The Collection

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Internationally known as one of the best travel portrait photographers, Réhahn is often described by the press as the one “who captures the soul of the people”. Since publishing his first book “Vietnam, Mosaic of Contrasts Volume 1”, his photographs are regularly featured in prestigious media such as National Geographic, Conde Nast Traveller or the BBC. To celebrate 10 years of career, he wanted to take a moment to reflect on his favourite photos and his Giving Back Project. The Collection, anthology of his portraits taken in Cuba, in India, in Malaysia and in Vietnam gathers a selection of photos featured in his galleries and his museum, his most iconic photographs as well as his personal favourite.

Reconnu internationalement comme l’un des meilleurs photographes de portrait de voyage, Réhahn est souvent décrit par la presse comme celui « qui capture l’âme des gens ». Depuis la publication de son premier livre « Vietnam, Mosaic of Contrasts Volume 1 », ses photos sont régulièrement diffusées par des medias prestigieux dont National Geographic, Conde Nast Traveller ou sur la BBC. Pour célébrer ses 10 ans de carrière, il souhaitait prendre le temps de revenir sur ses photos favorites ainsi que sur son Giving Back Project. The Collection, anthologie de ses portraits réalisés à Cuba, en Inde, en Malaisie et au Vietnam rassemble une sélection de ses photographies visibles dans ses galeries et dans son musée, ses clichés les plus iconiques ainsi que ses photos préférées.


CUBA INDIA VIETNAM MALAYSIA

PERU BOLIVIA

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FOREWORD "PASSION IS ONE GREAT FORCE THAT UNLEASHES CREATIVITY, BECAUSE IF YOU’RE PASSIONATE ABOUT SOMETHING, THEN YOU’RE MORE WILLING TO TAKE RISKS." – YO-YO MA Réhahn is a risk taker.In the places he travels, he can never predict what he will find but he goes there in the certain faith that there will be people with stories to tell. For a passionate photographer and story teller he does not seek to find beautiful things but to find the beauty in the people he discovers. These days, everyone is a photographer; the advanced technology of cameras in mobile phones has made it possible for each of us to take high definition images wherever we travel. But the documentary and fine art photographer travels, specifically, to take photographs. Réhahn has gone to extraordinary lengths to visit places the rest of us cannot go. He has explored narrow mountain tracks, waited years to receive government permissions, waited for hours for the light to change, and talked to a thousand people from so many diverse cultures. I first met Réhahn one windy morning in Sapa and it was a serendipitous moment of recognition for both of us. I had been living in Hoi An for seven months prior to my summer in Sapa but had failed to meet him in his home town despite several attempts. He is a very busy man! That morning in Sapa I saw a group of photographers deep in conversation, drinking coffee and preparing their cameras for the day ahead. I just knew that one of them had to be Réhahn. I decided which was my man and declared ‘you must be Réhahn!’ He looked up and with a charming smile, said ‘and you must be Bridget!’ Since that day we have been good friends. Before I met him, I had seen his work in his gallery and enjoyed all the photos in his beautiful book. Of course, his portraits of all these extraordi-

nary people are impressive because of the composition, the lighting and the beauty of the subject but it wasn’t until I met Réhahn and he shared his emotions, philosophy and ethics that I really began to understand the deep integrity of his work and his projects. In this beautiful volume, Réhahn has collected his personal favourites. These are photographs that have been taken during the past 10 years in different countries. In those years his work has developed, changed, matured, become more daring and, most importantly, it has become more moving. When you meet Réhahn, one of the first things you notice is the way he looks at you. He is not just saying ‘hello’ he is reading your bones! Because he has met and engaged with so many people from different tribes, groups, communities and beliefs, he is always looking for the person behind the mask. He is searching for your soul; looking for the force that drives you. To achieve this level of insight he has learned to listen to his intuition. The people he meets can often sense his emotions and they quickly relax and are happy to help him to capture their souls. His photographs are a partnership between model and artist. When the photograph is being taken, they are the only two people in the world. This is the essence of his success as a fine art photographer. He says that success can be like a moving train which keeps on keeping on. One of the reasons for producing this book is to stop the train for a moment, to look back and honor some of faces that have played a significant role in his journey. I know you will enjoy this gorgeous book and, by the end, you will know more about the man, feel differently about the countries he has visited and will even feel differently about fine art photography. Bridget March – Artist, writer and founder of March Gallery


PRÉFACE « LA PASSION EST UNE FORCE EXTRAORDINAIRE QUI LIBÈRE LA CRÉATIVITÉ, CAR SI VOUS ÊTES PASSIONNÉ PAR QUELQUE CHOSE, VOUS ÊTES PLUS ENCLIN À PRENDRE DES RISQUES. » – YO-YO MA

de ces extraordinaires personnes sont impressionnants de par leur composition, leur lumière et la beauté des êtres qu’il choisit de photographier, mais ça n’est qu’après avoir discuté avec lui et qu’il a partagé ses émotions, sa philosophie et son éthique que j’ai réellement pris conscience de l’intégrité de son travail et de ses projets.

Réhahn est un aventurier. Là où il voyage, il lui est impossible de prédire ce qu’il trouvera, mais il s’en va sur les routes avec la ferme conviction qu’elles le conduiront vers des gens porteurs d’une histoire à partager. En tant que photographe et conteur d’histoire passionné, il ne part pas en quête de belles choses, il recherche la beauté dans ces personnes rencontrées.

Réhahn a réuni ses œuvres préférées dans ce très bel ouvrage. Ces photos ont été prises ces dix dernières années dans des pays différents. Au fil des ans, son travail s’est développé, a changé, muri; il est devenu plus audacieux et, plus important encore, plus touchant.

Aujourd’hui, tout le monde se dit photographe : les appareils photo des téléphones portables sont si perfectionnés que chacun peut désormais prendre des images en haute définition où qu’il soit. Mais, le photographe d’art et documentaire, lui, voyage spécifiquement pour prendre des photos, parfois au prix d’efforts importants pour atteindre des endroits inaccessibles à la plupart d’entre nous. Réhahn a ainsi dû emprunter des pistes sinueuses dans les montagnes, patienté des années avant d’obtenir la permission du gouvernement de se rendre dans certains territoires, attendu des heures la lumière idéale, et discuté avec des milliers de personnes de cultures si variées. J’ai rencontré Réhahn pour la première fois à Sapa lors d’une matinée venteuse. Un heureux hasard ! J’avais en effet vécu à Hoi An durant 7 mois avant de venir passer l’été à Sapa, et malgré plusieurs tentatives, jamais, je n’avais réussi à le croiser dans sa ville d’adoption. C’est un homme extrêmement occupé ! Ce matin-là, j’avais aperçu un groupe de photographes plongés dans leur conversation, buvant leur café tout en préparant leur matériel pour la journée. Je savais que l’un d’entre eux devait être Réhahn. Après avoir décidé lequel serait mon homme, j’avais déclamé : « Vous devez être Réhahn ! ». Levant les yeux et avec un sourire charmant, il m’avait répondu : « Et vous devez être Bridget ! ». Nous sommes bons amis depuis ce jour. Avant de le rencontrer, j’avais pu voir son travail dans sa galerie et apprécié l’ensemble des photos de son magnifique livre. Évidemment, ses portraits

Lorsque vous rencontrez Réhahn, la première chose qui vous frappe est la façon dont il vous regarde. Il ne vous dit pas simplement « bonjour », il lit en vous ! Parce qu’il a rencontré et abordé tant de personnes de tribus, de groupes, de communautés, de croyances différentes, il est constamment à la recherche de celle et de celui qui se cachent derrière le masque. Il sonde votre âme, votre force intérieure, celle qui dicte votre histoire. Pour atteindre un tel niveau de discernement face aux modèles, il a appris à écouter ses intuitions. Les personnes avec lesquelles il échange peuvent aisément ressentir sa sincérité et s’ouvrent rapidement à lui, heureuses de lui révéler leur âme. Ses portraits deviennent une véritable collaboration entre le modèle et lui. Et au moment de la séance, ils sont comme seuls au monde. C’est là l’essence même de son succès en tant que photographe d’art, succès qu’il compare à un train en marche avançant inéluctablement. Publier ce livre est sa manière de faire une pause pour contempler le chemin parcouru et rendre hommage aux nombreuses personnes qui ont joué un rôle clé dans son parcours de photographe. Je suis convaincue que vous allez aimer ce fabuleux livre et que vous le refermerez en ayant appris plus sur l’homme, que vous aurez un sentiment nouveau vis-à-vis de ces pays qu’il a visités et peut-être même que vous appréhenderez différemment la photographie d’art. Bridget March – Artiste, écrivaine et fondatrice de la March Gallery


PREFACE After having dedicated two books to my new home country, Vietnam, I wanted to look back on this prolific past decade that radically changed the way I approach travel and most importantly, photography. With “The Collection”, I retrace my steps back to these last ten years, to the significant encounters from all over the world that allowed me to be the photographer I am today. This anthology reflects the evolution of my thoughts as well as my technic and style that became more acute over time. From the photos of landscapes of my beginnings to my current main project, the portraits of Vietnam and its ethnic groups, each new journey, each new encounter has been an opportunity for me to build myself as a photographer. I started to travel the world to fuel my love for people, their culture and customs, and my curiosity for diversity led me to more than 35 countries. My 3 month journey in South America in 2011, was the spark that changed my vision and intentions towards photography. At that time, I was still learning with my camera, focusing on landscape photography and I was mostly considering myself as a traveller who was taking pictures. I only had a part of my camera kit and quickly, facing the region’s breathtaking panoramas and the warm welcome of locals, I experienced a new frustration in not being able to capture all these places and faces that were so inspiring. It just clicked in my mind and I became aware that more than the destination or the journey, photographing the surrounding world was what really mattered to me. I’ve always been attracted by Cuba and Vietnam. I was curious to witness what “real” life is in these stigmatised countries, whose portraits from media is often downgrading and stereotypical. I visited both in 2007. Since then, I went twelve times in the former and settled for good in the latter. So naturally, they both represent an important part of this book.

The evolution of my favourite themes can been seen through the pages of “The Collection”: from my first trip in Cuba when I tried to catch the quaint atmosphere of La Havana, the liveliness of its streets and the slow pace of Cuban life to the portraits that were more and more present until it became the core of my work today. The pleasure I feel meeting people from other cultures flooded my photographic style. My camera became my excuse to go towards strangers, to create moments of sharing and often complicity. For that matter, India happened to be the ideal place to learn how to grasp this intimate type of photography. It represents a key step in my relation to models. Indians are less easily approachable so I learnt how to put aside my camera and listen to people’s stories to create a mutual confidence until the model is willing to reveal its soul and let me take the picture. Without realising it, it prepared me for the portrait series of Vietnam. Living in Vietnam allowed me, more than ever, to reach a great diversity of ethnic groups. Little by little, I got more and more interested in the evolution of the “forgotten ones”, - these people living in remote areas in parallel to globalisation- and their ways of living. Discovering the Malaysian Bajau, nicknamed the “Nomads of the sea” introduces in some ways, the Precious Heritage Collection about the 54 tribes of Vietnam. Thanks to this extremely diversified country, to its welcoming and generous inhabitants, I found myself as a photographer. Indeed, Vietnam is offering me the freedom to express my love for individuals, my interest for their life stories, my passion to promote their heritage and where I finally found my mission as photographer. This book reflects the faces and stories that keep inspiring my work every day.


AVANT-PROPOS Après avoir consacré deux ouvrages au Vietnam, mon pays d’adoption, j’avais envie de jeter un regard rétrospectif sur ces dix dernières années foisonnantes qui ont radicalement changé ma manière d’aborder le voyage et surtout la photographie. Avec « The Collection », je reviens donc sur mes pas à travers les rencontres marquantes faites aux quatre coins du monde cette dernière décennie et qui m’ont permis d’être le photographe que je suis aujourd’hui. Cette anthologie est le reflet de mon cheminement, celui de ma pensée, mais aussi de ma technique et de mon style qui se sont affirmés et affinés. Des paysages de mes débuts au projet central qui m’anime désormais - les portraits du Vietnam et de ses ethnies -, chaque nouveau voyage, chaque nouvelle rencontre a en effet été l’occasion de me construire en tant que photographe. C’est par amour des gens, de la culture et des cultures que j’ai commencé à arpenter le monde. Cette curiosité pour la diversité m’a conduit à découvrir plus de 35 pays. Mais c’est au cours de mon séjour de trois mois en Amérique Latine en 2011 que mes intentions ont basculé. A l’époque, j’apprenais à apprivoiser mon appareil, je me consacrais essentiellement à la photographie de paysage et je me percevais avant tout comme un voyageur prenant des photos. Parti avec un matériel réduit, j’ai éprouvé, face à la majestuosité des panoramas de la région et l’accueil chaleureux de ses habitants, une frustration nouvelle : celle de ne pouvoir correctement capturer tous ces lieux et toutes ces personnes qui m’inspiraient tant. Ça a été le déclic. J’ai pris conscience que plus que le voyage ou la destination, ce qui m’importait, c’était de photographier le monde qui m’entourait. Cuba et le Vietnam m’ont toujours attiré. J’étais curieux d’éprouver par moi-même la « véritable » vie dans ces pays stigmatisés et dont les médias dressent un portrait souvent réducteur et stéréotypé. Je m’y suis rendu pour la première fois en 2007. Depuis, je suis retourné à douze reprises dans le premier et me suis définitivement installé dans le second. Ils occupent naturellement une place importante dans ce livre.

