Lettre du limousin 105

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Le journal de la Région Limousin N° 105 NOVEMBRE 2013

territoires parcours

en limousin et pas ailleurs

Thomas Naves, chercheur contre le cancer

Ses travaux ouvrent la voie à une identification précoce de la maladie pour améliorer la prise en charge. p. 5

Aubusson Felletin pôle de compétences

La pomme bio recèle des trésors

Un procédé novateur d’extraction de molécules devrait mener à des valorisations cosmétiques et nutraceutiques inédites. p. 2

La tapisserie s’appuie sur un savoirfaire historique pour développer l’économie et attirer de nouveaux talents. Lire en page 7

culture

www.region-limousin.fr

les dix choix de la rédaction p. 14

La marque souffle sa première bougie

Un an après le lancement de la marque « Limousin, osez la différence », 260 acteurs de la région se sont engagés pour renforcer l’attractivité et le rayonnement du territoire. p. 4

Le Limousin à très haut débit La Région Limousin s’engage dans la généralisation de l’Internet à très haut débit. D’ici à deux ans, 18 secteurs pilotes bénéficieront de 5 Mbit/s et de la poursuite du déploiement de la fibre optique jusqu’aux zones d’activité économique, aux bâtiments publics et chez des particuliers. En 2030, le débit atteindra au moins 30 Mbits/s sur le territoire. Lire page 8 © Jean-Christophe Dupuy


en limousin et pas ailleurs

Douze femmes sont formées depuis septembre pour intégrer l’usine du Dorat.

Allande relocalise sa production engagement La société, qui fabrique de la lingerie haut de gamme,

forme une douzaine de couturières afin de rapatrier sa production du Maroc au Dorat, en Haute-Vienne.

Philippe Lefèbvre, le gérant, croit en la relocalisation de la production.

« Avec un CDI, on peut faire des projets », sourit Delphine Marquard, les yeux sur le tissu qui défile sous le pied de sa machine à coudre. Jusqu’alors charmeuse de serpents et cracheuse de feu, elle suit désormais une formation de mécanicienne en confection. Onze autres stagiaires devraient ainsi rejoindre les 44 ouvrières de l’atelier du Dorat (Haute-Vienne) de la société Allande, spécialisée dans création et la fabrication de lingerie fine. L’entreprise qui jusqu’alors sous-traitait envi-

ron 15 % de ses réalisations au Maroc a décidé de « rapatrier » sa fabrication. « On ne travaille plus du tout avec l’étranger », assure Philippe Lefèbvre, le gérant de l’entreprise qui emploie 238 personnes dont une centaine en Limousin. « Si on ne relocalise pas l’industrie, on court à notre perte », estime le dirigeant de la société qui compte ainsi compenser les départs à la retraite. Aucun des stagiaires ne connaissait le métier. « J’ai obtenu un CAP de couture il y a vingt ans, mais la lingerie ce n’est pas pareil »,

inventer Située à Marsac (Creuse), l’entreprise Hyères Profilés

vient de recevoir le prix de l’innovation au Sommet de l’élevage de Cournon, dans le Puy-de-Dôme.

2

té le concept du palissage des vignes pour en faire des clôtures pour l’élevage. » Les piquets ont d’abord été testés dans des fermes pilotes, puis validés par des organismes professionnels agricoles et de protection de l’environnement. L’entreprise est aujourd’hui la seule à proposer ce type de produits.

La lettre du limousiN N° 105 NOVEMBRE 2013

Implantée en Creuse depuis 1987, la SARL dirigée par José Caron est spécialisée dans la conception et la réalisation de profilés en matière plastique par un processus d’extrusion. Elle envisage désormais de développer son innovation dans d’autres secteurs comme l’éco-construction ou la fabrication de mobilier urbain.

Il faudra aux stagiaires environ trois ans pour acquérir une « technique correcte ». Forte de vingt ans d’expérience, Allande commercialise sa lingerie haut de gamme grâce à ses 2 000 vendeuses à domicile en France, mais aussi en Belgique, au Luxembourg, aux États-Unis et au Canada. « Nous réduisons ainsi les coûts de 20 à 25 %, ce qui permet de fabriquer ici », explique Philippe Lefèbvre dont l’entreprise réalise un chiffre d’affaires annuel de 19 millions d’euros. n © Zohra Meslem

Hyères Profilés primée pour ses piquets en PVC recyclé

C’est grâce à ses piquets en PVC, fabriqués à partir de briques alimentaires recyclées, que la SARL Hyères Profilés s’est distinguée. Imputrescibles et isolants, ils sont « plus fiables que le bois », précise Jacques Raynaud, le directeur commercial de la société de neuf salariés. « Nous avons développé et adap-

reconnaît Delphine Marquard. Pour fabriquer un soutien-gorge, pas moins de « 25 à 28 pièces sont nécessaires, explique Philippe Lefèbvre. C’est un métier de précision. Ça se joue au millimètre. » Dans un premier temps, les nouvelles recrues bénéficieront de 800 heures de formation interne dispensées par l’Institut français du textile. La société Allande, soutenue par la Région Limousin dans sa démarche de relocalisation de la fabrication, prendra ensuite le relai dans le cadre de la formation continue.

L’entreprise affiche un chiffre d’affaires de deux millions d’euros.


La pomme bio au cœur de la recherche scientifique

Éditorial

natUrel Le centre de valorisation des agro-ressources travaille

sur un procédé novateur d’extraction de molécules de la pomme bio du Limousin en vue d’applications cosmétiques et nutraceutiques.

La pomme est pleine de ressources. Certaines de ses biomolécules font d’ailleurs l’objet de recherches fondamentales, notamment à Limoges. Sa peau contient même des molécules reconnues pour leurs propriétés anti-inflammatoires, contre le vieillissement de la peau et l’atrophie musculaire. Un composé du fruit aurait aussi un rôle dans la prévention de cancers. Mais le centre de valorisation des agro-ressources (CVA) récemment installé à Brive pourrait bien, à la fois renouveler le procédé d’extraction de la principale molécule d’intérêt du fruit, l’acide ursolique, et aussi valoriser d’autres constituants. Le centre de transfert travaille notamment sur le marc, très riche en peau et en pépins. « Nous

extrayons l’acide ursolique, mais avec des procédés verts, à base d’eau et de solvants issus de ressources naturelles renouvelables », explique Sarah Kuylle, ingénieur en biologie. « Notre procédé permet d’extraire plus facilement la molécule », insiste Oriane Beauduc, sa collègue. Spécificité régionale : « Le marc provient du verger bio de la coopé­rative Limdor  », explique Philippe Bressolier, coordinateur du CVA. Il contient également nombre de pectines et de poly­ phénols, utilisés pour fabriquer des gélules, des épaississants alimentaires et des conservateurs potentiels. « Quand on a un produit de qualité, autant en exploiter au maximum les richesses », fait valoir Philippe Bressolier. Les fibres résiduelles

sont ensuite orientées vers le compostage et l’alimentation animale. « De cette façon, on ne génère aucun déchet », assure l’enseignant chercheur. Le procédé, original, pourrait faire l’objet du dépôt d’un brevet dans les prochains mois. Le CVA, soutenu sur ce dossier à hauteur de 40 000 euros par la Région et de 20 000 euros par l’Europe (Feder), s’apprête à passer du stade du laboratoire à une phase « pilote » avant un trans­fert potentiel vers l’industrie. Des contacts sont déjà noués avec Sothys et ID Bio. D’autres ressources régionales et écoproduits issus de la première transformation des champignons et du bois, notamment, pourraient faire l’objet de débouchés similaires. n

jean-paul denanot président du conseil régional du limousin

Santé et vitalité du Limousin

Inauguré début octobre, le CVA souhaite devenir un centre de ressources technologiques.

LA RÉGION EN ACTION

en bref

La formation pour retrouver l’emploi Le Forum de la formation vers l’emploi a tenu ses promesses. L’initiative de la Région Limousin a permis à 62 % des demandeurs d’emplois qui se sont présentés aux réunions préalables à une formation qualifiante ou pré-qualifiante d’intégrer un programme qui leur permettra de parfaire leurs compétences ou d’en acquérir de nouvelles. Par ailleurs, quelques 170 Limousins ont suivi un SAS de détermination pour affiner leur projet professionnel.

Carte Be Lim : inscrivez-vous ! La Région vient de lancer la carte Be Lim à destination, dans un premier temps, des lycéens,

La santé est, avec l’emploi, un sujet de préoccupation majeur des Français. Vieillir dans de bonnes conditions reste l’horizon d’attente de nos contemporains auquel les élus de la nation doivent apporter les réponses adaptées. L’échelon régional n’est a priori pas compétent dans la prise en charge des problématiques sanitaires. Pour autant, nous nous devons d’apporter des solutions aux Limousins confrontés à la désertification médicale et au phénomène du vieillissement. C’est au titre de l’aménagement du territoire et du développement économique que la Région s’investit dans deux chantiers majeurs : les maisons de santé et la domotique. Il s’agit d’une part de maintenir sur les territoires ruraux des professionnels en leur offrant des conditions d’exercice attractives et, d’autre part, d’impulser en région une dynamique économique autour de la dépendance, des services et des appareillages technologiques qu’elle nécessite pour un maintien durable à domicile. Les moyens de la recherche et de la formation sont aussi mobilisés pour trouver de nouveaux protocoles d’intervention. Quand la santé va, tout va ! À nous de ne pas faire mentir l’adage. Bien vieillir en Limousin doit être décrété cause d’intérêt régional en 2014. n

apprentis et des 16-20 ans domiciliés en Limousin. Crédité de 50 euros, ce nouvel outil peut être utilisé comme une carte bancaire. Il intègre le Chèq’up, le chéquier de réductions culturesport, et offre nombre d’avantages chez ses partenaires : clubs de sport, librairies, cinémas, centres culturels… La carte Be Lim, gratuite, nominative et valable trois ans, devrait progressivement inclure nombre de dispositifs et faciliter l’accès des jeunes aux aides de la Région. Inscription sur www.belim.fr

Un Pass contraception pour les jeunes

un Fonds lycéen pour aider les familles

Quelque 30 000 jeunes Limousins pourront au printemps accéder au Pass Contraception mis en place par la Région et l’agence régionale de santé (ARS).Un chéquier d’une valeur maximale de 153 euros permettra ainsi aux garçons et filles de moins de 18 ans de consulter gratuitement et anonymement un médecin généraliste, un gynécologue ou encore une sage-femme, de procéder à des analyses sanguines et biologiques, au dépistage du VIH et d’accéder à la contraception. Le Pass sera à retirer auprès des infirmières scolaires, des missions locales et des CFA.

