Onesha Afrika N°2

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03 ÉDITORIAL

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es élections sont en 2010 et 2011 un peu partout en Afrique Noire, à l’ordre du jour. Si tous les processus électoraux du monde ont un socle commun à savoir un ensemble de moyens pour conquérir le pouvoir sans faire la guerre, leurs modes d’organisation diffèrent d’un terrain à l’autre. Prenons une comparaison dont les termes en étonnent plus d’un : La Grèce antique sous Périclès, l’homme politique athénien qui matérialise une conception du pouvoir la plus proche de l’idéal, de l’égalité et de prise en charge par les citoyens de leur destin en face des régimes autocratiques en Perse et dans l’ensemble d’Asie Mineure. En même t e m p s que la démocratie athénienne est e x e m plaire au sens de Winston Churchill « la démocratie est le pire des régimes à l’exception de tous les autres », elle est assez restrictive dans ses principes. Tous les Athéniens n’ont pas les mêmes droits à l’exercice de la démocratie. D’abord les femmes en sont exclus, ensuite les hélodes, l’équivalent du terme esclave ou immigré de nos jours même ayant pris la nationalité athénienne et ont donc droit de cité. Ils n’ont pas non plus le droit de siéger comme archontes au sein des Assemblées ni de briguer une magistrature. Personne n’y trouvait à redire.

d’un être responsable et qui veut s’assumer totalement. Ils n’y sont pas encore parvenus. Mais on pourrait bien mesurer, à leur avantage, le chemin parcouru depuis les péripéties mortifères pour la démocratie des empires qu’ils soient d’Occident ou d’Orient jusqu’aux monarchies de droit divin en Europe dont la révolution française est venue les en délivrer. Il s’en est suivi un long processus pour que les élections deviennent l’affaire de tous. Le vote censitaire au 19e siècle et jusqu’à récemment, en ce qui concerne le vote des femmes.

La démocratie à l’épreuve des élections.

On peut affirmer qu’à l’heure actuelle, les élèves ont dépassés les maîtres. Ils ont acquis cette capacité d’évoluer vers un horizon démocratique où les principes d’égalité s’affirment comme substantiels à l’humanité

Face à ce long cheminement vers une démocratie qui respecte bien son étymologie, on peut comprendre les ratés des processus électoraux africains sans toutefois les exonérer de toute responsabilité. Pour une raison simple : l’exercice du pouvoir d’Etat reste encore pour beaucoup et cela même dans l’opinion générale assimilé à un droit suis-généris. Il s’agit de la dévolution d’un privilège de type monarchique que d’un mandat démocratique. De là découlent toutes les dérives connues à ce jour dans l’organisation des divers scrutins notamment les présidentielles un peu partout en Afrique. L’exemple ivoirien est très récent et ne sera pas retenu comme une réussite de l’apprentissage de la démocratie. En novembre prochain, la République Démocratique du Congo connaîtra les élections présidentielles. Mais celles-ci sont annoncées comme explosives en raison des difficultés matérielles ou logistiques et des soupçons de tricherie. Dans ce numéro, notre Rédacteur en Chef, Jean Boole traite de ce sujet délicat qui ne doit pas être isolé de la problématique du processus démocratique dans notre monde qui tire vers une espèce d’autodestruction à moins que les hommes cherchent dès maintenant les moyens de conjurer leurs démons intérieurs.

Par Cyrille Momote Kabange


04 NOTE DE L’ÉDITEUR

Onésha Afrika

MONTRER L’AFRIQUE.

EDITEUR RESPONSABLE :

Victor OLEMBO LOMAMI DIRECTEUR DE PUBLICATION :

Cyrille MOMOTE KABANGE Par Victor Olembo

REDACTEUR EN CHEF :

Jean BOOLE EKUMBAKI REDACTEUR EN CHEF ADJOINT :

Didier Orsot REVISION : Prof. Vicky ELONGO COMITE DE REDACTION : Aicha Bacha, Milancia Kally Barazani, Ismael Majdi, Mohammadou Houmfa, Vicky Elongo, Jean Boole, Cyrille Momote, Noella Kalanga, Arouna Njomgang, Didier Orsot ONT COLLABORE A CE NUMERO : Ariane Nkoma (le journal du Cameroun), Thomas Pitrel (MFI) PHOTOS/CAMÉRA: Bernard wandja INFOGRAPHIE: Mamadi Kaba

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NESHA AFRIKA,

comme vous le savez déjà, veut tout simplement dire « montrer l’Afrique » en Swahili (l’une des langues internationales parlée dans 6 pays africains). C’est un nouvel organe de presse qui veut participer, un tant soit peu, à la recherche des solutions pour un développement authentique et durable en Afrique. Cette mission ô combien difficile est aussi une préoccupation pour beaucoup d’autres. Notre ligne éditoriale se porte sur un engagement en faveur d’une Afrique décomplexée agissant pour ses intérêts dans une logique d’harmonisation de ses rapports avec d’autres régions du monde et non de repli sur soi. Une Afrique qui prend conscience de ses atouts culturels et économiques et travaillant durement pour se hisser au niveau le plus élevé. Pour cela nous comptons sur nos lecteurs et les hommes et femmes de bonne volonté pour nous aider à réussir ce pari. Bien entendu, je ne suis pas à mon premier essai. En 2006, j’ai lancé sur le marché un journal/magazine intitulé Le Nouvel Afrique. Je l’ai cédé à un autre groupe qui l’exploite depuis le mois de mai 2010. Fort de cette agréable expérience, j’ai estimé que le moment était donc arrivé pour vous et moi de nous consacrer encore davantage sur cette nouvelle publication afin de la hisser au sommet des références en terme de médias africains dans le paysage médiatique belge, européen et …mondial. Sans doute pour ses débuts, ONESHA AFRIKA qui, pour son fonctionnement a adopté la forme d’une société en nom commun collectif, n’a pas d’actionnaire et dépend pour sa survie de la force de travail et du tempérament obstiné d’un chacun guidé par l’esprit de sacrifice. Pour ce deuxième numéro, nous avons besoin de votre sens critique et des contributions qui seront jugées à l’aune de l’éthique du journalisme et du droit des personnes à l’expression libre dans le cadre défini par les lois belges. Le Maghreb, l’Afrique Sub-Saharienne, c’est ensemble que nous ferons des exploits…


05 SOMMAIRE


06 ACTUALITÉ TUNISIE

Tunisie,

entre la flamme révolutionnaire et le Léviathan. La chute de la figure du « Patria Potestas » incarnée par Ben Ali, semble avoir mis à nu une seule et unique vérité historique, celle d’une « guerre des races » intestine au sens Foucaldien du terme, et que la realpolitik nomme « transition démocratique ». Cette « guerre des races » n’est autre qu’une « guerre des classes » non déclarée en temps de paix. Entre ceux qui tiennent encore au « ça a été » de la « révolution » pour effacer les traces encore visible de 54 ans de verticale du pouvoir autoritaire, et ceux qui s’inscrivent dans « l’après coup » de l’Histoire- aspirant au plus vite à un changement à travers l’élection d’une Assemblée nationale constituante- il y a les offres de gascon, la psychologie du canular, et le rêve légitime d’un Etat de droit. Par Ismail

E

xit la « Pègre » et le « Parti », la Tunisie post révolutionnaire se cherche encore une voie, et continue pour l’instant à vivre au rythme des soubresauts politiques et sociaux en proie à dénier toute neutralité du « sujet » malgré le calme apparent. L’innocence perdue de la rue, lieu de la parole désenchainée, espace contre-institutionnel et contre-intellectuel, a donné naissance à une forme d’ambivalence révélatrice du malaise de la transition démocratique.

métaphoriquement et à des degrés divers une vieille conception binaire de la société mais o combien permanente et d’actualité. D’un coté le représentant officieux du « dasein » et catalyseur de la flamme révolutionnaire tunisienne, ayant pour nom « Instance supérieure pour la réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique », de l’autre coté un gouvernement officiel et provisoire représentant de la souveraineté discrédité de l’Etat.

En témoigne la difficile cohabitation entre deux institutions politiques provisoires qui représentent

Dans ce rapport de force, les places ne semblent pourtant pas assignées d’avances étant donné la crise de

confiance et le contexte politique particulier, mais ce qui saute aux yeux c’est la « loi » inévitable du conflit d’intérêt. L’Instance supérieure cherche en permanence à s’imposer comme le pouvoir législatif ayant pour seule légitimité qui vaille, celle d’une approbation implicite de la rue, face à un gouvernement de technocrates inconnus du grand public, en manque de reconnaissance et écrasé par la personnalité charismatique d’un vieux routier et actuel poids lourd de la scène politique tunisienne, en occurrence M. Béji Caïd Essebsi . Sauf que le gouvernement provisoire


07 ONÉSHA AFRIKA

a mis un veto au contenu de l’article en demandant à ce que la période de 23 ans soit revue en baisse par l’Instance supérieur, pour n’inclure que les 10 dernières années de la dictature de Ben Ali.

“Sauf que le gouvernement provisoire a mis un veto au contenu de l’article en demandant à ce que la période de 23 ans soit revue en baisse par l’Instance supérieur, pour n’inclure que les 10 dernières années de la dictature de Ben Ali.”

ciété et éteindre toute velléité révolutionnaire, que le bas blesse et que s’interpénètrent les rôles des « frères ennemis ». Parmi les signes de cette animosité qui ont marqué le passé très récent de la scène politico-médiatique tunisienne, serait ce bras de fer concernant l’article 15 qui prévoit l’inéligibilité des ex-responsables du RCD (Rassemblement Constitutionnel Démocratique) et des gouvernements successifs durant les 23 ans de règne de Ben Ali aux futures élections de l’Assemblée constituante. Sauf que le gouvernement provisoire a mis un veto au contenu de l’article en demandant à ce que la période de 23 ans soit revue en baisse par l’Instance supérieur, pour n’inclure que les 10 dernières années de la dictature de Ben Ali. Les dernières déclarations du juge

rieur dont le président Yadh Ben Achour a fustigé les agissements qui bafouent les droits de l’homme. A cet égard, les conclusions du rapporteur spécial onusien Juan Mendez stipulant que la pratique de la torture continue de sévir en Tunisie depuis le renversement de Ben Ali, va encore approfondir cette crise de confiance et cet méfiance du peuple envers le gouvernement et plus précisément envers tout représentant du Ministère de l’intérieur. Ce dernier vient de jouer sa dernière mise en scène pour redorer son blason et polir son image à coup de communication, en évoquant le spectre d’une menace terroriste d’AQMI (Al Qaida au Maghreb Islamique) sauf que ce coup de poker menteur (déjà vu durant les années de plomb) a été entaché de polémique et d’omerta sur le récit des faits de la dernière infiltration sur le sol tunisien de la nébuleuse terroriste. En dépit de cette « révolution » qui ressemble de plus en plus au Ruban de Möbius et face à un espace public qui peine à se construire, des médias encore aux abois, des partis politiques inconnus de l’opinion publique pour la majeur partie d’entre eux, et une justice transitoire aux abonnés absents, le peuple tunisien continue à dire « Acta est Fabula ». Ne vous y trompez pas, le fond de l’air est encore rouge en Tunisie.

L’une se charge du pilotage de la réforme politique et de la mise en place d’une nouvelle constitution, l’autre a la responsabilité du maintien de l’ordre et l’intendance, autrement dit d’une « normalisation de la société », et ce, en plein arrêt de l’économie, plombée par la désertion des touristes et des investisseurs étrangers.

et ex ministre de l’intérieur Farhat Rajhi, plus connu sous le nom de Mr Propre -accusant entre autres l’armé de préparer un coup d’Etat au cas où le parti islamiste « Ennahdha » prendrai le pouvoir- ont mis le feu au poudre en déclenchant une vague de protestation réprimée dans le sang par la police, comme au bon vieux temps.

Et c’est précisément, dans cette volonté gouvernementale de remettre en place des mécaniques de coercitions pour pacifier la so-

L’énième dérive sécuritaire de cet appareil idéologique de l’Etat durant ces évènements, ont provoqué un tollé du coté de l’instance supé-

NB : A l’heure où j’écris ces lignes l’Instance supérieure indépendante des élections présidée par Kamel Jendoubi (formée il y a trois jours) a adopté, lors de sa réunion de dimanche après-midi, 22 mai 2011, la proposition de reporter les élections de l’Assemblée constituante au 16 octobre 2011 au lieu du 24 juillet 2011. Cette proposition, a été prise après consultations avec les partis et après consensus sur l’impossibilité matérielle et logistique de maintenir la date initiale du 24 juillet prochain.