L’évolution de mes thèmes de prédilection transparaît au fil des pages de « The Collection » : de mes premiers voyages à Cuba où je cherchais à saisir l’atmosphère pittoresque de La Havane, l’animation de ses rues et le rythme lent de la vie cubaine, aux portraits, de plus en plus présents jusqu’à en devenir le cœur de mon travail aujourd’hui. Le plaisir que je ressens à rencontrer des personnes d’autres cultures a infiltré mon style photographique. L’appareil est devenu mon excuse pour aller vers des inconnus, créer des moments de partage et souvent de complicité. A cet égard, l’Inde s’est révélé être le terrain de jeu idéal pour appréhender cette approche intimiste de la photographie. Elle représente une phase d’apprentissage clé dans mon rapport aux modèles. Les Indiens ne se laissant pas facilement aborder, j’ai appris à écouter l’histoire de chacun, à mettre mon appareil de côté et à créer une confiance mutuelle jusqu’à ce que le modèle laisse entrevoir son âme et m’autorise à le photographier. Sans que je ne le réalise, cela m’a préparé aux séries de portraits du Vietnam. Vivre au Vietnam m’a permis comme jamais d’approcher des groupes ethniques d’une grande diversité. Progressivement, je me suis de plus en plus intéressé à l’évolution des « oubliés » - ces peuples vivant dans des régions isolées en marge de la mondialisation -, et à celle de leurs modes de vie. Ma rencontre avec les Bajau de Malaisie, surnommés les « nomades de la mer », préfigure d’une certaine façon la collection Precious Heritage des 54 ethnies du Vietnam. Grâce à ce pays, extrêmement diversifié et aux habitants accueillants et généreux, je me suis réalisé en tant que photographe. Le Vietnam m’offre en effet la liberté d’exprimer mon amour des gens, mon intérêt pour leurs histoires, ma passion pour la valorisation de leur patrimoine où, finalement, j’ai trouvé ma mission de photographe. Ce livre se fait l‘écho de ces visages et de ces histoires qui continuent d’inspirer mon travail au quotidien.


PERU / BOLIVIA I visited Peru and Bolivia in 2011. During a 3 month journey, backpacking in South America I also visited Chile. Although I was curious to discover the natural wonders of this part of the world, what fueled my journey was, actually, my passion for literature. A collector of first edition 18th and 19th century books, visiting the Biblioteca del Convento San Francisco, in the Old Town of Lima, with its rare editions and its quaint atmosphere was one of the highlights of my journey.

PÉROU / BOLIVIE J’ai visité le Pérou et la Bolivie en 2011, à l’occasion d’un voyage en sac à dos de 3 mois en Amérique du sud qui m’a également mené au Chili. Bien que curieux de découvrir les merveilles de la nature de cette région du monde, c’est avant tout mon amour de la littérature qui a motivé ce voyage. En tant que collectionneur d’éditions originales des 18ème et 19ème siècles, voir la Biblioteca del Convento San Francisco au cœur de la Vieille Ville de Lima avec ses livres rares et son atmosphère pittoresque était l’un des moments marquants de ce séjour.



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PAGE 13 In the heart of Atacama Desert, the Licancabur Volcano dominates the crystal clear waters of the Laguna Verde. Although I am not a landscape photographer, it was impossible not to try to capture the bright colours palette and the hostile beauty of this spectacular nature.

PAGE 12 This is the legendary Biblioteca San Francisco, one of the reasons of my trip to Peru. Photographing this library with its 25,000 rare books is strictly forbidden, however, I was granted less than a minute to capture the atmosphere of the place. As original edition collector, discovering this icon of history was worth the trip itself. Voici la mythique Biblioteca San Francisco, une des raisons pour lesquelles je me suis rendu au Pérou. Photographier cette bibliothèque et ses quelques 25 000 ouvrages rares est normalement interdit mais il m’a été accordé une minute pour saisir l’atmosphère du lieu. En tant que collectionneur de livres anciens, découvrir cette vénérable institution valait à elle seule le voyage.

une perspective étonnante et l’horizon blanc s’étend à perte de vue si ce n’est pour l’Isla del Pescado et ses fameux cactus géants, qui jaillit telle une île au milieu du désert.

Au cœur du Désert d’Atacama, le volcan Licancabur trône sur les eaux cristallines de la Laguna Verde. Bien que je ne sois pas un photographe de paysage, difficile de ne pas chercher à saisir cette palette de couleurs éclatantes et la beauté hostile de cette nature grandiose.

PAGE 14 To discover the Salar de Uyuni was one of the reasons for my trip in South America and one of the most striking landscapes I had the opportunity to see. The salt desert is perfectly flat which creates an astonishing perspective and the white horizon opens as far as the eye can see apart from the Isla del Pescado, covered with giant cacti, that burst out of the ground like an island in the middle of the desert. Découvrir le Salar d’Uyuni était l’une des raisons de mon séjour en Amérique du Sud et l’un des paysages les plus grandioses qu’il m’ait été donné de voir. Le désert de sel d’une platitude parfaite crée

PAGE 15 This photo was taken in one of the stone-paved alleyways of ancient Cuzco, nestled 3,000m high in the Andes. It won the 2011 Los Angeles Times annual photo contest and led to an interview with that paper and several more articles followed. The portrait of that little Quechua girl in her colourful traditional dress was my first picture ever published, making it a turning point in my journey as a photographer. Cette photo a été prise dans les ruelles pavées de Cuzco, l’antique cité nichée dans les Andes à plus de 3 000 m d’altitude. Elle a remporté le concours photo annuel 2011 du Los Angeles Times. Cette publication a été suivie d’une interview pour le journal et d’autres articles. Le portrait de cette fillette Quechua dans son habit traditionnel coloré est ma première photo jamais publiée et en cela, elle a marqué un tournant dans ma carrière.


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CUBA

CUBA

Since my first trip in 2007, I visited Cuba 12 times. My taxi driver on this initial trip has since become one of my closest friends. I feel very much at home in Cuba, having learned to speak Spanish and smoke cigars the Cuban way. My daily routine usually starts at 6:30am in Old Habana while the streets come alive at sunrise. At 8:00am it’s time for me to get a coffee before heading to La Casa del Habano at about 11am, a popular cigar salon where smokers seek refuge from the sun and the scorching heat. Taking photos in Cuba is a unique experience. The atmosphere of La Havana is like no other. With rugged, colourful walls and vintage American cars lining the streets, it is the ultimate playground for a photographer.

Depuis mon premier séjour en 2007, je me suis rendu 12 fois à Cuba. L’homme qui était mon chauffeur de taxi lors de ce voyage initiatique est devenu l’un de mes plus proches amis. Je me sens à Cuba comme chez moi, j’ai appris l’espagnol et à fumer le cigare comme il se doit. Là-bas, ma journée commence généralement à 6h30 dans la Vieille Havane alors que les rues s’animent au lever du soleil. À 8 heures sonne l’heure du café et aux environs de 11 heures je me dirige vers la Casa del Habano, un populaire salon de cigares, où les amateurs de tabac cubain viennent trouver refuge, à l’abri du soleil et de la chaleur écrasante. Photographier Cuba est une expérience singulière. L’atmosphère de La Havane avec ses murs colorés défraichis, ses vieilles voitures américaines alignées dans les rues, est unique en son genre, ce qui en fait le terrain de jeu suprême des photographes.



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ceptible derrière ses traits de vieillard, je l’ai abordé et il a volontiers pris la pose.

PAGE 18 Elva, 73 years old, used to live near La Bodeguita Del Medio, the institution - as old as her - famous for its traditional cuban mojitos. When I asked her if I could take her photo, she answered boldly: “dame un dinero”, asking for some money. So I offered her a Cohiba Esplendido cigar instead and we smoked together for more than an hour. I used to visit her on every one of my visits to Cuba. Unfortunately on my last trip, I sadly found out Elva passed away. Elva, âgée de 73 ans, vivait près de La Bodeguita Del Medio, l’institution - au célèbre mojito cubain - aussi vieille qu’elle. Lorsque je lui ai demandé si je pouvais la photographier, elle a rétorqué avec son air effronté « dame un dinero », demandant une pièce. A la place, je lui ai offert un cigare Cohiba Esplendido que nous avons partagé pendant plus d’une heure. J’avais pour habitude de lui rendre visite à chacun de mes voyages à Cuba, mais j’ai tristement découvert lors de mon dernier séjour qu’Elva était décédée.

PAGE 19 George Sand said "A cigar numbs sorrows and fills the solitary hours with a million gracious images", a quote I think of when I look at this photo. I met this man in Canasi, a small town between La Havana and Varadero. We shared a cigar and the pleasure that only habano smokers can feel. As a cigar lover, I always carry few in my pockets when I wander around the old town, a good excuse for me to approach strangers. His portrait holds a special place for me, maybe for the intensity of that stare which made me feel connected to him or maybe because I never met him again. When I tried to, I found out that he died. If I ever publish a book about Cuba, this portrait will be the cover. George Sand disait que « le cigare engourdit le chagrin et remplit les heures solitaires d’un million de choses agréables », une pensée qui m’inspire quand je regarde cette photo. J’ai rencontré cet homme à Canasi, une petite ville entre La Havane et Varadero. Nous avons partagé un cigare et ce plaisir que seuls les fumeurs de habano peuvent comprendre. Moi-même grand amateur, j’en ai toujours dans mes poches lors de mes flâneries dans la vieille Havane, une bonne excuse pour échanger avec ces inconnus. Ce portrait occupe une place particulière pour moi. Peut-être estce dû à l’intensité de son regard qui me rappelle cette connexion instantanée ou au fait que je ne l’ai jamais revu. Lorsque j’ai essayé de le retrouver, j’ai appris qu’il était décédé. Si je publie un livre sur Cuba, cette photo en sera la couverture.

PAGE 20 This man was at the door of his house smoking the common “tabacos de la Bodega” cigar savouring, what is probably for him, “the ritual of the fine art of living”. Cet homme était assis devant la porte de sa maison à fumer le populaire « tabacos de la Bodega », savourant, ce qui pour lui relève probablement d’un plaisir de la vie.

PAGE 21 Another cigar smoker I came across during my morning walks in the alleyways of La Havana. Un autre fumeur de cigare croisé lors d’une promenade matinale dans les ruelles de La Havane.

PAGE 21 I met this man near El Malecon. I was standing on one of those crumbling stairways of an abandoned building when he passed by and gazed with this benevolent look and knowing smile.

PAGE 22 It’s generally in the morning before the scorching heat gets overwhelming that I start my quest for singular faces and it is again in Old Havana that I came across this man. Attracted by this childish expression behind these age lines, I approached him and he happily took the pose.

Ce cliché a été pris à proximité du Malecon à La Havane. Je me tenais en haut de l’escalier bringuebalant d’un de ces bâtiments abandonnés quand cet homme est passé par là, avec son regard bienveillant et son sourire entendu.

C’est généralement le matin, avant que la chaleur étouffante ne m’accable, que je pars en quête de visages singuliers et c’est à nouveau dans les rues de la Vieille Havane que j’ai croisé cet homme. Interpellé par son expression enfantine per-

PAGE 23 I met Emilio in the small town of Canasi in 2012 and again in 2015. And he was still smoking! He just loves posing! Available and patient, he always spends hours sharing stories about the Cuba of yesterday and today. J’ai rencontré Emilio dans la petite ville de Canasi une première fois en 2012 et à nouveau en 2015. Il était toujours en train de fumer ! Et il adore poser ! Disponible et patient, il partage à chaque fois quelques heures à me raconter des histoires du Cuba d’hier et d’aujourd’hui.


PAGES 24-27 This series of portraits captures the great diversity of physical features and ethnic mix of the Cuban people.

ces cabines téléphoniques, vestige de pratiques révolues dans beaucoup de pays et témoignages d’une vie hors du temps comme pour ces jeunes attendant un appel.

Cette série de portraits révèle la grande diversité physique et la mixité ethnique des cubains.

PAGE 29 This picture was taken in Pinar del Rio on the western side of the island. This man was rolling with expertise some tobacco leaves to prepare a cigar for me.