La Région Limousin a lancé cette année un dispositif d’aide individuelle aux familles qui rencontrent des difficultés pour payer la restauration et l’internat de leurs enfants lycéens. Les dossiers de demande du Fonds social lycéen sont à retirer auprès des assistantes sociales des établissements ou de la direction. L’aide sera déduite du total à payer par les familles pour lesquelles le reste à charge demeurera d’au moins 20 % de la créance : pour un trimestre, environ 100 euros pour un interne et 30 euros pour un demi-pensionnaire.

Limousin, région entreprenante

La Région Limousin est récompensée pour sa politique de soutien aux entreprises. Le Comité des Régions de l’Union européenne a salué ses dispositifs de développement économique, de recherche et d’innovation, ainsi que le programme opérationnel pour le fonds européen de développement régional. La Région Limousin se distingue également par Dynalim, le fonds d’investissement pour les TPE-PME.

Vous produisez en France, faites-le savoir

Et si votre effort pour fabriquer principalement vos produits en France était récompensé ? La Région Limousin accompagne les entreprises qui souhaitent obtenir la certification « Origine France garantie ». Elle peut prendre en charge jusqu’à 80 % des frais (montant maximum 30 000 euros). Renseignements au 0 800 302 714.

N° 105 NOVEMBRE 2013 La lettre du limousin

3


actualités

Plus qu’une marque, une philosophie détermination Limousins et fiers de l’être. C’est sur ce sentiment que se fonde la marque partagée

qui, un an après son lancement, compte désormais près de 300 structures adhérentes sur le territoire.

Mettre en avant ses atouts

La démarche a également séduit de grands groupes comme Legrand. « Nous soutenons la marque de territoire parce que pour nous, il est essentiel que les forces du Limousin puissent se fédérer. D’autant que le Limousin est parmi les plus petites régions de France », avance Édith Dumas,

comprendre

Soutenir l’économie et l’emploi local

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La lettre du limousiN N° 105 NOVEMBRE 2013

ses frontières. Rassemblés sous la marque « Limousin, osez la diffé­rence », ils revendiquent leur volonté d’œuvrer ensemble pour promouvoir le territoire.

Une marque portée par tous les acteurs du territoire

Le territoire en avant

En seulement un an d’existence, la marque a déjà séduit plus de 260 partenaires, tous secteurs confondus, sur l’ensemble du Limousin. Qu’ils représentent une entreprise, une association, un organisme public ou para­ public, tous partagent cette

Le contexte Sur les 14 millions du premier volet du Programme d’initiative pour la croissance et l’emploi, plus de 8,5 millions ont déjà été engagés, notamment pour l’efficacité énergétique des lycées, l’universitarisation des formations sanitaires et sociales et le début du déploiement du très haut débit. D’ici à la fin de l’année, les 5,4 millions restants permettront d’achever l’amélioration énergétique de bâtiments publics et industriels, le pelliculage régional des TER et de répondre aux exigences d’aménagement numérique.

Parmi les 260 adhérents recensés au mois de novembre, 42 % appartiennent au tourisme, 32 % à l’industrie et aux services, 16 % à la culture et au sport, et 10 % au monde institutionnel et aux organismes professionnels. Vous aussi, vous voulez développer le Limousin ? Affirmez votre appartenance à un territoire ambitieux en rejoignant la dynamique portée par la marque Limousin. Renseignements et demande d’adhésion sur www.marquelimousin.fr https://twitter.com/marquelimousin

+ de débit Internet 18 territoires éligibles

Déjà

14

millions d’euros

investis en un an

au très haut débit

+ de professionnels

paramédicaux

+ de sobriété

énergétique

pour :

9

lycées

utes pe

Ortho p

28

bâtiments publics

91

bâtiments industriels

nistes

Dans un contexte de début de reprise économique, la Région Limousin souhaite accélérer son soutien aux projets d’investissement des entreprises locales, synonymes de croissance et de maintien voire de création d’emplois.

même ambition de dévelop­per le rayonnement et l’attracti­vité du Limousin et de faire connaître ses domaines d’excellence et ses savoir-faire, bien au-delà de

ho

Le programme d’initiative pour la croissance et l’emploi

directrice des relations extérieures du géant de fabrication de matériel électrique. « Pour Legrand, cela ne peut être que bénéfique, observe-t-elle. Et pour le Limousin, face à la concurrence de plus en plus accrue entre les territoires, elle peut faire toute la différence. »

Ergothéra

son ancrage territorial. Nous affichons ainsi notre appartenance », fait valoir celui qui est aussi directeur de la stratégie d’Emakina, une agence internationale de marketing implantée à Limoges.

r- eutes p

Mass e i s thér u é n ki a

Une marque partagée : «  Limousin, osez la différence  ». Mais plusieurs défis : se faire connaître, se démarquer, séduire les touristes et les entreprises, et rassembler localement autour d’une même identité. Chaque acteur du Limousin est ainsi invité à s’approprier la marque et ses valeurs afin de contribuer, à son niveau, au développement de la région. « La démarche est à la fois moderne et importante pour un territoire  », analyse Alexis Mons, membre du comité de marque. Il y voit même « un mouvement », et aussi pour les entreprises, « un moyen d’affirmer

La réflexion La transition écologique et énergétique offre de véritables opportunités écono­miques au Limousin. Les inves­tis­sements publics peuvent ainsi permettre aux entreprises locales de créer ou de maintenir des emplois, notamment dans le BTP. Les montants déjà engagés par la Région Limousin permettent de dégager une enveloppe financière publique (collectivités, État, Europe) jusqu’à près de trois fois plus importante que le crédit initial. Il s’agit désormais d’accélérer les projets initiés en 2012-2013 pour générer rapidement des retombées économiques locales.


parcours

Thomas Naves : il trouve des solutions contre le cancer excellence Les travaux de Thomas Naves, un jeune chercheur du Limousin, pourraient

permettre d’améliorer la prise en charge des patients atteints de cancers bronchiques.

© Zohra Meslem

La recherche sur les cellules tumorales, pour Thomas Naves, « c’est comme un jeu de construction. On élabore des stratégies en fonction de formes données. » Formé à Limoges, il a obtenu un doctorat en sciences de la vie et de la santé à la faculté de médecine. « Ma thèse a mis en évidence une protéine qui, une fois inhibée, peut orienter les cellules tumorales vers la mort », explique le chercheur, également lauréat du concours Campus entrepreneur du Limousin en 2011 et sélectionné au concours européen Innovact Campus Awards l’année suivante. Mais son intérêt pour les sciences le ramène à la fac de médecine. Il y suit un post-doctorat encadré par le docteur Cornelia Wilson, dans le cadre de la chaire de pneumologie expérimentale, en collaboration avec la fondation partenariale de l’université de Limoges et l’association Limousine pour l’aide aux insuffisants respiratoires. « Ce projet s’est bâti autour d’un enjeu majeur : améliorer la prise en charge des patients atteints de cancers bronchiques. Nos travaux devraient permettre de mettre en place de nouveaux bio-marqueurs à visée diagnostique et d’adapter la réponse thérapeutique », raconte Thomas Naves. Limoges est devenue en octobre dernier le carrefour scientifique et clinique contre le cancer. La ville a en effet accueilli, pour trois jours, 400 chercheurs et cliniciens venus de Limoges, Bordeaux, Toulouse, MontpellierNîmes pour les neuvièmes Journées du Cancéropôle du

Thomas Naves a remporté le concours Campus entrepreneur en 2011.

grand Sud-Ouest, en lien notamment avec le pôle de compétitivité Cancer-Bio-Santé. Le Chu compte également, depuis la fin de l’été, une nouvelle structure de recherche, Increase, pour International coordination structure for research projets, dont le programme porte notamment sur la résistance microbienne aux antibiotiques.

Passer à la vitesse supérieure

1

Accélérer la transition écologique Objectif en 2020 : – 18 % de dépenses en énergie dans les bâtiments

2

Doper le développement économique 1 euro débloqué par la Région

3

3 euros pour l’investissement

Des embauches à la clé BTP : 10 % des emplois régionaux y sont concentrés. Numérique : 1 emploi dans ce secteur = 10 emplois induits.

Le secteur de la santé, du social et l’économie du bien vieillir La recherche sur les énergies renouvelables

INITIATIVES

Bientôt un nouvel outil au service de la santé Le pôle biologie-santé de Limoges devrait être opérationnel en fin d’année prochaine. Le bâtiment de 14 000 m2 accueillera près de 300 chercheurs des laboratoires de l’université, dont notamment l’équipe de Michel Cogné qui travaille avec le Cancéropôle du grand-Sud-Ouest pour améliorer le diagnostic et le traitement de pathologies tumorales. Véritable pont entre recherches fondamentale et clinique, le Pôle mettra en commun des plateaux technologiques de pointe. Ce sera surtout un centre de recherche à visibilité nationale et internationale.

L’action Pour renforcer la compétitivité du terri­toire et des entreprises, la Région injecte 20 millions d’euros supplémentaires. Ce deuxième volet du Programme d’initiative pour la croissance et l’emploi cible dix actions dans la rénovation énergétique des bâtiments, le développement des énergies renouvelables, le renforcement de l’éco­no­mie numérique et la formation professionnelle. L’occasion de parfaire les compétences des professionnels, par exemple à travers la création d’une plateforme de formation en alternance pour les jeunes dans le secteur de l’éco-réhabilitation.