08 ACTUALITÉ CÔTE D’IVOIRE

Alassane Dramane Ouattara et la France. Face à une forte représentation internationale, , il a pris les commandes pour une difficile réconciliation. Par Ariane Nkoma

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epuis samedi 21 mai dernier, Alassane Ouattara est désormais pleinement président de la Côte d’Ivoire, mais il aura fort à faire pour rassembler et réconcilier, priorité pour un pays déchiré par six mois d’une sanglante crise post-électorale. « ADO », comme le surnomment ses partisans, assis sur son majestueux fauteuil présidentiel, et entouré dans la capitale politique d’une vingtaine de chefs d’Etat, dont le président français Nicolas Sarkozy, et du secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon: La fête avait tout d’un couronnement. Même s’il est aux commandes depuis plus d’un mois, « il fallait à Ouattara le sacre de l’investiture; d’une façon sym-

bolique, il a maintenant l’autorité », explique un expert. L’intronisation a marqué l’épilogue de la crise née du refus de Laurent Gbagbo de céder le pouvoir après sa défaite au scrutin de novembre 2010, qui a conduit à la guerre dans le pays et à l’arrestation de l’ex-président le 11 avril. « La Côte d’Ivoire se réconcilie et se rassemble», a assuré le nouveau chef de l’Etat. Mais la tâche s’annonce ardue après six mois de violences qui ont fait près de 3.000 morts, selon le nouveau pouvoir. La sécurité reste un défi majeur. Elle incombe encore aux Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) de M. Ouattara, c’est-à-dire aux ex-rebelles du Nord, qui à leur arrivée à Abidjan se sont livrés à des pillages massifs et sont

parfois accusés de règlements de comptes. « Il n’y a pas plus de 20% des forces jadis loyales à Gbagbo qui sont revenues au travail », souligne l’expert, pointant l’immense chantier de la réorganisation des forces armées, sur fond de méfiance entre anciens ennemis. Alassane Ouattara a confié à son Premier ministre Guillaume Soro, « chef incontesté des FRCI », le soin de « régler ce problème », indique une source diplomatique africaine. Il dirigera, a priori jusqu’aux législa-


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gouvernement que cela soit, (même) un gouvernement ami. Ce sont les Ivoiriens qui doivent choisir, a ajouté le chef de l’Etat, qui s’exprimait dans l’enceinte de la base française de Port-Bouët. «C’est important d’être ici, en Côte d’Ivoire, à côté du président Ouattara pour la démocratie et pour l’Afrique», a-t-il déclaré à sa descente d’avion. Lors de la cérémonie d’investiture, M. Ouattara a déclaré que le temps était venu de rassembler les Ivoiriens. «Célébrons la paix sans laquelle aucun développement n’est possible», a-t-il poursuivi, lançant un appel solennel à la réconciliation pour qu’émerge “un Ivoirien nouveau”. «La Côte d’Ivoire se réconcilie et se rassemble», a-t-il insisté.

tives prévues avant fin 2011, le « gouvernement d’union » attendu dans les prochains jours. Le nouveau président a souhaité que « des éléments modérés » du parti de M. Gbagbo l’intègrent, l intègrent, ce qui signerait une sorte de premières retrouvailles. Privé de l’essentiel de ses hauts cadres, en résidence surveillée ou en exil, en particulier au Ghana, le camp Gbagbo r e s t e p o u r l’instant sans voix. Pa r m i les Chefs d’Etats présents aux cérémonies d’investiture, lePrésident Sarkozy n’est pas passé inaperçu. Comme à son habitude il a promis

beaucoup. Le verbatim suivant selon l’AFP en fait foi. La reconstruction de la Côte d’Ivoire, longtemps le partenaire privilégié de la France en Afrique de privi

Entre-temps, rien en l’état n’augure d’un avenir sans nuage. D’après certaines sources, les membres de l’ethnie Bété à laquelle appartient M. Gbagbo, ont fait l’objet d’outrages et d’agression sur leur propre territoire causant un exode massif vers le centre comme Bouaké, fief de Konan Bédié. Malgré le quadril-

“C Célébrons

la paix sans laquelle aucun dé développement n’est possible” l’Ouest, a été évoquée par les deux l’Oue chefs d’Etat lors d’un petit déjeuner. Outre les questions économiques, la Outr question de la sécurité a été aborques dée, M. Ouattara souhaitant des garanties sur le maintien du dispositif ranti Licorne de l’armée française, dont Licor effectifs sont passés de 900 à les e 1.700 hommes au plus fort de la cri1.70 La France s’est déclarée prête à se. L contribuer à une refonte des forces contr sécurité ivoiriennes, pour surde s monter les divisions Nord-Sud qui mont ont traversées depuis la tentales o tive de coup d’Etat contre Laurent Gbagbo et la guerre civile de 2002Gbag 2003. Venu à la rencontre de la com2003 munauté française, Nicolas Sarkozy mun que la France garderait a déclaré dé toujours des forces militaires en toujo Côte d’Ivoire. «Nous garderons toujours des forces militaires ici pour assurer la protection de nos resassu sortissants», a-t-il dit lors d’un dissorti cours devant la communauté francour çaise d’Abidjan. Mais je veux que choses soient claires entre nous. les c ’armée française n’est pas là pour L’ar assurer la stabilité de quelque

lage sécuritaire en œuvre grâce aux forces françaises de “La Licorne”, trois hommes d’affaires français ont été enlevés. A ce jour, leur sort reste incertain. Le procès de Laurent Gbagbo traîne à s’ouvrir et même si la justice ivoirienne voudrait s’entourer de toutes les garanties d’un bon déroulement, elle y parviendrait difficilement. Les tensions ethniques restent palpables dans le pays et les partisans de l’ancien président continuent le combat de l’extérieur. Par exemple la belle-fille de Gbagbo qui a déposé plainte au tribunal de grande instance de Paris pour les sévices portés à sa mère lors de son arrestation sans oublier les pressions exercées sur le Conseil de Sécurité des Nations Unies par les avocats de l’ancien Président pour diligenter une enquête internationale sur les massacres des populations attribuées aux hommes de Ouattara.


10 ACTUALITÉ CAMEROUN

Élection presidentielle:

Paul Biya tire les leçons de la crise ivoirienne. des résultats des élections ». Convaincu du bien-fondé de cette modification un journaliste de l’hebdomadaire La Météo à Yaoundé argumente : « Il faut saluer à juste titre la démarche du gouvernement camerounais qui a eu une grande vision politique à ce sujet. Le vainqueur déclaré sera légitime et légal. »

Par peur de se retrouver dans la même situation qu’à Abidjan, le président camerounais Paul Biya limite les pouvoirs de la commission électorale. Par Mohamadou Houmfa

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a préoccupation majeure à Yaoundé en cette période, est de ne pas se retrouver dans un conflit post électoral comme celle qui a été vécu à Abidjan. Le président de la commission électorale, (Elections Cameroon - Elecam), s’était rendu en Côte d’Ivoire pour observer le scrutin. Ce d’autant qu’en octobre prochain, le pays de Paul Biya (au pouvoir depuis vingt-neuf ans) devra se prononcer sur un nouveau mandat présidentiel. Pour rappel, en Côte d’Ivoire, la commission électorale indépendante avait publié des chiffres donnant Alassane Ouattara vainqueur avec environ 54% des voix contre 46% pour Laurent Gbagbo. Tandis que le conseil constitutionnel déclarait Laurent Gbagbo vainqueur avec environ 52 % avec des irrégularités et fraudes constaté dans la parti nord du pays. Deux institutions pour deux résultats différents. La suite est con-

nue de tous. Cela a semble-t-il fait réfléchir le gouvernement camerounais, à en croire un projet de loi récemment voté au parlement. C’est ainsi que le 9 avril dernier, l’assemblée nationale du Cameroun a voté un projet de loi transmis par le président Paul Biya. Ce projet retire à Elecam, la commission électorale, son pouvoir de « rendre publiques les tendances enregistrées à l’issue des scrutins pour l’élection présidentielle, les élections législatives et sénatoriales ». C’est donc désormais uniquement le conseil constitutionnel qui publie les résultats des élections. Et cela permet ainsi d’éviter, comme on l’a vu en Côte d’Ivoire, d’avoir éventuellement deux résultats pour une même élection. Dans l’exposé des motifs de ce projet, le gouvernement explique qu’il s’agit de « garantir une meilleure sécurité juridique de la proclamation

Toutefois, l’argument est loin de faire l’unanimité. Pour Joshua Osih, deuxième vice-président du Social Democratic Front (SDF), le principal parti de l’opposition, « M. Biya a certainement peur d’un scénario à l’ivoirienne. Il redoute manifestement l’arrivée de l’ONU et des troupes françaises, qui n’hésiteront pas, sous des prétextes démocratiques enregistrés sur le tard, à le débarquer dès que leurs intérêts seront menacés du fait des déflagrations sociales qui résulteront des contestations post-électorales. » Le Rassemblement démocratique pour la modernité au Cameroun (RDMC), autre parti d’opposition, est tout aussi amer. Ce parti a publié un communiqué affirmant que « les arrière-pensées qui sous-tendent une telle disposition sont claires : éviter que le citoyen puisse avoir le moindre suivi du processus électoral et permettre aux magistrats, soigneusement choisis, de proclamer les résultats dictés par le RDPC (Rassemblement démocratique du peuple camerounais, parti au pouvoir, ndlr) ». Pour Joshua Osih, on imagine mal un magistrat de cette juridiction aller contre les intérêts politiques de celui qui l’a nommé. Avant même sa tenue, de forts préjugés défavorables pèsent déjà sur la prochaine élection présidentielle camerounaise.


11 ACTUALITÉ CAMEROUN

La France lâche progressivement Paul Biya. Contrairement aux années précédentes, la France, principal soutien de Paul Biya au pouvoir depuis 29 ans, n’a pas envoyé de représentant de son gouvernement lors de la fête nationale du Cameroun. A cinq mois de l’élection présidentielle, c’est un signal qui fait du bruit à Yaoundé.

Par Mohamadou Houmfa

D

epuis plusieurs années, en guise de solidarité au Cameroun en général et au président Biya en particulier, le gouvernement français envoie généralement, outre l’ambassadeur en poste à Yaoundé, un ou des représentants au Cameroun pour la fête nationale du pays qui se célèbre le 20 mai de chaque année. Le 20 mai 2009 par exemple, c’est le Premier ministre François Fillon qui avait assisté aux festivités et, en 2010, Alain Joyandet, secrétaire d’Etat chargé de la Coopération et de la Francophonie avait représenté son pays. Seulement, il semble cette fois que la France n’a pas répétée le geste. Le vendredi 13 mai, l’ambassadeur de France au Cameroun a remis au ministre des Relations extérieures, un message indiquant que Henri de Raincourt, le ministre délégué à la Coopération de France, que le Cameroun attendait ne pourrait pas être de la partie. Ce qui s’est confirmé par l’absence de ce dernier lors du défilé marquant la célébration à Yaoundé. Cette absence a fait du bruit à Yaoundé où l’on y voit un “lâchage en règle” de la France à 5 mois de l’élection présidentielle. Le “lâchage” est d’autant plus évident que dans le même temps, une délégation officielle française s’est rendue à l’investiture d’Alassane Ouattara en Côte d’Ivoire. Avec à sa

tête, le président français himself, Nicolas Paul Stéphane Sarkozy de Nagy-Bocsa.

