Onesha magazine 13

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MAGAZINE INTERNATIONAL Politique Économique Social Sportif…

ZONE EURO : 4 € / ZONE CFA : 1600 F / MAROC : 30 DH / RDC : 5 $ US / TUNISIE : 4,30 DT / USA : 7 $

Janvier - Février 2014

Numéro 13

Premier sommet USA / AFRIQUE:

Simple réunion de famille ? Actualité : RDC - Rwanda, le face à face Politique : SOUDAN DU SUD Comprendre la crise Développement : Semaine de la science à Kinshasa Santé : Hémorroïdes : causes, symptômes et traitements

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ÉDITEUR RESPONSABLE Victor OLEMBO LOMAMI DIRECTEUR DE

NOTE DE L’EDITEUR

PUBLICATION Cyrille MOMOTE KABANGE RÉDACTEUR EN CHEF Jean BOOLE

« Penser à ne pas oublier»

RÉDACTEUR EN CHEF ADJOINT

Par Victor OLEMBO

victorolembo@oneshaafrika.net

Fifi MBAMBI KUMBU Massacres récurrents en RDC... Et pourtant nous savions Photos / Caméra Nathan Ndele Mayuba RÉVISION Yves Vandenbossche et Frédérique Diambu COMITÉ DE RÉDACTION Persyde Doowo Jérôme Bigirimana, Emeline Segura, DIna Kitoko, Cornelis Landu, Israël Mutala, Cyrille Momote, Noella Kalanga, Sarah Mangaza Victor Olembo Lomami ONT COLLABORÉ À CE NUMÉRO Le journal du Cameroun, MFI SERVICE MARKETING Olembo L. Onya Naomi INFOGRAPHISTE Tony Mpeye

En proie à de fréquentes guerres, l’est de la République Démocratique du Congo a déjà compté plus de morts que l’Holocauste juif. Les cas de violences en tout genre sont également devenues une pratique régulière de multiples rebellions présentes sur cette partie du Congo Démocratique très convoitée pour ses richesses minières et agricoles. Si on observe une accalmie de guerre dans la région, le viol des filles et des femmes, lui, n’a jamais cessé. Des témoignages accablants ont fait état d’une violence inouïe. En tout cas, la situation est interpellante et la communauté internationale devrait agir sans tarder. Cependant, j’espère qu’un jour un des responsables politiques de la RDC en fera son cheval de bataille !

P

enser à ne pas oublier que, NewYork Times écrivait ceci en 2011 : On se demande aujourd’hui comment chefs d’État, journalistes, religieux ou citoyens ordinaires ont pu fermer les yeux sur le meurtre de 6 millions de Juifs pendant l’Holocauste. Et nous sommes persuadés que nous n’aurions pas fait comme eux. Pourtant, à ce jour, la guerre dans l’est du Congo a non seulement duré plus longtemps que l’Holocauste, mais elle a été plus meurtrière, avec un bilan estimé à 6,9 millions de morts. Et que faisonsnous ? Ce que ces chiffres ne montrent pas, c’est la nature de cette violence, avec la RD Congo devenue centre mondial du viol, de la torture et des mutilations. Ils ne disent pas non plus, dans leur froideur anonyme, le calvaire de Jeanne Mukuninwa, 19 ans, qui, on ne sait trop comment, parvient parfois encore à rire. Elle avait tout juste 14 ans quand ses parents ont disparu pendant les combats.

Quelques mois plus tard, réfugiée chez son oncle, elle a vu arriver les extrémistes hutus. C’était le jour de ses premières règles, les seules qu’elle n’ait jamais eues. « Ils ont d’abord attaché mon oncle, raconte Jeanne, ensuite ils lui ont tranché les mains, arraché les yeux, coupé les pieds puis les organes sexuels. Et ils l’ont laissé comme ça. Il était encore vivant. » Devant sa femme et ses enfants. « Ensuite, ils nous ont tous emmenés dans la forêt. » Jeanne et les autres filles étaient régulièrement attachées, les bras en croix, et violées par plusieurs miliciens. Rapidement, elle est tombée enceinte. Les viols n’ont pas cessé. Parfois même avec des bâtons, qui lui vrillaient les entrailles. Le fœtus malgré tout a survécu, mais Jeanne était encore trop peu développée pour un accouchement. Un des prisonniers, médecin, voyant que la jeune fille allait mourir en couches, lui a ouvert le ventre sans anesthésie et avec un couteau usagé. Il en a sorti un bébé, mort-né. Jeanne, à l’agonie, a été abandonnée dans un fossé, au bord de la route.

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C’est là qu’elle a été trouvée et emmenée à Bukavu. « Elle était totalement détruite à l’intérieur », raconte le docteur Mukwege, 54 ans, responsable à l’hôpital Panzi. […] Il a opéré Jeanne neuf fois en trois ans pour mettre un terme à son incontinence, due à une fistule, avant qu’elle puisse repartir dans son village. « Il m’avait dit d’éviter les hommes pendant trois mois », se rappelle Jeanne. Trois jours après son arrivée au village, les miliciens sont revenus et l’ont encore une fois violée. Les plaies se sont rouvertes. Le docteur Mukwege l’a une nouvelle fois opérée, mais il restait si peu de tissus sains qu’il n’est pas sûr qu’elle puisse un jour être de nouveau continente. « Parfois je me demande ce que je fais ici, lâche le docteur. Il n’y a pas de solution médicale. » Ce qu’il faut, explique-t-il « ce n’est pas plus d’aide humanitaire, c’est un effort international bien plus vigoureux pour mettre fin à la guerre ». Cela veut dire faire pression sur le voisin rwandais, […] sur le président congolais, Joseph Kabila, […] que les États-Unis s’impliquent pour que des efforts soient faits concernant le contrôle du commerce des minerais. Pour que les chefs de guerre ne se servent plus du coltan, du zinc ou de l’or pour acheter des armes. Sans un leadership fort, les combats en RD Congo continueront indéfiniment. Si nous n’agissons pas maintenant, quand le ferons-nous ? Quand on aura atteint les 10 millions de morts ? Quand Jeanne sera enlevée pour la troisième fois ?

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CENTRAFRIQUE : Mme C. Samba-Panza U.A. le nouveau président MADAGASCAR

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GABON, le développement de l’Afrique

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HAITI, aux portes de l’Union Africaine

14-17

RDC/RWANDA, le face à face F. TWAGIRAMUNGU s’exprime

18 POLITIQUE 18-19

SOUDAN DU SUD, comprendre la crise

20-21

EGYPTE, Morsi devant la justice

22

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CAMEROUN, le bilan des 50 ans

MONDE

24-25

1er SOMMET USA/AFRIQUE

26-27

FRANCE, élections municipales

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JAPON/AFRIQUE, le sommet Ticad 2014

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DEVELOPPEMENT

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CHINE, une station habitée sur la Lune

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tel portable et politique en afrique

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ACTUALITE

8 LIBYE, grave crise en vue 10-11

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SOMMAIRE

Lettre de l’éditeur

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ECONOMIE OYO et la fibre optique

SOCIETE Semaine de la science en RDC

38-40 KINSHASA, le phénomène KULUNA

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SANTE HEMORROÏDES, tout savoir…

CULTURE Promotion de l’Agriculture par les Stars africaines

CLIN D’ŒIL Les femmes africaines qui nous gouvernent

SPORT FOOTBALL, la CHAN et les trophées 2013 Onésha Afrika • Janvier - Février 2014 • Page 05


POLITIQUE – RCA

Centrafrique: Les conseillers nationaux ont choisi Mme Catherine Samba-Panza Par Luidor Nono avec agences

Les membres du Conseil National de Transition (CNT) ont accordé leur confiance à l’ancienne Maire de Bangui, la capitale de la RCA, pour assurer le rôle de Chef de l’Etat, depuis le 20 janvier dernier. On dit d’elle que c’est une dame courageuse, solide, qui depuis les années 90 se bat pour la démocratie et les droits de l’Hômme dans son pays. Est-ce la dernière chance pour cette transition en Centrafrique ?

C

’est par 75 voix contre 57 que Mme Catherine Samba-Panza, est parvenue à l’issue du second tour de l’élection à prendre la place de Chef d’Etat de la Transition devant son challenger du jour, le candidat, Désiré Kolimba, fils de l’ancien Chef d’Etat. Les votes ont débuté à la mi-journée au Parlement provisoire centrafricain pour élire celui ou celle qui remplacerait Michel Djotodia, contraint à la

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démission il y a une dizaine de jours. Finalement sur les huit candidats en lice, dont deux femmes, les 129 Conseillers nationaux présents ont porté leur choix sur l’une des candidates. Mme Catherine Samba-Panza, actuelle Maire de la capitale centrafricaine Bangui. D’autres conseillers avaient des procurations de ceux absents. C’est la présidente en exercice du Conseil national de transition (CNT), Léa Kouyassoum Doumta, qui avait

ouvert les travaux par un rappel des circonstances ayant amené à la démission de l’ex-président et ancien chef rebelle Michel Djotodia, le 10 janvier. «Le peuple nous regarde. Nous allons procéder à un choix important pour l’avenir de notre pays», a-t-elle souligné. Les candidats disposaient de 10 minutes chacun pour présenter leur «profession de foi» aux membres du CNT, qui devaient choisir à bulletin secret le nouveau chef de l’Etat de transition.


Onésha Afrika

Le scrutin devait initialement se dérouler en un seul tour. Le CNT a finalement décidé que pour être élu, un candidat devait obtenir la majorité absolue au premier tour, faute de quoi un second tour sera organisé entre les deux candidats arrivés en tête. C’est ainsi, que la maire actuelle de Bangui s’est retrouvée au second tour face au Fils Kolingba. Le dépouillement a connu un petit incident au cours duquel les forces de défenses et de sécurité (Séléka-Faca) ont fait une intrusion dans la salle. La présidente Léa Kouyassoum Doumta a dû suspendre le déroulement le temps de les évacuer. Onésha Afrika • Janvier - Février 2014 • Page 07


ACTUALITE - LIBYE

Début d’une grande pénurie pétrolière en Libye, situation de grave crise en vue ! Par F.B.K. La Libye est plongée dans une profonde crise économique depuis la fermeture mi-2013 de ses principaux sites pétroliers, privant l’Etat de l’essentiel de ses revenus, trois ans après la révolution qui a renversé le régime de Mouammar Kadhafi

D

ans l’Est, des partisans du système fédéral bloquent depuis juillet les principaux terminaux pétroliers, ce qui a entraîné pendant plusieurs mois une chute de la production du pays à 250.000 barils par jour, contre 1,5 million barils par jour auparavant. Après la levée du blocus imposé par des protestataires sur le champ alCharara au Sud, la production est remontée début janvier à 570.000 b/j, avant de reculer de nouveau cette semaine avec la fermeture par des manifestants du champ d’al-Wafa dans le Sud-Ouest. Dans un pays où le secteur pétrolier contribue à hauteur de 70% du PIB, de 95% des revenus de l’Etat et de 98% de ses exportations, cette instabilité a de lourdes conséquences… Selon des estimations du ministère du Pétrole et de la Banque mondiale, la Libye a ainsi subi des pertes estimées à plus de 10 milliards de dollars depuis juillet. Et le Premier ministre Ali Zeidan a estimé que son pays était désormais entré dans une crise économique, affirmant que le gouvernement pourrait avoir des difficultés à payer les salaires sur le budget 2014.

Recul du PIB en 2013

« D’après le Fonds monétaire international (FMI), l’économie libyenne s’est contractée de 5,1% en 2013. La crise pétrolière a causé une perte de 6,5 points de croissance », a estimé auprès de l’AFP un représentant d’une institution financière internationale basé à Page 08 • Onésha Afrika • Janvier - Février 2014

Tripoli, s’exprimant sous le couvert de l’anonymat. « Et même si la crise (pétrolière) est résolue, la Libye mettra plus longtemps pour revenir à son niveau de production qu’elle ne l’a fait après la révolution ayant conduit en 2011 à la chute du régime Khadafi », ajoute-t-il, en raison de problèmes techniques et logistiques, et de la difficulté à retrouver des clients.

imposent leur loi, les compagnies étrangères rechignent aussi à revenir, retardant la reconstruction du pays dont les infrastructures déjà vétustes ont été affectées par le conflit de 2011. Les coupures de courant sont de plus en plus fréquentes, en particulier dans l’Ouest. Néanmoins, ces derniers mois, magasins et boutiques ont fleuri à Tripoli et dans les grandes villes du pays, proposant tout type d’articles et équipements, y compris des marques de luxe occidentales, témoignant d’une éclosion du secteur privé. « Ces investissements ont été réalisés grâce à des partenariats avec les investisseurs étrangers, alors que l’Etat, plombé par la crise pétrolière, n’a pas pu réaliser les dépenses dans les projets de développement prévus », a expliqué Idriss Abdelhadi, président de la chambre du commerce.

« La crise pétrolière a profondément affecté l’économie, réduisant considérablement les ressources de l’Etat, qui est le principal pourvoyeur de l’investissement et garant de la consommation », a affirmé à l’AFP Ahmed Belras Ali, un responsable à la Bourse de Tripoli. « Cette situation a commencé à avoir des effets sur les investissements boursiers, en provoquant un climat de peur chez les hommes d’affaires », a-t-il ajouté. Les partenaires et les investisseurs étrangers à la rescousse

En raison de l’instabilité et de la montée de l’insécurité dans le pays, où des milices composées d’ex-rebelles

Selon des experts, ces investissements concernent des pans peu importants de l’économie, comme le commerce et les services à faible valeur ajoutée. Mais d’après M. Ali, malgré les difficultés actuelles, l’espoir réside dans le secteur privé qui servira de locomotive à l’économie. La Banque mondiale a d’ailleurs récemment souligné le besoin urgent d’une diversification de l’économie et appelé à des réformes pour générer un secteur privé dynamique, en estimant que les principaux obstacles à son développement étaient le manque d’accès aux financements, l’incertitude dans l’environnement règlementaire et la situation sécuritaire.


ACTUALITE – Union Africaine

Onésha Afrika

Mohamed Ould Abdel Aziz, nouveau président de l’UA Par Fifi Mbambi Kumbu Le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz a été élu le jeudi 30 janvier à Addis Abeba, nouveau président en exercice de l’Union africaine (UA), pour un mandat d’un an. Une décision qui ne fait pas l’unanimité, car le nouveau président en exercice est l’auteur du premier coup d’État intervenu après l’adoption par l’UA de sa charte pour la démocratie et les élections.

L

’élection du Mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz à la tête de l’Union africaine est passée comme une lettre à la poste. Une élection largement facilitée par le fait que la présidence tournante revenait à la région de l’Afrique du Nord. Or la Mauritanie était seule en lice.L’Algérien Abdelaziz Bouteflika, malade, est donc absent de la scène politique. Et son pays organise en avril prochain des élections présidentielles. En Tunisie, le gouvernement vient à peine d’être formé et le président Marzouki est plus préoccupé par la situation intérieure que par un rayonnement diplomatique. La Libye est pour sa part en pleine déliquescence institutionnelle. Quant à l’Égypte, elle est suspendue de l’Union africaine. Mohamed Ould Abdel Aziz a-t-il donc été élu par défaut ? C’est en tout cas un mauvais signal pour l’Afrique, dénoncent ses détracteurs. Un diplomate ironise : pourra-t-il par exemple refuser l’accès de l’Union africaine au général égyptien Abdel Fattah alSissi si ce dernier se faisait élire ? Les valeurs partagées ont en tout cas la vie dure à l’Union africaine.

