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Onésha Afrika

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Magazine

M e ns ue l int e r na t iona l P OLI TI QU E, ECONOMI E, SOCI AL, S P ORT ... Ma i 2011 N°1

Côte d’Ivoire :

LES GRANDES INCONNUES DE L’APRÈS-GBAGBO

RDC

Élection présidentielle/2011 KABILA, TSHISEKEDI, KAMHERE : 3 Candidats, 3 Obstacles

Afrique

50

ans après les indépendances ...

Marocain?

Que dit-on sur toi dans les médias belges???


PUB ONésha


ÉDITORIAL

La culture, l’Alfa et l’Oméga du développement

U

n nouveau magazine nait sur les cendres de « GLOBAL AFRIC’MAG. C’est tout un programme. Cette nouvelle entreprise traduit, en effet, notre détermination à changer l’image de l’Afrique associée à la pauvreté économique et aux troubles politiques.

turelle dans les médias. Elle s’arrête en R.D.Congo à la musique d’amusement et les hommes politiques en savourent les retombées parce que les populations urbaines réduites à ingurgiter les oripeaux culturels sont plus malléables et faciles à manipuler.

Le nouveau titre du journal est : ONESHA AFRIKA. Onesha, un mot en Swahili (l’une des langues internationales de l’Afrique) qui signifie « Montrez ». C’est impérativement que nous devons présenter aux autres continents, ce que nous avons fait du nôtre. Mais cette mutation essentielle ne peut s’opérer durablement sans un changement de mentalité. D’aucuns répètent à l’envie qu’il faut embrasser la modernité, étroit couloir dans lequel nous tournons le dos à nos traditions et nous nous abandonnons aux modèles conceptuels des sociétés dites avancées. Une grande partie de l’opinion parmi l’élite politique et économique voudrait que cela soit la seule réalité possible. Vendre son âme au diable pour vu que cela rapporte des gains matériels aux populations. L’économie prime le culturel. Or depuis les indépendances, la raison majeure de graves distorsions dans l’économie, le disfonctionnement dans les administrations publiques a un nom : le peu de cas fait à la culture.

a conséquence de tout ça est que les gens sont frustrés et voient tout en noir jusqu’à perdre l’estime d’euxmêmes. Aussi l’auto-flagellation est-elle une perversion dont l’inconscient collectif des Africains doit se débarrasser au plus vite. Sinon les afro-pessimistes en profitent. Par exemple, M. Nicolas Sarkozy, président fraîchement élu de la République française est allé à Dakar pour proclamer exCathedra que « l’Afrique n’est pas suffisamment entrée dans l’histoire ».

Des budgets squelettiques consentis à des ministères de la culture déconsidérés aux programmes scolaires d’où est évacuée toute adaptabilité aux conditions du milieu endogène, c’est exaspérant. Par exemple l’enseignement des sciences à différents niveaux accuse très peu le souci de la recherche fondamentale. Il existe bel et bien en Afrique Noire des ministères de la Recherche Scientifique mais les initiatives des chercheurs locaux laissés à eux-mêmes ne peuvent se développer faute de soutiens structurés. L’histoire africaine dans le secondaire est délivrée en portion congrue alors qu’elle devait avoir une place de choix au milieu des matières qui s’échelonnent de la protohistoire à l’époque contemporaine. D’autres aspects s’y mêlent, en particulier, l’animation cul-

L

Aucun doute qu’il ne lui serait jamais venu à l’esprit d’exprimer une telle vue à Pékin, à Kuala-Lumpur ou Bangkok auxquels on reconnait une fulgurante progression du PIB et d’autres indices macro-économiques mais dont les sociétés accusent un retard conséquent du point de vue du développement humain et des droits de l’homme.

Pourquoi ?

En dehors des considérations purement mercantiles qui sont la marque de service de l’impérialisme, il y a de la part de ces États dont les dirigeants en visite à Pékin, courbent aujourd’hui l’échine devant l’impénétrable Hu Jinthao (le président chinois) un réel respect pour ces gens qui ont conduit leurs peuples dans une autarcie presque totale sans rompre les amarres avec leur passé ni substituer par mimétisme aveugle leur mode de vie propre par un modèle de conduite prétendument universelle. Les Africains qui, à leur tour, peuvent étaler des atouts non négligeables en termes de civilisation et de culture, ne devraient pas développer le reflexe pavlovien qui consiste à saliver chaque fois que des thuriféraires se pâment d’admiration béate à la vue des réalisations dans l’ex métropole coloniale (autoroutes, métro, constructions architecturales gigantesques, les retombées

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ÉDITORIAL de l’État-Providence etc.). Ils doivent au contraire intérioriser un ensemble de référents qui sont par rapport à l’idée de civilisation ou de culture tout aussi admirables.

Ce que la thématique des articles sur le développement économique et social de l’Afrique présentés dans cette édition vous encourage à retenir est clair:

S

L’Afrique ne doit pas être complexée par le passé et la culture d’autres continents, ce qui la conduit encore de nos jours à considérer qu’elle ne peut rien faire par elle-même.

onger une fois à la force de caractère des ingénieurs et ouvriers qui ont construit les pyramides d’Égypte et d’autres monuments fantastiques au Soudan nubien (des Noirs à la peau de jais) vers la même époque, c’est à dire il y a 6000 ans, à la brillante civilisation du Monomotapa dans le Zimbabwe actuel aux villes et ouvrages d’art du Mali, du Ghana, du Bénin ainsi que la bonne gouvernance qui a permis à ces Etats de durer plusieurs siècles, les contacts n’étant établis que plus tard avec les étrangers. L’organisation exemplaire de la dévolution des pouvoirs dans le royaume Kongo (XIVe et XVIIIe siècles) qui occupait l’espace congolo-angolais d’aujourd’hui. Songez que tout cela s’est effectué avec des moyens infiniment modestes.

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Aucun observateur sérieux ne met en doute au vu des évolutions récentes, le décollage de l’Afrique à court terme, cellesci se font aussi rapidement que le temps qui passe. Tout ce qu’il faut souhaiter est que cet avènement repose sur des bases solides, celles de la culture qui permet à un peuple de s’affirmer par son génie propre. Le président Senghor ne disait-il pas inlassablement: «la culture est au commencement et à la fin de tout développement»?

Cyrille Momote Kabange


SOMMAIRE pages 3

EDITORIAL

RDC : Élection présidentielle/2011

Global Afric’Mag : une nouvelle vision pour l’Afrique

KABILA, TSHISEKEDI, KAMHERE : Le plus grand handicap de chacun

ACTUALITÉ 7

Nigérria/ Présidentielle « Goodluck » serait béni de Dieu!

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Sud-Soudan : Salva Kiir appel à la paix

Page 17

50 ans après : Pourquoi l’Afrique subsaharienne souffre-t-elle en core de la faim ?

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Burkina Fasso : Les tirs de militaires ont obligé Blaise Compaoré à quitté le palais présidentiel

11

Bénin : Boni Yayi réélu

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Niger : El Hadj Mahamadou Issoufou a été élu à la tête du pays en tant que président civil

Le GAMS Belgique a été créé en 1996.

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Cameroun : Culture du coton : La conjoncture internationale provoque un nouvel espoir chez les paysans camerounais

15

Gabon : Les pétroliers décident de surseoir la grève

Afrique, je pleure toutes les larmes de mon cœur

page 24

LES MILLE VISAGE DE LA REGION DE BRUXELLES-CAPITALE Page 31

Réaction de Georges Njamkepo sur les évènements qui se sont déroulés en Côte d’Ivoire ...

POLITIQUE 17

RDC : Élection présidentielle/2011 KABILA, TSHISEKEDI, KAMHERE : Le plus grand handicap de chacun

Page 55

DOSSIER 19

Côte d’Ivoire : Les grandes inconnues de l’après-Gbagbo

22

Afrique Centrale : Les prévisions de croissance réévaluées par le comité de politique monétaire

23

La Guinée Equatoriale ; aux avants poste 23

24

50 ans après : pourquoi l’Afrique subsaharienne souffre-t-elle encore de la faim ?

CHRONIQUE 39

ECONOMIE

EDUCATION 28

Education en Afrique : Les défis restent immenses

29

Le Sénégal et le Mali désormais contre l’excision et le mariage forcé

LES MILLE VISAGES DE LA RÉGION 31 BRUXELLES-CAPITALE MONDE 33

Face à la crise, les Européens adoptent un pact pour l’Euro

34

Nouvelles d’Europe

36

Classement mondial des villes où on vit le mieux

37

Les révolutions au Maghreb et au Moyen-Orient : l’Histoire en marche, mais quelle histoire DIASPORA

41

Marocain? que dit-on sur toi dans les médias belges??? SOCIÉTÉ

42

Googlebooks : est-t-elle une opportunité ou un danger pour les usagers ? FOCUS

45

Cilou Annys, Miss Belgique 2010, contre les viols à l’Est de la RDC. Entretient avec ONESHA AFRIKA TOURISME

48

L’Afrique et ses secrets les mieux gardés SOCIETE

50

La Sape : Un dandysme congolo-congolais (Brazzaville et Kinshasa) SOUVENIR D’EBEN

52

Ils ont fait l’histoire TRIBUNE

55

Afrique, je pleure toutes les larmes de mon cœur SPORT LES 10 Joeurs les mieux payés de la planètefoot en 2010

DIPLOMATIE

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Le Premier ministre du Togo encourage la partie ACP à s’ouvrir

62 Halte Spirituelle


Un produit de IMEX’OLE sprl Rue Fernand Bernier, 15/28 1060 Bruxelles

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EDITEUR RESPONSABLE :

RÉVISION

Victor OLEMBO LOMAMI

Prof. Vicky ELONGO

DIRECTEUR DE LA PUBLICATION :

REDACTION GENERALE :

Cyrille MOMOTE KA­ BANGE

RÉFACTEUR EN CHEF : Jean BOOL EKIMBAKI COORDINATRICE DE RÉDACTION

Mona MPEMBELE

Vicky ELONGO, Jean BOOLE EKUMBAKI, Cyrille MOMOTE

ONT COLLABORÉ À CE NUMÉRO :

Dédé F., Idriss LINGE, Ariane NKOMA, Thierry NDONG, Laurent COR­ REAU (MFI), Mina MPEM­ BELE

KABANGE, Mona MPEM­ BELE, Mahamadou HOUMFA, Victor OLEMBO

Infographie

Christian SONDI


Nigeria / Présidentielle

ACTUALITÉ

« Goodluck » serait béni de Dieu! Des tensions ont éclaté le 18 avril au soir après la proclamation de la victoire à la présidentielle du Nigeria de Goodluck Jonathan. Le président sortant, un chrétien du sud, est contesté dans cette région acquise à son rival, Muhammadu Buhari, qui passe pour être le candidat des musulmans.

Goodluck

J o n a than, a été donné vainqueur, le 18 avril au soir, de l’élection présidentielle au Nigeria. Les résultats des 36 Etats de la fédération nigériane, plus la capitale fédérale Abuja, donnent selon la Commission électorale nationale, 22 millions de voix au candidat sortant, contre 12 millions à son rival, Muhammadu Buhari, un ancien chef de junte militaire. Avec plus de 57 % des suffrages, Goodluck Jonathan, qui reste donc au pouvoir, a remporté plus de 25 % des suffrages dans plus de deux-tiers des 36 Etats - une condition nécessaire pour être déclaré vainqueur dès le premier tour. Sa victoire a été confirmée par le

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ACTUALITÉ chef de la Commission électorale nationale, Attahiru Jega. Le président sortant a eu pour lui le soutien de la machine électorale du Parti démocratique du peuple (PDP), un parti certes divisé à l’issue des primaires de janvier mais suffisamment bien implanté sur l’ensemble du territoire national. Les deux principaux partis d’opposition n’étaient en revanche pas parvenus à se choisir un candidat unique ce qui a sans doute aussi pesé en faveur du président sortant. Un homme de confiance qui met en œuvre ce qu’il promet Autre point à l’avantage de Goodluck Jonathan, l’organisation des élections législatives du 9 avril dernier. Pour la première fois depuis le retour à la démocratie en 1999, le scrutin s’est avéré libre et relativement transparent. « Goodluck », comme l’appellent

les Nigérians, est ainsi apparu soudain comme un homme de confiance qui met en œuvre ce qu’il promet. L’élection du 16 avril a d’ailleurs obtenu le satisfecit des observateurs. Notamment celui de l’ancien président ghanéen, John Kufuor, chef de la mission des observateurs de l’Union africaine qui a « félicité les Nigérians, la commission électorale et tous les intervenants... Nous sommes également impressionnés par les forces de sécurité, la police et les autres agences, a-t-il déclaré. Ils étaient présents sans intimider les électeurs... Mais cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas eu des conduites frauduleuses ». A cet égard, John Kufuor a incité « les dirigeants des partis qui auraient des raisons de contester, à le faire par la voie constitutionnelle et légale ». Ses propos devraient être appréciés par Doyin Ogun-biyi, le responsable d’un parti d’opposition (CPC), qui a affirmé à l’inverse avoir découvert « des irrégularités dans cer-

taines régions ». Pour nombre d’observateurs, le scrutin s’et déroulé globalement dans le calme. Toutefois, avant même l’annonce des résultats définitifs, la victoire de Goodluck Jonathan, un chrétien du Sud, a entraîné des violences dans plusieurs Etats du Nord, où le calme, revenu lundi soir, demeure très précaire. Ces émeutes dans cette région à dominante musulmane - où la Croix-Rouge fait état de 276 blessés et (déjà) 15 000 déplacés -, accentue un peu plus les clivages ethniques et religieux, le Nord ayant majoritairement voté en faveur de l’ancien général Muhammadu Buhari, qui passe pour être « le candidat musulman », et un Sud acquis à la cause de Goodluck Jonathan, le chrétien. RFI / Avec Antoinette Delafin

Goodluck Jonathan, une carrière politique fulgurante

T

enue traditionnelle du Delta et « Stetson » noir vissé sur le crâne, Goodluck Jonathan ne passe pas inaperçu.Totalement inconnu des Nigérians il y a dix ans, il a été propulsé au plus haut sommet de l’Etat en un temps record. Rien ne prédestinait cet instituteur, diplômé en zoologie, à diriger un pays de 150 millions d’habitants. Le sort s’est donc chargé de lui donner quelques coups de pouce. Les Nigérians ironisent d’ailleurs souvent : « Goodluck » ou bonne fortune en anglais, serait béni des dieux. Gouverneur adjoint, Gouverneur puis Vice-président, il a accédé à la magistrature suprême en mai 2010 suite au décès du président Umaru Yar’Adua. 8

N

atif, d’une famille modeste de l’Etat de Bayelsa, il est à 53 ans le premier président élu à être issu de l’ethnie ijo et non pas haoussa, ibo ou yoruba les trois ethnies principales. Cette victoire symbolique n’exclut pas les critiques de ses détracteurs : manque de charisme, son inexpérience et sa docilité ; ses partisans au contraire louent son calme légendaire et son habileté à se jouer des divisions politiques. Son année au pouvoir, Goodluck Jonathan l’a surtout consacrée à préparer les élections. Un pari plutôt réussi. Mais les défis qui l’attendent sont de taille : en premier lieu, rassurer le nord du pays où sa victoire est mal acceptée. MFI / RFI .


ACTUALITÉ

Sud-Soudan

Salva Kiir appel à la paix Depuis le référendum au moins 105 morts dans des combats entre armée et miliciens, une vague de violence s’est abattue sur le Sud-Soudan. Une situation qui soulève des inquiétudes Le chef du service de renseignement de l’armée sud-soudanaise, le brigadier Malaak Ayuen, a indiqué que 57 personnes avaient été tuées et plusieurs autres blessées le 23 avril dans l’État de Jonglei, lors d’un affrontement entre un groupe d’insurgés menés

sont mortes alors qu’elles fuyaient pour gagner les refuges mis en place par les autorités locales. Ce n’est pas ce que nous espérions a dit Philip Aguer (aucun lien avec le porte-parole de la SPLA), un ancien enfant-soldat dont le père est mort durant la guerre civile. Nous sommes déçus de ce qui nous arrive actuellement a t-il dit, faisant allusion au fait que l’armée serait coupable de maltraiter des innocents au cours de ses opérations anti-insurrectionPhoto d’illustration (paris match.com) nelles.

par le major général Gabriel Tanginye et les forces gouvernementales. Le porte-parole a ajouté que cinq jours de combats opposant les militaires et des miliciens fidèles à un autre chef rebelle, Peter Gatdet, dans l’État d’Unity, au nord-est de Jonglei, ont causé la mort de 48 personnes sans toutefois préciser combien de civils, d’insurgés et de militaires avaient perdu la vie durant les deux incidents. Les Nations Unies ont également tiré la sonnette d’alarme: Plus de 10 000 civils déplacés par les affrontements entre la SPLA et le groupe de M. Athor dans l’Etat de Jonglei sontdans une situation terrible et souffrent de sévères pénuries de nourriture, d’eau et de médicaments… Un certain nombre de personnes âgées

Le président sudiste Salva Kiir appel à la paix et à la réconciliation Dans son message de Pâques délivré, le président sudiste Salva Kiir a répété sa volonté de réconciliation. S’adressant à ses frères et sœurs qui ont pris les armes pour une raison ou pour une autre, il a affirmé: Nos cœurs restent largement ouverts à ceux souhaitant déposer les armes et se réconcilier. La protection du peuple est une priorité du gouvernement a-t-il souligné. Un chef milicien rebelle sud-soudanais s’est rendu à l’armée du Sud-Soudan, d’après une annonce faite le 25 avril par l’armée du Sud-Soudan. Gabriel Tang et près de 1.300 de ses hommes

se sont rendus le dimanche 24 avril. Ils ont reçu un accueil fraternel et sont traités avec respect, a déclaré Malaak Ayuen, porte-parole de l’Armée populaire de libération du Soudan (SPLA), les ex-rebelles aujourd’hui à la tête de l’armée sudiste. Le Sud a voté presque à l’unanimité en faveur de sa séparation d’avec le Nord, mais plusieurs questions demeurent en suspens, dont le partage des revenus générés par la vente de pétrole, le statut des minorités vivant de chaque côté de la frontière et le contrôle de la région frontalière d’Abyei, une zone fertile située près de terres riches en pétrole. Les représentants du Sud-Soudan soutiennent maintenant que les milices contre lesquelles ils se battent sont financées par le Nord qui souhaite ainsi créer de l’instabilité afin de s’emparer des réserves de pétrole de son voisin. Avant les événements de la semaine dernière, l’ONU estimait que 800 personnes avaient été tuées et 94 000 autres déplacées en raison des violences survenues dans le Sud-Soudan depuis le début de l’année. Le référendum sur l’indépendance du Sud-Soudan fait partie du traité de paix signé en 2005 visant à mettre fin à deux décennies de guerre civile qui ont coûté la vie à quelque 2 millions de personnes. Région semi-autonome du Sud Soudan doit proclamer son indépendance le 9 juillet 2011.