“Le “lâchage” est d’autant plus évident que dans le même temps, une délégation officielle française s’est rendue à l’investiture d’Alassane Ouattara en Côte d’Ivoire.” Inquiétudes Paul Biya dont le parti désigne le candidat à la prochaine présidentielle en juillet prochain serait très préoccupé par la situation. D’ailleurs, une dizaine de journalistes français ont récemment séjourné à Yaoundé pour une sorte de “mission commandée” où ils étaient sensé réaliser des articles de presse favorables au régime de Yaoundé. Paul Biya serait d’autant plus inquiet que depuis 3 ans, il essaie de faire venir Nicolas Sarkozy au Cameroun mais, ce dernier n’a jamais accepté l’invitation. Pourtant, lors d’une interview sur la chaîne française FRANCE 24 en

2007, Paul Biya s’extasiait : “Tout à l’heure, et je ne crois pas dévoiler un secret, j’ai invité le Président de la République à faire une visite au Cameroun et il a accepté immédiatement et avec joie. J’observe donc qu’il veut maintenir une continuité, une discussion ouverte, il veut savoir ce que les Africains veulent et la France verra ce qu’elle peut faire”. Depuis, Sarkozy a visité plusieurs pays d’Afrique dont le Gabon, le Tchad, le Sénégal...en évitant soigneusement le Cameroun. Selon certaines sources, le président camerounais qui s’est rendu à l’investiture d’Alassane Ouattara en a profité pour solliciter les services d’une communicante française proche de l’Elysée. Il s’agit d’Anne Méaux, la conseillère de l’agence parisienne de communication Image 7. C’est cette dame de 57 ans qui a préparé la cérémonie d’investiture d’Ouattara du point de vue marketing. A travers elle, le président camerounais cherche surtout un rapprochement avec son homologue français Nicolas Sarkozy. En tout cas, Paul Biya ne manque jamais une occasion d’échanger avec les responsables politiques français. On l’a récemment vu au Vatican deviser avec le ministre français de la Défense Alain Juppé et le Premier ministre français François Fillon. Pour plusieurs observateurs de la scène politique camerounaise, le président camerounais qui cherche à briguer un nouveau mandat veut le soutien de Paris afin d’éviter un scénario à l’ivoirienne ou à la tunisienne en cas de crise postélectorale.


12 ACTUALITÉ BURKINA FASO

Les militaires

encore en colère. Ces hommes réclament des indemnités spécifiques, les mêmes que la Garde présidentielle. Par Ariane Nkoma

L

e centre d’Ouagadougou au l’entrée du camp et effectuaient de l’Éducation. Le même jour à Burkina Faso a de nouveau des tirs sporadiques. Le mouvement Bobo-Dioulassou, des enseignants été le théâtre d’un soulève- d’humeur a plutôt surpris les habit- du secondaire, du supérieur et de la ment militaire dans la soirée ants de la capitale du Burkina, qui recherche ont observé un sit-in dans du lundi 23 mai. Vers 20h, selon des pensaient en avoir fini avec les mu- le but d’amener les autorités à satistémoins, une dizaine de soldats du tineries depuis que le gouvernement faire leur plate-forme revendicative. camp de gendarmerie Paspanga, a organisé des rencontres avec tous situé dans le centre de la capitale les corps en uniforme. Selon toute Le 29 avril dernier, le président burkinabè Ouagadougou, sont sortis vraisemblance la garde nationale a Blaise Compaoré avait organisé une de leur caserne et ont tiré en l’air été oubliée et elle s’est empressée rencontre de plus de deux heures dans le quartier, pour manifester de se rappeler sa présence aux au- avec 380 militaires représentant leur colère. Le camp abrite aussi torités. Les raisons de sa colère: La toutes les catégories de l’armée. A des éléments de la Garde nation- non-perception d’une prime appelée l’issue de la réunion, il avait affirmé que les militaires s’étaient ale et selon un officier de la à ne plus se livrer gendarmerie, ce sont eux qui “Les militaires de la Garde nation- engagés à ce genre d’indiscipline qui tiraient. Nous revendiquons a caractérisé le comportedes indemnités, a expliqué ale, qui rendent eux aussi homun protestataire, kalachnikov mage au président et à ses hôtes de ment des soldats ces dertemps. Il avait ajouté à l’épaule. C’est de l’argent marques, estiment pleinement méri- niers que beaucoup de transparqui est déjà là, mais qu’on ence serait apportée sur les ne nous verse pas. On ne sait ter cette prime. ” dépenses faites pour la nourpas où ça va, a-t-il dit. Un officier de l’armée a affirmé de son «prime des honneurs» et allouée à riture des hommes et leur habillecôté que ces hommes réclament des ceux qui servent dans l’entourage ment. Depuis janvier 2011, le régime indemnités spécifiques, les mêmes du chef de l’Etat. C’est le cas des de Blaise Compoaré fait face à des que la Garde présidentielle. Les éléments du régiment de sécurité manifestations estudiantines et des mutins ont ensuite mis en place un présidentielle ou des gendarmes qui mutineries dans plusieurs villes du barrage routier, bloquant avec des rendent les honneurs autour du tapis pays occasionnant au moins 6 morts autobus les principales artères au- rouge. Les militaires de la Garde na- et 45 blessées par balles. La plus imtour du camp militaire et refoulant tionale, qui rendent eux aussi hom- portante est intervenue dans la nuit les véhicules s’aventurant jusque-là. mage au président et à ses hôtes de du 14 au 15 avril dernier au sein du Les militaires de la Garde nationale, marques, estiment pleinement méri- Régiment de la sécurité présidentielle. Fin avril, M. Compoaré a proqui rendent eux aussi hommage au ter cette prime. cédé à la nomination d’un nouveau président et à ses hôtes de marques, estiment pleinement mériter cette Cette dernière mutinerie en date n’a gouvernement dont il assume la pas eu la violence des précédentes. fonction de ministre de la défense. prime. Plusieurs d’entre eux ont même Par ailleurs, des milliers d’étudiants Arrivé au pouvoir il y a 24 ans à la arrêté des chauffeurs de taxi, fait ont manifesté lundi 23 mai égale- faveur d’un coup d’État contre son sortir les passagers et récupéré ment à Ouagadougou en solidarité ancien compagnon d’armes Thomas les véhicules. Le centre-ville s’est avec les enseignants en grève depu- Sankara, Blaise Compaoré s’est fait rapidement vidé dans la soirée et is la semaine dernière pour appuyer réélire quatre fois avec plus de 80% les passants se sont empressés de des revendications salariales. Les des voix dans des scrutins contestés rentrer chez eux. Vers 23h, les pro- protestataires ont brisé les vitres et par ses opposants qui exigent son testataires étaient réunis devant mis à sac des bureaux du ministère départ.


13 ACTUALITÉ FMI

Succession au FMI: Un directeur général africain, est-ce possible ? Depuis ses bureaux de Douala, Dr Pierre Alaka Alaka expert financier d’origine camerounaise, confirme que l’Afrique risque de passer à coté du sujet, pour lui l’idée d’avoir un directeur général africain au FMI n’est pas encore envisageable à cet instant. Suite à la débâcle de Dominique Strauss khan, les économistes du continent ne sont pas sur la liste pour des raisons qu’il dévoile… © Journalducameroun.com

Par Dipita Tongo La chute brutale du directeur général du FMI ouvre des tractations souterraines inédites en vue de sa succession, depuis la création de cette institution, jamais le changement d’un cadre de ce niveau n’avait donné lieu à des négociations d’une telle envergure à cause surtout du pacte signé entre l’Europe et les Etats-Unis relatif à la gestion des institutions financières internationales. Il est établi depuis 1946 que la direction générale du FMI revient aux Européens et la présidence de la banque mondiale revient aux Américains, rappelle le Dr Pierre Alaka Alaka, expert financier. Si cette tendance a longtemps existé du fait de la puissance économique des Etats du nord, les pays émergents à savoir le BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et dernièrement l’Afrique du Sud) sont déjà montés au créneau pour réclamer plus de transparence et d‘équité dans la succession du directeur général du FMI et du coup les Africains s’interrogent sur le rôle que pourrait jouer le continent. Le Dr Alaka reste pessimiste: Il n’est pas exclut qu’un Africain soit directeur général du FMI, on a eu des Africains Secrétaire général des Nations unies. Il faut voir les conditions qui permettent d’être retenues au poste, avoir un parcours exceptionnel dans le domaine des finances mondiales entre autres, malheureusement, chez nous, nos

ministres ne réfléchissent pas, ils agissent sur les seules instructions du président de la République, donc on n’a pas d’hommes créatifs, car nos penseurs économiques sont sous la coupe des Chefs d’Etat. Ce qui est valable pour le Cameroun l’est aussi

africains d’expression française de voter pour ce mexicain et non pour Christine Lagarde représentant la France. Ca va être difficile politiquement, parce qu’avec la francophonie, avec les réseaux, la France tire sa force de là et il est évident

“En ce moment, il y a le président de la Banque centrale du Mexique qui est candidat, je pense qu’une alliance avec l’Afrique serait bien pour inverser la tendance.” pour l’Afrique, à partir de là l’Afrique a du mal à émerger et surtout convaincre pour obtenir l’assentiment du Conseil d’administration du FMI.

Se libérer de la domination française. Dès lors, notre expert pense que pour se positionner, l’Afrique devrait jouer des alliances, les partenaires probables seraient dans ce cas les autres pays émergents et en cas de victoire les retombées seraient inestimables: C’est bien possible, en ce moment, il y a le président de la Banque centrale du Mexique qui est candidat, je pense qu’une alliance avec l’Afrique serait bien pour inverser la tendance. Mais le débat ne se trouve pas à ce niveau, car la question de fond c’est comment faire comprendre aux pays

aujourd’hui que si l’Afrique vote pour Monsieur Agustín Carstens, la tendance va être renversée et l’Afrique pourrait avoir des retombées énormes. Pour le Dr Pierre Alaka Alaka c’est l’occasion pour l’Afrique de montrer sa véritable indépendance C’est le moment de montrer que nous sommes libres, indépendants et souverains en votant le candidat des pays émergents qui est un Mexicain, si l’Afrique le fait alors, elle aura montré à la France que, désormais, il faut traiter d’égal à égal avec elle. Voila, aujourd’hui ce que l’on attend des pays africains.


14 ACTUALITÉ G8

Le sommet du G8 et l’Afrique de l’Ouest. Par Ariane Nkoma

L

’Afrique en général et particulièrement le triangle régional de l’Afrique Occidentale comprenant la Côte d’Ivoire, le Niger et la Guinée était à l’honneur lors du dernier sommet du G8 tenu les 27 et 28 mai à Deauville (France). L’invitation qui leur a été adressée via leurs Chefs d’Etats frais émoulus des élections présidentielles dont on peut supposer qu’elles aient été suggérées par M. Sarkozy (hôte et ancien tuteur), conforte l’idée d’un certificat de bonne conduite démocratique conféré par les grandes puissances Occidentales. Honneur suprême, les trois pays auxquels se sont joints d’autres dirigeants africains à l’origine de la création du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (Nepad) que sont l’Algérie, l’Egypte, l’Ethiopie, le Nigéria, le Sénégal et l’Afrique su sud ont réussi à « négocier ensemble entre pays africains et pays du G8 la déclaration publiée à l’issue de la rencontre ».

pays émergents rend superfaitatoire par les Groupes des 8 qui sont du reste un peu sabordée par le G20. En effet, le G20 a été initié pour encadrer plutôt que de laisser les pays dont le niveau économique se rapprochait à grands pas de celui des puissances occidentales, prendre des parts de marché de plus en plus importantes – Exemple de la Chine et le partenariat avec l’Afrique. Les échanges commencent déjà à se déséquilibrer entre les partenaires traditionnels (africains et occidentaux). Dans ce cas d’espèce, c’est la politique qui a pris le pas sur l’économie. Le G20 sert d’appendice au G8 pour des raisons inavouables. En ce sens, on peut se poser la question de savoir à quoi cette invitation a servi à l’Afrique ?

L’erreur de l’économiste.

Néamoins, ce qui pourrait être compris comme une reconnaissance des progrès de l’Afrique en matière d’ouverture démocratique fait de cette invitation au sommet du G8, un indice de la nouvelle donne internationale.