Il succède ainsi au Premier ministre éthiopien, Haile Mariam Dessalegn, en poste depuis janvier 2013

Le chef de l’État mauritanien succède au Premier ministre éthiopien Hailemariam Dessalegn suite au vote dont les résultats ont été annoncés ce jeudi à Addis-Abeba pendant la cérémonie d’ouverture de la 22e session ordinaire de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de l’UA . Acceptant son élection à la tête de l’organisation panafricaine, le Président mauritanien s’est engagé à promouvoir les objectifs de l’UA et a félicité le président sortant pour le rôle qu’il a joué dans le renforcement de la place de l’Afrique dans la scène politique mondiale. M. Aziz a par ailleurs félicité les dirigeants africains pour leurs efforts consentis afin que l’Afrique soit reconnue dans l’économie mondiale en lui donnant la place qui lui revient de droit au sein de la communauté internationale. “Je suis profondément honoré d’être le président de l’UA, c’est pour moi une marque de confiance qui me va droit au cœur”, a-t-il dit. Trois autres pays ont également été élus dans le bureau de l’UA pour un

mandant d’un an. Il s’agit du Zimbabwe, Etat-membre de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) comme premier vice-président, la République démocratique du Congo (RDC) pays de l’Afrique de l’Est en tant que deuxième vice-présidente et le Nigeria comme troisième vice-président.

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ACTUALITE – MADAGASCAR

Hery Rajaonarimampianima, le nouveau président malgache face à ses défis Avec Marie Audran, correspondante RFI à Madagascar Dans Appels sur l’actualité, Mounchili, un auditeur de Yaoundé, revient sur l’investiture de Rajaonarimampianina. Après une longue transition, le premier chef de l’Etat démocratiquement élu depuis le coup de force de 2009, a obtenu 53,5 % des voix. Ancien ministre des Finances du régime d’Andry Rajoelina, il a été soutenu par ce dernier et même vu comme son héritier. Mais après avoir prêté serment le 25 janvier au stade d’Antananarivo, il se pose en homme de rupture avec le passé. Il a du pain sur la planche. Rajaonarimampianina tiendra-t-il ses promesses de campagne?

D’après Mounchili, les chantiers politiques qui sont devant le nouveau chef de l’Etat sont nombreux. Tout est encore à faire ! Le pays était déjà dans une situation fragile avant 2009… Mais les cinq années de la Transition ont considérablement aggravé la situation, sous tous les aspects, que ce soit politiques économiques ou sociaux… Il va falloir remettre sur pied les services de base : la santé, l’éducation, etc. Pour donner quelques chiffres : plus d’un million d’enfants sont exclus du système scolaire, la majorité pour des raisons économiques. La moitié des enfants Onésha Afrika • Janvier - Février 2014 • Page 11


Onésha Afrika de moins de cinq ans souffre de malnutrition chronique. Une cinquantaine de centres de santé publique sont toujours fermés faute de personnel ou d’infrastructures. Il va aussi falloir rétablir un climat propice au retour des investisseurs pour créer de l’emploi. La croissance était en moyenne de 5 % par an avant la crise… Et elle a été quasiment nulle pendant la période de transition. Pour relever tous ces défis, le pays aura besoin de stabilité politique. Et aussi de l’aide de la Communauté internationale… Ce sera d’ailleurs l’un des grands chantiers du nouveau président : renouer avec les bailleurs de fonds. L’aide internationale représentait 50 % du budget de l’Etat avant 2009. Quelle serait l’influence de l’ancien président de la transition, Andry Ra-

Les hommes du nouveau président D’après la Lettre de l’océan Indien, Hery Rajaonarimampianina, manque de réseaux solides, même s’il est entouré de collaborateurs fidèles. Deux hommes qui ont pris une place importante dans le staff électoral d’Hery Rajaonarimampianina le poussent à jouer pleinement son rôle de chef d’Etat en s’émancipant de l’influence du président sortant, Andry Rajoelina dit TGV. Il s’agit d’une part de son avocat et ami Henry Rabary-Njaka et d’autre part de Solofo Rasoarahona, son ancien bras droit au ministère des finances. Ce dernier est aussi son associé depuis 1995 au sein du cabinet d’expertise-comptable Auditeurs & Associés CGA. Plusieurs personnes sont redevables à Solofo Rasoarahona de les avoir introduites auprès de Rajaonarimampianina, à commencer par Herisoa Razanadrakoto, qui a été sa conseillère technique au portefeuille dès 2009, mais aussi Rinah Rakotomanga, une communicante engagée auprès de Hajo Andrianainarivelo au premier tour de l’élection et en charge de la communication de Rajaonarimampianina pour le second tour. De son côté Georges Kamamy, prince du Menabe, est devenu très présent dans l’entourage présidentiel. Même si ses réseaux politiques restent à construire, le nouveau locataire du palais d’Ambohitsorohitra pourra compter sur deux autres anciens du ministère des finances, Rivo Rakotovao et Arsène Rakotoarisoa, qui étaient ses conseillers techniques depuis 2009. Page 12 • Onésha Afrika • Janvier - Février 2014

joelina, sur la politique de Hery Rajaonarimampianima

La question de l’influence d’Andry Rajoelina renvoie à une autre question que tout le monde se pose en ce moment : Andry Rajoelina sera-t-il nommé Premier ministre ? On lui prête en effet le projet de rester au pouvoir et de faire comme le président russe Poutine et son second Medvedev, de quitter le poste de président pour être Premier ministre et de briguer la présidence en 2018. Il n’a jamais rejeté ce plan. Et il pourrait avoir les moyens de le mettre en œuvre… Il a remporté un tiers des sièges aux législatives, et c’est au groupe parlementaire majoritaire de désigner le nom du Premier ministre. Cette configuration limiterait la marge de manœuvre de Hery Rajaonarimampianina… Le nouveau

président le sait, et dans son discours d’investiture, il a pris ses distances à mimots avec son mentor : il ne s’est pas du tout posé en héritier des événements de 2009 menés par Rajoelina. Il a insisté au contraire sur sa volonté de rupture avec le passé, et il a prôné l’ouverture. Il a tendu la main à l’opposition. On sait aussi qu’en coulisses, la Communauté internationale est réticente à voir Andry Rajoelina au poste de Premier ministre et que des tractations sont en cours pour le convaincre de renoncer à ce projet. Reste que, même si Andry Rajoelina n’est pas Premier ministre, il gardera une influence sur l’Assemblée nationale avec sa cinquantaine de députés - sur 151 au total. Le nouveau président Rajaonarimampianina, qui n’a aucun député, devra composer avec cette force.


ACTUALITE – Gabon

Le Gabon prend en main le développement de l’Afrique Par Marie-Noëlle Guichi La 1ère édition du Colloque international baptisé: «Regards croisés sur le développement en Afrique», très attendue par les acteurs économiques africains aura lieu du 27 au 29 mars 2014 à Libreville, au Gabon

I

nitié par les enseignants-chercheurs de l’Institut Supérieur de Technologie (IST), réunis au sein du Laboratoire de Recherches en Sciences de l’informatique et de Gestion (LARSIG) de Libreville, en partenariat avec l’École Supérieure de Gestion d’Informatique et des Sciences (ESGIS), ladite rencontre est placée sous le thème global: «Enjeux et perspectives de la micro finance et des partenariats pour les territoires du Sud». L’objectif que se fixent les organisateurs du Colloque International de Libreville, CIL2014, est d’amener la communauté scientifique en gestion et informatique, à s’exprimer sur la micro finance comme outil de développement des territoires en Afrique. L’occasion permettra de débattre de plusieurs sous-thèmes ayant un lien étroit avec la micro finance. Quelques succès mitigés

L’équipe conjointe des chercheurs de LARSIG et de l’ESGIS s’est rendue compte qu’alors que plusieurs zones du globe connaissent une implantation progressive des conditions de l’émergence économique, l’Afrique présente quelques succès mitigés, et de nombreux résultats insuffisants. Pour eux, cette situation, beaucoup plus marquée dans la partie subPage 10 • Onésha Afrika • Janvier - Février 2014

saharienne, donne aux mots de René Dumont, «l’Afrique (…) est mal partie», une allure de mauvais sort. En effet, selon le rap-

Abdulkadir M.S, dans un ouvrage publié en 2010. D’où la série d’interrogations des promoteurs du CIL2014. Les secteurs frappés par l’inertie

Ces chercheurs veulent notamment savoir: pourquoi le continent africain se développe difficilement; quel mal principal mine l’Afrique; si le sousdéveloppement de l’Afrique est un mauvais sort ou une fatalité; et comment les problèmes de développement peuvent être résolus sur le continent. La première édition du Colloque «Regards croisés sur le développement en Afrique» souhaite répondre à ces questionnements, en lançant de vastes investigations objectives sur la question du développement en Afrique. Déjà, l’étendue de sa complexité incite les chercheurs réunis au sein du LARSIG à proposer à la Communauté scienti« La plus faible valeur de l’Indice fique internationale, l’adoption de Développement Humain (IDH)» d’une approche transversale de cette question, tant les secteurs frappés par l’inertie et port 2011 du PNUD, 34 des 42 nations l’inorganisation sont nombreux. Nous y identifiées comme ayant « la plus faible valeur de l’Indice de Développement reviendrons en temps opportun. Humain (IDH)» sont situées en Afrique. Aujourd’hui, l’Afrique est le continent le plus pauvre au monde, d’après


ACTUALITE – HAITI

Quand Haïti frappe aux portes de l’Afrique Par Stefanie Schüle Lors du 22è sommet de l’Union africaine, fin janvier, à Addis-Abeba, Laurent Lamothe, le Premier ministre haïtien a clairement affiché la volonté de son pays d’adhérer à l’organisation panafricaine. Quel est intérêt pour Haïti de rejoindre l’Union africaine ? Explications.

D

evant les chefs d’Etat et de gouvernements des 54 pays-membres de l’Union africaine (UA), Laurent Lamothe, le Premier ministre haïtien, s’est voulu convainquant : la perspective d’adhésion à l’UA est une porte d’entrée dans le 21è siècle pour Haïti et une ouverture sur l’Amérique pour tous les Africains. Depuis un certain temps déjà, le gouvernement du président Michel Martelly n’a pas ménagé ses efforts pour se rapprocher de l’Afrique. Les Haïtiens souhaitent notamment développer des coopérations et des partenariats stratégiques avec différents pays du continent. Certaines doivent débuter dans les prochains mois, comme la coopération entre Haïti et le Sénégal, qui portera sur un partenariat technique dans les domaines de la pêche et de l’enseignement supérieur. L’Afrique du Sud a annoncé qu’elle apportera son savoir-faire pour évaluer les richesses minières en Haïti. Avec l’Ethiopie, Port-au-Prince aimerait lancer une coopération dans le secteur de l’agriculture.

Le retour d’Haïti sur la scène internationale

D’autres partenariats existent déjà, comme celui lancé en 2013 entre Haïti et la Côte d’Ivoire dans le secteur de la police, avec comme objectif de lutter contre la cybercriminalité et la piraterie maritime. Ces quelques exemples montrent les échanges existants ou à venir, échanges entre un savoir-faire africain dont pourraient s’inspirer les autorités haïtiennes et des expériences faites en Haïti qui pourraient servir en

Afrique. Telle semble être en tout cas l’ambition du gouvernement de Portau-Prince. Mais l’un des objectifs les plus importants du président haïtien est d’imposer de nouveau Haïti sur la scène internationale. Pour ce faire, Michel Martelly compte beaucoup sur les organisations régionales et continentales. Le chef de l’Etat ne cesse de répéter que le renforcement de la coopération SudSud figure parmi les priorités de sa politique étrangère. Dans les faits, cela se traduit par exemple par la demande d’Haïti, il y a deux ans, d’intégrer l’Alliance bolivarienne pour les Amériques, l’Alba, fondée par l’ancien président vénézuélien Hugo Chavez. L’Alba, l’Union africaine, pour Haïti, autant de portes d’entrée éventuelles sur la scène internationale. Membre associé depuis 2012

La démarche d’Haïti d’adhérer à l’UA ne date cependant pas d’aujourd’hui. En 2012, Haïti a d’abord été admis comme pays observateur avant de devenir, quelques mois plus tard, membre associé de l’Organisation. Mais depuis ce temps, le statut d’Haïti au sein de l’UA n’a pas évolué. Ce qui a amené le gouvernement de Port-au-Prince, en la personne de Laurent Lamothe, à relancer la demande d’Haïti de devenir maintenant membre à part entière de l’UA lors du

dernier sommet à Addis-Abeba. Une requête qui ne semble pas gagnée d’avance, tout d’abord pour des questions de procédure. Pour qu’Haïti puisse adhérer pleinement à l’UA, il faudrait que l’Organisation révise son acte constitutif qui, pour l’instant, limite les pays-membres à ceux du continent africain. Ensuite, s’il est vrai qu’Haïti a toujours joui d’une image très positive auprès des pays d’Afrique, certains se posent quand même la question de savoir si Haïti est oui ou non un pays africain tout comme eux. « Haïti, c’est l’Afrique dans la Caraïbe »

Pour les en persuader, Laurent Lamothe, lors de son discours au sommet de l’Union africaine, a dit cette phrase qui a fait couler beaucoup d’encre : « Haïti, c’est l’Afrique dans la Caraïbe ». Les Haïtiens sont dans leur immense majorité les descendants d’anciens esclaves, enlevés de force de leur pays natal en terre africaine pour être exploités dans la colonie française de Saint-Domingue jusqu’à la révolution et la création de la première république noire du monde en 1804. Laurent Lamothe n’a d’ailleurs pas hésité à affirmer que tous les Haïtiens étaient « des Africains dans leurs âmes, dans leurs cœurs et dans leurs mœurs ». Néanmoins, il n’est pas sûr que l’histoire forte qui lie Haïti et les Haïtiens au continent africain suffise à leur ouvrir la porte de l’UA. Haïti n’est pas non plus le seul Etat qui compte de nombreux descendants d’anciens esclaves africains.

Onésha Afrika • Janvier - Février 2014 • Page 13


ACTUALITE - RDC/RWANDA

Conseil de Sécurité Echanges houleux entre les représentants du Rwanda et de la République Démocratique du Congo Par Jérôme Ehud Lors de la réunion du Conseil de sécurité, le 30 janvier dernier, le représentant de la RDC a encore dénoncé le Rwanda pour son implication dans la déstabilisation du Congo et a demandé au Conseil à prendre des sanctions fermes contre le Rwanda. Et comme toujours, le Rwanda nie tout en bloc, appelant plutôt la RDC à un dialogue en dehors du Conseil de Sécurité et à accepter son aide

C

’est suite au rapport des experts du Conseil de Sécurité sur l’Est du Congo, rapport révélant pour la nième fois le rôle du Rwanda dans la déstabilisation du Congo que M. Dismas Magbengu Swa Emina Monzia, Vice-Ministre de la coopération internationale de la République Démocratique du Congo (RDC) vient de demander au Conseil d’adopter des sanctions « ciblées avec soins et imposés avec fermeté » dont il se dit convaincu qu’elles pourront permettre le retour à la paix dans la région et qu’elles arrêteraient l’exploitation illégale des ressources minières du Congo par le Rwanda.