PAGE 28 I first met this joyful couple from Pinar del Rio in 2007. Although he is 93 year old, he was unbelievably energetic and showing an immense kindness. It seemed impossible for them to keep still for my photograph; they were laughing so much and the love between them is unmistakable. They manage a little government owned tobacco plantation. They live very humbly, they don’t have electricity in their house but killed a chicken and invited me to share their meal at that very first encounter. Since then, I try to visit them every time I travel to Cuba. J’ai rencontré ce couple charmant pour la première fois à Pinar del Rio en 2007. Lui, malgré ses 93 ans faisait preuve d’une énergie bluffante et d’une immense gentillesse. Impossible de les faire poser tous les deux, ils n’arrêtaient pas de rire et l’amour qu’ils se portent est incontestable. Ils gèrent une petite plantation de tabac gouvernementale. Ils vivent très simplement, ils n’ont pas d’électricité mais lors de cette première rencontre, ils ont tué un poulet et m’ont invité à partager leur repas. Depuis, j’essaye de leur rendre visite à chacun de mes séjours à Cuba.

Cette photo a été prise à Pinar del Rio, dans la partie occidentale de l’île. Cet homme me préparait un cigare et il roulait les feuilles de tabac avec une dextérité captivante.

PAGES 30-33 I love the quaint atmosphere in La Havana, as if it was frozen in time, mixed with the bustle from the ones who own the streets, kids playing football or dancing, watched by the elders smoking their cigars on their house’s porch... the charm of the slow pace of life in Cuba. J’aime l’ambiance surannée de La Havane comme si le temps s’y était arrêté, mêlée à l’effervescence de ceux qui se sont emparés des rues, des jeunes jouant au foot, qui dansent sous les regards des anciens fumant le cigare sur leur perron. La douce langueur de la vie cubaine.

PAGE 34 It is all the details and antique objects like this old phone booth that give to Old Havana its old-fashioned charm. They are like relics of uses that have vanished in many countries and the expression of a life unaffected by the passing of time, like for these young men waiting for a call. Le charme désuet de La Havane tient à tous ces détails et objets du passé comme

PAGE 35 The legendary American cars that are often associated with the streets of the capital are another icon of the island. There are around 4000 of them left but they are said to be slowly dwindling. Emblème d’une autre époque, les mythiques voitures américaines vintage seraient au nombre de 4000 sur l’île, mais celles que l’on associe instantanément aux rues de la capitale seraient en voie de disparition.

PAGE 36 With its bright crumbling walls and houses, the Old Town of La Havana is very photogenic and offers a strangely magical atmosphere. But these picturesque facades will soon belong to the past. Indeed, the city centre is under a huge renovation project, making these images a testimony of another era of La Havana.

Avec ses murs décrépis aux couleurs bariolées, ses maisons délabrées, la vieille ville de La Havane dégage une atmosphère étrangement magique et extrêmement photogénique. Ces façades pittoresques appartiendront bientôt au passé, le centre-ville fait l’objet d’un grand projet de rénovation mais ces photos resteront les témoins de cette autre époque de La Havane.

PAGE 37 Like every photographer, I tried HDR and like many photographers, I quickly gave up on that technique that allows greater gamut of contrasts and luminosity. Here is one on the rare example using this method that I kept. Comme beaucoup de photographes, je me suis essayé au HDR, et comme beaucoup de photographes, je m’en suis lassé. Cette technique permet de créer une plus grande gamme de contrastes et de luminosités. Cette photo est un des rares exemples d’utilisation de cette méthode que j’ai conservé.


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VIETNAM

VIETNAM

I’ve been travelling to Vietnam every year since 2007, until the country fell more like home than my home country itself. So in 2011, I moved to Hoi An, on the central Coast, and since then I have travelled through most provinces of Vietnam. To me, this country with such a vast range of landscapes is like an open-air studio, but it’s mostly for its people that I settled here. Despite a complex history, Vietnamese show a great resilience and I believe we have a lot to learn from their philosophy of life and optimism. I also discovered a rich diversity of ethnic cultures whose recognition and promotion has become the core of my work, The Precious Heritage Collection.

J’ai séjourné au Vietnam chaque année depuis 2007, jusqu’à ce que je m’y sente plus chez moi que dans mon propre pays. En 2011, j’ai donc décidé de m’installer à Hoi An, sur la côte centrale. Depuis, j’ai parcouru la plupart des provinces du pays à moto. La diversité des paysages fait du Vietnam un studio photo à ciel ouvert, mais c’est avant tout pour ses habitants que j’ai eu envie de vivre ici. Malgré une histoire très complexe, les Vietnamiens sont d’une extrême résilience et je crois que nous aurions beaucoup à apprendre de leur philosophie de vie et de leur optimisme. Plus tard, j’ai découvert leur fascinante culture ethnique, dont la reconnaissance et la valorisation sont devenues le cœur de mon travail à travers la Collection Precious Heritage.



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KIM LUAN FROM THE M’NÔNG TRIBE

KIM LUAN DE L’ETHNIE M’NÔNG

Kim Luan (H’ Cuc Teh, her M’nông name) was a shy little 6 year old girl when I first visited the M’nông in October 2014. Elephants play a significant role in their lives, symbolizing wealth, power and strength of spirit. They are highly revered and treated as human beings, with special ‘Elephant Laws’ governing their treatment. The M’nông developed many beliefs and rites around them and even marry the elephants.

Lorsque je l’ai rencontrée en octobre 2014, lors de ma première visite chez les M’nông, Kim Luan (ou H’ Cuc Teh, son nom M’nông) était une timide fillette de 6 ans. Dans ce groupe, les éléphants, symboles de richesse, de pouvoir et de force d’esprit jouent un rôle central. La tribu les vénère au point de les traiter comme des humains, et ils sont protégés par des lois spécifiques. Les M’nông ont développé de nombreuses croyances et rituels autour de ces animaux et ils les marient même entre eux.

Tracking and ‘domesticating’ them when they are young is a tricky and dangerous job. However, this tribe uses special skills and tools passed down by previous generations to achieve this remarkable feat. I was amazed to see these animals assisting farmers in their daily tasks. This photo of the little girl facing the 26 year old giant is a representation of the M'nông culture, and symbolizes the respect between them and the elephants. It has been published in more than 40 countries and several world famous magazines such as Time Magazine and National Geographic etc. I visited Kim Luan a second time, in July 2016 as part of my Giving Back Project and I am about to release a book dedicated to them and this fascinating relationship.

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Repérer et domestiquer les jeunes éléphants sauvages est extrêmement complexe et dangereux, mais cette tribu est passée maître dans le dressage grâce à la transmission des savoir-faire et des outils requis pour ce tour de force. Et j’étais fasciné de voir à quel point ces animaux assistent les fermiers dans leurs tâches quotidiennes. Pour moi, cette photographie de la fillette face au géant de 26 ans symbolise la culture M’nông, et le respect mutuel entre eux et les éléphants. Elle a été publiée dans plus de 40 pays et plusieurs grands médias internationaux dont le Time magazine et le National Geographic. J’ai rendu visite à Kim Luan une seconde fois, en juillet 2016, dans le cadre du projet Giving Back Project, et je m’apprête à publier un livre dédié à leur culture et à cette relation unique.


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PRECIOUS HERITAGE ART GALLERY MUSEUM 26 PHAN BOI CHAU, HOI AN


THE PRECIOUS HERITAGE

LE “PRECIOUS HERITAGE”

I visited the north of Vietnam for the first time in 2011. I knew that I would see different ethnic groups but I’ve been stunned by the diversity of the tribes and that they have all developed their own culture, dialect, customs and for the more visible side, a singular costume.

Je me suis rendu pour la première fois dans le nord du Vietnam en 2011. Je savais que j’y verrai différents groupes ethniques, mais j’ai été stupéfait par la diversité des tribus présentes dans ces régions et de constater qu’elles ont chacune développé leur propre culture, leur dialecte, des rites uniques et pour la partie la plus visible, des costumes singuliers.

I was suddenly immersed in these ancient cultures evolving in parallel with the globalised world. At this precise moment, the thirst for discovering the 54 groups scattered all over Vietnam and my ongoing trip to meet them all started. On a second journey a year later, I realised that these century-old cultures are slowly but inevitably dwindling, and it became clear to me that my new role as photographer would be to showcase and preserve that little known cultural diversity. In 6 years, I managed to find 45 of the 54 ethnic groups, and on the 1st of January 2017, I unveiled the Precious Heritage Art Gallery Museum in Hoi An. Presenting more than 30 tribes, this evolving cultural space displays giant portraits of tribes members, the stories of these encounters as well as traditional costumes, often offered by the chief of the villages themselves to have their culture represented, and some of them being the last costume of those tribes.

J’étais soudainement plongé dans ces cultures ancestrales évoluant en parallèle d’un monde globalisé. C’est à cet instant que, fasciné par ces rencontres valant comme une véritable prise de conscience, est née ma soif de découvrir l’ensemble des 54 groupes ethniques répartis dans tout le Vietnam et qu’a débuté mon périple pour toutes les retrouver. Lors d’un deuxième voyage dans le nord, l’année suivante, j’ai fait face à une triste réalité : ces cultures séculaires déclinent lentement mais inéluctablement. Cela a fait l’effet d’une révélation et il m’a semblé évident que ma mission, en tant que photographe, devait être de montrer et de préserver cette diversité culturelle méconnue. En 6 ans, je suis parvenu à retrouver 45 des 54 groupes ethniques du Vietnam et le 1er janvier 2017, j’ai inauguré le Precious Heritage Art Gallery Museum à Hoi An. Présentant plus de 30 tribus, cet espace culturel en constante évolution expose une série de portraits géants de ces ethnies, les anecdotes de mes rencontres avec chacune d’entre elles et des costumes traditionnels originaux, dont la plupart m’a été offerte par les chefs de village eux-mêmes afin de faire découvrir leur culture, certains de ces costumes étant les derniers.

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PAGE 42 Madam Xong is the 74 year old lady featuring on the cover of my first book Vietnam, Mosaic of Contrasts and later in a different project called Hidden smile. When I captured that portrait of her on her boat, none of us could have imagined that this picture would change both our lives. Appearing in over two hundred published articles worldwide, her face is now the most recognized in Vietnam. This iconic photo is now displayed in the Vietnamese Women’s Museum in Hanoi, symbolising both their strength and kindness despite the hard lives of the women of Vietnam. Madame Xong, du haut de ses 74 ans, fait la couverture de mon premier livre Vietnam, Mosaic of Contrasts, puis elle est apparue dans un autre projet intitulé Hidden Smile. Lorsque j’ai réalisé ce portrait sur son bateau, aucun de nous n’aurait pu imaginer que cette photo allait changer nos vies. Figurant dans plus de 200 articles publiés dans le monde, son visage est devenu l’un des plus emblématiques du pays. Cette photographie iconique est désormais exposée au Musée des femmes du Vietnam à Hanoi, et symbolise la douceur et la force des femmes vietnamiennes en dépit de leur vie parfois difficile.

PAGE 47 I met this man in the Quang Ngai province. He is 93 year old and was still walking like a dandy. I thought he had the face of an artist. PAGE 43 The brothers Chu Van Nhanh (83) and Chu Van Thim (76) are from Tam Coc village, in Ninh Binh, 3 hours south from Hanoi. I met them separately - originally attracted by their beards, a sign of wisdom and long life - before realising their family tie. I took the portrait of Chu Van Thim (right) in 2012. On a trip back in 2014 to give him a copy of Vietnam, Mosaic of Contrasts in which he features, I was accompanied by Talk Vietnam, a popular Vietnamese TV show. That’s when I photographed the brothers together for the first time and this image featured in the National Geographic a week later. Les frères Chu Van Nhanh (83 ans) et Chu Van Thim (76 ans) vivent au Village de Tam Coc, à Ninh Binh situé à trois heures au sud d’Hanoi. Je les avais rencontrés séparément en 2012, attiré par leurs barbes - signes de sagesse et de longue vie au Vietnam -, et avant de découvrir leur lien de parenté. Lors de mon deuxième séjour, en 2014, accompagné par la populaire émission de télé Talk Vietnam, je suis revenu donner une copie du livre Vietnam, Mosaic of Contrasts à Chu Van Thim dans lequel il apparait. C’est à cette occasion que j’ai photographié les frères ensemble pour la première fois. Cette photo a été publiée dans National Geographic une semaine plus tard.