Cette invitation ne surprend, pourtant, personne lorsqu’on sait que la dynamique instaurée par les

Ainsi donc, les présidents de Côte d’Ivoire, du Niger et de la Guinée, ont

été elus démocratiquement même si cela s’est passé parfois dans des circonstances douloureuses. Alassane Ouattara prend la tête d’un pays meurtri par plus de dix ans de crises politico-militaires, dont la plus grave vient de s’achever avec son investiture samedi dernier à Yamoussoukro. Le peuple s’est battu pour sa souveraineté, pour la légalité, l’exemple de la Côte d’Ivoire est un signal très fort pour la démocratie, il montre que l’Afrique entre dans une nouvelle phase, les gens ne veulent plus de dictatures, déclare Anne Ouloto, porte-parole de M. Ouattara. En Guinée voisine, marquée par 50 ans de dictatures civiles et militaires, Alpha Condé est devenu le premier président démocratiquement élu le 7 novembre, à l’issue d’un processus électoral laborieux, également marqué par des violences politico-ethniques, d’ampleur moindre qu’en Côte d’Ivoire. Son adversaire malheureux, Cellou Dalein Diallo, qui avait reconnu sa défaite, dénonce aujourd’hui une dérive autoritaire du pouvoir de M. Condé, ce dont ce dernier se défend. Quant au Nigérien Mahamadou Issoufou, il a été élu le 12 mars après une période de transition militaire née d’un coup d’Etat ayant renversé en février 2010 Mamadou Tandja qui, après dix ans de présidence, avait tout fait pour se maintenir au pouvoir. En dépit d’importantes richesses minières, la Guinée et le Niger font partie des pays les plus pauvres au monde. La Côte d’Ivoire, elle, reste une puissance régionale mais la récente crise politique a porté un coup terrible à son économie. Ces trois pays comptent sur l’aide des pays du G8 (près de 80% de la richesse mondiale), dont des ONG considèrent cependant qu’ils n’ont pas rempli leur engagement, pris en 2005, de doubler l’aide au développement de l’Afrique subsaharienne d’ici fin 2010.


16 ACTUALITÉ EUROPE

La sécurité alimentaire remise en question. Par Omar Harizi

Ces trois dernières décennies, l’Europe a connu plusieurs crises alimentaires qui ont laissé des séquelles dans les domaines, sanitaires, économiques et politiques. Parmi les affaires qui ont secoué l’Union Européenne, il y a eu : L’huile de colza frelatée en Espagne, qui a fait 1200 victimes contaminées à l’aniline, extrait dérivé du nitrobenzène. La vache folle en Grande Bretagne qui a engendré un effondrement de la consommation de la viande bovine dans les années 1990. Et l’apparition de la maladie de Creutzfeldt Jakob liée à l’ingestion de la viande contaminée. Quelques centaines de morts et des millions de bêtes abattues. La dioxine en Belgique, est la substance découverte dans des farines pour la volaille et le bétail, qui a contaminé toute la chaîne alimentaire. Cette crise a coûté très cher à l’économie belge. La grippe aviaire apparue en Asie puis s’est répandue dans les autres continents, notamment l’Europe. La consommation de volailles a cependant fortement chuté dans le monde entier. L’épidémie a coûté la vie à quelques centaines de victimes.

“Les autorités allemandes ont incriminé tout d’abord le concombre espagnol d’être responsable et vecteur de cette bactérie, et puis une série d’analyses en Europe a mis hors cause le concombre espagnol” Depuis le 25 mai dernier, une nouvelle épidémie s’est déclarée. L’agent responsable a été identifié mais pas la source. Il s’agit de la bactérie E. Coli très connue des chercheurs bactériologistes. Cette bactérie vit en général dans le tractus intestinal des mammifères. Mais la variété identifiée est très virulente

“Environ 2000 personnes infestées rien qu’en Allemagne” et résistante aux antibiotiques et a déjà fait 29 morts (dont 28 en Allemagne). Les autorités allemandes ont incriminé tout d’abord le concombre espagnol d’être responsable et vecteur de cette bactérie, et puis une série d’analyses en Europe a mis hors cause le concombre espagnol, mais pendant ce temps la Fédération espagnole des producteurs-exportateurs de fruits et légumes (Fepex) a évalué les pertes « à environ 200 millions d’euros par semaine » pour l’ensemble du secteur, évoquant un « effet domino » affectant les autres produits espagnols. Aujourd’hui, après avoir mis en cause la salade, la tomate et en général les crudités, les autorités allemandes recommandent aux consommateurs de renoncer pour l’instant à la consommation de graines germées. Pendant que l’épidémie progresse et fait de plus en plus de victimes, plus particulièrement en Allemagne, l’origine de la contamination reste encore un mystère. Presque 2000 personnes on été infectées, dans ce dernier pays, depuis le début de l’épidémie. Quelques dizaines de personnes infectées ont été recensées dans 12 pays européen, toutes ont dû séjourner en Allemagne pendant l’apparition de l’épidémie.

Les députés ACPUE soutiennent les transitions démocratiques en Afrique du Nord. Les parlementaires européens et leurs homologues d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique demandent que justice soit faite pour soutenir le processus de réconciliation en Côte d’Ivoire. Les députés n’ont pas manqué de prôner le droit des citoyens de manifester pour le changement politique. La consolidation démocratique, les droits de l’homme, y compris ceux des homosexuels, et la responsabilisation des dirigeants politiques ont dominé les débats de la 21e Assemblée parlementaire ACP-UE à Budapest. « Sous l’effet de la crise économique, beaucoup remettent en cause l’impact de l’aide au développement, souvent pour se dédouaner de leurs engagements visà-vis des pays du Sud », a souligné Louis Michel, co-président de l’Assemblée parlementaire paritaire ACP-UE (APP). Selon lui, l’appui budgétaire direct, qu’il soit général ou sectoriel, reste « l’instrument le plus idoine pour atteindre les objectifs d’efficacité et pour soutenir la construction d’un Etat ». « Nous n’acceptons jamais que des gouvernements ou des responsables politiques puissent utiliser un quelconque argument « culturel » pour justifier la chasse et la diabolisation de l’homosexualité ». Son message a suscité des réactions partagées dans l’Assemblée.

Déclaration des co-présidents sur Madagascar Le 17 mai, les deux co-présidents de l’Assemblée parlementaire paritaire ACP-UE ont adopté une déclaration sur la situation à Madagascar. Cette déclaration vise la mise en place d’un gouvernement de transition neutre et à des élections démocratiques.


17 ACTUALITÉ UNION AFRICAINE - UNION EUROPEENNE

Pas de croissance économique sans democratie. MM. Jean Poing et Emmanuel Barroso, respectivement président de la Commission de l’Union africaine et de la Commission européenne ont, dans un une conférence de presse conjointe, fait un rapport de cause à effet entre la croissance économique et la démocratie. Il n’y a de croissance économique sans démocratie. C’est la recommandation de la

“Ce n’est pas pour imposer des changements mais pour appuyer des changements initiés par les peuples.” 5ième rencontre entre les deux institutions, adressée aux dirigeants africains. Cette année, la rencontre a eu lieu du 31/05 au 01/06/2001, à Bruxelles. Pendant des deux jours, les discussions entre Européens et Africains ont, porté sur le nouveau partenariat entre l’Union européenne et l’Afrique. D’après les conclusions, il y avait une convergence

parfaite des points de vue. Même sur la Libye, l’Union européenne et l’OTAN n’ont pas rejeté totalement la feuille de route de l’Union africaine. Celle-ci date du mois de mars dernier. Elle, préconise une solution politique ; même si Mme Catherine Ashton, patronne de la diplomatie européenne, avait exigé au préalable le départ du colonel Kadhafi. Par ailleurs, Jean Ping ne trouve aucun inconvénient que la Russie trouve une issue à cette crise. Les leçons ont été tirées de ce qui se passent dans les pays de l’Afrique du Nord. Pour le président de la Commission de l’Union africaine, il n’y a qu’une Afrique. Les évènements qui se déroulent en Libye auront des conséquences en Mauritanie, au Niger et même au Qatar ; a –t-il commenté. De son côté, M. Barroso fait observer que l’Union européenne sera aux côtés des peuples qui luttent partout contre les dictateurs et des jeunes qui se battent pour leurs aspirations. Ce n’est pas pour imposer des changements mais pour

appuyer des changements initiés par les peuples. L’invitation au sommet du G8 adressée à certains dirigeants africains nouvellement élus démocratiquement abonde dans le sens de l’encouragement au respect des aspirations et de la dignité des populations africaines. Dernièrement, MM. Ouattara (Côte-d’Ivoire), Lansana Conté (Guinée) et Goodluck Jonathan (Nigeria), ont assisté au sommet du G8, à Deauville (France). La stabilité n’est pas toujours synonyme de la démocratie ou des progrès économiques. L’Egypte, la Tunisie étaient quand- même plus stables que certains pays africains. Quoiqu’il en soit, l’Afrique est sur la bonne voie. Sa croissance est de 5%. La coopération aura désormais, pour objectif, la réduction de la pauvreté. Dans ce but, l’Union européenne promet de soutenir le nouvel Etat, le Sud Soudan dans sa naissance avec un montant de 300 millions d’euros et par ailleurs, elle compte octroyer une aide de 180 millions d’euros à la Côte d’Ivoire.

Déclaration sur l’efficacité et la prévention du VIH/SIDA

Résolutions d’urgence : La Côte d’Ivoire et les soulèvements en Afrique du Nord et au Moyen Orient.

Au cours de la 21ème Assemblée parlementaire paritaire les députés ont adopté deux déclaration sur l’efficacité de l’aide dans la perspective de la prochaine réunion à Busan (Corée du Sud) en novembre, et sur l’accès universel à la prévention du VIH/SIDA pour la réunion de haut niveau sur le Sida prévue à New York du 16 au 18 mai prochains.

La Crise post-électorale qu’a connue la cote d’ivoire, courant novembre 2010 à avril 2011 a conduit la Côte d’Ivoire vers une guerre civile qui a coûté la vie à des milliers de personnes et causée le déplacement d’un million de citoyens dans les pays voisins. Les exactions commises contre des civils doivent faire l’objet d’enquêtes approfondies, selon les parlementaires ACP-UE, afin de soutenir le processus de réconciliation lancé par le président Ouattara.

Prochaine réunion à Freetown. La 21e session de l’Assemblée parlementaire paritaire ACP-UE se déroulera dans la capitale Sierraléonaise (Freetown) du 21 au 23 novembre 2011.

Par Jean Boole

Les députés ont également adopté une autre résolution évoquant les conséquences du « printemps arabe ». Les aspirations démocratiques des citoyens au Moyen-Orient et en Afrique du Nord pourraient constituer une source d’inspiration pour les changements démocratiques dans les pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique ainsi qu’en Europe, soulignent les députés de l’Assemblée ACP-UE, faisant référence aux répercutions politiques, économiques et sociales du « printemps arabe ». Le but est de soutenir la transition politique dans ces pays, afin d’aider ces derniers à faire face aux énormes défis qui les attendent tant au niveau économique, politique et social. D’ailleurs le taux de chômage élevé et on constate une baisse importante sur les revenus provenant du tourisme, l’Assemblée paritaire ACP-UE demande à l’UE de considérer « une suspension temporaire du remboursement de la dette ».


18 FOCUS

Le prix international Roi Baudouin pour un médecin congolais. Le gynécologue congolais, Dr. Denis Mukwege a reçu ce 24 mai, le Prix International Roi Baudouin pour le Développement 2010 /2011. Il a été récompensé pour son action exceptionnelle en faveur de milliers de femmes victimes de viols et de crime de guerre en République démocratique du Congo : « détruire les femmes, c’est détruire la vie » Par Noella Kalanga

D

enis Mukwege, né en mars 1955 est un gynécologue congolais reconnu pour son action humanitaire en République démocratique du Congo. Le Dr. Mukwege est le fondateur de l’Hôpital de Panzi (1999), à Bukavu, un hôpital qui offre des soins gratuits et complets aux victimes de violences sexuelles.