20 millions d’euros d’ici à 2015 Énergies renouvelables

Formation

baisser la consommation d’énergie des bâtiments

Aménagement du territoire

7millions

3,5millions 3,5millions créer un pôle public des écoles paramédicales

répondre aux besoins numériques du territoire

1million

1,5million

2millions

développer la méthanisation

1million

expérimenter le photovoltaïque souple sur les TER

améliorer la formation dans les métiers du bâtiment

accompagner les projets structurants

0,5million

construire des lieux de mixité pour étudiants et personnes âgées

N° 105 NOVEMBRE 2013 La lettre du limousin

5


territoires © Les mains d’Aubusson, Sophie Zénon - Cité internationale de la tapisserie et de l’art tissé

En chiffres

200

emplois à AubussonFelletin

20

entreprises

Aubusson et Felletin tissent l’avenir de la tapisserie

6

ateliers, dont deux nouveaux à Felletin

3

Deux nouveaux ateliers de tapisserie sont nés cette année.

manufactures historiques

ambition La filière des arts textiles et des arts tissés se structure en pôle de compétences pour valoriser

un savoir-faire historique, développer l’économie locale et attirer de nouveaux créateurs. La tapisserie et les arts textiles en sont probable­ment à un tournant. Un pôle de compétences est actuellement en germe sur le bassin d’Aubusson-Felletin (Creuse). Associant collectivités, créateurs, artisans et organismes de formation, il souhaite conforter les professionnels locaux, structurer la filière et attirer de nouveaux professionnels. La démarche est à la fois économique, artistique, patrimoniale et touristique. « Nous voulons nous structurer correctement d’ici à la mi-2014 », explique Jean-Louis

Delarbre, vice-président de la communauté de communes. Pour «  atteindre une masse critique » qui permettrait de forger une « image de marque », Emmanuel Gérard, le directeur de la Cité de la tapisserie d’Aubusson, estime qu’il faudrait créer « une demi-douzaine de TPE dans les trois ans », et « entre dix et quinze d’ici à 2018 ».

tériel de l’humanité par l’Unesco reste un atout considérable pour valoriser un savoir-faire et faire émerger de nouvelles activités. Oubliée la période noire qui a vu le nombre d’ateliers divisé par quatre entre 2000 et 2012. « Certains étaient à deux doigts d’abandonner la tradition de la basse lisse pour du tapis peint au pistolet », se souvient Emmanuel Gérard, ravi de la naissance, cette année, de deux nouveaux L’année 2013, ateliers de tapisserie à Felletin. début du renouveau Le pari est osé. Mais le classe- « Ce n’était pas arrivé depuis dix ment, en 2009, de la tapisserie ans. » Aubusson pourrait ainsi d’Aubusson au patrimoine imma- servir de « marque ombrelle »

Le Limousin, naturellement sportif ÉQUILIBRE La structuration territoriale des sports

de nature pourrait renforcer le développement touristique, l’attractivité de la région et l’offre d’activités de loisirs. La région connaît un engouement certain pour les sports de nature. Toutefois, à la différence d’autres territoires, ici, c’est d’abord comme un loisir, souvent familial, que 80 % des pratiquants conçoivent la randonnée, l’escalade, le cyclotourisme ou encore le rafting. Déjà, Vassivière et les neuf stations de sports de nature de Corrèze ont assis une offre variée d’activités. Sans compter l’ouverture, cet été, du pôle nature

6

des Monts de Guéret et le projet d’aménagement de la moyenne vallée de la Vienne, qui esquissent le visage de 2020 des sports de nature dans l’ensemble de la région. C’est tout l’objet de la future charte régionale élaborée avec le mouvement sportif, les collectivités locales et les professionnels du tourisme. En septembre, quelque 170 personnes ont ainsi posé les premiers jalons de l’amélioration de l’offre sportive, éducative et de loisirs.

La lettre du limousiN N° 105 NOVEMBRE 2013

L’enjeu est important. D’abord, pour l’emploi, dans le secteur touristique, culturel et sportif. Ensuite, pour mieux valoriser les espaces naturels déjà réputés du Limousin. Enfin, pour renforcer l’attractivité du territoire, en complé­ment des valeurs sûres que sont, par exemple, le réseau d’art contemporain ou le Pôle national des arts du cirque de Nexon. L’occasion de se démarquer en conjuguant bien-être physique et richesse intellectuelle.

pour toute une filière, autour de la tapisserie, de la laine et des arts tissés, tournée vers l’international, le luxe et la création contemporaine, et associée aux secteurs numérique et graphique. « La puissance publique a un rôle à jouer dans la transmission du savoir-faire », assure le directeur de la Cité de la tapisserie.

compétences (CAC). Sur les douze élèves qui ont obtenu l’an dernier leur certificat d’aptitude professionnelle, onze poursuivent leur formation en CAC pendant deux ans. Un module sur l’utilisation du feutre vient aussi d’être intégré au contenu des enseignements. « Cela donnera aux lissiers une approche différente de la tapisserie », se Former des professionnels réjouit Jean-Louis Delarbre, également proviseur de la cité pour assurer l’avenir Depuis trois ans, la Région scolaire Eugène-Jamot qui Limousin soutient la formation accueille ces enseignements des lissiers, à travers un CAP dispensés par le Greta. et un certificat académique de

En Limousin, les sports de nature séduisent de plus en plus.


TROIS QUESTIONS À… Jean-Paul Deluche président de l’association limousine des industries alimentaires (Alia)

« Nos emplettes peuvent créer des emplois en Limousin »

Patrick Crespin, maître verrier en Haute-Vienne, travaille pour des clients de renom.

Art et culture, moteurs d’une économie créative COMPLÉMENTAIRES La création pourrait devenir

un levier non négligeable de développement économique, aux confins de l’aménagement du territoire, de la formation professionnelle et de la cohésion sociale.

La conclusion du Ceser est claire. Dans son rapport, le conseil économique, social et environnemental du Limousin pointe « l’intérêt » de faire « se rapprocher les univers scientifiques, artistiques et économiques ». En s’appuyant sur ses compétences propres, le Limousin pourrait ainsi « créer de la valeur économique » et même devenir un « catalyseur d’innovation ». C’est ce que fait le Crimp, le Centre de recherche inter­national de modélisation par le pli. L’association de 24 artistes, spécialisés dans les nouvelles formes de pliage, vient de créer une société : Plifaltec. Elle conçoit notamment des « emballages de demain » et des matériaux de

calage non polluants. « Nous avons déjà des contacts avec des industriels », se réjouit Vincent Floderer, le directeur artistique. Accompagné par l’école d’ingénieurs de Limoges, le Crimp a ainsi accès à des outils de pointe et travaille avec des spécialistes de la modélisation mathématique. « Pour répondre aux attentes des artistes, on va au-delà de nos connaissances techniques, explique Frédéric Bernardaud, le directeur de la création de la société éponyme. Chaque collection est l’occasion d’enri­chir notre savoir-faire et nos compétences, soit par des embauches soit en formant nos équipes », assure le dirigeant de ce fleuron de l’industrie

porcelainière, dont des assiettes de collection sont régulièrement décorées par des grands noms du design. Jeanne Gailhoustet, la nouvelle directrice de l’école nationale supérieure d’art (Ensa), estime d’ailleurs que « l’industrie de la création a tout à gagner à l’extension de l’indication d’origine protégée (IGP) à la porcelaine de Limoges ». Elle croit aussi à « l’échange », notamment entre « l’art et ses réseaux » et « l’industrie et ses produits. Cela permet aux étudiants de trouver leur place, en relation avec l’économie », avance l’enseignante qui dirige désormais l’une des meilleures écoles d’art dans le domaine des arts du feu et de la céramique.

Trois ans après son lancement, comment se porte la marque « Produit en limousin » ? On est passé de sept à cinquante entreprises. La marque « Produit en Limousin » portée par l’association limousin des industries alimentaires (Alia), a été créée avant la marque partagée « Limousin, osez la différence ». Elle est maintenant apposée sur 400 produits fabriqués par des entreprises fidèles à un cahier des charges très précis. Les gens souhaitent de plus en plus acheter local, encore faut-il qu’ils sachent ce qui est fabriqué à côté de chez eux. Nos emplettes peuvent créer des emplois en Limousin. Qu’apporte ce label aux entreprises adhérentes ? Leur chiffre d’affaires s’est développé. L’augmentation varie de 5 à 30 %. Le jour où la marque « Produit en Limousin » sera considérablement connue des 750 000 consommateurs de la région, leur geste d’achat aura une valeur citoyenne : plus il y aura de ventes de ces produits, plus il y aura d’emplois potentiellement créés. Et pour les entreprises, cela signifie aussi plus d’ouverture vers

Le Limousin a des atouts : équipements culturels, formation et création artistique, nouvelles technologies liés aux métiers de l’image et du webdesign… Sur le terrain, certains illustrent déjà le rapprochement entre art et entreprises de création, à l’image du Quartier de la gare à Felletin qui rassemble agence culturelle (Quartier rouge), ateliers de constructions bois et bar-restaurant (Draisine Express). De même, en Corrèze, le 400 casse-t-il l’isolement professionnel avec son espace de travail partagé entre graphistes et agences de communication.

en bref

Les deuxièmes Trophées du développement durable sont lancés

BOUGER Dix-neuf trains seront pelliculés aux nouvelles couleurs

Le conseil régional des jeunes reconduit les Trophées du développement durable. Le concours récompense les porteurs de projets régionaux pour leurs actions en faveur de l’environnement. Les lauréats bénéficieront d’une aide équivalente à la moitié du coût de leur projet, sans excéder 1 000 euros. Un prix « Coup de cœur » de 500 euros sera également remis en avril. Date limite de dépôt des candidatures le 31 janvier 2014 sur www.belim.fr

du Limousin avant la fin de l’année.

maintenant à équiper les arrêts des lignes routières creusoises de panneaux horaires. Ce sera ensuite au tour de celles de la Haute-Vienne. Le TER tend à s’imposer comme un automatisme. En 2012, 5,5 % de voyageurs supplémentaires ont emprunté quotidiennement le train entre leur domicile et leur travail, malgré un effritement du trafic dû aux travaux, notamment sur l’axe ParisToulouse. La ligne entre Limoges et Saint-Sébastien profite de la fin de la réfection des voies ; celle entre Limoges et Périgueux

La nouvelle livrée des TER sera visible en fin d’année.

concentre près de 45 % du trafic. En 2012 le nombre d’abonnés mensuels à « Ma Carte 365 » a bondi de 17 %. De même, les dispositifs régionaux pour les

Vous souhaitez atteindre 600 produits labélisés l’an prochain. Comment allez-vous vous y prendre ? Nous voulons marquer un grand coup pour faire encore plus connaître la marque « Produit en Limousin ». Nous serons notamment présents à la Foire de Limoges dans un espace qui associera les produits agricoles phares de la région. Nous souhaitons aussi être davantage aux côtés des restaurateurs pour les inciter à utiliser des ingrédients issus du vivier limousin. Les Bretons sont fiers de préciser « produit en Bretagne » sur leurs produits, ils sont fiers de les acheter. En Limousin, ce n’est encore pas le cas. C’est dommage. La région recèle des trésors dans le secteur de l’agriculture et de l’agroalimentaire. Mais il ne faut pas exclure de rapprocher davantage demain la marque « Produit en Limousin » de la marque partagée régionale « Limousin, osez la différence » pour couvrir une gamme plus large d’articles comme le textile, ou le bois par exemple.