L’aide du Rwanda à la RDC

Mais selon le représentant du Rwanda, l’ambassadeur Gasana, le Rwanda veut aider le Congo comme il l’aurait toujours fait. « On va bien s’asseoir avec vous, on veut bien aider le Congo et les Congolais. On l’a fait avant, on le Page 14 • Onésha Afrika • Janvier - Février 2014

fait aujourd’hui et on le fera toujours. Je pense qu’ici, ce n’est pas le terrain propice pour venir lancer des pierres sur le Rwanda qui veut vous aider », at-il invité. Mettant à nu l’impuissance de la RDC à régler ses problèmes, les propos de Gasana ont été sentis dans les milieux congolais comme choquants et provocants. Selon toujours Gasana, c’est paradoxal de penser que le Rwanda, petit pays avec de maigres moyens, peut déstabiliser un géant géographique et riche comme le Congo. « Le Congo est plus de 80 fois le Rwanda. Le Congo est très grand, le Rwanda plus petit. On dirait que c’est l’inverse. Le Congo, grand pays et très riche. Le Rwanda, petit et enclavé, essayant de s’en sortir de tous les problèmes qu’il y a eus. Hier, quand on était entrain de débattre, vous avez fait allusion à l’ONUC. Ça fait 54 ans. Le Rwanda était encore sous le joug colonial. Ça fait plus d’un demi-siècle que vous avez ce problème cher ami !! Le

Rwanda est plutôt là pour vous aider », a-t-il ironisé. Une aide immédiatement rejetée par le Congolais Monzia qui a épinglé le mensonge et l’ironie au travers des propos de Gasana. « Nous voulons dialoguer avec des gens sincères, pas des hypocrites. Mais pas avec des gens qui disent oui alors que dans le fond de leur cœur, ils vous disent non. Vous savez très bien que les Nations unies ont initié un instrument qui est l’espoir qui doit aujourd’hui ramener la paix dans la région : l’Accord-cadre. Or cet Accord-Cadre n’est ni respecté par le Rwanda ni par l’Ouganda », a-t-il répliqué. Rire au coin des lèvres, l’ambassadeur Gasana, a semblé rappeler au ministre Monzia que le Rwanda est un bon voisin du Congo et que le gouvernement congolais le sait très bien, le ministre aussi . « Nous sommes des voisins. Nous avons partagé pleins de bonnes choses. Votre gouvernement le sait très bien. Vous-même, vous le savez


Onésha Afrika très bien. C’est pas à nous de venir casser quoi que ce soit ». Divergences sur le cadre de dialogue

Pour le Rwandais Gasana, le Conseil de Sécurité n’est pas un cadre approprié pour le dialogue ou les accusations portées contre son pays. « Asseyons-nous autour d’une table et essayons de nous entraider pour que cette région puisse être paisible. Il est grand temps qu’on cesse de pleurnicher ici, de venir accuser le Rwanda », a déploré M. Gasana. Se posant en donneur de leçons, Gasana va même plus loin en mettant en garde le Congo : « Je souhaite aujourd’hui que ce soit la toute dernière fois qu’on vienne ici se lancer des pierres comme si on n’avait pas d’autres lieux pour régler nos propres problèmes », a-t-il mise en garde Du côté congolais, les propos de Gasana sont inacceptables. « La République démocratique du Congo est un pays souverain qui n’a pas à recevoir des ordres du Rwanda même s’il est membre [du Conseil de Sécurité]. Il n’a

pas à nous interdire de venir devant cette instance internationale poser les problèmes qu’on lui fait les autres Etats. Ce que nous disons vient des experts que le Conseil a mandatés. Si le Rwanda s’oppose à ce que les experts disent, qu’il s’adresse aux experts commis par vous avec le Rwanda y compris », a réagi Monzia. La question épineuse des Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR)

Pourtant apprécié par le Congo, ce rapport des experts met en exergue la collaboration entre les forces armées congolaises (FARDC) avec les rebelles FDLR. Mais le Congo a estimé que « toutes les explications données concernant les FDRL auraient pu faire partie d’une autre résolution sur le Rwanda à l’occasion du 20è anniversaire du génocide rwandais, connu par le Rwanda contre le rwandais sur le territoire du Rwanda. Génocide auquel la RDC n’a été mêlée ni de près ni de loin ». Il a également fustigé le Conseil d’avoir mis de côté tout le passage du rapport faisant étant des activités mili-

taires du M23 à travers le recrutement. « Seulement peut-être pour faire plaisir au Rwanda », s’est indigné Monzia. Justement c’est ce sont ces FDLR qui sont toujours la justification rwandaise de son intervention au Congo. « Quant aux FDLR, c’est vrai, le génocide a été commis par des Rwandais contre d’autres frères Rwandais mais hélas, ils vivent chez vous », a fait remarquer l’Ambassadeur Gasana. Et d’indiquer que le Rwanda est toujours prêt à les accueillir s’ils rentrent parce que ce sont des Rwandais qui rentrent chez eux. Ils sont intégrés dans la vie de tous les jours mais à une stricte condition : « Si l’idéologie du génocide persiste, si vous continuez à aider les gens avec une idéologie génocidaire, là on ne saura jamais jamais laisser ça. S’il le faut, il y a des mesures répressives qui seront prises », a averti le représentant du Rwanda. Pourvu que le feuilleton Rwanda et RDC trouve bientôt une issue favorable pour les deux communautés car, Kinshasa et Kigali sont condamnés de vivre ensemble dans la région. Cet

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ACTUALITE - RDC/RWANDA

Mr Faustin Twagirmungu, l’ancien Premier ministre du Rwanda s’exprime Sur RFI, il annonçait que son parti politique Rwandan Dream Initiative avait signé un accord avec les forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR, les rebelles hutus rwandais réfugiés pour la plupart à l’Est de la RDC), et le parti social-Imberakuri. En appelant la communauté internationale à pousser Kigali à négocier, l’ancien Premier ministre cherche avant tout à permettre le retour au Rwanda de tous les réfugiés. Cette alliance est violemment critiquée par les autorités rwandaises.

« Le Rwanda a toujours eu une porte ouverte pour tous les réfugiés, même les politiciens », tient à rappeler en préambule, Olivier Nduhungirehe, le représentant adjoint du Rwanda à l’ONU. « Faustin Twagiramungu il y a quelques mois envisageait même de rentrer au Rwanda. Je ne sais pas ce qui l’a empêché mais la porte était ouverte pour tous les réfugiés, tous ceux qui voulaient rentrer au pays ». « Le problème c’est que maintenant il a fait officiellement alliance avec un mouvement génocidaire, un mouvement sanctionné par les Nations unies, ce qui le disqualifie pour réclamer quoi que ce soit, donner quelque leçon que ce soit au gouvernement rwandais », ajoute Olivier Nduhungirehe.

Interrogé par Onésha Afrika sur cette initiative de réconciliation, l’ancien Premier ministre répond : Vous incarnez, semble-t-il, l’espoir de réconciliation entre Hutus et Tutsis au Rwanda, quelle méthode préconisez-vous sachant que les autorités actuelles à Kigali sont farouchement opposées aux négociations avec le FDLR.

La réconciliation entre les Hutu et les Tutsi au Rwanda ne peut pas être fondée seulement sur les négociations éventuelles entre les FDLR et les autorités actuelles de Kigali. Tôt ou tard, les Rwandais découvriront ou se rendront compte que leur histoire, leur culture, leur langue, leur tradition, leurs croyances en l’Imana (le Créateur), leur nation rwandaise, toutes ces valeurs qui

Un accord avec « le diable »

Et pour le diplomate, pas de doute, il est impossible pour le Rwanda de signer un accord avec les rebelles du FDLR, sanctionnés par la communauté internationale : « La communauté internationale a sanctionné les FDLR, ceux-là mêmes qui font alliance avec Faustin Twagiramungu. Et Faustin Twagiramungu ne peut pas demander à la communauté internationale de l’aider à dialoguer avec le Rwanda alors qu’il est en alliance avec un mouvement génocidaire qui est sous sanction de la communauté internationale à travers les Nations unies. Donc il ne pourra jamais y avoir de dialogue avec le FDLR et tous ses alliés qui épousent son idéologie génocidaire. C’est une erreur stratégique puisqu’on ne peut s’allier avec le diable ». Page 16 • Onésha Afrika • Janvier - Février 2014

leur sont communes et qui constituent la seule et unique base sur laquelle reposera leur véritable réconciliation. Aujourd’hui ce qu’ils ont comme devoir est qu’ils sont les mêmes ceux qui n’y croient pas sont tout simplement racistes.

Avant la colonisation allemande dès la fin du 19e siècle jusque 1918, seules les fonctions exercées et les professions pratiquées au sein de la société rwandaise permettaient de distinguer les Rwandais les uns des autres. Les Tutsi et les Hutu existaient et habitaient sur les mêmes collines, se mariant entre eux, les pauvres avec les pauvres et les riches avec les riches. Les Tutsis étaient éleveurs sans être agriculteurs, les Hutu d’un certain rang social combinaient les deux. Au cours de l’histoire de notre pays les Hutu ont perdu le contrôle de leur pouvoir clanique à l’avantage des Tutsi qui l’ont récupéré par la violence. Ils l’ont alors étendu sur la grande partie du Rwanda au détriment des rois claniques obligés de se soumettre. Depuis, les Tutsi sont devenus une classe dominante par le pouvoir politique et économique (grands éleveurs et propriétaires terriens). Les Hutu étaient devenus C’est comme on peut aujourd’hui distinguer le paysan agriculteur d’un paysan éleveur, ou d’un riche et d’un pauvre ou encore d’un dirigeant et d’un simple citoyen obéissant aux lois et aux autorités nanties d’un pouvoir au sein de la société. Avec la colonisation du Rwanda, les colonialistes allemands et belges dominés par une idéologie raciste, ont appris aux Rwandais qu’ils étaient différents, que les Tutsi n’étaient pas originels du Rwanda et qu’ils étaient venus d’Éthiopie pour coloniser les Hutu. Ceux-ci, eux-mêmes, étaient soit disant venus du Tchad. Cette théorie raciste


Onésha Afrika de l’émigration des peuples africains, différents, a dominé jusqu’aujourd’hui la classe rwandaise dite « Intellectuels rwandais ». Quoi que nous partagions tout comme peuple, nous sommes différents parce que les colonisateurs nous ont appris que nous étions ethniquement différents. La différenciation entre les Rwandais sur base raciste, fondée sur leurs traits physiques, était un fait nouveau dans notre culture. Malheureusement, c’est ce fait qui, en vérité, constitue la racine du mal dans notre société et dans notre pays. La réconciliation des rwandais ne sera pas possible sans la relecture de leur histoire. En ma qualité de Rwandais authentique, il m’est difficile de m’imaginer qu’un celui que l’on définit comme Tutsi puisse être différent de moi sur le plan culturel et encore de citoyenneté, de patriotisme. Je peux par ailleurs que la façon m’imaginer que nous pouvons différer sur le comportement dans notre société et cela compte tenu de notre éducation familiale souvent basée sur les fantasmes, les mythes, et souvent même

sur l’imagination et non sur les réalités de notre histoire. La réconciliation des Rwandais ne dépendra pas de bons discours de la communauté internationale devenue juge et procureure de tout ce qui bouge dans les pays pauvres comme le Rwanda. La réconciliation est une affaire des Rwandais eux-mêmes. Elle ne sera possible que si les Rwandais relisaient leur histoire et qu’ils acceptent que leurs différends sont fondés sur le pouvoir mal partagé entre les deux grandes communautés historiques et sociales. Une fois que les critères démocratiques seront acceptés et que la liberté de choix des dirigeants sera respectée, il y aura une réconciliation véritable. Si mon rôle était de réconcilier les Rwandais je leur demanderais d’abord de se respecter en tant que des êtres humains, de se dire la vérité en considération de leur histoire propre, et d’accepter et respecter la liberté chaque de se choisir les dirigeants et non de s’armer et se battre pour accéder au pouvoir.

Votre message aux Africains qui nous lisent Je n’ai vraiment pas autre message que celui de demander aux dirigeants africains de cesser de piller leurs propres pays pour enrichir les Banques étrangères et par ricochet enrichir les peuples d’autres pays que les leurs, de donner priorité à l’éducation des jeunes patriotes jusqu’au niveau des études universitaires. Il est avéré que tout développement ne peut être réalisé que s’il est précédé sinon accompagné par une formation de citoyens compétents en science et management. J’encourage les jeunes africains, et en particulier les jeunes congolais à être ambitieux, à développer un esprit de compétition dans l’esprit de défendre les richesses africaines, et surtout congolaises, pillées par les prédateurs de tous genres, ou mal gérées par les dirigeants au détriment des peuples du continent.

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POLITIQUE – SOUDAN DU SUD

Les clés pour comprendre la crise sud-soudanaise Par Daniel Singleton Depuis qu’il est devenu un Etat indépendant le 9 juillet 2011, le Soudan du Sud (officiellement la République du Soudan du Sud), doit affronter des différends non seulement avec son voisin du Nord, où dominent les Arabes musulmans, mais il doit aussi faire face à des conflits inter-ethniques. Les événements de ces derniers jours entre les deux tribus les plus importantes numériquement font craindre une crise majeure dans le pays. Le président Salva Kiir (un Dinka) a, le 15 décembre, accusé le vice-président Riek Machar (un Nuer), limogé en juillet, d’une tentative de coup d’Etat. Les Nations unies estiment à quelque 500 le nombre de tués dans les violences entre factions rivales, en 3 jours, et rien que dans la capitale. L’armée a reconnu ce 19 décembre avoir perdu le contrôle de Bor, dans le nord du pays. Qui sont les Dinkas et les Nuers ?

•Les histoires relatant l’animosité entre les deux tribus remontent à assez loin. Sur le site South Sudan Nation.com on retrouve l’histoire de l’équipage d’un navire égyptien à la recherche de la source du Nil blanc en 1839 tirant sur des riverains Nuer, après qu’un soldat Dinka à bord les ait trompés sur leurs intentions à leur égard (selon l’auteur Stephen Pajok Kong, le 25 octobre 2012). Page 18 • Onésha Afrika • Janvier - Février 2014

•Mais, plus récemment, c’est le fait que Riek Machar ait, en 1997, signé un accord avec le président Omar elBéchir, alors en guerre contre le SPLM (The Sudan People’s Liberation Movement) et sa branche armée, le SPLA (des rebelles sudistes menés par John Garang, le charismatique chef Dinka), qui a fait des Nuer les victimes de représailles. D’autant plus que de nombreuses milices Nuer ont combattu du côté des nordistes. Cependant, le cessez-le-feu de 2004 entre Khartoum

et les rebelles sudistes, puis l’accord de paix d’Addis-Abeba un an plus tard devaient mettre fin aux hostilités entre les deux tribus. •Le spectre de violences entre Dinkas et Nuers était brièvement réapparu en juillet de cette année lorsque Salva Kiir a limogé son Premier ministre, Riek Machar, et le gouvernement. Si des voix se sont alors – et depuis – élevées pour critiquer « l’autoritarisme » du président, Riek Machar s’était gardé de lancer une campagne contre son rival.


