 – 75 % of my experience is in North America. The rest is in various parts of Europe, Asia and South America. So, I’ve practiced all over the world. I started doing healthcare architecture right out of school and for that was probably 25-27 years ago. So, I really done nothing, but healthcare and right now I lead the healthcare practice of Cannon Design. And we’re about second… second or third largest healthcare architect in the world. So, I’ve got a huge practice of probably 5 or 6 hundred people around the world doing healthcare architecture at any point in time. And we practice in every continent. So, I have a pretty good understanding of what’s happening both in North America and in other places around the globe. RP : That’s really impressing… MP : It’s been a fun ride… it’s been a fun ride. You know, you’re question about gardens, that’s really a subset of a larger conversation about access and views to nature. That’s important in healing. And the gardens, they’ve got a long history. The history, if you go back to some of the earliest hospitals, you know, even if you go back only 100 years or 150 years… you can go further than that, but if you go back to contemporary times. Most of the philosophy of designing a hospital was that you needed a lot of air blowing through the building to blow out any of the disease that is inside the hospital. And, before the days of heating and ventilation and air conditioning, hospitals tended to be very narrow buildings with windows on the both sides, with the idea that the wind can blow through the hospital and blow out the bad air. And so, these buildings, all the hospital buildings, tempted to be very narrow and they tempted to have courtyards because they started to wrap around on themselves and the courtyards formed exterior… they weren’t called gardens at the time but they basically formed gardens. And so, the first reason that we had, the little
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gardens in healthcare was really because the building just wanted to be very narrow. And once you started turning corners and wrapping it around itself it formed interior spaces that became gardens. So, the history of gardens has nothing much to do with the fact that they wanted a garden, it has a lot to do with the fact that hospitals had to be very narrow buildings and generally they were very large. Now, if you go all the way… gardens never played a role in the hospitals… once contemporary heating and ventilations systems stated emerging. RP : So, the mechanical ventilation systems have an important role in the disappearance of gardens? MP : It does. So, in 1930s, 1940s when we started enclosing our buildings in being able to heat and cool them without opening windows – hospitals started getting very, very fat. So, if you look at the footprint of a hospital from the 1940s, 50s was a very fat footprint with interior space because now we can heat and cool that interior space. And, for a hospital, the more space you can put on one floor, the better. Because there’s so many pieces that need to coordinate with one another and so if you look at buildings from 50s -60s, you’ll see these very, very fat footprints. With, you know, generally a base that has a lot of diagnostic functions and they might be... 100.000 square feet, 10.000 square meters, you know, with hardly any garden space in them. Or they might have had a small garden but it’s been overtaken over the time. So, we got to the point, 50 years ago, where we were building these enormous buildings with no natural light, with no views to the exterior and no garden space. And then in 1989, I think it was, there was a landmark study that was done by a researcher where he took an inpatient unit, a unit where patients are spending the night. And there was an identical impatient unit, that had patient rooms on one site that were facing… potentially a brick wall, about 10 meters away. On the other side the patient rooms were facing a garden, an exterior space with nature and lots of natural light. So, he researched what the patients’ outcomes were. For the patients that were facing the garden versus patients that were facing the brick wall. And the patients were assigned to the rooms at random, the exact same patient types were in every room, the nursing staff was exactly the same, so the only thing different was one had a view to a garden and one had a view to a wall. And what he found was really remarkable that the patients that were in the room that were facing the garden and use less pain medication and higher satisfaction, they stayed in hospital less time and they were discharged earlier. And a couple of other very saddled differences and the only change was the window. And so, this in the late 80s when he discovered this
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there was a revelation that views to the nature, views outdoor, natural light actually improve the healing process. And so, at that point there was a resurgence to say we need to start developing buildings with access to nature and access to light. And that’s where gardens started to come into play. But a garden is a… you know, as an architect we’ve got a lot of different ways that we can provide patients’ access to light, views, nature. We can either organize the building so that the significant spaces and patient areas are facing outward and we can face them towards pleasant views, if we have views of mountains, if we have views of water, rivers, streams we can certainly face them in that direction. And we can face them towards nature. In some cases it’s impossible to get all of the various spaces in hospitals to face a mountain. Some of them have to face the opposite direction. And if they have to face the opposite direction or if they are so low in the building that your views out are really what’s in front of your window, because there aren’t any long distance views we use gardens to be able to define… to use architecture to define a space that’s capture that we can put some nature in it. So, going back to your first question, are gardens even relevant… what I think we do is we try to design buildings that have views to nature, they have nature pulled into them and gardens are just one of three or four or five different methods that we have of being able to do that. So, I still think that they are very relevant; they are just one of many ways that we provide access to nature. RP : Ok, so, in your opinion, it’s more important the view than a direct access to garden? MP : I believe that’s mostly the reason the garden exist, it’s because it’s an opportunity to bring nature and to bring light into patients spaces. There’s a little bit of research about patients and family members actually using the gardens, physically being inside of a garden, but there’s very limited research that suggests that the garden plays an important part of the healing process as a physical space to actually be in. There are different theories and developing laborants inside of a garden as meditative areas where people can relax and people can refresh and rejuvenate. So, when we do develop gardens we tend to try to put activities in the gardens, to draw families out, to draw people out and to try to utilize it as much as we can, because otherwise it’s just a space that nobody goes into. But, you know, in my experience and I’ve done a lot of hospitals with gardens spaces: there are very rarely used. I mean, we really struggle to find functions to put inside gardens to get people out to them. You know, we’ll put food services and those little vending cards of coffee cards or something like that in gardens just to pull people into them. You know, to say:
