MAGAZINE INTERNATIONAL Politique Économique Social Sportif…
ZONE EURO : 4 € / ZONE CFA : 1600 F / MAROC : 30 DH / RDC : 5 $ US / TUNISIE : 4,30 DT / USA : 7 $
Juin - Juillet 2014
RCA :
Crise et mobilisation internationale KINSHASA-BRAZZAVILLE-LUANDA :
Mauvais bulletin de bon voisinage LIBYE : Ou va la Lybie ?
EUROPE Les frémissements de la décadence ou signes des temps… ? SANTE - EBOLA : Comprendre la maladie
www.oneshaafrika.net
Numéro 14
Simplement mieux DĂŠcouvrez de nouveaux standards de confort* brusselsairlines.com/experience *Disponible sur tous les vols intercontinentaux
ÉDITEUR RESPONSABLE Victor OLEMBO LOMAMI DIRECTEUR DE PUBLICATION Cyrille MOMOTE KABANGE RÉDACTEUR EN CHEF Jean BOOLE RÉDACTEUR EN CHEF ADJOINT Fifi MBAMBI KUMBU Photos / Caméra Nathan Ndele Mayuba RÉVISION Yves Vandenbossche et Frédérique Diambu COMITÉ DE RÉDACTION Persyde Doowo Jérôme Bigirimana, Emeline Segura, DIna Kitoko, Cornelis Landu, Israël Mutala, Cyrille Momote, Noella Kalanga, Sarah Mangaza Victor Olembo Lomami ONT COLLABORÉ À CE
NOTE DE L’EDITEUR Par Victor OLEMBO
D
ans le cadre de notre engagement à vous offrir un magazine africain de qualité, j’ai le plaisir de vous informer que votre périodique (re)décolle enfin ! Beaucoup d’eau ont coulé sous le pont et, comme l’eau coule sur la boue, Onésha Afrika a bel et bien connu des difficultés d’ordres techniques qui ont occasionné un espacement imprévu dans sa parution mensuelle. A ce jour les choses sont rentrées dans l’ordre, puisque la preuve, vous tenez entre vos mains une édition spéciale. Un magazine africain qui vous relate, par des analyses pointues, les faits qui
victorolembo@oneshaafrika.net vous concernent à travers les cinq continents. Ainsi, nous sommes désormais outillés, comme un enfant qui apprend à marcher, en tombant de temps en autre, pour finalement garder l’équilibre et grandir. Et, cet équilibre, nous le garderons avec vous, chers lecteurs qui nous faites confiance et qui savez que le roseau plie mais ne rompt pas. Quant à moi je continue de m’appuyer sur Celui qui n’éteint jamais la mèche qui brûle encore… Je vous souhaite bonne lecture, mes amis.
NUMÉRO Le journal du Cameroun, MFI SERVICE MARKETING Olembo L. Onya Naomi INFOGRAPHISTE Tony Mpeye
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ACTUALITE KIN-BRAZZA-LUANDA : Mauvais bulletin de bon voisinage: Expulsions des rd-congolais, divorce aux lourdes conséquences entre les deux Congo
8-9 AFRIQUE DU SUD : Cyril Ramaphosa,nouveau vice-président 10
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SOMMAIRE
Lettre de l’éditeur
Sam Kutesa, un Ougandais à la tête de l’AG de l’ONU
11-13
Nigeria : La fin de Boko Haram ?
14-15
SOUDAN : Situation préoccupante, l’ONU en témoigne
16-17
LIBYE : De Tripoli à Benghazi, une situation toujours confuse en Libye
19-22
DOSSIER - RCA : Crise socio-économique ou humanitaire et mobilisation internationale
24 POLITIQUE
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24-25
RDC : Révolution du 17 mai 1997, 17 ans après : R. Muyej entretient la mémoire de M’Zee
26-27
OPINION : Robert Bourgi accuse Hollande d’avoir pris “goût à l’Afrique
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MONDE - Chine : La Chine veut améliorer son image en Afrique
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ISRAEL : Reuven Rivlin élu 10e président de l’Etat d’Israël. Il succédera à Shimon Peres en Juillet
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MONDE
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INDE : Narendra Modi, le nouveau Premier ministre de l’Inde est le nouvel homme fort du pays
SOCIETE Michael Jackson, quel héritage cinq ans après sa mort ? Sheryl Isako, la nouvelle Star de 8 ans Un Camerounais veut créer le Wikipédia africain
CULTURE Livre : Laurent Gbagbo assure avoir financé la campagne de Chirac
CHRONIQUE de Cyrille Momote Kabange Les frémissements de la décadence ou les signes des temps
SANTE EBOLA : Comprendre la maladie
SPORT Mondial 2014: Forces et faiblesses des équipes africaines
FOCUS 90% du patrimoine archéologique africain est en Europe Onésha Afrika • Juin - Juillet 2014 • Page 05
ACTUALITE : KIN-BRAZZA-LUANDA
Kinshasa, plus de 72731 congolais expulsés de Brazzaville dans des conditions inhumaines selon le gouvernement. Photo/AFP
Mauvais bulletin de bon voisinage: Expulsions des rd-congolais, divorce aux lourdes conséquences entre les deux Congo Par Israel Mutala et Victor Olembo Quel est l’état des relations de voisinage entre la RDC, la République du Congo et l’Angola ? Des tensions récurrentes, des escarmouches aux frontières, des expulsions... Mais entre ces Etats, pas de déclarations qui fâchent. Les dirigeants se ménagent. Des mesures de rétorsion ne sont même pas envisagées. Cet attentisme cache mal ce climat de guerre larvé. Par contre, la méfiance et la haine entre les populations de ces pays grandissent. Dans ce contexte, l’intégration économique régionale, appelée de tous les vœux, devient hypothétique, car elle se base sur la sécurité, et la circulation des personnes et des biens. Dans ce dossier, Onesha Afrika essaye d’expliquer les raisons de ces difficultés de vivre ensemble dans la région, les conséquences économiques et pourquoi pas politiques. Dans la perspectives des élections présidentielles qui tombent, au hasard du calendrier en entre 2015 et 2016, déprime les dirigeants, tous appelés à respecter les constitutions. Cette déprime n’est-elle pas le soubassement de ces tensions. En tous les cas, plus rien ne sera comme avant entre la RD-Congo et le Congo-Brazza, pourtant deux Etats géographiquement et culturellement très proches. Adieu cette belle fraternité qui caractérisait aussi les autorités politiques que les peuples frères de deux rives du fleuve Congo.
E
n cause, Mbata ya Bakolo (la gifle des ainées), une opération policière lancée par les autorités brazzavilloises depuis avril dernier pour soi-disant lutter contre le grand banditisme importé de Kinshasa après l’opération « Likofi » (coup de poing, en lingala), contre les délinquants de Kinshasa. Selon les autorités brazzavilloises, cette opération Likofi déclenchée quelques mois Page 06 • Onésha Afrika • Juin - Juillet 2014
auparavant contre le grand banditisme à Kinshasa, a déversé une partie des délinquants de l’autre côté de la rive du fleuve Congo. Personne n’est assez naïf pour croire ce prétexte après que Mbata ya Bakolo ait conduit à l’expulsion dans des conditions inhumaines de l’aveu même de l’ONU, près de deux cents mille rd-congolais. Jamais les rd-congolais n’ont fait l’objet d’une expulsion d’une telle ampleur et d’une
telle brutalité dans le monde. Même les angolais, réputés brutaux, dans leurs opérations d’expulsions des rd-congolais ne sont jamais allés aussi loin. Zélés, les policiers brazzavillois ont commis des exactions qui ont fini par avoir raison des rd-congolais en séjour régulier au pays de Sasou Nguesso. Ils ont été terrorisés et ont décidé de regagner le bercail. Mbata ya Bakolo a ému profondément les rd-congolais.
Onésha Afrika Réaction des autorités congolaises
Surpris et dépassés par les vagues successives des rd-congolais qui affluaient au beach Ngobila (un des ports de Kinshasa), les autorités de Kinshasa, n’ayant pas assez des marges de manœuvres, ont demandé sans succès la suspension de cette opération. Ni la navette de Raymond Tshibanda, ministre des affaires étrangères ni celle de Léon Kengo wa Dondo, président du sénat, n’ont réussi à faire entendre raison au président Denis Sassou Nguesso, préoccupé au projet de révision
constitutionnelle pour se présenter à la prochaine présidentielle prévue en 2016. Cependant, les autorités rd-congolaises ont paré au plus pressé en aménageant un site à Makulu, à l’est de la capitale, pour accueillir les refoulés de Brazzaville. Depuis ce site les autorités organise le retour des réfugiés dans leur province respective : Bas-Congo, Bandundu et Equateur pour l’essentiel. Origine de cet exode des rd-congolais
Nul doute qu’actuellement, le Congo-Brazzaville a une situation socio-économique supérieure à la RDC. Ce qui explique en grande partie l’émigration rd-congolaise. L’absence des perspectives solides poussent les rd-congolais à s’exiler pour des raisons de « survie ». L’herbe est-elle plus verte au Congo-Brazza qu’au Congo-Kin-
shasa ? Alors que la RDC avec ses 70 millions d’habitants n’a qu’un budget d’à peu près de 5 milliards USD en ressources propres, la République populaire du Congo c’est moins de 5 millions d’habitants avec 5 milliards USD de budget. Les pétrodollars y coulent à flot. Cette prospérité économique relative du Congo-Brazzaville explique aussi l’insolence qu’affichent ses autorités envers celles de Kinshasa. Il n’y a pas que cela fait remarquer certains qui estiment que les expulsions sont dictées avant tout par des ques-
tions de politique intérieure. Enjeux de politique intérieure
Le président Denis Sassou Nguesso a besoin d’une forte légitimité sociale pour modifier la constitution qui lui interdit un autre mandat. Et l’opération Mbata ya Bakolo a pour mission de combler ce déficit politique à l’heure des grandes manœuvres politiques internes dans la perspective de 2016. Vu l’adhésion populaire, Sassou est donc en passe de remporter son pari. Sauf que cela ne se fera pas sans sacrifier l’image du Congo Brazza sur la scène internationale après les critiques appuyées de l’ONU sur l’opération Mbata ya bakolo. Adieu l’image de marque du Congo-Brazzaville et les projets intégrateurs?
compte. Il n’y a pas que l’image du Congo Brazza ternie qui a fait les frais de cette scabreuse opération politico-policière. L’intégration régionale de l’Afrique centrale en a pris un grand coup. On voit mal comment un projet phare comme la construction du pont sur le fleuve entre Kinshasa et Brazzaville se fera dans un contexte aussi durablement pollué. Plusieurs députés nationaux se sont déjà prononcés contre. Et ceux qui étaient déjà hostiles à ce projet, se sont radicalisés davantage. L’intégration africaine que tout le
monde appelle de ses vœux n’est pas pour demain. Les expulsions massives des rd-congolais de Brazzaville vont laisser des traces dans les rapports entre les deux Congo. L’un ayant expulsés les ressortissants de l’autre, et l’autre sans grands moyens de rétorsions politiques ou économiques, s’en est remis à la Jusitice internationale. Une justice dont se moquent éperdument les autorités de Brazzaville. Et qui n’inquiète pas outre mesure l’Angola voisine qui a repris avec les expulsions des rd-congolais. Les rd-congolais sont-ils devenus les parias de la sous-Région? Expulsés par-ci, refoulés par-là, leur dignité est sans cesse bafouée : une humiliation que ressent tout un peuple. Pour y mettre fin, il n’y a que la stabilité politique et la prospérité économique qui garantiront les conditions de vivre dignement aux rd-congolais dans leur propre pays. Un grand pays avec un avenir si radieux… A suivre
Qu’importe, pour Sassou c’est le maintien coute que coûte au pouvoir qui Onésha Afrika • Juin - Juillet 2014 • Page 07
ACTUALITE – AFRIQUE DU SUD
Cyril Ramaphosa, nouveau vice-président Par F.B.K.
L’ancien secrétaire général du Syndicat des mineurs (NUM), devenu milliardaire et capitaine d’industrie, a été nommé le 25 mai vice-président de la République d’Afrique du Sud. Cet homme populaire, dont les SudAfricains attendent beaucoup en termes de résultats, est désormais le successeur désigné de Jacob Zuma, qui terminera son second mandat en 2019.
C
yril Ramaphosa était le favori de Nelson Mandela pour sa succession, en 1999, alors qu’il n’avait que 47 ans. Très populaire, Ramaphosa avait déjà une stature politique hors pair : juriste de formation, activiste plusieurs fois emprisonné, il avait formé le Syndicat des mineurs (NUM) en 1982 et en avait fait une force de premier plan contre l’apartheid, avec 300 000 encartés en 1992.
Là aussi, il s’est illustré par ses succès : il a procédé en 1994 à la cotation en bourse de la première société noire sud-africaine, New Africa Investments Ltd (Nail). Il a ensuite siégé dans plusieurs conseils d’administration et fondé son propre groupe, Shanduka, en 2001, dont la valeur est estimée à 8,8 milliards de rands (600 millions d’euros).
Un parcours sans faute
Selon l’hebdomadaire sud-africain The Sunday Times, il serait l’homme le plus riche d’Afrique du Sud après son beau-frère, Patrice Motsepe. Un magnat minier dont la fortune, évaluée à 2,65 milliards de dollars en 2013, est la huitième d’Afrique selon la revue américaine Forbes.
A la libération de Nelson Mandela en 1990, ce petit homme, à l’époque barbu, était à ses côtés, sur toutes les photos. Elu secrétaire général du Congrès national africain (ANC) en 1991, il a été au coeur des négociations avec les nationalistes afrikaners (1991-1993) autour de la transition démocratique. Durant cette période très tendue, il s’est lié d’amitié avec Roelf Meyer, un membre du Parti national (NP), donnant l’exemple en matière de réconciliation. Elu député en 1994, il a pris la tête de l’Assemblée constituante et supervisé les travaux qui ont abouti à la Constitution de 1996, l’une des plus progressistes en Afrique. Evincé de la course à la présidence par Thabo Mbeki, Ramaphosa s’est progressivement retiré de la scène politique pour tenter sa chance dans les affaires. Page 08 • Onésha Afrika • Juin - Juillet 2014
La seconde fortune d’Afrique du Sud
Pendant quinze ans, il a démenti toute ambition politique et s’est tenu à l’écart des polémiques, se distinguant par son silence et une aversion pour le bling-bling affiché par les élites noires. Le seul luxe qu’il revendique : la pêche à la truite et sa game farm, comme on appelle les parcs naturels privés avec animaux sauvages. « Nous allons faire la paix avec les syndicats, a annoncé Cyril Ramaphosa dès sa nomination à la vice-présidence. Nous voulons l’unité, l’unité, l’unité ! ». Il martèle ce mot d’ordre de l’ANC pendant la lutte contre l’apartheid,
pour empêcher le Syndicat des métallurgistes d’Afrique du Sud (Numsa), en désaccord avec les politiques libérales de l’ANC, de former un parti de travailleurs. Collusion entre le black business et le pouvoir
Pour éviter une scission du Congrès des syndicats sud-africains (Cosatu), allié de l’ANC, il lui faudra remobiliser la base. Seul problème : il incarne aujourd’hui la collusion entre le black business et le pouvoir. Comment va-t-il concilier ses nouvelles fonctions avec ses nombreuses affaires ? Afin d’éviter tout conflit d’intérêt, il a décidé de céder ses parts dans tous les secteurs régulés par l’Etat (mines, banques, telecoms), mais pas dans les entreprises opérant dans la grande consommation, comme CocaCola et Mac Donald en Afrique du Sud. Le fait de posséder ces enseignes vat-il se retourner contre lui ? Le parti d’opposition des Combattants de la liberté économique (Economic Freedom Fighters – EFF) mené par Julius Malema l’a déjà remis en cause dans le drame de Marikana. Cyril Ramaphosa siègeait au conseil d’administration de Lonmin, la société de platine dont 34 mineurs en grève ont été abattus par la police le 16 août 2012. Il lui est reproché d’avoir envoyé un e-mail à la
Onésha Afrika veille du massacre, invitant la direction de Lonmin à user de la manière forte, face à des grévistes qu’il taxait de «criminels». Les mineurs avaient taillé en pièces deux policiers, quelques jours plus tôt… Adjoint d’un président qu’il surpasse
Respecté pour son intégrité, Cyril Ramaphosa ne traîne pas d’autre casserole à ce jour… Reste à savoir pourquoi il renonce à ses affaires pour « devenir l’adjoint d’un homme qu’il a déjà surpassé dans sa carrière et qui est largement considéré comme le leader le plus inepte que l’ANC ait jamais connu ? » C’est la question que se pose Allister Sparks, l’un des commentateurs les plus avisés de la scène politique sudafricaine. Réponse non moins impertinente de cet historien : « Il ne servira certainement pas de papier peint dans
les bureaux de la présidence… ». Accusé de n’avoir obtenu aucun résultat, à commencer par les 500 000 emplois promis avant son élection en 2009, Jacob Zuma a fait taire les critiques en jouant la carte Ramaphosa. Il a laissé ce poids lourd monter au créneau fin 2012, pour se faire élire avec une écrasante majorité par la base de l’ANC au poste de vice-président du parti. Devenu vice-président du pays, Ramaphosa prépare clairement la relève pour 2019. Ou même avant, supposent déjà certains commentateurs, si Zuma est contraint par l’ANC de démissionner avant la fin de son mandat. Comme cela avait été le cas en septembre 2008 pour son prédécesseur Thabo Mbeki.