Cet hôpital offre aux victimes une prise en charge psychologique, médicale et sociale, afin de les aider à surmonter les traumatismes auxquels elles doivent faire face après leur agression. La prévalence de la violence sexuelle en République démocratique du Congo est l’une des plus élevées au monde, et au cours des ces dix dernières années, le Dr. Mukwege et son équipe ont soigné plus de 30.000 femmes (et jeunes filles), violées ou sévèrement mutilées. Dans cette région, déchirée par des années de guerre, la violence sexuelle est utilisée comme une arme, perpétrée de façon stratégique dans le but d’instaurer un climat de terreur et de prendre le contrôle de zones riches en minerais. Le président de la fondation Roi Baudouin, Peter Piot, a déclaré que le docteur Mukwege est « l’un des plus grands humanitaires d’Afrique et que son travail était source d’espoir et d’inspiration pour les populations du continent. A travers son engagement de médecin et d’activiste, le docteur Mukwege met en lumière l’une des plus pernicieuses et inacceptables violation des droits humains dans le monde, la violence

contre les femmes ». « Nous ne pouvons rester silencieux devant une injustice si grave. Détruire les femmes, c’est détruire la vie », s’est ainsi exprimer le Dr. Mukwege, lors de la cérémonie de remise du Prix au Palais Royal de Bruxelles. Le Prix International Roi Baudouin pour le Développement a été crée en 1978. Ce prix vise à récompenser et à soutenir les pionniers qui contribuent de manière exceptionnelle au développement. Il est décerné

tous les deux ans par la Fondation Roi Baudouin. Le lauréat du prix reçoit la somme de 150.000 euros (environ 210.000 USD), ainsi que l’immense opportunité de rencontrer des dirigeants de grandes organisations internationales telles que la Banque Mondiale, le Nations Unies et l’Union européenne. Le Dr Mukwege a également reçu en 2008 le Prix Olof Palme et le Prix des droits de l’Homme des Nations Unies.


19 ACTUALITÉ EN BREF

Pieter De Crem en Afrique.

La Belgique a prévu d’octroyer une aide de 150 millions d’euros au Burundi. Le président de la République du Burundi, Pierre Nkurunziza, a reçu en audience le 4 juin dernier le vice-Premier ministre et ministre belge des Affaires étrangères, Steven Vanackere. Cet Entretien était principalement centré sur les relations bilatérales existant entre la Belgique et le Burundi et l’état d’avancement des réformes au niveau de la bonne gouvernance, s’est exprimé le ministre belge.

Le ministre belge de la défense, Pieter De Crem, s’est envolé le 4 juin dernier pour une visite de quatre jours dans deux pays de l’Afrique de l’Ouest, le Bénin et la Côte d’Ivoire.

P

ieter De Crem a fait une visite éclaire au Bénin, un petit pays démocratique, l’enfant chéri diton de la coopération militaire belge en Afrique. Cette visite est intervenue, malgré le fait que la Belgique ait mis fin au soutien logistique qu’elle fournissait aux unités béninoises engagées dans des missions

“La Belgique et le Bénin sont liés par un Programme de Partenariat Militaire (PPM).” de maintien de la paix en République démocratique du Congo (Monuc devenue Monusco), et en Côte d’Ivoire (ONUCI). La Belgique et le Bénin sont liés par un Programme de Partenariat Militaire (PPM). Celui-ci permet à l’armée belge de s’entraîner dans des conditions tropicales tout en formant les Béninois dans certaines spécialités. De son côté, l’armée béninoise a, en outre, bénéficié de la vente du matériel excédentaire (camions, hélicoptères, jeeps, blindés, Agusta A109) à des prix tout à fait dérisoires. Face à la dégradation de la situation en Côte d’Ivoire, le gouvernement belge avait décidé, le 6 décembre dernier, de l’envoi d’une dizaine de militaires d’une unité d’élite, le groupe des Forces spéciales (SFG). Cette unité a vécu de près les combats qui ont opposé après l’élection présidentielle du 28 novembre 2010, les partisans de l’ex-président Laurent Gbagbo et ceux de son successeur, Alassane Ouattara.

“la Belgique exige que le Burundi accomplisse davantage d’efforts de gouvernance pour pouvoir obtenir une rallonge de 50 millions d’euros.” Le Burundi obtiendra plus d’aide de la Belgique en échange d’efforts de bonne gouvernance. En effet, la Belgique exige que le Burundi accomplisse davantage d’efforts de gouvernance pour pouvoir obtenir une rallonge de 50 millions d’euros d’aide au développement. De son côté, la Belgique a prévu d’octroyer une aide de 150 millions d’euros au Burundi. Cette aide s’étalera sur une période de quatre ans. Une aide supplémentaire est envisagée, mais sous certaines conditions. Le Burundi doit également satisfaire aux normes du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale.


20 DOSSIER / POLITIQUE RDC

PROCESSUS ELETORAL

vu de l’extérieur. Dossier réalisé par Victor OLEMBO L. / Jean BOOLE

L’échéance des élections générales en RDC s’approche à grands pas. Que pense la communauté internationale du processus électoral qui conduira à celles-ci. L’exemple ivoirien a montré que la communauté internationale a inauguré l’ère de la primauté du droit international sur le droit national, en matière électorale, en Afrique. La position de M. Jacquemain Shabani, le secrétaire général de l’UDPS, formation qui participe à ces élections, le portrait du président de la CENI, Daniel Mulunda Ngoy et le vrai ou faux départ de Moïse Katumbi. Ce sont là des éléments importants que focalise notre dossier. Inquiétudes et peu d’espoir. Le nouveau président de la République Démocratique du Congo c’est... Voilà une phrase chargée de responsabilité que devrait compléter la Cour suprême de Justice, le 20/décembre/2011. Certainement, à Kinshasa ce moment sera vécu comme un des plus important. La vie politique de la RDC pour les cinq ans à venir, dépendra des réactions des uns et des autres après ce rendez-vous. Pour l’heure, il est encore tôt d’envisager des scénaris. Au fait, la peur est le sentiment qui domine le plus à l’étranger. Néanmoins, la détermination du président de la CENI, permet un peu d’espoir. A en croire, le pasteur Daniel Ngoy Mulunda, les élections se

dérouleront dans le strict respect du calendrier. Et pourquoi la peur ? « Les élections, moment culminant de toute démocratie, ont été en Afrique sources de conflits violents, voire de guerres civiles » (Afrique Asie, mai/2011). En particulier, il est tout aussi important de faire l’état des lieux du processus électoral congolais, à six mois de l’échéance. Et surtout, voir quelle est l’opinion, à ce stade, de l’extérieur par rapport à ce processus électoral. Nul doute, l’organisation des élections relève du cadre institutionnel national. Mais, en Côte d’Ivoire, on vient de se rendre compte du rôle du premier plan joué par la communauté internationale face à la légitimité d’un président dans un État où

la constitution n’était pas encore suspendue. L’ONU a crée ainsi une jurisprudence en matière électorale en Afrique : la primauté du droit international sur le droit national. Toutefois, tout processus électoral en Afrique n’empruntera pas nécessairement ce schéma.

Corrida électorale. En RDC, telle une corrida, le processus électoral s’est engagé. Il serait parti de la dissolution tumultueuse de la commission électorale indépendante. Même morte cliniquement, les dispositions de la CEI (Commission électorale indépendante), étaient pendant un temps encore en concurrence avec l’esprit et la lettre des textes de la CENI


21 ONÉSHA AFRIKA

(Commission électorale nationale indépendante), naissante. Aussi, at-on déploré l’existence des deux calendriers électoraux. Le calendrier de la CEI, publié par Malu Malu et celui de la CENI. Ce tohu-bohu du début du processus électoral suivi d’autres dysfonctionnements et fragilités organisationnelles font qu’à l’extérieur, lorsqu’on évoque les élections en RDC, c’est le sentiment du désordre teinté d’inquiétude qui prévaut. On se souvient, par ailleurs, des séquelles laissées par la désignation des membres de la CENI, au sein de la classe politique congolaise. Du coup, à l’étranger, la volonté du président Joseph Kabila de contrôler l’institution a été suspectée. Ensuite la bataille a été rude autour de la question concernant la succession de l’ecclésiastique catholique, Malu Malu (Catholique) par Daniel Ngoy Mulunda (méthodiste/ protestant).

Suspicions dangereuses A ce sujet, influencée par les déballages incontrôlés de l’époque de la nomination du président de la CENI, la presse internationale a présenté Daniel Mulunda comme un proche du président-candidat. Pour cause, Mulubakat comme le feu président Laurent-Désiré, le président de la CENI serait un oncle du président Kabila. Une appartenance au PPRD dont il serait un des membres fondateur, malgré ses démentis aussi

formels soient-ils le poursuit partout. Alors, au sens biologique comme au sens politique, ces allégations portent atteinte à l’impartialité et dans une certaine mesure à la crédibilité du président de la CENI, aux yeux de la communauté internationale. Qu’en est-il de la révision constitutionnelle ? Voilà le hic. En Occident, cette révision constitutionnelle consacrant l’élection présidentielle à un tour unique est perçue comme un changement des règles en cours du jeu. La presse étrangère a épilogué sur ce changement, qualifié de tentative d’empêcher l’alternance. Le caractère hybride du scrutin (majoritaire ou proportionnel) renforce cette idée. Dernièrement, La libre Belgique, dans un article disait que les Congolais ne seront pas suffisamment représentés auprès de leurs institutions. Au cours d’un débat télévisé, sur la RTBF, la chaîne publique francophone belge, Louis Michel a traité d’inopportune cette révision. Par ailleurs, un autre motif d’inquiétude a pour nom le retard. La loi électorale n’est pas là. Son ajournement au parlement fait jaser les diplomates en Europe. Un diplomate américain, en l’occurrence, à Bruxelles, avec ironie, se demande quand ces élections auront-elles lieu et dans quelles conditions ? Ce retard rend le calendrier très serré. Une moindre bousculade

remettrait en cause tout le processus et conduirait à un report fatal des élections. Quitte à tomber dans l’illégalité par rapport à la constitution.

Une nouvelle transition. Au parlement européen, fin mai/2011, lors du passage du candidat de l’UDPS, Étienne Tshisekedi, la question du retard a été soulevée. En filigrane, les conséquences de ce report, c’est-à-dire la contestation des résultats. Et l’inconstitutionnalité du pouvoir sorti de ce scrutin. La constitution stipule que le président de la République reste en fonction jusqu’à la proclamation par la Cour Suprême de Justice de son successeur. Cette éventualité préoccupe l’Union européenne. D’où un recours possible à une autre disposition : le plan B. Qu’est-ce- que ce plan ? Il pourrait s’agir d’une nouvelle transition afin de préparer d’autres élections. C’est l’avis de la puissante ONG, International Crisis Group. Dans son dernier rapport datant du mois de mai, l’organisation estime qu’il est impossible d’organiser des élections transparentes en RDC en s’alignant sur ce calendrier. Pour International Crisis Group, le gouvernement congolais est devant un dilemme: « respecter les échéances constitutionnelles et organiser des élections bâclées ou ignorer ces échéances et plonger dans une période d’inconstitutionnalité du pouvoir ».


22 DOSSIER / POLITIQUE RDC

Cette observation est un sujet d’inquiétude pour la communauté internationale qui ne pilote pas ce processus comme en 2006. Les Congolais sont-ils prêts à revivre cette expérience ? Le volontarisme du président de la CENI redonne un peu d’espoir et sonne comme une réponse négative à cette question. Mulunda veut rassurer tout le monde. Au milieu du village telle une église, le pasteur, en tant qu’homme de Dieu, ne doit rouler pour personne. Jusque-là, il se dit satisfait de la coopération du gouvernement lequel a débloqué 22 millions de dollars. Grâce à cette somme, le fichier électoral a été complètement révisé. Le pasteur-président de la CENI entend enrôler plus de 29 millions d’électeurs, soit 4millions plus qu’en 2006. Pour lui, la CENI est prête et le scrutin aura lieu dans les délais constitutionnels. Mais la bonne volonté du président de la CENI, seule ne suffit pas. Pas d’argent, pas d’élections transparentes ou tout simplement pas du tout.

L’Union européenne en a marre de soutenir des élections de parodie, en Afrique. Ces dernières années, l’Union européenne a essuyé de nombreuses critiques pour avoir financé des élections dont on connaît à l’avance le gagnant. Pire, qui se sont mal terminées. La contribution financière de l’Union européenne à une élection dépendrait de l’élément confiance. Ceci expliquerait-il le peu d’intérêt et d’enthousiasme que l’Europe et d’autres institutions internationales à financer le processus électoral congolais ? Ce n’est qu’une hypothèse. Il a appartient aux Congolais de renverser la tendance de l’opinion, en adoptant des attitudes et comportements susceptibles de favoriser l’organisation des élections apaisées

afin d’épargner aux populations des souffrances qu’on a observées sous d’autres cieux.

Si tel est le cas, le camp du candidat Kabila perd une contribution importante dans le cadre des élections. Pas seulement au Katanga mais dans l’ensemble du pays.