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“Come out here! Use this space!” And even when we’ve done that they have been that successful, usually the hospital within a short amount of time will pull that function back into the hospital just because the people aren’t outside using them. So, our struggle of gardens is that they are wonderful to look at, they are important because they bring light and views to patients spaces, but they are not highly utilized and we’ve been struggling figuring out a way to get them to be more utilized. RP : I also want to ask you, if exterior gardens are not utilized, are the any interior hospital spaces that are used for visits, for socializing – like big halls or atriums? Or planted hospital streets? MP : Yes, the most successful garden spaces I have since are the ones that are actually brought inside the hospital. And they no longer become an exterior space, they become an interior space. There’s a project that was just developed, probably five years ago, in USA, in Detroit, Michigan, I am trying to remember the name of the hospital, but they developed probably one of the largest interior gardens that I have ever seen. It has to be, I am only guessing but it’s probably 200.000 square meters of garden space inside the middle of the hospital and it’s all enclosed, they have glass on the top, they have fake plants inside of it. It’s not even a real garden; it has some real plants but mostly is fake trees. But it’s highly utilized, they put the cafeteria in the middle of it and people go there, and they sit and they eat. They’ve a small meditation space that I have seen used, they bring musicians in, they have concerts, the staff goes there in evenings and they listen to the piano player or the flute player and a lot of the patients‘ rooms face it and it’s a wonderful space. I mean, that’s really wonderful. And it is highly utilized and so if you are looking at different definitions of gardens, probably in interior garden which is really what that is. Has enormous use and enormous benefit. It’s also very expensive to build. And o lot of our clients… they really question if I invest in that. That is millions and millions of dollars. RP : Ok, thank you. Do you still have a bit of time? MP : I do, I have maybe another 10 minutes. RP : Thank you very much. Now, I would like to ask you if you have any historical or contemporary models that inspires you? Any references? MP : Oh, well, that’s a good question. You know, I wouldn’t say that there’s one architect that inspires us. You know, I think we can look to other building types for inspiration for healthcare because a hospital is one of most challenging buildings to design because it’s design for function, not for beauty. And so, we try to look to other architects doing other kinds of work, to understand how
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they defined beauty and are there ways that they have created that can be brought into healthcare, to try to enhance the beauty of an hospital. Because it’s really, really hard to define and to design a beautiful hospital. It’s very hard because that’s just a big functional machine. And so, if there’s inspiration, our inspiration actually comes from Rafael Vinoly doing auditoriums or theaters that we’ll try to see if there are pieces of that, that we can be inspired by. The funny thing about a hospital, I’ve had a lot of experiences with very well-known architects that have a signature brand: I worked with Norman Foster, Rafael Vinoly, several others. When they start to design a hospital, they realize how difficult it is and even the best designers that we think are doing the best work in architecture. If you look at the work they’ve done in healthcare: it’s really not that good. It’s a tough, tough building, so I think we look for inspiration in lot of areas when we start to design a hospital. RP : Ok. And I have last question for you. I am interested in how does the design process works in North America. Do you work with a landscape architect? MP : We do. If we know a project is going to have a significant exterior component or even an interior garden component, we’ll bring a landscape architect on immediately. For example I’ve got a new ambulatory care center that I’m designing for the University of Minnesota and we’ve just sided the building in the last week, we just started this process and we’re understanding how important the landscape is and this particular site for this building. And so, right now, the only thing we’ve done is just determine where on campus the building should go. We’re now hiring the landscape architect because the landscape is going to be so important. So absolutely… there are several very good ones that can work at a conceptual level, a lot of landscape architects just understand plants but there are also many that understand how buildings and landscapes lead to work together. Those are the ones that are really beneficial in healthcare. RP : Ok. And finally, can you please tell me your opinion about the future of hospitals and the future of hospital gardens? How do you picture it? MP : Good question… RP : They will still exist or we will be treated at our homes? MP : Well, both. So, the future of healthcare is going to be delivered virtually more than face to face. So, you know, just about everyone have one of these right now (il me montre son téléphone portable) and, you know, being able to have a physician consultation over your phone is happening today. And being able to have your phone do some modern diagnostics is happening today. In
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some parts of the world, you know, your physician visit when it’s really difficult to get from where you live to a doctor, and especially in the parts of third world. We’re doing a project in Haiti right now and getting from one part of the country to another to get to the hospital is very difficult, but everybody has a cellphone. And so, a lot of the simpler care is going to be delivered without anyone going to visit a physician which means that our hospitals are going only take care of the most complex patients and the most complex care that exists. So, there’s still going to be need for hospitals. There are going to be what we call more pottnery we’re going to be treating sicker patients and the patients are going to be there for longer. Because we’re going to be transplanting organs, we’re going to be doing the most invasive surgery on patients. And if they’re in the hospital for longer, gardens and nature actually play a bigger role. Because if you are only in a hospital for a day, it probably doesn’t have a big impact a view to nature, a view to gardens, probably doesn’t have that big of an impact. But if you’re there for seven or eight days, then it has a big impact. And if we can, you know, if views to nature can reduce our length to stay by 10% you can take a 10 day… a patient that’s in a hospital for 10 days and reduce it to 9, that’s a big deal. So, I actually think gardens are going to have a stronger role. You know, in our hospitals because our patients are going to be there for more time and they are going to need that amenity. RP : Ok. These were all my questions. Thank you very much for you answers and for your time. It was a very thought-provoking conversation. MP : No problem. Good luck to you and good luck for you future.
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3. Questions pour Antoine Buisseret (Architect, Partenaire – chef de projet CHU d’Estaing à Clermont-Ferrand) Groupe-6, Grenoble, France. 0. Je présente mon sujet et ma problématique. 1. Pourriez-vous me donner votre avis sur le rôle et sur la place des jardins des hôpitaux contemporains ? Dans quelle mesure sont-ils importants dans le processus de guérison ? 2. Pendant le processus de conception du CHU de Clermont, quelle importance donnez-vous aux aménagements et dimensions des jardins ? Pour quoi? Est-ce que vous avez des modelés dans l’histoire de l’architecture ? 3. Quelles sont les espèces de plantes que vous utilisées dans les jardins ? Pour quoi ? 4. Est-ce que vous travaillez avec un paysagiste ? ? Si oui, est-ce que vous pourriez m’envoyer son contact? 5. Comment imaginez-vous le futur des jardins dans les hôpitaux de demain? 6. Demander des nouvelles pistes de recherché….. ?. Au niveau de programmation, est-ce que les jardins fassent partie de la demande ou c’est plutôt une proposition des architectes ?