Cyril Ramaphosa – photo : Mike Hutchings/Reuters
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ACTUALITE - ONU
Sam Kutesa, à gauche en compagnie de Ban Ki-moon, à droite
Sam Kutesa, un Ougandais à la tête de l’AG de l’ONU Par JdC, source Reuters Le ministre ougandais des Affaires étrangères a été élu mercredi président de 69ème session de l’Assemblée générale des Nations unies. Il sera investi le 16 septembre
L
e ministre ougandais des Affaires étrangères, Sam Kutesa, a été élu le 11 juin dernier, président de 69ème session de l’Assemblée générale des Nations unies, malgré l’inquiétude suscitée chez les ONG, les pays occidentaux et les responsables de l’Onu par la loi sanctionnant l’homosexualité adoptée cette année par Kampala. Il sera investi le 16 septembre 2014. Le thème de cette session, qu’il a proposé, est défini autour de l’objectif: “« Réaliser et mettre en œuvre un programme transformateur de développement pour l’après-2015”.
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Après son élection par acclamation à l’assemblée générale, où siègent 193 pays, Sam Kutesa s’est engagé à favoriser l’égalité des sexes et les droits des femmes, ainsi qu’à poursuivre les efforts des Nations unies pour éradiquer la pauvreté et lutter contre les changements climatiques. Il n’a cependant pas évoqué la question des homosexuels. Sam Kutesa avait reçu le soutien unanime des délégations du groupe africain à l’Onu. C’était au tour de l’Afrique de présenter un candidat au poste, essentiellement honorifique mais néanmoins prestigieux, de président de l’Assemblée générale.
Ces derniers mois, l’Ouganda a été la cible des Nations unies, des pays occidentaux et des ONG des droits de l’homme après l’adoption de sa loi sanctionnant l’homosexualité. Le président ougandais Yoweri Museveni a promulgué fin février une loi qui rend passibles de la prison à vie les faits d’”homosexualité grave”. Le texte criminalise aussi la non dénonciation de relations homosexuelles. L’homosexualité est taboue dans la quasi-totalité des pays africains et illégale dans 37 d’entre eux, dont en Ouganda, où c’est un crime depuis la colonisation britannique.
ACTUALITE - Nigeria
Onésha Afrika
Boko Haram a revendiqué la responsabilité de l’enlèvement de centaines d’écolières dans le nord du Nigeria qui a déclenché l’indignation internationale, menaçant de les vendre comme des “esclaves” : Scène des manifestations à Lagos (Nigéria)
La fin de Boko Haram ?
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es auditeurs de l’émission Appels sur l’actualité se demandent si le Nigeria a pris des dispositions après le mini-sommet pour la sécurité, mimai, à Paris, pour lutter contre les attentats attribués à Boko Haram ? En effet, le 1er juin, alors que des supporters quittaient le terrain de football, une bombe a explosé au stade de Mubi, au nord-est du pays, faisant au moins 40 morts. Et le samedi 7 juin, des hommes en armes, présentés comme des combattants de Boko Haram, ont kidnappé une vingtaine de femmes à moins de dix kilomètres de Chibok... Quelques jours plus tôt, le 26 mai, le chef d’état-major de l’armée de l’Air, Alex Badeh, avait pourtant donné une lueur d’espoir en déclarant que son armée avait localisé les 200 lycéennes enlevées par le groupe terror-
iste dans le même village, le 14 avril… Sans toutefois préciser l’endroit où elles seraient détenues. La communauté internationale et les Etats-Unis, qui ont envoyé des drones et plein de moyens sur place, n’ont pas réussi à localiser l’endroit où sont retenues les jeunes filles enlevées par Boko Haram. Comment l’armée nigériane a-t-elle eu ces informations ?
Alors, on ne peut pas affirmer que les pays amis du Nigeria, qui ont dépêché des équipes sur place, n’ont pas localisé les jeunes filles, car finalement on n’en sait rien ! Le chef d’état-major de l’armée nigériane, Alex Badeh, a été très critiqué suite à cette annonce, prononcée fin mai dans un cadre pas vraiment solennel puisqu’il s’adressait à des manifestants qui avaient gagné le parvis du ministère de la Défense. Il a
été critiqué par les Américains le jourmême de ses déclarations. Washington a émis des doutes sur ces affirmations, la porte-parole du département d’Etat, Jennifer Psaki, a dit que les Etats-Unis ne détenaient pas d’informations provenant de sources indépendantes leur permettant de confirmer ses propos. Elle a surtout ajouté que « pour la sécurité des jeunes filles, les Etats-Unis ne discuteraient certainement pas publiquement de ce genre d’information ». Il est vrai que lorsque l’on s’adresse à nos interlocuteurs français pour avoir des informations sur l’aide apportée par l’équipe française pour retrouver les jeunes filles, c’est motus et bouche cousue car c’est de l’ordre de l’opérationnel. Dévoiler au public que l’on sait où se trouvent les jeunes filles, c’est aussi donner l’information à Boko Haram, et ce n’est pas bien malin. C’est Onésha Afrika • Juin - Juillet 2014 • Page 11
ACTUALITE – NIGERIA :
A l’Elysée, le président français François Hollande, troisième à droite, serre la main du président du Nigeria, Goodluck Jonathan, et de gauche à droite, le président du Niger Mahamadou Issoufou, le président du Tchad, Idriss Debi, le président du Cameroun Paul Biya, et le président du Bénin Thomas Boni Yayi, lors du sommet de Paris le samedi 17 mai 2014. Photo : François Mori/AP
ce que disent en tout cas plusieurs éditorialistes nigérians. On ne sait pas si le chef d’état-major disait vrai, si c’était du bluff, si c’était pour ne pas perdre la face devant la pression des journalistes et de la rue qui demande des résultats... La presse nigériane en tout cas parle de « gaffe ». Que compte faire l’armée nigériane maintenant qu’elle a localisé les jeunes filles ?
Concernant les intentions de l’armée nigériane, ce même chef d’état-major a dit qu’il serait périlleux d’envisager de libérer les jeunes filles par la force. L’option des négociations serait privilégiée, et là-encore peu de choses filtrent sur l’existence ou non de pourparlers ou de tentatives de pourparlers. La presse locale et internationale a évoqué un accord qui aurait volé en éclat suite aux déclarations prononcées lors du sommet de Paris, au cours duquel les chefs d’Etat ont déclaré la guerre à Boko Haram. On a également parlé de l’implication de l’ancien président Olusegun Obasanjo qui avait participé en 2012 à une misPage 12 • Onésha Afrika • Juin - Juillet 2014
sion de médiation et qui s’était rendu à Maïduguri. Quelles dispositions ont-elles été prises par le Nigeria après le mini-sommet pour la sécurité dans la région, mi-mai, à Paris, pour lutter contre les attentats et contre le groupe Boko Haram ?
On aimerait bien savoir quelles dispositions l’armée envisage de prendre. Pour l’heure, elle ne revendique aucune initiative. Ses troupes déjouent parfois des embuscades tendues par Boko Haram, mais elles ne prennent pas l’initiative d’offensives. Elles affirment avoir déjoué le week-end dernier d’importantes attaques contre des villages dans le nord-est, sans donner de détails. La semaine dernière, dans la circonscription de Gwoza-Est, dans le sud de Borno, les forces de sécurité nigérianes ont quasiment abdiqué. Tout au long de la semaine, les insurgés ont envahi des villages, ils ont tué, pillé, brûlé sans que l’armée intervienne. Souvent, ce sont des civils qui ont assumé les tâches funèbres et qui sont allés récupérer les corps sur
place. Des sénateurs ont parlé d’état de siège. Samedi, des hommes en armes présentés comme des combattants de Boko Haram, ont kidnappé une vingtaine de femmes à moins de dix kilomètres de Chibok... Le sommet de Paris prévoit que l’armée nigériane travaille de façon plus coordonnée avec les troupes camerounaises situées de l’autre côté de la frontière… D’après nos informations, les patrouilles concertées, censées être menées par les Nigérians et les Camerounais de chaque côté de leurs frontières, n’ont pas encore démarré. Il s’agit d’empêcher les combattants de Boko Haram de se réfugier au Cameroun lorsqu’ils sont pris en chasse par l’armée nigériane. Cela dit, le sommet a permis semble-t-il de convaincre le Cameroun de s’impliquer davantage dans la lutte contre Boko Haram, puisqu’il a déployé des renforts en équipements et en effectifs. En tout, 3 000 hommes sont déployés dans la province de l’extrême nord, avec tout
L’Afrique pleure… Ici la mère d’une victime « Jamais l’Afrique n’a connu des tels faits de terrorisme d’inspiration religieuse, en temps de paix »
un arsenal militaire, des blindés, des hélicoptères, des avions de chasse qui sont stationnés à Maroua. Le groupe Boko Haram parvient à narguer à la fois l’armée nigériane et les Etats-Unis. Et personne n’arrive à les arrêter ! Comment sont-ils recrutés et formés ?
Les membres de Boko Haram sont recrutés parmi les civils. Ce sont souvent des hommes, jeunes, non mariés, pauvres et désœuvrés. Et ils sont nombreux à remplir ces critères dans le nord-est du Nigeria. De bonne source, on sait qu’ils reçoivent une prime d’enrôlement et aussi une prime pour chaque action menée. Boko Haram a des camps d’entraînement dans l’Etat de Borno, notamment, dans la forêt de Sambisa. Des camps qui peuvent être démontés et évacués très vite. Ils
y apprennent le maniement des armes et des explosifs, le tir, les tactiques de combat. Cette formation comprendrait aussi un enseignement religieux. Les liens entre Boko Haram et Aqmi ont été défaits par Serval, mais des membres de Boko Haram ont suivi des formations dans le septentrion malien durant l’occupation du Nord du Mali par les jihadistes. Ils sont visiblement forts dans leur entreprise et organisés. Pourquoi sont-ils si puissants ? Quels sont leurs effectifs et leurs moyens ?
Pour l’armement, Boko Haram s’alimente à partir d’un trafic à l’échelle régionale, au Tchad, au Niger et en Libye. C’est une importante source d’approvisionnement, mais Boko Haram récupère aussi souvent des armes au cours d’opérations et
d’affrontements avec l’armée régulière. Les insurgés islamistes attaquent depuis des années des postes de police et des commissariats, dans le but de voler des armes. Il arrive que des membres de l’armée achètent directement des armes à des soldats de l’armée régulière. Ils utilisent surtout la kalachnikov, mais on voit apparaître de plus en plus des mitrailleuses lourdes, des RPG, et des explosifs. On n’a pas d’informations précises sur les effectifs de Boko Haram. Mais vous avez raison de dire que le groupe est puissant et qu’il donne l’impression d’être bien organisé, efficace. En tout cas, il a une importante marge de manœuvre ce qui n’est pas nécessairement le cas de l’armée nigériane. Boko Haram a une multitude de cellules autonomes. On le présente comme un mouvement très déconcentré, d’où, peut-être, la difficulté de le neutraliser.
Dans notre prochaine édition nous ferons un éclairage sur la question :
L’AFRIQUE SUBSAHAHARIENNE FACE AU TERRORISME. Du nouveau L’enlèvement des lycéennes au Nigéria, des attentats à répétitions au Kenya, la menace de l’occupation du nord malien, jamais l’Afrique n’a connu des tels faits de terrorisme d’inspiration religieuse, en temps de paix, en dehors de conflits internes comme ce fut le cas en Somalie. Ce nouveau danger peutelle s’étendre partout en Afrique ?
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ACTUALITE - SOUDAN
Une nouvelle crise humanitaire… ?
Situation préoccupante, l’ONU en témoigne Par Margaux Benn Depuis le début de l’année, plus de 300 000 civils ont rejoint les quelque 2 millions de personnes déjà déplacées au Darfour, où les violences reprennent, d’une ampleur jamais vue depuis dix ans. Dans les autres régions du Soudan, les conflits font aussi toujours plus de victimes. Début juin, le coordinateur humanitaire de l’ONU a lancé un appel pour aider des agences humanitaires largement sous-financées.
A
ntonovs et Sukhoi, ces avions de fabrique soviétique employés par les forces armées soudanaises (Sudan Armed Forces, SAF) continuent de bombarder des villages du Darfour mais aussi les régions du SudKordofan et du Nil Bleu. En novembre 2013, Khartoum avait lancé une offensive baptisée « été chaud » pour éradiquer les différentes rébellions. Au Sud-Kordofan, les attaques des milices gouvernementales (Rapid Support Forces, RSF, et PopularDefence Forc-
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es, PDF) auraient causé depuis avril le déplacement de plus de 113 000 personnes, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Selon International Crisis Group, le gouvernement aurait largué pas moins de 5 000 bombes de septembre 2011à mars 2013 dans la région du Nil Bleu où le conflit est pourtant de plus faible ampleur.
2003 sur ordre du gouvernement. C’est d’ailleurs dans cette région qu’ils poursuivent leurs raids. Selon Ivo Freijsen, chef du bureau des Affaires humanitaires de l’ONU au Soudan, ces attaques rappellent celles du début d’un conflit que certains, en particulier le gouvernement américain, considèrent comme un génocide en cours depuis plus de dix ans.
Les RSF ont été en partie recrutés parmi les Janjaweed, des milices arabes du Darfour connues pour les crimes de masse commis à partir de
« Environ 4 millions de personnes sont affectées »
Au Darfour et ailleurs, ces violences ne sont pas près de s’achever : fin mai,
Onésha Afrika le ministre de la Défense, Abdurrahim Mohamed Hussein, a lancé la « seconde vague » de l’offensive d’été. Selon l’agence de sécurité alimentaire Famine Early Warnings System Network (FEWS-NET), au moins 40 % des populations déplacées au SudKordofan et celles des villages qui les hébergent seront victimes d’urgence humanitaire avant le mois de septembre. A cela, il faut ajouter les presque
Un manque de financements effarant
Dans un communiqué publié début juin, Ali al-Za’tari, le coordinateur humanitaire des Nations unies au Soudan, met en garde contre un nombre de victimes « sans précédent » dans les mois à venir si les Nations unies ne bénéficient pas d’un financement adéquat. Interrogé par RFI, Ivo Freijsen a ajouté que la situation globale du pays
: …Les Nations Unies dénoncent.