J’ai rencontré cet homme dans la province de Quang Ngai. Avec sa démarche de dandy et ses 93 ans, je lui trouvais une tête d’artiste. PAGES 44-45 These joyful poses came about by accident but rapidly turned into the Hidden Smile Project. It all started with Madam Xong, but hiding the mouth is a natural yet deep rooted way of smiling in Vietnam, as a mixture of simple amusement, modesty and courtesy. A collection of more than a hundred portraits, this series has been published in many media, showcasing my work to an international audience. I titled it Hidden Smile although they are not really hidden and they symbolise “la joie de vivre” of old Vietnamese people. Ces poses joyeuses sont nées par accident mais ont rapidement fait l’objet de la série photographique Hidden Smile Project. Tout a commencé avec Madame Xong. Cacher son sourire est un geste commun et culturellement ancré chez les Vietnamiens, mélange de plaisir, de pudeur et de politesse. Collection de plus de cent portraits, cette série a été publiée dans de nombreux médias faisant connaitre mon travail à l’international. Je l’ai titrée Hidden Smile bien que ces sourires ne soient pas tant cachés et symbolisent la joie de vivre des personnes âgées au Vietnam.

PAGE 48 I named this photo 66 years as a tribute to the long-lasting marriage of Mrs Loi (91) and M. Se (97). They are my neighbors and live in Tra Que, an organic herb village in Hoi An. Theirs is a special love story. Both were arrested twice during both the French and the American wars, but they always found their way back to each other. They still have that sparkle in their eyes when they talk about their love. Following the publication of a first portrait of them, the Vietnamese TV joined the village to film the celebrations of their 66 years anniversary, which was when I took this picture.

J’ai intitulé ce cliché 66 ans en l’honneur de la longévité du mariage de Madame Loi (91 ans) et Monsieur Se (97 ans). Ce sont mes voisins et vivent à Tra Que, un petit village agricole à Hoi An réputé pour la culture des herbes fraîches. Leur histoire d’amour est hors du commun. Ils ont été arrêtés à deux reprises, durant la guerre d’Indochine, puis pendant la Guerre du Vietnam, mais ils se sont retrouvés. Aujourd’hui leurs yeux brillent toujours quand ils évoquent leur amour. Suite à une première photo publiée dans les médias, la télévision vietnamienne est venue dans le village pour suivre les célébrations de leurs 66 ans de mariage. C’est ce jour-là que j’ai pris cette photo.

PAGE 49 91 year old Ly Ca Su is surely the oldest representative of the La Hu tribe. Settled in the far northeastern corner of Vietnam, this ethnic group nowadays only counts at a few thousand members. When I visited them in 2014, I had been caught in an unfortunate road accident that gave me no choice but to leave quickly. The La Hu seemed kind of frightened and were standing all around me which made it hard for me to take pictures. I just had the time to catch this striking face of hers but I feel obsessed since then to go back.


PAGE 53 Indigo is a natural and ancient colour for dying materials such as hemp or cotton. The process, largely used by the northern tribes is long and time consuming. The pigment is produced from the leaves of the indigo plant, and the colour spectrum ranges from turquoise to purple and involves an ancient method that stains the hands of the weaver forever.

Ly Ca Su, 91 ans, est probablement la représentante la plus âgée de l’ethnie La Hu. Cette tribu, installée à l’extrême nord-est du Vietnam ne compte plus que quelques milliers de membres. Je les ai rencontrés en 2014, mais suite à un stupide accident de moto, j’ai dû écourter mon séjour. Les La Hu semblaient effrayés par ma présence, et ils m’entouraient en permanence, rendant la prise de vue assez difficile. Je n’ai eu le temps que de saisir le visage impressionnant de Ly Ca Su et suis depuis obnubilé par y retourner.

PAGE 50 I was visiting a Co Tu Village when I was suddenly caught in heavy rain. So I rushed into the closest house for shelter. This was Gior’s home. She was there, sitting on her hammock with her youthful smile despite her 86 years. She couldn’t speak Vietnamese so her granddaughter helped me to communicate but I remember Gior holding my hands and finding hers warming. Je visitais les Co Tu lorsqu’une pluie diluvienne s’est abattue sur le village. Je me suis précipité dans la maison la plus proche, à la recherche d’un abri. C’était celle de Gior (86 ans). Elle était assise sur son hamac, avec ce doux sourire. Sa petite-fille a fait l’interprète pour nous car Gior ne parle pas vietnamien, mais je me souviens qu’elle a tenu mes mains dans ses mains chaudes durant toute notre conversation.

PAGE 51 I was photographing kids around me when I asked this old lady if I could take a picture of her. She refused and nonchalantly lit her pipe, until I asked her to make more smoke. Surprised and amused, she started laughing when I snapped this moment of complicity. This picture always reminds me of how important it is to make a connection with those you want to photograph. Alors que je prenais en photo des enfants autour de moi, j’ai demandé à cette femme si je pouvais la photographier. Elle a refusé, allumant nonchalamment sa pipe. Je l’ai alors mise au défi de faire plus de fumée, elle a éclaté de rire, et j’ai pu saisir cet instant de complicité. Cette image me rappelle l’importance de créer une connexion avec ceux que je photographie.

PAGE 51 This picture was taken at the colourful Bac Ha Market, in Lao Cai province, on a Sunday morning where dozens of tribes from the surrounding areas come together to enjoy the animation, trade and to eat... Smoking water pipes is a favourite pastime of the men of the north and this guy seemed to truly enjoy his. It was my first photo ever published in National Geographic and was selected as the Editor’s choice. Ce portrait a été pris au marché coloré de Bac Ha, dans la province de Lao Cai, où une dizaine d’ethnies des environs se réunissent tous les dimanches matin pour profiter de l’animation, commercer, manger... Fumer la pipe à eau est un passetemps masculin dans le nord et la délectation de cet homme est palpable. C’est ma première photo publiée dans National Geographic et à avoir reçu le label « choix de l’éditeur ».

PAGE 52 This shabby traditional costume belongs to the Black Lo Lo ethnic group. Settled in villages scattered along the Chinese border, this tribe was counting at as few as 4500 members in the last census dating back from 2009. This picture illustrates the inevitable decline of their ancient traditions and culture, a phenomenon common to most of the ethnic groups of Vietnam.

L’indigo est utilisé pour teindre le chanvre ou le coton depuis des siècles. Ce procédé est largement pratiqué par les ethnies du nord et il est le résultat d’un long et fastidieux enchaînement d’étapes. Le pigment est produit à partir de la feuille d’indigotier et la palette de couleurs varie du turquoise au violacé. Un savoir-faire ancestral qui imprègne à vie les mains de ces femmes.

Ce costume traditionnel élimé appartient à une femme de l’ethnie Lo Lo Noir. Ils vivent dans des villages éparpillés le long de la frontière chinoise et on ne dénombrait que 4500 membres lors du dernier recensement de 2009. Ce cliché illustre le déclin inéluctable de leurs traditions et de leur culture séculaires, un phénomène commun à la plupart des groupes ethniques du Vietnam.

PAGE 54 An Phuoc is a seven year old Cham girl. She is known as the ‘girl with the cat eyes’. Indeed, she is notably different from other girls in her community with her piercing blue eyes that she inherited from her paternal great-grandfather who was French. It is one of my Facebook followers who mentioned An Phuoc to me,


PAGE 55 I visited Tam Nhu twice. The first time, she was so amused by the whole process that she couldn’t stay in one place. I found her village on my way back from a trip in one of the Co Tu areas by complete chance, so when I wanted to visit her a second time, it took me one day to find my way back. I finally arrived there at dawn under a heavy rainstorm.

while I was on my way to meet the Cham people. At first the family wasn’t keen on me taking pictures but by putting aside the camera and just getting to know each other we created a real bond and now we visit each other regularly. She was wearing a green scarf while her sister was wearing the silk blue one on the picture. I asked An Phuoc to borrow it to match the colour of her eyes. I support both of their education through my Giving Back Project (p. 126) An Phuoc’s portrait has been featured in National Geographic, the BBC and the Business Insider, to just name a few. An Phuoc a sept ans et fait partie de la communauté Cham. Elle est connue comme « la fillette aux yeux de chat ». De fait, avec ses yeux perçants d’un bleu incroyable hérités de son arrière-grand-père paternel français, elle ne ressemble à aucune autre petite fille de son village. C’est l’un de mes followers Facebook qui avait mentionné An Phuoc alors que j’allais à la rencontre des Chams. Au départ, la famille n’était pas très encline à être photographiée mais en mettant de côté mon appareil et en apprenant à nous connaître, nous avons créé une véritable amitié et nous nous rendons visite régulièrement. Je finance leur éducation via mon Giving Back Project. J’ai demandé à An Phuoc qui portait un foulard vert d’emprunter celui de sa sœur, le foulard turquoise de la photo auquel ses yeux sont assortis. Ce portrait a été publié dans National Geographic, sur la BBC et le Business Insider, pour ne citer qu’eux.

PAGE 54 This little Flower Hmong girl from Son La province was walking home from school in the warm sunset light. This is another reality of the life of ethnic groups living in remote villages of mountainous areas where kids have to sometimes walk for hours to attend school.

J’ai rencontré Tam Nhu à deux reprises. La première fois, elle était si amusée par la séance photo, qu’il lui était impossible de rester en place. J’ai atteint son village tout à fait par hasard en rentrant d’une visite en territoire Co Tu. Aussi, lorsque j’ai voulu lui rendre visite une seconde fois, il m’a fallu une journée pour retrouver mon chemin. Je suis finalement arrivé à la tombée de la nuit sous une pluie battante.

Cette petite fille Hmong Fleur de la province de Son La rentre chez elle après l’école dans la lumière chatoyante du coucher de soleil. C’est là une autre réalité du quotidien des ethnies qui vivent dans les villages si isolés dans les montagnes que les enfants doivent parfois marcher des heures pour se rendre à l’école.

soutiens financièrement son éducation via mon Giving Back Project (p. 126) et lui rends régulièrement visite. Posant ici avec son grand-père, cette photo symbolise l’importance des liens familiaux au Vietnam où plusieurs générations vivent traditionnellement sous le même toit.

PAGE 56 This portrait was taken in a village near Dien Bien Phu. The shy little Tuyet from the Black Thai was curiously staring at me, here looking for the reassuring presence of her mum.

had changed so much. When I finally got there to offer her parents the book she features in, they were so thrilled that it turned into a happy gathering with their neighbours. It was on my way to visit her, that I met Kim Luan with the elephant. I always think of Karma when remembering these stories. J’ai rencontré Kim Hai pour la première fois en 2011. C’est une de mes rares photos en noir et blanc. 3 ans plus tard, j’ai passé 2 jours à essayer de la retrouver. Personne dans le village ne la reconnaissait tant elle avait changé. Quand j’ai finalement croisé ses parents à qui j’ai offert le livre dans lequel leur fille apparaît, ils étaient tellement heureux que l'événement s’est transformé en joyeux rassemblement avec les voisins. C’est d’ailleurs sur la route du village de Kim Hai que j’ai fait la connaissance de Kim Luan, la petite avec l’éléphant. Je ne peux m’empêcher de penser au karma quand je vois cette photo.

J’ai pris ce portrait de Tuyet dans un village près de Dien Bien Phu.La timide fillette Thai noir me scrutait avec curiosité, recherchant ici la présence rassurante de sa mère.

PAGE 55 Trang belongs to the Co Tu tribe. She features in several of my works (p.60). I support her education through my Giving Back Project (p.126) and visit her regularly. This photo with her grandfather illustrates the importance of family ties in Vietnam where several generations traditionally share the same house. Trang appartient à l’ethnie Co Tu. Elle apparaît dans plusieurs séries photo. Je

PAGE 58 This little girl from the Hmong tribe in Sapa was trying to scare me with her hands covered with indigo powder. She was sneakily playing with it with her sister while the parents were away. PAGE 57 I met Kim Hai for the first time in 2011. This is one of my rare B&W pictures. 3 years later, I spent 2 days trying to find her again. No one in the village could recognise her from my photo because she

Cette petite fille de l’ethnie H’mong à Sapa essayait de me faire peur avec ses mains couvertes d’indigo avec lequel elle jouait avec sa sœur, profitant de l’absence de leurs parents.


couldn’t find her and was asking to people around if they recognise the picture of her. On a last attempt, I luckily bumped into her mum. She is the shyest kid I ever photographed despite that I visit her every year. The mark on her face is pen that she pretended to use as make up.

PAGE 59 I met this venerable Rengao woman in November 2013, in a village near Kon Tum. As often, I was stopping along the road to ask for “old people” when I’ve been told about her. She is 103 years old and she was proud to show me her identity card to prove her venerable age. With her husband, they invited me for a chat around tea.

Sung fait partie de mon projet Giving Back Project. Je l’ai rencontrée dans un village Dao bien qu’elle soit H’mong. J’ai eu du mal à la retrouver lors de ma seconde visite, même en montrant sa photo dans les environs. Dans une ultime tentative, je suis tombé sur sa mère. Sung est la plus timide de toutes les petites filles que j’ai rencontrées bien que je retourne la voir chaque année. Les lignes sur son visage sont faites au stylo, mais elle s’amusait à dire que c’était du maquillage.