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ACTUALITÉ

Burkina Faso

Les tirs de militaires ont obligé Blaise Compaoré à quitté le palais présidentiel Ces soldats réclament le versement d’une indemnité de logement

L

es militaires burkinabè expriment leur colère par des manifestations publiques. Des tirs ont été entendus jeudi 14 avril au soir près du palais présidentiel au Burkina Faso, après un soulèvement des gardes militaires qui réclament le versement d’une indemnité de logement. Environ deux heures après le début de la fusillade vers 22 h GMT, des tirs ont également été entendus près de la station de radio d’Etat à Ouagadougou, la capitale. Des dizaines de soldats du régiment présidentiel du Burkina Faso se sont mutinés dans la nuit de jeudi à vendredi 15 avril à Ouagadougou. Après s’être cantonnés à des tirs dans leur caserne, ils sont sortis en tirant en l’air. La mutinerie s’est étendue vendredi matin à trois autres camps militaires de la capitale burkinabè. Le mouvement était marqué par beaucoup de pillages de la part des soldats. Le domicile du général D. Diendiéré, chef d’état-major du président Blaise Compaoré, a été totalement incendié. Le président Blaise Comparoé ne se trouvait apparemment pas dans le complexe, a-t-on appris. Au pouvoir depuis 24 ans, il l’a quitté dans la nuit pour se rendre à Ziniaré, sa ville natale, à 30 km de la capitale, fuyant la fureur de ses militaires. Plusieurs dizaines de soldats du régiment présidentiel du Burkina Faso, qui avaient entamé la

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veille au soir un mouvement de contestation dans deux casernes, sont sortis dans les rues de Ouagadougou où ils tiraient en l’air le vendredi 15 avril au matin. On se souvient qu’en fin mars, des militaires en colère s’étaient emparés d’armes de guerre dans des garni-

sons de plusieurs villes du pays, et avaient tiré en l’air dans les rues, pillé des boutiques et libéré certains de leurs camarades condamnés et emprisonnés pour des affaires de mœurs et des viols.

A la base, une contestation de jeunes étudiants ... Après ces incidents, le président Compaoré avait rencontré toutes les composantes de son armée, des simples soldats aux généraux, et annoncé la fin de la crise à l’issue de ces rencon-

tres. La révolte de ces soldats avait été précédée par un mouvement de contestation de jeunes étudiants à la suite de la mort, fin février, d’un des leurs tué lors d’une manifestation. D’autres manifestations s’étaient produites par la suite dans tout le pays, faisant au moins six morts, dont quatre étudiants. Cette double protestation des mili-

taires et des jeunes a constitué l’une des plus graves crises qu’ait connue le régime du président Compaoré, un ancien militaire arrivé au pouvoir il y a 24 ans à la faveur d’un coup d’Etat ayant renversé et tué son ancien compagnon Thomas Sankara, figure emblématique de l’émancipation africaine. Il a été réélu en novembre dernier, mais cette présidentielle a été contestée par l’opposition.

Par Ariane Nkoma


ACTUALITÉ

Bénin

Boni Yayi réélu camp présidentiel, les accusations de l’opposition ne sont que pure manœuvre.

Q Le Conseil constitutionnel béninois a validé la réélection du président Boni Yayi avec environ 53% des suffrages “Considérant que M. Boni Yayi ayant obtenu 1.579.550 voix a ainsi recueilli la majorité absolue des suffrages exprimés requise pour être proclamé élu, M. Boni Yayi est élu président de la République”, indique la décision du Conseil constitutionnel rendue publique à Cotonou. Ce résultat annoncé vendredi par la commission électorale est contesté par son principal adversaire à la présidentielle, Adrien Houngbedji. Selon ses partisans, les dissonances observées à la commission électorale confirme un complot savamment orchestré par le pouvoir en place : « C’est le président de la CENA tout seul dont on sait qu’il a été nommé par Boni Yayi, donc un homme aux ordres, qui a sorti dont on ne sait où, le chiffre communiqué donnant la victoire à Boni Yayi dès le premier tour. Notre peuple ne renoncera pas à ce qu’il a acquis au prix de luttes héroïques pour retomber dans la servitude des trafiquants d’élection et d’un despote. Nous avons gagné ces élections, nous réclamons notre dû». Dans le

uatorze candidats étaient en lice à la présidentielle du 13 mars qui avait été reportée deux fois en raison d’une préparation chaotique du scrutin. Initialement prévu le 27 février, le premier tour avait été retardé d’une première semaine pour permettre la compilation du fichier électronique, utilisé pour la première fois dans ce pays d’Afrique de l’Ouest

dans l’ouverture de bureaux de vote, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon avait salué “le déroulement dans le calme et de façon ordonnée” du premier tour et l’Union africaine avait qualifié l’élection de “libre et transparente”. M. Yayi, en poste depuis 2006, obtient donc un deuxième mandat de cinq ans. Le Bénin est considéré comme l’un des rares exemples de démocratie dans une région d’Afrique de l’Ouest plus connue pour ses coups d’Etat. S’il a été réélu sans difficulté, le président Yayi a

BONI YAYI ou la refondation des valeurs pour son dernier quinquinnat

de 9,2 millions d’habitants. Puis il avait été à nouveau reporté le 4 mars à la demande de la Commission électorale mais aussi de l’ONU et de l’Union africaine. Malgré ces problèmes d’organisation qui ont persisté le jour du scrutin avec des retards

toutefois vu sa popularité entamée par un scandale financier dans lequel ont été impliqués de nombreux membres de son administration et dans lequel plus de 100.000 personnes ont perdu leurs économies. Par Dédé F.

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ACTUALITÉ

Niger

El Hadj Mahamadou Issoufou a été élu à la tête du pays en tant que président civil Son courage et son dynamisme lui ont valu la confiance du peuple

El Hadj

Mahamadou Issoufou est né en 1952 à Dandadji dans le département d’Illéla (région de Tahoua). Après avoir effectué ses études primaires à Illéla, il fréquenta le CEG de Madaoua de 1964 à 1968. Après l’obtention de son Brevet d’Etudes du Premier Cycle (BEPC) en 1968, Monsieur Mahamadou Issoufou entre au Lycée National de Niamey d’où il sort en 1971, nanti de son baccalauréat série C. De 1971 à 1973, il est étudiant au Centre d’Enseignement Supérieur de Niamey où il obtient son DUES (Diplôme Universitaire d’Etudes Scientifiques) option Mathématique et Physique. Puis il fréquente l’Université de Niamey de 1974 à 1975, où il décroche sa Licence de Mathématiques. Il poursuivra ensuite ses études à l’Université des Sciences et Techniques du Languedoc de Montpellier (France) de 1975 à 1976 (obtention de la Maîtrise de Mathématiques et Applications Fondamentales ; à l’Université de Paris VI Jussieu de 1976 à 1977, Diplôme d’Etudes

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El Hadj Mahamadou : 1er Président de la 7ème République

Approfondies de Probabilités et Statistique) et à l’Ecole Nationale Supérieure des Mines de Saint-Etienne (France) de 1977 à 1979 d’où il sort avec le Diplôme d’Ingénieur Civil des Mines. Une carrière professionnelle réussie. De retour au pays après ses études, El hadj Mahamadou Issoufou se met au service de son pays. C’est ainsi qu’il effectue un stage à la Société des Mines

de l’Aïr (SOMAÏR) et à la Compagnie Minière d’Akouta (COMINAK) de 1979 à 1980 à Arlit, avant d’être nommé Directeur des mines au Ministère des Mines et de l’Industrie (1980- 1985). Mis en position de détachement auprès de la Société des Mines de l’Aïr (SOMAÏR) pour compter du 1er mars 1985, ou il est nommé Secrétaire Général

>> Suite en page 14


ACTUALITÉ

Cameroun

CULTURE DU COTON :

La conjoncture internationale provoque un nouvel espoir chez les paysans camerounais La crise financière internationale a durement affecté la filière cotonnière au Cameroun où la production du coton brut est passée de 146.000 tonnes pendant la campagne agricole 2008-2009 à 110.000 tonnes en 2009-2010, selon la Société de développement du coton du Cameroun (Sodecoton).

sans. En effet, selon les chiffres de la Confédération nationale des producteurs de coton du Cameroun (CNPC-C), le nombre des producteurs de coton est passé de 257.000 en 2007 à 175.000 en 2010.

« Les répercussions ont été catastrophiques pour les producteurs. Les prix ont cons i d é ra b l e m e n t baissé. On était obligé de vendre le kilogramme de coton à 180 francs CFA pendant la camLe cultivateur du coton pagne 2009-2010. fait face à des difficultés Cela devenait intenable. Plusieurs producteurs ont déserté l’activité » affirme OuCependant, le contexte internamarou Gadjéré, producteur tional actuel est favorable à de coton à Guider, dans le une relance de la filière. « Le Nord du Cameroun. renchérissement prix du coton, combiné avec un abaissement Les statistiques confirment des coûts des engrais, est en l’abandon de la production cotrain de redonner de l’espoir tonnière par plus de 80.000 payaux producteurs. Un grand nom-

bre de paysans s’intéressent à nouveau à la culture du coton » explique Ibrahim Ngamia, directeur de la production agricole à la Sodecoton. Cet optimisme est aussi partagé par l’ambassadeur des Etats-Unis au Cameroun, Robert P Jackson. Pour lui, « le fait que l’Afrique possède 60 % des terres arables non exploités » est une aubaine pour les paysans africains. Signe que l’espoir renaît, la Sodecoton mise cette année sur une hausse de la production qui pourrait atteindre 160 000 tonnes contre 110 000 tonnes la saison dernière. En outre, les producteurs se bousculent à nouveau pour regagner l’activité. L’on dénombre environ 200 000 producteurs à ce jour contre 175 000 en 2010. « Même le prix du kilogramme

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ACTUALITÉ s’améliore. En 2009, on vendait le kilogramme à la Sodecoton à 180 francs. En 2010, le prix est passé à 200 francs. Le prix devrait même atteindre 255 francs le kilo pendant la prochaine campagne » croit savoir Wangkagué Valentin, producteur à Doukoula, dans la région de l’Extrême-Nord. L’Etat du Cameroun a décidé d’accompagner les producteurs pour aider à la relance de la filière. Notamment, en subventionnant les intrants agricoles à hauteur de 6 800 francs CFA par sac d’engrais en 2009 et à hauteur de 4 400 francs CFA en 2010.

Le marché du coton au Cameroun

Si les producteurs saluent les subventions de l’aide, ils espèrent davantage. « L’Etat doit prendre des mesures pour empêcher la vente frauduleuse du coton vers le Nigeria. Au lieu de vendre à 200 francs CFA à la Sodecoton comme nous, certains de nos collègues vendent le coton à 600 francs

CFA à des privés nigérians. C’est déloyal » se lamente Abou Sali, producteur à Mora dans l’Extrême-Nord.

>> Suite de la page 12

et recueillir leurs préoccupations. Un meneur d’hommes incontesté. El hadj Mahamadou Issoufou est incontestablement un grand meneur d’hommes. Aujourd’hui si le PNDS est ce qu’il est, c’est-à-dire la première force politique sur l’échiquier politique nigérien, c’est parce qu’il a su lui impulser la dynamique nécessaire. En 1993 aux élections présidentielles, le PNDS n’avait recueilli que 16% de voix ; 22.5 % en 1999 ; 24.6% en 2004 et 36.06 % en 2011. Cette progression du parti dénote l’adhésion massive et croissante des Nigériens aux idéaux qu’incarne le parti et aux valeurs portées et défendues par El hadj Mahamadou Issoufou. El hadj Mahamadou Issoufou a su aussi entretenir grâce à ses qualités de rassembleur la cohésion au sein du PNDS. Un dirigeant courageux, un patriote convaincu.

(1985), puis Directeur des Exploitations (1986-1991) et enfin Directeur Technique (1991-1992). Marié et père de quatre (4) enfants, El hadj Mahamadou Issoufou est un homme profondément attaché aux valeurs qui fondent la société nigérienne. Il a le parler vrai, il est fidèle dans ses amitiés. Il est sincère et courtois, ouvert et généreux dans ses rapports avec les autres. Chez lui, il reçoit tout le monde. C’est aussi un fin connaisseur de la société nigérienne. Il est en effet l’un des rares hommes politiques à se rendre dans le Niger profond, parcourant des milliers de villages pour s’enquérir des conditions de vie des populations, être à leur écoute

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« Nous espérons que les conditions seront réunies pour booster davantage notre activité car, pour l’instant, les employés de

la Sodecoton par exemple sont mieux rémunérés que nous les producteurs » conclut-il. Mohamadou Houmfa / ONESHA Cameroun

Mahamadou Issoufou est depuis le 14 mars 2011 mars proclamé président de la république du Niger. Ce vétéran de l’opposition a remporté haut la main, avec près de 58% des voix, le second tour de l’élection présidentielle au Niger, que les observateurs de l’Union africaine (UA) et de la Communauté économique des États africains (Cédéao) ont jugé régulier. Sa feuille de route est vivement attendue.

Par Ariane Nkoma -


ACTUALITÉ

Gabon

Les pétroliers décident de surseoir la grève Ils reviennent à de meilleurs sentiments après des pourparlers Les pétroliers du Gabon ont mis fin à leur arrêt de travail le lundi 4 avril. L’Organisation nationale des employés du pétrole (Onep) paralysait la production gabonaise depuis jeudi dernier, après avoir notamment obtenu l’expulsion sous huit jours de la main d’œuvre étrangère en situation irrégulière dans le secteur. Nous avons lancé un mot d’ordre de reprise du travail. Nous avons obtenu satisfaction sur nos revendications. Nous ne voulons pas créer une situation de chaos, a affirmé Arnauld Engandji, porte-pa-

role de l’Onep, qui regroupe 4000 des 5000 salariés du secteur et dont les mouvements sont très suivis. L’Onep, qui réclamait un meilleur contrôle de la main d’œuvre étrangère, a notamment obtenu que l’on recense sous 48h tous les étrangers en situation irrégulière dans le secteur et qu’ils soient ensuite expulsés dans les cinq jours. Cette mesure pourrait concerner 1300 personnes, de source syndicale. Cet accord entre le gouvernement et le puissant syndicat pétrolier est intervenu après de longues négociations qui ont permis d’associer l’Union des pétroliers du Gabon (UPEGA). Selon le procès verbal des négociations des amendes seront infligées aux cont-

Raffinerie au Gabon, 4eme producteur subsaharien du pétrole

revenants conformément aux textes en vigueur. D’autre part, l’emploi des étrangers dans le secteur pétrolier sera suivi par un organe de vérification sur l’application de la loi fixant le régime d’admission et de séjour des étrangers en République gabonaise. Les uns et les autres ont également convenu que le code des hydrocarbures en cours d’élaboration sera enrichi des conclusions de l’audit sur le secteur pétrolier demandé par le Président de la république Ali Bongo Ondimba, avant son adoption définitive. Le pétrole est vital pour le pays qui est quatrième producteur sub-saharien avec entre 220 000 et 240 000 barils par jour. Officiellement, ses recettes assurent à l’Etat environ 60% de son budget. Après des premiers contacts vendredi et samedi derniers, les négociations avaient vraiment commencé dimanche 3 avril et ont duré toute la nuit de dimanche et une grande partie de la journée de lundi, de source syndicale. Le directeur général de Total-Gabon, Jean-Philippe Magnan, a affirmé que la production du pétrolier français, qui atteint d’ordinaire de 60 à 70 000 barils/jour, était revenue à la normale mardi 4 avril alors que le travail avait déjà repris sur les sites à 21h locale (20h GMT), moins de deux heures après la levée officielle de la grève. Pourtant, le ton était différent du côté du patronat. Le texte met quelques contraintes de plus à l’industrie avec de nouvelles procédures administratives plus contraignantes. Mais, on ne transforme pas en une nuit 1000 emplois comme ça. On ne s’improvise pas comme ça conducteur d’engin ou ouvrier, a confié à une source proche de l’Union Pétrolière Gabonaise (UPEGA). A ce jour, tout semble rentrer dans l’ordre et la production pétrolière gabonaise a repris son cours.