Onésha Afrika •Plutôt que de voir les violences de ces derniers jours en termes d’affrontement entre Dinkas et Nuers, on peut faire un certain rapprochement entre le cas de George Athor et celui de Riek Machar. Le général Athor , qui avait rejoint la SPLA en 1983, était entré en rébellion en 2010 en fondant son propre mouvement, le South Sudan Democratic Movement et son aile armée, le South Sudan

ne permettent pas de bien mâcher la viande », une allusion aux tensions entre Salva Kiir er Riek Machar. En octobre, c’était au tour de Thabo Mbeki, l’ex-président sud-africain. S’adressant au Synode des évêques anglicans à Benoni, en Afrique du Sud, l’ancien médiateur de l’Union africaine dans les pourparlers de paix entre les deux Soudans a averti que le chancre du tribalisme qui menaçait le Soudan du

première rébellion contre le pouvoir nordiste et arabe en 1955 a permis à tant de groupes disparates (le pays compte quelque 60 langues vernaculaires) de ressentir une certaine unité. Une fois l’indépendance conquise, ils regrettent de voir ce lien se déliter au profit de rivalités inter-tribales. Lutte pour le pouvoir

L’ambassadeur de France à l’ONU, Gérard Araud, a déclaré cette semaine que les deux groupes les plus importants numériquement, à savoir les Dinkas et les Nuers risquaient de s’engager dans « une guerre civile totale ». Mais un spécialiste des questions de sécurité proche de l’armée sudsoudanaise cité par le journal en ligne Kenya Today (17 décembre 2013) affirme que l’éruption de violence du week-end dernier était un « accident reposant sur la paranoïa et les rumeurs ».

Democratic Army. Et cela, après avoir échoué à gagner les élections pour être gouverneur de Jonglei cette année-là. Nationalisme contre tribalisme

•Les blogs et sites internet où s’expriment des Sud-Soudanais reflètent les préoccupations ressenties par beaucoup d’entre eux au sujet de l’impact du tribalisme dans leur pays. •Des chefs d’Etat africains ont récemment lancé des avertissements face aux nombres d’incidents à caractère tribal. Le président ougandais Yoweri Museveni, lors des cérémonies organisées à Juba en juillet pour le deuxième anniversaire de l’indépendance, a appelé les Sud-Soudanais à combattre le tribalisme. Il a notamment cité un proverbe africain pour illustrer son propos : « Des espaces entre les dents

Sud devait à tout prix être évité dans son propre pays. •Un haut-fonctionnaire du ministère du Commerce et de l’industrie a souligné, voici peu, le rôle des médias dans la propagation des tensions tribalistes. •La Conférence des évêques catholiques du Soudan du Sud a aussi appelé cette année à l’unité et au rejet des haines tribales. •Déjà, peu de temps avant l’indépendance, le tribalisme figurait en tête des menaces pesant sur le pays, devant l’insécurité, la corruption et le sous-développement (étude du National Democratic Institute, dans les dix états du Soudan du Sud, effectuée en mars et avril 2011).

Les risques d’une guerre civile à caractère ethnique demeureraient improbables, d’après bien des observateurs. D’abord, parce que Riek Machar ne semble pas bénéficier d’assez de soutien dans l’armée. D’autre part, les querelles suivies d’une réconciliation sont chose courante entre les deux hommes, ce que semble illustrer l’annonce faite par le président mercredi disant qu’il était prêt à rencontrer son rival. Pour Harry Verhoeven, de l’université d’Oxford et spécialiste des Soudans, il s’agit d’un cas de ce qu’il appelle la « politique post-libération », une lutte pour le pouvoir et les richesses qu’il apporte. Et dans ce genre de combat, a-t-il expliqué à RFI, la violence est une option stratégique parmi d’autres.

•Pour beaucoup, la solution c’est le nationalisme, le ciment qui depuis la Onésha Afrika • Janvier - Février 2014 • Page 19


POLITIQUE - EGYPTE

En Egypte, le président déchu Morsi devant la justice, ses partisans ne désarment pas Par Claire Arsenault A quelques jours de la reprise du procès de Mohamed Morsi, les manifestations de ses partisans sont quasiquotidiennes en Egypte. Désormais déclarée organisation terroriste, la confrérie des Frères musulmans est plus que jamais la cible d’une répression sans merci. Issu de leur rang, le président destitué Morsi, est poursuivi pour « incitation au meurtre de manifestants, espionnage et… évasion de prison ».

D

epuis son arrestation et sa destitution par l’armée le 3 juillet 2013, Mohamed Morsi est détenu au secret. Mais les membres de son parti Liberté et Justice, face politique des Frères musulmans, n’ont jusqu’à ce jour cessé de manifester pour réclamer le retour au pouvoir de celui qui est le premier président égyptien élu.

La peur de l’attentat

Durement réprimée, la confrérie dénombre déjà un millier de morts Page 20 • Onésha Afrika • Janvier - Février 2014

dans ses rangs ainsi que des milliers d’arrestations et notamment celles de la quasi-totalité des membres de la direction des Frères musulmans. Dernier coup dur pour les islamistes, que le pouvoir espère même fatal, leur classement comme organisation terroriste, ce 25 décembre, suite à un attentat à la voiture piégée contre le quartier général de la police de Mansoura, qui a fait 15 morts. La condamnation de cette attaque par les Frères musulmans n’y a rien fait ; désormais le simple fait d’appartenir à cette organisation et de

manifester peut valoir jusqu’à cinq ans de prison à ses adeptes, au même titre que la possession de publications ou d’enregistrements diffusés par la confrérie. Dès lors, l’appel à une « semaine de manifestation de colère révolutionnaire » a reçu un écho certain, comme en témoigne le nombre de protestations à travers le pays. Dimanche 29 décembre, une bombe artisanale a explosé près d’un bâtiment des renseignements militaires, au nord-est du Delta,


Onésha Afrika Trois procès pour le président déchu Mohamed Morsi Détenu au secret depuis le 3 juillet 2013, l’ex-président Mohamed Morsi sera jugé le 28 janvier avec 130 coaccusés pour évasion de prison, des faits qui remontent au début de 2011 en plein cœur de la révolte du « printemps arabe » qui a chassé le président Hosni Moubarak du pouvoir. Mohamed Morsi, alors prisonnier politique, s’était évadé notamment avec des membres du Hamas palestinien et du Hezbollah libanais. La justice égyptienne affirme que des militants des Frères musulmans, du Hamas et du Hezbollah avaient alors attaqué la prison, tuant des gardiens et des détenus, pour permettre à des milliers de prisonniers de s’échapper, parmi lesquels des dirigeants de la confrérie. Mohamed Morsi soutient quant à lui que les gardiens avaient quitté les lieux tandis que les détenus profitaient du chaos pour prendre la fuite.

faisant 5 blessés légers. Au Caire, des accrochages ont eu lieu entre des étudiants partisans des Frères musulmans et les forces de l’ordre à l’université islamique d’Al-Azhar et près du siège du ministère de la Défense. La crainte de l’attentat à la bombe s’installe dans la population alors que les alertes se multiplient, notamment au Caire et à Alexandrie. Dépités et excédés, les Egyptiens renvoient dos à dos les Frères musulmans et le gouvernement transitoire, taxé d’impuissance. Au même moment et dans un bel ensemble, radios et télévisions participent à la mise au ban de la confrérie en évoquant la guerre en cours contre les « Frères terroristes ». Appel aux pays frère

L’Egypte ne se contente pas de mener la vie dure aux Frères musulmans à l’intérieur de ses frontières. Elle a ainsi demandé le 30 décembre aux pays arabes, par le biais de la Ligue

arabe, de prendre des mesures contre l’organisation islamiste désormais déclarée terroriste par les autorités du Caire. Dix-huit pays de la Ligue arabe (sur 22) sont signataires du traité de 1998 contre le terrorisme. Un texte qui les engage à combattre ce fléau et à soutenir tout pays arabe qui en est victime. Du côté des Emirats, de l’Arabie saoudite ou du Koweït, l’Egypte peut attendre un soutien total. Mais les choses se compliquent visà-vis du Qatar, allié financier et politique des Frères musulmans dont plusieurs dirigeants sont d’ailleurs à l’abri à Doha. Trois journalistes de la chaîne de télévision qatarienne alJazira, basés au Caire, ont d’ailleurs été placés en détention préventive mardi 31 décembre parce qu’ils étaient soupçonnés d’appartenir à l’« organisation terroriste des Frères musulmans.

Outre cette affaire d’évasion, Mohamed Morsi est également poursuivi pour « complicité de meurtres de manifestants », des faits qui remontent au début décembre 2012. A cette époque, alors qu’il est président, des affrontements entre milices pro-Frères musulmans et anti-Morsi font au moins dix morts de part et d’autre ainsi que des centaines de blessés. Dans ce dossier le président déchu a comparu à peine une heure, le 4 novembre dernier ; ce procès doit reprendre le 8 janvier 2014. Enfin, l’ex-président doit répondre également de l’accusation d’« espionnage au profit d’organisations étrangères en vue de mener des actes terroristes dans le pays ». Pour ce procès, dont la date n’est pas encore fixée, Mohamed Morsi comparaîtra aux côtés de 35 dirigeants de la confrérie des Frères musulmans, dont le guide suprême Mohamed Badie. Dans cette affaire comme dans la précédente, l’ex-président Morsi encourt la peine de mort.

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POLITIQUE - CAMEROUN

PAUL BIYA : «Nous avons fait d’un Etat embryonnaire, un véritable Etat démocratique» Par Eugène C. Shema découlera à terme devrait permettre, selon Paul Biya, de « transformer nos matières premières […] développer notre industrie de l’aluminium […] utiliser le gaz comme source d’énergie de nos usines ». Sur le plan institutionnel enfin, le président s’est félicité des progrès accomplis par le Cameroun sur la voie de la démocratie, dont la récente mise en place du Sénat, la future installation du Conseil Constitutionnel. « Nous avons fait d’un Etat embryonnaire, un véritable Etat démocratique », a déclaré le chef de l’Etat. Après cette peinture quantitative, le président a invité les Camerounais à chérir la diversité culturelle qui est la caractéristique principale de l’identité du Cameroun. Pour le chef de l’Etat camerounais, ces cinquante dernières années ont été positives. « Qu’avons-nous fait ces cinquante dernières années ? », a questionné Paul Biya dans son discours d’ouverture de la célébration du cinquantenaire de la Réunification à Buea. Après avoir évoqué la guerre civile des années 50-60, et la crise économique qui a frappé le Cameroun dans les années 90, le chef de l’Etat a insisté sur le souci de conjuguer le devoir de mémoire à la vérité. « S’il va de soi que nous avons un devoir de mémoire, nous avons également un devoir de vérité », a-t-il affirmé. Ce devoir de vérité, le chef de l’Etat l’a présenté en un tableau des réalisations du Cameroun sur le plan de l’éducation, la santé, les transports, les institutions entre autres, de 1960 à 2014.

S

ur le plan de l’éducation, le chef de l’Etat a rappelé que le Cameroun, au moment de son indépendance, avait un taux de scolarisation de 3%. Aujourd’hui, il est de 90%, « chiffres de l’Unicef », a-t-il précisé. De même sur le plan de la santé, moins d’un demi-millier de structures sanitaires existaient en 1960 contre 2260 formations publiques aujourd’hui. L’espérance de vie qui se situait à 42 ans est « passée à 52 ans actuellement

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», a souligné Paul Biya. Sur le plan des transports, le réseau routier, qui était estimé à 621 Km de routes bitumées, est composé aujourd’hui de 250.000 Km. Le président s’est félicité, dans le domaine maritime, de ce que le Port de Douala est le premier port dans la sous-région de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac). Sur le plan industriel, point de chiffres cette fois, mais les perspectives qu’augureraient les barrages en construction au Cameroun. La capacité énergétique qui en

Le président de la République du Cameroun, Paul Biya, a présidé ce 20 février 2014, à la place des fêtes de Buea, le défilé civil et militaire. Parade organisée dans le cadre de la célébration du cinquantenaire de la Réunification du Cameroun. Après le discours du maire de cette ville, Patrick Ekema, qui a remercié le chef de l’Etat pour les infrastructures dont Buea a bénéficiées dans le cadre de cette célébration, il est revenu au président de prendre la parole. Après son allocution, il s’en est suivi un défilé civil et militaire puis une remise des cadeaux de la part des chefs traditionnels des deux régions anglophones du Cameroun : le Nord-Ouest et le Sud-Ouest. Ce 20 février 2014 était jour de célébration solennelle du cinquantenaire de la Réunification du Cameroun. Evénement survenu le 1er octobre 1961.


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socialite@kinses.com Onésha Afrika • Janvier - Février 2014 • Page 29


ACTUALITE

Sommet Etats-Unis /Afrique: Vers un nouveau chapitre

C

’est lors d’un discours au Cap, pendant sa visite officielle en Afrique du Sud que le président américain avait souhaité « ouvrir un nouveau chapitre dans la relation entre les Etats-Unis et l’Afrique ». Il a donc lancé les invitations pour un sommet à la Maison Blanche les 5 et 6 août Page 26 • Onésha Afrika • Janvier - Février 2014

prochains. Sur les 54 pays africains, ils seront 47 à faire le déplacement de la capitale fédérale américaine. Les grands absents seront l’Egypte, la Guinée Bissau, le Soudan, Madagascar ou encore le Zimbabwe, parce qu’ils « n’ont pas de bonnes relations avec les Etats-Unis ou sont suspendus de l’Union africaine ». La présidente de

la commission de l’UA, Nkosazana Dlamini-Zuma, est également conviée à Washington pour ce sommet, a précisé la Maison Blanche. L’objectif de la rencontre étant « de renforcer encore les liens avec l’une des régions les plus dynamiques » du monde, a déclaré le porte-parole de Barack Obama, Jay Carney.


Onésha Afrika

Une première dans l’ère Obama

Ce sommet « fera progresser les objectifs de l’administration en matière de commerce et d’investissement en Afrique (et) mettra en évidence l’engagement des Etats-Unis envers la sécurité de l’Afrique, le développement de la démocratie et de ses habitants », selon la même source. Sur un continent où la France, puis la Chine et aujourd’hui d’autres puissantes émergentes ont étendu leur influence au fil des décennies, les Etats-Unis se lancent ainsi dans une offensive diplomatique sans précédent. Le président Obama a déclaré dans un communiqué se réjouir «d’accueillir des dirigeants venus de tout le continent africain dans la capitale (fédérale américaine) afin de renforcer encore les liens avec l’une des régions les plus dynamiques du monde ». Ce sommet «fera progresser les objectifs de l’administration en matière de commerce et d’investissement en Afrique (et) mettra en évidence l’engagement des Etats-Unis envers la sécurité de l’Afrique, le développement de la démocratie et de ses habitants», selon la Maison Blanche.

“ouvrir un nouveau chapitre dans la relation entre les Etats-Unis et l’Afrique »

Les africains avaient reproché à Barack Obama, afro-américain dont le père kényan avait émigré aux EtatsUnis, de négliger le continent. Lors de son premier mandat, il n’avait quasiment entrepris aucune action d’envergure en direction du continent où il ne s’était rendu d’ailleurs qu’une seule fois pour une brève tournée. Pour son second mandat, c’est donc une dynamique nouvelle qui est en train d’être mise en place. E juin 2013, il a ainsi effectué une deuxième visite plus longue avec plus d’étapes et surtout, avait lancé l’idée de la création de ce cadre d’échanges avec les dirigeants africains.