Moïse Katumbi pense ailleurs Pendant des mois, d’aucuns ont spéculé sur l’avenir politique de Moïse Katumbi, le gouverneur du Katanga. On lui prêtait même des ambitions nationales. Le Katanga étant trop petit pour sa grande capacité de travail. D’autres ont voulu que tout le pays bénéficie de ses qualités de gestion. N’a-t-il pas été reconnu comme le meilleur gouverneur de la RDC ? Pas de suspense! La carrière politique de Katumbi ne sera pas peutêtre longue. L’intéressé lui même n’en fait pas un mystère. Tout dernièrement, Katumbi a dit qu’il renonçait à la politique. Il retourne aux affaires. C’est le respect à la parole donnée. En 2008, il avait dit qu’il tournerait le dos à la politique, en 2011. Cela a, dernièrement, été confirmé dans un article publié par l’hebdomadaire Jeune Afrique qui titrait : ‘Moïse quitte le navire’. Est-ce le navire présidentiel ?

Le président du Tout puissant, Mazembe, club de football, ayant désormais une réputation mondiale, Moïse est très populaire. Il aurait mis sa popularité en faveur du candidat-président. Homme d’affaire influent, il est capable de mettre en œuvre une redoutable machine électorale. Quoiqu’il en soit, on doit se garder de penser que le retrait de Katumbi veut dire rupture d’avec Joseph Kabila. Dans l’entourage du pouvoir, on chuchote que le gouverneur Katumbi pourrait devenir le directeur de la campagne électorale du président Joseph Kabila. Katumbi ne pense peut-être plus à la politique, mais ces élections ne lui laisseront pas indifférent ni son Katanga. Mais l’imprévisibilité étant possible en politique, un revirement n’est pas à écarter définitivement.


23 ONÉSHA AFRIKA

Entretien Express Le Secrétaire Général de l’UDPS, M. Jacquemain SHABANI, reçu à ONESHA AFRIKA Magazine en son bureau de Bruxelles. Le Secrétaire Général nous fait la lumière sous son déplacement à Bruxelles, Il revient sur l’organisation et la transparence de ces élections, de la vision de l’UDPS pour le Congo, la possibilité d’une candidature unique et comme d’ailleurs tout les autres candidats, l’assurance d’une victoire certaine et non négociable.

ONESHA AFRIKA : Monsieur le secrétaire général, pourquoi votre parti accepte- t-il de participer au scrutin de novembre prochain alors que les conditions de transparence ne sont pas encore réunies, dit-on ? Jacquemain SHABANI : Il faut d’abord tenir compte du fait que cette fois-ci l’UDPS s’engage avec beaucoup de responsabilité. Les élections de 2006 étaient biaisées d’avance. Car il n’y avait pas d’équité, le pouvoir détenait déjà les résultats avant même l’échéance. Cinq ans plus tard, la situation du pays est catastrophique. Et maintenant, l’UDPS entre en jeu pour prendre le pouvoir d’une manière démocratique, malgré ces conditions particulières et difficiles voulues par le gouvernement. ONESHA AFRIKA : A quoi faitesvous allusion ? J. SHABANI : Je fais allusion à la mauvaise foi de nos autorités, suivez moi je vais vous donner un exemple : pourquoi fallait-il attendre 2010 pour lancer le débat sur la constitution, alors que la pacification du pays est loin d’être effective ? ONESHA AFRIKA : Pouvez- vous nous dire le but de votre périple européen ? J. SHABANI : Le but de mon déplacement est d’attirer l’attention de la Communauté internationale sur les incohérences et dysfonctionnements au sein de la commission qui

s’occupe de la préparation de ces élections. Nous voulons aussi faire appel à la solidarité internationale pour que ces élections soient faites dans les meilleures conditions. A l’UDPS, nous sommes conscients que seules des élections transparentes sont une garantie pour éviter une crise de légitimité au sommet de l’Etat. ONESHA AFRIKA : L’Union européenne n’est pas de cœur à financer les élections dont les ré-

quand certaines opinons affirment que l’opposition n’as pas une stratégie commune et que celle ci se présente avec des partis qui livrent des batailles singulières…Certains même parle de désordre… J. SHABANI : C’est une opinion quelque peu erronée de l’opposition en RDC, elle est même précipitée. Il est vrai qu’il serait important d’avoir un candidat unique. Mais il faut savoir aussi qu’au Congo l’opposition est plurielle (environ 100 partis politiques) et malgré tout, nous nous retrouvons quand même lorsque les circonstances nous le demandent. Pour ce qui est d’une candidature unique, nous sommes en concertation. Cela évolue très positivement.

« POUR L’UDPS, LA VICTOIRE NE SERA PAS NEGOCIABLE » sultats sont connus d’avance… Elle se fait même prier. Qu’en pensez-vous ? J. SHABANI : Cette position de l’union européenne ne m’étonnerait pas et je partage largement cette opinion si cela est vérifiée. D’autant plus qu’en 2006, la RDC a largement bénéficié de cette aide. Nous voulons interpeller d’ailleurs la Communauté internationale à ce sujet. Malgré les soutiens précédents, ces élections ont été un fiasco. Rappelons qu’avant même les élections de 2006, au Congo, les voix s’étaient déjà levées pour contester le caractère « libre et démocratique » de cette organisation. Notamment par la CIAT, la MONUC… Le constat est clair : la RDC est en dérive. Cette même Communauté internationale a la responsabilité de tenir compte de cela ! ONESHA AFRIKA : Quel est le sentiment de votre formation

ONESHA AFRIKA : Qui sera ce candidat ? J. SHABANI : On le saura à la veuille des élections. Même si pour l’instant, il semble y avoir plusieurs candidats. Au moment opportun, ce candidat sera connu par les Congolais et l’opinion internationale. Sachez que nous sommes très sûrs de la victoire car pour celle ci est certaine. Pour l’UDPS, la victoire ne sera pas négociable. Nous nous préparons plutôt à contrecarrer la tricherie, avant et pendant le déroulement de ces élections et même avant et pendant la proclamation des résultats, au-delà même de la campagne.


24 DOSSIER / POLITIQUE RDC

D

e qui dépendra l’issue heureuse ou malheureuse des élections de 2011 ? Du président de la CENI. Voici la réponse qui vient d’abord à l’esprit, même s’il y a d’autres acteurs dont le comportement peut influencer les choses. L’homme et son parcours intéressent énormément les gens et font l’objet des débats publics et privés à l’étranger.

Il arrive que Daniel Mulunda NgoyNyanga s’affiche avec les hommes politiques. En réalité il n’est pas de leur. Il le fait en tant qu’opérateur de la société civile congolaise. Ceux qui connaissent le pasteur de loin ou de près, au pays ou à l’étranger, sont unanimes : en lui, on ne trouve aucune ambition d’ordre temporel. L’homme qui a récupéré au moins 34.216 armes, entend tout simplement accompagner la RDC sur le chemin de la paix.

PORTRAIT Daniel mulunda, homme du destin Congolais ?

Il n’est pas que membre du clergé comme son prédécesseur, l’actuel président de la CENI est très actif au sein de la société civile congolaise. Il est fondateur du Programme Oecuménique de Paix, Transformation des conflits et Réconciliation (PAREC). Cette ONG à caractère religieux, est résolument engagée dans la pacification de la RDC grâce

tique du Congo. Comptant des amis et fidèles dans l’ensemble du pays. Parlant aussi bien lingala que le Shwahili, Mulunda n’entre pas dans la classification Est -Ouest. Artisan de la paix, il a initié et conduit avec succès de nombreuses opérations de paix parmi lesquelles armes à feu contre vélo au Nord Katanga ; armes à feu contre tôles à Bukavu ; armes à feu contre 100$ à Kinshasa,

“ Il a gardé de son séjour aux Etats-Unis, en tant qu’étudiant en relations internationales à American University et en théologie à Wesley Theological Seminary (Washington) le sens pratique.” à des initiatives comme celle de la récupération des armes. Né à Lubumbashi, dans la province du Katanga, le 01/novembre/59, Daniel Ngoy Mulunda- Nyanga a également évolué à Kinshasa. C’est dans la capitale congolaise qu’il a fait ses études universitaires d’informatique, de théologie et des relations internationales. Ses obligations pastorales l’ont amené à sillonner la République Démocra-

etc. Au moment du dialogue Intercongolais, aux côtés du facilitateur Sir Ketumile, Mulunda a joué un rôle dans la médiation et au rapprochement des positions. La résolution des conflits, c’est la tasse de thé du pasteur. Où n’a-t-il pas été en Afrique, soit à titre de médiateur ou d’observateur des élections? En Afrique du Sud, de 1991 à 1992, en tant que représentant de la CETA (Conférence des Eg-

lises de toute l’Afrique), il a pris activement part aux négociations qui ont conduit aux élections multiraciales. En même temps, au Bénin, Mulunda a été de ceux qui ont préparé les premières élections pluralistes dans ce pays. Médiateur au Libéria, il a contribué à la mise en œuvre du processus électoral qui a mis fin à la guerre et qui a conduit à l’élection de Charles Taylor. Au Sénégal comme au Kenya, pour ne parler enfin que de ces deux cas parmi tant d’autres, le pasteur Daniel Mulunda a fait le travail de médiation et de préparation des élections. So british, le méthodiste, Mulunda a un tempérament anglo-saxon. Il a gardé de son séjour aux Etats-Unis, en tant qu’étudiant en relations internationales à American University et en théologie à Wesley Theological Seminary (Washington) le sens pratique. Parcours de vie publique exceptionnel pour piloter un processus électoral. Mais les difficultés auxquelles fait face celui-ci sont majeurs. Le président de la CENI en est conscient. L’engagement de la communauté internationale étant modeste, contrairement en 2006, la réussite du pasteur Mulunda sera en fonction de la volonté de tous : gouvernement, candidats, électeurs, observateurs... Donc de tous les Congolais.


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26 POLITIQUE BELGIQUE

?

L’éxistence de la Belgique est-elle menacée

La crise politique belge n’en fini pas : le 17 février dernier, la Belgique battait le record du monde de la plus longue crise politique, avec 249 jours sans gouvernement, battant ainsi l’Irak avec 248 jours de crise sans gouvernement. Aujourd’hui, une année après les élections et 371 jours de crise, la situation semble toujours bloquée. Par Noëlla Kalanga

L

e 13 juin 2010, les électeurs belges étaient appelés prématurément aux urnes pour les élections législatives fédérales. En effet, suite à une absence de consensus dans le fameux dossier Bruxelles-Hal-Vilvorde, le parti libéral flamand l’Open VLD annonce son intention de quitter le gouvernement le 22 avril et le Pre-

mier ministre Yves Leterme (CD&V) donne immédiatement sa démission, pour la quatrième fois au Roi Albert II qui l’accepte quatre jours plus tard. Depuis des années maintenant, la Belgique connais une situation politique tendue à cause des grandes divergences qui opposent le Nord et le Sud pays. Des divergences politiques, économiques et so-

ciales opposent diamétralement les deux principales communautés de Belgique. A savoir, les francophones et les néerlandophones. Cette crise est donc le résultat de plusieurs événements politiques qui se sont succédés ces dernières années. Mais le dossier qui semble avoir mis le feu au poudre et qui semble insolvable pour les politiciens belges, est le fameux dossier BHV.

BHV en quelques mots Bruxelles-Hal-Vilvorde est un arrondissement judiciaire et une circonscription électorale belge, réunissant les 19 communes de la Région de Bruxelles Capitale et 35 communes autour de Hal et de Vilvorde. Cet arrondissement s’étend donc sur le territoire de deux régions : Bruxelles Capitale et la Région flamande. Soit, deux régions linguistiques différentes, respectivement bilingue et néerlandaise. Par ailleurs, cet arrondissement s’étend sur deux territoires de statut différent : le territoire de la Région de Bruxelles-Capitale et celui du Brabant flamand.