Par Nkoma Ariane 15



POLITIQUE

RDC : Élection présidentielle/2011

KABILA, TSHISEKEDI, KAMHERE :

LE PLUS GRAND HANDICAP DE CHACUN

Analyse de Victor OLEMBO

La loi électorale n’est pas encore promulguée, D’aucuns, par ailleurs, craignent d’inattendues dispositions constitutionnelles, du genre élection à tour unique. Entretemps, les candidats se font déjà connaître. Parmi les partants pour la course électorale de 2011, il y a Joseph Kabila. L’actuel président brigue un deuxième mandat par la voie électorale. Vient ensuite, Étienne Tshisekedi, probablement le doyen des candidats. On verra bien! Enfin, Vital Kamhere, le nouveau venu au sein de l’opposition, après sa récente rupture d’avec Joseph Kabila dont il a été le directeur de la campagne en 2006. Sont-ils égaux en termes des moyens financiers? Non, apparemment. Auront-ils un traitement égal de la part des médias publics? Le doute est permis. Par contre, ces trois candidats déclarés, ont chacun leur talon d’Achille.

Etienne Tshisekedi

“Le Temps”

L

e candidat Joseph Kabila aura un bilan à défendre. Exercice normal mais périlleux. Un président sortant est jugé par ses actions. Dans le cas du président congolais, on l’attend sur les droits de l’homme.

Joseph Kabila “Le Bilan”

A ce sujet, sous son règne, on a déploré tant d’assassinats politiques dont celui de Floribert Chebeya et de nombreux journalistes ont perdu la vie. Il est attendu aussi sur la situation sécuritaire précaire à l’Est du pays. L’opération militaire conjointe avec le Rwanda n’a pas atteint ses objectifs : les Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR) continuent de semer la terreur et de violer. L’avancement pénible des cinq chantiers, la synthèse de son programme socio-économique rassure très peu.

S

’agissant du leader de l’Udps, le temps ne semble pas être son allié. Pas uniquement à cause de l’âge. Même si Mandela ou Alpha Kondé, en Guinée, sont arrivés au pouvoir assez âgés;

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POLITIQUE mais, l’opposant des années 90 à Mobutu en est encore et toujours à la conférence nationale souveraine. Preuve, le Congrès de l’Udps, le premier depuis sa fondation en 1982, n’a pas produit un nouveau projet de société autre que celui de l’Udps des années 80. Le temps ne semble pas travailler pour Étienne Tshisekedi : le parti est laminé, divisé. Il y a lieu de craindre, à quelques mois du scrutin, que Tshisekedi n’aie pas le temps de recoller les morceaux, et mettre ses militants en ordre de marche pour la conquête du pouvoir.

Vital Kamerhe

“L’expérience”

Q

uant à Vital Kamhere, son atterrissage récent sur le terrain de l’opposition n’a pas livré tous ses secrets. Attendons-voir ! Son apprentissage de l’opposition ne convainc pas encore, c’est-à-dire, il a un déficit d’expérience. Vital Kamhere a tout, sauf de quoi convaincre. Il doit tout prouver : la sincérité de son divorce d’avec Joseph Kabila; sa gestion de la chose publique; sa capacité d’assumer les charges de l’État.

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qu’ils sont disqualifiés. Ou qu’ils n’ont pas d’atouts. Le bouillant Vital Kamhere manque d’épaisseur, mais il a la réputation d’être intelligent et travailleur. Qualités nécessaires pour tout prétendant à la magistrature suprême. De son côté, Etienne Tshisekedi, le vieux combattant est un homme populaire. Sa popularité est basée sur sa rigueur, son patriotisme.

L’outsider viendra-il de prison? Parlons de Jean-Pierre Bemba. ‘Le sénateur Jean-Pierre Bemba jouit encore de tous ses droits politiques et juridiques’, a déclaré la sénatrice/MLC Eva Bazaiba. C’était à Bruxelles, dernièrement, lors d’une conférence de presse. Ce qui veut dire que Jean-Pierre Bemba n’est pas encore hors-jeu.

Parmi les atouts pour un candidat à sa propre succession, il y a la stabilité politique. En tout cas, Joseph Kabila peut se prévaloir de cela. Malgré les tensions à l’Est, des escarmouches aux frontières, la RDC n’a pas connu un conflit majeur. Ce n’est pas tout : la stabilité monétaire, le cours du franc congolais est resté relativement stable d’où la maitrise relative des prix. Enfin, l’annulation de la dette, preuve de la confiance des institutions financières internationales.

Alors, l’évocation des points faibles de trois premiers candidats connus ne sous-entend nullement

En attendant les autres partants, la course électorale promet des confrontations intéressantes.


Côte d’Ivoire :

DOSSIER

Les grandes inconnues de l’après-Gbagbo Le conflit politique en Côte d’Ivoire vient de toucher a sa fin, la véritable crise reste à venir: celle de la reconstruction

A

près des semaines très dures, les troubles en Côte d’Ivoire s’emblent s’apaiser. Vaincu à

l’élection

présidentielle,

longtemps

reportée, de l’automne dernier, le président sortant Laurent Gbagbo a obstinément refusé d’accepter la défaite et de se retirer du pouvoir. Frustrées, ne croyant plus au dialogue, les forces

fidèles à Alassane Ouattara, le président élu reconnu par la communauté internationale ont, sures de l’appui de Paris et de l’ONUCI, décidé de démettre Gbagbo manu militari. Durant les jours de combats acharnés dans la capitale économique du pays, Abidjan, Gbagbo a paru près de négocier son départ à plusieurs reprises, pour mieux se dédire et se retrancher à chaque fois. Il est arrête ce 11 avril 2011 dans son bunker. Par qui? La question mériterait une réponse claire et sans ambiguïté. La population ivoirienne victime tragique

de cette instabilité politique récurrente doit avoir pousse un ouf! De soulagement. Toutefois, l’éviction définitive de Gbagbo, ne résoudra pas tous les problèmes du pays; le nouveau gouvernement n’en sera même qu’au début de ses peines. Dans le meilleur des cas en effet, Ouattara devra s’atteler à la tâche éminemment ardue de rassembler un pays très divisé. Et sur ce point, le président élu semble conscient de ce qui l’attend. Lors d’une allocution télévisée le 7 avril, il a ainsi affirmé vouloir être le «président de tous les Ivoiriens, (...) le

La population ivoirienne, victime tragique de la «démocratie»?

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DOSSIER la condition d’être ivoirien de naissance et enfant de deux parents ivoiriens. En 2002, le malaise provoqué par cette politique d’exclusion et de xénophobie s’est mué en véritable guerre civile, entre un Nord rebelle et un Sud tenu par le gouvernement en place. Aujourd’hui encore, nombre d’Ivoiriens du Sud estiment que Ouattara, musulman du Nord, A. Ouattara : le recours à la force armée pour démettre Gbagbo entachent son image de n’est pas un vrai leader démocratique et pacifique. Ivoirien. Il va donc devoir convaincre les 46% d’électeurs protecteur de toutes les populations». qui ont voté pour La question est de savoir si ses conci- Gbagbo, et dont la plupart habitent toyens lui en laisseront la chance. dans le sud du pays ou à Abidjan, qu’il peut être leur représentant légitime. On naît ivoirien, on ne le devient pas Les violences des pro-Ouattara epuis plus d’une décennie, la nuisent à la popularité du camp Côte d’Ivoire subit de fortes ten- «démocratique» sions ethniques qui ont plus d’une fois dégénéré en conflit civil. Les minorités ethniques, culturelles et religieuses associées au Burkina, au Mali ou à la Guinée sont depuis longtemps écartées de la vie politique (voire économique), au motif qu’elles seraient moins ivoiriennes. En 1994, sous la présidence de Henri Konan Bédié, l’assemblée nationale a voté une loi visant à empêcher ces minorités de prétendre à la présidence du pays, dans le but d’exclure Ouattara, ex-Premier ministre réputé originaire du Burkina, des élections de 1995 et 2000. A la suite de quoi une vague de racisme a déferlé sur le pays, s’insinuant dans le moindre aspect de la vie nationale. La citoyenneté et les droits fonciers, par exemple, sont devenus accessibles à

D

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Or, depuis quatre mois, les troupes rebelles qui contrôlaient le Nord lors du dernier conflit soutiennent Ouattara. Sa popularité risque fort d’en pâtir, puisqu’on le soupçonne déjà, notamment dans le camp Gbagbo, d’être derrière un coup d’État manqué en 2002. Plus largement, la collaboration de Ouattara avec les anciens rebelles, ainsi que le recours à la force armée pour démettre Gbagbo, entachent son image de leader démocratique et pacifique. Sans parler du massacre rapporté dans la ville occidentale de Duékoué, au cours duquel les forces pro-Ouattara auraient assassiné des centaines de civils. Non seulement ces tueries invalident le discours démocratique de ce camp, mais elles pourraient aussi entraîner de sanglantes représailles. S’il entend représenter tous les Ivoiriens, Ouattara devra rapidement faire enquêter sur les crimes commis contre les civils, et punir les coupables —même si certains comptent parmi ses partisans. Lors de son allocution télévisée, c’est ce qu’il a promis de faire, en s’engageant à ce que tous ceux qui ont usé de violence à l’encontre de la population en répondent devant la justice. Sauf que dans la pratique, ce ne sera pas chose aisée. Le camp pro-Ouattara est ex-

L. Gbagbo : Son éviction définitive résoudra-elle les problèmes du pays?


DOSSIER

L’arrestation de M. et Mme Gbagbo, controverse

trêmement hétérogène, et nombre de ses combattants sont des miliciens de circonstance plutôt que des soldats professionnels.

La France, les pieds dans le plat

Ouattara

devra par ailleurs expliquer sa bonne entente avec la France, autre facteur de défiance au sein du camp Gbagbo. On raconte que le président élu, marié à une Française, est ami avec son homologue Nicolas Sarkozy. Ancienne puissance coloniale dans le pays, la France est objet de forts ressentiments, d’autant plus depuis novembre 2004, époque où Gbagbo attaqua une base militaire française sans qu’il y ait eu provocation, obligeant la France à répliquer. La rhétorique antifrançaise et anti-impérialiste fut l’un des principaux outils utilisés par Gbagbo pour renforcer son régime et élargir sa base de soutien audelà de son ethnie bété; c’est évidemment l’une des raisons de la réticence initiale de la France à s’impliquer plus avant dans la résolution de la crise ivoirienne. Toutefois, quand le secré-

taire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a écrit à Sarkozy, le 3 avril dernier, pour demander que l’armée française participe à la protection des civils, Paris s’est engagé aux côtés des casques bleus. Selon les Nations unies et la France, la décision de bombarder les positions stratégiques de Gbagbo a été prise quand ses troupes ont commencé à utiliser des armes lourdes, telles que mortiers et lance-roquettes, contre des civils et les quartiers des Nations unies à Abidjan. Cependant, il n’aura échappé à personne que cette opération a coïncidé avec la tentative ratée des troupes proOuattara d’assiéger la résidence présidentielle de Gbagbo. Les partisans de ce dernier pourraient donc interpréter l’intervention française et onusienne comme une forme d’assistance à Ouattara, et non comme une opération de protection civile. Le rôle central de la France pour pousser Gbagbo vers la sortie —Paris a insisté pour qu’il signe un document reconnaissant la victoire de Ouattara— n’a certes pas contribué à infirmer ce sentiment. Naturellement, l’intervention était justifiée alors que la crise s’enlisait dans

une sanglante guerre de tranchées. Et la communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest, la Cédéao, n’aurait pas pu agir avec la rapidité et l’agilité françaises. Reste qu’une opération sous l’égide de la Cédéao plutôt que de l’Onu et la France aurait, peutêtre, envoyé un message plus conciliateur au peuple ivoirien.

Vers un gouvernement de coalition? Ouattara se trouve donc dans une épineuse situation. L’une des solutions pourrait être de former un gouvernement d’union nationale avec des membres du cabinet de Gbagbo, mais sans celui-ci. Cependant, les gouvernements de coalition formés au Kenya et au Zimbabwe pour résoudre les crises postélectorales nées du refus de présidents sortants de reconnaître leur défaite se sont avérés catastrophiques. Dans les deux cas, le partage du pouvoir entre le président sortant et le leader de l’opposition n’a guère fait mieux que maintenir un fragile statu quo. De fait, depuis le coup d’État militaire de

>> Suite en page 27

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ÉCONOMIE

Afrique Centrale

: Les prévisions de

croissance réévaluées par le comité de politique monétaire

Il prévoit 5,2% de croissance de produit intérieur brut pour 2011, soit 0,4% d’ajustement par rapport aux prévisions de Décembre 2010

Des projections de croissances sur le vert La communauté des Etats d’Afrique centrale connaît une relative accélération de sa croissance en 2011, avec un taux d’accroissement du PIB projeté à 5,2%. Réuni au siège du gouvernement de la banque des Etats d’Afrique centrale (BEAC) vendredi 18 mars dernier, la première session du Comité de Politique Monétaire (CPM) pour l’année 2011, a confirmé et réévalué les bonnes perspectives de la zone, par rapport aux dernières prévisions de décembre 2010. Sur les résultats de l’année 2010, l’Afrique centrale aurait connu une accéléra-

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tion relevée de sa croissance, avec une hausse du produit intérieur brut réel de 4,2%, contre 1,8% en 2009. Le CPM fait aussi le constat d’une forte atténuation des pressions inflationnistes. Le taux d’inflation annuel est revenu à 1,2% contre plus de 4% en 2009, soit un ajustement de près d’un point en mieux. Le comité relève aussi une bonne tenue des soldes budgétaires, dont le déficit global de 0,8% du PIB a cédé la place à un excédent de 3,1% en 2010. Les travaux s’étant déroulés à huis clos, aucune explication officielle n’a été donnée pour justifier ces

révisions à la hausse des prévisions. Quoiqu’il en soit, le comité a décidé de maintenir les taux d’intervention auprès des banques, qui devrait rester à 4%. Maintenu aussi, les taux d’intérêts sur Placements Publics et aussi les coefficients et le taux de rémunération des réserves obligatoires. Le comité a aussi adopté les objectifs monétaires et de crédit des six Etats de la CEMAC, objectifs proposés par les comités monétaires et financiers nationaux pour les deuxième et troisième trimestres de l’année 2011. La stratégie de gestion des réserves de change pour l’année 2011 devrait elle aussi être maintenue pour l’année 2011. Le CPM a enfin pris l’engagement de soutenir les prochaines opérations d’emprunt obligataire, dans la sous région.


ÉCONOMIE

La Guinée Equatoriale aux avants poste

L

es travaux s’étant déroulés à huis clos, il est difficile de savoir officiellement les éléments qui ont servi de support aux prévisions du comité de politique monétaire. De façon globale, on peut envisager que la Guinée Equatoriale devrait jouer un rôle important grâce à sa production de pétrole. Sont aussi en bonne position, le Tchad et le Gabon. Malgré des élections difficiles, les dirigeants de ces deux pays ont mis sur pied de vastes chantiers structurants, dont les effets immédiats sont un accroissement des offres d’emploi et d’intrants locaux de production, avec pour corollaire l’amélioration sensible des revenus des populations.

L

a République du Congo grâce à un vaste programme économique devrait elle aussi continuer à tirer sa croissance vers le haut. Malgré sa position de géant de l’économie dans la sous région, le Cameroun fera parti des mauvais élèves, avec une croissance fixée autour de 3,8% soit plus d’un point en moins sur les objectifs de

croissance fixés par son document de stratégie de réduction de la pauvreté. De même, un rapport officiel rendu public mercredi 16 mars dernier, fait état de ce que la production pétrolière qui a longtemps été le pivot des recettes de l’Etat, a connu une baisse à deux chiffres, à plus de 12%. D’une manière globale, cette amélioration sensible de revenus dans la sous-région semble mal compensée par une augmentation de la demande de monnaie pour payer les salaires, mais aussi pour l’achat des devises, parce que le tissu local de production reste limité à satisfaire les demandes de consommation des ménages.

D

ans le même sens, les économies de la zone ont recours à d’énormes importations ce qui par la suite pèse sur la balance globale des paiements, mais aussi sur la marché du crédit, qui finalement devient trop cher. Des experts imaginent qu’une hausse maîtrisée de l’inflation pourrait avoir des conséquences positives sur la relance de la production.

Enfin la reprise mondiale pourrait être inférieure aux hypothèses retenues par les membres du CPM. Il fait d’ailleurs remarquer avec pertinence, que des incertitudes demeurent quant à l’ampleur des problèmes non résolus dans les secteurs bancaires des pays avancés et sur les solutions apportées pour y remédier. Les banques peuvent refuser d’accorder des prêts aux investisseurs privés, ce qui aurait un effet de frein sur la reprise mondiale plus important que celui envisagé. De même, la manière, dont les autorités budgétaires et monétaires vont gérer la sortie des politiques actuelles de relance en faveur d’une attitude plus neutre, n’est pas dénuée de risques. Une sortie trop précoce pourrait provoquer une récession mais une sortie trop tardive pourrait saper la crédibilité et attiser l’inflation.

Par Idriss Linge -

Le palais présidentiel à Malabo (Guinée Equatoriale)

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ÉCONOMIE

D

50 ans après : pourquoi souffre-t-elle en

e 1960 à 2010, voilà un demi-siècle accompli pour les dix-sept pays africains qui célèbrent cette année leur indépendance. Il y a cinquante ans, ces pays présentaient pratiquement le même niveau de vie et de développement que la plupart des “dragons d’Asie”.

La faim, un fléau pour l’Afrique

Cinquante ans après, l’économie de ces pays asiatiques talonne de près celle de vieux pays industrialisés (États-Unis et pays de l’Europe occidentale).

Ce constat vient d’être confirmé par le récent Rapport sur l’indice de la faim dans le monde en 2010, publié par l’Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI). Ce Rapport aligne les pays extrêmement touchés par la faim dans la zone Afrique subsaharienne, notamment la République démocratique du Congo, le Burundi, le Tchad et l’Érythrée, où respectivement plus de 50 pour cent des populations sont sous-alimentées.