La dream team d’Obama pour son sommet Afrique En marge de cet événement, la présidence américaine mobilise déjà ses fins limiers “africains” pour préparer le sommet EtatsUnis/Afrique prévu en août. Sept mois avant sa tenue, La Lettre du Continent dévoile les coulisses de l’organisation de cet événement. Un homme occupe une place centrale dans la préparation du sommet EtatsUnis/Afrique prévu les 5 et 6 août à Washington, à l’initiative de Barack Obama. Il s’agit de Grant Harris, Special Assistant auprès du président américain et Senior Director pour les affaires africaines du National Security Staff. Le coordonnateur de la politique africaine à la Maison Blanche fut par le passé le directeur de cabinet adjoint et conseiller de Susan Rice, alors ambassadrice à l’ONU. Grant Harris est épaulé par le conseiller presse adjoint chargé des dossiers africains, Jonathan Lalley, ex-attaché de presse de l’envoyé spécial des Etats-Unis pour le Soudan, Scott Gration. Pour préparer le sommet, Grant Harris s’appuie sur plusieurs collègues du département d’Etat, parmi lesquels la secrétaire d’Etat adjointe aux affaires africaines, Linda Thomas-Greenfield. Nommée à ce poste en août, la diplomate est secondée par le sous-secrétaire d’Etat adjoint principal et ex-ambassadeur à Yaoundé, Robert P. Jackson. Ce duo sera appuyé dans sa mission par quatre sous-secrétaires d’Etat adjoints rompus au continent africain : Bisa Williams, ex-ambassadrice au Niger (20102013) actuellement chargée de l’Afrique de l’Ouest et des questions économiques africaines ; Donald Teitelbaum, ancien ambassadeur à Accra (2008-2012) chargé de l’Afrique centrale et de l’Est ; Shannon Smith (Afrique australe) ; et David Gilmour, sous-secrétaire d’Etat adjoint pour la diplomatie et les affaires publiques. Deux envoyés spéciaux régionaux viennent compléter ce staff. Il s’agit de Russell Feingold, figure de proue du Parti démocrate et actuel envoyé spécial pour la région des Grands Lacs et le Congo-K, ainsi que Donald Booth, envoyé spécial pour le Soudan et le Soudan du Sud.

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MONDE - FRANCE

La diversité s’affiche aux élections municipales françaises Par Sylvie Koffi

A

la veille des municipales 2014, les candidats issus notamment du Maghreb ou de l’Afrique subsaharienne gagnent peu à peu du terrain. Et ça commence à se voir. A bouger au sein du paysage politique français… A la différence des précédentes élections, cette diversité s’installe à pas de velours. Pourtant, et paradoxalement, ce n’est plus la priorité des priorités au sein des partis politiques. Candidats comme tous les autres ou différents ? Ou encore différents comme tout le monde ? C’est variable. La montée de la diversité au sein des communes françaises inquiète. Voir dérange. Au fil des années, ces élus locaux sont devenus des adversaires qui ont acquis leur légitimité. Certains peuvent être redoutables. Notamment ceux qui, en tête de liste, se retrouvent dans des circonscriptions où ils ont des chances de l’emporter. v

pale. Rien, à part Paris XIII, un centre universitaire au fort potentiel, qui n’est pas exploité. Cette banlieue se résume en une cité dortoir que cet enfant de la ville a de forte chance de réveiller. Et il n’est pas le seul. Plusieurs Français d’origine étrangère pourraient être élus maires lors de ces Municipales. Le PS a investi des candidats dans plusieurs villes gagnables d’Ile de France : le député Razzy Hamadi à Montreuil, Abdelhak Kachouri à Neuillysur-Marne, Sonia Dahou aux Ulis… A droite, l’ancienne ministre de la

« Changeons Villetaneuse dans le 93 ». C’est le slogan de Dieunor Ex-

cellent. Investi par le Parti radical de gauche (PRG), ce militant de 37 ans, d’origine haïtienne, a quitté le Parti socialiste (PS) pour le PRG, qui lui a fait confiance pour mener cette Municipale. Il y a un an, prenant de vitesse tous ses adversaires, Dieunor Excellent officialise sa candidature. Depuis, il mouille la chemise pour aller chercher les voix dans les quartiers populaires. De jour comme de nuit, il bat le goudron de cette commune, citadelle toujours aux mains des communistes. Et il la veut. Pas pour lui, mais pour ses concitoyens, les Villetaneusiens. Il veut transformer sa ville où il n’y a pas de petit marché, pas de police municiPage 24 • Onésha Afrika • Janvier - Février 2014

Justice, Rachida Dati, a des chances de sauver son siège. Car il est temps d’inverser les chiffres. En France, ils sont quatre maires issus de la diversité sur les 36 600 communes que compte la métropole. Les candidats visibles ne se découragent pas

« On n’a même pas commencé, qu’on nous met des bâtons dans les roues », souligne Kamel Hamza, président de l’Association nationale des élus locaux de la diversité (Aneld). Pour les freiner dans leur ascension, deux arguments leurs sont opposés. Celui qui est à la mode, c’est celui du Front


Onésha Afrika national. Ces candidats sont invités à rester en bas des listes pour ne pas « effrayer » les électeurs. Pire, s’ils sont élus, ces Français pourraient faire du communautarisme, l’autre argument à la mode. « Ce n’est qu’un prétexte pour qu’on renonce à toute candidature », analyse Nadia Azoug, tête de liste écologiste à Pantin. Mais ces questions d’origine et de couleur ne sont pas la préoccupation des citoyens. Ils votent pour un logement, un supermarché, une école… pour un programme.

C’est un dialogue de sourd. Les partis politiques ont des yeux : voyant que la population est multiculturelle, ils colorent les bas des listes. La population, elle, est sensible aux discours. Malgré toute cette incompréhension, ça bouge. Les candidats visibles ne se découragent pas et gagnent du terrain. Ici, ce sont des futures maires adjoints, là des futurs conseillers municipaux. Ces derniers sont passés aux dernières élections de 2008 de 1 069 à 2 343, selon les chiffres du Haut Conseil à l’intégration (HCI). Avec ce doublement, le processus est enclenché. Certains, qui briguent la mairie, y vont seuls, même sans parti. Ils savent qu’ils vont au « casse-pipe », mais peut-être croient-ils quelque part qu’une Marianne Black, Blanc, Beur les guide

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MONDE

JAPON – AFRIQUE Avec le correspondant RFI à Tokyo, Frédéric Charles Le Premier ministre japonais Shinzo Abe a effectuée, à partir du jeudi 9 janvier, une tournée en Afrique, tenant ainsi une promesse faite en juin dernier lors du sommet Japon-Afrique, qui avait réuni à Yokohama une quarantaine de chefs d’Etat et de gouvernement africains. Shinzo Abe s’est rendu au Mozambique, en Côte d’Ivoire, en Ethiopie ainsi qu’à Oman. C’est la première fois qu’un chef de gouvernement japonais se déplace en Afrique depuis huit ans, dans un contexte de compétition accrue avec la Chine sur ce continent. Tokyo entend assumer en Afrique comme ailleurs son rôle de grande puissance: c’est là que réside la principale raison de sa sollicitude envers les pays africains.

«

La croissance se trouve en Afrique. C’est le moment d’y investir. Au 21e siècle, l’Afrique sera au cœur du développement »

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Le Premier ministre japonais Shinzo Abe tenait à convaincre ses hôtes africains que le Japon peut mener une politique d’aide au développement de l’Afrique plus équilibrée, plus soucieuse des intérêts de ce continent que

son grand rival chinois, qui, selon lui est plus intéressé qu’à exploiter ses ressources naturelles. Shinzo Abe est persuadé que la prospérité future du Japon dépendra de plus en plus de celle de l’Afrique. En


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« L’Afrique sera vers le milieu du XXIe siècle au cœur du développement. Alors si nous n’y investissons pas maintenant, qui le fera ? »

juin 2012, lors de la cinquième Conférence internationale de Tokyo pour le développement de l’Afrique, la Ticad, le Japon avait annoncé une aide publique de près de onze milliards d’euros sur cinq ans pour l’Afrique. Le Japon s’intéresse beaucoup à l’Afrique noire, ce qui ne laisse pas de surprendre certains observateurs. D’autant plus sans doute que les échanges commerciaux entre l’empire du soleil levant et le continent noir sont moins importants qu’on ne le pense généralement. Mais le Japon entend assumer en Afrique comme ailleurs son rôle de grande puissance, et c’est là sans doute que réside la principale raison de sa sollicitude envers les pays africains. Ce voyage confirme, si besoin était, la volonté du Japon d’exercer une influence grandissante au sud du Sahara.

Autoroutes au Mozambique, géothermie en Ethiopie

Shinzo Abe a annoncé au Mozambique un prêt de 423 millions d’euros pour la construction d’autoroutes. En Ethiopie, le Japon financera la réalisation d’une centrale géothermique. Le chef du gouvernement japonais était accompagné d’une cinquantaine de grands patrons. « L’Afrique sera vers le milieu du XXIe siècle au cœur du développement. Alors si nous n’y investissons pas maintenant, qui le fera ? », leur a-t-il dit. Une chose est sûre, le Japon ne laissera pas à la Chine le monopole du développement de l’Afrique. A quelques mois seulement de la 5è Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique, TICAD 5, le Japon s’apprête encore

à augmenter son aide au développement à l’Afrique. « La croissance se trouve en Afrique. C’est le moment d’y investir. Au 21e siècle, l’Afrique sera au cœur du développement », avait déclaré le Premier ministre nippon. Après avoir souligné l’importance croissante du continent africain et de son milliard d’habitants dans l’économie mondiale, il a ajouté : « Je fais un appel aux Japonais (...) Si nous n’investissons pas maintenant, quand pourrons-nous le faire ? Pourrons-nous être fiers devant nos enfants, si nous n’investissons pas maintenant ? » Lors de cette Ticad, du 1er au 3 juin 2013 à Yokohama, le Japon avait en effet fait plusieurs annonces de poids, dont l’attribution d’une aide publique d’environ 13 milliards de dollars à l’Afrique sur cinq ans.

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DEVELOPPEMENT - Chine

Le potentiel énergétique de la Lune éveille les convoitises Par Christophe Carmarans Les progrès réalisés par la Chine dans le domaine spatial et l’ambition chinoise d’installer une station habitée sur la Lune avant 2025 ont ravivé l’intérêt du monde envers l’astre délaissé. Riche en matières rares comme l’hélium-3, la Lune et son gigantesque potentiel de ressources énergétiques est en train de redevenir un objectif majeur de la conquête spatiale.

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n n’ira pas jusqu’à écrire qu’il s’agissait d’une vieille lune mais quand même. Maintes fois évoqué, maintes fois fantasmé, le retour de l’homme sur la Lune ne tient plus de la science-fiction. Les Chinois ont même fixé une date : c’est pour 2024, soit 52 ans après la visite des Américains Harrison Schmitt et Eugene Cernan - vous les aviez oublié, nous aussi - les deux derniers astronautes à avoir foulé le sol lunaire, c’était le 14 décembre 1972 lors de la mission Apollo 17.

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L’hélium-3, énergie de l’avenir ?

turée, même si l’on n’en connaît pas tous les aspects, ni tous les objectifs.

Encouragé par le succès des missions Chang’e-1 (2007), Chang’e-2 (2010) et Chang’e-3 qui est en cours actuellement avec en vedette le robot d’exploration Yutu, plus connu sous le nom de « Lapin de jade », l’Empire du milieu clame haut et fort son ambition : disposer d’ici une dizaine d’années d’une station habitée sur la Lune. Outre le fait qu’elle constitue un élément rassembleur qui flatte l’orgueil national, la conquête spatiale chinoise apparaît remarquablement ciblée et struc-

On ignore par exemple quel est le montant du budget spatial de la Chine. Certains l’évaluent à 4 milliards d’euros annuels (celui de la NASA est estimé à 18 Mds d’euros hors activités militaires), d’autres jugent qu’il est beaucoup plus élevé car l’industrie spatiale emploierait à elle seule plus de 200 000 chinois. Il en va de même pour les objectifs réels même si, dernièrement, une hypothèse circule beaucoup dans les milieux scientifiques : les Chinois voudraient d’abord et


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avant tout utiliser, voire s’approprier, les très conséquentes ressources énergétiques de la Lune. C’est notamment l’avis d’Harrison Schmitt, l’un des astronautes d’Apollo 17 et auteur du livre « Retour sur la Lune » pour qui le « Lapin de jade » sert en premier lieu à tester du matériel en vue de futures extractions lunaires. L’unique satellite de la Terre recèle en effet des trésors : de l’eau sous forme de glace qui servira quand l’homme voudra y séjourner sur de longues périodes, des matières premières utilisées dans les appareils électroniques dont la demande ne cesse d’augmenter et qui sont en train de devenir rares sur la planète, mais aussi de l’hélium-3, un gaz déjà exploité dans de nombreux domaines (médecine, armée) et qui est susceptible de pouvoir servir un jour de source d’énergie à l’humanité pendant des siècles. Combiné au deutérium, cet isotope de l’hélium pourrait en effet se substituer à la fusion thermonucléaire avec l’immense avantage de n’être ni polluant, ni radioactif.

chinoise dans ce domaine hautement stratégique, surtout si elle s’étendait également à l’espace. Ce n’est donc pas un hasard si la Nasa - agence spatiale financée par le gouvernement fédéral américain - a fait savoir fin janvier qu’elle était prête à passer des accords avec le secteur privé pour concevoir et construire des atterrisseurs lunaires robotisés capables de poser sur la Lune des charges allant de 30 à 500 kilos. En clair : elle ferait bénéficier les partenaires de son savoir-faire, sans qu’un seul dollar d’argent public soit mis dans l’entreprise, pour leur permettre d’exploiter le sol et le sous-sol lunaire. Le secteur privé se montre d’autant

D’après les experts, les ressources terrestres en hélium-3 seraient à l’heure actuelle d’environ 15 tonnes alors que, sur la Lune, elles seraient supérieures à 1 million de tonnes,

Espace commun ou espace privé ?

D’après les experts, les ressources terrestres en hélium-3 seraient à l’heure actuelle d’environ 15 tonnes alors que, sur la Lune, elles seraient supérieures à 1 million de tonnes, certains disent même 5 millions de tonnes. Pour donner une vague idée du potentiel de cette manne énergétique, et même si pour l’instant tout cela demeure très théorique, 100 tonnes d’hélium-3 suffiraient à alimenter la planète entière en électricité durant toute une année, comme l’affirmait récemment le père du programme lunaire chinois, Ouyang Ziyuan, dans une interview accordée au quotidien Yangcheng Evening Post. La Chine disposant déjà dans ses sols de la très grande majorité des ressources en terres rares utilisées dans les nouvelles technologies, les autres pays s’inquiètent d’une hégémonie

plus intéressé qu’il ne s’estime pas, pour le moment, soumis aux exigences du Traité de l’ONU datant de 1967 qui régit les activités relatives à l’espace extra-atmosphérique. Ce traité, qui implique que la Lune et ses ressources sont considérées comme un héritage commun à l’humanité, a été ratifié par des États mais pas par des sociétés. Nul doute cependant que la question du droit de la propriété spatiale surgira à un moment ou à un autre sur l’agenda. « Le Traité sur l’espace extra-atmosphérique n’interdit pas l’extraction et l’utilisation des ressources lunaires par des sociétés. Cette question ne pourra être abordée que dans le cadre d’un futur traité » a en tout cas déclaré récemment Mike Gold, le directeur de Bigelow Aerospace, l’une des société américaines intéressées par les projets de collaboration avec la Nasa.