85 000 réfugiés Sud-Soudanais venus trouver asile de l’autre côté de la frontière pour fuir la guerre civile. Sans accès à de nombreuses zones, difficile de chiffrer le coût humain des conflits. Mais en tenant compte des chiffres officiels et ceux des médias informels opérant dans les zones rebelles, « environ 4 millions de personnes sont affectées directement par les conflits au Soudan », estime Jérôme Tubiana d’International Crisis Group. Outre l’escalade des violences et du nombre de déplacés, le retour dans sa région natale de Musa Hilal est source de grande inquiétude au Darfour. Accusé d’avoir perpétré des atrocités aux côtés des forces gouvernementales durant les premières années du conflit, il a créé depuis un groupe politique, le Sudanese Awakening Revolutionary Council, qui entend renverser le gouverneur du DarfourNord et s’allier avec le Front révolutionnaire soudanais (FRS) qui rassemble les principaux groupes rebelles.
est « pire que jamais. (...) La propagation des violences au Sud-Kordofan et au Nil Bleu est doublée d’un manque de financements effarant des organisations humanitaires. Durant les premières années du conflit [au Darfour], au moins, la communauté internationale a fini par réagir : en 2004, cette guerre était considérée comme la plus grosse crise humanitaire au monde et l’ONU a obtenu les moyens de lancer la plus grande campagne humanitaire de son histoire. » En 2004, c’est Mukesh Kapila qui, en tant que coordinateur humanitaire, avait sonné l’alarme sur la dimension génocidaire du conflit au Darfour et l’inaction de la communauté internationale. Aujourd’hui, il n’est pas surpris du manque d’intérêt que suscitent les guerres soudanaises : « Si j’étais bailleur de fonds, je serais également frileux, confie-t-il à RFI. Les restrictions imposées aux humanitaires, la rhétorique belliqueuse du régime, sa cooptation d’agences telle le Croissant rouge soudanais et une guerre au Dar-
four qui s’éternise depuis dix ans, lassent les bailleurs de fonds qui ne voient aucun résultat notable aux projets humanitaires ou de développement. » Le Qatar entend combler le vide
Sur les 995 millions de dollars nécessaires pour les projets humanitaires au Soudan en 2014, seuls 33 % ont été versés. Pour pallier ce manque, la sous-secrétaire générale aux Affaires humanitaires des Nations unies, Valérie Amos, a débloqué cette année 26,5 millions de dollars du Fonds central d’intervention d’urgence (Central Emergency Response Fund, CERF). En 2013, le Soudan a déjà reçu le plus gros montant parmi les pays éligibles au Fonds. Mais, selon Al-Za’tari, cette aide ne comble en rien le grave déficit de financement qui paralyse les programmes humanitaires. En attendant, c’est le Qatar qui entend combler le vide créé par une communauté internationale timorée. Fin avril, l’émir du Qatar, le Sheikh al-Thani, a promis le versement de 88 millions de dollars pour financer 19 projets de développement des Nations unies au Darfour. Alors que d’autres pays du Golfe, comme l’Arabie saoudite et le Bahrein, se détournent de Khartoum en raison de ses amitiés avec l’Iran, le Qatar est devenu un soutien vital du régime. L’émirat a investi considérablement dans un processus de paix pour le Darfour. Mais l’accord, signé en 2011, s’est révélé inapplicable : au même moment, la guerre reprenait au SudKordofan et au Nil Bleu, où les nouveaux rebelles se sont rapidement liés à ceux du Darfour. Selon Jérôme Tubiana, « même si le Qatar versait les milliards promis pour le développement du Darfour, l’insécurité ne permet pas à des projets de développement de voir le jour. Doha doit maintenant, avec d’autres acteurs internationaux, réaliser que le conflit a une dimension nationale et qui nécessite une négociation globale. Le Qatar, avec d’autres acteurs influents au Soudan, peut avoir un rôle à jouer. » Onésha Afrika • Juin - Juillet 2014 • Page 15
ACTUALITE – LIBYE
Photo Omar Ibrahim/Reuters
De Tripoli à Benghazi, une situation toujours confuse en Libye A Tripoli, le Congrès général national libyen a invalidé le 9 juin l’élection d’Ahmed Maitig comme Premier ministre, lors d’un vote chaotique au profit d’Abdallah al-Thini, le candidat sortant. Puis, le 15 juin, à Benghazi, le général à la retraite Khalifa Haftar a lancé une nouvelle offensive contre les groupes jihadistes. Soigné à l’hôpital pour des blessures légères, le 4 juin, après une tentative d’assassinat dans la grande ville de l’Est libyen, il avait dans la foulée promis « une réponse ferme ». Où va la Libye ? Explications.
Pour la plupart des observateurs, l’invalidation de cette élection aura un effet d’apaisement sur le semblant de vie politique libyenne. La décision a été acceptée par le deuxième Premier ministre déchu en personne. « Je respecte la justice, j’obtempère devant sa décision », a déclaré Ahmed Maitig, allant jusqu’à qualifier l’invalidation de son élection d’« acquis pour la consécration de l’Etat de droit » en Libye ! Début mai, Ahmed Maitig avait été élu par le Congrès. Mais cette élection chaotique et très contestée s’est effectuée au cours d’un scrutin plusieurs fois reporté, et même interrompu par des hommes armés en pleine séance. Maitig est un indépendant originaire de Misrata, soutenu par les parlementaires du camp islamiste politique dont il avait reçu un vote de confiance. Résultat, pendant un mois, deux gouvernements se disputaient le pouvoir en Libye, chaPage 16 • Onésha Afrika • Juin - Juillet 2014
cun soutenu par des milices, faisant craindre des affrontements à Tripoli entre chaque camp. Le sortant Abdallah al-Thini refusait de rendre le pouvoir à Maitig en raison de son élection litigieuse. Du coup, la justice avait été saisie par des députés. La Cour suprême a donc tranché. Le gouvernement sortant d’Abdallah al Thini continue de gérer les affaire courantes et ce au moins jusqu’aux prochaines élections législatives, toujours prévues à la fin du mois… En théorie, parce qu’il y a des doutes sur la possibilité de tenir ce scrutin comme annoncé le 25 juin prochain. Le général à la retraite Khalifa Haftar a-t-il les moyens militaires, logistiques, tactiques de mater ces groupes ?
C’est la première fois qu’un groupe paramilitaire non gouvernemental, en l’occurrence l’autoproclamée « armée nationale » de l’ex-général Khalifa Haf-
tar, met autant de moyens contre les jihadistes. Depuis la mi-mai, les forces pro-Haftar mènent ce qu’elles appellent leur « opération dignité » avec des hélicoptères de combat, des avions de chasse qui bombardent régulièrement la brigade Ansar al-Charia à Benghazi et à Derna ainsi que ses principaux alliés, la Brigade des martyrs du 17 Février et celle de Raffallah al Sahati. Les combats se déroulent aussi au sol, avec déjà plus d’une centaine de morts en un mois. Et pourtant, ces offensives répétées des forces pro-Haftar sont pour le moment un échec. Les jihadistes résistent, tiennent leurs positions. Et pour compenser leur désavantage stratégique, ils commencent à avoir recours à des attaques suicide comme celle qui visait ces derniers jours un QG où se trouvait le général Haftar lui-même. Les jihadistes libyens peuvent aussi recevoir le soutien d’étrangers revenus de Libye, et notam-
Onésha Afrika ment de Tunisiens. La semaine dernière, une grande figure jihadiste tunisienne, Kamel Zarrouk, a appelé les Tunisiens au jihad en Libye pour soutenir Ansar al-Charia contre les forces d’Haftar. La bataille de Benghazi n’est pas donc encore terminée. Quelle est la position de l’actuel Premier ministre sur les actions du général Haftar ?
L’actuel Premier ministre de transition ne s’est pas vraiment prononcé sur ce point, mais on peut considérer qu’alThini ne fait pas partie des plus virulents opposants aux frappes d’Haftar contre les jihadistes. On se souvient qu’à la mi-mai, la brigade al-Qaaqaa de la ville de Zintan avait attaqué le Congrès, en soutien à l’ex-général Haftar, parce que les députés islamistes avaient vivement condamné son offensive. A cette époque, la brigade Qaaqaa avait demandé le maintien au pouvoir d’Abdallah alThini.
Pendant la révolution contre Kadhafi, le soutien du Qatar et des Emirats arabes unis a été très fort. Un soutien militaire, financier, logistique et même humain. Ensuite, on a parlé d’un soutien du Qatar aux islamistes politiques du Congrès, la branche libyenne des Frères musulmans. En ce qui concerne l’Arabie saoudite, il ne faut pas oublier qu’en Egypte, le pays a soutenu le maréchal Al-Sissi, auteur du coup d’Etat militaire contre les Frères musulmans et de la répression meurtrière de ses partisans. Le régime saoudien est détesté par les jihadistes du monde entier, notamment pour sa col-
laboration avec les Etats-Unis. Pour ce qui est du général Haftar, les jihadistes libyens sont persuadés qu’il bénéficie d’un soutien américain et égyptien, ce que Le Caire et Washington ont nié. Pour autant, comme la France ou de la Grande-Bretagne, l’ambassadrice des Etats-Unis en Libye tient une position ambiguë : Deborah Jones a refusé de condamner ses offensives en expliquant que l’ex-général Haftar combat des groupes que les Etats-Unis considèrent comme terroristes…
Quelle est la position du Qatar et de l’Arabie saoudite, soutiens traditionnels des islamistes, vis-à-vis des actions de ce Général ?
Le rôle des pays du Golfe donne souvent lieu à un certain nombre de fantasmes.
Miliciens libyens, Tripoli, (AP Photo/Abdel Magid Al Fergany, File)
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ACTUALITE - DOSSIER - RCA
Onésha Afrika
Les troupes de la Fomac confisquent leurs machettes aux civils réfugiés dans son camp à Bossangoa. (Marcus Bleasdale/VII for Human Rights Watch)
Crise socio-économique ou humanitaire et mobilisation internationale Analyse de Pascal NTAHOMPAGAZE, pour ONESHA AFRIKA Enclavée au cœur du continent africain entre le Tchad (Nord), le Soudan (Est), la République Démocratique du Congo (Sud), le Cameroun (Ouest), la République CentrAfricaine (RCA) est un vaste pays avec une superficie de 623.000 km2, une population de 4,7 millions d’habitants (2013), une densité de 7,2 habitants/km² dont les religions principales sont l’animisme, le christianisme et l’islam. La RCA figure parmi les plus pauvres des PMA, avec un Indice de développement humain le plaçant au 180e rang sur 186 (PNUD, 2013). Le redémarrage économique observé depuis 2004 (3,9 % en 2012) est totalement remis en cause par les graves désordres et les prévisions de croissance s’avèrent désastreuses pour 2014 (- 13%). A part sa capitale Bangui, dans le reste du pays prévaut une situation très dégradée, marquée par l’arbitraire des groupes armés. L’autorité de l’Etat demeure presque absente sur la majeure partie du territoire centrafricain, certains fonctionnaires, non payés depuis octobre 2013, n’ont pas regagné leurs fonctions. Les conditions de vie des populations sont gravement détériorées sur tous les plans : sécuritaire, humanitaire et droits de l’homme, alimentaire, sanitaire, etc. Changements de régime soudains, mauvaise gouvernance et prédation par les autorités centrafricaines et les groupes armés : qui va mettre fin à la crise ?
La mauvaise gouvernance et la prédation ont détruit ce qui restait de l’Etat, de l’économie et ont appauvrie la population. Actuellement la RCA est dirigée par un Gouvernement de transition présidé par Madame Catherine Samba Panza, une mère de la Nation, troisième président- femme
en Afrique et huitième Président de la République. Malgré sa bonne volonté de changement, va-t-elle mettre fin à la crise et conduire le pays aux élections de 2015 ? L’histoire du pays est jalonnée de changements de régime soudains qui l’ont déstabilisé; mais la prise du pouvoir le 24 mars 2013 par la Séléka (coalition en langue nationale Sango) a créé un contexte inédit de très grande instabilité, du fait de la destruction
quasi-totale de l’Etat. Cette coalition était formée de partis politiques et de forces rebelles qui étaient opposés au président centrafricain François BOZIZE. La Séléka, dont son effectif était d’environ 20000 personnes, se caractérise par une appartenance religieuse musulmane dans une RCA dont la population est à +- 80 % chrétienne. Le secrétaire général de la Séléka s’appelle Justin Kombo Moustapha de l’UFDR (Union des Forces DémocraOnésha Afrika • Juin - Juillet 2014 • Page 19
ACTUALITE - DOSSIER - RCA tiques pour le Rassemblement) avec leur Chef Michel DJOTODIA qui s’est autoproclamé Président de la République en chassant l’ex-président BOZIZE. Toute cette situation n’a pas laissé sans réaction la Communauté internationale.
mars 2013, faisant des victimes dans les rangs sud-africains puis livrant la capitale à la violence et au pillage. La communauté internationale a condamné la prise du pouvoir par la force en prônant le retour au cadre des accords de Libreville.
La part de Djotodia
Bien que de nombreux représentants autoproclamés des milices anti-balaka aient été des proches de l’ancien président, le colonel Patrice Edouard Ngaïssona affirme que le mouvement ne combat pas pour le retour de François Bozize.
En 2013, les tensions entre la population chrétienne de Centrafrique, principalement sédentaire, et la population musulmane, principalement nomade, ont augmenté après la prise de pouvoir de la Séléka. À la suite des exactions commises entre les communautés et l’intervention de la Séléka en faveur des populations musulmanes, les anti-balaka « anti-machettes » ont provoqué localement des réactions d’autodéfense – constitution des milices qui entraînent elles-mêmes des représailles brutales- se révoltant contre les rebelles Seleka. En septembre 2013, avant de démissionner, Djotodia annonça la dissolution de la Séléka, mais la plupart de ses membres ont refusé de désarmer. Incapables de résister et neutraliser tous ces mouvements rebelles et milices, les forces armées centrafricaines ont fait appel aux pays voisins, notamment le Tchad (mais aussi le Gabon, le Congo et le Cameroun), à s’interposer militairement pour protéger la capitale et contraindre les rebelles à négocier. La part de Bozize
De son côté, le président BOZIZE avant de partir, a signé avec l’Afrique du Sud un accord visant à s’assurer son soutien militaire. Les négociations avec les rebelles et l’opposition menées sous l’égide de la CEEAC (Communauté Economique des Etats d’Afrique Centrale) ont abouti, le 11 janvier à Libreville, à un cessez-le-feu et un accord politique prévoyant la nomination d’un gouvernement d’union nationale et l’organisation d’élections anticipées. A la suite de nombreux blocages, les rebelles ont repris l’offensive jusqu’à renverser le président Bozizé le 24 Page 20 • Onésha Afrika • Juin - Juillet 2014
En RCA, le processus de transition politique s’inscrit dans le cadre tracé, en grande partie, par l’accord de Libreville (Gabon, 11 janvier 2013) et par la déclaration de Ndjaména (Tchad, sommet CEEAC du 18 avril). Ce cadre, sanctionné par le Conseil de sécurité de l’ONU, prévoit une transition de 18 mois devant aboutir à des élections (présidentielle et législatives) d’ici février 2015. Promulguée le 18 juillet, la Charte constitutionnelle de transition organise le fonctionnement des institutions jusqu’aux élections. Le tandem formé par Michel Djotodia, chef de la Séléka et chef d’Etat de la transition, et Nicolas Tiangaye, Premier ministre désigné à la suite des accords de Libreville, a peiné à mettre en œuvre le processus. Au sommet extraordinaire de N’Djamena (Tchad), les 9 et 10 janvier 2014, les chefs d’Etat de la CEEAC ont entériné leur démission du 10 janvier 2014. Le 20 janvier, le Conseil national de transition, qui joue le rôle d’organe législatif pour la durée de la transition, a élu Madame Catherine Samba Panza – jusque-là maire de Bangui – à la tête de l’Etat, investie le 23 janvier. Un gouvernement resserré, dirigé par André Nzapayéké, ancien vice-président de la Banque de développement des Etats d’Afrique centrale, a été constitué le 27 janvier 2014.Un appel inoubliable de la Présidente de la RCA n’a pas tardé afin que la paix revienne : « mes enfants anti-balaka, mes enfants
ex-Séléka, renoncez aux armes ». Atouts et défis de la RCA
Malgré sa situation socio-économique et politique actuelle, ce pays ne manque pas d’atouts, à savoir : les richesses du sous-sol, un réseau hydrographique important avec un climat et une pluviométrie favorable, une terre favorable aux cultures agricoles dont une majeure partie n’est pas utilisée. Les productions principales qui as-
Michel Djotodia, a soufflé le chaud et froid. Membre de la Seleka qui s’est auto-proclamé président de la République le 24 mars 2013 après le renversement et la fuite du président François Bozizé. Il démissionne de ses fonctions le 10 janvier 2014
surent au pays la plus grande partie des ressources en devises sont, entre autres, le bois, le diamant, or, uranium, le coton et le café – robusta. Les défis concernent essentiellement le rétablissement de la sécurité sur toute l’étendue du territoire, la bonne gouvernance, l’instauration d’un dialogue constructif entre tous les acteurs de la vie politique et la réduction de la pauvreté. En dépit de ses efforts et de certaines avancées dans la démocratisation depuis 2003, la RCA reste un pays avec une paix et une sécurité fragiles affectées par un certain nombre de facteurs à l’extérieur comme à l’intérieur. Par ailleurs, une déstabilisation de la
Onésha Afrika RCA a des répercussions sur les autres pays voisins. La RCA reste à la limite de l’implosion du fait de sa difficulté à sortir de la crise structurelle dans laquelle elle se trouve depuis plusieurs décennies avec les différents régimes de dictateurs et des présidents autoproclamés. La démocratie a besoin d’être renforcée par des mesures et décisions visionnaires. Ne disposant ni d’une force publique opérationnelle, ni d’un appareil ad-
François Bozizé Yangouvonda, président de la République depuis le coup d’État du 15 mars 2003 qui l’a porté au pouvoir. Il est renversé le 24 mars 2013 et s’enfuit au Cameroun.