Un territoire créatif

Les TER changent de visage Bientôt un lifting pour les transports express régionaux. Douze autorails de grande capacité seront person­ nalisés aux couleurs de la Région Limousin avant la fin de l’année. Cinq auto­ moteurs, acquis récemment auprès de la Région Nord-Pas de Calais, le seront dans la foulée. Au total, d’ici à 2015, 38 TER changeront ainsi d’identité visuelle. La Région Limousin, qui organise les transports régionaux, avait déjà revu le pelliculage des auto­cars en 2009. Elle s’apprête

l’international et plus d’innovation. Notre objectif, c’est de trouver des débouchés possibles à leurs produits.

demandeurs d’emploi ont-ils connu un franc succès, tout comme le chèque transport (+31 %) et la tarification « Limousin formation » (+ 10 %).

Pour bien choisir son orientation post-Bac

Le forum pour l’orientation post-Bac se déroulera du 18 au 20 décembre au Zénith de Limoges. Ouverture de 9 h à 17 h les 18 et 20 décembre, et de 9 h à 19 h le 19 décembre. Entrée libre et gratuite. www.belim.fr

N° 105 NOVEMBRE 2013 La lettre du limousin

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Limousin numérique le Limousin est dans le peloton de tête des territoires numériques européens et souhaite le rester. la Région investit, avec d’autres collectivités, pour augmenter le débit internet et développer les services. ans les pouvoirs publics, il est probable que tous les habitants des petites villes et villages limou­ sins surferaient encore avec du bas débit ! C’est pour éviter cette fracture numérique que la Région, les trois départements, la Ville de Limoges, l’agglomération de Brive et les communautés de communes Guéret-SaintVaury et Tulle-Cœur de Corrèze ont créé le syndicat mixte Dorsal en 2003. Sa mission : réaliser un réseau d’initiative public. «  Nous avons été l’une des premières régions à le faire », rappelle Yan Pamboutzoglou, le directeur de Dorsal. La construction de ce réseau, l’exploi­ tation, la maintenance et la commercialisation aux fournis­seurs d’accès internet ont été confiés à la société Axione

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La lettre du limousiN N° 105 NOVEMBRE 2013

Limousin dans le cadre d’un de traitement des données des partenariat public-privé. lycées, création d’une licence professionnelle en webdesign, du festival Wif, du salon Numeritec, Cinq ans de travaux Entre 2005 et 2009, « nous avons du portail Lise... installé 1 200 kilomètres de fibre optique, véritable colonne verté- Croissance des usages brale du réseau, qui dessert les dans les foyers universités et les zones d’activités Mais aujourd’hui il faut aller et emmené l’ADSL là où il n’y en plus loin ! Le monde professionavait pas en équipant tous les nel travaille en ligne ou sur des centraux téléphoniques, dont un serveurs, utilise des systèmes tiers est dégroupé, c’est-à-dire d’information, téléchargent logiouvert à d’autres qu’Orange », ciels et documents, envoient des souligne Yan Pamboutzoglou. fichiers importants. Et l’ADSL Dans les 3 500 hameaux trop classique ne suffit plus : le déveisolés pour bénéficier de l’ADSL, loppement économique et l’innodes émetteurs Wimax ont été vation passent par le très haut installés et, « sinon, on peut uti- débit ! Si une connexion ADSL liser le satellite ». En parallèle, la de cinq mégabits par seconde Région a encouragé l’usage des (Mbits/s) convient à la plupart techno­logies de l’information des particuliers, ce débit ne et de la communication : centre suffit plus pour un foyer ultra-

connecté. « Prenons une famille avec deux adolescents. Le père regarde un match sur la télévision en HD, la mère est en visio­ conférence sur la tablette avec sa sœur au Canada, le fils joue à un jeu en ligne et la fille regarde une série téléchargée légalement. Pour eux, il faut du très haut débit », explique Yan Pamboutzoglou. Ordinateurs, tablettes, télévisions HD, consoles, smartphones, baladeurs multimédias peuvent être utilisés simultanément. Selon Médiamétrie, un foyer compte en moyenne six écrans !

urbaines de Limoges, Brive, Tulle et Guéret seront équipées en fibre optique à domicile (FTTH) par les opérateurs d’ici à dix ans. Certains, d’ailleurs, le sont déjà. Mais pour les zones moins densément peuplées, ce sont aux collectivités d’agir. Selon le schéma directeur d’aménagement numérique (Sdan), la fibre optique à domicile devrait être arrivée partout en Limousin d’ici à 2030, pour un coût de 800 millions d’euros. La mise en œuvre de ce projet d’envergure se décline en plusieurs étapes, dont un premier jalon qui projette, pour commencer, de monter le débit à 5 Mbits / s Déploiement minimum pour tous. Une phase du très haut débit Pour s’adapter à ce bouleverse- « pilote » a d’ores et déjà débuté ment des usages, le débit doit dans 18 communautés de augmenter. Les quatre zones communes.


© Jean-Christophe Dupuy

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TROIS QUESTIONS À… Jean-Paul Denanot président du conseil régional du Limousin

« Prendre le virage numérique »

1. D’ici à 2030, le très haut débit devrait être arrivé dans tout le Limousin. 2. 3. La fibre optique est la véritable colonne vertébrale du réseau. 4. Dorsal s’attache depuis dix ans à mailler le territoire.

Dorsal fête cette année ses 10 ans. Le syndicat a-t-il rempli sa mission ? Il l’a brillamment remplie ! Aujourd’hui, quasiment tous les Limousins ont accès à Internet alors qu’en 2007, ils étaient plus de 50 000 à en être totalement exclus ! La création de Dorsal était une nécessité absolue pour un Limousin guetté par la fracture numérique à la fin des années 90 et cette démarche de rassemblement des collectivités est tout à fait exemplaire. Combien a coûté l’investissement ? L’investissement s’élève à 68,6 millions d’euros dont seulement 38,4 millions de financements publics, apportés par l’Europe, l’État,

les départements et la Région, qui a apporté 8,47 millions. Ce projet ne coûte que 1,10 euro par habitant et par an pendant toute la durée du partenariat avec Axione (2005-2025), qui finance de son côté 55 % du projet. Comment faire du Limousin une région « numérique » ? Nous organisons une montée en débit qui va s’accompagner d’un développement de services numériques dans la santé, la formation, le développement durable... Nous sensibiliserons aussi les entreprises et les personnes qui en sont exclues à prendre le « virage » numérique. Le monde devient ultra-connecté, et nous ne laisserons personne sur le côté !

© DORSAL-FrÉdÉrique Avril

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La Région investit, avec d’autres collectivités, pour augmenter le débit internet et développer les services numériques. » Nouveaux services

L’augmentation des usages nécessite à la fois une montée en débit et le développement de services associés. La Région a ainsi identifié quatre orientations opérationnelles. La première concerne la santé (télé-assistance et domotique pour les personnes âgées, télémédecine pour pouvoir réaliser des radios dans une maison de santé et confier le diagnostic à un radiologue du CHU, à distance). La seconde concerne le soutien à l’économie numérique. Cela passe par exemple par la formation, la commercialisation d’offres intégrant à la fois l’accès à internet via la fibre et d’autres services : hébergement de données, visio-surveillance, diffusion de fichiers graphiques lourds pour l’imprimerie... Troisième domaine : l’école. Il s’agit

d’équiper les établissements en matériel informatique et supports dématérialisés, et de développer les formations profes­sionnelles virtuelles. La quatrième orientation, c’est la lutte contre l’exclusion numérique des personnes âgées, en difficulté ou isolées, pour améliorer l’accès aux soins, aux loisirs ou encore favoriser l’exercice de la citoyenneté grâce à la dématérialisation de services publics. La Région travaille enfin sur une cinquième orientation opérationnelle : le développement des usages numériques générateurs d’économies. Télétravail, optimisation de trajets, allumage automatique de l’éclairage public ou gestion intelligente des consommations d’énergie dans les bâtiments. L’avenir du Limousin ? Numérique et écologique !

© DORSAL-FrÉdÉrique Avril

© DORSAL-FrÉdÉrique Avril

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DOSSIER Gilles Luc, PDG de Polytech, fabricant de blocs-portes techniques

Une chance pour décrocher des marchés

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mmense usine entre Tulle et Brive, Polytech fabrique des blocs-portes coupe-feu, acoustiques, thermiques... Leader sur le marché des hôpitaux, maisons de retraite et crèches, cette société emploie 60 salariés dont deux ingénieurs en informatique. « Nous avons mis en place une interface qui permet de dialoguer avec les clients et les vendeurs. Elle a été

très bien accueillie », explique son dirigeant Gilles Luc. Un projet qui n’aurait pas été possible sans la fibre optique. Selon Arnaud Le Saux, responsable des systèmes d’informations, « la fibre optique nous a donné l’accès à un débit symétrique, indispensable pour envoyer des informations sur la nouvelle interface, par exemple. Elle a aussi sécurisé notre installation

puisqu’il n’y a pas de risques de coupures en cas d’orage. » Et pour décrocher les marchés, « la vitesse de l’information est un élément clé », estime Gilles Luc, qui a créé l’entreprise avec deux autres Limousins. Avec sept personnes employées en recherche et développement pour inventer les portes de demain, Polytech est résolument tournée vers l’avenir ! © Emmanuelle Mayer

QUESTIONS & rÉponseS ACCÉDER À Internet, comment ça marche ?

Plusieurs technologies permettent d’être connecté à internet : la fibre optique, le top, l’ADSL qui passe par les réseaux en cuivre de la téléphonie (sans empêcher de téléphoner !), le câble qui apporte également une partie des chaînes de télévision, le Wimax qui utilise les ondes hertziennes, et enfin le satellite. Les opérateurs peuvent louer ces infrastructures ou déployer leurs propres tuyaux, et commercialisent l’accès à Internet. Une vingtaine de fournisseurs d’accès (FAI) sont présents en Limousin, comme Orange, Free ou SFR pour l’ADSL, Alsatis, Numéo ou Vivéole pour le Wimax et le satellite, ainsi que des opérateurs destinés aux entreprises dont plusieurs se sont créés dans la région.