C’est le cas notamment du Japon qui, en un siècle, a réussi à effectuer le parcours pour lequel les pays occidentaux ont consacré trois, voire quatre siècles. L’expérience est encore plus hallucinante pour les “petits dragons” - Corée du Sud, Taïwan, Singapour, Hong Kong -, lesquels ont réussi cet exploit en un demi siècle. Qu’est-ce qui expliquerait ce retard dans le décollage de l’Afrique?

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En dépit de leur indépendance et de l’éternelle aide au développement, le tableau socio-économique de l’Afrique, particulièrement pour les pays de l’Afrique noire, est sombre, voire alarmant.

Au vu des conclusions de ce Rapport, se profile l’incertitude d’atteindre les Objectifs du Millénaire, consistant essentiellement, pour les États mem-

bres de Nations Unies, à réduire dans quinze ans, soit de 2000 à 2015, de moitié le nombre des personnes vivant dans l’extrême pauvreté. Pour ce faire, il a été convenu de mettre en place un partenariat mondial pour le développement, avec comme finalité la mobilisation, en faveur des pays du sud, de plus des capitaux à titre d’aide publique au développement. La cible de cette aide, fixée à 0,7 % du Revenu national brut (RNB) des États donateurs pour 2015 et à 0,56 % pour 2010, est loin d’être respectée ; étant donné que ces derniers n’allouent que 0,42% de leur RNB. A l’exception du Danemark, du Luxembourg, de la Norvège, de la Suède et des PaysBas qui ont réussi à atteindre ce seuil en 2009. Or, au vu des tendances actuelles, de l’avis des spécialistes, les donateurs ne devraient pas atteindre cet objectif de 0,7 % avant 2050. C’est le cas notamment de l’Allemagne qui, sans une amélioration conséquente de l’aide actuellement fournie, ne devrait pas atteindre cet objectif avant 2027 et des États-Unis avant 2055.


ÉCONOMIE

l’Afrique subsaharienne core de la faim ?

Préalable pour le vrai décollage de l’Afrique Dans ces conditions, il se pose la question cruciale de savoir s’il est responsable pour les sociétés africaines de continuer à espérer les effets de la charité et de l’aide internationale. Aussi, loin de méconnaître l’importance de l’aide au développement pour le décollage de pays encore sous-développés, les sociétés africaines en mal de développement depuis de siècles sont-elles invitées à s’interroger aujourd’hui sur le facteur déterminant qui impulse,

voire fonde le développement. Certes, le développement d’une société est classiquement représenté par son économie (matières premières, capitaux, main d’œuvre, rapports de production, etc.). Loin de se réduire à ces composantes uniquement matérielles, l’économie, pour paraphraser Alain Peyrefitte, auteur du « Miracle » en économie, suppose, avant tout, une mentalité favorable à l’économie. C’est ce phénomène qui a amené finalement les grands économistes contemporains, à l’instar d’Armatya Sen, lauréat du prix Nobel d’économie, à

reconnaître l’importance du « capital humain». Par cette notion, il faudrait entendre, en fait, cette énergie humaine, invisible quoique puissante, capable de féconder ou de stériliser l’économie d’une société. Outre la culture, qui se traduit notamment par la philosophie et/ou la religion d’un peuple, ce capital s’acquiert et se développe au moyen de l’éducation ou de la formation, qui a pour effet, sans doute, d’accroître la productivité économique d’un individu, en lui permettant, notamment de mieux

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ÉCONOMIE gagner sa vie. Si les retombées de cet investissement paraissent moins visibles à l’immédiat, elles sont par contre déterminantes à l’avenir. Car une population mieux éduquée contribue à un développement non seulement stable mais aussi rapide. Raison pour laquelle les gouvernements des pays développés, outre les stratégies de développement déterminées par des enjeux financiers, adoptent une politique ferme d’éducation, notamment en consacrant conséquemment du temps et de l’argent à l’éducation et à la formation des populations, c’est-à-dire à l’accumulation de connaissances et de compétences. Par exemple, les États-Unis, qui comptent seulement 4 % de la population mondiale âgée de 5 à 25 ans, représentent, selon les statistiques de 2007 de l’Unesco, 28 % du budget mondial consacré à l’éducation, soit plus d’un quart du budget mondial total sur l’éducation. En seconde position, derrière la région Amérique du Nord et Europe de l’Ouest, viennent les États de l’Asie de l’Est et du Pacifique, lesquels accumulent 18 % du budget mondial à l’éducation. Conséquence : ces pays regorgent désormais une main d’œuvre tout aussi qualifiée que les Occidentaux, mais assez bon marché. De sorte que les sociétés occidentales désormais viennent s’installer dans ces pays. Cette situation, évidemment, profite à ces pays d’Asie.

Séoul, 1961

Séoul, De nos jours

Vicky ELONGO

Hiroshima, 6 août 1945

Hiroshima, de nos jours

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DOSSIER >> Suite de la page 21 décembre 1999, la Côte d’Ivoire a elle aussi connu plusieurs gouvernements provisoires d’union nationale, plus ou moins inefficaces. Le dernier en date, issu de l’accord de Ouagadougou en 2007, a du reste montré les dangers de cette solution. Car Gbagbo en avait alors profité pour mettre sur la touche tous les autres chefs politiques, afin d’être le seul à décider de l’avenir du pays. En réalité, il gagnait du temps pour se préparer à l’élection qu’il a perdue. Une autre solution serait de modifier la Constitution, afin de faire passer le

pays d’un système présidentiel à un système parlementaire, qui laisserait davantage de latitude à des gouvernements de coalition. Jouer sur la décentralisation pour accorder plus de pouvoir aux autorités locales et régionales pourrait également permettre de réduire les tensions géographiques entre groupes ethniques. Mais à court terme, aucune de ces options n’est envisagée sérieusement par la classe politique ivoirienne. L’éviction de Gbagbo, est une étape décisive dans la résolution de la crise —mais ce ne sera que la première. Ouattara devra

encore remettre l’économie sur pied, combattre l’impunité (y compris dans ses propres rangs) et bâtir de solides institutions démocratiques dans l’espoir d’éviter que ce genre de scénario ne se reproduise. Surtout, il devra persuader les partisans de Gbagbo qu’il est leur chef —un Ivoirien, comme eux. Par Maja Bovcon, traduit par Chloé Leleu (Slate Africa)

www.dhl.be

DHL

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ÉDUCATION

Education en Afrique : Les défis restent immenses L’Unesco a publié son Rapport mondial sur l’Education pour tous 2011. Un chapitre consacré à l’Afrique subsaharienne montre les progrès importants réalisés dans la scolarisation des enfants et des jeunes. Mais le rapport montre aussi l’impact négatif des conflits armés sur l’éducation…

A

u cours des dix dernières an- et l’enseignement ites pendant la nées, selon l’Organisation des supérieur qui reste guerre civile. Trois Nations unies pour l’éducation, inaccessible pour ans après la fin la science et la culture, des progrès beaucoup de de la guerre, 60 importants ont été réalisés en matière jeunes. En Afrique % des établissed’éducation en Afrique subsaharienne. subsaharienne, le ments primaires Les garçons plus privilégiés par Bien que la population en âge d’aller taux de scolarisan’avaient tourapport aux filles? à l’école ait fortement augmenté en- tion dans le supérijours pas été tre 1999 et 2008, les Etats africains ont eur était de 6 % en remis en état. réussi à faire passer à 77 % le taux de 2008 – pour une moyenne mondiale de Le stress et les traumatismes liés au scolarisation dans le primaire, précise 26 %. conflit sont toujours pour les jeunes sil’Unesco. Les changements les erra-léonais une cause de troubles de plus impressionnants ont été Les écoles, cibles de plus en l’apprentissage et de mauvaise réussite constatés au Burundi, en Ethiscolaire. plus légitimes lors des conflits opie, à Madagascar au Mali et Selon l’Unesco, « les conflits violents exen Tanzanie. acerbent les disparités liées au revenu Cependant, les défis restent immenses. L’édition 2011 du rapport de l’Unesco et au sexe à l’intérieur des pays ». Si, Si la scolarisation progresse, ce que s’intéresse plus particulièrement aux dans le nord de l’Ouganda, par exemles enfants apprennent sur les bancs conséquences des conflits armés sur ple, le conflit n’a qu’une incidence néreste « d’une faiblesse désespérante l’éducation. Selon l’Organisation, les gligeable sur les parcours scolaires des » dans beaucoup de pays, tempère salles de classe, les enseignants et les garçons issus des 20 % de ménages les l’Unesco : « L’amélioration de la qualité élèves sont de plus en plus considérés plus riches, « il multiplie par 2 le risque de l’enseignement est par conséquent comme des cibles légitimes lors des d’extrême pauvreté éducative pour les un défi majeur. » Autres défis : le nombre conflits. femmes issues des ménages les plus d’adultes analphabètes qui continue à pauvres ». En Sierra Leone, la plupart des infraaugmenter, la parité entre les sexes qui structures scolaires ont ainsi été détruMFI / Avec Laurent Correau recule dans l’enseignement secondaire,

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ÉDUCATION

Le Sénégal et le Mali désormais

contre l’excision et le mariage forcé Des communautés d’environ 90 villages sénégalais et maliens se sont mis d’accord pour radier l’excision de leurs habitudes culturelles lors d’une cérémonie solennelle dans l’est du Sénégal, frontalier du Mali. Cette cérémonie dite

ais et 19 villages maliens à Gathiary, localité de la région de Tambacounda, a indiqué Ali Ba, de l’ONG Tostan qui lutte pour l’abandon des mutilations génitales féminines (MGF). Il s’agit de populations majoritairement mandingue

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villages se sont mis d’accord pour radier ces pratiques de leur culture et soninké, deux des communautés pratiquant le plus les MGF qui, selon Tostan, affectent deux à trois millions de filles et femmes chaque année en Afrique notamment.

« Cette déclaration nous a fait atteindre 4.751 communautés sur les 5.000 ciblées par Tostan au Sénégal depuis 1997 », a ajouté M. Ba, selon qui des chefs religieux sénégalais et maliens ont été impliqués dans la campagne « L’abandon de l’excision et ont animé des ne signifie pas combattre l’islam » rencontres de sensibilisation intervillageoises dans les deux pays avant la de déclaration d’abandon de l’excision et des mariages précoces et forcés des cérémonie de Gathiary. Kalidou Sy, cofilles, a regroupé environ 1.500 partici- ordinateur national de Tostan, a précisé pants représentant 70 villages sénégal- que la manifestation s’est déroulée en

présence de responsables sénégalais mais également mauritaniens. Il s’agit pour Tostan d’accompagner les populations à faire la promotion de la stratégie transfrontalière en matière de lutte contre les MGF, a souligné M. Sy. Le Sénégal a adopté en 1999 une loi interdisant l’excision, mais la pratique persiste dans certaines communautés, où les filles sont excisées en cachette ou conduites dans des pays voisins où les MGF

“ l’Excision : Véritable problème de santé publique, 8/10 femmes concernées! ” ne sont pas encore pénalisés pour y être excisées, d’après des acteurs de la lutte sur le terrain. Le Mali est à la traine par rapport au Sénégal. Véritable problème de santé publique, l’excision concerne 85 % des femmes de 15 à 49 ans selon l’Enquête démographique et de santé au Mali

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ÉDUCATION

(EDSM) de 2006. La moitié des cas sont pratiqués sur des fillettes de moins d’un an. Au Sénégal, les chiffres sont moins catastrophiques, « 35 % des femmes de 15 à 49 ans en milieu rural, et 22 % en zone urbaine » sont victimes de l’excision, d ’ a p r è s l’Enquête dém o g ra p h i q u e et de santé au

“ il y a des pratiques, que nos ancêtres eux-mêmes s’ils revenaient à la vie trouveraient caduques et dépassées» ” Amadou Hampâté Bâ, Sage de Bandiagara

Sénégal (EDSS) en 2005. Les disparités restent importantes selon le milieu de résidence. Loin des villes, l’excision est plus courante, toujours très ancrées dans les pratiques traditionnelles. Selon Tostan, ce sont majoritairement les communautés mandingues et soninkées qui pratiquent les MGF. Lesquelles affectent

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deux à trois millions de filles et femmes chaque année en Afrique. Pourtant, le Gouvernement du Sénégal s’est fixé 2015 comme objectif pour un abandon total de la pratique de l’excision dans le pays, l’espoir devient permis. La 48e Déclaration Publique du Sénégal porte à plus de 4600 le nombre de communautés qui ont pris part à de tels événements. Si des résistances demeurent, ce type d’annonce publique reste primordiale car elle fait connaître la décision à l’ensemble d’un groupe et constitue en elle-même un outil de sensibilisation. Par Ariane Nkoma -


Les mille visages de la Région Bruxelles-Capitale

M

adame Diallo Khadidiatou Présidente du GAMS Belgique fait partie des 100 “Femme d’exception 2011” en Belgique. Elle dirige la section belge du GAMS (Groupement d’hommes et de femmes africains et euro- péens pour l’Abolition des Mutilations Sexuelles féminines) et a contribué à une prise de conscience de l’existence de ce problème en Belgique. Elles sont essentiellement pratiquées dans 28 pays africains, au sein de quelques ethnies en Indonésie et dans la Péninsule arabique. Le 4 et 6 février 2011 s’est tenu le colloque du Gams, ceci en présence de plusieurs personnalités, des politiques et marqué par la visite de la Reine, Paola de Belgique. Cet événement s’est clôturé par un défilé de mode d’une styliste sénégalaise et de jeunes mannequins en herbe, bénévoles et dévoués pour une cause noble : la Lutte contre les mutilations sexuelle génitales.

Le GAMS

Belgique a été créé en 1996. Il s’agit d’un groupe d’hommes et de femmes africains et européens qui luttent pour l’abolition des mutilations génitales féminines. Le GAMS a été reconnu officiellement en 1997 par le Comité Inter Africain pour la

lutte contre les pratiques affectant la santé de la mère et de l’enfant (CIAF) comme la section belge du CIAF. Le GAMS Belgique est membre actif du réseau européen contre les mutilations génitales féminines (EuroNet-FGM)

Rien qu’en Wallonie et à Bruxelles, 200 petites filles naîtraient chaque année, originaires d’un pays à haut risque, et seraient donc des

“ L’excision, l’infibulation et les

autres atteintes majeures à l’intégrité anatomique et sexuelle de la femme concernent 3 millions de fillettes annuellement. ”

Depuis 2008, le GAMS coordonne les stratégies concertées en matière de lutte contre les mutilations génitales féminines.

victimes potentielles de ces traitements dégradants et destructeurs de la sexualité de la femme. Le GAMS-Belgique a accompli un travail remarquable grâce à une équipe composée principalement de bénévoles et soudée par le caractère mobilisateur et humanitaire de ses objectifs. 31


L

’action du GAMS se concrétise dans diverses directions, allant de l’aide individuelle à l’information du grand public et des populations, en passant par la sensibilisation, l’information et la formation des professionnels de la santé, notamment avec le soutien de l’ONE, l’édition de brochures et d’affiches dans la perspective de la prévention de ces pratiques, etc.

L’Etat Belge

a reconnu l’importance de ce problème en adaptant et créant une législation pénale destinée à interdire ces pratiques et les sanctionner, grâce au patient travail de prévention mis en œuvre par le GAMS sur les plans national et international.


MONDE

SOMMET EUROPEEN

FACE A LA CRISE, LES EUROPEENS ADOPTENT UN PACTE POUR L’EURO

L

’Europe est en train de sortir de la crise. Certains de ses pays ont été frappés durement par celleci, notamment la Grèce et l’Irlande. D’autres pays comme l’Espagne et le Portugal sont encore dans la ligne de mire des marchés. A titre d’illustration, le premier ministre portugais a démissionné suite au rejet par le parlement de son plan d’austérité. Cette démission était intervenue à quelques heures du sommet européen du 24 au 25/avril/2011, qui a été consacré justement à la crise, et à l’adoption du pacte pour l’euro. Comment garantir cette sortie de crise et faire la prévention? C’est par des mesures communes en matière financière et sur la compétitivité afin de parvenir à un haut niveau de convergence. Tout cela n’est possible que par un pacte entre tous les États membres de la zone euro. Car des événe-

ments récents ont démontré que, par des différents modes de contagion, les difficultés financières d’un État membre peuvent menacer la stabilité financière de l’ensemble des États de la zone euro. Ce pacte pour l’euro repose sur un pilier qui s’appelle la coordination renforcée des politiques économiques. Dans le cadre de ce pacte, les États membres de la zone euro s’engagent à poursuivre un certain nombre d’objectifs communs. Ces objectifs visent la politique d’emploi, la compétitivité, la viabilité des finances publiques et enfin la stabilité financière. Par exemple, sur le volet compétitivité, on évaluera les progrès par l’évolution des salaires et productivité. Dans ce domaine, les États sont appelés à ouvrir les secteurs protégés, à lever les restrictions indues sur les

services professionnels et le commerce de détail. En outre, éliminer les lourdeurs administratives et améliorer le cadre législatif en allégeant le droit des faillites et le code de commerce. Selon l’esprit de ce pacte, le marché de l’emploi constitue un facteur déterminant de la compétitivité. Les États membres de la zone euro devront ainsi mettre en œuvre des réformes fiscales, citons la réduction des charges fiscales pesant sur le travail; des décisions favorisant la fléxisécurité, la réduction du temps non déclaré, l’éducation et la formation... De la même manière, des mesures sur la viabilité des finances publiques sont envisagées. Celles-ci toucheront les retraites, les soins de santé et des prestations sociales. Ici, on pense à limiter le régime de préretraite et inciter les personnes âgées à l’emploi,

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MONDE notamment les travailleurs de plus de 55 ans. Par ailleurs, le système de retraite doit tenir compte de la situation démographique nationale. Afin de renforcer la stabilité financière dans la zone euro, des tests de résistance des banques seront organisés de façon régulière au niveau de l’Union. En plus, l’endettement privé des banques, des ménages et des entreprises non financières fera l’objet

d’un suivi rigoureux par chaque État membre. On se rappelle, le Conseil européen tenu les 28 et 29 octobre dernier, était convenu de l’importance de la création d’un mécanisme permanent afin de préserver la stabilité financière de la zone euro en cas de crise.

canisme européen de stabilité (MES) qui s’appuiera sur le fonds européen de stabilité financière. Le MES aura un budget de 500 milliards d’euros. En effet, les États membres de la zone euro en difficulté auront droit à une assistance financière sous une stricte conditionnalité. Ces mesures sont de nature à soutenir le pacte pour l’Euro.