ministratif en ordre de marche, ni de ressources budgétaires sûres, les institutions mises en place dans ce cadre peinent toutefois à exercer leurs compétences de façon autonome. La sécurité et la gouvernance économique, financière, administrative et judiciaire restent les défis principaux sur le plan politique et économique. En outre, les droits de l’homme, l’Etat de droit et l’impunité devraient faire l’objet d’une attention particulière en plus du renforcement de la présence de l’Etat hors de la seule capitale- Bangui-. La mobilisation internationale : succès pour la paix et la diplomatie ?
La situation actuelle a une incidence forte sur l’insertion de la RCA dans
son environnement régional et sur ses relations internationales, dominées par l’évolution de la situation et les enjeux de la gestion de crise. L’objectif de rétablir l’ordre, assurer la paix, la sécurité et la prospérité pour tous ont fait bouger et mobiliser certains pays de l’extérieur avec les grandes institutions et organisations régionales et mondiales, à savoir : les pays voisins de la RCA, la CEEAC, l’Union africaine, la France, l’ONU et l’Union européenne…La RCA a bénéficié d’une certaine attention internationale depuis 2008. Afin de consolider la paix à travers le dialogue politique et le DDR, les Nations Unies se sont fortement engagées : création d’une « formation RCA » de la Commission de consolidation de la paix et transformation de la représentation des Nations Unies en RCA en Bureau intégré (BINUCA), dirigé par un représentant spécial du Secrétaire général. Le pays a également accueilli des opérations internationales de maintien de la paix- dans le contexte de la crise du Darfour- afin de protéger les réfugiés, les déplacés et les acteurs humanitaires : le détachement français de Birao (Nord-Est) a été intégré à l’opération EUFOR Tchad- RCA en mars 2008, puis relevé par la MINURCAT (Mission des Nations Unies en RCA et au Tchad) jusqu’en décembre 2010. Le Tchad est intervenu plusieurs fois ces dernières années pour aider les forces centrafricaines dans la lutte contre les rébellions installées à proximité de la zone frontalière, mais elle s’est retirée récemment. Dans le contexte de crise aiguë apparu en décembre 2012, le Tchad, le Congo, le Gabon et le Cameroun ont déployé des renforts, en plus des contingents déjà présents dans le cadre de la MICOPAX, force sous-régionale de la CEEAC. Devant les problèmes complexes que pose la situation en RCA, l’Union
africaine a décidé la création d’une force africaine. Le 1er août 2013, cette Mission Internationale de Soutien à la CentrAfrique sous conduite africaine (MISCA) a pris le relais de la MICOPAX et a obtenu un mandat du Conseil de sécurité des Nations Unies (résolution 2127). Provenant des Etats d’Afrique centrale (Tchad, Cameroun, Congo- Brazzaville, RD Congo, Gabon, Guinée équatoriale, Burundi et Rwanda), elle se déploie à Bangui et en province, avec le soutien de la force française Sangaris (+-2000 hommes). La résolution 2134 du CSNU a autorisé une opération militaire européenne, dont les modalités sont en cours de définition. La MISCA (Mission de l’Union Africaine) et française ont un mandat initial de 12 mois en appui par la résolution 2127 (en 2013) du Conseil de sécurité des Nations Unies. Les forces de la MISCA étaient au nombre de 6000 personnes tandis que 2000 autres ont été mobilisées par la France (opération Sangaris) à la demande de l’Union africaine en appui à la MISCA et avec l’accord de l’ONU. Environ 75 millions d’euros d’aide de l’Union européenne ont été mobilisés pour financer la MISCA et 45 millions d’euros pour l’aide humanitaire. L’autre importante décision est l’adoption à l’unanimité par le Conseil de sécurité des Nations unies de la résolution 2149, qui autorise le déploiement d’une opération de maintien de la paix de l’ONU en République centrafricaine, la MINUSCA, une des voies au niveau international de pacifier le pays par la diplomatie. C’est un soutien des efforts des autorités de transition pour rétablir la sécurité et la stabilité en RCA. La MINUSCA compte jusqu’à 12 000 hommes et pourra s’appuyer sur le soutien des contingents français et européens engagés aux côtés des forces africaines. Elle aura également pour mission d’accompagner le processus de réconciliation nationale, de préparer les élections d’ici à février 2015 et de venir Onésha Afrika • Juin - Juillet 2014 • Page 21
ACTUALITE - DOSSIER - RCA en aide aux populations. Le déploiement à Bangui de la force de l’Union européenne (EUFORRCA) (2 mai 2014). Lors du Sommet UEUA, du 02 au 03 avril 2014 à Bruxelles, une séance extraordinaire a été dédiées à la RCA et le déploiement opérationnel à Bangui de la force de l’Union européenne. Le relais de l’opération Sangaris dans la sécurisation de l’aéroport de Bangui constitue un premier signe concret de l’action des troupes européennes.
tiques : « les personnalités qui sont au pouvoir de transition sont excellentes pour le dialogue avec les capitales occidentales et les bailleurs de fonds mais cela n’a pas d’efficacité sur le terrain ». L’actuel mandat de la mission de maintien de la paix au niveau international sera-t-elle à la hauteur du défi centrafricain ?
Comme je l’ai déjà souligné lors de mes difLe Tchad au secours de la Centrafrique : férentes analyses lors des le Sommet de N’Djaména ou l’amorce d’une sortie de crise en RCA, le 12 avril 2014 réunions informelles sur La présence des soldats européens des poursuites judiciaires à l’encontre la RCA, nous risquons d’assister à un à Bangui permettra aux forces afric- d’auteurs de crimes et de violations des échec si l’action de maintien de la paix aines et françaises de consolider leur droits de l’Homme. Tous les auteurs par des moyens militaires n’est pas acdéploiement dans le reste du pays au d’exactions devront répondre de leurs compagnée par stratégies solides pour service de la protection des popula- actes - le cas échéant devant la cour une paix globale. Cela veut dire que tions civiles et de la stabilisation de la pénale internationale, qui a ouvert le 7 l’opération de maintien de la paix se février un examen préliminaire. La lu- passe, entre autres, en même temps RCA. tte contre l’impunité étant un élément avec la relance de l’activité économLa résolution 2134 du 28 janvier 2014 fondamental de la réconciliation. ique, le soutien à la reconstruction de autorise également le déploiement de Malgré toutes ces bonnes décisions l’Etat et la lutte contre les trafics. la force de l’Union européenne, en au niveau national et international, L’actuel mandat de la mission de appui de la force africaine MISCA. récemment on a constaté que les rémaintien de la paix risque de ne pas Enfin, elle met en place un régime de sanctions individuelles à l’encontre des organisations des désorganisateurs être à la hauteur du défi centrafricindividus qui feraient obstacle au pro- continuent et il y aurait eu même ain. « La mauvaise gouvernance et la cessus de transition et aux efforts de des tentatives de coup d’état au début prédation ont détruit ce qui restait de la communauté internationale pour de juin 2014. Loin des instances dé- l’Etat, de l’économie et ont appauvrie rétablir la stabilité en RCA. Au mois cisionnelles officielles, les différents la population », affirme Thibaud Lesude mai 2014, le Comité de la RCA du groupes en lutte se réorganisent. C’est eur, un des analystes pour l’Afrique Conseil de sécurité a adopté des sanc- le cas de l’ex-Séléka qui a récemment centrale. « L’actuel mandat de la mistions contre François Bozizé, Noured- tenu un congrès à N’délé qui a donné sion de maintien de la paix n’est pas de nouvelles instances dirigeantes au à la hauteur du défi centrafricain ». « dine Adam et Levy Yakété. mouvement. Les acteurs internationaux en CentraCes sanctions, proposées par la frique et le gouvernement de transiAu niveau politique, la situation n’ e st France et les États-Unis, prévoient le tion doivent comprendre qu’une opépas plus reluisante, d’après certains gel des avoirs et l’interdiction de voyration de maintien de la paix n’est pas ager pour ces individus qui ont agi analystes et politiciens français. Selon une stratégie mais un outil », affirme contre la paix, la stabilité et la sécurité le sénateur Jean-Pierre Chevènement Thierry Vircoulon, un des directeurs « le discours qui est tenu est souvent de la République centrafricaine et ont du projet Afrique centrale. « Tant bien reçu et les analyses clairvoyantes, entravé le processus de transition poliqu’ils n’établiront pas un réel partetique. Elles leur adressent un message mais cela n’embraye sur rien et n’a nariat pour combattre les causes proque très peu d’ e ffets concrets et ne se ferme, ainsi qu’à leurs partisans, pour fondes de la crise et changer le système traduit pas par des engagements sur qu’ils cessent ces actions. le terrain ». A entendre la sénatrice de gouvernance, ils sont condamnés à La France rappelle que la mise en Michelle Demessine, la critique vaut répéter les erreurs du passé ». place de sanctions est complémentaire pour l’ensemble des responsables poliPage 22 • Onésha Afrika • Juin - Juillet 2014
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POLITIQUE – RDC
Révolution du 17 mai 1997, 17 ans après : R. Muyej entretient la mémoire de M’Zee Par Sarah MANGAZA et Israël MUTALA
La mémoire des peuples est fragile, si on ne l’entretient pas, même le souvenir de ses plus illustres héros disparait. Et ça le ministre de l’Intérieur, Affaires coutumières et Décentralisation- Richard Muyej Mangens-Mans l’a bien compris lui qui lutte contre l’oubli de la lutte héroïque de Laurent Désiré Kabila, tombeur du régime de Mobutu le 17 mai 1997. En marge de la célébration du 17ème anniversaire de l’avennement de la Troisième République, le patron de la sécurité nationale s’est clairement positionné comme un des dignes héritiers de la Révolution Afdélienne menée par Laurent Désiré Kabila, appelé affectueusement par ses compatriotes M’Zee. Pour Richard Muyej, pas question d’oublier le combat et la mémoire de M’Zee. Il l’a fait savoir à la jeunesse universitaire de Kinshasa lors d’une journée de réflexion initiée par lui. En présence de certains compagnons de Laurent Désiré Kabila (LDK), la réflexion a tourné autour du thème : « la révolution pardon et la cohésion nationale ». Pour ce haut cadre de la Majorité présidentielle, il faut pérenniser l’œuvre salvatrice de M’Zee. C’est quoi la révolution pardon?
A cette question, l’homme de « l’opération Likofi » (opération de la police contre le grand banditisme) a répondu en disant que la révolutionpardon est un acte de tolérance politique. Pour le ministre de l’intérieur, cette notion signifie en outre l’unité dans la diversité ; aimer son frère, tourner les pages noires du passé et se tourner vers l’avenir en vue de construire un futur prospère. Et d’enchainer en disant qu’il est Page 24 • Onésha Afrika • Juin - Juillet 2014
pratiquement impossible de construire un avenir sans repère historique. Et l’un de ses repères le plus marquant est la révolution du 17 mai 1997 incarnait par Laurent Désiré Kabila. « Son exemplarité est reconnu par tous dans la quête de la cohésion historique. Et sa bataille pour une cohésion identitaire des Congolais saluée par ses compatriotes. » a soutenu Muyez devant des jeunes attentifs. Pour le patron de la sécurité nationale, la cohésion est la voie qui permet
d’aller vers ce qui rassemble un peuple car l’union fait la force dit-on, a-t-il par ailleurs indiqué. Le peuple Congolais doit vivre une réconciliation nationale car celle-ci trouve sa force dans la cohésion nationale a encore dit le ministre de l’intérieur. Et d’assener que sans la cohésion nationale, débutée sous M’Zee et poursuivie par le chef de l’Etat Joseph Kabila avec les concertations nationales, le pays ne pourra pas sortir du gouffre dans lequel il est plongé avec la complicité de la communauté internationale.
Onésha Afrika
Quelle est la part des jeunes à cette journée ?
La jeunesse est l’avenir, l’espoir, l’énergie, la puissance et le fleuron même du lendemain d’après Muyez. C’est cette jeunesse d’aujourd’hui qui, une fois bien encadrée, fera la force du panafricanisme a-t-il soutenu. C’est dans ce contexte que Laurent Désiré Kabila, de son vivant, avait initié la réunion de jeunes panafricanistes dans le souci de faire de la RDC une locomotive de l’Afrique Centrale et une puissance tant sur le plan économique que sur le plan politique a-t-il poursuivi. Selon R. Muyez, la jeunesse doit être initiée à la lutte de Laurent Kabila, lutte que lui-même avait entamée dans sa jeunesse, à l’âge de 17ans. Ceci, dans le souci de redorer le blason terni de la RDC. L’action politique de Laurent Désiré Kabila laisse un héritage aux jeunes : son combat politique, son courage, son intelligence et sa discipline personnelle a-t-il conclu., L’impression des participants à ces assises
Interrogés sur la qualité de cette réunion, les jeunes présents à ces assises ont exprimé leur satisfaction et leur joie d’avoir participé à ce débat. Pour eux, l’essentiel est fait mais il faut encore beaucoup d’efforts pour inculquer l’idéologie de la bataille de Laurent Désiré Kabila dans la tête des jeunes. D’autres encore pensent que pour que la jeunesse se lance dans la bataille du développement de son pays, elle doit être armée de beaucoup de connaissances, c’est-àdire maitriser l’histoire de son pays. Or, l’histoire enseignée dans les écoles congolaises est plutôt occidentale au lieu d’être centrée sur nous déplorent-ils. Les compagnons de Laurent Désiré Kabila quant à eux, pensent que cette journée est d’une grande portée historique, surtout dans l’histoire de la jeunesse congolaise, dans la mesure où la lutte de l’AFDL qui avait été amorcée par eux dans leur jeunesse pour libérer la RDC, était caractérisée par beaucoup de sacrifices. Selon eux, les jeunes congolais doivent être animés de patriotisme tout en restant unis, car c’est avec leurs efforts que la RDC deviendra plus puissant. Debout Congolais ! Onésha Afrika • Juin - Juillet 2014 • Page 25
POLITIQUE – OPINION
Robert Bourgi accuse Hollande d’avoir pris “goût à l’Afrique” Par mondafrique.com Le fils spirituel de Jacques Foccart indique qu’aucune personnalité politique française ne peut se construire sans passer par les chefs d’Etat africains Vous êtes très critique de la politique de François Hollande et du gouvernement en Afrique, vous qui n’êtes pourtant pas un farouche opposant de la Françafrique. Ce sont les manières qui vous gênent ?