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4. Entretien avec Antoine Buisseret, (Architect, Partenaire – chef de projet CHU d’Estaing à Clermont-Ferrand) – Groupe-6, Grenoble, France. Fait le 5 avril 2013, 9.30 – entretien téléphonique RP : Ma première question est : pendant le processus de conception du CHU d’Estaing à Clermont, quelle importance vous avez donné aux aménagements et dimensions du jardin ? AB : Par rapport à l’intégration des jardins, vous avez remarqué que le CHU d’Estaing est un projet qui est, come même, très étendu, c’est un projet qu’est très horizontal et effectivement la dimension de l’équipement nécessite une organisation quasiment à l’échelle urbaine, par exemple l’impact du bâtiment correspond quasiment au centre-ville de Montferrand, qui est juste à côté. Donc le projet est organisé autour des places, des rues, donc il y a toute une hiérarchisation, on va dire des espaces semi-publics avant d’entre dans les fonctions vraiment hospitalières. Donc, quand on organise l’espace à l’échelle, on va dire urbaine, forcément le jardin prend dimension importante dans l’environnement hospitalière et dans ce projet-là particulièrement. Si on hiérarchise, le grand espace majeur est forcément le parvis d’entrée qui est un espace qui est plutôt minéral et qui est vraiment traité comme un espace public. Il y a le hall qui est une articulation entre le parvis et la fameuse grande rue centrale, qui est justement traité comme un jardin. Et après, l’autre élément important est le jardin de l’espace pour les mère-enfants, qui est le jardin qui est derrière, autour du quel est organisée le pôle mère-enfant. RP : À propos du jardin pour les enfants, pendant mes observations sur place je n’ai pas remarqué des gens qui utilisent ce patio… AB : Alors, je ne suis pas retourné à Clermont depuis longtemps… l’aire de jeux pour les enfants était construite ou pas, finalement ? RP : Non, elle n’était pas construite, c’est juste un zone avec du sable, entourée par un garde de corps, mais ça c’est tout. AB : D’accord. Parce que là… il peut avoir les intentions architecturales, mais après il y a l’usage qui fait l’utilisateur, normalement cet espace été dédié aussi, en partie pour être un espace de jeu extérieur pour les enfants. Donc, c’était sa fonction, après, dans l’usage je ne sais pas si c’est réellement utilisé effectivement. Pour revenir un peu à la hiérarchisation de ces grandes espaces, on voit que l’espace de parvis qui a un rôle vraiment… ouvert sur la ville… et qui a un rôle vraiment d’espace public, la rue intérieure, elle a une dimension différente, parce que là elle est traité d’une manière paysagère – est traité comme un espace projeté, elle est à l’intérieur du bâtiment. On est, pour information,
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cet espace de la rue intérieure est considérée comme un espace tampon, c’est-àdire qu’il est chauffe simplement à 16o en hiver, ça veut dire qu’on est dans un espace intermédiaire entre l’intérieur des fonctions hospitalières et l’extérieur. Ça permet de créer un espace protégé qui est quand même utilisable, même en hiver, par les patients, par les visiteurs, qui permet d’avoir un espace semiextérieur, un peu comme un jardin d’hiver. Qui permet d’avoir un espace, on va dire, extérieur des fonctions hospitalières, protégé, qui permet aussi un usage pendant tout l’année, parce que dans un hôpital, effectivement les patients ils ont forcément du mal à se rendre à l’extérieur de l’hôpital, par contre cette rue centrale était vraiment imaginé comme un espace… les fonctions de cet espace, on va dire intermédiaire au niveau climatique, qui permet d’avoir des usages, on va dire, variés. C’est-à-dire que ça fait du repère, il y a une dimension aussi d’ambiance générale, quand on arrive ca affiche quand même une ambiance plus chaleureux que simplement des couloirs d’hôpitaux. Et en même temps, ça permet … vous avez vu comme c’est organisé cet espace-là, il y a de bancs il y a des espaces verts qui sont organisées, qui permettent justement de créer des espaces pour rencontrer les familles, pour échanger, dont qui créent de l’espace… on va dire, qui créent un peu de la vie sociale, ou des espaces de repos en dehors de zones purement hospitalières. Contrairement au jardin… à l’espace du pôle mère-enfant, ou le jardin est extérieure, donc il serve aussi de repère, parce que quand on chemine pour se rendre dans les différentes unités du pôle mère-enfant on circule, on va dire, autour de ce jardin donc il y a toujours une dimension de repère, et par contre il est un espace extérieur, qu’il n’a pas un usage des patients. Les patients qui sont hospitalisés ne profitent pas du jardin, c’est un jardin surtout pour amener de la lumière et aussi de repère. RP : Vous m’avez dit que la rue intérieure est chauffe à 16o l’hiver. Quand vous avez choisi les plantes pour la rue intérieure, vous avez pris en compte cette température ? AB : On n’a pas pris forcement en compte la température, nous on a pris en compte un autre paramètre qui est important, même dans le cas de jardins extérieurs, c’est en univers hospitalier… il y a beaucoup de plantes qu’on ne peut pas utiliser, par exemple les arbres le bouleau, je ne sais pas si tu connais le bouleau – c’est des arbres avec un écorce blanche. Il y a des espèces des arbres qui peuvent produire des allergies. Donc ça, dans un environnement hospitalier, il y a un choix assez précis de certains types des plantes qui ne sont pas justement allergènes. Qui évite de créer de problèmes de respiration… ou d’allergie. C’est un paramètre en hospitalier qui est assez nécessaire, il y a un autre paramètre en hospitalier qu’il faut prendre en compte – en général sont
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des établissements qui ont peu de moyens pour entretenir les jardins. Donc il faut quelque chose, vous avez vu qu’on a un jardin qui est tout planté, c’est un jardin qui est plutôt architecturale et assez minérale. Finalement il y a quelques zones de bambou, il y a quand même beaucoup de caillou blanc des choses comme ça, pour un entretien très facile parce que l’hôpital a pas beaucoup d’argent pour entretenir les jardins. RP : Oui, j’ai déjà remarqué ça. Est-ce que vous avez travaillé avec un paysagiste? AB : Oui, c’est une cellule interne qu’on a chez nous. On a une structure de paysagistes en interne. RP : Est-ce que je peux avoir un contact de cette structure ? AB : Pour vous mettre en contact avec la structure de paysage… par contre la personne qui a précisément travaillé sur le projet est plus à l’agence malheureusement. Par contre, je peux vous mettre en contact avec un paysagiste qui dirige la cellule paysage du Grenoble, qui peut répondre justement aux questions précises sur les jardins, les paysages en univers hospitalier, par contre elle n’a pas travaillé précisément sur le projet de Clermont-Ferrand. Je vous donne son nom, elle s’appelle Corinne Thibaud donc son adresse mail, je vous la donne tout suite, donc c’est corinne.thibaud@groupe-6.com. RP : D’accord, merci beaucoup ! AB : Vous pouvez dire justement que vous avez déjà eu des échanges avec moi et surement elle sera disponible pour vous aider. Pour information aussi, effectivement, par rapport à ce qu’on fait : on a fait pas mal des projets hospitaliers, le projet de Clermont-Ferrand, par rapport à la rue intérieure est assez exceptionnelle parce que, effectivement, il y a de fois beaucoup de directeurs d’hôpitaux qui ne veulent pas des jardins à l’intérieur de l’hôpital, juste de patios et de jardins extérieurs. Justement pour des problèmes d’entretien et de problèmes d’allergie. RP : Je comprends, est-ce que vous avez le temps pour encore deux questions ? AB : Oui, bien sûr. RP : Je me suis demandé, pour le CHU de Clermont, est-ce que vous avez eu des modelés dans l’histoire des hôpitaux ? AB : Des modelés par rapport au jardin ? RP : Oui, par rapport au jardin, mais aussi par rapport à la typologie. AB : Par rapport à la typologie, alors, on va dire, entre guillemets, que nous l’avons fait en peigne – c’est une typologie que nous avons utilisée déjà dans d’autres projets avant, il y a le projet de l’hôpital de Vesoul, qui était fait un petit peu avant, qui était organisée aussi autour d’une grande rue centrale, le