Coopération obligatoire

Les Américains ne sont pas les seuls à vouloir concurrencer les Chinois dans ce qui pourrait devenir une deuxième course à l’Espace, soixante ans après celle qui vit les Etats-Unis damer le pion à l’URSS pour la « conquête » de la Lune. Même s’ils n’y ont encore jamais envoyé de cosmonaute, les Russes ont, eux aussi, pour ambition d’installer une station lunaire habitée, une fois achevé leur programme de test Luna 25. En plus des Chinois, des Américains et des Russes, l’Inde, le Japon et les Européens veulent également envoyer des missions habitées sur la Lune d’ici à 2025. L’Agence spatiale européenne mettrait même en ce moment les bouchées doubles pour développer une imprimante 3D géante qui lui permettrait de façonner sur place sa future station avec du sable lunaire plutôt que d’expédier du matériel de la Terre, beaucoup plus lourd et encombrant à transporter. Au vu des contraintes budgétaires actuelles, on peut se demander si ces projets verront le jour à l’heure dite. Et si ces bases lunaires ne serviront pas plutôt d’escales pour des missions vers d’autres planètes du système solaire, un peu comme des stations-service de l’espace, car le rapatriement sur Terre de l’hélium-3 s’annonce très compliqué. Faute de financements suffisants, des alliances devront certainement se nouer entre moyennes puissances spatiales, comme celle passée en juin 2013 lors du salon aéronautique du Bourget entre l’Agence spatiale russe Roskosmos et son homologue européenne l’ESA qui ont signé un mémorandum de compréhension mutuelle dans le domaine de l’exploration de la Lune. Pour l’heure en tous cas, le Lapin de jade chinois semble posséder un avantage substantiel sur les tortues lancées à sa poursuite.


DEVELOPPEMENT

Comment le téléphone portable a changé la politique en Afrique Par Sabine Cessou Avec les smartphones, qui allient la technologie du portable à celle d’Internet, les rapports de force ont changé en Afrique. Exemples en Guinée, au Kenya et au Rwanda, où de simples citoyens témoignent désormais en temps réel des violences politiques en prenant des images.Avec de lourdes conséquences pour les responsables politiques incriminés.

S

ans le téléphone portable, le massacre du 28-Septembre 2009 dans un stade de Conakry en Guinée n’aurait sans doute pas provoqué la même onde de choc. Ce n’était pas la première fois que des civils désarmés étaient tués par leur propre armée, habituée sous les régimes dictatoriaux de Sékou Touré puis de Lansana Conté à réprimer les manifestations dans le sang. Fait sans précédent, cependant, la tuerie a été immortalisée et retransmise aussitôt sur Internet, par le biais de photos et de scènes filmées par des témoins sur leurs portables.

Le monde entier a vu des images des 156 morts qu’a causé ce massacre, ainsi que des violences faites aux femmes : au moins 109 d’entre elles ont été violées par des militaires dans les jours qui ont suivi. Aussitôt, l’émoi international s’était traduit par une forte pression diplomatique sur la junte au pouvoir. Moussa Dadis Camara, un putschiste qui a succédé au président Lansana Conté après la mort de ce dernier fin 2008. Il avait promis de rendre le pouvoir aux civils au bout d’un an, avant de changer d’avis et de se présenter à la présidentielle tant attendue, mobilisant contre lui un vaste

front de la société civile et une foule de manifestants. Après le massacre du 28-Septembre, les Nations unies ont envoyé une mission d’enquête internationale, puis la Cour pénale internationale (CPI) a ouvert une enquête préliminaire. Des démarches qui ont provoqué de vives tensions au sein de l’armée, ensuite contrainte de mener une transition express. Autre première en Guinée : la justice a lancé des poursuites contre les responsables du massacre et ouvert des procès suivis de près par la CPI.


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Recul de l’impunité au Kenya

Au Kenya, à l’autre bout de l’Afrique, l’impunité a aussi reculé grâce au téléphone portable. Après une présidentielle contestée, fin 2007, des citoyens se sont regroupés pour lancer le site Internet Ushahidi http://www.ushahidi. com/ (« témoin » en swahili). Leur objectif : collecter les témoignages et localiser les incidents sur Google Maps. Ce média social innovant a permis de croiser les informations reçues par SMS, courrier électronique, comptes Twitter et Facebook, sur des violences qui ont fait plus de 1 300 morts. Le logiciel développé pour cette plateforme, dénommé SwiftRiver, a depuis connu un succès mondial. Il a été utilisé lors de catastrophes naturelles telles que le séisme de 2010 en Haïti, puis la tempête de neige à Washington et les incendies de forêt en Russie. Il n’a cependant pas encore fait d’émules ailleurs en Afrique, lors d’autres crises post-électorales. L’existence d’Ushahidi n’en a pas moins été lourde de conséquences pour les responsables politiques kényans. Des mandats d’arrêt internationaux ont été lancés contre eux par la CPI, qui juge pour la première fois de son histoire des dirigeants en exercice. Le procès du vice-président William Ruto s’est ouvert en septembre dernier, et celui du président en exercice, Uhuru Kenyatta, prévu pour novembre, est reporté au 5 février 2014.

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Paul Kagamé, twitte

le

président

qui

Des contrepouvoirs importants, groupes de presse, syndicats et ONG se sont dotés partout de sites Internet. Dans certains pays, le contrôle de l’information se fait plus strict. Au Rwanda, notamment, la Ligue des droits de la personne dans la région des Grands-Lacs (LDGL http://www. ldgl.org/) a choisi d’héberger son site Internet en Suisse pour éviter interférences et censure sur ses informations en ligne. Le président rwandais Paul Kagamé https://twitter.com/PaulKagame, de son côté, figure avec son homologue nigérian Goodluck Jonathan parmi les chefs d’Etat les plus connectés d’Afrique. Par le biais de son compte

Twitter, suivi par 200 000 personnes, il répond parfois à ses critiques. « Personne dans les médias, les Nations unies et les groupes des droits de l’homme, n’a le droit de me critiquer, selon le despotique et délirant Kagamé », twittait ainsi Ian Birrell http://www.aviewfromthecave.com/2011/05/ian-birrell-vspaul-kagame-on-twitter.html, ancien rédacteur en chef-adjoint du quotidien britannique « The Independent », le 14 mai 2010. Le même jour, il a reçu une réponse de Paul Kagamé : « Vous non plus… Aucune autorité morale! ». Les nouvelles technologies changent le rapport des citoyens avec leurs responsables politiques, mais aussi celui de ces dirigeants avec le reste du monde.


ECONOMIE : Congo-Brazaville

La Ville d’Oyo connectée au réseau National de Fibre Optique. Par Sarah Mangaza La fibre optique est désormais fonctionnelle à Oyo, localité située dans le département de la Cuvette, à plus de 400 km au nord de Brazzaville. Elle va permettre aux usagers de disposer d’une connexion internet de bonne qualité et de tirer profit des services connexes.

«

Nous éprouvions des difficultés à télécharger des fichiers à cause de lenteur de la connexion. L’arrivée de la fibre optique représente une bonne chose pour nous et elle fera accroitre le nombre d’internautes », a estimé un élève de terminale D. La ville d’Oyo qui accueille déjà un jeune tissu industriel sera, au cours des prochaines années pari des pôles économiques nationaux. La fibre optique sera bénéfique pour les structures bancaires et d’autres sociétés implantées dans la localité. « Les choses marchent bien même si nous sommes en phase d’essai. Les équipements appartiennent à la troisième génération. Pour l’heure, ils sont encore aux mains de la société

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chinoise Huawei », a signifié Aurélien Dzongo, responsable de Congo Télécom à Oyo». La République du Congo fait partie des pays dont la station terminale a

en anglais West Africa câble system (WACS). La station terminale Congolaise est basée à Matonbi dans le département du Kouiluo. La fibre optique est déployée de PointeNoire à Oyo en traversant les villes de Dolisie, Nkayi, Mindouli et Brazzaville grâce aux pylones des lignes électriques haute tension des barrages de Moukoukoulou et d’imboulou. Il est prévu des bretelles de Ngo à Djambala (Plateaux), d’Odouya à Boundji (Cuvette) de la cuvette, la fibre s’étendra à la ville de Ouesso, chef-lieu du département de la Sangha.

été fonctionnelle dans le premier périmètre. C’est dans le cadre du projet de câble sous-marin à fibre optique de la côte Ouest de l’Afrique dénommé

La fibre optique est l’appendice du projet de couverture nationale en télécommunications (PCN) réalisé par Huawei, dans la partie CDMA (mobile) à pour un cout


Onésha Afrika d’environ 100 millions de dollars US. La première phase du projet concerne Brazzaville, Pointe-Noire et Oyo, et porte sut le CDMA. La deuxième phase est estimée à 73 millions de dollars US. Elle consiste à connecter les chefs-lieux de régions au backbone qui est réalisé par la société Sud-Africaine Alcatel Lucien. Quant à la troisième phase, d’un montant de 36 millions, de dollars US, elle porte sur la connexion des chefs-lieux de districts et des grands villages. « Notre société fonctionne au Congo depuis environ 2 ans comme ingénieur conseil dans la PNC. Notre rôle est d’accompagner le gouvernement Congolais à optimiser au maximum la qualité des services et des équipements. Nous vérifions la

qualité et la pérennité des installations et accompagnons également le Congo dans la formation des cadres », a indiqué Nadia Douand, directrice générale de la société Neoventech changée du contrôle du projet. Ce projet permettra de disposer des services téléphoniques de qualité, d’une connexion internet à haut débit, ainsi que d’autres services liés aux technologies de l’information et de la communication et accompagnons également le Congo dans la formation et de la communication (TIC) tels la télé éducation, e-gouvernement. Le câble sous-marin à fibre optique est un système établi pour une durée maximum de 25 ans, garantissant une grande fiabilité de la connexion inter-

net et des communications. Pour rappel, c’est en Février 2011 que le Congo a installé sa bretelle qui a été connexion au câble sous-marin à fibre optique situé à 300Km au large de la cote Congolaise. Long de 14.40Km, ce câble longe la côte Ouest Africaine entre le Portugal et l’Afrique du Sud. Le consortium WACS regroupe les pays qui ont raté la connexion au câble sous-marin SAT 3, notamment la Guinée Equatoriale, la république Démocratique du Congo (RDC), la République du Congo, le Togo, le Cameroun, l’Angola, le Botswana et le Gabon. Piloté par l’Afrique du Sud, le projet devrait aux pays concernés de rattraper la connexion au câble

www.dhl.be

DHL

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SOCIETE

RDC : Une semaine de la science et technologie à Kinshasa en avril prochain Par Victor Olembo Consciente du rôle de la science et de la technologie dans le développement économique et social d’une nation, une organisation sans but lucratif organise du 10 au 12 avril prochain, une semaine dédiée à la science et à la technologie à Kinshasa en République Démocratique du Congo. Un événement inédit destiné à promouvoir les talents locaux, les savoirs et savoir-faire en science et technologie au Congo afin de favoriser l’essor industriel et la formation d’une main d’œuvre qualifiée dans ce pays, jadis à la pointe de l’éducation et de la recherche scientifique en Afrique.

I

nspirés de la déclaration du professeur Félix Malu Wa Kalenga « La richesse des nations modernes se mesure principalement par leur capacité d’innovation en science et en technologie; en somme par la qualité de matière grise qu’elles sont à même de mobiliser… La prospérité économique se joue sur la maîtrise la plus assurée possible d’un ensemble de techniques de pointe qui révolutionnent la production industrielle », les organisateurs espèrent mobiliser les institutions con-

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golaises publiques et privées (écoles, universités, instituts supérieurs, instituts de recherche, ministères, musées, bibliothèques), des entreprises et des indépendants autour du thème principal « La science au service du développement ». Géant géographique de l’Afrique centrale, la République Démocratique du Congo regorge d’immenses ressources naturelles dont la plupart reste inexploitée faute de moyens financiers certes mais aussi faute d’un faible

développement de la science et de la technologie. Pourtant, d’après certains auteurs, c’est dans ce pays que l’on aurait découvert le bâton d’Ishango qui serait la plus ancienne attestation de la pratique de l’arithmétique dans l’histoire de l’humanité. Mais aussi, la recherche scientifique existe depuis les années 1930 avec la création de plusieurs instituts et centres de recherche : l’INEAC (1933), l’IRSAC (1938), l’IMT(1939) et l’IGC (1949). Et la première université date de 1954.


Onésha Afrika C’est ce même pays qui fut le premier pays africain à accueillir un réacteur nucléaire. Mais la situation actuelle ne reflète pas ces avancées d’antan. D’après des chercheurs congolais, la RDC aujourd’hui fait face à des nombreux défis et contraintes en matière de science et de technologie. Il s’agit par exemple de l’absence d’une politique cohérente et active dans le domaine de la science et de la technologie, un cadre institutionnel et organisationnel dépassé et inopérant et un rétrécissement budgétaire avec comme corollaire la détérioration des infrastructures de recherche et des conditions et outils de travail. Pour Raïssa Malu, l’organisatrice de la semaine de la science et technologie à Kinshasa, « il faut agir pour sensibiliser les pouvoirs publics et les jeunes à l’intérêt de la science et de la technologie. Pendant deux jours, au Village des Sciences qui sera installé à l’Institut De La Gombe, au centre-ville de Kinshasa, le public pourra y accéder gratuitement et en toute convivialité à des espaces d’animations, de démonstrations et d’expositions pour stimuler, parfois de manière ludique, leur goût des sciences, la créativité et savoir-faire locaux dans les domaines des sciences, de la recherche et des technologies ». Et la troisième journée sera réservée aux manifestations dans les écoles, les universités, les instituts supérieurs, les centres de recherches, etc., partout à Kinshasa afin de faciliter l’accès à l’information à un plus grand nombre de gens. Et les limites de la science n’étant pas assez souvent faciles à cerner, cette première édition de la semaine de la science et de la technologie abordera

les thèmes liés à l’agriculture, l’eau, l’environnement, l’industrie, le transport, l’énergie, l’informatique, l’histoire des sciences, les sciences pures (physique, chimie et biologie), les mathématiques, les sciences de l’ingénieur, le

nucléaire, les mines, la pharmacopée, la médecine, les nouvelles technologies de l’information et de la communication, les techniques de pointes et la recherche, poursuit l’organisatrice, Mme Raïssa Malu

Sponsoring

Se voulant gratuite afin de rassembler le maximum de gens autour de la science et de la technologie, cette semaine de la science et de la technologie est à la recherche des sponsors pour cet événement unique à Kinshasa. Elle a ainsi mis en place trois types de contributions : (1) le sponsoring scientifique où le chercheur mènera une animation en rapport avec son domaine

de compétences, prendra en charge les frais liés à cette activité et à l’accueil des visiteurs ; (2) le sponsoring nature ou aide logistique soit en offrant des lots pour récompenser les meilleurs projets scientifiques, soit en apportant une aide à l’organisation ou en participant à la couverture médiatique de l’é v é n e m e nt . Dans les 2 cas, le bailleur obtient en contrepartie une visibilité sur les supports de communication (site Internet, Page Facebook, Pass entré, programme). Le 3è type de partenariat est de type sponsoring classique avec le gold sponsor à 50.000 USD et plus. Et le bailleur obtient : une intervention exclusive dans son secteur, son logo en grand sur tous les supports de communication plus mention dans les spots radio et interviews TV, un stand au Village des sciences et 15 Pass VIP pour les cérémonies officielles. Mais également, il y a le silver sponsor fixé à 30.000 USD avec comme avantage le logo en taille moyenne sur tous les supports de communication, une présence au Village des sciences et 10 Pass VIP pour les cérémonies officielles. Et enfin le bronze sponsor à 15.000 USD, en récompense duquel vous aurez votre logo en petit sur tous les supports de communication et 5 Pass VIP pour les cérémonies officielles. Pour toute information, vous pouvez contacter les organisateurs par e-mail à info@iip-training.com. Site Internet : www.semainedelasciencerdc.org. Facebook : www.facebook.com/semainedelasciencerdc

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SOCIETE - KINSHASA

Opération « likofi » : coup de poing contre les délinquants Par Sarah MANGAZA

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Onésha Afrika

C’est depuis le 15 novembre 2013, que la Police Nationale Congolaise « PNC » a lancé l’opération « likofi » qui signifie coup de poing en lingala. Son principe est de traquer, arrêter et juger les kulunas, ces délinquants qui se livrent à des actes de vandalisme tels que : vols, viols, destructions des biens, tueries à coups de machettes et extorsions, dans plusieurs quartiers de la capitale congolaise, les marchés y compris ; dans ce pays où les deux tiers des 68 millions d’habitants vivent avec moins de 1,25 dollar par jour. A la question de savoir pourquoi la PNC a choisi ce moment pour lancer l’opération « likofi », le chargé de communication à la PNC, le Colonel Pierre Mwana Mputu, a répondu que d’après les statistiques, à l’approche des fêtes de fin d’année, il y a une recrudescence de la criminalité. On en a profité pour faire le nettoyage de la ville, a-t-il souligné.