J’ai rencontré cette vénérable femme Rengao en novembre 2013, dans un village près de Kon Tum. Je m’arrête souvent sur le bord de la route pour demander si des personnes âgées vivent dans les environs et quelqu’un m’a mené à elle. Elle est âgée de 103 ans et pour le prouver, elle m’a montré, pleine de fierté, sa carte d’identité. Elle m’a ensuite invité à prendre le thé et à discuter avec son mari.

PAGE 61 Sung is part of my Giving Back Project. I met her in a Dao village although she is Hmong. On my second visit, I

Ces photos de Kim Luan symbolisent l’étonnante relation que les M'nông entretiennent avec les éléphants. Pris en 2014, ces clichés ont été publiés dans plus de 40 pays et dans des magazines tels que le Time et National Geographic.

PAGE 65 This picture was taken in Tra Que Vegetable Village in the countryside of Hoi An where more than 40 types of fresh herbs are cultivated in manicured plots with endless shades of green. I shot it with a wide angle by simply bending over the crouching grandma, and I like the symmetry and the composition. Cette photo a été prise au village de Tra Que dans la campagne d’Hoi An où plus d’une quarantaine d’herbes sont cultivées sur des parcelles soignées aux incroyables nuances de verts. J’aime la symétrie et la composition de cette image prise avec un grand angle en me penchant au-dessus de cette grand-mère accroupie.

PAGE 65 I took this picture from the bridge leading to the tiny An Hoi Island, in the centre of Hoi An. The bright green is the result of the morning light on the water of the Thu Bon River. Cette photo est prise du pont qui mène à la petite île d’An Hoi, au cœur de la ville d’Hoi An. Le vert vif provient de la lumière matinale sur les eaux de la rivière Thu Bon.

PAGES 63-64 These photos of Kim Luan symbolize the astonishing relationship between the M'nông tribe and their elephants. Taken in 2014, these shots have been published in more than 40 countries and in media such as Time magazine and National Geographic.

PAGE 66 This picture was taken in my hometown of Hoi An, the Yellow City, and is part of a series that was published by the BBC, Business Insider and Travelive magazine amongst others. With its bright yellow century-old facades whose shades change with the hour of the day, Hoi An is a photographer and architecture lover’s haven. Cette photo de ma ville d’adoption, Hoi An, la ville jaune fait partie d’une série présentée sur la BBC, dans le Business Insider, et Travelive Magazine entre autres. Avec ses façades centenaires d’un jaune profond dont les nuances changent au gré de la luminosité, Hoi An est un paradis pour les photographes et les amoureux d’architecture.

PAGE 67 This shot titled Tradition was taken on the embankment of the Thu Bon River running through Hoi An. It is the cover of my second book Vietnam, mosaic of Contrasts, Volume II. The walls of the ancient merchant houses making a perfect background, you simply have to be patient for the ideal model, like in that case, with that girl dressed with the Ao Dai, quintessence of Vietnamese fashion, delicate and sophisticated. Cette photo intitulée Tradition a été prise depuis les rives de la rivière Thu Bon qui traverse Hoi An. C’est aussi la couverture de mon second livre Vietnam, Mosaic of Contrasts, Volume II. Les murs des anciennes maisons de marchand offrant un cadre pittoresque, il suffit d’attendre le modèle idéal, comme ici, cette femme vêtue de l’Ao Dai, symbole de la mode vietnamienne, à la fois délicat et sophistiqué.

PAGE 68 This picture is the epitome of the working women of Hoi An and it is a true scene of daily life. Walking the slow


paced streets of the Old Town, you come across many of them, carrying heavy loads heading to the market or sometimes making more lucrative sales to tourists on their way. Cette image représente la quintessence de la travailleuse vietnamienne d’Hoi An et une scène habituelle de la vie quotidienne. En flânant dans les rues au rythme lent de la Vieille Ville, vous les voyez s’affairer avec leur lourd chargement, rejoignant le marché, s’arrêtant parfois en chemin pour une transaction plus lucrative auprès des touristes.

PAGE 69 This is one of the only houses that isn’t yellow in Hoi An. I waited there a long while for the resident to come out, a little grandma that I regularly came across. She didn’t that day, but that was probably for the best since I got to photograph this student girl wearing her traditional Ao Ai and conical hat, two symbols of Vietnam.

PAGES 70-71 I was capturing the sunset light over the terraced paddies of Sapa when these four Flower H’mong girls started hanging around me. They were so amused to have their picture taken, and for more than hour we laughed over this joyful improvised shooting. Je photographiais les rizières de Sapa inondées par la lumière dorée du soleil couchant, quand ces quatre fillettes se sont mises à jouer autour de moi. Elles étaient si amusées d’être prises en photo que la séance improvisée a duré plus d’une heure.

C’est l’une des rares maisons qui ne soit pas jaune à Hoi An. J’ai patienté un long moment espérant que sa résidente, une petite grand-mère que je croisais régulièrement veuille bien en sortir. Cela n’a pas été le cas ce jour-là, mais c’est surement pour le mieux car j’ai eu l’opportunité de photographier cette étudiante avec son traditionnel Ao Ai et son chapeau conique, deux symboles du Vietnam. PAGE 72 This mystical yet soothing landscape of the Mekong Delta can be found

in the Tra Su forest. Rowing boat tours are a must to appreciate the unique ambience among those submerged trees but to capture the serenity of this place, nothing equals coming at dawn before the tourist flow arrives.

PAGE 75 This picture has been taken at sunrise on the dunes of Phan Rang, on the south central coast of Vietnam. This is the territory of the Cham people, one of the earliest civilisations of the Indochina Peninsula.

Vous trouverez ce paysage mystique et apaisant de la forêt de Tra Su dans le Delta du Mékong. Faire une promenade en barque est le meilleur moyen d’apprécier la sérénité qui règne au milieu de ces arbres immergés, mais mieux vaut arriver à l’aube, avant le flot de touristes.

Cette photo a été prise au lever de soleil, sur les dunes de Phan Rang, au sud de la côte centrale du Vietnam. On est ici en territoire Cham, l’une des premières civilisations à avoir investi la Péninsule Indochinoise.

PAGE 73 I used a drone to capture this shot over the green waters of the Thu Bon river in Hoi An. It is Madame Xong’s husband napping on the boat that I gave her through my Giving Back Project. J’ai utilisé un drone pour cette photo au-dessus des eaux vertes de la rivière Thu Bon à Hoi An. Il s’agit en fait du mari de Madame Xong, faisant sa sieste sur le bateau que je leur ai offert via le Giving Back Projet.

PAGE 78 The Brau are the second smallest ethnic group of Vietnam with less than 400 members. Living in a single remote village, Dak Me, located in the Central Highlands, it took me a while to reach them. I ended staying two days in the area and one day with the Brau. Once there, it was a striking realisation of the disappearance of their tribal culture. Men left to find work in bigger towns while only old people and kids remain in the village. I also struggled to find this traditional costume, for which they seem to have very little interest and that same way, only three women left have the stretched ears. Les Brau sont le deuxième plus petit groupe ethnique du Vietnam avec moins de 400 représentants. Ils vivent dans un unique village, Dak Me, isolé dans les hauts plateaux du centre. Il m’a fallu du

temps pour les retrouver. Au final, je suis resté deux jours dans les environs et une journée avec eux. Une fois sur place, j’ai constaté avec tristesse la disparition avancée de leur culture tribale. Les hommes sont partis vers les villes en quête de travail et il ne reste dans le village que les personnes âgées et les enfants. J’ai aussi eu beaucoup de mal à trouver ce costume traditionnel, pour lequel ils n’ont visiblement que peu d’intérêt et seules trois femmes portent encore ces stretchs d’oreille.

PAGE 78 Like many ethnic groups from the centre of Vietnam, women were originally only wearing a skirt and no top but would adorn themselves with many jewels, including the impressive ivory ear stretch. I remember seeing that woman on the side of the road while I was riding my motorbike and not stopping, until regretting it few kilometres further. So I did a U turn to meet her and it was a memorable sharing moment. The S’tieng are very welcoming and funny people. Contrary to the manly pastime of waterpipe smoking in the north of Vietnam, smoking small pipes is a female hobby in the central and south provinces of the country. This pipe is displayed in the Precious Heritage Museum in Hoi An. Comme de nombreux groupes ethniques du centre du Vietnam, les femmes S’tieng étaient traditionnellement seins nus,


ne portant qu’une jupe. Elles arborent d’impressionnants bijoux d’ivoire dans le lobe d’oreille et de nombreux colliers. Je me souviens avoir aperçu cette femme au bord de la route alors que j’étais à moto et ne pas m’arrêter ; jusqu’à ce que, quelques kilomètres plus loin, je regrette et décide de faire demi-tour pour aller à sa rencontre. Un moment mémorable. Les S’tieng sont extrêmement accueillants et plein d’humour. Alors qu’au nord du pays, fumer la longue pipe à eau est un passe-temps masculin, les petites pipes relèvent du plaisir quotidien des femmes du centre et du sud du pays. Celle de la photo est exposée au musée Precious Heritage à Hoi An.

PAGE 79 Mr Nam, 87 is the last Co Tu able to make the ancient tree bark costume, a century-old skill he learnt from his dad. Made out of 5 different type of trees, it takes up to a month and a half to fabricate. He offered me the last existing pieces to preserve it in the Precious Heritage Museum. Nowadays the costume has been replaced by woven cotton brocade. M. Nam, 87 ans, est le dernier Co Tu encore capable de fabriquer l’ancien costume en écorce d’arbre, un savoir-faire séculaire hérité de son père. Fabriqué à partir de 5 essences d’arbres, sa fonfection requiert jusqu’à un mois et demi de travail. Il m’a offert la dernière pièce en sa possession afin de l’exposer au Precious

Heritage Museum. Aujourd’hui, l’écorce a été remplacée par du brocart de coton.

PAGE 79 Reaching the Ro Mam was by far the most complex experience. It took me 3 years to get the authorisation from the government to access their remote village located at the Cambodian border area. I know also that this was probably a onetime opportunity. With as little as 444 members remaining, this is the third smallest ethnic group of Vietnam. Their white costume is quite unusual and there are apparently only 12 left which they keep as a precious treasure. I was honoured to be given one of them directly from the chief of the village to represent their culture in the Precious Heritage Museum. Atteindre les Ro Mam a été, de loin, l’expérience la plus complexe. Il m’a fallu attendre 3 ans l’autorisation du gouvernement pour pouvoir me rendre dans leur village isolé, situé à la frontière cambodgienne. C’est une opportunité que probablement, je n’aurai jamais plus. Avec seulement 444 représentants, c’est le troisième plus petit groupe ethnique du Vietnam. Leur costume blanc se distingue des autres vêtements tribaux et, conscients qu’il n’en existe plus que 12, les Ro Mam les conservent précieusement comme de véritables trésors. Cependant, j’ai eu l’honneur d’en recevoir un des mains du

chef du village pour présenter leur culture au Precious Heritage Museum.

PAGE 80 During my fourth visit to the Ba Na in April 2017, I came across this charismatic and very friendly man. Like many Ba Na from the Kon Tum area, he is catholic and wears his cherished traditional costume when he goes to church. Lors de ma quatrième visite chez les Ba Na en avril 2017, j’ai croisé cet homme charismatique et très amical. Comme de nombreux Ba Na de la région de Kon Tum, il est catholique et porte son costume traditionnel - auquel il est très attaché - lorsqu’il se rend à l’église.

PAGE 80 In my search of meeting the 54 ethnic groups of Vietnam, discovering the Dao Man was a true surprise. The reason being that I ignored the existence of this small Dao subgroup! I was exploring the surroundings of Quan Ba, which I did not think was a Dao territory, when I came across a woman wearing a costume I had never seen before. Fascinated, I asked to follow her to her village, I soon discovered that the costume is still commonly worn. I went in search of a model, first a grandma and then her grand-daughter. I asked her to pose in front of her house’s door, thus creating this strong contrast of light. The name “Man” comes from the French. It is very hard to find any information about their group but their sophisticated costume is one of my favourite and I consider myself lucky for having met them. Dans ma recherche des 54 ethnies du Vietnam, découvrir les Dao Man a été une véritable surprise. Pour cause, j’ignorais l’existence même de ce sous-groupe ! Alors que j’explorais les environs de Quan Ba, qui n’était d’ailleurs pas un territoire Dao à ma connaissance, j’ai croisé une femme portant un costume que je n’avais jamais vu auparavant. Fasciné, j’ai demandé à la suivre jusqu’à son village où j’ai réalisé aussitôt stupéfait que tout le monde autour de moi portait l’habit traditionnel. Je suis donc parti en quête d’un modèle, une grand-mère puis sa petite-fille que j’ai faite poser devant la porte de sa maison, créant ce fort contraste de lumière. L’appellation Man est héritée des Français. Il est extrêmement difficile de trouver des informations sur leur groupe mais leur costume sophistiqué est l’un de mes préférés et je m’estime chanceux de les avoir rencontrés.