Si l’on revient quelques années auparavant, François Hollande pourfendait la Françafrique. Il tenait le continent à bout de gaffe et c’est tout juste s’il ne se pinçait pas le nez. Au Mali, il a pris goût – et le mot n’est pas assez fort – à l’Afrique. L’accueil qu’il a reçu après l’intervention française l’a transcendé, il est alors passé dans une autre dimension qui dépasse même la Françafrique traditionnelle. Sans oublier qu’il essaye à l’étranger de faire oublier ses échecs sur le territoire métropolitain. Moi, ce qui me navre, c’est de voir ces effusions sur le perron de l’Elysée entre François Hollande et Idriss Deby puis Denis Sassou-Nguesso. Je sais qu’il faut payer la dette du sang mais on ne badine pas avec les droits Page 26 • Onésha Afrika • Juin - Juillet 2014
de l’Homme et les libertés fondamentales. On nous tombait dessus du temps de Jacques Chirac puis de Nicolas Sarkozy avec la Françafrique, les liens avec les chefs d’Etat corrompus, les dinosaures, etc... Aujourd’hui, c’est copie conforme et même pire. Vous faisiez partie des anciennes administrations qui, elles non plus, ne mettaient pas la priorité sur les droits humains et les libertés.
Vous savez, je vais peut-être vous étonner, mais j’ai moi-même entendu le Président Sarkozy s’adresser à Denis Sassou-Nguesso, Idriss Deby et Blaise (Compoaré ndlr) et leur dire leurs quatre vérités. Il ne pouvait pas arriver tout d’un coup en 2007 et rompre avec tout ce monde-là, mais le personnage n’était pas Chirac, je vous le dis. Quand il avait quelque chose à dire, il ne prenait pas de gants. Si les entourages présidentiels de l’époque, qui sont les mêmes aujourd’hui, pou-
vaient vous parler, ils vous diraient exactement la même chose. Une fois, et j’anticipe sur mes mémoires, Laurent Valdiguié ne va pas être content, j’étais dans le bureau d’Omar Bongo à Libreville lors du premier passage de Sarkozy à Libreville. C’était un voyage que Bruno Joubert et les pontes du Quai d’Orsay ne souhaitaient pas, juste après Tripoli et Dakar. Il y avait Sarkozy, Bongo, Pascaline et moi. À propos du discours de Dakar, Bongo s’est tourné vers le président français et lui a dit « mais dis moi Nicolas, qu’est ce qui t’as pris ? C’est quoi ce discours ? Écoute moi fiston, si j’avais été étudiant là-bas, moi je t’aurais hué », il se tourne vers moi pour me demander mon avis, je lui dis que je suis d’accord avec lui. Là, Sarkozy a expliqué qu’il avait lu le discours dans la voiture. Mais si je vous raconte tout ça, c’est parce que c’est à cette occasion que Sarkozy a demandé au doyen ce qu’il pensait des mandats africains, s’il n’était pas d’accord pour dire que c’était exagéré. Alors, Bongo lui a dit « tu sais que tu n’as pas tort Nicolas, en 2009 je vais faire mon dernier mandat et je vais m’en aller et tu as raison il faut limiter les mandats ». Ça, en dehors de Pascaline, le pauvre Omar et moi, personne ne le sait. C’était ça le point de vue de Nicolas Sarkozy, et il n’hésitait pas à le dire. Et selon vous, aujourd’hui il n’y a aucune rupture avec les autres administrations ?
Aucune rupture ! Nous sommes Françafrique épisode trois, quatre ou cinq, c’est la même chose. Les membres du gouvernement essaient d’avoir les mêmes liens que nous avions avec les chefs d’Etat africains. Sauf que maintenant ce sont des liens de circonstances, le cœur n’y est pas du côté africain. Bien que, ayant parlé avec des chefs d’Etat quand ils étaient à Paris en décembre dernier, ils apprécient beaucoup Monsieur Le Drian. Ils ont été très élogieux à son endroit, me disant que c’est un personnage humble et chaleureux, simple, pas tortueux et qui va droit au but. Je n’ai pas entendu des propos aussi flatteurs de leur part
Onésha Afrika en direction de Laurent Fabius. Les réseaux n’ont pas pour autant disparu, les liens privilégiés entre nos ministres et quelques chefs d’Etat peu recommandables semblent se vérifier tous les jours
Vous savez, l’Afrique est un monde à part. Ce n’est pas parce qu’on tutoie qu’on est amis, il faut accéder au cœur, à la confiance. Le Drian a les réseaux, à travers les généraux : ce sont eux qui maîtrisent le mieux l’appareil politique français en Afrique. Ce sont eux qui dictent la politique africaine au chef de l’Etat. Je sais qu’il y a la cellule Afrique à l’Elysée avec Hélène Le Gal, mais tout se fait entre le chef de l’Etat, le Drian et les généraux, surtout Benoit Puga (chef d’Etatmajor particulier de Nicolas Sarkozy puis de François Hollande ndlr). Sinon, les réseaux de Fabius c’est Lionel Zinsou, en dehors de lui il n’y a personne.
Le nouveau Premier ministre, Manuel Valls s’active aussi et semble tenir à ses liens avec le continent, notamment au Maroc et en Algérie, que faut-il déduire de cet activisme ?
Mais tout le monde s’active en Afrique ! Vous savez, c’est la farandole que j’ai connue. J’ai assisté à plusieurs alternances, je sais comment ça se passe, on ne peut pas se construire sans passer par l’Afrique. Le Premier ministre est un homme que j’apprécie beaucoup sans le connaître, j’aime ce type d’homme, dans son tempérament pressé, toujours en action, il me rappelle le Sarkozy d’il y a dix ans. Vous verrez, ses voyages vont se multiplier,
Thomas Fabius, le fils du ministre des Affaires étrangères, a été vu à Bangui, vous qui avez gardé vos réseaux, savez-vous ce qu’il y fait ?
Vous savez, même si je m’exprime peu, je suis au courant de beaucoup de choses. Je me suis laissé dire qu’il y était parce qu’il y a des choses à gratter là-bas, si vous voyez ce que je veux dire. Je ne porte aucune accusation mais le diamant a tourné la tête et tournera la tête à beaucoup de gens, pendant l’ère Hollande, Sarkozy, Chirac et Mitterrand. Je sais aussi que le petit Thomas est impliqué au Mali avec des Corses, dans quoi exactement je ne saurais pas trop vous le dire. Ça me fait de la peine pour son père, vraiment. L’Afrique est un continent sur lequel on peut se brûler et j’ai de l’affection pour Thomas Fabius que j’ai croisé plusieurs fois. Il a trop d’addictions et de passions, en tant que père et maintenant grand-père, j’ai de la peine pour Laurent Fabius qui est à mon avis un grand ministre des Affaires étrangères.
mémoires, je ne vois pas pourquoi j’ai déchaîné autant de choses. C’est vrai que j’étais un témoin direct, et je m’en rappellerai toujours de ces djembés ! C’était drôle. Quand j’ai raconté ça aux juges, c’était tellement incroyable qu’ils n’arrêtaient pas de rire, et pour faire rire ces juges-là il en faut beaucoup. Vous avez raconté que, à l’époque, Omar Bongo voyait les jeunes espoirs de la politique françaises. Certains d’entre eux sont aux commandes aujourd’hui ?
Il les recevait, je les ai tous vus défiler mais pas pour de l’argent. Il voyait tout le monde, ça c’est sûr : Laurent Fabius, Lionel Jospin, Ségolène Royal, François Hollande. Mais j’ai vu les jeunes pousses de la droite aussi. Un jour, ils étaient alignés dans la suite de l’Hôtel Meurice, il y avait François Fillon, JeanFrançois Copé, Pierre Bedier, Hervé Gaymard, Valérie Terranova. Ils étaient là parce que Chirac voulait qu’Omar rencontre la relève. En dehors de Terranova, ils ont tous été ministres dans le gouvernement d’après ! Et oui, je vous le dis, il se régale Valdiguié avec mes mémoires. Vous êtes encore proche de Nicolas Sarkozy, est-ce que vous allez l’aider à renouer les liens avec l’Afrique avant les prochaines élections présidentielles ?
surtout en Afrique mais aussi dans le monde arabe. J’ai vu cela du temps de Sarkozy, du temps des deux mandats de Chirac. Il y avait télescopage quelquefois entre les officiels et les officieux, c’était drôle. Ce sont vos expériences à l’Hôtel Meurice avec Omar Bongo qui vous font dire qu’un homme politique ne peut pas se construire sans passer par l’Afrique ?
Si j’avais tort vous ne seriez pas là à me poser des questions. Je ne veux pas revenir là-dessus. J’ai été étonné de la tempête que j’ai déclenchée alors que d’autres avaient parlé de ça avant. Jean-François Probst dans son livre, Jacques Foccart aussi dans ses
Je m’enorgueillis toujours de mon amitié avec Nicolas Sarkozy mais je demeure aussi très proche de François Fillon, que je vois régulièrement. Je m’honore de la confiance des deux. Les liens entre Nicolas Sarkozy et l’Afrique, ils n’ont jamais été rompus. Quand les chefs d’Etat africains viennent à Paris, ils lui rendent visite. Ce n’est pas l’ancien président Sarkozy qui va les voir, mais ce sont eux qui se déplacent. Ils se parlent souvent au téléphone, même si maintenant ils vont peut-être éviter ce moyen de communication pour des raisons que tout le monde sait.
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MONDE - Chine
La Chine veut améliorer son image en Afrique Par Journalducameroun, source Xinhua A Beijing lundi, la Chine a annoncé qu’elle renforcera sa coopération avec le continent dans le domaine des médias Les médias occidentaux dominent le monde alors que les voix des pays en voie de développement ne sont pas entendues, a déclaré Cai Fuchao, directeur de l’Administration nationale de la presse, de la publication, de la radiodiffusion, du cinéma et de la télévision, lors du 2e Forum sur la coopération des médias chinois et africains.
“
Tant que les médias chinois et africains renforceront leur coopération et se soutiendront les uns les autres, cela aura un impact important sur l’état d’esprit de l’opinion publique mondiale”, a-t-il ajouté. Plus de 260 délégués de 42 pays africains ont participé au forum, dont des ministres de gouvernements et des dirigeants d’organisations de radio et de télévi-
sion. Depuis 2000, le Forum sur la coopération sino-africaine favorise les accords économiques entre la Chine et l’Afrique Selon l’administration, 19 accords de coopération seront signés durant le forum entre la Chine et les pays africains, dont l’autorisation des programmes de télévision chinois avec les agences de médias au Mali et au
Soudan. La Chine a aidé l’Afrique à construire une infrastructure audiovisuelle digitale et a formé du personnel pour les agences locales de médias. Occupant une position relativement faible en ce qui concerne l’opinion publique à travers le monde, la Chine et les pays africains sont en effet souvent représentés de façon déformée, a souligné le vice-ministre des Affaires Onésha Afrika • Juin - Juillet 2014 • Page 29
MONDE – ISRAEL : nouveau Président
: Reuven (Rubi) Rivlin, le nouveau président élu de l’Etat d’Israël Photo: Gali Tibbon/AFP/Getty Images
Reuven Rivlin élu 10e président de l’Etat d’Israël. Il succédera à Shimon Peres en Juillet
H
aut responsable du Likoud et ancien président de la Knesset Reuven Rivlin a été élu mardi le dixième président de l’Etat d’Israël après avoir remporté une victoire sur Hatnua membres de la Knesset Meir Sheetrit dans le deuxième tour de scrutin secret, à la Knesset, le parlement israélien.
avocat avant d’entrer en politique. En 1978, il a été élu au conseil de la ville de Jérusalem, un poste qu’il a occupé jusqu’en 1988.
75 ans Rivlin a reçu 63 votes au second tour, tandis que Sheetrit a reçu 53 votes. Un vétéran député du Likoud, Reuven Rivlin a été élu comme premier à la Knesset en 1988. Il remplacera officiellement Shimon Peres comme le 10e président quand il se retire en Juillet, après un mandat de sept ans.
Il a été ministre des Communications dans le gouvernement d’Ariel Sharon (2001-2003). Il était président de la Knesset la période 2003-2006 et 20092013. En 2007, il était contre Shimon Peres à l’élection présidentielle israélienne. Rivlin est un fervent partisan de Beitar Jerusalem FC, après avoir servi en tant que conseiller juridique pour et président du Beitar Jerusalem Sports Association. En 2013, il a fermement condamné débordements racistes largement rapporté par les
Rivlin est né le 9 Septembre 1939 à Jérusalem, qui faisait alors partie de la Palestine mandataire britannique. Rivlin qualifié et a travaillé comme Page 30 • Onésha Afrika • Juin - Juillet 2014
Entre 1981 et 1986, il a été membre du conseil exécutif de la compagnie aérienne nationale d’Israël El-Al. Rivlin a été élu à la Knesset avec le Likoud en 1988. Il a perdu son siège en 1992 mais a repris en 1996.
articles des partisans du Beitar Jérusalem. En tant que Président de la Knesset, Rivlin a développé une réputation comme un ardent défenseur de la démocratie et des libertés civiles; beaucoup de ses décisions en colère de ses alliés sur la droite. En 2010, il fait des efforts pour empêcher la suppression des privilèges parlementaires de Haneen Zoabi MK, sur sa participation à la flottille du Mavi Marmara et il a une amitié avec Ta’al MK Ahmed Tibi, en dépit de leurs divergences de vues sur le conflit israélo-palestinien. Rivlin est un vétéran député du Likoud considéré comme un ardent défenseur de la démocratie israélienne et l’indépendance de la Knesset; un fait qui l’a amené à tomber avec le Premier ministre Netanyahu au cours de la dernière Knesset.
MONDE – INDE
Narendra Modi, le nouvel homme fort de l’Inde
Narendra Modi, le nouveau Premier ministre de l’Inde est le nouvel homme fort du pays Dans son livre « Narendra Modi : the Man, The Times »², le journaliste indien Nilanjan Mukhopadhyay donne des clefs indispensables pour comprendre le parcours singulier du nouvel homme fort de l’Inde. Fruit de plusieurs mois de recherches, d’investigations sur le terrain et d’interviews, cette biographie est un ouvrage précieux qu’il faut au moins feuilleter, en attendant qu’il soit traduit en français. « J’ai rencontré Jimmy Carter, Bill Clinton, ainsi que les deux Bush, père et fils. En matière de charisme, Modi les bat tous à plate couture », écrit l’Indien Nilanjan Mukhopahyay en citant l’Américain Robert D. Kaplan, à l’ouverture de sa biographie très documentée du nouveau Premier ministre de l’Inde. Publié en 2013, Narendra Modi : The Man. The Times, sous la plume de ce journaliste réputé, spécialisé de la droite hindouiste, est une lecture obligatoire pour tous ceux qui s’intéressent à la vie politique indienne, l’analysent et l’expliquent au grand public en manque d’informations sur les us et coutumes de la plus grande démocratie du monde. C’est une lecture d’autant plus obligatoire qu’il n’existe pas beaucoup d’ouvrages de qualité sur le parcours de l’homme qui va présider pendant les cinq années à venir sur la destinée de plus de 1/6 de la population mondiale. ² Narendra Modi : the Man, the Times, par Nilanjan Mukhopadhyay. Editions Tranquebar, 2013. 409 pages. 495 roupies soit approximativement 6 euros. Rédigé en anglais, ce livre n’a pas encore été traduit en français.