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projet… le centre hospitalier d’Orléans, que c’est un projet que maintenant on réalise avec cette organisation-là. Comme model, il y a deux grandes typologies en général, dans le modèle hospitalier : il y a le modèle, monobloc, de quelque part, qui est très compact, avec plutôt un système de patios pour amener la lumière. Et un système plutôt en peigne, comme on développe à ClermontFerrand qui permet d’avoir autour d’un axe central, de développer d’un côté les fonctions de consultations au rez-de-chaussée et les hébergements en partie supérieure. Et de l’autre côté de cette axe centrale, le plateau technique. C’est-àdire, le bloc opératoire, la radiologie, tous les laboratoires, toute la partie très technique de l’hôpital. Qui permet justement, déjà, d’avoir des organisations typologiques assez spécifiques, parce que déjà c’est difficile de superposer ces fonctions-là. Et cette axe linéaire, sont plusieurs manières de la traité : effectivement à Clermont-Ferrand, dans le projet qu’on a fait, il y a projet qui pourrait… dans la thématique de la rue centrale, c’est l’hôpital GeorgesPompidou à Paris. RP : Oui, oui… je connais, l’hôpital d’Aymeric Zublena. AB : Oui, exactement, c’est une grande rue centrale. Mais il n’y a pas tons de projets qui sont faits comme ça. Il y a aussi l’Hôpital Militaire Percy à Clamart celui qui est fait par Samir Farah. Là c’est pareil, une grande, grande rue atrium, centrale. Donc, dans la typologie d’espace centrale il y a : Clermont-Ferrand, l’Hôpital Pompidou, l’Hôpital Militaire de Percy qui sont organisés justement autour d’un grand espace central, sur toute hauteur, qui est un espace un peu intermédiaire et qui permet d’intégrer une dimension, on va dire, paysagère. Alors, après, la dimension paysage est plus ou moins utopique, c’est vrai qu’à Clermont-Ferrand on a vraiment voulu avoir une bande centrale paysage, d’ailleurs pour information on est sur pleine terre, c’est-à-dire que on n’est pas sur une étanchéité c’est-à-dire que la terre … il y a pas de ravin ou de sous soul en dessous. C’est vraiment de la pleine terre et justement tous les cheminements passent autour. Par contre, à l’hôpital Pompidou et à l’Hôpital Militaire de Percy il y a moins… il y a des éléments végétaux, mais c’est moins un grand jardin central. RP : D’accord. Maintenant une dernière question. Comment vous imaginez les jardins des hôpitaux de demain ? AB : Alors, aujourd’hui il faut être réaliste par rapport aux contraints que les hôpitaux ont aujourd’hui, ça veut dire que les contraintes budgétaires sont extrêmement fortes. On se rend bien compte. Donc, aujourd’hui, pour pouvoir restituer, on va dire, des grands espaces libres, comme ça, comme on l’a fait à
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Clermont-Ferrand, il faut démontrer que sont des espaces qui créent des économies. Alors, je m’explique : c’est que par exemple on aurait pu imaginer la rue centrale à Clermont-Ferrand comme un espace extérieure et on aura, on va dire, tout le cheminement piéton autour de ce jardin central. Et après faire des galeries qui traversent le jardin. Mais, par contre, on se rendu compte que, puisque-là on aura construit, entre guillemets, sur le papier moins de surface et qu’on ferait plus d’économies, sauf que le fait de couvrir cette espace et de lui donner un… de faire un espace tampon ça permis d’économiser l’isolation des façades des deux côtés de la rue intérieure. On a limité finalement le linaire du façade cher et ça permis d’offrir en plus du tampon encore plus de compacité pour le bâtiment. Cet espace, on va dire intermédiaire, a permis de redevenir un espace à vivre. Ça c’est vraiment intéressant parce que dans beaucoup de projets, quand on regarde le programme, c’était le cas à Clermont-Ferrand, pour le hall, dans le programme, on avait le droit à 400 mètres carrés, quand nous, on offre... du mémoire je sais plus combien on a on surface, c’est 250 mètres de long par 10 de large, donc il y a au moins 2500 où 3000 mètres carrées qui sont justifiées… qui ont été, entre guillemets offert, par le fait que ça généré une économie dans la construction. Sinon, le programme en général les oublie, il y a un budget qui est serré, donc le hall, il y a une petite surface pour le hall et la relation avec le jardin est une relation de lumière et de vue vers extérieur plutôt qu’un usage réel. RP : D’habitude le jardin est une demande de vos clients ou c’est une proposition de l’architecte ? AB : Les programmes ne les demandent jamais. En général ne sont pas demandés. Si vous voulez étudier sur la thématique de jardin en milieu hospitalier, ce que je vous invite à faire, parce que je travaille sur un autre concours en ce moment sur un bâtiment assez exceptionnel, qui est très originale dans sa conception : c’est le centre de traitement de brulées justement de l’Hôpital Militaire de Percy. Et c’est un bâtiment qui était fait dans les années 80… et est complètement organisée autour d’une serre tropicale. Ils utilisent justement le fait qu’il y a beaucoup de machines pour le traitement d’air, puisque c’est des unités très particulières, des chambres très stériles, il y a beaucoup de machineries pour faire un air de qualité et la chaleur dégagée par les machineries permettait d’apporter de la chaleur pour faire un jardin tropical au milieu de l’hôpital. C’est un bâtiment qui est vraiment incroyable. Sur la thématique des jardins, ce projet-là vais finir par être démoli parce qu’ils ont de gros problèmes d’étanchéité sur la verrière et ça coute très, très cher d’entretenir, donc pour eux… ils considèrent que c’est plus viable, mais par
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contre la démarche architecturale de l’époque était quand même très intéressante. Ce n’était pas un jardin, par exemple, qui était utilisé, c’était un jardin visuel, toutes les unités… il avait une paroi vitré qui permettait toujours d’être en relation visuelle avec cette jardin tropical, par contre personne ne profite réellement du jardin. Pour élargir sur la thématique des jardins en hospitalier, moi je suis convaincu… c’était aussi la démarche à ClermontFerrand, de leur dimension thérapeutique, mais thérapeutique dans un sens plus typologique. La relation à la nature est un élément important pour contribuer à la guérison. Ça nous semble un élément important. Mais malheureusement les programmes hospitalières, aujourd’hui, ne prend plus en compte cette valeur ajoutée, c’est-à-dire, eux ont des contrats médicales, on va dire, plus réels, plus dures, mais par contre la qualité d’espace, on va dire, jardin, de la lumière naturelle ou de la relation avec l’extérieur pour le bien-être du patient, de l’utilisateur est un facteur très important. Quand on entre dans un hôpital, en général, c’est un endroit où on est, en général, on est inquiété, on est préoccupé… donc le jardin apporte la dimension, on va dire, humaine, rassurant, qui est un facteur important pour la guérison. Il me semble aussi que le jardin dans un hôpital a vraiment une fonction qui est encore plus forte que d’un jardin dans les villes ou les jardins en général. RP : D’accord, merci beaucoup ! AB : Voilà, si vous avez d’autres questions ou besoin des autres éléments vous avez mon adresse mail, mon téléphone, n’hésitez pas de me contacter. Bon courage !