PAGE 81 I met this warm Red Dao woman in the village of Ta Phin, near Sapa in the north of Vietnam. Their costume is a masterpiece of artisanship with unparalleled embroidery work. She proudly posed in her attire. When I visited her again to give her a copy of that photograph, she was moved to see her portrait and to thank me, she showed me the indigo powder that Dao use to dye the traditional costume. J’ai rencontré cette chaleureuse femme Dao Rouge dans le village de Ta Phin, près de Sapa au nord du Vietnam. Leur costume est un chef d’œuvre d’artisanat à la broderie d’une finesse inégalée et teint à l’indigo. Elle était fière de poser dans son costume. Lorsque je suis retournée la voir pour lui offrir son portrait, elle était émue de se voir et pour me remercier, elle m’a montré la poudre d’indigo servant à la teinture du costume Dao.


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INDIA

INDE

I visited India 4 times, because no country arouses every sense the way India does. It is a unique place where simple daily life is fascinating to witness and where you just have to sit and look around to observe extremes, images rather hard to bear or unbelievably aesthetic. The heavily featured faces and deep intense stares, the combination of bright colours make India one of the most photogenic places in the world and a great school for portrait photographer. Indians are not as open as people in other countries I visited. This is where I learnt how to approach people before portraying them and the importance of creating a rapport with them. I always visit in May which is the hottest season in Rajasthan and Varanasi. I like this time because there are less tourists and I get to wander around the colourful alleys on my own.

J’ai visité l’Inde 4 fois et il me semble qu’aucun autre pays n’éveille les sens autant qu’elle. C’est un endroit unique où la moindre scène de vie quotidienne devient fascinante, où il suffit de s'arrêter un instant et d’observer autour de soi pour découvrir une multitude d’images, tantôt difficiles à supporter tantôt d’un esthétisme envoûtant. Avec cette profusion de couleurs, ces personnes aux visages marqués et aux regards intenses, l’Inde est l’un des pays les plus photogéniques au monde, et une bonne école pour le photographe voulant perfectionner sa technique du portrait. Les Indiens ne s’ouvrent pas aussi facilement que d’autres peuples que j’ai rencontrés, c’est donc là-bas que j’ai appris à approcher les gens avant de les photographier, et compris l’importance de créer un lien avec eux. Chacune de mes visites au Rajasthan et à Varanasi a eu lieu durant le mois de mai. C’est la période la plus chaude de l’année mais cela signifie aussi que je ne croise que peu de touristes et que j’ai le plaisir de déambuler dans les ruelles quasi seul avec les locaux.



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saw a man coming towards me (p.96). Soon I felt someone else coming from behind, a man greeting the one I was photographing. Stepping out of the way I let the man pass by and using a wide angle, managed to catch the golden morning light filtrating through the alley glowing over him.

PAGE 90 This portrait was taken in Varanasi, sitting on the banks of the River Ganges. It is the holiest of the 7 sacred cities of India. I had the privilege to be invited to a house where the Sadhus, from all over the country, gather and where foreigners aren’t usually allowed. Many of these Hindu holy men don’t allow their photos to be taken but I was lucky enough to come away with a photo of this Sadhu.

J’attendais le sujet idéal dans une allée couverte, lorsque j’ai aperçu un homme avancer dans ma direction (p.96). Rapidement, j’ai senti qu’un autre approchait derrière moi. Je me suis alors glissé contre le mur pour le laisser passer alors qu’ils se saluaient. L’objectif grand angle aidant, j’ai pu capturer la lumière dorée du matin filtrant dans la ruelle rayonnant sur sa peau.

J’ai fait ce portrait à Varanasi. Située sur les bords du Gange, elle est la plus sacrée des 7 villes saintes d’Inde. J’ai eu le privilège d’être invité à entrer dans la maison où se réunissent les Sadhus de tout le pays. Les étrangers n’y sont généralement pas autorisés. Si la plupart d’entre eux refusent d’être photographiés, j’ai tout de même pu saisir le portrait de cet homme.

PAGE 91 I was standing in a covered alleyway waiting for the right subject, when I

PAGE 95 This is another Sadhu, recognisable by his orange clothes. I remember being intrigued and fascinated by that man who was moving very slow, obviously lost in his thoughts.

PAGE 94 Smell is definitely one of the senses that is permanently stimulated in India. This man was a spice trader from the street of Varanasi. Looking at his features I couldn’t help but wonder what he’s experienced in his lifetime. PAGES 92-93 I came across these striking faces in the street maze of Varanasi. Being a holy city, it has a very unique atmosphere and you see, everywhere, Sadhus - those aesthetes who, for the sake of “the enlightenment”, chose to live apart from society. Eyes are the windows of the soul and these expressive looks take on another dimension in these men who renounce everything to focus on spirituality. J’ai croisé ces visages saisissants dans le labyrinthe des ruelles de Varanasi. Ville sainte, elle dégage une atmosphère singulière notamment liée à l’omniprésence

La photo de ces deux religieux plaisantant entre deux prières est titrée Conversation au temple. Prise en 2014 à Jaipur, capitale du Rajasthan, elle a été publiée dans National Geographic américain et utilisée dans l’une de leurs brochures.

des Sadhus, ces ascètes qui vivent coupés de la société pour atteindre « l’illumination ». Des yeux, on dit souvent qu’ils sont le miroir de l’âme, et ces expressions prennent une autre dimension chez ces hommes qui ont renoncé à tout pour se consacrer à la spiritualité.

Il s’agit d’un autre Sadhu, reconnaissable à sa tenue orange. Je me souviens avoir été intrigué et fasciné par la lenteur avec laquelle il se déplaçait, visiblement absorbé par ses pensées.

En Inde, l’odorat est constamment stimulé. Cet homme était un marchand d’épices des rues de Varanasi. Face à ses traits burinés, je ne peux que m’interroger sur les expériences qui ont jalonné sa vie.

PAGE 97 This photo of two holy men exchanging pleasantries between prayers is titled Temple Talk. Shot in Jaipur, the capital city of Rajasthan, it has been featured in National Geographic and later used in one of the magazine’s brochures.

PAGE 98 In Rajasthan, men grow their moustaches with pride. I captured this portrait while the man was actually getting ready to pose. It is often during the preparation process or after posing that I find the pictures to be the most interesting, revealing for a brief moment the intimacy of the model in relation to his appearance. He was photographed in Jaisalmer, the Golden City that rises dramatically out of the Thar Desert and this photo was also published in National Geographic. Au Rajasthan, se faire pousser la moustache est source de fierté. J’ai saisi ce portrait alors que l’homme s’installait. C’est souvent durant cette phase préparatoire ou après avoir posé, que les photos me paraissent les plus intéressantes, révélant un court instant l’intimité des modèles et leur rapport à leur apparence. Cette photo, prise à Jaisalmer, la Cité d’Or se dressant au milieu du désert du Thar a également été publiée dans National Geographic.


PAGE 100 The profusion of colourful women’s dresses is one reason why India is so photogenic, and observing the ballet of the saris floating in the alleyways of Rajasthan cities is a vision within itself. Saris are probably amongst the oldest pieces of clothing still commonly worn in everyday life. Indeed, this fashion piece is thousands of years old and worn throughout the country. However depending on the area, the way the sari is wrapped differs. La profusion de couleurs des vêtements féminins est une raison évidente pour laquelle l’Inde est si photogénique, et le ballet des saris flottant dans les ruelles du Rajasthan est une vision en soi. La création du sari remonte à plus de 2000 ans. C’est probablement le vêtement le plus ancien qui soit aussi couramment porté aujourd’hui. Seule la façon dont il est drapé varie en fonction de la zone géographique.

PAGE 102 I met Arzu, a ten year old girl, while she was doing magic tricks for a living in the streets of Jaipur. Of course her piercing green eyes coupled with the backdrop of her black scarf is what dragged me to her. It is the intensity of her stare that makes the picture whole.

PAGE 107 I titled this picture “Hope” because this is exactly what I feel facing with this baby staring into the unknown with his caring mother’s hand protecting him, reinforced with the warm tones of the picture. This photo was featured in National Geographic.

J’ai rencontré Arzu, cette fillette de 10 ans, alors qu’elle gagnait sa vie en faisant des tours de magie dans les rues de Jaipur. Ce sont évidemment ses yeux verts contrastant avec son foulard noir qui m’ont attiré vers elle, mais c’est l’intensité de son regard qui offre sa pleine puissance à cette photo.

J’ai intitulé cette photo « Espoir » car c’est exactement le sentiment que je ressens face à cet enfant au regard innocent et à la main protectrice de sa mère, une bienveillance renforcée par les tons chauds de la photo. Cette photo est parue dans National Geographic.

PAGE 105 This little girl’s name is Kushi which means “Happiness”. She was playing in the golden wheat fields with friends when I photographed her. After the photo, her family kindly invited me to share their lunch, a great opportunity to be immersed in India’s daily life. Cette fillette s’appelle Kushi, son nom signifie « bonheur ». Elle jouait avec ses amis dans les champs de blé doré quand je l’ai photographiée. Juste après, ses parents m’ont invité à partager leur déjeuner, une merveilleuse immersion dans leur vie quotidienne.

PAGE 106 These kids belong to a gypsy group I came across in Jaipur. Like all gypsies around the world, they are linguistically linked, all the variation belonging to the North Indo-Aryan language family. They still live a nomadic or semi nomadic lifestyle which somehow isolates them from the other communities. Ces enfants appartiennent à un groupe de Gitans croisés à Jaipur. Comme tous les Gitans du monde, ils sont liés par le langage dont l’ensemble des variations appartient à la famille des langues indo-aryennes. Leur mode de vie nomade ou semi-nomade les isole, d’une certaine manière, des autres communautés qui les entourent.

PAGE 108 Centuries-old paved streets of Rajasthan with their bright yet faded coloured walls make for a vivid background. With a bit of patience and luck, you might just witness a precious scene of daily life such as these two brothers teasing. Les ruelles centenaires du Rajasthan bordées de murs aux couleurs vives offrent un cadre pittoresque aux photos. Avec de la patience et un peu de chance, vous serez peut-être témoin d’une joyeuse scène de vie comme celle de ces deux frères.

PAGE 109 The heavy humidity in the annual monsoon season colours the building facades with an incredible palette bringing an old charm to even the simplest house. Wandering the streets of Varanasi, I was attracted by this crumbling, pink wall so I waited for a moment, until this Sadhu with his few possessions passed by. Les moussons annuelles du Rajasthan délavent les façades d’une incroyable palette de couleurs, donnant un charme pittoresque à la plus simple des maisons. Alors que je déambulais dans les rues de Varanasi, j’ai été attiré par ce mur au dégradé de rose. Je me suis reposé en face pendant un petit moment, jusqu’à ce que ce Sadhu portant ces maigres possessions passe par là.


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MALAYSIA

MALAISIE

Malaysia came as an unplanned journey in 2015, after a Malaysian customer showed some pictures of her home country. A few weeks later, I was there, determined to meet the Malaysian Bajau people, a tribe also known as the “sea gypsies”. The Sama-Bajau refers to several groups living on the coast of Southeast Asian countries including Philippines, Indonesia and Brunei besides Malaysia. They live a seaborne life, using small handmade wooden crafts as transport, spending more time on the water than any other known tribe around the world. This series was published in the National Geographic magazine, as well as in Business Insider amongst others.

Mon voyage en Malaisie en février 2015 était tout à fait imprévu. C’est après que l’un de mes clients m’a montré des photos de son pays que j’ai décidé d’aller, quelques semaines plus tard, à la rencontre des Bajau de Malaisie, ceux que l’on surnomme « Les Gitans des mers ». Les Sama-Bajau sont liés à un groupe ethnique vivant sur les côtes de différents pays d’Asie du sud-est dont les Philippines, l’Indonésie, Brunei et la Malaisie. Véritable peuple de la mer, leur vie est intimement liée à l’océan. Ils se déplacent grâce à de petites pirogues et passent plus de temps sur l’eau que n’importe quelle autre tribu au monde. Cette série photographique a été publiée par National Geographic et Business Insider, pour ne citer qu’eux.



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de saisir cet instant intime de la vie quotidienne et je ne peux m’empêcher de me demander à quoi il pensait en observant mon visage peu familier.

PAGE 114 Kids, wherever I travel, are an unlimited source of energy and inspiration. The Bajau kids were particularly approachable despite having not seen many foreigners before. This photo is a perfect illustration of how friendly and amused by the whole photo process they were. Où que je voyage, les enfants sont une source d’énergie et d’inspiration illimitée. J’ai trouvé les Bajau particulièrement ouverts bien qu’ils ne croisent que rarement des étrangers. Cette photo est pour moi l’illustration parfaite de leur gentillesse et du plaisir qu’ils ont pris à cette séance photo impromptue.