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Onésha Afrika Pogrom au Gujarat
Dirigeant du très conservateur Parti du peuple indien (connu sous le sigle BJP créé à partir des initiales du nom du parti en hindi), Narendra Modi, 63 ans, que l’écrasante victoire de sa formation aux récentes élections législatives vient de porter au poste de Premier ministre à New Delhi, n’est pas un nouveau venu dans la vie publique indienne. Militant politique depuis les années 1970, Modi s’est fait connaître en s’imposant en 2001 comme le patron de l’Etat indien du Gujarat (ouest). Il s’est fait depuis élire trois fois de suite, malgré l’incapacité de son administration à protéger la population pendant les émeutes sanglantes qui avaient éclaté en février 2002 et qui avaient fait 2 000 morts, notamment parmi la minorité musulmane. On a pu parler à l’époque d’un véritable pogrom qui aurait été commandité par le « chief minister » Modi en personne, mais les tribunaux saisis par les familles des victimes ont toujours disculpé ce dernier. D’ailleurs, la population de l’Etat du Gujarat ne lui en a pas voulu puisqu’elle n’a cessé de le réélire. Manifestement, la population indienne dans son ensemble ne lui en veut pas non plus puisqu’elle vient de donner au BJP un mandat massif (majorité absolue avec 282 sièges dans le Parlement qui en compte 543), à la suite de six mois de campagne menée de main de maître par le Narendra Modi en question.
Comment peut-on être « nationaliste hindou » ?
Il n’en reste pas moins que Narendra Modi demeure la personnalité politique la plus controversée de l’Inde. Sa vision d’une Inde animée par le nationalisme hindou, fermée sur elle-même, donne des urticaires à l’intelligentsia indienne nourrie de la pensée universaliste des pères fondateurs de l’Inde moderne, Gandhi, Nehru ou Ambedkar. « On peut être hindou et nationaliste, mais se présenter comme un “ nationaliste hindou “(comme le fait Narendra Modi) est contraire à l’esprit de la Constitution indienne », écrit l’historien indien Ramachandra Guha. Pour le biographe de Modi, c’est précisément ce mélange peu orthodoxe qui fait l’intérêt de son protagoniste. Modi est, selon lui, le premier leader de niveau national à avoir rompu avec le modèle de l’homme politique à la Nehru. Mukhopadhyay explique cette rupture radicale en remontant à l’enfance pauvre de Modi, à l’atmosphère très particulière de la petite ville du Vadnagar au Gujarat où il a grandi partageant son temps entre l’école et l’état de thé de son père, et l’influence prépondérante de l’organisation Ratshtriya Swayamsevak Sangh (RSS) qui est la matrice idéologique des hindouistes et particulièrement active dans la province frontalière du Gujarat.
Avec une méticulosité exemplaire, le biographe retrace le passé de son sujet, les circonstances matérielles, mais surtout les idées et les traditions qui ont forgé la pensée politique du lointain successeur de Nehru. Toute la première partie est consacrée à l’histoire du RSS et de la mouvance hindouiste. Cette histoire est peu connue en Occident, mais comme le rappelle le politologue Christophe Jaffrelot, elle est essentielle pour la compréhension de l’Inde contemporaine où la tradition hindouiste et la tradition universaliste se livrent une lutte acharnée pour la domination de l’imaginaire et des mentalités. On lira aussi avec intérêt les pages que consacre Mukhopadhyay au devenir politique de Modi, les combats qu’il a dû mener à l’intérieur même de sa famille politique pour s’imposer d’abord au Gujarat, puis au niveau national avant de se se faire nommer candidat du poste de Premier ministre. Le récit des émeutes anti-musulmanes de 2002 pendant lesquelles Modi est accusé d’avoir fermé les yeux et laissé les hindous massacrer impunément les musulmans, est emblématique de l’approche du biographe qui veut restituer la complexité de l’homme Modi, voguant entre ses propres contradictions. Mukhopadhyay compare son protagoniste à l’Israélien Ariel Sharon qui fut accusé en son temps d’avoir du sang sur les mains, mais dont le patriotisme ne pouvait être contesté.
Taj Mahal, Inde
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SOCIETE
Michael Jackson,
quel héritage cinq ans après sa mort ?
N
é le 2 9 août 1958 dans l’Indiana, Michael Jackson, est le septième d’une fratrie de 9 enfants. Dès l’âge de 6 ans, son père crée The Jackson Five, groupe dans lequel MJ chante avec quatre de ses frères. Leur succès est une aubaine pour leurs parents qui vivent très modestement. Très vite remarqué par le label Motown, le “band” devient populaire en 1969 et est parrainé par la célèbre Diana Ross. Le plus jeune des Jackson Five, Michael, va vite devenir le “petit chouchou” du public et des critiques. En 1971, le jeune garçon de 13 ans débute sa carrière en solo. Toujours sous le label Motown, il sort son premier alPage 34 • Onésha Afrika • Juin - Juillet 2014
bum en 1972, “Got To Be There”, tout en restant au sein du groupe fraternel. En 1979, son album “Off The Wall” lance sa carrière à l’international. Mais c’est avec le titre “Thriller” que MJ devient une superstar. Sorti en 1982, ce disque a été le plus vendu de l’histoire, avec près de 70 millions d’exemplaires écoulés. L’opus est resté au hit-parade américain pendant 37 semaines. Pour le clip, l’artiste innove et tourne presque un court-métrage. Qui ne se souvient pas de la danse décadente et des horribles zombies ? *(Ce cliché date de février 1986, lors des Grammy Awards à Los Angeles. Le King of Pop pose avec Dionne Warwick, Stevie Wonder, Quincy Jones et Lionel Richie. On peut y voir la transformation physique du chanteur : nez de plus en plus fin et peau presque blanche, cheveux quasiment lisses... Enfant, il a été traumatisé par
son père qui le surnommait “gros nez”. L’artiste profite de sa notoriété pour faire quelques changements qui le transformeront en légende humaine). Les années 1990 ont été fastueuses pour l’artiste pop. Après le succès planétaire de “Thriller”, les albums “Bad” (1987) et “Dangerous” (1991) le maintiennent au sommet. La star enchaîne les tournées comme ici au Stade de France en 1997. Ses tenues et ses talents de danseur auront toujours su le faire briller. D’autre part, Michael Jackson s’est toujours investi dans des projets humanitaires. Chaque titre et tournée est pour lui l’occasion de récolter des fonds pour diverses causes : la famine en Ethiopie, les maladies infantiles, le Sida, la préservation de l’environnement, l’aide aux victimes des attentats du 11 septembre... Par exemple, sa tournée “Dangerous World Tour” a permis de
Onésha Afrika
récolter plus de 400 millions de dollars pour des œuvres caritatives Le surnom de l’artiste, Bambi, se réfère à sa passion pour le monde de Disney et à sa volonté de rester enfant. Atteint du “syndrome de Peter Pan”, un adulte qui veut rester dans le monde de l’enfance, MJ transforme en 1992 son ranch californien en parc d’attractions qu’il nomme “Neverland” en hommage à son dessin animé préféré. En 1994, Michael Jackson épouse la fille du King Elvis Presley, Lisa Marie Presley. Ce mariage a créé la sur-
coup de l’euphorie a créé un scandale. Jusqu’où l’immaturité de Bambi le conduira-t-il ? Très proche des enfants, Michael Jackson est la cible de nombreuses rumeurs. En août 1993, Jordan, 13 ans, avec qui MJ s’était lié d’amitié, porte plainte pour attouchements sexuels. La star dément et accepte de se faire photographier les parties génitales pour l’enquête. La justice conclut à un non-lieu. Dix ans après, une accusation similaire sonnera le glas de sa réputation. Après la diffusion de “Living with Michael Jackson”, un documentaire sur la vie de l’artiste, un jeune de 14 ans l’accuse de pédophilie. Dévasté, il tombe progressivement dans l’addiction au Valium et au Xanax, qui le conduit à sa perte... Le 25 juin 2009, tous les médias sont branchés sur cette terrible nouvelle : le Roi de la Pop est mort à Los Angeles... d’une overdose de Propofol. On pleure sa perte partout dans le monde. L’homme de 51 ans laisse derrière lui des enfants et des fans orphelins.
prise dans l’opinion publique... Un an après les premières accusations d’attouchements sexuels sur mineur, cette union avec une femme aussi charmante tombe à point pour rattraper l’image entachée du chanteur.
Le public de l’artiste, déjà meurtri par le tragique événement, s’émeut encore plus le jour de son enterrement. Le 7 juillet 2009, la cérémonie diffusée en
direct rassemble plus de 17 000 invités et présente pour la première fois les enfants de Bambi à visages découverts. “Depuis que je suis née, papa est le meilleur père que vous ne puissiez imaginez. Je veux juste lui dire “Je t’aime énormément”, s’est exprimée la jeune Paris, en pleurs. Des fans dévastés se rassemblent partout dans le monde pour rendre hommage àMichael Jackson. Les larmes remplissent les visages et les mots doux les pancartes. Certains dansent le Moonwalk ou chantent “Billie Jean”, d’autres allument une bougie en l’honneur de leur égérie. L’artiste a marqué plusieurs générations, des nouvelles aux anciennes. Le père de Michael Jackson a des doutes sur la mort de son fils. Conrad Murray, le docteur personnel de la star, est suspecté de l’avoir tué. Il lui aurait injecté une dose fatale de Propofol et de sédatif Iorazepam. Le mobile ? Ce médecin, criblé de dettes, n’aurait pas obtenu d’argent de MJ... Après avoir été accusé d’homicide involontaire en décembre 2011, il passe deux ans en prison. Suite à sa libération, il a déclaré au “Daily News” : “Nous étions une famille, nous nous
Après son mariage éclair avec Lisa Marie, le chanteur se remarie en 1996 avec Debbie Rowe, l’infirmière de son dermatologue. D’origine australienne, elle lui donne deux enfants : Paris Michael Katherine (le prénom de sa propre mère) et Prince Michael Jr, avant de divorcer en 1999. En 2002, MJ dérape. Après la naissance de son troisième enfant, né d’une mère porteuse, la star décide de suspendre son bambin, de manière particulièrement dangereuse, audessus du vide par la fenêtre de son hôtel à Berlin. Ce risque pris sous le Onésha Afrika • Juin - Juillet 2014 • Page 35
aimions comme des frères. Je n’ai jamais rien donné à Michael Jackson qui aurait pu le tuer.” Dans les dernières années de sa vie, Michael Jackson était criblé de dettes. Zack Greenburg affirme dans son livre “Michael Jackson Inc.” que “Michael Jackson rapporte plus d’argent maintenant que jamais”. La Michael Jackson Estate, qui s’occupe de l’héritage de la mère, Katherine, et des trois enfants de la pop-star, a déjà encaissé plus de 700 millions de dollars. Sur la photo, Prince, Blanket et Paris Jackson honorent le contrat passé avec le Cirque du Soleil pour la tournée “Michael Jackson the Immortal Word Tour”, en janvier 2012. Le 12 mai dernier, près de 5 ans après la mort de l’artiste, un deuxième album posthume de Michael Jackson sort. Intitulé “Xscape”, il est composé des derniers titres réalisés par l’artiste, dont le duo avec Justin Timberlake “Love Never Felt So Good” que nous pouvons entendre partout, comme si le “Roi de la Pop” n’était jamais bien loin. A l’occasion des Billboard Music Awards de Los Angeles le 18 mai 2014, 104 artistes et techniciens ont travaillé Page 36 • Onésha Afrika • Juin - Juillet 2014
plus d’un an pour reconstituer “MJ” en hologramme. Il y a “chanté” “Slave To The Rythm”, un son enregistré en 1991. Entouré de vrais danseurs, le feu chanteur a fait son célèbre Moonwalk. Ses fans n’accepteront jamais qu’il disparaisse totalement. En 2013, Paris Jackson a tenté de mettre fin à ses jours après que des tests ADN affirment qu’elle n’est pas la fille biologique du chanteur, comme son frère Prince. Elle retrouve aujourd’hui la joie de vivre auprès de son cousin TJ Jackson, qui est aussi son tuteur. L’adolescente de 16 ans a été vue le 22 mars dernier auprès de sa famille. Après de nombreuses humiliations de la part de ses camarades, Paris est aujourd’hui scolarisée dans un lycée qui accueille des jeunes en difficulté dans l’Utah. Debbie Rowe, l’ex-femme de Michael Jackson, divorcée en 1999, a renoncé à ses droits sur ses deux enfants, Prince et Paris, contre six millions d’euros. Alors que sa progéniture est à la tête de l’empire Jackson, elle se bat pour récupérer la garde exclusive. Prince, bientôt 18 ans, Paris, 16 ans et Blanket, le dernier âgé de 12 ans, veulent rester aux côtés de leurs grands-parents qui
ont leur garde.
SOCIETE – Wikipédia africain
Un Camerounais veut créer le Wikipédia africain Par Journalducameroun.com, source bbc.co.uk Le site, qui sera baptisé “African Traditions Online Encyclopedia “, est une idée de Gaston Donnat Bappa, un chef ethnique dans une zone rurale du Cameroun
Un chef traditionnel Camerounais recommande les TIC pour préserver la culture traditionnelle africaine
D
es recherches sont en cours sur la création d’une encyclopédie traditionnelle africaine sur internet à l’image de Wikipédia. Cette encyclopédie sera une sorte de Wikipedia qui va publier des informations sur les langues et les coutumes africaines. Ces traditions courent un risque de disparition.
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L’idée du Wikipédia africain vient de Gaston Donnat Bappa, un chef ethnique dans une zone rurale du Cameroun [à Ndjock-Nkong, village situé dans la région du Littoral, département de la Sanaga Maritime, Ndlr] qui espère rassembler la tradition et la modernité sur Internet. «Certaines personnes pensent que les traditions n’appartiennent pas aux
technologies de l’information et de la communication » affirme Bappa. « Mais si nous ne savons pas d’où nous venons, nous ne pourrons pas savoir où nous allons». Ayant travaillé comme ingénieur informaticien dans plus de vingt pays africains, Bappa a observé que les traditions commencent à disparaître. «Le problème n’est pas que les jeunes ne
Onésha Afrika veulent pas les apprendre. C’est plutôt parce qu’ils n’ont pas accès aux traditions dans les zones urbaines.» Le nouveau site s’appellera “African
Traditions (Atoe)”
Online
Encyclopedia
Le quinquagénaire considère Internet comme l’occasion de sauver le précieux héritage africain. Et il décrit les TICs comme « la seule façon de garder les traditions pour les générations futures ». Wikipédia, dont la version anglaise contient plus que 4,5 millions d’articles, est un modèle d’inspiration pour Gaston Donnat Bappa. Comme Wikipédia, le nouveau site, qui s’appelera “African Traditions Online Encyclopedia (Atoe)”, recevra les contributions des bénévoles qui pourront adapter ou supprimer des contenus en collaboration avec d’autres. «Cela sera ouvert à tout le monde: Africains et non-Africains. Parce que l’Afrique est le berceau de l’humanité,» conclut-il.
les formes traditionnelles africaines de communication sont appelés à disparaître pour être remplacés par des media modernes
A la question…Pourquoi, à votre avis, est-il si important de préserver les cultures locales et de permettre aux gens de connaître leurs racines ? Gaston Donnat Bappa répond: Nous devons préserver notre culture par tous les moyens si nous voulons que les générations actuelles et futures restent debout dans un monde qui se globalise et qui écrase tous ceux qui ne s’analysent pas en profondeur pour puiser au plus profond de leur être de quoi se construire tout au fil de leur vie, en intégrant ce qu’ils apprennent où qu’ils soient dans le monde. Laissez-moi exprimer ma motivation profonde à travailler à la préservation de notre culture traditionnelle. Cette culture était en train de s’évanouir en laissant démunis tous les africains qui vivent éparpillés dans des villes et des pays du monde, ces endroits où la plupart d’entre eux sont nés. Sans les repères que pourrait leur apporter cette culture, ils essaient de construire leur vie uniquement en s’appuyant sur les modèles des lieux où ils finissent par s’enraciner, sans réaliser que leurs fondations originelles sont construites selon une architecture différente. Ils ne doivent pourtant pas perdre leurs origines de vue et faire des choix judicieux, pour réaliser leur plein potentiel de développement. Ces fondations comprennent des traditions ancestrales, l’organisation inclusive de la société africaine traditionnelle, source de joie de vivre et d’un grand respect de l’humanité. L’Afrique est riche d’une myriade de langages, chacun portant les savoirs millénaires des hommes dont nous n’avons même pas encore réussi à faire le tour. Elle est riche de ses peuples indigènes et originels, de sa culture orale, de ses histoires et de ses conteurs, de ses griots et de ses proverbes, de ses mythes, ses légendes, ses totems, de ses sorciers et de ses patriarches, de son folklore, de ses connections avec ceux qui ne sont plus, de sa pharmacopée dont l’efficacité commence à être reconnue, de son art et de son artisanat qui sont vendus partout etc… Tout autant de trésors qu’il faut sauver. Désormais, les formes traditionnelles africaines de communication, principalement la transmission orale, les tam-tams, les messagers humains ou les signaux de fumée sont appelés à disparaître pour être remplacés par des media modernes tels que l’écrit, la radio, le téléphone, la télévision, l’ordinateur et par extension, Internet. L’Afrique est bombardée tous les jours d’informations et de manières de vivre qui n’ont rien à voir avec sa culture. Pour autant, ces nouvelles technologies de la communication et de l’information peuvent être en développés en toute cohérence avec les modes anciens de transmission et de sauvegarde de l’information. En effet, les media numériques peuvent remplacer très efficacement et décupler la mémoire humaine en offrant un potentiel de restitution sans précédent.