27 ONÉSHA AFRIKA

Enfin, BHV ressort également de la compétence de deux communautés, la communauté flamande (tout le territoire étant soit néerlandophone soit bilingue) et la communauté française (Bruxelles et six communes à facilités uniquement). Les services publics doivent ainsi respecter les lois linguistiques différentes selon la commune. Depuis la Révolution belge de 1830, l’arrondissement de Bruxelles-HalVilvorde est utilisé pour les élections de la Chambre et du Sénat. Par le bilinguisme de l’entité bruxelloise, à nette majorité francophone, il est donc possible de voter, lors des élections fédérales pour des partis francophones dans tout l’arrondissement. A vrai dire, le dossier BHV vient s’inscrire dans un contexte général d’opposition entre la classe politique francophone et la classe politique flamande bien que ce dossier ne concerne toutefois au premier plan que la circonscription électorale. Tout ceci se place dans un contexte plus large et historique de Bruxelles. Bruxelles, une ville devenue en majorité francophone et enclavée dans le territoire flamand. Actuellement, neuf provinces sur dix correspondent exactement à leurs circonscriptions électorales, à l’exception du Brabant flamand. C’est-à-dire que les circonscriptions électorales du pays sont presque toutes cohérentes sur le plan linguistique, par rapport aux frontières de la province ou de la région au sein de laquelle elles se situent. BHV est donc la seule circonscription électorale bilingue du pays. La conséquence directe de ce bilinguisme est qu’une partie de l’électorat située sur le territoire flamand peut élire des représentants francophones qui siégeront à Bruxelles ou dans l’une des communes de l’arrondissement électoral.

La scission de BHV La scission tant de l’arrondissement judiciaire que de la circonscription électorale voulue par la majorité des partis flamands portes atteinte

à l’unique espace où peut encore s’exercer la solidarité entre Bruxelles, la Wallonie et les francophones de Hal-Vilvorde. La demande de scission concerne donc la division de la circonscription électorale de Bruxelles-Hal-Vilvorde en deux parties, selon le régime linguistique. Scission voulu par les partis politiques flamands et refusée par les partis politiques francophones car de nombreux dossiers ou revendications compensatoires y sont liés : le régime linguistique de l’arrondissement judiciaire, le respect des minorités linguistiques, l’élargissement de la Région de Bruxelles-Capitale et le maintien des facilités linguistiques dans les six communes à facilités concernées. Scinder BHV, ce n’est pas seulement priver quelques milliers de francophones de la périphérie du droit de voter pour un parti francophone et de plaider les affaires civiles en français. BHV est au contraire le dernier élément juridique qui permettrait, le cas échéant aux francophones de renégocier un tracé frontalier dans 10 ou 20 ans.

Pas de consensus, pas de gouvernement Dans la tourmente depuis plus d’une année maintenant, la Belgique ne semble pas trouver un moyen de sortir de l’impasse. Pendant que certaines se battent pour trouver un accord et garder le pays uni, d’autre prônent haut et fort la fin de la Belgique. Négociateurs, formateurs, médiateurs, informateurs et autres ne semblent pas se mettre d’accord sur une stratégie commune enfin de former un gouvernement. La base même des négociations étant bloquée par un manque de consensus. Pas de gouvernement, mais un gouvernement en affaires courantes, dirigé par Yves Leterme. Ce terme est utilisé pour désigner un gouvernement qui exerce le pouvoir d’une façon très réduite, avec des compétences limitées. Ce cas peut se produire dans plusieurs situations :

- lorsque le gouvernement a perdu la confiance de la chambre des représentants. - lorsque les chambres du Parlement fédéral belge sont dissoutes. - lorsque le gouvernement est démissionnaire. - ou dans ce cas çi, dans l’attente d’un nouveau gouvernement après les élections.

Les affaires courantes désignent toutes les décisions quotidiennes du gouvernement qui sont nécessaires au fonctionnement ininterrompu du service public. Avec une crise qui semble interminable, l’image de la Belgique, capitale de l’Europe se ternie peu à peu. Qui voudrait investir dans un pays sans gouvernement ? Comment la Belgique peut-elle encore aujourd’hui s’identifier sur le plan international si ce n’est par son manque de gouvernement ? Quel sera l’impact de cette crise à long terme sur l’économie de la Belgique ? Seules deux solutions semblent possibles pour sortir le pays de cette crise historique dans tous les sens du terme. Soit trouver un accord entre les partis se trouvant autour de la table des négociations, c’est-à-dire trouver un accord sur l’arrondissement de Bruxelles-Hal-Vilvorde. Soit, scinder le pays en deux, laissant les francophones d’un côté et les flamands de l’autre. Mais on est bien loin tout ça et la crise belge semble avoir encore de beaux jours devant elle.


28 DIASPORA

“Maroxellois”? Quelle chaînes consommes-tu?

Par Aicha Bacha

L

a télévision est le moyen de communication le plus important à notre époque, c’est le terrain le plus commun pour tous les publics, elle ne nécessite pas de ‘’background’’ préalable, la télévision était le média le plus étudié qu’il soit en sociologie ou en littérature. On étudiait d’abord les effets de la télévision, puis les usages pour parler finalement de réception médiatique du public.

Ce public qui est devenu une boite noire, qui refuse de voir ce que l’on souhaiterait qu’il voie1, mais il voie ce qu’il veut voir. Nous allons essayer de découvrir cette boite noire, cette découverte touchera principalement quelques familles de la diaspora marocaine. Dans cette enquête journalistique on va étudier la réception médiatique des membres de la diaspora marocaine. Cette réception permettra d’approcher l’espace domestique ses membres et de connaître comment participe la TV dans la construction de leurs identités individuelles et familiales2. Nous allons essayer de voir comment ils voient la télévision (belge ou autre), comment ils reçoivent la télévision, et quels rapports les lient avec la télévision. Les études de réception trouvent leurs origines dans les «Cultural

Studies». C’est l’école anglaise de Birmingham et exactement le Centre for Contemporary Cultural Studies qui était crée en 1964 et qui a fait les premières recherches culturalistes, ces recherches se sont situées à la convergence d’un double héritage, l’héritage critique de l’École de Francfort qui va orienter les recherches de l’Ecole anglaise sur les pratiques culturelles dans un contexte d’industrialisation de la culture et l’héritage émanant de l’analyse structuraliste du sémiologue Roland Barthes et de la pensée d’inspiration marxiste (école de francfort)3. Cette école va donner le coup d’envoi de nouveaux sujets liés aux pratiques culturelles notamment les communautés, les médias, le féminisme...etc. Les pratiques médiatiques sont par nature insaisissables car ce sont des pratiques intimes, domestiques, et imbriquées dans le réseau des pratiques quotidiennes. Nombreuses enquêtes ont été faites dans ce sens notamment celle de Marie GILLESPIE , cette dernière a fait une étude sur la consommation médiatique de la diaspora indienne de la troisième génération originaire du Pendjab domiciliée à Southall, un quartier de la banlieue sud de Londres, son étude s’est focalisée

sur les jeunes de 14 à 18ans, les résultats de son étude ont démontré que les parents obligent leurs enfants à suivre les émissions du pays d’origines comme elle a prouvé que ces émissions servent de ressources culturelles pour ces jeunes4. Est-t-il le cas pour la diaspora marocaine de Bruxelles? Une diaspora se forme de membres de génération différente, statut social, économique et politique tout à fait distinct et donc ils n’auront pas forcément la même réception des médias. Alors quelle sont les hypothèses de cette enquête : la première hypothèse est que les familles de la diaspora marocaine sont des familles soudées devant la TV (dont tous les membres interagissent entre eux pour faire un choix). Tandis que la deuxième hypothèse est pour la thèse qui dit que les familles de la diaspora marocaine sont des familles silencieuses devant la TV, la télévision pour ces familles est un moyen de s’évader dans l’imaginaire et d’échapper à l’emprise familiale5 Les pratiques médiatiques sont par nature insaisissables car ce sont des pratiques intimes, domestiques, et imbriquées dans le réseau des pratiques quotidiennes. De fait, les séances de réception sont difficiles à saisir, la deuxième difficulté est que ma cible est un public diaspo-


29 ONÉSHA AFRIKA

rique, éphémère qui se forme et se déforme ce qui rend ses pratiques instables et sa pénétration très difficile. Malgré notre parfaite conviction de ces difficultés, nous avons décidé de relever le défit et de commencer le travail sur ce sujet. Nous allons recourir à l’observation et les entretiens d’un ‘’échantillon’’ de deux familles de cette diaspora. L’observation va me permettre de répondre à beaucoup de questions notamment comment on regarde la télévision (si la famille est silencieuse, ou la famille est soudée qui parle et partage ses avis), si un des membres de la famille exerce une influence sur le reste de la famille. Comme elle me permettra de connaître de quel ordre sont les enjeux de la réception au sein des familles marocaines, sont-t-ils des enjeux individuels motivés par le choix personnel ou ce sont des enjeux collectifs motivés par un choix collectif? Et comment s’identifient-ils par rapport à la télévision belges (identification associative6: réagissent comme si l’événement et le leur), identification admirative7 (admirent ces médias donc ils les suivent…etc.). Que disent-t-ils lorsqu’ils regardent la télévision Belge la critiquent-ils? Argument-ils leurs critiques? Leurs arguments sontt-ils cohérents? Dans la culture arabe, la TV est soumise à certaines restrictions surtout lorsqu’il s’agit des scènes ‘’chaudes’’, cette culture orientale est-t-elle respectée par les ‘’orientaux’’ de ‘‘l’occident’’? Je vais accorder une attention particulière à l’univers de la réception (ambiance, décor, discussion...etc.). Quant aux entrevues que je compte faire, elles me permettront de répondre à certaines questions comme: qu’est ce qui attirent le plus les membres de notre diaspora dans la télévision les grilles, les annonces, les programmations, ou quoi de juste et pourquoi? Et qu’aimentt-ils regarder ? Car les séances d’observation que je vais passer avec eux ne me permettront pas d’avoir une réponse à toutes les questions auxquelles j’aimerais avoir des réponses. Alors quels sont les résultats escomptés après les deux séances d’observation? Pour la première famille, les mem-

bres de cette famille apparaît plus soudés, les parents imposent aux enfants les émissions à regarder, quand on est ensemble, il faut absolument voir ce que les parents veulent, et on doit écouter les conseils et les valeurs véhiculés par les parents. L’ambiance qui a régné durant les deux heures de ma présence est une ambiance de débat, tout le monde s’exprime et agit vis à vis de l’émission regardée. Quand, ils sont dans leur chambres les deux enfants regardent les émissions qu’ils veulent, et ce sont des émissions pour adolescents en langue mater-

ble tellement à leur histoire avec l’immigration, comme ils suivent des émissions du pays d’accueil mais que pour s’informer. Contrairement à leurs enfants qui aiment suivre les émissions de ce pays, des émissions qui leur permettent de discuter à l’école avec leurs copains, et des émissions qui les intéressent et qui répondent à leurs besoins. Malgré le rapprochement culturel, social et économique des deux familles leur réception de la télévision n’est pas la même, la réception de la première famille est active, on critique, on lance des arguments

“Les pratiques médiatiques sont par nature insaisissables car ce sont des pratiques intimes, domestiques, et imbriquées dans le réseau des pratiques quotidiennes.” nelle (en français), dans leur chambre, ils ne mettent presque jamais les chaînes arabes. Les enfants de cette famille reçoivent comme leurs parents les productions médiatiques avec un esprit critique, il apparaît qu’il y a un terrain d’entente entre les enfants et leurs parents. Pour la deuxième famille, les membres de la famille sont un peu dispersés, peut être c’est à cause du moment de ma visite (ils n’étaient pas tous ensemble), ou bien c’est parce que ma présence les a gênés, mais ce qui apparaît flagrant c’est que chacun est dans son coin, c’est la maman qui tient la télécommande, le papa a été absent pendant toute la séance, la fille répond à peine aux questions que je lui ai posé, les enfants les deux sont arrivés, ils ont posé des questions, ils ont répondu à mes questions et puis ils sont entrés à leur chambres, La maman commente, elle exprime son opinion sur tout ce qu’elle regarde, elle analyse, elle donne des conclusions: ‘’la première chaîne a beaucoup évolué par rapport aux années quatrevingt’’. Devant le silence de sa fille. Les parents dans les deux familles ont des véritables attaches au pays d’origine, ils suivent des émissions en langue arabe, ils suivent des feuilletons dont l’histoire ressem-

fondés, on regarde la télévision en famille. Tandis que la réception de la deuxième famille incline vers la passivité, on commente mais sans argumenter, on regarde la télévision mais individuellement. Cette enquête journalistique prouve que ce n’est pas parce qu’on est membres de la même diaspora qu’on va avoir la même réception de la télévision. L’est-t-il vrai pour toutes les diasporas africaines de Belgique? Pour le savoir rendez-vous au prochain numéro.