PAGES 116-117 The Bajau people live on stilt houses and spend most of their time above, in or on the water. So to protect their skin from the sun reflecting of the water, they cover their face with borak, a natural paste made out of water weeds or rice and turmeric powder. Les Bajau vivent dans des maisons sur pilotis et passent le plus clair de leur temps au-dessus, sur ou dans l’eau. Pour protéger leur peau du soleil, ils couvrent leur visage de borak, une pâte à base d'algues, de riz et d’épices à l’instar du curcuma.

PAGE 115 This photo was taken in Mabul Island, off the Sabah Coast. In the last census, this small island counted 2 000 inhabitants, half of them being under 14 years old. I got to capture this intimate moment of life and I wonder what he was thinking seeing an unfamiliar face. Cette photo a été prise sur l’île de Mabul, au large de la côte de Sabah. Lors du dernier recensement, cette petite île comptait 2 000 habitants, la moitié d’entre eux avaient moins de 14 ans. J’ai eu la chance

PAGE 118 Although the islands have become popular spots for diving, very few people actually visit and travel the surrounding areas. The Bajau being cheerful and welcoming people, the kids are no exception, so when they saw me, they jumped on that boat and rushed towards me, obviously curious and excited to meet a foreigner.

PAGE 122 One of the difficulties of taking pictures of the Bajau and their islands, is the rapidly changing perspective of moving subjects or being fixed in one place. Most of the pictures had to be taken from moving boats, or in this case from a pontoon erected on the water. This photo, taken from above, shows the simplicity of their rafts carved from solid tree trunks.

Bien que les îles soient désormais un spot de plongée populaire, peu de gens s’aventurent à visiter les environs. Les Bajau sont accueillants et amicaux, et les enfants ne font pas exception. A l’instant même où ils m’ont aperçu, ils ont sauté dans cette barque et se sont rués vers moi, incapables de contenir leur curiosité et la joie de rencontrer quelqu’un de différent.

La plus grande difficulté pour photographier les Bajau et leur environnement tient au changement rapide des perspectives et au mouvement des sujets. De fait, la plupart du temps, les photos doivent être prises depuis un bateau, ou parfois depuis les pontons qu’ils érigent au-dessus de l’eau, comme sur cette photo, dont la perspective plongeante révèle la simplicité de leurs embarcations, sommairement creusées dans des troncs.

PAGE 119 I entitled this picture “Floating”. I have never seen a lagoon water so clear that it creates an optical illusion. This little girl demonstrates this symbiosis with her environment, only 3 years old, she is already getting around on water on her own. J’ai titré cette photo « Floating ». Je n’ai jamais vu une eau si claire qu’elle crée une illusion d’optique comme dans ces lagons. Pour moi, cette fillette illustre la symbiose entre les Bajau et l’océan. A à peine 3 ans, elle navigue déjà seule.

PAGE 120 Daily life amusement for the children of Maiga Island Les joies quotidiennes des enfants de l’île de Maiga.

PAGE 121 Nicknamed “nomads of the seas”, the Bajau live from fishing. Their nomadic lifestyle has evolved towards a more settled life, but they still inhabit houses on stilts over the water. Here is the big sister leading the craft back home. Surnommés les « nomades des mers », les Bajau vivent de la pêche. Leur style de vie nomade évolue peu à peu vers un quotidien plus sédentarisé, investissant des maisons, mais sur pilotis et toujours au-dessus de la mer. Ici, la grande sœur ramène la troupe à la maison.

PAGE 123 When they settle on land, the Bajau conditions of living remain really basic, like here on the tiny island of Tobbalanos that only counts eleven houses and two trees! That picture depicts the little natural resources they can rely on other than the sea products. Lorsque les Bajau se sédentarisent, leurs conditions de vie restent rudimentaires, comme ici sur la petite île de Tobbalanos qui ne compte que onze maisons et deux arbres ! Cette photo illustre le peu de ressources naturelles sur lesquelles ils peuvent compter hormis les produits de la mer.



BEHIND THE SCENES

EN COULISSES

If a piece of art can reveal the engagement of the author for his art, the different stages required by the creation of the piece, from the idea till the presentation to the public, are rarely visible.

Si une oeuvre peut révéler l’engagement de l’auteur pour son art, les étapes nécessaires à la création de cette oeuvre, depuis l’idée jusqu’à la présentation au public, sont rarement visibles.

Being a photographer implies constantly experimenting, both physically and emotionally. To reach the most remote places, I endured long journeys, often uncomfortable. We forget the fatigue but not the heat, and I remember wandering the street of Varanasi under 45°, crossing rivers and riding soggy tracks for hours to reach isolated villages in Vietnam. It is also being able to cope with unpredictable situations, like not finding any boat willing to drop me on the islands of the Bajau, in Malaysia, getting lost for hours on mountain roads while looking

for an ethnic village that has been displaced or having to deal with the moto breaking down in an isolated area. These experiences can lead to frustration, which instantly disolves as soon as I meet someone new. The core of my philosophy as a photographer has always been to take my time with people, to get to know them, and create the complicity that I nurture when visiting them several times. After all, if these journeys are exhausting, they not only allow me to discover myself but they also to fuel my need to meet people, to discover new cultures and promote diversity. Way beyond the techniques that I employ in my photographs, the challenge is to convey the indescribable emotion I feel in each encounter.

Etre photographe c’est expérimenter constamment, à la fois physiquement et émotionnellement. Pour atteindre les endroits les plus reculés, j’ai enduré de longs périples, souvent inconfortables. On oublie la fatigue mais pas la chaleur, et je me souviens marcher dans les rues de Varanasi par 45°, devoir traverser des rivières et emprunter des pistes détrempées pendant des heures pour atteindre des villages isolés du Vietnam. C’est aussi savoir s’adapter à l’imprévu, comme ne pas trouver de bateau pour re-

joindre les îles des Bajau de Malaisie, me perdre des heures dans les montagnes, à la recherche d’un village ethnique qui a été déplacé ou devoir gérer une panne de moto dans un endroit isolé...Ces expériences peuvent engendrer de la frustration, mais elle s’évanouit instantanément dès lors que je fais une nouvelle rencontre. Ma philosophie en tant que photographe a toujours été la même. Prendre mon temps avec les gens, apprendre à les connaître et créer cette complicité que je cherche à entretenir en retournant les voir, parfois à plusieurs reprises. Car si ces voyages sont éprouvants physiquement, ils me permettent non seulement d’apprendre à mieux me connaître mais surtout d’assouvir mon besoin d’aller vers les gens, de découvrir leur culture et de valoriser cette diversité.

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I carry with me many happy memories, moments spent smoking the cigar in the streets of Cuba, chatting about life and the world with these strangers that are suddenly not strangers anymore after sharing these moments of complicity, or smoking pipe with vietnamese grandmas from the Highlands. They have a very sweet sense of humour and they always try to give me more comfort. So every time, I answer “khong sao” (no problem) they are so amused by my way of speaking Vietnamese, they usually give an infectious laugh. Their reaction when they see themselves on the camera, often for the first time and that they don’t even recognize their own face is worth all the efforts it took to find them.

Witnessing the generosity of people, everywhere I go, is another privilege of my work. I think of all these meals that I have been offered, sometimes by people with very modest income, of those who helped me when I was lost, or during my recent accident. Or like that time in the Mekong Delta, in Vietnam, when a family lent me a bike for me to finish my day while my bike was getting repaired. I feel lucky to experience the natural kindness of people and for all those reasons, it was obvious to me to develop a project like the Giving Back and more simply dedicate this book to them.

Bien au delà la technique, ce que je cherche à atteindre dans mon travail, c’est de transmettre l’indescriptible émotion que je ressens à chacune de ces rencontres. Je porte en moi une multitude de souvenirs joyeux, de moments passés à fumer le cigare dans les rues de Cuba à refaire le monde avec des inconnus plus si étrangers après ces moments de partage ou fumer la pipe avec les grand-mères vietnamiennes dans les hauts plateaux Les mamies Vietnamiennes, à l’humour tendre, cherchent toujours à m’offrir plus de confort, et à chaque fois je leur réponds “khong sao” (pas de problème). Amusées par mon vietnamien, elles sont généralement prises d’un fou-rire communicatif. Leur réaction lorsqu’elles se voient en pho-

to, souvent pour la première fois, et qu’elles ne se reconnaissent pas, vaut bien tous ces efforts concédés à les retrouver. C’est aussi d’être témoin de la générosité des gens, partout où je suis allé, qui fait la beauté de mon métier ; comme tous ces repas offerts et partagés avec ces personnes aux revenus pourtant modestes, à ceux qui me sont venus en aide quand j’étais perdu, où lors de mon récent accident. Comme cette fois dans le delta du Mékong où des gens m’ont prêté leur moto le temps que la mienne soit réparée pour que je puisse finir ma journée. Je me sens extrêmement privilégié de voir la bonté naturelle des gens, et pour toutes ces raisons, il me semblait évident de développer le projet Giving Back et plus simplement de leur dédier ce livre.


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BUYING PHOTOGRAPHY Every photograph by Réhahn can be purchased. They are available in various sizes and finishes. The formats 40x60cm, 60x90cm and 100x150cm are available in Réhahn’s galleries, in his museum and online. Up to 40x60 cm, the photographs are printed on Fujifilm Mat paper. For the finest result, the bigger size photographs are printed on KODAK PROFESSIONAL ENDURA Premier Metallic Paper. Manufactured in France, the KODAK ENDURA Premier Metallic Paper is a technological breakthrough, allowing larger colour gamut and greater contrasts. The glossy and metallic aspect allows razor sharp contours and a greater depth to the photography. These prints comes with a lifetime warranty. FINE ART PHOTOGRAPHY With the label Fine Art Photography comes exclusivity. The 40x60cm prints are limited to 100 copies. For the 60x90cm and 100x150cm, only 15 copies are on sale making it a “Limited Edition” piece. Several of his most iconic photographs are printed with as few as 3 copies. FINE ART PRINT Up to 100 copies of a photograph, we refer to it as a reproduction. Up to 30 copies, it is considered as “fine art print”. FINE ART PRINT: THE CRITERIA Different criteria defines a Fine Art print, among them: - general recognition of the photograph, through publication in well-known magazines or channels, - being part of a national museum, cultural centre or a gallery collection. - being awarded - being the cover of a book, - being presented at an auction.

PHOTO MARKET RANKING The less copies are on sale, the higher the price of the photograph gets. After the sale of the 4th copy of a photo from the Limited Edition collection, the price of the remaining prints increases by 30%. That is how the price of several of the best-selling prints raised from 950$ to 4000$ within a year. Once the last copy sold, the print can only be purchased from previous buyers. CERTIFICATE OF AUTHENTICITY The 40x60cm prints are delivered with a Certificate of Authenticity signed and numbered. It comes with a lifetime guarantee. The 60x90 cm and 100x150cm sizes come with a Certificate of Authenticity signed and numbered, as well as with a map of the world to know where the other copies of your photograph are. The buyer will also receive updates every time his photograph is published in a prestigious magazine as well as when the last copy is sold in the event he would like to resell hiss at a price of his own choosing. For all sizes, the shipping is free worldwide (in a waterproof tube). BEING PART OF THE PRECIOUS HERITAGE ART GALLERY MUSEUM Unveiled on the 1st of January 2017, the Precious Heritage Art Gallery Museum is a 100% self-funded project. It was made possible thanks to the sale of photographs. By buying a book or a print, you directly contribute to the existence of this museum and participate in the preservation of the ethnic cultures of Vietnam.

ACHETER UNE PHOTOGRAPHIE Toutes les photographies de Réhahn sont en vente dans des formats et avec des finitions variables. Les formats 40x60cm, 60x90cm et 100x150cm sont disponibles dans ses galeries, son musée et sa boutique en ligne. Les formats 40x60cm sont imprimés sur du papier Fujifilm Mat. Pour un résultat de très haute qualité, les photos aux formats supérieurs sont quant à elles tirées sur du papier KODAK PROFESSIONAL ENDURA Premier Metallic. Fabriqué en France, le papier KODAK ENDURA Premier Metallic est à la pointe de la technologie en matière d’impression photographique. Il offre une palette de couleurs infinie et des contrastes plus marqués. Le fini brillant et métallisé renforce les contours et offre à la photographie, une profondeur inégalée. Ces tirages sont accompagnés d’une garantie à vie. PHOTOGRAPHIE D’ART L’appellation Photographie ou Tirage d’Art est synonyme de rareté. Les formats 40x60cm sont tirés à 100 exemplaires. Les formats 60x90cm et 100x150cm sont tirés à 15 copies et détiennent le label “Édition Limitée”. Certaines des photos les plus iconiques de Réhahn sont limitées à 3 tirages d’art seulement. APPELLATION Jusqu’à 100 copies d’une photographie, on parle de reproduction. Un tirage limité à 30 copies est considéré comme un « tirage d’art ». TIRAGE D’ART : LES CRITÈRES Il existe différents critères pour considérer une photo comme un tirage d’art ou une photographie d’art dont : - la reconnaissance générale de l’image grâce à sa publication dans des médias renommés (presse, télévision), - faire partie de la collection d’un musée national, d’un centre culturel ou d’une galerie d’art, - avoir reçu une distinction, - faire la couverture d’un ouvrage, - être présenté aux enchères.