C

ette opération a été saluée par la population kinoise en particulier et les congolais en général. Nous pouvons enfin vendre tranquillement, vaquer librement à nos occupations et ramener toutes nos recettes à la maison; nous pouvons enfin nous déplacer avec des grosses sommes d’argent en poches; nos terrasses peuvent enfin rester ouvertes jusque tard dans la nuit sans être inquiété… cette année, nous avons bien fêté la noël et le nouvel an tranquille, sans avoir peur des kulunas… déclarent les vendeurs, les changeurs de monnaie, les commerçants ainsi que les habitants de plusieurs coins de la ville. Selon les statistiques, au minimum six cents kulunas ont été capturés. Dans la presse kinoise ainsi que les parades des policiers kinois dirigés par le Commissaire Général de la ville province de Kinshasa, Jean de Dieu

Oleko, devenu Inspecteur Général de la PNC, parades au cours desquelles les kulunas sont présentés, les exactions de ces délinquants étaient régulièrement rapportées et décriées, et la population kinoise aussi bien que les policiers du peuple, déploraient de les voir rapidement relâchés, laissant à penser qu’ils étaient protégés par les forces de l’ordre. Raison pour laquelle, la PNC, dans sa mission de sécuriser la population et ses biens, appuyé par le gouvernement de la RDC à travers le Ministère de l’intérieur, décentralisation et affaires coutumières du pays, a fait de l’opération « likofi » une mission spéciale, en vue d’essayer de mettre fin à ces relâchements des criminels que la Police ne cesse de dénoncer. Des témoins affirment que des policiers ont exécuté des kulunas, « au moins une vingtaine de personnes, dont douze enfants auraient été tuées », s’est inquiété l’Unicef en novembre dernier. Le réseau national des ONG

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SOCIETE - KINSHASA

des droits de l’Homme estimait pour sa part que plusieurs dizaines de personnes ont été exécutées ou torturées dans l’opération « likofi » ; accusation réfutée par la PNC, qui a affirmé que sur le minimum de six cents kulunas arrêtés, seuls quelques kulunas ont été tués, en cas de légitime défense. Version confirmée par le ministre de

en présence des victimes. Certains kulunas ont tentés de fuir dans les provinces voisines de la ville province de Kinshasa, mais ils ont été récupérés par la Police et renvoyés à Kinshasa. D’autres auraient traversé le fleuve pour se rendre au Congo Brazzaville voisin de Kinshasa, mais grâce à la coopération policière, ils ont été ra-

l’intérieur, Richard Muyej Mangez Mans. Ainsi, l’opération s’est soldée par quelques morts, dont un policier charcuté par ces délinquants dans la commune de N’djili, à Kinshasa, a affirmé le service de communication de la PNC. Il a aussi confié que certains policiers avaient commis un dérapage, en profitant de l’opération « likofi » pour dépouiller des citoyens. Le chef de la PNC, Charles Bisengimana Rukira avait par ailleurs annoncé que les policiers et militaires surpris en flagrant délit seraient arrêtés. Ainsi, dans la ville, les kulunas et leurs homologues en uniforme sont jugés lors d’audiences foraines, sorte de tribunaux à ciel ouvert ; pour civils ou militaires. Ces audiences organisées pour la toute première fois dans la commune de N’djili, l’une des communes les plus peuplées de la ville province de Kinshasa, se font en collaboration avec les magistrats civils et militaires,

patriés. Au total quarante-cinq Kulunas ont été remis entre les mains de la PNC, dans le cadre de la remise de Police à Police, en provenance du Congo Brazzaville. A cet effet, quelques kulunas ont changés d’allure, troquant leurs « locks » contre un crâne rasé et essayant de camoufler leurs tatouages, car les réactions à leur égard sont sans pitié. Certains habitants de Kinshasa, victimes de leurs attaques, les livrent à la Police mais plusieurs parents de ces malfaiteurs s’arrangent pour les envoyer dans des endroits où ils estiment qu’ils sont à l’abri de la Police. A entendre la majeure partie de la population kinoise, partisane de la méthode forte, il faudrait carrément les éliminer. «Ces gens font du mal, sans pitié. Le gouvernement devrait les tuer chaque fois qu’il les attrape, au lieu de les enfermer là où ils sont relâchés. Un jour, en rentrant de l’Université, je les ai croisés ; ils étaient au nombre de quatre

; ils ont sorti une machette, un tourne vis, une lame de rasoir et un couteau ils m’ont demandé de l’argent. Comme je leur avais dit que je n’en avais pas, ils m’ont pris mes belles chaussures, mon téléphone et mon ordinateur portables que j’ai eu en travaillant d’arrache pieds, pour saisir mon travail de fin de cycle. Mes parents n’ont pas de moyens pour m’en acheter. » A raconté un jeune étudiant, habitant de la commune de Bandalungwa, qui a été victime. « Nous revenions d’une fête à 5 heures du matin, ils nous ont tout pris : portes monnaies, chaussures, téléphones, bijoux, nos bagues de mariage y compris. Et cela, en menaçant de nous tuer avec des machettes en cas de résistance. Mon mari ne pouvait nous défendre car il s’est retrouvé seul contre six kulunas. On les arrete, on essaie de leur apprendre des métiers, mais ils s’enfuient et reviennent avec des nouvelles méthodes pour faire du mal aux gens ; les enfermer au Centre Pénitencier de Rééducation de Makala n’a jamais été une meilleure solution car on les relâche du jour au lendemain. Mieux vaut les exterminer… » Raconte un couple de la commune de Matete. Les exemples du genre sont légions. Quant à l’opération « likofi 2 » allant de décembre au 15 février, elle poursuit son bonhomme de chemin aussi bien à Kinshasa que dans d’autres provinces de la RDC. Selon le service de communication de la PNC, « likofi 2 » traque d’autres criminels en dehors des kulunas. « Il y a baisse de criminalité dans la ville de Kinshasa » a affirmé ce service. C’est dans ce cadre que quelques criminels à mains armées, spécialisés dans le braquage des banques, ont été appréhendés ce 2 février 2014, à 9 heures du matin, dans une station-service de la commune de Kalamu, à Kinshasa. Selon les informations en notre possession, ces criminels arrêtés ont attaqués l’une des agences de transfert d’argent « Money Gram », la dernière semaine du mois de janvier. Ainsi, dans le cad-


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re de la situation sécuritaire en RDC qui fera l’objet d’une analyse de « Onésha Afrika » le mois prochain, nous vous proposerons les dernières nouvelles qui viennent de nous parvenir, selon lesquelles ces criminels ont été arrêtés après échanges des tirs avec les

policiers, qui ont fait un mort du côté des criminels. La population est appelée à collaborer avec la Police pour débusquer les malfrats, surtout en ce moment où la PNC procède au recrutement de jeunes pol-

iciers, dans le cadre de la réforme de la police. A en croire le Gouverneur de la ville province de Kinshasa, André Kimbuta Yango, lors d’une parade de la Police de l’année écoulée, plusieurs kulunas arrêtés, après avoir purgé leurs peines, sont envoyés dans des centres d’apprentissage en vue de leur réinsertion dans la communauté ; mais peu sont ceux qui acceptent cette formation et y évoluent. La plupart d’entre eux, une fois relâchés, redeviennent des « kulunas » et continuent à causer du tort aux paisibles citoyens. Ces kulunas réputés drogués et parfois instrumentalisés par des politiciens pour intimider leurs adversaires et créer des désordres dans la ville; ont tués plus d’une fois et sans pitié. C’est pourquoi les habitants de Kinshasa sont soulagés par l’opération « Likofi ».

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SANTE

Tout savoir sur les Hémorroïdes: Causes, symptômes et traitements Par JDT Contrairement aux idées reçues, les hémorroïdes ne sont pas une maladie en soit. C’est une partie naturelle de notre corps qui permet la continence anale. Les hémorroïdes sont des coussinets formés par un ensemble de veines continuellement dilatées et situées dans le canal anal. Mais on parle généralement d’hémorroïdes quand il y a maladie hémorroïdaire ou crise hémorroïdaire qui se traduit par une dilatation anormale des veines qui peuvent varier d’un individu à un autre provoquant des douleurs anales lors de la défécation et pouvant aller jusqu’à la formation de caillot de sang.

pourvues de cellules nerveuses. Les hémorroïdes ne touchent que les humains et sont plus fréquentes que l’on ne pourrait le penser, surtout chez les hommes, où 50 % aura au moins une fois des problèmes d’hémorroïdes. Les principales causes d’hémorroïdes

Types d’hémorroïdes

Il existe 2 types d’hémorroïdes. A savoir, les hémorroïdes internes situées à l’intérieur du canal rectal, non visible à l’œil nu. Elles ne provoquent pas de douleur car cette partie de l’anus ne possèdent pas de cellule nerveuse. De plus elles ne sont détectables que par un examen rectal. Les hémorroïdes externes situées au bord de l’anus, donc visibles, provoquent généralement des douleurs aiguës car Page 42 • Onésha Afrika • Janvier - Février 2014

La pression constante ou répétée sur les veines rectales causant des maladies hémorroïdaires sont dues à plusieurs raison. La première est la constipation en effet, celle-ci provoque une grosse pression sur les veines anales rectales entrainant une crise hémorroïdaire. La seconde est l’absence d’exercice physique, dans ce cas, le trouble survient plus fréquemment si l’ont à une vie plus sédentaire. Le sport permettant d’améliorer le système cardiovasculaire donc le bon fonctionnement de l’irrigation des veines. La mauvaise alimentation, déséquilibrée à base de produits pauvres

en fibres alimentaires ou constipants comme les plats déjà préparés (des grandes surfaces) par exemple peuvent provoquer les hémorroïdes. Un effort intense, comme porter de lourdes charges peuvent entraîner une dilatation des veines rectales. La grossesse qui engendre un dérèglement de la circulation sanguine peut provoquer également une crise hémorroïdaire car, les veines se dilatent pour laisser la place au bébé. De plus, les femmes enceintes sont souvent constipées. Les facteurs héréditaires peuvent également entrer en jeux. Il y a un risque plus grand d’avoir des crises hémorroïdaire s’il y a des antécédents familiaux. L’obésité est souvent liée au cas d’hémorroïdes. En effet le surpoids exerce une pression anormale au niveau des vaisseaux anaux surtout dans les positions assises. Symptômes des hémorroïdes

Les principaux symptômes liés à une crise hémorroïdaire sont : des démangeaisons anales, la sensation de brûlure ou de gonflement à l’intérieur du rectum, la présence de sang dans les selles, la formation de caillot de sang dans les cas les plus graves. C’est ce que l’on appelle une thrombose hémorroïdaire. Cela se traduit par une augmentation sensible de la douleur et d’importants saignements.


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Traitement et prévention

Avant de penser aux traitements, il vaut mieux penser aux moyens de prévention. Notamment faire du sport comme la marche rapide, la course légère, la natation, l’aquagym… Attention cependant, certains sports sont déconseillés comme le vélo, bodybuilding (charge lourde), l’équitation car ils stimulent les muscles de la zone péri-anale. Il faut aussi avoir une alimentation équilibrée en consommant des légumes remplis de vitamines A, B et C comme la carotte par exemple. Dès les premières douleurs, il vaut mieux aller voir un proctologue qui vous fera un examen complet de la situation. Lui seul pourra vous prescrire les médicaments adéquats. Mais il existe différents types de traitement des hémorroïdes variables en fonction des stades d’avancement des hémorroïdes. Notamment les traitements locaux comme les crèmes apaisantes ou anti-hémorragiques pour arrêter les saignements par exemple. Les traitements instrumentaux pour lutter prin-

cipalement contre les hémorroïdes internes, ils facilitent la cicatrisation et réduisent la dilatation des vaisseaux sanguins. Quelques traitements instrumentaux : la sclérose, la photocoagulation par infrarouge, les ligatures élastiques... La chirurgie dans les cas les plus graves (hémorroïdes de 3ème ou 4ème stade). Il existe différents types de chirurgie : hémorroïdectomie, anopexie par agrafage mécanique, désartérialisation hémorroïdaire...