C’est ainsi que les ministres des finances ont mis en place le mé-

Jean Boole

Nouvelles d’Europe Coopération UE-ACP 40 MILLIONS D’EUROS POUR DE L’EAU POTABLE AUX PAYS ACP Andris Piebalgs, Commissaire européen au développement a mis à la

re de la Journée mondiale de l’eau, cette fois-ci axée sur le programme « de l’eau pour les villes-une réponse au défi urbain ». Cette somme représente un mécanisme financier innovant dans le cadre de la facilité ACP-UE pour l’eau. Cette somme est destinée

En outre, le Commissaire européen au développement a souligné le fait que des milliards de personnes à travers le monde, l’accès à l’eau potable et aux services sanitaires reste une question de vie et de mort. Commerce extérieur

L’UNION EUROPEENNE ENREGISTRE UN DEFICIT DE 14,8 MILLIARDS D’EUROS Le commerce extérieur des États membres de la zone euros va mal. Dans leurs échanges commerciaux avec le reste du monde, ces États ont enregistré un déficit de 14,8 milliards. C’est dans le domaine de l’énergie que ce déficit a beaucoup augmenté, c’est-à-dire de moins 297,1 milliards d’Euros.

L’accès à l’eau potable, une question de vie et de mort disposition des pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP) une somme de 40 millions d’euros afin d’améliorer l’accès à l’eau potable. Cette initiative a été prise dans le cad-

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à financer des projets pour l’accès à l’eau et au service d’assainissement dans les pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique.

Concernant le commerce total des États membres, l’Allemagne a affiché le plus fort excédent ( + 43,4 milliards en 2010 ), suivie de l’Irlande ( +42,3 milliards), des Pays-Bas ( +42,3 milliards) et de la Belgique (+16,4 milliards). Par contre, le Royaume-Uni (-115,5 milliards) a accusé le plus fort déficit, suivi de la France (-64,1 milliards). Source : Eurostat.


MONDE Environnement

UN QUART DES DECHETS DES MENAGES RECYCLES Dans la zone euro, en 2009, 513 kg de déchets ménagers (municipaux) ont été générés par personne. La quantité générée par personne varie d’un pays à l’autre. Par exemple, 316 kg par personne en République tchèque, en Pologne et 833 au Danemark. Ces déchets ont été traités selon différentes méthodes : 38% ont été mis en décharge, 20% incinérés, 24 recyclés et 18 composés. Source : Eurosta. Journée mondiale de l’eau:

Améliorer l’accès à l’eau reste encore un défit dans les pays l’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique

La Commission européenne mobilise €40 millions pour améliorer l’accès à l’eau en Afrique, aux Caraïbes et au Pacifique Dans le cadre de la Journée mondiale de l’eau le 22 mars, axée sur « De l’eau pour les villes – une réponse au défi urbain », le Commissaire européen au développement, Andris Piebalgs, annonce le lancement d’un mécanisme financier innovant dans le cadre de la “Facilité ACP-UE pour l’Eau”. 40 million d’euros sont disponibles pour ce mécanisme, créé pour combiner des subventions du Fonds européen de Développement (FED) avec des prêts des institutions financières bilatérales et multila-térales de l’UE, afin de financer des projets pour l’accès à l’eau et aux services d’assainissement dans les pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP). Le nouvel instrument permettra d’accroître l’effet de levier de l’aide financière et une plus grande participation du secteur privé. Il participe également aux efforts de l’UE pour aider les pays en développement à atteindre les Objectifs du Millénaire pour le Développement relatifs à l’eau potable et l’assainissement.

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MONDE

Classement mondial des villes où on vit le mieux

L

e cabinet de consultants Mercer tablit chaque année la liste des villes où l’on vit lemieux (et celles, suivant leur classement, dans lesquelles on vit le moins bien) dans lemonde. Voici les critères de jugement dédiés à cette étude : l’environnement politique et social ; l’environnement économique ; l’environnement socio-culturel ; la qualité et la quantité des structures de santé ; la qualité du système éducatif ; la qualité des services publics; le nombre et la qualité des commerces ; la qualité du parc immobilier ; l’environnement naturel.

Vienne, Autriche

Auckland, Nouvelle-Zélande

Genève, Suisse

Au vu de ces critères, la ville dans le monde où la vie est meilleure vivre, c’est Vienne, la capitale autrichienne ! Le top 10 est constitué ainsi : 1. Vienne, Autriche 2. Zürich, Suisse 3. Genève, Suisse 4. Vancouver, Canada 5. Auckland, Nouvelle-Zélande 6. Düsseldorf, Allemagne 7. Francfort, Allemagne 8. Munich, Allemagne 9. Berne, Suisse 10. Sydney, Australie

Vancouver, Canada

triche

e, Au

Vienn

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DIPLOMATIE

Le Premier ministre du Togo encourage la partie ACP à s’ouvrir

COMMUNIQUE DE PRESSE ACP En effet, il y a tout juste deux semaines, le Comité recevait la visite du Président de la Sierra Leone, S.E. Dr Ernest Bai Koroma. Dans son allocution de bienvenue au Premier ministre Houngbo, le Secrétaire général ACP, Dr Mohamed Ibn Chambas, a indiqué que le Comité des ambassadeurs était très honoré d’accueillir un homme d’État, qui a passé une bonne partie de sa carrière à promouvoir la cause du développement. Il a ajouté que l’engagement sans faille du Premier ministre pour le développement du Togo s’est traduit par un programme de gouvernement centré sur le développement économique et social, en vue d’améliorer le bien-être du peuple togolais. Prenant la parole, le Premier ministre a brossé les changements que son pays entend réaliser sur les plans économique, politique et social. Ainsi, son gouvernement envisage de renforcer les acquis démocratiques, et déploie des efforts considérables pour consolider les secteurs structurés de l’économie togolaise. S’agissant du Groupe ACP, S.E.M. Houngbo a déclaré qu’il s’agit d’un Groupe unique en son genre, dans la mesure où il rassemble le plus grand nombre de pays en développement au monde dans le cadre d’une coopération avec l’Union européenne (UE).

L

e Premier ministre du Togo, S.E.M. Gilbert Houngbo, est la deuxième personnalité ACP en moins d’un mois à s’exprimer devant le Comité des ambassadeurs du Groupe des États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP) à Bruxelles.

Toutefois, le Premier ministre a souligné que le partenariat ACP-UE se trouve désormais à la croisée des chemins et qu’il a atteint une étape décisive de son évolution. A cet égard, il a invité le Groupe ACP à prendre en compte les ambitions nouvelles que s’est fixées le partenaire européen dans le cadre du Traité de Lisbonne. Le Premier ministre a également appelé la partie ACP à prendre en considération ses propres aspirations et à s’ouvrir à d’autres acteurs importants de la communauté internationale, tout en préservant les acquis découlant de sa relation avec l’UE. A cet égard, S.E.M. Houngbo a salué la mise en place du groupe de travail sur les perspectives d’avenir du Groupe ACP qui, à son sens, mènera une réflexion en vue de formuler des propositions sur les réformes qui s’imposent pour préserver et renforcer la spécificité et l’originalité du Groupe. Il a indiqué que le Groupe ACP doit trouver un positionnement judicieux à travers un dialogue franc et ouvert entre ses membres, afin de s’élargir et de pouvoir relayer les aspirations de ses peuples en matière de développement. Le Président du Comité des ambassadeurs et ambassadeur du Nigeria, S.E.M. Usman Aljahi Baraya, a indiqué que le Togo, et en particulier sa capitale historique Lomé, occupe une place de choix dans les annales de la coopération au développement ACPUE. Rappelant que la première Convention de Lomé a été signée en février 1975, il a fait remarquer que le nom Lomé évoque désormais le paradigme unique de la coopération Nord-Sud fondée sur le dialogue, l’interdépendance, la légalité et des obligations communes. S.E.M. Baraya s’est également félicité des progrès accomplis par le Togo dans plusieurs domaines majeurs. Avant de prendre congé de ses hôtes, le Premier ministre a été présenté à tour de rôle aux différents ambassadeurs présents.

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CHRONIQUE

Les révolutions au Maghreb et au Moyen-Orient : l’Histoire en marche, mais quelle histoire ! dias devraient être aux ordres ou disparaitre. Sur le plan politique strict, la population, par le parti dominant ne pouvait rêver mieux que d’élire à intervalle régulier un président qui prenait des allures d’un dieu descendu à l’aide d’une machine (Deus ex machina). Comme c’est souvent le cas pour des crises qui déclenchent la chute des régimes, la Tunisie est le résultat d’un grouillement souterrain précipité sans doute par l’usage du « Twitter » mais dont l’épicentre se trouvé bien être les membres de l’oligarchie au pouvoir eux-mêmes. Le suicide du jeune Mohamed Bouazizi n’a été que l’étincelle qui a mis le feu aux poudres.

L

e monde arabe, de l’Afrique du Nord (Tunisie, Algérie, Maroc, Egypte et Libye) au Moyen-Orient (Bahreïn et Yémen) est en ébullition. C’est un vaste mouvement qui a surpris le monde par sa fulgurance et la ressemblance du modus operandi des insurgés. Partout une même foule dans laquelle les jeunes constituent la majorité, les mêmes revendications (justice sociale, emplois et démocratie). Néanmoins, cette uniformité apparente cache des réalités spécifiques pour chaque pays considéré.

En Tunisie

notamment, les causes ressortent d’une situation de pays avancés (une élite formée et

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En Algérie

, il faut reprendre l’analyse du célèbre avocat algérois Miloud Brahimi à qui l’on demandait des structures sociales qui ont évolué si les révolutionnaires risquaient-ils de depuis le premier président Bourguise lever en Algérie. Il répond : « Il y a de ba, particulièrement en matière du nombreuses similitudes entre l’Algérie droit de la femme). Ces progrès ont et la Tunisie, l’Egypte et la Libye : un généré des attentes légitimes dans système vieillissant et clientéliste, une les populations lesquelles du fait de jeunesse nombreuse, marginalisée l’éducation élevée de la jeunesse et ainsi qu’une montée exponentielle d’une économie qui alignait un taux des revendications sociales et de de croissance en hausse constante. contestations politiques. Mais ce qui Pourtant, les principaux indicateurs distingue L’Algérie est qu’elle ne vit de la progression du niveau de vie de pas sous une dictature et n’est pas la majorité étaient bloqués. La répardirigée par une famille prédatrice. La tition des ressources en termes nomiliberté de la presse et d’expression y naux achoppait à la boulimie népoest totale. Autre spécificité fondamentique des Ben Ali. tale : la décennie noire. L’insurrection Face à la montée du chômage des islamiste a considérablement retardé jeunes, le gouvernement ne trou- le processus de démocratisation, mais vait pas mieux que de bâillonner aujourd’hui l’Algérie est dans une l’expression démocratique. Les mé- dynamique positive. Ailleurs, le vent

Mouammar Kadhafi: deux poids, deux mesures?


CHRONIQUE révolutionnaire a d’abord commencé par une contestation sociale puis politique sous forme d’émeutes. Ces dernières ont constitué une nouveauté pour Ben Ali, Moubarak et Kadhafi. Ici elles sont monnaie courante. Cela dit, l’Algérie devrait connaitre à terme une évolution cardinale » (1)

Au Maroc

la situation est assez semblable à celle de l’Algérie sauf que dans le premier pays la royauté bénéficie d’un puissant soutien populaire par le régulateur des pulsions irrédentistes qu’est l’Islam qui permet d’évacuer les antagonismes identitaires entre les mouvances arabes et berbères. En outre Mohamed VI est relativement jeune, ouvert et d’une grande perspicacité en matière

Le Maghreb au front!

d’évolution démocratique structures institutionnelles.

et

des

Quant à la

L’Egypte

, sa spécificité est que les Frères Musulmans tenus en respect par Moubarak pendant si longtemps gardent malgré tout la main sur le devenir politique de ce pays important. Dans la mesure où de confession chiite, ils détiennent d’énormes moyen de pression sur une frange importante de la population dont elle assure, en quelque sorte, une intendance so-

ciale. Cet aspect socio-religieux donne un tour stratégique aux événements du Caire dans la mesure où le monde arabe voit dans la disparition de la scène politique, comme hier Sadate et aujourd’hui Moubarak, une manière de précipiter la prise en main par les Arabes eux-mêmes de la solution des problèmes qui se posent à la région.

tandis que la Tripolitaine qui a Tripoli comme chef lieu se balance entre des soutiens acquis au leader libyen et quelques , enfin, où est tribus disséminées qui ne se mis en scène déclarent pas. Kadhafi et les opposants regroupés à • Deuxième particularité : les atBenghazi, Chef-Lieu de la Cyrénaïque, taques aériennes au dessus la différence parle encore plus. Il s’agit de la Libye. Dans cette entreici certes d’un déni de démocratie et prise de déstabilisation (guerre d’un mode de gestion tribal ou clad’Irak bis ?) qui ne dit pas son nom, il y a comme deux poids, deux mesures. A Bahreïn et au Yémen, les autorités s’accrochent au pouvoir, en dépit de la forte mobilisation populaire. Elles tiennent les insurgés en respect avec l’appui des unités de combat venues d’Arabie Saoudite nique qui ont eu, jadis, des effets dés- sans que personne ne joue les vierges astreux par la mise en branle par Kad- courroucées. Du coté de Washington, hafi d’entreprises terroristes ayant fait Paris et Londres, silence radio. des centaines de mort et menacé la Que faut-il en conclure ? Les révolusécurité internationale. Aujourd’hui la tions si elles ont un sens, elles ressemdonne a bien changé et ce qui arrive blent souvent à un torrent de boue à Kadhafi tient de la surmédiatisation longtemps contenu qui se libère en d’une situation sociologique de la Libfracassant tout sur son passage. Esye du reste peu maitrisée. Deux points pérons qu’en l’occurrence, celles qui le démontrent : font trépigner le monde arabe nous • En 1969, Kadhafi prend le pou- révèle les lignes directrices de l’Histoire.

En Libye

voir en renversant la monarchie dont le fief est Benghazi. A ce jour, les opposants sont originaires de cette région

Par Cyrille Momote Kabange

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Nouvelle rubrique sur Onésha Afrika :

ESTHETIQUE AU MASCULIN

Une nouvelle rubrique est née. Elle sera animée par Njomgang Arouna, un esthéticien d’origine camerounaise former dans les meilleures écoles du Cameroun en matière d’esthétique africaine devenant le premier homme issu d’une école professionnelle de beauté institutionnalisé en Afrique Centrale. En plus de cette qualification professionnelle, il a touché à la botanique et à la diététique. Il sera chargé de cours de biologie alimentaire en 1995 dans une école d’hôtellerie et plus tard préfet des études dans la filière esthetique-diétetique de l’Institut des Technologies Appliquées de Douala. En Belgique depuis peu, il veut par notre biais, prodiguer des conseils de bonne tenue vestimentaire et corporelle. La nouveauté est qu’il s’adresse surtout et en particulier aux hommes dont on a négligé jusqu’ici la valeur beauté, en ne la réservant qu’aux femmes. Un dicton de chez nous prétend qu’un «vrai» homme doit « sentir le bouc ». Alors le magazine ONESHA AFRIKA via Arouna Njomgang va détricoter ce préjugé pour camper un homme africain qui peut tout aussi bien chercher à plaire.

www.oneshaafrika.net

info@oneshaafrika.net


DIASPORA

Marocain? que diton sur toi dans les médias belges???

L

es pays “récepteurs” visent à répondre à leurs besoins présents et futurs en terme de main d’œuvre sans que cette main d’œuvre soit une charge sur leurs dos, quant aux pays “destinateurs”, ils veillent à conserver voire à augmenter les fonds envoyés par cette main d’œuvre. Ni le premier côté, ni le deuxième ne pensent aux souffrances de ces migrants ni de celles de leur progéniture qui deviennent des victimes des deux sociétés celle de l‘accueil et celle d‘origine. Ces descendants d’immigrés sont de plus en plus mal représentés dans la société, tantôt on les présente comme une menace sécuritaire, tantôt comme un concurrent dans le marché du travail et tantôt comme colonisateur en oubliant qu’ils sont devenus une partie de cette société. Alors qui assume la responsabilité de cette défiguration médiatique des immigrés et de leurs enfants?

L

es institutions médiatiques sont devenues d’emblée une cible de nombreuses critiques et revendications de la part des citoyens issus de l’immigration car d’après eux les institutions médiatiques jouent un rôle déterminant dans la construction identitaire des individus. Elles constituent une source première des choses que nous connaissons sur le monde, des représentations que nous nous faisons du monde qui nous entoure. Elles possèdent donc une certaine responsabilité à cet égard. La représentation des issus de l’immigration maghrébine en général et de l’immigration marocaine en particulier n’est pas une question de quantité ou de visibilité mais plutôt une question de représentation ré-

ductrice dans le sens où les médias belges classent les belges issus de l’immigration marocains dans des « tiroirs » : un des délinquants (à cause des crimes commis par certains : vol, viol, drogues…), un autre des fenians (à cause des aides sociales dont bénéficient certains), un autre des primitifs (à cause des mariages forcés) et encore un autre des gens de service (qui n’occupent que les petits postes). Ainsi, l’enquête réalisée par l’observatoire du récit médiatique et l’université catholique de Louvain a montré que les minorités étaient essentiellement représentées dans les rubriques relatives à la justice, à la criminalité, et aux faits divers.