1

Dominique WOLTON, sauver la communi-

cation, champs essais, paris, janvier 2007, page 32 2

David MORLEY, family tv, cultural and

domestic leisure, comedia, london, 1986 3

Rémy RIEFFEL, sociologie des médias,

ellipses, paris, 2005, page 166 4

Tristan MATTELART, Médias, migrations

et cultures transnationales. Coll. Médias recherches, Paris-Bruxelles, Ina-DeBoeck, février 2007 5

James Lull, inside family viewing : ethno-

graphic research on tv’s audience, London, routelgde, 1990 6

Dominique PASQUIER, Mimesis, imiter,

represénter, circuler, revue Hermés, n° 22, 1998 7

Dominique PASQUIER, Mimesis, imiter,

represénter, circuler, revue Hermés, n° 22, 1998


30 SOUVENIR D’ÉBENE

SOUVENIR D

Bob Marley Le 11 mai 1981, Robert Nesta Marley (Bob Marley) disparaît des suites d’un cancer. Chanteur de « songs of freedom », pape du Reggae, il fut le premier chanteur du Tiers monde à mettre à ses genoux la scène musicale internationale. Il était né le 6 février 1945 en Jamaïque. Bob, quand avez-vous commencé à chanter? J’ai commencé en pleurant. Yeah, c’est comme ça que j’ai commencé! A-t-on jamais vu un conquérant sans armes conquérir le monde? Sans armes il conquit le monde. Vêtu d’humilité et armé d’une guitare. Visage pharaonique à la fierté d’airain il ne chante pas, il dit les réalités. Dans sa voix il y a comme un cri pour écarter les ténèbres et les désespoirs: «Si t’as rien à manger ni à boire, ouvre tes yeux et ne laisse pas Baby-

lone marcher sur ta tête.» Comme le Christ homme, c’est un homme intégral colporteur de révoltes. Il n’est pas un pays au monde où sa musique d’une force égale à la densité de la souffrance endurée par son peuple ne rappelle l’histoire de son peuple: «Chaque fois que j’entends un claquement de fouet mon sang se glace car je me rappelle des bateaux négriers.»

Ses vibrations de rédemption secouent les cœurs et les murs; Dread locks rasta sa crinière de lion épouvante Babylone. Le ton solennel de ceux dont la foi oriente l’existence, il prophétise: « Dieu a créé le ciel, la terre, le soleil, l’eau et les mangues… Le diable contrôle le monde avec l’argent mais il contrôle sottement. Je le trouve assez mauvais. Tout cela va s’écrouler, Man, tout cela s’écroule déjà.» Sa musique est comme l’assaut et l’espoir: rien ne l’arrête, rien ne peut l’arrêter. Partout elle ratonne comme une vie lumière. A-t-on jamais vu un conquérant sans armes conquérir le monde? Sans armes il conquit le monde. Presque comme le Christ! Sa mort a chagriné l’humanité. Basse-Batterie-Claviers-Guitare Reggae sweet reggae music.

Stevie Wonder Master Blaster Multi-instrumentaliste exceptionnel


31 ONÉSHA AFRIKA

’ÉBENE Ils ont aussi fait L’HISTOIRE. et formidable chanteur, Stevie Wonder est une figure majeure de la Soul et de la musique funk de ce siècle. Né le 13 mai 1950, un mois avant terme, il fut rendu aveugle par l’oxygène de la couveuse. C’est un être musique épris de rythme et d’équilibre. Master Blaster, tantôt il affole par un air qui provoque le bondissement de la chair. Part time lover, tantôt il rassure avec une mélodie qui allonge les rêves de paix De la turbulence des kermesses à la quiétude claustrale des prières, il swingue et roule sur sa musique on peut prier, rêver ou danser.

Nelson Mandela L’ennemi juré de l’arbitraire Le 12 juin 1964, Nelson Mandela et 7 autres membres de l’ANC sont condamnés à la prison à perpétuité. Il est sur toutes les bouches, il est dans tous les cœurs. Il défend la vérité jusqu’au bout prêt à lui sacrifier sa vie en souriant. Il n’est aucune injustice que ses flèches n’aient transpercée. C’est l’ennemi juré de l’arbitraire. Soweto Le 16 juin 1976 a Soweto, la police tire sur les manifestants essentiellement des étudiants et des écoliers qui refusent de suivre des cours en langue afrikaans.

A Soweto, terre haute à toute heure debout des gamins armés de leur peau noire marchent dans les rues : « Nous ne sommes pas des Boers, l’afrikaans c’est de la merde. La langue du conquérant dans la bouche de l’opprimé c’est la langue de l’esclavage ». La police répond. La rafale part tata-ta-ta-ta. La terre se relève prestement. Hector Peterson est atteint, le sang gicle, trois fois il gicle. Il gicle de son cou, ses genoux se plient et

son corps face contre terre s’allonge. Et son corps du sol on le recueille : L’enfant n’est pas mort. A Soweto terre haute à toute heure debout, la liberté assassinée rôde autour de la ville.

Jerry John Rawlings Capitaine d’aviation de l’armée ghanéenne, fils spirituel de Nkrumah, Rawlings vient de prendre le pouvoir ce 4 juin 1979. Il veut, dit-il, « nettoyer les écuries », c’est-à-dire lutter contre la corruption. Il va d’un pas souverain et fier, il a quelque chose d’un artiste dans ses gestes. Son visage lumineux répand enthousiasme et self confidence. Il ne cherche pas les honneurs, il préfère les livres de philosophie et d’histoire, c’est un esprit profond, c’est un esprit en colère. Du plus profond de son cœur, du plus tumultueux de son sang, du plus clair de ses rêves, il raisonne, s’enflamme, tonne : “Nous avons trop longtemps été humiliés ça suffit comme ça, Afrique lève-toi et marche”.


32 TOURISME L’AFRIQUE ET SES SECRETS LES MIEUX GARDÉS

NAMIBIE Rencontre d’un territoire entre deux déserts... La Namibie, officiellement la République de Namibie, est un pays d’Afrique australe qui représente le véritable caractère de l’Afrique, renforcée par l’influence grandissante de divers colons européens et paysans africains qui ont contribué à façonner son histoire récente. C’est un pays dont la frontière occidentale est l’Océan Atlantique, et dont les frontières terrestres sont partagées avec l’Angola et la Zambie au nord, le Botswana à l’est et l’Afrique du Sud vers le sud et l’est. Elle a obtenu son indépendance de l’Afrique du Sud le 21 Mars 1990, après la guerre d’indépendance namibienne. Sa capitale, aussi la plus grande ville du pays est Windhoek; Celle-ci compte environ 300.000 habitants, et est située à 1650 mètres d’altitude. Pour de nombreux visiteurs Windhoek constitue la porte d’entrée de la Namibie, mais offre également un certain nombre de sites qui invitent les voyageurs à s’y attarder.

Où se loger: Parc national d’Etosha Le parc national d’Etosha est l’une des réserves de l’Afrique australe le plus beau et le plus important, qui a été déclaré Parc national en 1907. Le parc couvre une superficie de 22 270 km ² et abrite 114 espèces de mammifères, 110 espèces de reptiles, 340 espèces d’oiseaux, 16 espèces d’amphibiens et une espèce de poisson.

VILLA Mushara La solitude de la nature africaine réunit le summum du luxe rustique à la Villa Mushara. Le roi de la jungle, le lion, s’offre ici un bon repaire. L’impala sprint sur la plaine ouverte au cri d’un éléphant, tandis que des phacochères gambardent à travers les broussailles du Parc National d’Etosha. L’hôtel Villa de luxe Mushara à Tsumeb, comporte seulement deux chambres somptueuses qui occupent 1400 m² pour l’ensemble.


33 ONÉSHA AFRIKA

… dans le style!

Chaque villa est bordée de tous les conforts avec leurs extras, notamment une cheminée et une bibliothèque. Si la musique est nécessaire, une intéressante sélection de CD allant de Mozart à Santana donnera l’ambiance idéale. Il n’y a rien de plus reposant comme faire une sieste dans votre chambre climatisée après une journée de photographie de la faune. Ne sortez jamais sans votre appareil photo. Pour une soirée post-safari, regarder le coucher de soleil avec une coupe de vin choisi dans le bar de la bibliothèque après un repas mijoté par l’équipe qualifiée de Villa Mushara. Retraite tranquille, service impeccable, et un troupeau d’impalas privé: parfait! Les clients vivent, pour finir des moments exceptionnels puisqu’ils peuvent effectuer un dernier tour avec des véhicules très sécurisés par tous les temps sec ou humide quelles que soient les saisons. http://www.villamushara.com/

Hôtel Heinitzburg (Relais & Châteaux) Au-dessus de Windhoek, le beau château de l’Hôtel Heinitzburg donne sur une vue panoramique de la ville et ses environs Khomas Hochland montagnes. À l’origine construit en 1914 par le comte von Schwerin pour sa fiancée, Margarethe von Heinitz, Hôtel Heinitzburg était un témoignage de son amour. Il est resté fidèle à la conception originale du comte, en y ajoutant une touche de luxe qui aurait sans doute rendu Margarethe heureuse. Les propriétaires de l’hôtel ont conservé tout le charme de ce château ancien pour rendre votre séjour le plus agréable possible. Les voyageurs aiment le fait que l’hôtel fait une halte merveilleuse avant de partir à la découverte en Namibie. Mais pendant que vous êtes ici, assurez-vous d’explorer le marché de la rue colorée de Post Street Mall, ou visiter les bâtiments historiques datant de l’époque coloniale allemande. Accrocher une place sur la terrasse, où vous pouvez

boire des cocktails tout en regardant les couchers de soleil incroyables et goûter à une cuisine française et internationale au château (qui, soit dit en passant, peut-être le plus grand du pays avec caves à vin privé). Vos hôtes feront l’effort de prendre leurs quartiers à l’Hôtel Heinitzburg. Ils y trouveront un d’équilibre entre la tradition de la convivialité africaine et un art culinaire européen d’excellente facture qui est agrémenté des vins de classe mondiale. http://www.heinitzburg.com/

Camp TreeTop Onguma Élevée et ouverte à l’air extérieur, Onguma Tree Top Camp évoque l’atmosphère de la vie de chalet simple construit dans un site où la faune africaine déborde de partout. Onguma Treetop Camp est un camp de petit et intime, spécialement conçu pour les voyageurs qui souhaitent vivre l’expérience de la brousse dans toute sa splendeur première. Au camp, les visiteurs peuvent venir


34 TOURISME

se détendre pendant quelques jours et tout simplement respirer les arômes de la brousse et de vivre tout ce que la sauvagerie de cet endroit peut leur offrir. Le Camp est construit sur pilotis en bois entre la cime des arbres avec une vue complète sur l’un des points d’eau les plus beaux de la Réserve Onguma Game. C’est un endroit que vous ne pouvez pas oublier. http://www.onguma.com/tree-top-camp.html

Mokuti Lodge Kempinski Kempinski Mokuti Lodge ne fait qu’ajouter à la luxuriance de cet environnement sauvage : chaises Overstuffed européen et chaises plantées dans une lueur qui rebondit sur les murs blancs en vertu de chalets au toit de chaume traditionnel. Qu’il s’agisse d’une chambre ou d’une suite, les artefacts autochtones ornent les murs. La télévision par satellite un système de climatisation complète vous permet de ne jamais vous sentir trop loin du confort du monde occidental. Les organisateurs ont songé à vous pour restituer par la magie du cinéma en plein air les images tumultueuses de la jungle. Juchés sur votre véhicule, vous marcherez dans le bush ou même vous vous infiltrerez dans le parc à reptiles comme dans la réalité. Ce n’est que du cinéma. Mais une piscine, un terrain de tennis, un centre d’affaires, un spa, eux sont bien des réalités. Dîner à l’hôtel Kempinski est tout aussi somptueux: l’intérieur parmi les bois et la pierre, ou à l’extérieur par le scintillement des flambeaux. http://www.kempinski.com

Si vous êtes intéressés à organiser un voyage à l’un des emplacements ci-dessus s’il vous plaît contactez-nous par les détails fournis ci-dessous :

Milancia Kalley-Barazany CEO at MKB Experience Inc.

www.mkbexperience.com milancia@mkbexperience.com ou info@oneshaafrika.net (en précisant: à l’attention de Milancia)


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