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CULTURE : Des stars africaines réunies pour promouvoir l’agriculture

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ohannesburg, Afrique du Sud (18 février 2014) – L’organisation ONE rassemblera, 22 des plus grandes stars de la musique urbaine africaine dans la cadre de sa nouvelle campagne « Do Agric. L’agriculture, ça paye ». Seront présents, entre autres, D’Banj, Omawumi (Nigéria), Fally Ipupa (RDC), Tiken Jah Fakoly (Côte d’Ivoire) et Rachid Taha (Algérie). Les meilleurs artistes africains vont conjuguer leur voix dans le cadre de la plus grande collaboration musicale que le continent ait connue pour soutenir la campagne de ONE. Do Agric fait pression sur les dirigeants africains afin qu’ils adoptent de meilleures politiques qui vont permettre de révolutionner et moderniser l’agriculture africaine au profit des citoyens et des nations. Les artistes participants sont : D’banj (Nigéria), Bufallo Soulja (Zimbabwe), DA L.E.S. (Afrique du Sud), HHP (Afrique du Sud), Judith Sephuma (Afrique du Sud), Vusinova (Afrique du Sud) Liz Ogumbo (Afrique du Sud), Nancy G (Swaziland), Dama Do Bing (Mozambique), Diamond (Tanzanie), Femi Kuti (Nigéria), Rachid Taha (Algérie), Juliani (Kenya), Omawumi (Nigéria), Tiken Jah Fakoly (Côte d’Ivoire), Fally Ipupa (RDC), Kunle Ayo (Nigéria), Krotal (Camer-

oun), Mo Molemi (Afrique du Sud), Ambwene Allen Yessayah (Tanzanie), Victoria Kimani (Kenya) et Dontom (Nigéria). La chanson et son clip vidéo seront lancés en mars 2014 par ONE. Cobhams Asuquo, qui est derrière les tubes Jailer et Fire on the Mountain, est le co-producteur de la musique avec DeeVee de DB Records. Godfather Productions, une maestro du visuel derrière les plus grands hits africains du moment, est le réalisateur du clip vidéo. « Selon la FAO, la croissance dans l’agriculture est 11 fois plus efficace dans la réduction de la pauvreté que celle de n’importe quel autre secteur, y compris l’exploitation minière ». « Cette campagne de mobilisation Do Agric fait pression sur nos dirigeants politiques pour qu’ils investissent dans nos agriculteurs, notre alimentation et notre avenir en adoptant des politiques ciblées et efficaces pour booster la productivité, augmenter les revenus et contribuer à sortir des dizaines de millions d’Africains de l’extrême pauvreté », a expliqué Dr. Sipho S. Moyo, directrice Afrique de ONE alors qu’elle accueillait les artistes en Afrique du Sud. Et d’ajouter, « cette campagne vise à transformer l’image de l’agriculture. Grâce à une

équipe de brillants artistes africains et aux réseaux sociaux, nous pouvons faire passer ce message, en particulier auprès des jeunes. Les jeunes les considèrent, en effet, comme des modèles qu’ils suivent activement. Ces artistes peuvent donc les influencer quand il s’agit de discuter des questions liées à leur futur ». Les plus grandes stars africaines n’ont qu’un seul objectif en venant à Johannesburg : rendre l’agriculture attractive et tendance. Ils utilisent leur voix pour inspirer à l’action. « Quand on était petit, la ferme était là où tes parents t’envoyer si tu n’étais pas sage », a dit D’Banj, fer de lance de ce projet. « Aujourd’hui, on voit que l’agriculture est tendance en fait et que ça peut apporter du boulot à nos jeunes qui en ont tant besoin. Le mec le plus riche d’Afrique est un agriculteur qui investit dans l’agro-industrie : Dangote. On s’est rassemblé pour dire à la jeunesse africaine que l’agriculture c’est ce que tu vois quand tu allumes MTV, Channel O ou Trace. L’agriculture, c’est ce dont on a besoin pour échapper à la pauvreté et créer des business. L’agriculture, ça paye, pour les personnes et pour les pays ». Pour plus d’informations sur la campagne, vous pouvez visiter le site : www.one.org/doagric/fr

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CLIN D’OEIL

« A vous mesdames les présidents des Républiques en Afrique » Par François Zoomvele Effa

A savoir • Les opinions et analyses présentées dans cette rubrique n’engagent que leurs auteurs et nullement la rédaction de Onésha Afrika. • Onésha Afrika n’est donc pas responsable des affirmations qui y sont présentées et se réserve le droit de modifier ou de retirer un article qui diffamerait, insulterait ou contreviendrait au respect des libertés publiques.

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’ai vraiment, Mesdames, le plaisir de vous adresser cette lettre exceptionnelle, car vous êtes exceptionnelles. Vous n’êtes que trois à exercer cette fonction dans un continent où les femmes, comme ailleurs, sont majoritaires. J’ai la certiPage 48 • Onésha Afrika • Janvier - Février 2014

tude que vous tiendrez compte de ce que je vous dis, car, vous êtes l’avenir de notre continent, le vrai avenir. Je vous prie de bien vouloir organiser un sommet de femmes dirigeantes, sommet qui sera présidé par vous trois: Ellen Johnson-Sirleaf, du Liberia, Joyce

Benda du Malawi, et Catherine Samba Panza de Centrafrique. N’omettez pas d’inviter vos camarades ayant déjà exercé en intérim ou par transition cette fonction de chef d’état au Burundi, au Gabon, en Guinée Bissau, au Liberia, et à Maurice. Il sera judicieux, Mes-


Onésha Afrika dames, d’inviter à se joindre à vous des femmes africaines exerçant des responsabilités au plus haut niveau: à l’Union Africaine, les dames chefs de gouvernement, mais, le faisant, n’invitez surtout pas des femmes ministres ayant eu une promotion canapé et, de grâce, pas de Première Dame poupée de luxe et écervelée. Cette vie que vous nous avez donnée en nous portant et nous mettant au monde vous donne plus de sensibilité qu’aux mâles. C’est pourquoi, je vous propose certains points incontournables à l’ordre du jour de ce sommet, virtuel certes en ce moment, mais qui bientôt, sera une réalité. A l’instar de l’artiste, du poète, Pierre C. Akendengue, voici des suggestions: Que vous vous y penchiez, car ce concept est vraiment maltraité et bafoué dans le continent. Quand on pense qu’un certain célèbre saxophoniste africain chauve avait chanté dans les années soixante, en saluant les indépendances «à présent que nous sommes libres, libres de choisir notre loi... réveillons-nous. Effaçons l’esprit de tribalisme, effaçons la haine entre nous, que les mots union et fraternité prennent place dans nos cœurs.» Proclamez, je vous prie, la liberté dont nous sommes privés depuis fort longtemps à cause des traites négrières et des invasions missionnaires coloniales et néo-coloniales actuelles. A propos de la liberté:

Nous allons à la dérive, c’est une hécatombe. La grande majorité, la très grande majorité de la population est laissée à elle-même. Les hôpitaux sont devenus des mouroirs : si l’on n’a pas d’argent, ou de relations, on n’est pas soigné. C’est le règne de la corruption. Du temps de nos ancêtres, on maîtrisait nos médecines, et les soins étaient donnés à tous.

A propos de la santé:

A propos de nos frontières:

Voilà une notion qui sème la zizanie depuis qu’en 1884 à Berlin, une bande de Page 38 • Onésha Afrika • Janvier - Février

voyous et de voleurs aux cols blancs se sont partagé le Continent. Ils le pillent depuis lors, divisant pour mieux régner, incitant des guerres tribales dans les régions les plus riches comme le Congo (RDC), le Nigeria, l’Afrique du sud, le Mali, la Côte d’Ivoire, la Lybie, le Soudan, et maintenant la Centrafrique. C’est le prétexte pour vendre des armes à des imbéciles qui s’entretuent. Ils suppriment les frontières chez eux, et nous incitent à nous bagarrer pour un concept qui nous est étranger. La fraternité, la famille élargie, l’entraide, l’hospitalité, toutes ces choses qui faisaient notre spécificité sont en train de partir en fumée. Notre rêve est d’avoir des dirigeants qui ont pour

A propos de nos valeurs:

base ces femmes noires, ces femmes africaines qui nous ont portés sur le dos, qui nous ont ouvert les yeux aux prodiges de la terre, et dont les douces, tendres et nostalgiques pensées nous accompagnent tout au long de notre vie. Recevez, Mesdames les Présidentes qui ne vous affublez pas des surnoms d’Excellence ou de Majesté, recevez, au-delà de ce rêve que je fais éveillé, le sentiment profond de l’espoir que l’Afrique porte en vous. Si vous n’étiez pas présidentes des républiques, j’oserais vous dire: je vous embrasse tendrement

BULLETIN D’ABONNEMENT A ONESHA AFRIKA A envoyer à IMEX’OLE SPRL - Service abonnement ONESHA AFRIKA Rue des Glands, 12 à 1190 Bruxelles e.mail: info@oneshaafrika.net Tél: +32(0)485 920 017

Tél: +32(0)493 270 581

J’effectue le virement de............... euros sur le compte IMEX’OLE SPRL: Banque: BELFIUS - n° IBAN: BE72 0688 9209 8216 en précisant “abonnement ONESHA AFRIKA magazine” Nom

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200€


SPORT – FOOTBALL

La Libye remporte le CHAN 2014 Les Libyens ont remporté le CHAN (Championnat d’Afrique des Nations) 2014 en venant à bout du Ghana en finale, au Cap, en Afrique du Sud (4 tirs au but à 3, 0-0 après le temps réglementaire). A l’issue d’un match insipide, les Chevaliers de la Méditerranée se sont imposés après une séance de tirs au but à grand suspens. Le Ghana perd pour la deuxième fois de son histoire en finale du CHAN.

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e Ghana n’a pas assumé son statut et pourra se mordre les doigts de n’avoir pas pris plus le jeu à son compte. A la mi-temps déjà, les statistiques reflétaient la pauvreté du match: seulement une seule frappe cadrée (pour le Ghana). Les Blacks Stars ont eu le ballon (55% de possession de balle) mais leur domination n’a été que stérile. Le spectacle se trouvait plus dans le public, très joyeux et festif, que sur le terrain. Au retour des vestiaires, les occasions étaient tout aussi rares. Les deux équipes ont eu peur de se livrer même si les Libyens ont été très impressionnants défensivement. .

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Mohamed Abdaula en héros

Il était écrit que le vainqueur serait désigné aux tirs au but. Alors que la Libye a inscrit tranquillement ses trois premiers tirs, le gardien libyen Mohamed Abdaula a effectué deux superbes parades face aux tireurs ghanéens. On croyait la séance déjà terminée... mais c’était sans compter sur le gardien ghanéen Adams qui s’est mis aussi en valeur en repoussant coup sur coup deux tentatives libyennes. Les Libyens peuvent lever les bras. Ils viennent d’accomplir un authentique exploit. De quoi redonner du baume au cœur à tout un pays.

Javier Clemente, sélectionneur de la Libye : « Le foot est important pour les joueurs mais aussi pour tout le pays, à une époque un peu compliquée. C’est une grande victoire. […] (A propos de la finale) Les deux équipes ont fermé le jeu. C’est très difficile e marquer de buts avec un tel système. Les équipes n’ont pas eu beaucoup de jours de repos, avec 6 matches en 17 jours. » Samuel Ainooson, défenseur du Ghana : « Nous ne sommes pas déçus, parce qu’on a pas joué un bon football. Mais avec les penalties, c’est toujours la loterie. Même les meilleurs joueurs et les meilleures équipes peuvent perdre aux penalties. Nous acceptons donc cette défaite avec bonne foi. »


Onésha Afrika L’inoubliable Edson Arantes Nascimento, dit le Roi Pelé

Cristiano Ronaldo sacré Ballon d’Or 2013: Et de deux pour le portugais. Et le Roi Pelé, quant à lui, a reçu un Prix d’honneur

C

ristiano Ronaldo reçoit son deuxième Fifa Ballon d’Or après celui de 2008, tandis que la gardienne de but allemande Nadine Angerer est pour la première fois nommée Joueuse mondiale de la Fifa, lors de la cérémonie du Fifa Ballon d’or tenue lundi au Palais des Congrès de Zurich. Jupp Heynckes, ancien entraîneur du Bayern Munich, et Silvia Neid, sélectionneuse de l’équipe nationale féminine allemande, remportent les distinctions d’Entraîneur de l’Année Fifa pour le football masculin et pour le football féminin respectivement. Ce rendez-vous de fête a célébré les belles performances footballistiques de 2013. La FifPro, syndicat international des joueurs, a invité 52 000 joueurs professionnels du monde entier à sélectionner leur équipe-type pour 2013, dans le cadre du Fifa FifPro world XI. Les honneurs sont ainsi revenus à

l’équipe all-star suivante : Manuel Neuer (Allemagne) dans les buts ; Dani Alves (Brésil), Philipp Lahm (Allemagne), Sergio Ramos (Espagne) et Thiago Silva (Brésil) en défense ; Andrés Iniesta (Espagne), Franck Ribéry (France) et Xavi Hernandez (Espagne) au milieu de terrain ; et Cristiano Ronaldo (Portugal), Zlatan Ibrahimovic (Suède) et Lionel Messi (Argentine) en attaque. Le lauréat du Prix Puskas de la Fifa, qui récompense le plus beau but de l’année, a été élu par les supporters du monde entier sur Fifa. com, la chaîne Fifa sur YouTube et francefootball.fr. Ce prix, créé en 2009 en l’honneur et à la mémoire de Ferenc Puskas, le capitaine et joueur vedette de l’équipe nationale hongroise des années 1950, a été décerné à l’attaquant suédois Zlatan Ibrahimovic, pour son audacieux et magnifique ciseau retourné lors d’un match amical disputé le 13 novembre 2012 entre la Suède et l’Angleterre.

Do

La cérémonie a également rendu hommage à tous ceux qui ont contribué au football sur le terrain comme en dehors. L’ancien président du Cio, Jacques Rogge, a reçu le Prix du Président de la Fifa des mains de Joseph S. Blatter, en hommage à son travail sans relâche pour défendre l’intégrité du sport international. La légende du football brésilien Pelé a reçu le Prix d’honneur du Fifa Ballon d’or pour l’ensemble de sa carrière. Pendant plus de deux décennies, Pelé s’est imposé comme l’une des icônes du football brésilien, enchantant non seulement les supporters de l’une des équipes les plus brillantes de tous les temps, mais également les adversaires de ce Santos qui a remporté tous les titres possibles. À une époque où le football n’avait pas le même retentissement médiatique que de nos jours, il est devenu une légende mondiale, comme en témoigne son surnom plus que justifié : le Roi du Football. Plus tard, Pelé a été reconnu par la Fifa comme Joueur du Siècle, avant d’être élu Athlète du Siècle par le Comité international olympique. Le Prix d’honneur du Fifa Ballon d’or de ce 13 janvier 2014 vient donc enrichir sa galerie de trophées dans laquelle manquait justement le Ballon d’Or qui, à l’époque où Pelé portait encore les crampons, ne concernait que les joueurs européens. La distinction Fair-play de la Fifa a été décernée à la Fédération afghane de football pour le courage et l’esprit de solidarité dont elle a fait preuve.


SPORT – FOOTBALL

Yaya Touré sacré meilleur joueur africain 2013

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’Ivoirien Yaya Touré, primé en 2011 et 2012, a remporté pour la troisième fois d’affilée le titre de « Joueur africain de l’année »

L’Ivoirien Yaya Touré, primé en 2011 et 2012, a remporté pour la troisième fois d’affilée le titre de « Joueur africain de l’année », devant le Nigérian John Obi Mikel et son compatriote Didier Drogba, jeudi soir, à Lagos. «Je remercie ma famille pour son soutien et félicite aussi John Obi Mikel qui méritait également ce prix», a dit Yaya Touré après avoir reçu sa récompense lors d’une cérémonie organisée dans la capitale économique du Nigeria par la CAF. Yaya Gnégnéri Touré, un milieu de terrain de

31 ans, n’a rien gagné avec Manchester City et les Eléphants ivoiriens en 2013, mais s’est fait remarquer par ses performances à la fois en club et en sélection. En décembre, il avait d’ailleurs obtenu le trophée de « Joueur africain de l’année » de la BBC pour la première fois de sa carrière. Avec 373 points, le milieu de Manchester City devance John Obi Mikel, milieu nigérian de Chelsea crédité de 265 points et Didier Drogba, 3e avec 236 points, selon les votes d’un jury composé de sélectionneurs et de directeurs techniques nationaux. John Obi Mikel, 26 ans, a lui remporté la Coupe d’Afrique des nations 2013 avec le Nigeria et l’Europa League avec Chel-

sea. Le dernier Nigérian « footballeur africain de l’année » était Nwankwo Kanu en 1999. Pour sa part, Didier Drogba, 35 ans, avait remporté le trophée africain en 2006 et 2009 et terminé deuxième en 2012. Le titre de meilleur entraîneur est revenu à Stephen Keshi qui a conduit les Super Eagles nigérians à la conquête d’une 3e Coupe d’Afrique des nations en février 2013 et les a qualifiés pour le Mondial-2014 au Brésil. L’équiper du Nigeria a également été désignée meilleure sélection de l’année, alors que le club égyptien d’Al Ahly était sacré club de l’année. Les entraîneurs Bruno Metsu et José Faria, tous deux décédés en octobre, ont reçu le titre de légendes de l’année.

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