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CULTURE - Livre
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Laurent Gbagbo assure avoir financé la campagne de Chirac Par francetvinfo.fr L’ancien président ivoirien sort le livre “Pour la vérité et la justice” le 26 juin prochain, où il parle de sa relation avec les hommes politiques français
D
ans son livre “Pour la vérité et la justice”, qui sort le 26 juin, l’ancien président ivoirien se lâche sur les hommes politiques français. L’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo devant la Cour pénale internationale, le 19 février 2013 à La Haye (Pays-Bas). “Chez lui, à la place des idées, il y a l’arrogance.” Hollande : “Je n’en ai jamais rien attendu, et je n’en attends rien.” Depuis sa prison de La Haye (Pays-Bas), où il attend son procès pour crimes contre l’humanité, Laurent Gbagbo n’est pas tendre avec les politiques français. Dans son livre Pour la vérité et la justice (éditions du Moment), à paraître le 26 juin, l’ancien président ivoirien livre une part de sa stratégie de défense à venir, ne seraitce que dans le sous-titre de son livre, “Côte d’Ivoire : révélations sur un scandale français”.
Sarkozy :
Le Point a publié des extraits du livre, le lundi 23 juin. Laurent Gbagbo assure notamment avoir financé la campagne présidentielle de Jacques Chirac en 2002 : “C’était en 2001, je
pense. Villepin et Robert Bourgi m’ont demandé de cracher au bassinet pour l’élection en 2002 en France. (...) C’était le prix pour avoir la paix, en Françafrique. J’ai eu une entrevue avec Chirac, tout s’est très bien passé, il m’a raccompagné, il était très amical, et il m’a dit en me tapant sur l’épaule, sur le perron : ‘Je ne suis pas un ingrat.’” Les socialistes “ont un complexe”
L’ancien président ivoirien s’attaque ensuite aux dirigeants français actuels : “François Hollande, il venait me voir à mon hôtel chaque fois que j’étais à Paris. Je n’en ai jamais rien attendu, et je n’en attends rien. (...) Les socialistes français ont un complexe… Ils veulent faire croire qu’ils gouvernent comme la droite.” Sur Nicolas Sarkozy, Laurent Gbagbo raconte : “Je n’avais donc aucun a priori négatif. Il a quitté l’aire réservée aux
cinq membres du Conseil de sécurité dès qu’il m’a vu, et il est venu me serrer la main. ‘Président, ces élections, vous les faites quand ?’ (…) La discussion s’est arrêtée là. Chez lui, à la place des idées, il y a l’arrogance.” Onésha Afrika • Juin - Juillet 2014 • Page 41
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CHRONIQUE de Cyrille Momote Kabange
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Les frémissements de la décadence ou les signes des temps
C
omme le siècle précédant, le XXIe siècle apporte son lot de désespérance, des quiproquos qui déroutent les esprits les plus solides. Ces dernières années, ce sont les technologies de l’information qui donnent le ton du paradoxe en nourrissant le sentiment chez la multitude humaine que tout est accompli. Le progrès est définitivement acquis face à un horizon qui s’élargit sans cesse. Au même moment, plus d’un milliard d’êtres humains sont laissés au bord de la route et leur condition ne décrit nullement une trajectoire linéaire. La crise qui couvait depuis les années 90 et éclate brutalement en 2008 ne permet pas aux responsables qui,
pourtant, l’ont appréhendée, les moyens de conjurer les conséquences d’un tel bouleversement. Depuis, tout se déroule comme si l’on était en face d’une dégringolade de toutes les valeurs morales auxquelles on a tenu jusqu’ici. Le relativisme ambiant aidant, rien ne correspond plus à un absolu même pas la vie. A l’échelle sociale s’entend, c’est vraiment le « tohu bohu » qui s’installe. En France par exemple, l’on a assisté à cette perversion du concept de liberté dont les ressorts principaux sont l’égoïsme et l’individualisme primaire. Toutes les catégories sociales rechignent à toute réforme et n’ont qu’une réponse à ce qu’elles présentent comme leurs préoccupations, s’opposer sans autre forme de procès. Les appels à la
responsabilité citoyenne des autorités politiques n’y font absolument rien. Pire, les élèves des lycées s’y sont mis à leur tour en vilipendant les sujets de baccalauréat qui leur sont soumis. Depuis quand un élève a-t-il le droit de repousser un questionnaire qu’il juge « trop difficile » pour lui ? D’autres évènements qui relèvent du domaine général sont à inscrire dans cette sorte de fin de cycle. C’est le cas du Mondial de Football au Brésil. Une marche à rebours de presque tous les favoris l’a montré. L’Espagne qui, la première, a piqué du nez de la manière la plus honteuse (5-1) contre les PaysBas et contre le modeste Chili (0-2). Le Costa-Rica, un autre petit poucet, bat l’Italie (3-1) dès l’entame de la Coupe du Monde, et tutti quanti. Onésha Afrika • Juin - Juillet 2014 • Page 43
Sur le plan institutionnel et politique les choses sont claires.
Les dernières semaines ont été marquées en Europe par un chapelet d’élections aux niveaux des municipalités et du parlement européen, en France et en Belgique., ce sont les législatives qui ont tenu la vedette de même qu’en Grèce. De tous ces différents scrutins, se dégageait un parfum de souffre annonciateur des atmosphères délétères qui précisent un climat dangereux dont les effluves n’épargnent personne. En Europe occidentale, le marqueur de cette catastrophe imminente est la victoire des courants dits populistes dans presque tout l’espace de l’Union Européenne. Dans cette grisaille politique entretenue durant des mois précédant toutes ces élections par de perfides sondages, les paramètres les plus marquants étaient l’abstention atteignant des sommets et la colère inexpugnable des diverses population du Continent. Submergé par une crise matérielle sans précédent qui se traduit par un chômage de masse, les peuples des pays industrialisés à quelques exceptions près voient se profiler une crise morale dont le symptôme se lit dans les actes désespérés des personnes qui se suicident de plus en plus, des crimes horribles dont le caractère gratuit renvoi à des temps immémoriaux et souvent sans motifs probants. Un élan autodestructeur traverse ces sociétés qui s’encanaillaient, il y a peu, dans le culte dionysiaque du Carpe diem. Voici donc que beaucoup n’y tiennent plus à croire que l’abondance des biens nuit à ceux qui en possèdent. D’autres, certainement, sont désespérés et coincés face à un horizon assombri définitivement et qui les prive d’un paradis terrestre auquel ils ont cru abusivement être seuls à y accéder. De ce qui affecte l’homme européen dans son être profond, on peut épingler le recul de la discipline morale dont ce dernier veut se couvrir par toutes sortes de subterfuges notamment le relativisme suspect qui consiste à Page 44 • Onésha Afrika • Juin - Juillet 2014
minimiser l’argument des valeurs qui pour être nécessaires doivent reposer sur un socle inexpugnable ; la hiérarchie normative. Tout ne se vaut pas en effet. Beaucoup, aujourd’hui, ne tiennent pas à corseter leur expression ni a pourvoir une réflexion en échelles permettant de distinguer le fait ou l’argument de valeur par rapport à une simple opinion. Cette absence de cohérence interne dans le discours de plus en plus d’européens soulignent le fait du populisme et montre que la montée de ce courant de l’extrême n’est pas seulement le fait de la conjoncture mais participe d’un mouvement de fonds. Le vocabulaire de l’extrême droite en Europe s’est rapproché curieusement des leaders populistes « tous pourris ». Quand on sait que le socle idéologique de l’extrême-droite est la violence, l’exploitation des poncifs et le refus de la critique quelle qu’elle soit. La tendance constatée à l’heure actuelle est que les parties populistes déstabilisent la norme morale dans les cogitations d’une opinion publique très large. Par exemple la sacro-sainte règle juridique qui décrète : « Nul ne peut rendre justice par lui-même » passe à notre époque par le filtre du relativisme vulgaire. Une radio belge a organisé une sorte de sondage sujet d’un évènement survenu en France. Dans un quartier de la périphérie immédiate de Paris, un groupe de citoyens s’est constitué en commando punitif chez un jeune homme de 16 ans d’origine ROM soupçonné d’être l’auteur d’un larcin dans le périmètre. Le malheureux a été conduit dans un abri et a été battu jusqu’à ce qu’il tombe dans un coma
profond. L’affaire a été diffusée par la police française et la radio a confronté ses auditeurs à ce cas de conscience. 80% des réponses respiraient la haine de l’étranger ROM et une véritable réhabilitation de la loi de Talion : « Œil pour œil, dents pour dents ». A croire que le Christ est venu pour rien dans les contrés du reste largement déchristianisées. Voilà un signe irréfragable du destin. C’est une indication assez conforme à la pensée d’Aristote : « Les malheurs des peuples viennent toujours de la manière dont ils prennent des libertés avec leurs propres lois, leurs propres traditions et coutumes… ! ». Le destin, toujours lui, insaisissable tel Prothée, nous laisse à nos illusions Il faut se réjouir, en revanche, de ce que les Africains au sud du Sahara échappent cette fois-ci au jugement de ce qui jouaient les cassandre à leur sujet. Le FMI qui par la voix de sa directrice générale Christine Lagarde a déclaré sans ambages : « L’Afrique subsaharienne affiche le deuxième taux de croissance mondial derrière l’Asie. Elle a réussi à réduire de 10% la pauvreté de ses populations depuis que les objectifs du millénaire ont été institués par l’ONU. Enfin, elle a pris connaissance que les réformes étaient ingératives pour préserver ses ressources et en faire profiter le plus grand nombre ».
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SANTE
EBOLA : Comprendre la maladie Par Journalducameroun.com, source OMS Il n’existe pas de vaccin ou de traitement spécifique, que ce soit pour l’homme ou pour l’animal, face à cette maladie qui sévit dans certaines régions d’Afrique. Les clés et les gestes utiles
La maladie à virus Ebola chez l’homme est due au virus du même nom et son taux de létalité (synonyme de mortalité) peut atteindre 90%. Le virus est apparu pour la première fois en 1976, lors de deux flambées simultanées à Nzara (Soudan) et à Yambuku (République démocratique du Congo). Yambuku étant situé près de la rivière Ebola, c’est de là qu’est venu le nom de la maladie. Le genre Ebolavirus est l’un des trois appartenant à la famille des filoviridés (filovirus), aux côtés des genres Marburgvirus et Cuevavirus. Il compte cinq espèces distinctes: Bundibu-
gyo (BDBV) ; Zaïre (EBOV); Reston (RESTV); Soudan (SUDV); Forêt de Taï (Taï Forest TAFV). Contrairement à RESTV et TAFV, BDBV, EBOV et SUDV ont été associés à d’importantes flambées de maladie à virus Ebola en Afrique. L’espèce RESTV, que l’on trouve aux Philippines et en République populaire de Chine, peut infecter l’homme, mais on n’a jamais signalé jusqu’à présent de cas de maladies ou de décès qui lui soient dus. Transmission
Le virus Ebola s’introduit dans la population humaine après un contact étroit avec du sang, des sécré-
tions, des organes ou des liquides biologiques d’animaux infectés. En Afrique, l’infection a été constatée après la manipulation de chimpanzés, de gorilles, de chauves-souris frugivores, de singes, d’antilopes des bois et de porcs-épics retrouvés malades ou morts dans la forêt tropicale. Il se propage ensuite dans les communautés par transmission interhumaine, à la suite de contacts directs (peau lésée ou muqueuses) avec du sang, des sécrétions, des organes ou des liquides biologiques de personnes infectées, ou de contacts indirects par l’intermédiaire d’environnements contaminés par ce type de liquides. Les rites funéraires au cours desquels Onésha Afrika • Juin - Juillet 2014 • Page 45
SANTE les parents et amis du défunt sont en contact direct avec la dépouille peuvent également jouer un rôle dans la transmission du virus Ebola. Le sperme peut continuer de transmettre le virus jusqu’à sept semaines après la guérison clinique. Des agents de santé se sont souvent infectés en traitant des cas suspects ou confirmés de maladie à virus Ebola. Cela s’est produit lors de contacts étroits avec les patients, lorsque les précautions anti-infectieuses n’ont pas été strictement appliquées. Chez les personnes travaillant au contact de singes ou de porcs infectés par le virus Ebola Reston, on a constaté plusieurs cas d’infections humaines cliniquement asymptomatiques. Le RESTV semble donc moins pathogène pour l’être humain que les autres espèces. Toutefois, les données disponibles ne concernent que des hommes adultes en bonne santé. Il serait donc prématuré de tirer des conclusions sur les effets de ce virus pour la santé dans tous les groupes de la population, notamment les sujets immunodéprimés, les personnes ayant des problèmes médicaux préexistants, les femmes enceintes ou les enfants. Il faudra faire de nouvelles études sur le RESTV avant de pouvoir tirer des conclusions définitives sur sa pathogénicité et sa virulence pour l’homme. En Afrique, l’infection a été constatée après la manipulation de chimpanzés, de gorilles et d’autres animaux Signes et symptômes
La maladie à virus Ebola est une virose aiguë sévère se caractérisant par une apparition brutale de la fièvre, une faiblesse intense, des myalgies, des céphalées et une irritation de la gorge. Ces symptômes sont suivis de vomissements, de diarrhée, d’une éruption cutanée, d’une insuffisance rénale et hépatique et, dans certains cas, d’hémorragies internes et externes. Les analyses de laboratoire révèlent une baisse de la numération leucocytaire et plaquettaire, ainsi qu’une Page 46 • Onésha Afrika • Juin - Juillet 2014
élévation des enzymes hépatiques. Les sujets atteints restent contagieux tant que le virus est présent dans leur sang et leurs sécrétions. On a isolé le virus Ebola dans le liquide séminal 61 jours après l’apparition de la maladie chez un homme ayant contracté l’infection dans un laboratoire. La durée d’incubation, c’est-à-dire le temps écoulé entre l’infection par le virus et l’apparition des premiers symptômes, varie de 2 à 21 jours. Diagnostic
Avant de poser le diagnostic de maladie à virus Ebola, il faut exclure la possibilité d’autres affections telles que: le paludisme, la fièvre typhoïde, la shigellose, le choléra, la leptospirose, la peste, la rickettsiose, la fièvre récurrente, la méningite, l’hépatite et d’autres fièvres hémorragiques virales. Plusieurs types de tests permettent de poser le diagnostic définitif des infections à virus Ebola au laboratoire: - titrage immunoenzymatique (ELISA); - détection de l’antigène; - test de séroneutralisation; - amplification génique précédée d’une transcription inverse (RT-PCR; - isolement du virus sur culture cellulaire. Les échantillons provenant des patients s’associent à un risque biologique extrême et les analyses ne devraient être exécutées que dans les conditions de confinement les plus rigoureuses possible. Prévention et traitement
Il n’existe pas de vaccin contre la maladie à virus Ebola. Plusieurs vaccins en sont au stade des essais, mais aucun n’est disponible pour un usage clinique. Les cas graves doivent être placés en unité de soins intensifs. Les patients sont souvent déshydratés et ont besoin d’une réhydratation par voie orale au moyen de solutions d’électrolytes ou par voie intraveineuse.