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5. Questionnaires envoyés par mail aux architectes d’hôpitaux : Razvan Alexandru POTING 8, Rue de la Rotonde 63000, Clermont-Ferrand Email: razvanpoting@yahoo.com Tel : 0647.714.753 Clermont-Ferrand, le 19/02/2013 Cher Monsieur / Chère Madame, Actuellement étudiant en Master 2 à l'Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Clermont- Ferrand, j’effectue mon mémoire de fin d’études sur le thème : «le rôle (thérapeutique, esthétique, urbain) des jardins des hôpitaux contemporains ». Durant mes recherches, j’ai découvert votre travail sur l’architecture hospitalière et plus précisément l’hôpital St. Jaques construit en 1998 à Beaucaire, ce dernier m’a encouragé à vous écrire. Ma problématique s’oriente vers les axes d’investigation suivants: Le jardin, dans le sens classique du terme, a-t-il encore un rôle important pour un hôpital contemporain? Qu’apporte-t-il à la vie des patients et des employés? Qu’apporte-t-il à la ville qui l’accueille? Pour moi il est important de connaître l’avis de professionnels qui ont déjà réalisé des bâtiments hospitaliers. Connaissant votre expérience dans la conception des hôpitaux, je me permets de vous envoyer une série de questions. Questions : - Pourriez-vous me donner votre avis sur le rôle des jardins des hôpitaux contemporains ? Dans quelle mesure sont-ils importants dans le processus de guérison ? - Pendant le processus de conception d’un hôpital, quelle importance donnez-vous aux aménagement et dimensions des jardins ? Pourquoi? - Comment imaginez-vous le futur des jardins dans les hôpitaux de demain? - Pouvez-vous me donner quelques détails sur la façon dont vous avez conçu le jardin (et son rapport à la nature) dans le cas de l’Hôpital de… Vos réponses m’aideraient dans le développement de mes réflexions et contribueraient à alimenter mon sujet d’étude. Si vous pouviez m’envoyer ces éléments de réponse dès que possible (1-2 semaines), cela me permettrait d’avancer dans mon travail – que je dois rendre fin avril 2013. Bien entendu, je ne manquerai pas de vous citer dans mon mémoire, et vous remercie d’avance de votre attention et du temps que vous accorderez à ma requête. Dans l’attente de votre réponse, je vous prie d’agréer, Madame / Monsieur, l'expression de mes considérations distinguées. Razvan Alexandru POTING
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Razvan Alexandru POTING 8, Rue de la Rotonde 63000, Clermont-Ferrand Email: razvanpoting@yahoo.com Tel: 0647.714.753 Dear Sir/Madame, I am currently studying in the second year of Master at Ecole Nationale Supérieure d'Architecture of Clermont-Ferrand, France. The topic of my dissertation research is "the role of gardens in contemporary hospitals." During my researches I’ve noticed your work on hospital architecture, particularly the St. Jack hospital built in 1998 at… The principal lines of my investigation are: The garden, in the classical sense of the word, plays a key role for a hospital today? What does it brings to the lives of patients and employees? What does it brings to the city? For me, it is important to be aware of the opinion of professionals who have already completed hospital buildings. Knowing your experience in hospitals design, I would permit myself to send you a series of questions. A response from you would help me develop my thoughts and permit me to carry on my study. Questions: - Would you mind giving your opinion on the role of contemporary hospitals’ gardens? Are they still important in the healing process? - During the design process of a hospital, what importance do you give to the layout and the size of the gardens? Why? - How do you picture the future of hospital gardens? - Can you give me some details on the way you designed the garden (and the connection with nature) in the case of the Your answers will help me develop my reflections understand better my topic of study. If you would be able to send me your answers as soon as possible (1-2 weeks), it would allow me to progress in my work - I have to finish in April 2013. Of course, I will quote you in my study, and I thank you in advance for your time and attention that you will grant my request. Thanking you for your attention, Looking forward to read your answers, Sincerely, Razvan Alexandru POTING
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6. Liste des architectes contactés: Architect / Agence Aymeric Zublena, SCAU Françoise-Hélène Jourda Groupe-6 Shepley, Bulfinch
Klaus Kada KMD Architects
Penoyre & Prasad Hubert et Roy Jean-Paul Cassulo Valode et Pistre Isabelle Manescau, François Marzelle Francisco Mangado Hopkins Architects BBG Architectes Paul Chemetov et Borja Huidobro AART International
Projet Hôpital Européen GeorgesPompidou, Paris. Hôpital privée Jean Mermoz, Lyon. CHU Estaing, ClermontFerrand. Dartmouth-Hitchcock Medical Center, Lebanon, NH, USA. Landeskrankenhaus, Hartberg, Autriche. CHA Woman’s and Children’s Hospital, Bundang, Korea. Pulross Centre, Brixton, London. Foyer « Jours heureux », Paris, 13eme. Polyclinique publique et privée, Carpentras. Hôpital Gériatrique Bretonneau, Paris, 18eme. Mapad, Tremblay-en-France.
Contact info@scau.com F
Centre de soins San Juan, Pamploma, Espagne. Evelina Children’s Hospital, Londres. Centre hospitalière de Toulon-La Seyne-sur-Mer. Pavillon Gabriel de l’Hôpital Tenon, Paris. Hôpital Jeanne-de-Flandre, CHRU de Lille.
http://www.fmangado.com E
archi@jourda-architectes.com F http://groupe-6.com/ F info@shepleybulfinch.com E
office@arch-kada.at E eedwards@kmd-arch.com E
mail@penoyreprasad.com E Hubert.roy@wanadoo.fr F cassulo@numericable.fr F info@v-p.com F maast@orange.fr F
mail@hopkins.co.uk E http://www.bbgarchitectes.co m/n4/contactmainn4.htm F contact@chemetov.fr F aart@aart.fr F
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Atelier Péneau
Claude Vasconi
Brigit de Kosmi Architecte (Espace) Atelier Brenac et Gonzales Michel Beauvais et Pierre Dubus AIA Architectes Rémy Butler AFA Ateliers - Adrien Fainsilber Jean-Philippe Pargade Heinle, Wicher und Partner Burger Grunstra Architecten Farrow Partnership Architects, INC. Behnisch and Partner Cannon Design CO Architects
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Pavillon de la femme et de l’enfant de l’hôpital de la Beauché, Saint-Brieuc. Centre de chirurgie hépatobiliaire de l’Hôpital Paul-Brousse, Villejuif. Extension de l’Hôpital Antoine-Béclère, Clamart. Extension de l’Hôpital JeanVerdier, Bondy. Centre Hospitalier intercommunal AndréGrégoire, Montreuil. Polyclinique de Keraudren, Brest. Clinique Mutualiste de la Sagesse, Rennes. Institut Mutualiste Montsouris, Paris. Hôpital privée, Villeneuve d’Ascq. University Clinical Center Carl Gustav Carus , Dresden, Allemagne. The New Martini Hospital, Groningen, Pays-Bas. Thunder Bay Regional Health Sciences Center, Thunder Bay, Ontario, Canada. Mildred-Scheel House, Dresden, Allemagne. Baptist Medical Center, Jacksonville, FL, USA. Peter and Paula Fasseas Cancer Clinic at University Medical Center, Tuscon, AZ, USA.
gpaa@gpaa.fr F
agence@claude-vasconi.fr F
bdkarchi@hotmail.com espace.archi@wanadoo.fr F bg.archi@wanadoo.fr F mb.architectes@agencemb.co mF aia.paris@a-i-a.fr F http://architectureremybutler. com/contact.html F agence@ateliers-afa.eu F contact@pargade.com F info@heinlewischerpartner.de E info@seedarchitectes.nl E info@farrowpartnership.com E ba@behnisch.com E bamuc@behnisch.com E http://www.cannondesign.co m/contact/ E inquiries@coarchitects.com E
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Gruber Domenig Eisenkock
Graz-West State Hospital, Graz, Austria.
Duarte Aznar Arquitectos Angel Fritsch Architeckten
Hospital Regional de Alta Especialidad, Merida, Mexico. Pediatric Clinic “Princess Margaret”, Darmstadt, Germany. Pan Praxisklinik am Neumarkt, Cologne, Germany. Theoretikum – Research Center of the University Hospital, Jena, Germany. Cardiac Center of the University Hospital, Cologne, Germany. Catholic Hospital of St. Johann Nepomuk, Erfurt, Germany. The Children’s Hospital, Portland, OR, USA. Healthcare Center Seekirchen, Seekirchen, Germany. Clinical Center of The City of Wolfsburg, Germany. William Osler Health Center, Brampton, ON, Canada. St. Olav’s Hospital Neuro Center, Trodheim, Norway.