“Le Maroxellois”

voit s e s lecteurs au cœur de ce débat, c’est la raison pour laquelle il ouvrira une enquête journalistique sur la représentativité de la diaspora marocaine dans les médias belges. Alors comment représente-t-on la diaspora marocaine en Belgique? Certains citoyens belges d’origine marocaine préfèrent eux-mêmes qu’on ne rappelle pas tout le temps leur origine. C‘est pour cela qu‘ils sont souvent cachés,

L

es citoyens belges issus de l’immigration comptent parmi eux des avocats, des médecins, des Professeurs, des cadres dans différents domaines. Or, l’image la plus courante d’eux est de fouteurs de troubles dans les quartiers chauds,

d’arracheurs de sacs aux vieilles dames, d ’ a g re s s e u r s … e t c . l’image réelle d’une minorité des belges issus de l’immigration marocaine. Ce qui mène à conclure que les médias ne sont pas seul responsables de la mauvaise représentation des membres de la diaspora marocaine en Belgique. La responsabilité est partagée entre ces médias là et les membres de cette diaspora. Alors qu’a-t-on fait pour résoudre ce problème?

L

es associations et les autorités publiques s‘engagent de plus en plus pour remédier à la mauvaise représentation et à la discrimination médiatique. « Dites Non à la Discrimination » est une campagne lancée par le Conseil de l’Europe qui vise à construire un réseau de professionnels des médias et d’organiser les médias de façon à promouvoir le dialogue interculturel et des pratiques et politiques de lutte contre les discriminations en Europe. L’institut Panos Paris a animé un programme Européen pour favoriser la diversité des médias. Dans le même registre, la Fédération Internationale des Journalistes, l’Association des Journalistes Professionnels de la Belgique et les Editeurs de Journaux et Hebdomadaires qui prescrivent les règles pour la bonne représentativité des issus de l’immigration. Le but de ces engagements a-t-il été éteint? Y-t-elle une amélioration dans la représentation médiatique? Et comment réagissons-nous les marocains pour améliorer notre représentation médiatique? Vous voulez des réponses? Rendezvous au prochain numéro. Aicha BACHA

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Googlebooks

est-t-elle une opportunité ou un danger pour les usagers ?

Quelques explications :

C’est en 2004 que Google a annoncé le début de la numérisation des livres avec Google Livres. Disposant de moyens considérables, cette bibliothèque virtuelle comptait plus de 7 millions de livres en novembre 2008 et 15 millions livres en 2010 dont 3 millions livres consultables aux USA. Dans ces débuts, Google a procédé à la digitalisation des ouvrages figurants aux catalogues de bibliothèques de certaines universités américaines : elle a mis en ligne des travaux de recherches en version intégrale et les œuvres qui tombent dans le domaine public.

ADI, ADBS, Michèle Battisti, mai 2009 Benoît PIER, École centrale de Lyon, CNRS, Université Claude-Bernard Lyon, Local and global instabilities in the wake of a sphere, January 2008 http://www.actualitte.com/actualite/23303-concurrence-publicite-google-autorite-bibliotheques.htm C’est un organisme protégeant 18 journaux belges, la plupart francophones En Belgique, le droit d’auteur est l’ensemble des prérogatives exclusives dont dispose un créateur sur son œuvre de l’esprit originale (Cf: http://suisse. juridat.be) Veuillez en lire les détails dans la page A. STROWEL, « Google et les nouveaux services en linge : quels effets sur l’économie des contenus, quels défis pour la propriété intellectuelle ? » , J.T., 2007, p. 597 C’est l’autorisation préalable de l’auteur c’est le contraire de l’opt-out qui signifie l’opposition préalable C’est une entreprise chargée, de représenter les intérêts des auteurs et éditeurs, d’identifier ceux-ci et de les rémunérer.

L’objectif des siècles des lumières qui est la vulgarisation du savoir peut-t-il devenir une réalité avec Google livres ? Le coût de la numérisation est plus bas par rapport aux coûts des investissements qui permettent le développement des livres de bibliothèques. L’objectif principal d’une bibliothèque est d’encourager à apprendre tandis que l’objectif d’une entreprise privée (le cas de Google) est de générer des gains lucratifs. Ce projet de Google prend de plus en plus d’ampleur, dans le temps où beaucoup de revues scientifiques sont laissées aux éditeurs,

le coût moyen de l’abonnement aux revues scientifiques américaines est de 10000 dollars. Donc le savoir scientifique devient un privilège de certaine élite. Google a promis un accès libre dans toutes les bibliothèques sur un seul terminal d’ordinateurs, ce qui permettra aux petites bibliothèques de satisfaire les besoins de leurs publics. Si on pense les choses dans ce sens, on peut tolérer à GoogleBooks cette initiative mais à condition de garder la responsabilité des contenus devant les citoyens. Cette promesse nous mène à songer, même pour un instant, à une éventuelle réalisation du rêve des siècles des lumières. Cette opportunité n’exclue pas le danger qui peut se poser en cas du changement de sa politique commerciale.

Google

numérise de plus en plus d’ouvrages protégés par le Copyright, ce qui la rend la cible de plusieurs actions judiciaires . Pour remédier à ces problèmes, Google a signé des accords avec des éditeurs américains. En réponse à ses accords. Robert Darnton a écrit le 12 février dernier dans The New York Review of Books, un article où il revient sur l’accord passé, à l’automne 2008, entre Google et un collectif d’auteurs et d’éditeurs qui n’attend


plus que l’approbation d’un tribunal de New York. Cette citation : « Quand des entreprises comme Google considèrent une bibliothèque, elles n’y voient pas nécessairement un temple du savoir, mais plutôt un gisement de contenus à exploiter à ciel ouvert » est extraite de cet article. Cette citation va être l’élément déclencheur du débat du présent travail et c’est autour de cette citation que va se dérouler notre enquête, alors qu’entend Darnton par cette citation? J’ai fait beaucoup de recherche sur le sujet, je suis tombé sur deux bons articles qui rebondissent sur l’article de Darnton, le premier est de Michèle Battisti et le deuxième est de Benoît Pier. Michèle Battisti pense que Google est une société privée et qu’elle puisse contrôlée l’accès à l’information mondiale est pour le moins risqué ! En outre, Google n’est pas une vraie bibliothèque numérique qui met les ouvrages en perspective mais un stock de documents . Sur le plan de l’exploitation commerciale mentionnée par Darnton, Michèle Battisti l’a expliquée ainsi: la gratuité de Google est un miroir aux alouettes. Selon elle, il n’y a pas de gratuité dans le secteur privé, prétendre la gratuité est une façon pour arnaquer les lecteurs tantôt naïfs et tantôt soifs du savoir. Benoît Pier a expliqué cette citation de Darnton en termes d’étape temporelle. Pier croît au principe de base de Google qui est de stocker les informations comme il estime que la gratuité de Google est une véracité mais une véracité temporelle, Google stocke les données. Leur accessibilité se fait

selon des critères de « pertinence » ultrasecrets fixés par elle, donc le livre le plus pertinent qui s’affiche aux résultats de la recherche est le livre le plus pertinent aux yeux de Google et non pas celui qui est réellement pertinent à la recherche . Comme il souligne que cette accessibilité est conditionnée par Google et que quand elle décidera de rompre, la crise sera bien plus grave que celle liée aux subprimes. Y a-t-il d’entreprise privée sans but lucratif ?!! Google est une entreprise privée, et une entreprise privée cherche toujours à faire des bénéfices. Alors comment Google fait ses bénéfices pour autofinancer les frais de numérisation et pour survivre, voire s’élargir dans le marché ? Le but avoué de Google est la numérisation massive pour faciliter l’accès au patrimoine culturel mondial. En numérisant Google met la main sur le patrimoine culturel mondial, et le privatise pour s’autofinancer. Google a trois méthodes pour générer du bénéfice: • Googlesearch vend des mots clés aux entreprises ; plus un mot clé est demandé sur googlesearch, plus le prix de ce mot clé augmente. Donnant un exemple concret, « Amazon ou eBay », si dans le moteur de recherche Google on tape 2000 fois par jour Amazon et on tape 20000 eBay, ebay coûtera beaucoup plus chère que Amazon pour l’hébergement. • Google signe des accords confidentiels avec de nombreuses firmes pour référencer les produits des firmes en question dans les premières pages et dans les premières lignes. Google interdit aux moteurs de recherches toute indexation, donc elle monopolise

l’indexation de tous les livres qu’elle a numérisés. • Google use des onglets publicitaires pour maximiser ses recettes et parfois abuse de ce moyen. Google est passée devant l’autorité de la concurrence concernant les questions publicitaires et la possibilité d’une position dominante, elle a été saisie en février 2010. Google est bien considéré en position dominante « sur le marché de la publicité liée aux moteurs de recherche ». Google et Droit d’auteur de la négligence aux accords contractuels La question s’était déjà posée en Belgique en 2007 dans l’affaire qui opposait Google à Copiepresse . L’infraction de Google est due à l’affichage de Google News des informations de contenu disponible en version payante sur les sites des journaux belges. Le verdict a donc donné raison à Copiepresse. Le ver- dict était le suivant: « Nous confirmons que les activités d e

Google


News, la reproduction et la publication des grands titres tout autant que les courts extraits, l’utilisation du cache de Google, la base de données publique d’articles et de documents, enfreignent la loi sur les droits d’auteur ». Alors qu’est-ce qu’une atteinte aux droits d’auteurs selon la loi Belge et comment procède Google pour régulariser sa situation?

l’autorisation donnée par les bib- Cet accord autorise Google de liothèques en faveur de l’accès au créer une base de données des livre et de leur manipulation) droits sur les livres. Les ayants droits (éditeurs, auteurs, etc.) Dans une ordonnance prononcée pourront toucher 63 % des revele 13 février 2007, le tribunal de nus perçus par Google : première instance de Bruxelles avait pris clairement position en • les revenus publicitaires et faveur du principe de l’opt-in , autres usages commerciaux option largement approuvée par attachés aux livres. la doctrine.

En droit belge, l’article 1er de la loi du 30 juin 1994 relative au droit d’auteur et aux droits voisins qui prévoit que l’auteur a seul le droit de reproduire ou d’autoriser la reproduction de son œuvre « de quelque manière et sous quelque forme que ce soit ». L’article 1er précise également que l’auteur d’une œuvre a le droit de la communiquer au public « par un procédé quelconque y compris par la mise à disposition au public d’une manière que chacun puisse y avoir accès de l’endroit et au Aux Etats-Unis, la vague de numoment qu’il choisit individuel- mérisation n’est pas non plus restée sans réaction de certains lement ». milieux intéressés : en septemPar ce, le droit Belge donne à bre 2005, un groupe d’éditeurs et l’auteur seul le droit d’accorder d’auteurs ont fait un procès dit de ou non à Google le droit recours collectif à Google pour d’exploitation ou reproduction avoir numérisé les livres protéde ses œuvres. Google a fait de gés par le droit d’auteur. Trois ans nombreux accords avec beau- plus tard, les parties de ce litige coup d’éditeurs pour bénéficier de vont officialiser un accord appelé la numérisation de ces ouvrages, Google Book Settlement (GBS) l’est-t-il suffisent pour exploiter prévoyant la création d’une enles œuvres commercialement treprise chargée de représenter les et littérairement comme le fait intérêts des auteurs et éditeurs, Google ? Cet accord va partiellement arAlain STROWEL a fait une étude rêter l’exploitation à ciel ouvert sur ce sujet , la principale question dont a parlé Darnton, car avec cet de cette étude était « de savoir si accord Google peut toujours nupour les livres encore protégés mériser les ouvrages mais tout en par le droit d’auteur, Google doit respectant l’intérêt public, voici demander une autorisation pré- les termes de cet accord: alable à la numérisation (outre

• le prix de vente des ouvrages est fixé par les éditeurs • l’abonnement institutionnel proposé aux établissements d’enseignement, aux administrations et aux entreprises, à un prix négocié entre Google et le « Book Rights Registry». Les détenteurs de droits pourront, à tout moment, modifier les instructions destinées à Google, concernant l’une ou l’autre de ces utilisations commerciales. Cette numérisation massive de Google a des conséquences d’ordre économique et social, alors en quoi consistent ces conséquences? Aicha BACHA


Cilou Annys, Miss Belgique 2010, contre les viols à l’Est de la RDC. entretient avec ONESHA AFRIKA


FOCUS

A

près une année de glamour et de paillette, Cilou a décidé de se consacrer à une cause hautement humanitaire. Elle crée Fashion Against Rape et devient entre autre la porte-parole de l’Asbl IMANI CONGO (Association de la défense des femmes victimes des violences sexuelles en RDC plus particulièrement dans la province du Maniema). Elle entend jouer son nouveau rôle avec générosité et abnégation. D’aucuns voudraient comprendre la motivation de la belle Cilou. « Avant toute chose, je suis un être humain, une femme. La souffrance des autres femmes ne peut me laisser indifférente ». Voilà, la réponse de Cilou. D’ailleurs, ajoute-elle, « ces femmes violées sauvagement sont pour moi des sœurs, des copines... ».

Q

uand j’ai découvert ces monstruosités innommables, à l’Est du Congo, je fus choquée terriblement. Et l’indifférence de la communauté internationale est inacceptable. Ce qui explique, du reste, le fait que la plupart de ces actes criminels sont impunis. Raison pour laquelle, je ne peux pas être dans le camp de celles qui ne font rien, c’est-à-dire celles qui ferment les yeux et bouchent leurs oreilles. Car nombreuses femmes refusent d’entendre les cris et les pleurs de nos sœurs violées. Une idée de l’ampleur de ce fléau : 25.000 femmes ont été violées durant l’année passée, rien qu’à l’Est de la RDC. Ce qui veut dire que leur vie est détruite tant au plan physique que morale. Comme

25.000

Photo africavision - Mode Eva Gabarra

lien cause-effet? Le fait d’être européens doit-il nous laisser insensibles? Je ne crois pas. Nous avons aussi le pouvoir d’influencer l’histoire de cette région. L’humanité est un maillon. L’avenir et la sécurité de l’Europe dépendent aussi de l’Afrique, du Congo et de l’Est du Congo. Nous avons le pouvoir de dire non, stop, assez à cette honte. En d’autres termes, opter pour le respect de l’humanité.

femmes ont été violées durant l’année passée on le sait, les victimes de ces viols sont rejetées par la société. Sans parler des conséquences, terriblement néfastes sur l’avenir de leurs enfants... Surtout quand on sait que 70% des habitants de la région n’a pas accès à des soins médicaux. Au moins 30.000 enfants sont impliqués dans le conflit en tant que soldats ou esclaves sexuels. C’est grave! La violence sexuelle dans cette région a été pratiquée à grande échelle comme une arme de guerre, dans le seul but de déstabiliser. Ici en Occident, on a tendance à croire que l’on est à l’abri, loin de ce fléau, mais avons-nous conscience du

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le monde ce n’est plus aussi simple que cela. Les mères en Afrique, par les guerres qui font rage, ont du mal à garder la tête hors de l’eau et à protéger leurs enfants. Elles font tout pour eux. Tout pour les défendre mais, qui prend soin des mères? Comment une mère violée peut s’occuper d’un enfant? Elle, qui se trouve expulsée de la société. Sans accès aux soins médicaux, sans éducations, sans écoles, et sans sécurité…

Justement, la femme est le fondement même de l’humanité. Votons pour les politiques qui disent non au viol et s’engagent à le combattre en RDC et dans le monde entier. C’est pourquoi j’en appelle à la mobilisation de tous et à tous les niveaux. “Fashion Against Rape” est un projet que je compte mener au niveau du domaine dans lequel j’évolue. La mode. Partout dans le monde: une mère s’occupe de ses enfants. Elle offre de l’amour et de la chaleur. Elle fournit la sérénité, la paix et la sécurité. Elle donne la vie. Malheureusement dans

14 février 2011 à l’hôtel de ville de 1000 Bruxelles : pour défendre les femmes à l’Est du Congo Photo africavision


FOCUS “Fashion Against Rape” veut soutenir les femmes et les enfants victimes de violences sexuelles : • en les aidant à accéder à des soins médicaux et un soutien psychosocial ; • en participant à la scolarisation et l’éducation. • en construisant des abris et des centres où ils pourront accéder à une éducation gratuite. • en leur octroyant des prêts via le micro crédit, • en organisant la formation en agriculture, couture, etc. Une attention particulière sera accordée aux enfants malnutris et aux femmes victimes de violences sexuelles. Les soins médicaux seront fournis et nous

lutterons contre la stigmatisation de la société faite aux femmes violées.

environnement sûr et aider à absorber la réhabilitation.

Le projet touchera de nombreux réfugiés et personnes déplacées.

Fashion Against Rape veut donner un signal fort pour les grands chefs et les gestionnaires à travers le monde.

Avec votre soutien, “Fashion Against Rape” pourra:

• assister les femmes et les enfants victimes de violences sexuelles. • fournir de la nourriture, de l’eau potable et de l’assainissement • aider les mères à réintégrer la société. • construire des abris et favoriser l’éducation des victimes.