Il n’existe pas de traitement spécifique. De nouveaux traitements médicamenteux sont en cours d’évaluation. Hôte naturel du virus Ebola
En Afrique, on pense que des chauves-souris frugivores, appartenant notamment aux espèces Hypsignathus monstrosus, Epomops franqueti et Myonycteris torquata, sont des hôtes naturels possibles du virus Ebola. Par conséquent, la répartition géographique de celui-ci pourrait se superposer à celle des chauves-souris. Le virus Ebola chez l’animal
Bien que des primates aient été à l’origine de l’infection chez l’homme, on ne pense pas qu’ils soient le réservoir, mais plutôt des hôtes accidentels du virus, tout comme l’être humain. Depuis 1994, on a observé chez des chimpanzés et des gorilles des flambées d’infections à virus Ebola avec les espèces EBOV et TAFV. L’espèce RESTV a été à l’origine de flambées sévères de maladie à virus Ebola chez des macaques (Macaca fascicularis) élevés aux Philippines et elle a été détectée chez des singes importés aux États-Unis d’Amérique en 1989, 1990 et 1996, ainsi que chez des singes importés en Italie en 1992 en provenance des Philippines. Depuis 2008, on a détecté des virus RESTV au cours de plusieurs flambées d’une maladie mortelle chez les porcs aux Philippines et en Chine. On a signalé l’infection asymptomatique chez le porc et des inoculations expérimentales ont montré que ce virus n’est pas pathogène dans cette espèce. La connaissance des mesures de protection à prendre à titre individuel sont le seul moyen de réduire l’infection et la mortalité chez l’être humain Prévention
Contrôle du virus Ebola Reston chez l’animal domestique Il n’existe pas de vaccin vétérinaire contre ce virus. Le nettoyage et la désinfection systématiques des élevages de porcs et de singes (avec de l’hypochlorite de sodium ou d’autres
Onésha Afrika détergents) devraient être efficaces pour inactiver le virus. En cas de suspicion d’une flambée, les locaux doivent être mis immédiatement en quarantaine. L’abattage des animaux infectés, avec une surveillance rigoureuse de l’enterrement ou de l’incinération des carcasses, peut s’avérer nécessaire pour réduire le risque de transmission de l’animal à l’homme. La restriction ou l’interdiction du déplacement des animaux à partir des élevages infectés vers d’autres zones peut réduire la propagation de la maladie. Comme des flambées d’infection à RESTV chez le porc et le singe ont précédé des cas d’infection chez l’homme, la mise en place d’un système de surveillance active de la santé animale est essentielle pour une alerte précoce des autorités de la santé publique et vétérinaire. Réduction du risque d’infection à virus Ebola chez l’homme En l’absence de traitement efficace et de vaccin pour l’homme, la sensibilisation aux facteurs de risque et la connaissance des mesures de protection à prendre à titre individuel sont le seul moyen de réduire l’infection et la mortalité chez l’être humain. En Afrique, lors des flambées de maladie à virus Ebola, les messages éducatifs de santé publique visant la réduction du risque seront axés sur les points suivants: - Réduction du risque de transmission entre les animaux sauvages et l’homme par contact avec des chauves-souris ou des singes/primates infectés et par la consommation de leur viande crue. Il faut manipuler les animaux avec des gants et porter des vêtements protecteurs adaptés. Les produits (sang et viande) doivent être cuits soigneusement avant d’être consommés. - Réduction du risque de transmission interhumaine dans la communauté provenant de contacts directs ou rapprochés avec des sujets infectés, notamment avec leurs liquides biologiques. Il faut éviter tout contact
rapproché avec des patients infectés par le virus Ébola. Il faut porter des gants et un équipement de protection individuel adapté lorsqu’on soigne des patients à domicile. Il est indispensable de se laver régulièrement les mains après avoir rendu visite à des parents malades à l’hôpital ou après les avoir soignés à domicile. - Les communautés touchées par le virus Ébola doivent informer la population de la nature de la maladie et des mesures prises pour endiguer la flambée, y compris lors des rites funéraires. Les personnes mortes de cette infection doivent être enterrées rapidement et sans prendre de risque. Les élevages de porcs en Afrique peuvent jouer un rôle dans l’amplification de l’infection à cause de la présence de chauves-souris sur ces exploitations. Des mesures adaptées de sécurité biologique doivent être prises pour limiter la transmission. Pour le RESTV, les messages éducatifs de la santé publique doivent être axés sur la réduction du risque de transmission du porc à l’homme qui résulte de pratiques d’élevage et d’abattage dangereuses, ainsi que de la consommation de sang frais, de lait ou de tissus animaux crus. Il faut porter des gants et des vêtemenths de protection adaptés pour manipuler les animaux malades, leurs tissus ou les abattre. Dans les régions où l’on a signalé le RESTV chez le porc, tous les produits animaux (sang, viande et lait) doivent être cuits soigneusement avant d’être consommés.
important que les agents de santé appliquent les précautions d’usage à tous les patients, quel que soit le diagnostic, dans toute pratique professionnelle et à tout moment. Ces précautions comportent l’hygiène des mains, l’hygiène respiratoire, le port d’un équipement de protection individuel (selon le risque d’éclaboussures ou d’autres contacts avec des matières infectées), la sécurité des injections et des rites funéraires. En présence d’un cas suspect ou confirmé d’infection à virus Ebola , les agents de santé soignant le malade doivent, en plus des précautions d’usage, prendre d’autres mesures de lutte anti-infectieuse pour éviter toute exposition avec le sang ou les liquides biologiques du patient et tout contact direct avec l’environnement susceptible d’être contaminé. Lors des contacts proches avec des patients ayant une maladie à virus Ebola (c’est-à-dire à moins d’un mètre), ils doivent porter une protection faciale (écran facial, ou masque chirurgical et lunettes de protection), une blouse propre, non stérile à manches longues, et des gants (stériles pour certains actes médicaux). Les employés des laboratoires sont également exposés au risque. Les échantillons prélevés pour le diagnostic sur des cas suspects (être humain ou animal) doivent être manipulés par du personnel formé et traités dans des laboratoires suffisamment équipés.
Lutte contre l’infection dans les établissements de soins
La transmission interhumaine du virus Ebola est avant tout liée au contact direct ou indirect avec du sang et des liquides biologiques. Elle a été signalée pour les agents de santé lorsque des mesures suffisantes de lutte antiinfectieuses n’ont pas été respectées. Il n’est pas toujours possible d’identifier rapidement les patients présentant une maladie à virus Ebola car les symptômes initiaux peuvent manquer de spécificité. Pour cette raison, il est Onésha Afrika • Juin - Juillet 2014 • Page 47
SPORT – FOOTBALL
Mondial 2014: Forces et faiblesses des équipes africaines Par Josiane R. MATIA Le monde vit déjà au rythme du plus grand rendez-vous footballistique mondial. Les 32 meilleures nations de la planète, comme tous les quatre ans, se retrouvent pour offrir du spectacle à des milliards d’amoureux du ballon rond. Cette fois, c’est au Brésil, le pays du roi Pelé, du 12 juin au 13 juillet prochain. Cinq équipes africaines sont engagées: l’Algérie, le Cameroun, la Côte d’Ivoire, le Ghana et le Nigeria. Cinq équipes qui feront tout pour aller le plus loin possible, et surtout qui essayeront de dépasser le seuil symbolique des quarts de finale.
A
u milieu des favoris comme l’Espagne, l’Allemagne ou le Brésil et des outsiders du calibre de l’Italie et du Portugal, les équipes africaines font un peu office de faire-valoir. Mais, il faut le reconnaître, depuis 30 ans, le football africain ne cesse de franchir des étapes. A son rythme, il est vrai. De la victoire de l’Algérie en 1982 face au futur finaliste allemand (2-1) aux quarts de finale du Cameroun (1990), du Sénégal (2002) et du Ghana (2010), en passant par la qualification pour les 1/8es de finale du Maroc en 1986, du chemin a été parcouru sans conteste. Même si, particulièrement attendues lors de la première compétition du genre organisée sur le continent en 2010, ces équipes avaient déçu, hormis le Ghana. Alors, cela pourrait-il être différent cette fois ? Certains veulent y croire. C’est le cas d’Avram Grant, ancien entraîneur de Chelsea. « Je suis convaincu que les équipes africaines produiront d’excellents résultats à la coupe du monde cet été au Brésil. Je pense sincèrement qu’avec un moral au plus haut, la Côte d’Ivoire, le Ghana et le Nigeria pourraient franchir le cap des quarts de finale et écrire une nouvelle page de l’histoire du football africain », déclarait-il récemment dans une interview. Pour le technicien, un moral d’acier serait la formule qui permettrait aux cinq représentants de Page 48 • Onésha Afrika • Juin - Juillet 2014
l’Afrique de tenir tête aux ténors du football mondial. Et la chaleur qui règne au Brésil en cette période de l’année pourrait aussi être à l’avantage des équipes africaines. Ce qui a fait dire à Roy Hodgson, le sélectionneur de l’équipe d’Angleterre, qu « ’une équipe africaine avait plus de chance de remporter la coupe du monde 2014 qu’une équipe européenne, en raison du facteur climatique ». En tout cas, si l’argument est discutable, le fait est qu’aucune équipe du Vieux continent n’a jamais réussi, jusqu’à présent, à s’imposer en Amérique. Mais, rien n’est à exclure. Gardons donc les pieds sur terre car ce qui attend ces équipes en ces mois de juin et juillet 2014 sera loin d’une balade de santé. En tout cas, pour le Cameroun et le Ghana, rien ne sera facile. Les Lions se retrouvent dans la poule du Brésil, du Mexique et de la Croatie. Des réglages sont encore nécessaires mais le groupe est homogène et nul doute que cette septième participation à une phase finale de la coupe du monde peut se révéler un atout. Le Ghana, lui, reste sur des résultats probants, notamment après le dernier
Onésha Afrika
Mondial où les Black Stars avaient raté une qualification en demi-finale à cause de la maladresse et de la désormais célèbre main de Luis Suarez. Si le Nigéria se retrouve dans la même poule que l’Argentine de Lionel Messi, il y a pourtant un bon coup à jouer pour les champions d’Afrique entre l’Iran et la Bosnie-Herzégovine. D’ailleurs, de nombreux techniciens voient bien les Super Eagles passer le premier tour. Quant à la Côte d’Ivoire, meilleure nation africaine (21e mondiale) au classement Fifa d’avril, elle dispose de toutes ses chances dans un groupe assez ouvert avec la Colombie, la Grèce et le Japon. Ce serait en tout cas une belle occasion pour une équipe en fin de cycle de tenir enfin les nombreuses promesses avec ce gisement d’individualités. L’Algérie, 25e mondiale, peut également tirer son épingle du jeu dans une poule composée de la Russie, de la Corée du Sud et de la Belgique. Si les Fennecs se cherchent visiblement encore collectivement, les individualités peuvent constituer ici aussi un facteur favorable. Il faut juste espérer que chacun des représentants africains a mis toutes les chances de son côté pour aborder le rendez-vous brésilien dans de meilleures conditions, armé de l’indispensable expertise technique. Une chose est certaine, l’équipe qui se montrera la plus mature a bien des chances de passer le cap de la phase des poules qui ouvre d’autres perspectives. Une place historique dans le dernier carré, par exemple, ou même sur la plus haute marche. Impossible n’est pas africain. Du moins, dans les rêves les plus fous.
les Lions indomptables du Cameroun ont été inexistant dans cette coupe du Monde au Brésil
Les guerriers du désert (Algérie) à la conquête du Brésil?
Les Super Eagles à l’entrainement, photo : Christian Thompson/Backpage
Les ‘Super Eagles’ du Nigeria. Photo: Sipa USA / Rex
L’équipe de Côte d’Ivoire pourrait faire un grand pas vers le second tour
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FOCUS
90% du patrimoine archéologique africain est en Europe Les explications de Samuel Sidibé, archéologue, directeur du Musée national du Mali.
Le trafic illicite des biens culturels doit durer depuis longtemps maintenant. A partir de quand est-il devenu préoccupant ?
Ce trafic a toujours été un problème. Pendant l’époque coloniale, l’Afrique a été considérablement dépouillée de son patrimoine, à travers les saisies guerrières, à travers les missions ethnologiques (ou scientifiques si vous préférez). Mais à partir des années 1960, un marché important s’est également développé. Il y avait des commerçants circulant partout en Afrique pour acheter des objets à vil prix, objets qu’ils revendaient en Europe. Je crois que c’est à partir des années 1970 que les Etats africains ont commencé à réfléchir vraiment à la question. Ils ont donc œuvré, avec l’Unesco, à mettre en place la Convention de 1970, visant à empêcher l’exportation illicite du patrimoine, et à mettre en place une coopération internationale pour préserver ce patrimoine. Le phéPage 50 • Onésha Afrika • Juin - Juillet 2014
nomène a connu une ampleur importante à l’époque coloniale, mais il a continué à se développer pour plusieurs raisons.
cinq millions F Cfa, mais a été proposé à environ 40 millions dès qu’il est arrivé en Europe. Il y a une vraie demande.
Lesquelles ?
Quels sont les pays « consommateurs » ?
D’abord, les Etats n’ont pas été suffisamment vigilants, en mettant en place des musées, en formant adéquatement des personnels, et en dégageant des moyens pour la conservation du patrimoine sur place, et pour contrer le phénomène du trafic illicite. Qui alimente ce trafic aujourd’hui ?
Le trafic naît, d’abord, d’une forte demande à l’extérieur. Vous avez des collectionneurs privés, des musées dans une certaine mesure, qui sont intéressés par ce patrimoine, ces objets africains, qui ont acquis, au fil du temps, le statut d’objets d’art. Lesquels peuvent valoir aujourd’hui, sur le marché international, des sommes considérables. Je vous prends le cas d’un objet malien qui a été vendu à Bamako à
Ce sont toujours les mêmes, les pays du Nord : France, Belgique, EtatsUnis, etc. Des pays riches où beaucoup (marchands, musées, collectionneurs privés) sont intéressés par les objets d’art africains. Cela se fait au détriment de l’Afrique. Aujourd’hui, on évalue que 90% du patrimoine connu en Afrique est déjà en Europe. Si on ne fait rien pour que ce phénomène s’arrête, on sera dépouillé de tout. Il faut que les Etats africains – s’ils sont intéressés par la sauvegarde de notre mémoire – mettent en place aujourd’hui des institutions véritablement opérationnelles. Les musées en Afrique de nos jours manquent encore de trop de choses.
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Le Secret d’Afrique
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