Débit montant ou descendant ?

Il faut imaginer internet au dessus de soi. Le débit descendant est le débit entrant, le débit montant est sortant. Avec l’ADSL, le débit montant est toujours bien plus bas que le débit descendant, qui est celui annoncé dans votre offre. Avec la fibre optique, le débit est symétrique, ce qui rend très rapide l’envoi de fichiers en pièce jointe, par exemple.

Haut-débit ou très haut débit ?

On parle de haut débit à partir de 512 kilo-octets (ko). L’offre ADSL en France va de 512 ko à 20 Mbits/s selon les zones. Le câble peut atteindre des débits supérieurs ainsi que le VDSL (ADSL amélioré pour des abonnées situés à moins de un kilomètre du central téléphonique) qui, comme la fibre, n’a pas de limite. Selon l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (Arcep), on peut désormais parler de très haut débit à partir de 30 Mbits/s en débit descendant, sans débit montant minimum. Auparavant, l’Arcep plaçait la limite du très haut débit à 50 Mbits/s descendant au minimum et 5 Mbits/s en débit montant. Globalement, quand on parle de très haut débit aujourd’hui, on parle de fibre optique à domicile (FTTH).

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La lettre du limousiN N° 105 NOVEMBRE 2013

Dominique Cros, enseignant-chercheur à Xlim, université de Limoges

Développer le travail à distance Pour les étudiants

D

ans un laboratoire comme Xlim, le débit se compte en gigabits. « Moins de 10 % des prises sont reliées à un débit de 100 méga et ceux qui les utilisent sont pénalisés », souligne Laurent Hagerman, le responsable informatique. Le très haut débit ici n’est pas un gadget, il est indispensable au bon fonctionnement de la recherche qui utilise un système local ultrapuissant. « Nous travaillons sur des logiciels énormes qu’il faut pouvoir télécharger et installer

rapidement, nous synthétisons des images et réalisons des simulations dont les résultats sont volumineux », explique Dominique Cros, du département micro et nanotechnologies pour compo­ sants à destination des télécommunications (Minacom). Selon lui, la montée en débit est obligatoire avec le développement du travail à distance. « L’enseignement à distance se développe énormément pour les TD par exemple, avec de la vidéo en direct, des documents à télécharger... » Les doctorants, dont

certains sont aux quatre coins du monde, ont besoin d’accéder aux bases de données et aux logiciels du laboratoire, de participer à des visio-conférences. « C’est difficile pour ceux qui ont un débit trop faible chez eux. On communique pour l’heure plus rapidement avec un thésard en Australie qu’avec certaines parties du Limousin  ! Nous rencontrons aussi ces difficultés lorsque nous travaillons chez nous, ce qui est régulier pour un chercheur.


© dorsal - FrÉdÉrique Avril

L’aVIS de... © Emmanuelle Mayer

Loïc Bentata animateur du studio Le 400 et commercial indépendant à l’Usine numérique

« En Limousin, on a des compétences en économie numérique ! » Installée dans le village de Saint-Viance (Corrèze), l’Usine numérique rassemble onze entreprises et une association, Le 400, pour mutualiser un espace, proposer des prestations à plusieurs et organiser des formations. Nous disposons de bureaux dans un open space partagé, d’une salle de formation avec des ordinateurs et d’un studio radio-tv, Le 400. Pour diffuser les émissions en direct sur le web, travailler sur les captations vidéo ou encore envoyer des photos sur des serveurs, la fibre optique était indispensable, et les collecti­vités ont fait un grand pas en construisant ce réseau. Le Limousin n’est pas connu pour son économie numérique, mais pourtant elle existe ! Nous

participons à créer une véritable filière dans ce domaine et pour cela, il faut non seulement que les collectivités continuent leur action pour installer la fibre, mais aussi que les mentalités évoluent. Les compétences locales dans le numérique sont méconnues. C’est pourquoi nous participons, avec l’Association limousine des professionnels de des technologies de l’information et de la communication (Aliptic), à l’élaboration d’une carte de tous les acteurs, préalable à la structuration d’une filière. Il n’est pas normal que les sites internet, réalisations audio­ visuelles et autres productions numériques des entreprises ou institutions limousines soient réalisées par des professionnels d’autres régions ! n © Emmanuelle Mayer

Nous synthétisons des images et réalisons des simulations dont les résultats sont volumineux. » © Emmanuelle Mayer

Frédéric Cambray, dirigeant de Secome, fabricant de pièces de mécanique de précision

Un meilleur suivi des commandes

C

hez Secome, à côté de Bellac (Haute-Vienne), on fabrique des pièces mécaniques de précision depuis 1979, principalement pour les avions. Dotées de machines à commande numérique, l’entreprise a développé une gamme de pièces complexes et spécifiques en petites et moyennes séries. Reliée à la fibre optique, elle a choisi une offre à quatre mégabits par seconde. « Cela paraît peu, mais nous avons presque doublé notre débit descendant. Et nous avons surtout multiplié par dix le débit montant grâce à la symétrie

offerte par la fibre », explique Frédéric Cambray, qui dirige les 65 salariés de cette société créée par son père. Une montée en débit utile pour externaliser les données sur des serveurs ou envoyer des éléments lourds sur le système d’information, dont une partie est accessible aux clients pour suivre l’avancement des commandes et des livraisons. « Nous sommes très satisfaits du débit et de la fiabilité de la fibre. L’avantage, c’est que dès que le besoin s’en fait sentir, on peut basculer sur une offre avec un débit supérieur. »

« Nous avons multiplié par dix le débit montant.

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politique

LES cinq tribunes des groupes du conseil régional parti socialiste

Priorité à l’investissement !

groupe présidé par

Gérard Vandenbroucke conseillers régionaux Sylvie Achard Sylvie Aucouturier-Vaugelade Gérard Audouze Patricia Bordas Andréa BROUILLE Stéphane Cambou Christèle Coursat Nathalie Delcouderc-Juillard Jean-Paul Denanot Shamira Kasri Alain Lagarde Catherine L’Official Armelle Martin Gilles Pallier Philippe Reilhac Michèle Reliat Jean-Marie Rougier Bernard Roux Claude Trémouille

Si le pessimisme est de raison, l’optimisme est de volonté dit-on communément. Jamais sans doute cette formule n’aura été aussi vraie, jamais sans doute aussi, dans un moment où le scepticisme désabusé voire le cynique se mue en valeur refuge, il n’aura été aussi important, aussi urgent, si nous voulons travailler à un avenir plus favorable, d’ancrer notre volonté dans une vision délibérément plus positive des choses. Les orientations prises par la Région pour l’année à venir, dernière de la mandature, répondent donc à un double constat : d’une part celui d’une réalité économique qui, malgré des signes encourageants, reste encore fragile, notamment dans le domaine de l’investissement productif; d’autre part la baisse des moyens que peut mobiliser la

Région pour faire face à cette situation. Nous avons ainsi choisi de donner priorité à l’investissement matériel et immatériel. Pour la formation, avec le maintien à haut niveau du volume de travaux dans nos lycées, avec la poursuite déterminée de nos interventions en faveur de l’université, dans l’attente d’un nouveau contrat d’objectifs et du nouveau contrat État-Région, un pari sur l’intelligence qui place le Limousin en tête des régions pour l’intervention par habitant en faveur de l’enseignement supérieur. Pour l’économie, avec la poursuite d’une politique concertée et résolue en faveur des entreprises maintenant ou créant de l’emploi, caractérisée par une réelle conditionnalité des aides, par leur adaptation

L’honneur des politiques, c’est de dire la vérité, aussi difficile soit-elle, de ne la travestir en rien. »

Nous avons ainsi choisi de donner priorité à l’investissement matériel et immatériel. »

avons fait le choix politique d’affecter 20 millions d’euros de crédits à un nouveau programme de relance de l’activité par la commande publique Ircelim. Nos priorités : l’efficacité De même, la Région offre énergétique des bâtiments la possibilité aux entreprises publics, propriété de la Région de recourir au fond de ou des collectivités locales, co-investissement Dynalim, des bâtiments industriels initiative régionale saluée et artisanaux, l’accélération par les professionnels et du déploiement du très haut dont les interventions, débit notamment. dans un contexte pourtant L’honneur des politiques, difficile, ont d’ores et déjà c’est de dire la vérité, révélé toute leur efficacité notamment par la mobilisation aussi difficile soit-elle, de ne la travestir en rien. de nouveaux investisseurs. C’est de mettre les mots justes sur les politiques que l’on En outre, pour continuer conduit et de donner une à endiguer la chute de image de la vie politique locale l’investissement industriel d’un engagement résolu, et l’érosion des carnets de déterminé, de femmes et commandes dans certains d’hommes au service de leur domaines d’activité, région, au service du Limousin, notamment le bâtiment au service des Limousins. et les travaux publics, nous à la taille et à la nature des entreprises accompagnées et, dans le cadre du SRDE 2, par la priorité donnée aux avances remboursables.

Pour contacter le groupe du Parti Socialiste tél. : 05 55 45 00 77 - www.socialistes-limousin.fr

union pour un mouvement populaire groupe présidé par

Raymond Archer conseillers régionaux Jean-Paul Adenis Françoise Beziat Francis Comby Marie-Claude Lainez Frédérique Meunier Michèle Suchaud Jean-Pierre Tronche Nathalie Villeneuve-Delage Vincent Turpinat

Pour l’investissement, ne comptez pas sur eux ! Avec un poids de 12 %, comme pour 2013, l’investissement demeure le parent pauvre du budget prévu pour 2014 ! Et pourtant, que n’avez-vous pas entendu sur l’engagement du conseil régional en faveur de « l’investissement, de la croissance et de l’emploi » ! L’ordre de ces trois termes tient plus de l’énumération démagogique que de la réflexion économique ; il témoigne de cette habitude chez les socialistes de rajouter « et de l’emploi » à la fin de leur phrase sans que cela n’améliore la situation. Alors qu’aujourd’hui en Limousin, toutes catégories confondues, ce sont 44 541 chômeurs qui sont recensés, voyez-vous la majorité socialiste reconnaître que son action envers le développement économique est un échec ?