« Vous avez vous aussi une mère, une femme et des enfants. Espérons qu’il ne leur arrivera pas! Un acte d’agression devrait être atteint avec une réaction agressive verbale; A tous les gestionnaires qui ferment les yeux sur cet acte dégradant, honte à vous, SHAME ON YOU Pour tous ceux qui souhaitent nous soutenir dans ce projet dans la bonne direction, oui nous pouvons, YES WE CAN

• mettre les enfants dans un

J

e voudrais également, en partenariat avec l’asbl IMANI-CONGO et d’autres structures, faire appel à toutes les organisations qui se sont déjà engagés sur le sort des femmes dans le monde, réunissons nos forces! Toghetter we’re strong »

Fashion Against Rape s’engage à : 1. 2. 3. 4.

accroître la sensibilisation à ce problème mondial. accueillir et réinsérer les victimes. créer des ateliers où les victimes peuvent construire un nouvel avenir. organiser des événements dans la diversité et pour le bénéfice des projets ci-dessus. Entretien conduit Par Mona MK

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TOURISME

L’Afrique et ses secrets les mieux gardés L’Afrique est connue pour sa pauvreté, mais elle regorge aussi des secrets luxueux les mieux gardés et des expériences extravagantes. Voici quelques-uns de ces atouts dans l’univers du continent africain.

M

adagascar : Hôtel Anjajavy A Madagascar, la presqu’île d’Anjajavy est un lieu où la faune se développe sans déprédation de l’homme. Ce jardin d’Eden naturel abrite des espèces uniques d’oiseaux de paradis, lémuriens, caméléons sans parler de l’énorme variété de vie végétale et les fonds marins splendides. Situé sur la côte ouest de 120 km au nord de Majunga, Anjajavy est à la fois, pour ceux qui ne le savent pas, un village de pêcheurs inaccessible et une merveilleuse presqu’île du bout du monde. Il n’y a pas de route à Anjajavy. Il n’y a que pistes balisées à travers la forêt. Chaque villa dispose d’une grande terrasse donnant sur la mer, un salon et salle de petit déjeuner, et une chambre. Un petit escalier permet d’accéder au premier étage, qui dispose d’une salle de relaxation qui peut être utilisé comme un bureau ou une chambre d’hôtes. La salle de bain dispose d’un vaste bain avec toilettes séparées. En outre, la température idéale pour vous dans votre chambre est maintenue par un système de climatisation individuelle et silencieuse. Pour l’éco-luxe des exigeants touristiques, Anjajavy Hôtel est idéal. Les activités comprennent: ski nautique, catamarans, planche à voile, plongée avec palmes, masques et tubas, speed-boat, canoë-kayak dans la mer ou les mangroves. www.anjajavy.com

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Ouganda : le sanctuaire de gorilles Forest Camp, sanctuaire de gorilles, vous permet de découvrir la véri-

table Afrique, avec repas en plein air et feux de camp sous un ciel pur de la montagne de cristal. Le Camp est situé dans les vallées brumeuses et propose un hébergement dans huit tentes doubles, soulevé sur les plateformes en bois, avec salle de bains, donnant sur la forêt à couper le souffle. Chaque tente a une véranda spacieuse en bois pour se détendre, profiter de salle à manger privée en plein air et d’absorber le mystère exotique de la forêt tropicale envi-

ronnante qui a fourni l’inspiration pour Disney’s The Jungle Book. La nuit, un


TOURISME feu de camp traditionnel africain est allumé au bar du camp et chalet à manger, d’où une conférence peut être donnée par un primatologue. Il sait tout au sujet des gorilles. […]. Des guides expérimentés vous accompagneront dans votre suivi et vous informeront en détails sur les différents aspects de “l’étiquette Gorilla”. Les informations contenues dans ces quelques lignes directrices vous permettront de bien préparer votre voyage et d’être prêt à profiter de cette occasion unique! www.sanctuaryretreats.com

Tanzanie : une expérience unique Le Ngorongoro Conservation Area (NCA) est unique par sa très grande diversité des paysages. En outre, le NCA est d’une importance archéologique grande, avec les restes de quelques-uns des premiers ancêtres de l’humanité découverts dans ce domaine. […]

isme soit encore à ses débuts, la Gambie est une destination de plus en plus populaire et commence également à attirer une foule plus jeune. Depuis son ouverture en fin 2008, l’hôtel le plus luxueux de la Gambie s’est imposé comme le lieu de séjour pour les dignitaires en visite, des célébrités et ceux qui célèbrent une occasion spéciale. Aménagé juste à côté de la plage Bijilo, le Coco dispose de 58 chambres et

suites, nettoyées deux fois par jour. Quelques-unes des chambres sont dans le bâtiment principal, la plupart sont des villas individuelles disséminées dans des terres si vastes qu’elles prendraient au moins 25 minutes à parcourir à pied. En termes de ratios personnel guest, Coco à nulle autre pareille. www.cocoocean.com

Si le fantasme est ce que vous cherchez, vous le trouverez à l’Auberge du cratère de Ngorongoro. […] Les salles de bains sont privatives et disposent de douches et de baignoires vaste lustre allumé, tandis que les fenêtres du plancher au plafond assurent une vue de partout. Divisé en trois camps, chaque camp a ses propres aires de repos et salle à manger, avec majordome privé pour fournir un service personnalisé à chaque client. Les activités incluent des safaris, randonnées, observation Gambie : Coco Ocean Resort & Spa Bien que le tour49


SOCIETE

La Sape : Un dandysme congolocongolais (Brazzaville et Kinshasa) Les dandys sont de tous les temps. En Europe Occidentale, le dandysme s’apparente à l’émergence d’une société du IXXè siècle ou les élégants et élégantes font pâmer d’admiration les habitués des salons particuliers. A cette époque, la pauvreté et la misère sont encore le lot quotidien d’une grande partie de la population. Et le besoin de paraître de certaines personnes se confond avec la volonté de se distinguer par rapport aux moins nanties qu’elles. Dans les deux Congo, ce phénomène de société donne lieu à un mouvement appelé « SAPE » et a même généré un néologisme, le verbe « saper ».

A

ujourd’hui, la Sape gagne de plus en plus le monde de deux rives congolaises (Brazzaville et Kinshasa). Cette «société des ambianceurs des personnes élégantes» (SAPE) a vu de nombreux adhérents et adorateurs intégrer son cercle, hier encore fermé aux profanes. Les initiés du culte de la beauté des vêtements transmettent leur art au commun des mortels. Ces dandys nés cultivent au quotidien dans les deux villes les plus proches du monde une culture qui devient avec l’émergence du mouvement dans le monde occidental une exception. Une marque culturelle reprise par les politiques qui ont fait un legs colonial et historique fructifié et embelli à l’image congolaise. Une touche singulière reconnue mondialement et les dirigeants aidant donnent une place de choix et de reconnaissance par le biais des célébrations officielles qui l’élève au rang du patrimoine national, riche et rayonnant.

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Papa Wemba : Le Roi de la Sape en RDC

La genèse du mouvement Le colon blanc, en découvrant le majestueux Congo, a laissé dans les rives et terres son propre habit. Une

Hector Mediavilla Sabaté, Brazzaville

tunique que nos ancêtres découvrent stupéfaits dans leurs paisibles royaumes et villages de rassemblement. Mais l’origine de la Sape remonte à Bacongo, ce quartier phare de la ville sud de la capitale du Congo Brazzaville où les dénommés cracks, fréquentant les bars, dancings et marchés populaires, ont inventé ce concept novateur. Dans ce célèbre quartier des peuples Laris et Kongos, la mode devenue Dieu est adorée par les sapeurs tirés à quatre épingles qui se déambulent dans les rues, les avenues à cœur joie et autour de leurs multiples supporters ou zélateurs. Une véritable ambiance de fêtes orchestrée par les concours de la mode subsiste dans la capitale brazzavilloise où les partisans des quartiers de Poto-poto, de Ouenzé, de Moungali et d’autres viennent s’affronter à ciel ouvert. Habillés par les grands couturiers occidentaux, ces compétiteurs célèbrent la mode et chantent à l’infini le refrain de leur rêve de rejoindre Paris: l’eldorado. La capitale de la Mode. Cette capitale française où leurs ai-


SOCIÉTÉ nés « sapeurs » résident et ne cessent d’alimenter, d’amplifier ce merveilleux rêve en envoyant les habits en vogue pour la promotion et le développement du mouvement. C’est cette trajectoire impulsée par leader politique André Matsoua et élargie par les Parisiens Bacongolais qu’est née explicitement la Sape. Historiquement, la palme d’or du premier sapeur de tous les temps revient à ce chef et qui, plus tard, donna ses lettres d’élégances aux jeunes étudiants congolais de Paris d’autrefois. Ainsi de Bacongo à Paris, la mode en traversant la mer et les océans s’est développée et a gagné sa place de prédilection et de concrétisation au Musée Dapper à Paris, au Musée des confluences de Lyon. Parmi les grands

dans les années 80 un air de la Sape en décrétant que celle-ci appartient à la religion «Kiténdi» (Tissus en Lingala). Avec lui, feu Niarcos et les musiciens de «Viva la musica» (Groupe musical du célèbre Papa Wemba) et autres chanteurs de l’époque, comme Koffi, Bozy, Evoloko, Emmeneya, Defao et autres, vont reprendre le flambeau. De Kinshasa à Paris en passant par Bruxelles, le grand Jules (prénom de Papa Wemba) va diffuser cette nouvelle façon de s’habiller qui rivalise avec «l’Abacost», tenue officielle du gouvernement zaïrois à l’époque. Mais le mérite de Papa Wemba reste dans les chansons dédiées à la Sape et aux couturiers parisiens qui vont donner à celle-ci une renommée mondiale. Et l’apparition du film de «Djo Balard», le roi de la Sape, va parachever cette ascension fulgurante du mouvement de la Sape.

Aujourd’hui, d’autres courants sont nés autour de ce concept. De la Sape à la Baudouin Mouanda, Congo Brazzaville Sapologie, une culture est née et se développe à travers le héritiers de la sape à Brazzaville, on monde. Une vision scientifique de la peut citer: Ya Francos, Kalafath, Lony, sape popularisée par le défunt chanNono, Belos, Miro, Gomes, Kapata, etc. teur Bernard Boundzeki. De Londres à Mais la Sape a aussi connu une Rome en passant par Milan, Paris et autre voie de développement et autres, la sape à la congolaise s’invite d’amplification: Kinshasa. L’homme et participe dans les défilés et salons politique Patrice Lumumba a été le preprestigieux de la mode. L’Internet, où mier dandy congolais. Singulièrement les vidéos des sapeurs se regardent le quartier Matonge (prononcé: Masans cesse, élargit de plus bel le moutongué), au village Molokai, est et reste vement qui atteint toute l’Afrique. Les aussi le foyer genèsique de la sape. défilés de mode se déroulent partout. A ce sujet, Papa Wemba est inconAu Togo, au Burkina Faso, en Cote testablement le pionnier de ce moud’Ivoire, au Cameroun, au Gabon, en vement. Ce célèbre musicien insuffle Afrique du Sud, etc., les sapeurs et les

sapeuses continuent de célébrer ce culte de la beauté, de la séduction, du paraître. Quel avenir ? La Sape, comme moyen d’expression du peuple de deux rives, s’est enracinée dans les mœurs et les coutumes. Un langage est créé autour de ce mode vestimentaire. Art de paraître pour les uns et art de beauté pour les autres, la Sape, en traversant les âges, transmet et véhicule un message de confraternité, de solidarité et de partage. Car, à la base, ce culte du «je» est né d’un troc ou échange d’habits entre frères et amis. Une manière de plaire et de séduire l’autre, son amour, sa conquête, son semblable. Elle est donc une arme de persuasion, d’être et d’exister…, de vivre à travers une passion de l’amour du vêtement. La Sape marque l’identité des personnes et correspond à un certain style de vie. Qui ne s’écrierait-il pas en voyant un « sapeur » bien dans sa peau que l’habit fait le moine ? Car les sapeurs sont maintenant dans toutes les couches sociales. Ces nouveaux champions de la mode ont aussi une tête bien faite et s’identifient au monde intellectuel et se réclament être les défenseurs d’une culture, d’un nouveau mode de vie, d’un idéal. Et ils sont aussi les acteurs de la cohésion sociale et donc des passeurs de valeurs fraternelles. Avec la prise de conscience du mouvement par les politiques et de l’impact positif qu’elle suscite dans ce monde des dirigeants, la Sape, comme autrefois la beauté de l’âme et de l’esprit, demeurera demain une lumière qui éclairera la culture jumelle de ces deux rives. Et qui dans un proche avenir se réunira autour d’autres valeurs et richesses communes qui feront de ces deux rives les nations fécondatrices de l’unité entre peuples africains.

Yves Makodia 51


SOUVENIR D’EBEN Olympiques.

Ils ont fait

l’Histoire

Les anneaux olympiques qui ornent la ville sont noyés dans une forêt de croix gammées. Hitler est au pouvoir depuis 3 ans. Après avoir ouvert les jeux, il est revenu plusieurs fois au stade pour voir triompher quelque aryen blond et vérifier ses théories du « Mein Kamph »: • Et les nègres M. Hitler? • Quoi? • Les nègres? • Ah! bon, je ne savais pas que c’étaient des êtres humains.

MOHAMED ALI Le plus grand de toute l’histoire de la Boxe Connu d’abord sous le nom de Cassius Clay, Mohamed Ali est considéré comme le plus grand boxeur du XXe siècle. Il utilisa sa notoriété pour dénoncer la guerre du Viêt-Nam et les conditions de vie des Noirs aux USA. Son poing de départ ? La rage de vivre, le refus de la résignation, la colère ! La colère devant les queues des magasins vides, la colère devant les exterminations et les ségrégations au nom de… Il enfila ses gants. Non pas des gants. Non pas des gants pour la forme ou la bienséance d’un cérémonial. Non. Des gants pour frapper, des gants de boxe. Il est riant et bruyant.

U U

n bon nègre ça doit parler discrètement ? Il hurle.

n bon nègre ça doit défendre le drapeau ? Quelle absurde sottise, des montagnes de dollars pour étriper l’humanité et d’ailleurs les Viets ne m’ont jamais rien fait, je n’irai pas verser leur sang. Il est riant et bruyant. Sur

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le ring il vole comme un papillon et pique comme une abeille. Et il crie : « Je suis le plus grand, le plus beau et le plus fort. »

JESSY OWENS 23 octobre 1936: depuis quelques jours Berlin accueille les jeux

Porté par tout un stade et électrisé par la présence du Führer (surnom


SOUVENIR D’EBEN d’Adolphe Hitler) dans les tribunes, Lutz Long est décidé à remporter l’épreuve du saut en longueur. Il bondit et il retombe: 7,87 mètres. Mieux que tous ses concurrents.

de la salle. La Guinée d’accord avec Sekou Touré votera « Non » au référendum.

Le public se lève et ovationne Lutz Long qui fait le salut nazi devant la loge de Hitler.

I have a dream

MARTIN LUTHER KING

Le 4 avril 1968, Martin Luther King est

Lentement, tranquillement, Jessy Owens marche vers le bout de la piste. Quelques minutes de concentration, une course formidable, un bond dans le ciel et 7,94 mètres. Une nouvelle course, un nouveau bond et 8,06 mètres. Furieux, le Führer se lève et s’en va du stade pour ne pas avoir à serrer la main d’un nègre de 19 ans...

La Guinée vote « Non »

THOMAS SANKARA

Le 28 septembre 1958, la Guinée vote « Non » au référendum sur la «Communauté française» proposé par le pouvoir colonial. Ce vote va ouvrir la voie des indépendances africaines. L’artisan de ce Non est un ancien syndicaliste du nom de Sekou Touré.

N

« Nous avons un indiscutable besoin, celui de notre dignité. Et il n’y a pas de dignité sans liberté. Nous préférons la pauvreté dans la liberté à la richesse dans l’esclavage ». A ses côtés, pâle, fatigué, le général de Gaulle est touché par les rafales d’acclamation qui montent du fond

Il voulait éveiller la conscience assoupie de l’Amérique avant qu’il ne soit trop tard. Il était habité par le rêve d’un monde où les hommes seraient seulement humains. Sans aucune autre décoration. Sans être prisonniers d’un ordre, d’un slogan, d’une étiquette, d’une couleur. Allègre, saine, optimiste sa parole possédée par le Dieu de la justice et de la tendresse, a nourri des centaines d’espérances.

SEKOU TOURÉ

oir dans sa robe blanche, Sekou Touré martèle chacun de ses mots, échos d’une Afrique humiliée réclamant sa dignité:

Petit-fils d’esclave de la Deep South, il a prêché l’égalité dans un pays miné par le racisme, la non-violence dans un pays contaminé par la violence, la paix dans un monde ruiné par les guerres.

abattu. Pasteur baptiste, apôtre de la non-violence, prix Nobel de la paix, Martin Luther King (1929-1968) avait mené de 1956 à son assassinat la lutte pour les droits civiques des minorités aux USA. Celui-ci sera suivi d’émeutes dans les ghettos de Chicago, Washington, et Baltimore. Il était petit de taille. Mais quand il parlait, il paraissait grand, si grand. C’est qu’il irradiait de vérité. C’était un être à part.

Le 15 octobre 1987, Thomas Sankara est assassiné au cours d’un coup d’État militaire. C’est alors la consternation dans toute l’Afrique. Né en 1949 au Burkina-Faso, Thomas Sankara devient président en 1983, inaugurant ainsi l’ère de la révolution burkinabé. Celle-ci va redonner l’espoir à toute la jeunesse africaine. Sans carats, sans carat, sans demeure, sans frontières, sans armes. Avec une immense fraternelle envie, il prenait un micro et la vérité venait par l’intégrité de ses élans. Honte aux poètes qui ont attrapé la fièvre répandue de la soumission cherche ta voie Afrique rassemble les terres dispersées habille les aubes enguenillées. Tendu

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SOUVENIR D’EBEN vers cet idéal géant, il vient de livrer au soleil son corps criblé: «qu’importe la mort».