Gatermann + Schossig
Gerber Architekten
GMP Architekten
Tmk Architects. Engineers Zimmer Gunsul Frasca Architects Sehw Architects Rauh Damm Stiller Partners Parkin Architects Narud-Stokke-Wiig AS
office@architekt-gruber.at E office@domenig-wallner.at E office-k100@archconsult.com E arquitectura@duarteaznar.com E info@af-architekten.de E info@gatermann-schossig.de E kontakt@gerberarchitekten.de E frankfurt@gmp-architekten.de hamburg-e@gmparchiteckten.de E erfurt@tmk-architekten.de E info@zgf.com E Info.berlin@sehw.de E rdspartner@rdspartner.com E info@parkin.ca E ark@nsw.no E
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7. Les réponses : a. Brigit de Kosmi (Espace SARL) – Extension de l’Hôpital AntoineBéclère, Clamart. 1/Pourriez-vous me donner votre avis sur le rôle des jardins des hôpitaux contemporains ? Dans quelle mesure sont-ils importants dans le processus de guérison ? En ce qui concerne Béclère, le programme « jardin » n’existait pas ; Sur l’extension des Urgences de la Salpêtrière (concours perdu) non plus Sur l’extension de l’Hôpital Saint Louis (Paris, concours perdu) non plus. Bien que j’en ai proposé un, sur le toit, suite à une discussion avec un des Professeur (chef de Service des Grands Brûlés) impliqué dans le programme. 2/Pendant le processus de conception d’un hôpital, quelle importance donnez-vous aux aménagements et dimensions des jardins ? Pourquoi? Aucune, au départ. Car le programme est d’une telle complexité, qu’il faut se concentrer sur l’organisation des services. Et aucune mention de jardin n’y figure. 3/Comment imaginez-vous le futur des jardins dans les hôpitaux de demain? C’est un espace nécessaire, avec la dimension du savoir et de la mémoire des plantes médicinales, alliées aux techniques pharmaceutiques actuelles, d’une part, et un espace de sérénité pour les patients en séjour long et leurs proches. Cependant, les objectifs de rentabilité, auxquels sont soumis les hôpitaux, éludent cette question, car les patients sont « prévus » pour faire des séjours les plus courts possibles. Sauf ceux qui ont les « moyens » (étrangers aisés, etc.). Ou, dans une certaine mesure, les enfants. 4/Pouvez-vous me donner quelques détails sur la façon dont vous avez conçu le jardin (et son rapport à la nature) dans le cas de l'extension de l'hôpital Antoine-Béclère ? Le programme du concours pour Béclère, menait à un bâtiment de plus… dans un site hétéroclite (2000 personnes travaillant dans l’ensemble des bâtiments), dominé par la composition (1975-80) de Pottier « Grand Prix de Rome ». Une séquence d’un film avec J-P Belmondo, y a été tourné (je pense que c’est « le Professionnel » de G Lautner 1981) La « locomotive » du nouveau programme était l’extension de la Maternité pour le Professeur Friedmann, père des bébés éprouvettes. Mais d’autres programmes s’y sont greffés : Échographie, Hôpital de jour, Stérilisation Centrale. Tous ces programmes, en extension et contiguïté avec l’Hôpital existant. Sachant que de nombreux bâtiments disparates ont été ajoutés entre 1980 et 1995 sur le site. (tout ce qui n’est ni en rose ni en bleu sur l’image)
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ACCÈS à l’Hôpital. L’accès, principal, par le Sud avait été abandonné, et depuis longtemps (avant le concours en1992) l’accès visiteurs, ambulances etc. se faisait par le Nord. Non prévu à cet effet. En réalité, le programme archi a absorbé toute notre énergie durant les ¾ du temps affecté au concours. À la fin, nous avions une entité fonctionnelle, mais surtout, un bâtiment de plus. Donc stupide. Donc, 10 jours avant le rendu, la remise en question du projet, instauratrice, fut celle d’appréhender le de rendre lisible et fonctionnel l’accès « arrière » devenu « principal », puisque l’extension devait se trouver dans cette partie. Ce n’était pas soulevé dans le programme. On pourrait dire que le point de vue urbain, a permis de remettre en cause le programme architectural. Ainsi est née ( !) l’idée d’enterrer la partie du programme « Maternité, échographie et blocs opératoires » » pour fournir un nouveau socle à l’Hôpital existant.
En dessinant ainsi, la question de la lumière et des espaces de déambulation des patients est apparue. Et, naturellement, celle d’en faire des jardins sous « serres ». Au final (projet gagné à l’unanimité du jury), agréable surprise du personnel, découvrant que la vie « sous terre » peut être plus lumineuse et partagée que la vie sur terre… Donc les jardins ont surgi, de manière fortuite; et défendus, à l’oral, devant le jury, comme de l’espace perdu, (absent du programme, donc plus cher) mais donné… Vaste question philosophique ! Il reste que cet espace perdu fut financé en partie par les pièces jaunes, et en partie par les bénéfices du Service du Pr Fridmann lié aux prestations de belles étrangères...
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b. Rémy Butler (Agence Rémy Butler) - Clinique Mutualiste de la Sagesse, Rennes. Cher Monsieur, J’ai bien reçu vos questions sur le rôle du jardin dans l’hôpital et j’ai peur que vous ne lui accordiez trop d’importance. En effet, avec l’apparition de l’hôpital pavillonnaire à la fin du 18èmesiècle, les morphologies hospitalières se sont organisées autour de grandes cours arborées selon les jardins géométriques. L’apparition du monobloc et du plateau technique a aboli cette morphologie. Le modèle le plus récurrent aujourd’hui est celui que j’appelle la plaque à trou, c'est-à-dire une surface la plus grande possible, qui ne prend jour qu’à sa façade en pourtour et nécessite le complément de patios pour assurer un minimum de lumière du jour à l’intérieur du plateau. C’est donc cet espace résiduel qui est utilisé sous forme de jardin. Sa fonction de proximité et son isolement par rapport au vrai paysage favorisent un travail thématique, voire symbolique, qu’on pourrait rapprocher de la philosophie du jardin japonais. En ce qui concerne la Sagesse, je ne sais si vous vous référez au parc-parking qui est aux alentours ou si vous vous référez aux jardins intérieurs. Le travail spécifique ayant été assuré par mon paysagiste, Ronan Desormeaux. Rémy Butler, Agence Rémy Butler 55, rue de Bretagne 75003 Paris 33, avenue Faidherbe 93100 Montreuil Tél. : 01 56 93 45 70 remy.butler@remybutler.fr; www.remybutler.fr
c. Ronan Desormeaux (Agence Ronan Desormeaux) - Clinique Mutualiste de la Sagesse, Rennes. Bonjour, L’hôpital contemporain se caractérise par son organisation compacte et fonctionnelle : elle fabrique des formes architecturales « épaisses » réglées sur la rigueur des fonctionnalités. Cette conception génère des sortes de mondes clos à l’intérieur desquels la relation avec l’extérieur, la lumière du jour est très confinée. Dans ce contexte, il est important que l’architecture ménage des puits de lumières, des patios et des jardins intérieurs qui contrebalancent ce sentiment d’enfermement, de «