Les plus pervers se défendront en disant que la situation serait pire sans les politiques qu’ils conduisent. En 2012, l’emploi salarié a plus diminué en Limousin qu’au national. Que n’avez-vous pas entendu sur les millions du plan de relance ! Quatorze pour 2012-2013 et dernièrement, vingt pour les deux années à venir. La vérité est que ces deux chiffres correspondent à des prévisions et que pour réaliser les investissements évoqués, le conseil régional a bien du mal. Ce sont huit millions, fin 2013, qui auront été réellement mis dans le circuit économique. Mais, « on » ne vous le dit pas et, c’est plus impressionnant de communiquer sur 34 millions pour l’investissement ; mais c’est de l’enfumage d’électeurs. Les mous n’aiment pas

Pour contacter le groupe UMP, tél. : 05 55 45 19 38

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La lettre du limousiN N° 105 NOVEMBRE 2013

les critiques. Ils veulent des propositions alternatives. Ils ont raison. Et pour les voir apparaître et proposer, il va falloir qu’ils changent leurs votes et donc, de majorité régionale. Pourquoi n’entend-on jamais parler de l’évolution de la production ? Pourquoi y a-t-il une faiblesse structurelle de l’encadrement ? Certes, les socialistes n’aiment pas les comptes. Ils préfèrent les contes et berner d’illusions les électeurs. L’Apec a évoqué l’attractivité territoriale et l’emploi cadre en Limousin. Les secteurs consommateurs d’emplois cadres sont sous représentés et les centres de décision qui aspirent l’emploi cadre ne sont plus présents. Les atouts cités, outre une des entreprises

L’investissement demeure le parent pauvre du budget prévu pour 2014 !  »

du CAC 40, sont les deux pôles de compétitivité qui sont l’avenir pour l’activité et l’emploi, parce qu’ils sont porteurs d’innovations à partir des centres de recherche et de formation. Voilà résumé ce sur quoi doit porter la réflexion stratégique du conseil régional au moment où les services préparent les dossiers pour les futurs programmes européens et pour le prochain contrat de plan État-Région. C’est là, que se situent dans le cadre des compétences légales du conseil régional le cœur de métier et sa responsabilité.


europe écologie LES VERTS groupe présidé par

marc horvat conseillers régionaux Jean-Bernard Damiens Ghilaine Jeannot-Pagès dominique normand

Et si une taxe sur les transports routiers était utile ? Pour gagner quelques voix, il existe dans ce pays des personnes prêtes à incendier une région entière, les mêmes qui ont instauré, initié, voté le mécanisme de l’« écotaxe ». Et d’autres l’utilisent politiquement pour diviser et instrumentaliser quand ailleurs ils se disent les défenseurs de la préférence nationale. De quelle responsabilité font-ils preuve ? Pour quelques centimes de bénéfice, les marchandises circulent à travers l’Europe

pour se faire transformer là où les salaires sont les plus bas, les contributions sociales moindres, les droits du travail « allégés », là où règnent les règles sanitaires et environnementales laxistes. Une taxe limite la logique du moins disant, le flux des camions et la défiscalisation des stocks. C’est améliorer la santé, la sécurité, c’est surtout limiter l’exode des emplois. Pourtant, le gouvernement précédent a choisi la collecte de la taxe par un consortium privé,

Pour une qualité moindre, les consommateurs, eux, payent toujours plus. »

était près de trois fois plus élevée une première pour un dispositif en Limousin qu’en LanguedocRoussillon. national. Ce modèle choisi Pour quelques centimes par la droite laisse planer de bénéfice, les industriels le doute sur la transparence, eux-mêmes ont démontré en la rentabilité et l’absence Bretagne le non-sens de leur de conflit d’intérêt. modèle de production agricole, Nous demandons que tout en continuant de vouloir la transparence soit faite, l’imposer en Limousin. que la justice soit saisie et Pour une qualité moindre, qu’une taxation juste et les consommateurs, eux, courageuse soit imposée payent toujours plus. sur le moins disant social et environ­nemental, et équitable entre les régions. L’« écotaxe » http://www.scoop.it/t/ les-autres-informations-du-limousin

Pour contacter le groupe Europe Écologie Les Verts, tél. : 05 55 45 17 22

ADS MEL groupe présidé par jean daniel mouvement écologiste limousin

conseillère régionale

Jacqueline Lhomme-Léoment Alternative Démocratie SocialistE

Du pain sur la planche Trois études récentes du Crédit Suisse, de la Croix Rouge et du Fonds monétaire international vont dans le même sens, concluant au record historique de la richesse mondiale, à l’écart grandissant entre riches et pauvres, à la paupérisation de l’Europe ; le FMI préconisant même

« de taxer davantage les riches pour préserver la cohésion sociale ». Que dire encore

de la mission parlementaire française sur les paradis fiscaux qui considère que la fraude fiscale entraîne pour notre pays un manque à gagner annuel de 60 à 80 milliards d’euros, à comparer aux 53 milliards d’euros de recettes annuelles de l’impôt sur les sociétés ? S’agissant de la fraude à la TVA, elle est estimée annuellement pour la France à 32 milliards d’euros. Il s’agit du neuvième

rapport sur ce thème en quinze ans. N’est-il pas temps d’agir efficacement ? Bien des problèmes trouveraient là leur solution, qu’il s’agisse des retraites, du budget de l’État, des collectivités locales ou de nos concitoyens. Une autre étude de l’Insee vient de classer le

Limousin cinquième région la plus pauvre de France, un Limousin sur sept disposant d’un revenu inférieur au seuil de pauvreté de 964 euros par mois. Oui, décidément la France a du « pain sur la planche » en matière de justice sociale comme de réforme fiscale.

Une étude de l’Insee vient de classer le Limousin cinquième région la plus pauvre de France. »

Pour contacter le groupe Alternative démocratie socialiste et Mouvement écologiste Limousin, tél. : 05 55 45 19 45

LIMOUSIN terre de gauche Parti communiste français Parti de gauche GAUCHE anticapitaliste

groupe présidé par

Christian Audouin conseillers régionaux Stéphane Lajaumont Véronique Momenteau Laurence Pache Joël Ratier Pascale Rome

En Limousin, des orientations budgétaires marquées du sceau de l’austérité Un éditorialiste du très sérieux Times remettait récemment en cause le bien-fondé des politiques d’austérité menées partout en Europe. On aurait souhaité qu’il soit entendu par le gouvernement et les élus limousins. Ce n’est malheureu­ sement pas le cas : la loi de finances 2014 confirme le choix de la rigueur et trouve un écho favorable au sein du conseil régional. Lors de la séance plénière d’octobre, la majorité (PS, EELV, ADS) a en effet réaffirmé, à l’occasion du débat d’orientations budgétaires 2014, son soutien à « l’effort de redressement des finances publiques conduit par le gouvernement » et reste « solidaire des économies qui sont demandées aux

collectivités locales ». Ce n’est pas un scoop, mais les conséquences sont là : c’est bien un budget de régression qui est en préparation. Constatant la baisse des dotations et le désengagement de l’État, l’exécutif régional propose de réduire de 8,6 millions les dépenses de fonctionnement afin de dégager des marges de manœuvre en matière d’investissement. L’affichage peut sembler habile mais, au total, il y aura moins d’argent public consacré à la formation, à la politique culturelle, sportive, à la vie associative sur les territoires. Nous continuons à penser que l’austérité joue contre la justice sociale et la relance

économique et qu’elle prive l’État et les collectivités d’un ensemble de recettes. Les options gouvernementales pour la croissance tournent le dos à une maîtrise publique des richesses produites, ces dernières se traduisant en accumulations considérables de capitaux maîtrisés par les banques et non par les États.

à la coupe de 8,5 millions dans les dépenses de fonctionnement. Il suffit, par exemple, de suspendre la participation limousine à la LGV ToursBordeaux : cela génèrerait une économie de près de 7 millions annuels. Autre piste, l’arrêt du financement des multinationales et de leurs filiales (6 millions sur la période 2011-2013). Des propositions à portée de main…

Et si on économisait les sept millions de participation à la LGV Tours-Bordeaux ? »

En décembre, nous formulerons des contre-propositions au projet de budget. À moyens constants, il est déjà possible de renoncer

Pour être tenu au courant de l’activité des élus de Limousin Terre de Gauche au conseil régional, n’hésitez pas à vous inscrire à la lettre d’infos, sur www.terredegauche.fr.

Pour contacter le groupe Terre de gauche, tél. : 05 55 45 17 26

N° 105 NOVEMBRE 2013 La lettre du limousin

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agenda

Piluke met le livre à la page

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créativité Le site participatif www.piluke.com met en relation éditeurs, auteurs

et une communauté de lecteurs qui évalue des romans encore non publiés.

© christophe pean

Saint-Junien (87) La Mégisserie 05 55 02 87 98

www.la-megisserie.fr

Balades sur les chemins du blues avec Bobby Du 25 au 30 novembre Savez-vous

Piluke, un concept original qui fait participer les lecteurs à l’aventure de l’édition.

Le projet est devenu réalité en début d’année. Et depuis l’enthousiasme ne les quitte plus. Pierre Luquet et Isabelle Pinloche animent le site internet www.piluke.com, un espace participatif qui permet à des écrivains en herbe de soumettre leurs textes à des lecteurs. La communauté naissante compte aujourd’hui une quarantaine de manuscrits et environ 300 amateurs de roman, poésie, théâtre et autres essais. Chaque œuvre peut être « jugée » par cinquante personnes selon le style et la trame du récit, afin de tracer les

lignes de force et les faiblesses du texte. « Il y a aussi une note ‘‘coup de cœur’’, la plus importante, estime Pierre Luquet. À partir de là, on identifie les auteurs qui ont un succès populaire et on les accompagne pour trouver un éditeur. » À terme, Piluke espère rassembler 1 500 lecteurs. Une vraie étude de popularité

« Ce sera le meilleur moyen d’avancer vraiment avec les éditeurs », admettent les deux fondateurs du site qui, précisentils, ne sont « ni agents littéraires,

ni issus du milieu du livre ». De fait, rien n’est laissé au hasard. « Les éditeurs sont très sollicités, remarque Pierre Luquet. Nos meilleurs arguments pour défendre un livre, ce sont les éléments récoltés auprès des lecteurs, selon leur âge, leur sexe, les manuscrits qu’ils ont aimé. C’est une vraie étude de popularité », fait valoir l’exprofessionnel du marketing et des ressources humaines dans de grands groupes industriels. Piluke est accompagné par Elopsys, l’un des deux pôles de compétitivité du Limousin.