LA CÔTE DE LA PHOTOGRAPHIE Moins il y a de copies en vente, plus la côte de la photographie augmente. Après la vente du 4ème tirage d’une photographie en Édition Limitée, le prix des tirages restants à la vente augmente de 30%. Cela explique l’évolution du prix de certaines photos les plus populaires, passées de 950$ à 4500$ en un an. Une fois la dernière copie vendue, la photographie n’est achetable qu’auprès des propriétaires des autres exemplaires. CERTIFICATS D’AUTHENTICITÉ Les tirages au format 40x60 cm sont délivrés avec un Certificat d’Authenticité numéroté et signé et accompagnés d’une garantie à vie. Les formats 60x90cm et 100x150 cm sont livrés avec un Certificat d’Authenticité numéroté et signé, ainsi qu’une carte du monde indiquant où se trouvent les autres copies de la photo. Par ailleurs, l’acquéreur reçoit un message dès que sa photo est publiée dans un magazine prestigieux et quand la dernière copie est vendue, dans le cas où il souhaiterait revendre son exemplaire. Pour tous les tirages, l’envoi est gratuit partout dans le monde (tube rigide imperméable). SOUTENIR LE PRECIOUS HERITAGE ART GALLERY MUSEUM Inauguré le 1er janvier 2017, le Precious Heritage Art Gallery Museum est un projet à 100% autofinancé, notamment grâce à la vente de photographies. En achetant un livre ou un tirage de Réhahn, vous contribuez directement à l’existence du musée Precious Heritage et participez à la préservation des cultures ethniques du Vietnam.

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GIVING BACK PROJECT

GIVING BACK PROJECT

THE PHILOSOPHY…

LA PHILOSOPHIE...

“Karma – The sum of a person’s actions in this and in previous states of existence…Viewed as deciding their fate in future existences.” In other words: “what goes around comes around” – Going full circle. This word and its meaning, carry special weight in my journey as a photographer.This process is both a physical and spiritual journey and I am yearning for capturing not only the emotions reflected in the eyes but also the cultural story beyond the lines of the face. Once the photo is framed and displayed in the gallery, my journey still doesn’t feel complete until I retrace my steps back to the village, find the person featured in the photo and try to give back to those who have influenced my work by enhancing the

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quality of their lives the way I can. And in so doing, closing the circle of karma. This idea of ‘giving back’ has turned into my philosophy.

THE ORIGIN… It all started with Mrs. Xong, the 74 year old lady featuring on the cover of my first book, “Vietnam, Mosaic of Contrasts” and later in a different project called “Hidden smile”. Following that portrait, Madam Xong has appeared in more than two hundred articles worldwide. Her face is today the most recognized in Vietnam and this iconic photo is now displayed in The Vietnamese Women’s Museum, in Hanoi, symbolising the strength and the kindness despite the hard lives of the women of this country.

“Le karma – la somme des actions d’une personne dans cette vie et ses vies antérieures… perçu comme un élément déterminant du destin de ses existences à venir.” Autrement dit : « la roue tourne » – ou boucler la boucle. Ce principe et ce qu’il représente a un sens tout particulier dans mon parcours de photographe. Ce processus est à la fois physique et spirituel et j’essaye, dans mes photos, non seulement de saisir l’émotion transmise dans ces regards, mais aussi de raconter l’histoire culturelle qui s’y cache. Une fois la photo encadrée et exposée à la galerie, mon travail ne me paraît pas tout à fait complet jusqu’à ce que je retrace mes pas dans ces villages, que je retrouve les modèles des photos et que je puisse donner à mon tour à ceux qui ont influencé mon travail, en améliorant leur qualité de vie.

De cette manière, je referme le cercle du karma. Cette idée du Giving Back est devenue pour moi une véritable philosophie.

L’ORIGINE… Tout a commencé avec Madame Xong, âgée de 74 ans, qui a fait la couverture de mon premier livre “Vietnam, Mosaic of Contrasts”, et qui figura ensuite dans la collection “Hidden Smile” (Sourire Caché). A la suite de cette photo, Madame Xong est apparue dans plus de 200 articles dans le monde. Son visage est l’un des plus reconnus au Vietnam. Cette photo iconique est désormais exposée au Musée des femmes du Vietnam, à Hanoi et symbolise la douceur et la force des femmes vietnamiennes en dépit de leur vie parfois difficile.




I met her while I was walking along the riverside in Hoi An, and I was instinctively drawn to her, I hopped onto her boat. At that point, neither of us realized that this photo would change both our lives. So I wanted to make something for Madame Xong, the same way she offered me this unique opportunity to portrait her. When I asked what she was wishing the most, she humbly replied that she dreamt of having a new boat she could be proud of, one that tourists would be happy to be on. The ‘Giving Back Project’ was born. So six months after publishing my book, I offered Madame Xong her very own new boat. Since then, I have tried to keep this approach with everyone that had an impact on my photographic journey. Like An Phuoc, the little Cham girl with the deep blue eyes for instance. We created such a bond with her family, that we’ve met several times, be-

coming friends. I invited them twice in my house in Hoi An and they even came for the opening of the museum! I now support her schooling and her sister’s. The photos of Kim Luan, the M'nông girl praying to an elephant have made the cover of prestigious magazines such as Conde Nast Traveler. To that very same question I asked to Madame Xong in the first place, the people I meet and their families always remind me of the priorities in life. And to our materialistic matter, they always answer with simple yet meaningful things. That is why I bought a cow and a calf for Kim Luan’s parents, a gift that was an occasion for the whole village to celebrate. There are more of these stories and many more to come. Indeed, I truly believe that both the subject and the photographer benefit from this ‘conscious photography’ which I hope could turn into a movement.

Je l’ai rencontrée alors que je flânais sur les quais le long de la rivière et, instinctivement attiré vers elle, je suis monté sur son bateau. A cet instant, aucun de nous n’aurait pu imaginer que cette photo allait changer nos vies. Je souhaitais faire quelque chose pour elle de la même manière qu’elle m’avait offert cette opportunité de la photographier. Lorsque je lui ai demandé quel était son rêve le plus cher, elle m’a modestement répondu qu’elle voulait un nouveau bateau, dont elle puisse être fière quand elle promène les touristes. Le projet « Giving Back » était né. sixmois après la publication de mon livre, j’ai offert à Madame Xong son nouveau bateau. Depuis cette rencontre, j’essaye de garder cette même approche avec toutes les personnes qui ont eu un impact dans ma carrière de photographe. Comme avec An Phuoc, la fillette Cham aux yeux bleus perçants. Nous sommes devenus si proche avec sa famille que nous nous rendons visite régulièrement. Ils sont venus deux

fois chez moi, à Hoi An et même pour l’inauguration du musée. Je finance désormais son éducation et celle de sa sœur. Les photos de Kim Luan, la petite M’nông priant face à un éléphant a fait la couverture de prestigieux magazines tels le Conde Nast Traveler. A cette même question que j’avais posé à Madame Xong sur ce qu’elle désirait le plus au monde, les personnes que je rencontre, leur famille, tous me rappellent les vraies priorités de la vie. Face à nos considérations matérialistes, ils aspirent à chaque fois à des choses simples et surtout utiles. A leur demande, j’ai donc acheté une vache et un veau aux parents de Kim Luan, un cadeau qui fut l’occasion d’une grande fête de village. Je ne cite que ces histoires, mais il en existe bien d’autres et d’autres sont à venir. En effet, je crois sincèrement qu’à la fois le sujet et le photographe bénéficient de cette photographie consciente, et j’espère que cela pourra évoluer en un véritable mouvement.

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BOOKS

LIVRES

VIETNAM, MOSAIC OF CONTRASTS, VOLUME I

VIETNAM, MOSAIC OF CONTRASTS, VOLUME I

Released on January 2014 Coffee table book (2.3kg, 28x33cm)

Paru en janvier 2014 Coffee table book (2.3kg, 28x33cm)

Vietnam, Mosaic of Contrasts, Volume I is a compilation of 145 photos. This diary of my journey in my new homeland, Vietnam, presents its people, culture and lifestyle. I share what I have encountered and learned throughout my first 3 years travelling in this country and show something beyond what is usually seen in Vietnam..

Vietnam, Mosaic of Contrasts, Volume I est une compilation de 145 photos. Ce carnet de voyage de mon pays d’adoption, le Vietnam, donne à voir ses habitants, sa culture et la vie quotidienne. J’y partage ce que j’ai découvert lors de mes trois premières années à sillonner le pays et dévoile une facette du Vietnam au-delà de ce qu’on a l’habitude de voir.

VIETNAM, MOSAIC OF CONTRASTS, VOLUME II

VIETNAM, MOSAIC OF CONTRASTS, VOLUME II

Released on November 2015 Coffee table book (2.3kg, 28x33cm)

Paru en novembre 2015 Coffee table book (2.3kg, 28x33cm)

Vietnam, Mosaic of Contrasts, Volume II is the second anthology of photographs of Vietnam with 145 new images. It is again a visual tribute to the people, young and old, the exquisite landscape and the diversity of cultures in Vietnam. This book takes you mainly to the north of Vietnam; an area which is notorious for its rough terrain but famous for its rich concentration of ethnic groups. This book represents the real Vietnam; one that blends modesty, humour, childhood, old age and happiness.

Vietnam, Mosaic of Contrasts, Volume II est la deuxième anthologie du Vietnam, avec 145 nouvelles photos, en hommage au peuple Vietnamien, aux enfants comme aux personnes âgées, aux sublimes paysages et à la diversité culturelle du pays. Ce livre vous emmène principalement dans le nord, un territoire connu pour son terrain difficilement accessible et surtout pour la riche concentration de groupes ethniques. Il représente le Vietnam authentique, ce mélange de modestie, d’humour, de joie à tous les âges.



HỘI LUẬT GIA VIỆT NAM NHÀ XUẤT BẢN HỒNG ĐỨC Địa chỉ: 65.Tràng Thi - Quận Hoàn Kiếm - Hà Nội Điện thoại: 04.3 9260024 Chịu trách nhiệm xuất bản Giám đốc BÙI VIỆT BẮC Chịu trách nhiệm nội dung Tổng biên tập LÝ BÁ TOÀN Biên tập: Nguyễn Thế Vinh Tác giả Réhahn Thiết kế: Artur J .Heller Trình bày nội dung: Tydé (Thierry DESBONNETS) In 2000 .cuốn, khổ 33x28cm Tạị Công Ty TNHH in và DV Thương mại Phú Thịnh Địa chỉ: Lô B2-5 khu công nghiệp Nam Thăng Long- Từ Liêm- Hà Nội Số ĐKKHXB: 2866-2015/CXBIPH/29-66/HĐ. Số QĐXB của NXB:2310-2015/QĐ-NXBHĐ ngày 8 tháng 10 năm 2015 In xong và nộp chiểu năm 2015 ISBN: 000-000-00-0000-0 All rights reserved. No part of this book may be reproduced in any form or by any electronic or mechanical means, including information storage and retrieval systems, without permission in writing from the Photographer, except by a reviewer who may quote brief passages in a review. Photography © Réhahn Translation from French to English Aiesha Bonneau Design and DTP Artur J. Heller and Anetta G. Heller Camerapixo Photography Magazine Camerapixo.com



Internationally known as one of the best travel portrait photographers, Réhahn is often described by the press as the one “who captures the soul of the people”. “The Collection”, anthology of 10 years of career gathers a selection of photos taken in Cuba, in India, in Malaysia and in Vietnam featured in his galleries and his museum, his most iconic photographs as well as his personal favourite. Reconnu internationalement comme l’un des meilleurs photographes de portrait de voyage, Réhahn est souvent décrit par la presse comme celui « qui capture l’âme des gens. « The Collection », anthologie de 10 ans de carrière, rassemble une sélection de photographies de Cuba, d’Inde, de Malaisie et du Vietnam visibles dans ses galeries et dans son musée, ses clichés les plus iconiques ainsi que ses photos préférées. FOLLOW THE DAILY PHOTOS OF RÉHAHN ON FACEBOOK

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ISBN 978-000-000-000-0

All rights reserved. No part of this book may be reproduced in any form or by any electronic or mechanical means, including information storage and retrieval systems, without permission in writing from the Photographer, except by a reviewer who may quote brief passages in a review.

www.rehahnphotographer.com

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