SAMOURA MACHEL A luta continua Le 19 octobre 1986, Samoura Machel disparu dans un mystérieux accident d’avion. Son avion détourné en territoire sud-africain s’y écrase. Successeur d’Edouardo Mondlane, Samoura Machel mène le Mozambique à l’indépendance le 25 juin 1975. Il arrivait souriant, gesticulant et il tendait chaleureusement sa grande main. C’était un bonjour lumineux. Il disait toujours « a luta continua », car il ne pouvait s’arrêter alors que des peuples entiers survivent comme ils peuvent. Son œil était plus grand que tous les horizons: il embrassait toutes les luttes. Il connaissait la magie qui mue la misère en courage: « la tragédie ce n’est pas la misère; c’est la résignation, l’habitude de la misère ».

TCHAKA ZULU Dingiswayo tua Tchaka Le 30 avril 1828 Tchaka Zulu, redoutable chef zulu, meurt, assassiné par son demi-frère. Né en 1787 de l’ethnie nguni, Tchaka, fils illégitime, subit de multiples vexations, se réfugie chez Dingiswayo et devient l’un de ses lieutenants. A sa mort il lui succède et entreprend d’unifier l’Afrique australe par les armes. Tu ne tueras point. Caïn tua Abel / Dingiswayo tua Tchaka.

L

ui qui était aussi rugueux que l’oreille d’un éléphant. Lui qui était la hache dont le tranchant surpasse celui de toutes les autres

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haches. Lui qui savait saisir un bâton, attaquer, jeter feu et flamme.

L

ui qui n’affronta un ennemi sans l’écraser, ne foula un sol sans le conquérir

L

ui qui voulait réunir toute l’Afrique Australe en un royaume pour faire face à l’intrusion colonale.

L

ui Tchaka Zulu est mort de la main d’un de ses frères.

Avant de mourir il s’est retourné vers ses assassins : « Vous croyez que vous gouvernerez ce pays, mais déjà je vois les hirondelles arriver. Vous ne gouvernerez pas quand je serai mort. Les Blancs sont déjà là. »

Il venait du ciel, dit-on ; même les hyènes n’auront pas le courage d’approcher son corps. Tu ne tueras point. Caïn tua Abel. Dingiswayo tua Tchaka.

GEORGES PADMORE Né à Trinidad au début du siècle, Georges Padmore est mort à Londres le 22 septembre 1959. Selon son souhait il fut incinéré au Ghana. Padmore est la personne qui a donné forme au panafricanisme qu’il définissait comme étant «un mouvement visant à réaliser le gouvernement des Africains par des Africains, pour des Africains en respectant les minorités raciales et religieuses qui désirent vivre en Afrique avec la majorité noire».

Les hommes voient le présent, il connaissait l’avenir Aux heures graves de l’Afrique, il prédit: « Si l’Afrique n’envoie pas flotter au loin les frontières nationales, si le même désir d’unité n’est pas partagé sur toutes les routes, le rêve de bâtir une grande cité sera mutilé ».


TRIBUNE

Afrique,

je pleure toutes les larmes de mon cœur Par Georges Njamkepo expert - consultant international

dérisoire et futile de tuer l’image d’un homme quel qu’il soit, quelque soit ce qu’il a fait, parce qu’il y a l’histoire, et l’histoire retiendra que Monsieur Laurent Gbagbo a été humilié, avec la bénédiction des ivoiriens et de tous ceux qui ont participé à cette farce, que dis-je, cette folie meurtrière, il a été humilié avec la bénédiction des chefs d’Etat africains qui n’ont pas levé le petit doigt pour essayer de tempérer les esprits. Il a été trainé dans la boue grâce à notre légendaire irresponsabilité, notre capacité à désigner les autres comme les coupables de nos malheurs, à

Réaction

a u x évènements qui se sont déroulés en Côte d’Ivoire

E

n regardant les images sur l’arrestation du Président de Côte d’Ivoire, j’ai de la peine, beaucoup de peine. Monsieur Laurent Gbagbo, Président de la République de Côte d’Ivoire vient d’être humilié et avec lui, les institutions de la République, c’est à dire le peuple de Côte d’Ivoire. Bien entendu, par voie de conséquence, tous les Africains et Monsieur Ouattarra y compris, nous sommes désormais sans lumière, dans l’obscurité totale...

Q

uelque soit la raison pour laquelle on combat, autant il n’est pas nécessaire de laisser tuer des êtres humains, autant il est

cause de nos complexes face aux autres. Laurent Gbagbo a été instrumentalisé pour démontrer aux Africains qu’ils ne sont finalement rien que du bétail... Et j’espère que tout le monde en Afrique l’aura

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TRIBUNE vu ainsi, que cette leçon magistrale fera le tour familles endeuillées pour rien, vraiment pour du continent. rien. Dans le regard de Monsieur Gbagbo, j’ai vu la profondeur de la vision rétrospective sur e longues années durant, on nous a rala récente histoire de son pays, j’ai vu les reconté, à nous qui n’avions pas assisté à ces grets d’avoir démarré ce conflit, mais surtout drames, le calvaire des Lumumba, Sékou Touré, d’avoir accepté de jouer le jeu de la surenchère Hamani Diori, la fin des Um Nyobé et autres

D

Puisse l’Histoire de l’Afrique “oublier” cette page d’humiliation Bokassa. Aujourd’hui, nous avons enfin pu assister in vivo, à la chute d’un homme qui a tort ou à raison, défendait pour des desseins que lui seul maîtrise et dans une logique désormais désuète face à la mondialisation, un nationalisme larvé et un panafricanisme discret. J’ai vu la détresse dans le regard de cet homme qui a fini au bout de quelques mois, quelques années, à perdre totalement sa verticalité, à croire que tout lui était du, à vouloir se convaincre que finalement sur cette planète, la Côte d’Ivoire devait avoir un destin particulier. Dans le regard de cet homme, j’ai constaté le désarroi, la souffrance d’avoir combattu finalement pour se retrouver traqué comme un rat, dans son regard qui me parlait, j’ai vu les pleurs de toutes les 56

comme les africains savent tellement et si bien le faire...

L

aurent Gbagbo, après avoir connu la gloire, après avoir géré les armoiries de la Côte d’Ivoire durant 10 ans, après avoir vécu dans le luxe, sous les lambris dorés de la République, Monsieur Laurent Gbagbo a été arrêté, le filet s’est abattu sur lui comme un simple voile destiné à le rendre muet, aphone et lui empêcher de crier sa haine du moment. Quelle ironie pour un chef de guerre de déclarer lors de sa première sortie médiatique, lorsque finalement il reçoit le soleil dans les yeux, après quelques


TRIBUNE semaines d’obscurité et de lumière artificielle, comme s’il s’éveillait pour la première fois à la vie: Je souhaite qu’on arrête les armes, qu’on rende la partie civile de la crise et qu’on la conclut rapidement pour que le pays reprenne…. Ce sont les premiers mots d’un prisonnier, hagard, interloqué, ahuri… Un homme qui quelques semaines auparavant, n’imaginait pas un seul instant la fin de son arrogance.

à leurs dépends que lorsque deux éléphants se battent il vaut mieux être loin, très loin... Je souffre, je souffre beaucoup dans ma chair, de voir jonchés sur le bitume ces corps mutilés, ces corps sans vie, je souffre dans ma chair de comprendre que finalement une vie ne vaut qu’une balle de fusil... Que la vie d’un homme se mesure à l’aune d’un AK47. Je crie, je vous crie ma douleur, entendez les soubresauts de mon corps qui tressaute à la vue de ce gâchis, de cet énorme misère de l’humanité, nous avons en Afrique, perdu le sens de la vie, l’envie de vivre s’en est allée...

J

e ne peux retenir mes larmes à l’idée que l’histoire de la violence sur le continent est encore longue, mais pire, elle devient désormais banale, ordinaire et naturelle parce que deux coqs se disputent la basse-cour… Notre violence est devenue une seconde nature. Suis-je vraiment si naïf, suisje vraiment encore trop faible, crédule, candide, suis-je si innocent pour comprendre que

NDLR : Je souhaite qu’on arrête les armes, qu’on rentre dans la partie civile de la crise et qu’on la conclut rapidement pour que le pays reprenne…

Q

uelle victoire pour son adversaire, quel plaisir pour ceux qui comme Monsieur Ouattarra voulaient la tête de ce monsieur. Après son parcours de politicien combatif, Monsieur Gbagbo a fini dans un souterrain mal éclairé, sale, sans aération, dans les profondeurs d’une cave qui laissait mal augurer un avenir possible, pour quelqu’un qui en fuite, avait pris le soin méticuleux de mettre le feu aux poudres et d’allumer le brasier au-dessus, dans la maison qui surplombe la cachette où il se terre. Qui paiera la facture, qui paiera donc les morts de Côte d’Ivoire, qui sèchera les larmes des mamans, des femmes, des enfants, qui cajolera finalement ceux qui nombreux, ont appris

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TRIBUNE finalement le débat sur l’Afrique, le débat africain ne tourne jamais finalement que sur des questions de matières premières et de quincaillerie, ai-je vraiment reçu le même mode

en quelques secondes et ne laisseront à personne ni les moyens, ni le temps de défendre notre cher Laurent Gbagbo. Est-ce vraiment au nom d’un contentieux électoral qu’il fallait

d’emploi de la vie que mes congénères, ou alors... Serait-il possible que je sois dans le vrai et que les Africains finalement sont de cruels ordinaires qui au détour du chemin, décapitent, étêtent et tuent comme on cueille une feuille sur un manguier, comme on écrase un cancrelat en écoutant le bruit d’un corps qui se désintègre, sont-ce simplement des barbares en costume, des sauvages qui refusent de sortir de l’obscurité, qui préfèrent se satisfaire et se complaire dans leur obscurantisme...

arriver à cette extrémité ? Est-ce au nom de la démocratie, des droits de l’homme et d’une pseudo conscience universelle qu’il fallait détruire le pays et ce faisant, en tuant, violant, humiliant au passage ceux que l’on était censé défendre et protéger ? Oublie-t-on que 47% des ivoiriens ont voté pour Monsieur Laurent Gbagbo ?

J

e souffre dans ma chair de voir ces images. Je souffre de constater qu’avec application, et minutie, avec diligence et vigilance, ces photos feront le tour du monde

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J

e ne suis pas à l’aise; de quelle bonne cause s’agit-il, et quels desseins sousentendent cette expédition punitive ? Nous avons trop imaginé que les progrès matériels, les voitures, les belles maisons et les voyages à Paris étaient le symbole de l’indépendance, les symboles de la réussite so-


TRIBUNE ciale. Mais je retiens deux leçons de ce trop long épisode de l’histoire de Côte d’Ivoire: Quand on n’est pas fort, il faut essayer d’être sage disait Voltaire. Notre frère Gbagbo a surestimé ses capacités à mobiliser sur ses idées et à la force du droit, on a du lui imposer le droit de la force. C’est définitivement humiliant. Nous devons nous replonger dans les fondamentaux et réfléchir sur les moyens que l’Afrique doit mettre sous tension, en mettant l’accent sur l’éducation et la santé, les valeurs immatérielles et non plus sur les valeurs matérielles.

dra, dialoguez, mais laissez les chez eux, parce qu’aucun Occidental n’aurait accepté que l’on couvrît un chef d’Etat occidental d’opprobre comme cela fut fait aujourd’hui... L’Afrique déchirée, l’Afrique humiliée, l’Afrique chosifiée à travers ce conflit de Côte d’Ivoire... Honte à nous les africains… Parce que pour nous, le monde s’effondre... Je savais depuis le début de ce conflit que j’allais pleurer, je le savais. Alors je pleure... je pleure toutes les larmes de mon corps, mes nuits seront désormais peuplées de cauchemars... et mes pleurs, j’espère qu’ils iront loin, très loin, jusqu’à la centième génération après nous.

Je pleure, laissez-moi pleurer.

... et c’est la fin!

D

ésormais lors d’un conflit, si vous ne vous entendez pas sur un sujet de fond ce n’est surtout pas par le canal des Occidentaux que la solution viendra pour vous aider. Dialoguez aussi longtemps qu’il le fau-

Par Georges Njamkepo expert - consultant international

59


SPORT

LES 10 JOUEURS LES MIEUX PAYES

DE LA PLANETE FOOT EN 2010 Découvrez qui sont les 10 footballeurs les mieux payés de la planète. Yaya Touré

F

rance Football a dévoilé le nom et le détail des revenus des 10 footballeurs les mieux payés de la planète. Pour la seconde année consécutive, c’est Lionel Messi qui arrive en tête de ce classement. Pourtant, le double Ballon d’Or n’est que le 4e plus gros salaire du monde du ballon rond. Il est en effet devancé par Wayne Rooney, Cristiano Ronaldo et son ancien coéquipier au Barça, Yaya Touré, qui est la surprise de ce Top 10.

L

à la simple pratique du football. De quoi faire pâlir Cristiano Ronaldo qui, avec 27,5 millions d’euros annuels, perçoit 3,5 millions d’euros de moins que son rival barcelonais. Un africain figure dans cette liste. Il s’agit de Yaya Touré qui occupe la 10ème place. Par contre Samuel Eto’o et Didier Drogba se classent respectivement 14ème et 16ème. Lionel Messi, FC Barcelone, 23 ans. Salaire global: 31 millions d’euros annuels.

’Argentin compense ce manque par des revenus publicitaires phénoménaux. Cristiano Ronaldo, Real Madrid, 26 ans. Salaire global: 27,5 milIl touche tout simplement deux lions d’euros annuels. fois plus d’argent chaque année grâce à la publicité que grâce

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Wayne Rooney, Manchester United, 25 ans. Salaire global: 20,7 millions d’euros annuels. Kaka, Real Madrid, 28 ans. Salaire global: 19,3 millions d’euros annuels. David Beckham, Los Angeles Galaxy, 35 ans. Salaire global: 19 millions d’euros annuels. Ronaldinho, Flamengo, 31 ans. Salaire global: 18,3 millions d’euros annuels. Carlos Tevez, Manchester City, 27 ans. Salaire global: 15,4 millions d’euros annuels. Frank Lampard, Chelsea, 32 ans. Salaire global: 14,2 mil-


SPORT lions d’euros annuels. Fernando Torres, Chelsea, 27 ans. Salaire global: 14 millions d’euros annuels. Yaya Touré, Manchester City, 27 ans. Le 1er africain. Salaire global: 13,8 millions d’euros annuels. Salaire: 11,1 millions d’euros annuels (925 000 euros par mois). Primes: 0,5 millions d’euros annuels. Autres revenus: 2,2 millions d’euros annuels (Nike)

troisième plus gros salaire de la planète derrière Wayne Rooney et Cristiano Ronaldo et surtout, devant un certain Lionel Messi. L’Ivoirien va même voir ses émoluments augmenter de 15% à partir du mois d’avril.

Samuel Eto’o, Inter Milan, 30 ans. Le 2ème africain. Salaire global: 13 Millions d’euros annuels. . Salaire: 9 millions d’euros annuels (750 000 euros par mois). Primes: 2 millions d’euros annuels. Autres Yaya Touré a touché le revenus: 2 millions d’euros anjackpot en quittant le mei- nuels (Puma, Orange Camerlleur club du monde pour oun) rejoindre le plus riche du monde. Avec 925 000 eu- Samuel Eto’o est le joueur le ros par mois, il touche le mieux payé de Série A. Cela

Didier Drogba ne l’empêche pas de contester à tout prix une petite amende d’une soixantaine d’euros. Une chose est sûre, le Camerounais à la notion de l’argent. Didier Drogba, Chelsea, 33 ans. Le 3ème africain. Salaire global: 12,8 millions d’euros annuels. Salaire: 7,5 millions d’euros annuels (625 000 euros par mois). Primes: 800 000 euros annuels. Autres revenus: 4,5 millions d’euros annuels (Nike, Kaporal, Konami, Orange, Samsung,...) Didier Drogba n’est pas le joueur africain qui touche le plus gros salaire mensuel. En revanche, il est omniprésent sur les plateaux de publicité, ce qui fait de lui le footballeur de son continent ayant les plus gros revenus dans ce domaine. Par OLV. Source : Chronofoot (janvier 2011)

Samuel Eto’ o

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Halte Spirituelle “Vous savez que ceux qu’on regarde comme les chefs des nations les tyrannisent, et que les grands abusent de leur pouvoir sur elles. Il n’en est pas demême parmi vous.Mais quiconque veut être grand parmi vous, sera votre serviteur ; quiconque veut être le premier parmi vous sera l’esclave de tous”. (Matthieu 20 v. 25 à 27)

S

i l’on considère la pression extrême qui s’exerce sur le rôle de leader dans les sphères séculières et religieuses, on peut s’étonner de découvrir que, dans la Bible par contre, le terme leader soit si peu employé. Cela ne veut pas dire que ce terme ne soit pas important mais que, en général, on utilise différents mots pour en parler. Le plus fréquent est celui de “serviteur”. La Bible ne dit pas “Moïse, mon leader”, mais “Moïse, mon serviteur”. L’accent est mis sur le fait qu’un vrai leader selon les Saintes Ecritures, c’est celui qui se positionne en serviteur des autres, de sa patrie, sa maison, … Dans notre monde contemporain, le mot “serviteur” a un sens très péjoratif, mais cela n’est pas le sens que lui confère la Bible.

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En fait, le plus grand best seller du monde, la Bible, élève ce terme. Il le met à égalité avec celui de grandeur ! Et lorsqu’il affirme que la primauté dans le leadership passait par la primauté dans la servitude, il n’a pas à l’esprit de simples actes de service, car ceux-ci peuvent être motivés par des raisons for t douteuses, c’est l’esprit de service qui

est ici relevé ! Le service qui influence les autres dans la bonne direction. Le service qui montre un souci réel pour le bien être des autres, de son

peuple…, un souci si manifeste qu’il s’identifie lui-même avec son peuple dans ses peines, ses misères,… et son bonheur (hum !).



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Le Secret d’Afrique

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