« Cela n’existe nulle part dans les pays francophones », précisent les animateurs du site, ravis d’offrir ainsi à l’auteur un service inédit. « C’est pour eux que l’on fait ça. Pour qu’ils connaissent l’effet de leur texte sur le public, avant même une éventuelle parution », explique Pierre Luquet. Et les lecteurs aussi se prennent au jeu. « Ils corrigent, disent ce qu’il faut retravailler. J’aime ce dynamisme de l’entraide », sourit Isabelle Pinloche. Tout le monde y trouve son compte : les éditeurs, les lecteurs, les auteurs et nous, qui avons créé nos emplois. »

vraiment ce qu’est le gospel, le boogie-woogie, le blue-grass ou encore le Chicago blues ? Connaissez-vous les chants de travail, le blues à codes ? Non ? Alors, il vous faut suivre Bobby Dirninger ? Entre les champs de coton du Mississippi et les avenues de Chicago. Depuis plus de vingt ans, le guitariste et chanteur retrace le périple du peuple noir américain. Le bluesman installé près de Limoges, connu et reconnu dans le monde entier, sera en mini-tournée, en Haute-Vienne : Saint-Junien le 25 novembre, Oradour-sur-Glane le 26, Chaillac-sur-Vienne et SaintBrice-sur-Vienne le 30 novembre résonneront des accords de guitare et de la voix chaleureuse légèrement voilée de celui dont l’album The French Connection en duo avec la chanteuse de Chicago Zora Young s’est classé numéro un dans les charts Blues US en 2010.

Ussel (19) Le Carnot

05 55 96 26 78

www.ussel19.fr

LE BILLET occitan www.chanson-limousine.net Quand lo patrimòni e la creacion se rencontren L’histoire commence en 2007 lorsque Jean Delage crée son site internet www.chanson-limousine.net. Non, l’histoire commence plutôt en 1933, lorsque Jean Delage naît dans le Confolentais, en Charente limousine. Enfant, il a pour jeune instituteur Valentin Degorce, un amoureux de la langue d’oc limousine qui écrivit quelques textes et chansons en occitan dans ses jeunes années, fut résistant durant la Seconde Guerre mondiale, rejoint le Félibrige en 1972 et anima une émission hebdomaire en langue limousine sur Confolens FM dans les années 1980. Surtout, accompagné de son ami Roger Pagnoux, félibre

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et musicien lui aussi, Degorce a sillonné durant plus de 50 ans les routes du Limousin pour enregistrer des chants et airs de musique menacés de disparaître avec leurs derniers interprètes. Quelques années avant sa mort en 2010, Valentin Degorce a confié à son ancien élève et ami de toujours, Jean Delage, des dizaines d’heures d’enregistrements. Ce dernier, maîtrisant l’informatique qu’il avait utilisée dans son travail dès les années 1970, n’eut aucun mal à créer un site Internet, chansonlimousine.net, dans le but de mettre à la disposition de tous les Limousins (et des autres) ces trésors sauvés de l’oubli par les deux félibres. Succès

La lettre du limousiN N° 105 NOVEMBRE 2013

Baptiste Chrétien immédiat, le site enregistra dès les premiers mois un important niveau de fréquentation, ce qui encouragea l’infatigable Jean Delage à diversifier son contenu. Ainsi, au-delà du fonds PagnouxDegorce, vous pourrez y découvrir des gnorles, des fables, des contes dits par divers interprètes comme par exemple la regrettée conteuse Jeanine Chezlebout de Sardent ou encore par l’écrivain Roland Berland. Vous pourrez aussi lire et écouter les contes et nouvelles inédits que l’auteur Jean-Pierre Reydi a spécialement écrits pour le site. Vous regarderez les nombreuses captations vidéo réalisées par Jean Delage lors de

journées du chant occitan ou de spectacles folkloriques. Chaque vidéo de chanson est accompagnée du texte (en limousin avec traduction française) et souvent même de la partition. Car l’un des objectifs de Jean Delage est que chacun puisse écouter, voir, mais aussi apprendre à lire et parler la langue. Dans ce but, les cours d’occitan d’Yves Lavalade et Pierre Vignaud sont régulièrement mis en ligne depuis plusieurs semaines sur le site www.parlam-lemosin.net, lui aussi créé par Jean Delage. Véritable méthode d’apprentissage de l’oc limousin en ligne, ce nouveau site permet à ceux qui le souhaitent d’apprendre gratuitement notre si belle langue.

Martial dans la malle enchantée Le 26 novembre Martial, un aventurier de retour d’un long voyage présente aux enfants une malle dans laquelle sont enfermés les objets de tous les pays qu’il a traversés. À l’aide d’un vieux grimoire, les enfants parviennent à l’ouvrir en prononçant une formule magique. Ils sont alors transportés dans un voyage imaginaire et deviennent les acteurs d’une aventure pleine de surprises et de rebondissements. Martial racontera ce tour du monde pour évoquer ses rencontres imprévisibles, drôles et magiques faites dans chaque


livres et disques

les 10 choix de la rédaction 2

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Maud Mayeras Éditions Anne-Carrière, collection « Thriller »

Reflex

© laurence fragnol

© Martin Kasper

pays visité. Un spectacle plein d’humour, de rêve et de poésie qui donne aux plus jeunes une ouverture au monde et une petite leçon d’écologie ludique et interactive. Le récit d’une expé­ dition magique qui emmènera les enfants aux quatre coins du globe. Attachez vos ceintures !

Limoges Centre culturel municipal Jean-Moulin 05 55 45 94 00

www.centres-culturels.fr

Un Casse-noisette très urbain Le 28 novembre Le conte

d’Hoffman et la musique de Tchaïkovski prennent un autre ton. Le chorégraphe Bouba Landrille Tchouda et ses onze danseurs hip-hop le mâtinent de réel et de fantastique. Il y est question de métissage des genres et d’ouverture aux autres. De désir, d’espérance et d’amour. De peur, de rejet et de part d’ombre aussi. C’est un Casse-Noisette remarquable, emprunt d’une grande humilité, un ballet classique qui résonne aux sons d’aujourd’hui. Le ton est plus rugueux. Les personnages plus ambigus. C’est une surprise. Presque un ovni.

Nord Haute-Vienne Théâtre du Cloître 05 55 60 87 61

www.theatre-du-cloitre.fr

Post, la poésie des corps en toutes lettres

© Philippe Laurençon

Les 28 et 29 novembre Bien sûr, il y a du jonglage. C’est toujours spectaculaire. Mais ce n’est pas le principal intérêt de Post, le spectacle du Cirque Bang proposé dans le cadre des Itinéraires de cirque sous chapiteaux en Limousin et Massif Central. Pendant une heure, ce sont les déplacements, les mouvements dans l’espace d’un garçon et d’une fille qui créent la dramaturgie et la poésie où l’émotion se dispute à la beauté. Au son d’un post-rock envoûtant. Intense.

Bourganeuf Faux-la-Montagne (23) Scène nationale d’Aubusson

© dr

histoires, grandes et petites, ont été collectées l’an dernier, lors d’ateliers d’écriture organisés par La Fabrique. Les textes ont ensuite nourri l’écriture d’une épopée faite de bals populaires, du cinéma Continental, de la place Bonnyaud, et où les danseurs côtoient les musiciens, les plasticiens, vidéastes et comédiens de toutes générations.

05 55 83 09 09

www.ccajl.com

Portraits de villages Le 30 novembre et le 7 décembre

Il y avait eu Aubusson, il y aura désormais Bourganeuf et Fauxla-Montage. Guy Allouchie – Cie Hendrick Van Der Zee dresse de nouveau le portrait de communes creusoises, d’abord à Bourganeuf (le 30 novembre, salle Maurice-Cauvin), ensuite à Faux-la-Montagne (le 7 décembre, salle des fêtes), à travers des films spectacles faits par et pour les habitants. Durant une semaine, la compagnie rencontrera les habitants pour s’intéresser à des tranches de vie, à la transmission des savoirs. Témoin de la vitalité, de la volonté créatrice de ces territoires autant que de cette envie de vivre ensemble, la série « La Diagonale du vide » débutée l’an dernier renouvelle une forme d’art populaire où les histoires individuelles sont synonymes de partage et de sensibilité.

Guéret La Fabrique Espace André-Lejeune 05 55 52 84 97

www.ville-gueret.fr

© 1colore

Meymac (19) Centre d’art contemporain 05 55 95 23 30

www.cacmeymac.fr

Pour attendre Noël Du 1 décembre au 5 janvier er

C’est comme ça depuis 2005. Chaque année, l’Abbaye SaintAndré - Centre d’art contempo­ rain de Meymac invite un artiste de renom à transformer la façade du bâtiment en un immense calendrier de l’Avent. Cette fois-ci, c’est l’artiste allemand Martin Kasper qui a réalisé les 26 images d’un mètre de hauteur sur un mètre soixantedix de largeur. Superposées sur les fenêtres rétro-éclairées, elles s’allumeront pendant toute la période de l’Avent, à partir du premier décembre. Couloirs, grandes salles publiques, les toiles de Martin Kasper évoquent principale­ ment les espaces vides et immobiles. Cette fois, il réalisera 26 portraits individuels de personnages superposés à des espaces architecturaux, provoquant une situation irréelle. Le travail de Martin Kasper a plusieurs fois été présenté au Centre d’art contemporain de Meymac : Lieux de vie (2008), Et si l’espace n’était qu’une dimension intérieure (2011).

Malemort Le Majestic 05 55 24 62 22

www.lestreizearches.com

Guéret, terre d’accueil Le 30 novembre Pour sa deuxième édition, Guéret en scène ! a collecté la mémoire des Guéretois venus d’ailleurs. Entre musique, danse et théâtre, le spectacle est une véritable fresque de la diversité des cultures. Certains sont arrivés du Maroc, d’autres du Vietnam, d’Espagne, d’Italie, de l’Île de la Réunion… Leurs

Mords la main qui te nourrit Le 5 décembre C’est la soirée

trois en un. D’abord un spectacle, Mords la main qui te nourrit. L’auteur, Philippe Ibos, tape sur les idées reçues et met en jeu de saines colères. Les personnages se succèdent sur un plongeoir, au-dessus du public : une nageuse qui baigne dans la réussite, un petit monsieur aux prises avec ses peurs,

une femme sur un fil qui « tente de rassembler les fragments du monde » et puis un gars avec des ciseaux qui « taille le budget des ménages » et enjoint à « être heureux avec ce que vous avez ». Ensuite, une petite restauration. Et enfin un grand bal qui encourage la désobéissance des corps et des esprits. La soirée dure deux heures, les effets, bien plus longtemps.