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hors sol » si souvent commun. La présence du « jardin » au cœur des lieux hospitaliers constitue de mon point de vue un enjeu majeur qui doit pouvoir s’exprimer souvent sur des espaces restreints. Ils doivent pouvoir véhiculer des charges symboliques fortes et la référence à l’art des jardins japonais me semble, à ce titre, tout à fait pertinente. Les « théoriciens – philosophes – jardiniers » conseillent de travailler sur le « tayori » du paysage que l’on veut représenter en sélectionnant les éléments les plus authentiques. Au même titre qu’une mise en scène utilisant un réverbère et un banc évoque immédiatement le paysage d’une rue, le paysagiste doit concentrer sa conception sur la combinaison de quelques éléments justes et hautement symboliques vecteurs d’une image immédiatement compréhensible qui tiendra à la fois du domaine de l’objectif et du subjectif. Vient ensuite le travail sur le « fuzei », terme spécifiquement japonais qui renvoie à l’univers des émotions, des impressions, des atmosphères, des sensations et de l’imaginaire. Le jardin intérieur de la clinique de la Sagesse à Rennes ne se situe pas dans un secteur résiduel de la clinique, Il est contigu avec la zone d’accueil et au cœur des articulations avec les espaces fonctionnels de la clinique. Il est servi par une grande serre qui l’abreuve de lumière. Il s’organise en quelque sorte autour de la pointe du compas de la géographie de la clinique, au cœur de la zone d’échange entre deux univers : celui de l’extérieur et celui de l’intérieur. L’idée du jardin est simple : exploiter les potentialités d’une serre chauffée et largement dimensionnée, et assurer des apports hydriques pour créer une scène vivante, exotique, chaleureuse et « dépaysante »peuplée de palmiers (washingtonia « skyduster palm », plumet du ciel), de bananiers (l’année est ponctuée par des « fêtes de la banane » par les infirmières…) et des tapis d’anthurium et d’autres espèces des sous-bois tropicaux…. Une passerelle enjambe ce jardin intouchable imaginé comme l’espace d’un rêve permanent de la générosité de la nature, un horizon sans cesse reculé par le regard qu’on lui porte. P.S. : article « Paysages Actualités », Mars 2013. Agence Ronan DESORMEAUX, Paysagiste DPLG - Urbaniste OPQU 26 rue de Léon - 35000 RENNES, Tél 02 99 31 34 11 ; courriel : contact@agencedesormeaux.fr
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d. Arnold Burger (Seed Architects) - New Martini Hospital, Groningen. KOELMALAAN 350. 1812 PS. ALKMAAR. NL. POSTBUS 4050. 8600 GB. SNEEK. NL. TEL. 00 31 72 567 90 10 WWW.SEEDARCHITECTS.NL WWW.PERSPECTIVE-EEIG.COMFUNCTION:ARCHITECT-DIRECTOR EMAIL:A.BURGER@SEEDARCHITECTS.NL MOBILE:00 31 655 710 150 - Would you mind giving your opinion on the role of contemporary hospitals’ gardens? Are they still important in the healing process? This is a general question which I can't connect in particular to the garden in the Martini Hospital. The garden is going to be changed. We've been designing the project ICOON in the inner garden. Please find some more information on our website. What is important to the patients is finding sometimes a place outside the clinical atmosphere. A garden can be very useful for that. Because patients stay as short as possible in the hospital (avg. length of stay 5 days), the role of a garden has been changed. One might even say that when patients are able to go to a garden they are able to go home. At the other hand a well situated garden can bring nature into the hospital. It has been proven that nature contributes to the healing process of people. And if in has no influence on the well-being of patients it still contributes to the well feeling of the staff which is very important too. They bring over that feeling to patients even when the latter stay in the hospital for just a short time. - During the design process of a hospital, what importance do you give to the layout and the size of the gardens? Why? It depends very much on the purpose of the garden. If it is just for penetration of natural daylight a small garden will do. If it is for being there it must have some size. But the form and the spot of the garden might even be more important (sun, wind, sight, etc.). - How do you picture the future of hospital gardens? We will always try to design a hospital together with the landscaping and gardens! - Can you give me some details on the way you designed the garden (and the connection with nature) in the case of the New Martini Hospital in Groningen? The detailed design of the garden is done by Michael van Gessel. The form of the building by us. We used the form of the building en the gardens to let them slightly differ everywhere in order to achieve a natural orientation. Entering the hospital starts smoothly by entering the front garden. The inner garden was meant for rest purposes. The water buffer on the east side for mirroring the hospital and for buffering stormwater.
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8. Questionnaire pour les patients (visiteurs) du CHU d’Estaing 1. Êtes-vous hospitalisé ici ? (Si non : régime ambulatoire, visiteur ?) 2. Depuis combien de temps ? CHU d’Estaing 3. Quelles sont les espaces que vous utilisez (pour vous promener, détendre, se socialiser) : 4. Pour quoi choisissez-vous ces espaces ? 5. Est-ce que ces espaces ont les bonnes dimensions? 5 a. la rue intérieure ? 5 b. la place d’entrée ? 6. Est-ce que vous recevez des visites? Où ? 7. Est-ce que ces espaces sont suffisamment végétalisés ? 8. Est-ce qu’ils peuvent compenser le manque d’un véritable jardin en proximité du CHU d’Estaing ? General 9. Pensez-vous qu’un jardin situé à côté d’un hôpital pourrait avoir un rôle important dans le processus de guérison ? Pourquoi ? 10. Comment imaginez-vous le jardin idéal dans les hôpitaux de demain?
À propos de vous 11. Sexe : Homme-Femme 12. Age :… 13. Quelle est votre situation familiale actuelle ? Célibataire En couple sans enfant En couple avec des enfants avec enfants 14. Quelle est votre situation professionnelle ? Étudiant En activité Sans emploi 15. - Quelle secteur d’activité?
Célibataire
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9. Fiches d’observation CHU Estaing – Clermont-Ferrand 1. Vendredi 29 Mars (Vendredi de Pâques) (Après-midi, 14 h 30 – 16 h 30) – ciel nuageux, après la pluie, température agréable. La place d’entrée 14 h 30 – trois hommes sur les bancs situés dans l’espace vert. - tous les bancs entre les poteaux sont utilisés par des fumeurs (deux fumeurs mangent un sandwich). 14 h 45 – un peu de soleil. 15 h 00 – personne n’est présent dans l’espace végétalisé. - tous les bancs entre les poteaux sont utilisés par des fumeurs. 16 h 00 – idem. - deux tables du café sont situées dehors, mais sur l’asphalte loin de la zone végétale (les deux tables sont toujours occupées). La rue intérieure - la rue est très traversée, mais peu de gens prennent le temps de s’asseoir. - la rue n’est pas utilisée par les malades hospitalisés – plutôt par les malades en régime ambulatoire. - 4 espaces de détente et un point info - activités : lecture, mots croisés, café, téléphone, etc. - le café est toujours à 80 % environ occupé. - dans le hall d’accueil, une expo de peinture est organisée (Claudette Carletta-Viader). La petite cour entre la rue et le pôle dentaire - assez utilisée par les gens (intime, mais en plein air). - activités : fumer, parler au téléphone. Les cours situées entre les dents du peigne 14 h 30 – un ouvrier fume et parle au téléphone (4ème cour). 15 h 30 – deux infirmières fument (3ème cour). - des temps en temps des gens sortent par ces cours vers le parking – raccourci (surtout pour le personnel – en plus il existe un signe d’accès handicapé). - les cours présentent des traces de voitures sur la terre battue. Le patio - 15 h 30 - personne – le patio n’a pas l’air accessible. 2. Mardi 2 Avril (Soir, 19.30 – 21.00) – ciel légèrement nuageux, température agréable, atmosphère de printemps. La place d’entrée - des fumeurs 4-5 tout le temps (d’habitude deux sur trois bancs entre les poteaux sont occupés).
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- 19 h 30 - un homme a rendu visite à sa femme, ils ont passé un peu de temps dehors ensembles. - 19 h 50 – une famille entière est sortie pour fumer. - 20 h 00 - l’espace végétalisé est utilisé par une dame qui attend une voiture (elle est passée par le chemin de désir). - 20 h 10 – deux bancs sont occupés. - 20 h 30 – un banc est occupé. La rue intérieure - le café est fermé (7 h 30 – 19 h 00 Lundi - Vendredi ; 10 h 30 – 18 h 00 Dimanches et journées fériées) - les deux tables extérieures sont mises à l’intérieur. - pas trop d’animation – les gens rentrent à la maison. - un seul espace de détente est utilisé par un patient. La petite cour entre la rue et le pôle dentaire - assez utilisée par les gens (intime, mais en plein air). Les cours situées entre les dents du peigne - 19 h 30 – 20 h 30 – personne. Le patio - 19 h 30 – 20 h 30 – personne.