Tulle Des lendemains qui chantent 05 55 26 09 50

www.deslendemainsquichantent.org

Rock the casbah Le 7 décembre Ça va remuer à

Tulle. Pour leur avant-dernière soirée de l’année, Des lendemains qui chantent  placeront la ville sous le sceau du garage et du rock’n’roll hypnotique. Weird Omen, un trio énervé composé d’une guitare, d’un saxophone, d’une batterie et de trois voix, fera tonner sa pop british sauvage et primitive, avant que kid Congo, la figure de l’underground new-yorkais de ces trente dernières années, ne ramène ses riffs de guitares dignes des Cramps sur les planches. Psychédélique. Hypnotique. Qui a dit que le garage ne servait qu’à garer des voitures ?

Bellegarde-en-Marche (23) Foyer rural 05 55 83 11 17

www.payscombrailleenmarche.org

Le bonheur passe par la table Le 14 décembre Il faudra venir

avec un plat (qui se mange avec les doigts) ou une bouteille. C’est convivial, certes, mais ce n’est pas tout. Le dîner sert surtout, à construire la réflexion des comédiennes de la compagnie Les Guêpes rougesthéâtre autour de la table. Plus qu’un simple spectacle, c’est une réflexion sur le bonheur, « à la croisée de l’intime et du politique », autour du langage et des gestes. Le théâtre s’invente au fur et à mesure du repas : chorégraphies en entrée, réflexion comme plat de résistance, la parole et le sens pour ne pas choisir entre le fromage et le dessert. La poésie et le bonheur comme poussecafé. Le Bonheur, et vous ? Tout un menu !

© svarta photography

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Bobby Dirninger empruntera les chemins du blues en Haute-Vienne.

2 Casse-Noisette, le conte d’Hoffman, se teintera de hip-hop. 3

Le centre d’art contemporain de Meymac prépare déjà Noël avec Martin Kasper.

4

Mords la main qui te nourrit tape sur les idées reçues.

5 Le bonheur passera par la table en Creuse.

Ce n’est pas un policier, même si Iris Baudry, le personnage principal, est photographe à l’identité judiciaire. Ce n’est pas vraiment un thriller non plus, même si un tueur en série a pris l’habitude d’écorcher ses victimes. Reflex est un roman noir, voilà tout. Une plongée psychologique dans la vie tourmentée de l’héroïne, coincée entre une mère-louve condamnée à la démence et le souvenir d’un enfant sauvagement assassiné onze ans plus tôt. La langue est nerveuse. Acérée. Elle enflamme un lecteur pris dans la froideur brûlante d’une écriture convulsive et musculeuse. Maud Tuyeras, aujourd’hui installée à Limoges, confirme avec ce deuxième roman les prix reçus par son premier thriller, Hématome (Calmann-Lévy, 2006). Captivant. 370 pages, 21 euros.

Charles Dellestable Éditions Jean-Claude-Lattès, collection « romans contemporains »

Paradis 05-40 La trame est historique sans toutefois en avoir la prétention, l’écriture plutôt classique. Ce premier roman du Limougeaud Charles Dellestable est à la fois sensible et réussi. À tel point que l’auteur vient de remporter le Prix Nouveau Talent de la fondation Bouygues Telecom. Paradis 05-40 confronte le passé et le présent. L’exode de la Drôle de Guerre se frotte à la mémoire en ruine de Maurice où s’accroche cette lenteur enfantine des jours de solitude dans une maison de famille troublée par l’arrivée de quatre Parisiens fantasques qui vont bousculer l’ordre des choses. 272 pages, 14 euros.

Friches, n° 114/114 bis périodique publié par Les Cahiers de poésie verte et le Centre d’action poétique, 2013

Friches Il fallait bien un numéro double pour fêter les 30 ans de la revue Friches. Depuis 1983, le périodique réalisé dans la région, sélectionne et publie de la « poésie compréhensible », loin des carcans formels passéistes et de l’élitisme avant-gardiste. Au total, 130 pages pour ce numéro : un « hors-champ » avec Isabelle Poncet-Rimaud, un dossier sur les deux poètes galiciens Manuel Rivas et Lois Perreiro, des textes, bien sûr, mais surtout, un florilège de 64 poèmes sélectionnés parmi ceux parus depuis 1983. 15 euros.

N° 105 NOVEMBRE 2013 La lettre du limousin

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portrait

Pompier du monde

Philippe besson Chef de groupement au service départemental d’incendie

et de secours de la Haute-Vienne, il a fondé l’ONG Pompiers de l’urgence internationale qui envoie des sauveteurs sur les catastrophes naturelles. Dernière mission en date : les Philippines.

© Emmanuelle Mayer

27, boulevard de la Corderie CS 3116 - 87031 Limoges Cedex 05 55 45 19 00

Directeur de la publication Jean-Paul Denanot Responsable de la rédaction Sybille Mangin Rédacteur en chef Nicolas Lavallée Rédaction Emmanuelle Mayer, Zohra Meslem avec la collaboration des services et agences de la Région

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Ça ne s’invente pas. Phillipe Besson est né le jour de la Sainte-Barbe, la patronne des pompiers. Alors, ce Maconnais n’a pas hésité longtemps avant de choisir sa voie. D’autant que son père et son grand-père étaient eux-mêmes soldats du feu. Après un détour à la fac, le jeune pompier volontaire qui a appris les rudiments du métier dès 10 ans chez les sapeurs cadets, passe le concours professionnel. Service militaire dans les Pompiers de Paris, retour à Mâcon, mariage, concours d’officier et le voici à Caen. On est en 1986. C’est le début de sa formation en sauvetage et déblaiement qui inclut le travail avec des chiens et des appareils pour retrouver les victimes des glissements de terrains et des séismes. Ces connaissances, Philippe Besson les met encore aujourd’hui au service des sinistrés. Le mois dernier encore, il était aux Philippines avec seize autres sauveteurs pour porter secours aux milliers de victimes du typhon qui a ravagé le pays. Pour lui, tout a commencé en Roumanie, par une expérience de volontariat. Ensuite, il y a eu le Tchad et une mission d’expertise sur les risques de catastrophes naturelles. Il n’en a pas fallu plus pour lui donner le goût de l’action humanitaire. En 1992 : départ vers son premier séisme, à

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Erzincan (Turquie) avec le Comité des secours internationaux. La mission est difficile, il fait -15° C, mais c’est une révélation : « C’est ça que je dois faire », se dit Philippe Besson. Devenu capitaine, il commande le centre de secours de Caen et sa centaine de pompiers. 1997 : début de sa carrière limousine. Il débarque avec femme et enfants à Limoges, comme chef du centre de secours de Beaubreuil. L’année suivante, direction Kobé (Japon), touchée par un séisme. « C’est dur, mais on se blinde, on n’a pas le choix. C’est l’altruisme qui nous porte », confie Philippe Besson. Création de l’ONG

L’année 1999 marque un tournant. En Turquie, le séisme d’Izmit fait 90  000 morts. Philippe Besson monte une mission de secours avec une dizaine de collègues, qui posent des congés en urgence et partent sous la houlette de Pompiers sans frontières. Depuis son agence de voyage limougeaude, une certaine Christelle se décarcasse pour leur trouver des billets d’avion pas chers. « Les missions de secours, c’est toujours le système D ! À l’aéroport, une fois récupérés le matériel et les chiens, l’Onu nous affecte un secteur et c’est à nous de nous débrouiller sur place pour arriver à destination. » Novembre,

La lettre du limousiN N° 105 NOVEMBRE 2013

facebook.com/regionlimousin

Tous mes congés sont utilisés pour les missions, car le secours international est toujours bénévole. »

nouveau tremblement de terre en Turquie, nouveau départ en urgence, toujours avec l’aide précieuse de Christelle. Au retour, Philippe, nommé commandant, est débordé par la mémorable tempête de 1999 : ce n’est que l’année suivante qu’il rencontre enfin la jeune femme pour la remercier, et c’est comme ça qu’elle deviendra la nouvelle Madame Besson. « Tous mes congés sont utilisés pour les missions, car le secours international est toujours bénévole. » Séismes en Turquie, au Salvador, en Algérie... En 2004, avec quelques comparses, il crée l’ONG Pompiers de l’urgence internationale (PUI). Quelques mois plus tard, c’est le tsunami en Indonésie : « Une mission très difficile, il fait 40°C, il y a des corps en décomposition partout, des villes entièrement détruites, des populations retirées dans la jungle sans rien, ça dure des semaines... » Les missions s’enchaînent. Secours. Évaluations de risques. Formations de pompiers, sur tous les continents. L’association compte aujourd’hui douze médecins, infirmiers, logisticiens, 120 pompiers, ainsi qu’une

coordinatrice salariée. Côté matériel, PUI a même innové en mettant au point un simulateur pour sensibiliser au risque de séismes et un drone pour repérer les victimes. Agrément de l’Onu

Depuis 2010, PUI est la seule ONG française agréée Insarag par les Nations unies. Cette reconnaissance nécessite d’arriver sur les lieux de la catastrophe moins de 32 heures après avoir reçu l’alerte et d’avoir assez de personnel pour assurer une mission de sept jours 24 h / 24 h. Des professionnels, PUI n’en manque pas. Ils viennent de toute la France, prêts à partir bénévolement, à passer des week-ends à s’entraîner, à dormir quatre heures, et à se nourrir de rations. Leur récompense ? Le sentiment d’être utile. « Au Pakistan, nous avons retrouvé la seule survivante d’une école de 300 jeunes filles. À Haïti, nous avons sauvé des enfants, dont un bébé de un mois enseveli depuis six jours, qui a immédiatement repris le sein de sa mère » raconte le lieutenantcolonel, sans larmes aux yeux. On est pompier ou on ne l’est pas.

twitter.com/regionlimousin

Bio express

SORTIE DU NUMÉRO 106 en février

1962 naissance à Mâcon. 1999 monte une équipe de secours après le séisme turc d’Izmit 2004 création de Pompiers de l’urgence internationale. 2010 reconnaissance de l’Onu.

Région Limousin Une chance à saisir


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