3. Jeudi 4 Avril (Après-midi, 14 h 30 – 16 h 00) – ciel clair, température agréable. La place d’entrée 14 h 30 – une famille parle dans l’espace vert. - tous les bancs entre les poteaux sont utilisés par des fumeurs. - pas mal de monde. 15 h 00 – personne n’est présent dans l’espace végétalisé. - tous les bancs entre les poteaux sont utilisés par des fumeurs. - beaucoup d’étudiants en médecine sont dehors, à côté du café. La rue intérieure - la rue est très animée aujourd’hui. - les espaces de détente ne sont pas occupés – les gens sont sortis dehors. - le café est toujours à 60 % occupé environ. La petite cour entre la rue et le pôle dentaire - assez utilisée par les gens surtout quand il fait beau (confirme les observations précédentes). Les cours situés entre les dents du peigne - le personnel (infirmières, ouvriers) prend toujours des pauses dans les cours (confirme les observations précédentes). Le patio - personne.
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4. Lundi 15 Avril (Matinée, 9 h 30 – 12 h 00) – ciel légèrement nuageux, température agréable. La place d’entrée Deux tables du café sont sorties dehors. 10 h 00 – une femme avec son enfant se détendent dans l’espace vert. - tous les bancs entre les poteaux sont utilisés par des fumeurs. - pas mal de monde. 10 h 30 – un banc de l’espace vert est occupé par un couple qui parle au téléphone et un deuxième banc par une femme avec un grand bagage qui attend. 11 h 00 – trois bancs de l’espace vert occupés. - tous les bancs entre les poteaux sont utilisés par des fumeurs. 11 h 30 – toujours trois bancs de l’espace vert occupés. - moins de gens que le matin. 12 h 00 – deux bancs d’espace vert occupés - trois étudiants mangent des kebabs. La rue intérieure - la rue est très animée. - le point info est ouvert - depuis la dernière observation l’exposition du hall d’entrée a changé (maintenant c’est Nokat – 60’s). - quelques espaces de détente sont occupés. - le café est à 70 % environ occupé. La petite cour entre la rue et le pôle dentaire - assez utilisée par les gens - 10 h 30 - 3 médecins prennent leur café dans cet espace Les cours situées entre les dents du peigne 10 h 00 – personne. 11 h 30 – le personnel (infirmières, ouvriers) prend toujours des pauses dans les cours (confirme les observations précédentes). Le patio - personne.
Table des matièrs
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VIII. TABLE DES MATIÈRES
I.
Introduction 1. Sujet, motivation 2. Avant-propos 3. Problématique 4. Méthodologie A. Protocole commun pour l’analyse des hôpitaux et des jardins B. Dictionnaire des typologies
II.
5 5 5 6 7 10 12
Histoire des hôpitaux en relation avec leurs jardins 1. Antiquité Égypte antique - Hôpitaux à côté des temples Grèce antique- Asclépiéions Rome antique - Valentudinariums, Hôpital d’Ostie Début du Moyen Âge - L’Abbaye de Saint-Gall, Suisse
17 17 17 18 20 22
2. Moyen Âge L’Hôtel-Dieu, Angers L’Hôpital du monastère de Cluny L’Hôpital Notre-Dame-des-Fontenilles, Tonnerre L’Hôtel-Dieu, Beaune
25 25 26 26 28
3. Renaissance Spedale degli Innocenti, Florence, Italie Ospedale Maggiore, Milan, Italie Ospedale Vecchio, Parme, Italie
31 31 33 33
4. Le XVIIe siècle L’Hôpital Saint-Louis, Paris Royal Hospital, Chelsea, Londres, Angleterre
35 35 36
5. Le XVIIIe siècle L’Hôtel-Dieu, Lyon L’Hôpital Royal de Plymouth, Angleterre Le modèle de Tenon-Poyet
39 39 40 44
140
Les jardins hopitaliers
6. Le XIXe siècle L’Hôpital Lariboisière, Paris Johnson Hopkins Hospital, Baltimore, États-Unis
45 45 47
7. Le XXe siècle L’hôpital Grange-Blanche, Lyon L’Hôpital Burgmann, Bruxelles, Belgique Cornell Medical Center, New-York, États-Unis L’Hôpital de Clichy L’Hôpital Huriez, Lille
49 49 50 51 52 53
Conclusions + Frise chronologique
55
Analyse comparative des hôpitaux contemporains 1. CHA Woman’s and Children’s Hospital, Bundang, Korea – KMD Architects 2. Hôpital Européen Georges Pompidou, Paris, France – arch. Aymeric Zublena 3. Hôpital privé Jean Mermoz, Lyon, France – arch. Françoise-Hélène Jourda 4. Landeskrankenhaus Hartberg , Autriche – arch. Klaus Kada 5. Dartmouth-Hitchcock Medical Center, Lebanon, NH, USA – arch. Shepley, Bulfinch, Richardson and Abbott Conclusions + Tableau analyse comparative 77
57 57
III.
IV.
Analyse du CHU Estaing de Clermont-Ferrand 1. Histoire du site 2. Groupe-6 3. Insertion urbaine 4. Typologie 5. L’architecture de l’hôpital a. La place semi-circulaire b. La rue intérieure c. Le patio du pôle mère-enfant d. Les cours situées entre les dents du peigne Conclusions
61 65 69 73
79 79 82 85 86 87 89 91 96 97 98
Table des matièrs
V. VI.
VII.
VIII.
141
Conclusion
101
Bibliographie 1. Ouvrages 2. Vidéo 3. Internet 4. Sources des photos et des schémas
103 103 104 104 106
Annexes 1. Questions pour Michael Pukszta 2. Entretien avec Michael Pukszta 3. Questions pour Antoine Buisseret 4. Entretien avec Antoine Buisseret 5. Questionnaires envoyés aux architectes d’hôpitaux 6. Liste des architectes contactés 7. Les réponses a. Brigit de Kosmi b. Rémy Butler c. Ronan Desormeaux d. Arnold Burger 8. Questionnaire pour les patients du CHU Estaing 9. Les réponses des patients 10. Fiches d’observation à CHU Estaing
109 109 110 116 117 123 125 128 128 130 130 132 133 134 136
Table de matières
139
142
Le domaine d’étude Écoconception des Territoires et des Espaces Habités propose un enseignement pluridisciplinaire du projet architectural et urbain, où s’articulent réflexion, conception et fabrication, dans l’optique d’une approche critique du développement durable. Il explore trois grands enjeux contemporains liés à l’aménagement de l’espace : la redéfinition des modes de conception sous l’angle de l’écologie, le projet comme processus itératif et l’habiter dans toutes ses dimensions. Le séminaire est un lieu d’initiation à la recherche et d’accompagnement à l’écriture et à la mise en forme du mémoire, qui accorde une large place à l’enquête de terrain, à la proximité avec les acteurs et à une investigation dans les mécanismes de production des espaces du quotidien. Participants au séminaire 2012-2013 : Susan Alva Valer Tarik Badjou Eva Bernette Astrid Bouchiquet Noémie Chomette Adrien Delay Mohammed Hadi Djafri Perrine Durand Oriane Galliot Margot Ganiere Mignaval Sandra Lauret Coralie Laval Maxime Leclercq Lucie Lesueur Floriane Perret Martin Pons Razvan Poting Manel Siyahia Antoine Varieras Stéphane Voyron Yann Zielinski