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4. Les effets de la nationalisation du sol

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tact avec les travailleurs d'autres industries et d'autres pays, se figent facilement dans l'observance de procédés désuets. Trop souvent aussi, l'occasion manque, à la campagne, d'écouler les produits. Cet écoulement est incomparablement plus facile dans les villes, où les acheteurs affluent de tous les coins du pays parce qu'ils trouvent dans un espace restreint tout ce dont ils ont besoin. A la ville le chef d'entreprise, visité par des acheteurs de tous les pays, est informé des besoins des consommateurs, de l'état du marché, des prix, etc. Tout cela manque à ses concurrents ruraux. Ceux-ci, au lieu de recevoir chez eux l'acheteur, doivent voyager eux-mêmes, perdre du temps et de l'argent à visiter la clientèle. Ils doivent s'informer du prix des matières premières, de l'état du marché étranger, de la solvabilité des clients, etc., par des détours n'offrant souvent qu'une garantie insuffisante.

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De plus à la campagne, il faut acheter les matières premières par quantités beaucoup plus grandes qu'en ville, où l'on ne se fournit qu'à mesure des besoins. .Si, par inadvertance, il manque à l'industriel de la campagne un produit ou une simple vis, voilà toute l'entreprise paralysée jusqu'à ce qu'on ait fait venir « de la ville » ce qui manque. Qu'une panne survienne à une machine, et il faut faire venir « de la ville» un homme avec ses outils. En attendant, nouveau chômage.

Bref, les désavantages de la campagne sont tellement nombreux pour le travail, pour l'achat des matières premières et pour l'écoulement des produits, que le chef d'entreprise, qui doit affronter la concurrence de la ville, n'est pas en mesure de payer les mêmes salaires que celle-ci ; de sorte que ce que lui et ses ouvriers épargnent en rente foncière, ils le perdent en revenu de leur travail.

Voilà pourquoi on ne voit se développer à la campagne que les entreprises exigeant tant de place, que les inconvénients susdits se compensent par l'économie de charges foncières, ou les industries impraticables dans les villes (scieries, briqueteries, laminoirs), insalubres (fours à chaux, poudreries, tanneries), ou dont l'organisation technique est si simple, nécessite si peu la présence du patron, qu'il peut installer ses bureaux en ville. Dans tous les autres cas, la ville aura la préférence.

Nous savons donc d'où vient l'argent pour payer les 116 millions de rente foncière de la ville de Berlin. Et nous savons aussi quelles sont les limites fixées à l'extension des villes. Les avantages du travail en société sont monnayés par les propriétaires fonciers.

Si la ville prend de l'extension, ces avantages augmentent. Si la rente foncière augmente plus vite que les avantages offerts par la ville, l'extension de la ville est enrayée.

Si tu veux jouir des avantages que. la ville offre pour tes affaires, paie ces avantages aux propriétaires fonciers. Si tu prétends en faire

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l'économie, libre à toi d'installer ton atelier, ton magasin, ta salle de danse, dans la forêt ou dans les champs. Calcule ce qui te sera le plus avantageux et agis en conséquence. Nul ne t'empêche de t'installer en face de la tour. Si tu peux persuader tes clients de faire la longue route à travers la neige, la poussière, la boue, la pluie, pour payer le. même prix qu'en ville, tant mieux pour toi. Si tu ne l'espères pas, paie la rente foncière et installe-toi en ville. Ou bien essaie autre chose. Vends tes produits meilleur marché. Il y aura toujours quelqu'un pour se laisser tenter par le prix. Mais où sera le bénéfice ? Ce que tu épargneras en fait de rente, tu le perdras en rabais.

C'est donc toujours la même loi : tout se passe comme pour la rente agricole et celle des matières premières. Tous les avantages de la ville (parmi lesquels il faut encore citer la division du travail), du travail en société, sont absorbés par la rente foncière. Le blé allemand se vend comme s'il était récolté en Sibérie, et taxé à la frontière. De même les marchandises fabriquées dans les agglomérations doivent s'échanger aux prix qu'elles atteindraient si elles étaient grevées de tous les inconvénients d'une production éparpillée dans le pays.

La rente foncière rurale s'adjuge tous les avantages de la situation et de la nature, laissant au cultivateur la lande et la jachère ; la rente foncière des villes s'empare des avantages de la vie en société, de l'aide mutuelle, de l'organisation, de l'éducation, et ravale le revenu du travail dans l'industrie et le commerce des agglomérations au même niveau que dans les entreprises isolées dans les campagnes.

17. Aperçu général de la loi des salaires.

Les produits restant après déduction de la rente et de l'intérêt du capital constituent le fonds des salaires à partager entre tous les travailleurs (ouvriers, commerçants, médecins, artistes, ecclésiastiques, rois). Quand le choix des carrières est libre, le partage s'établit en raison des capacités personnelles, suivant la loi de l'offre et de la demande. Si le choix des professions était entièrement libre (il ne l'est pas, mais pourrait l'être), chacun obtiendrait au partage un réel maximum. Chacun, en effet, ne tâche-t-il pas de s'adjuger la plus grosse part ? La grandeur de cette part est déterminée par l'offre et la demande, c'est-à-dire, en dernière analyse, par le choix des professions.

La grandeur relative des salaires dépend donc du choix de la profession, c'est-à-dire de l'individu. La grandeur absolue du salaire, au contraire, est indépendante de l'individu, et dépend de l'importance du fonds des salaires. Plus grand est l'apport individuel des travailleurs au fonds des salaires, et plus grande sera la part échéant à chacun. Le nombre des travailleurs n'a pas ici d'importance. En effet, plus ce

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nombre est grand, plus le fonds est alimenté, mais plus grand est le nombre des ayants droit.

Nous savons d'autre part à combien s'élève l'apport des différentes catégories de travailleurs :

1.— L'apport des cultivateurs est égal à la masse des denrées qu'un nombre égal de cultivateurs peut produire sur la lande et amener du sol franc de Sibérie sur le marché, déduction faite du port, de de l'intérêt et des droits d'entrée (à se représenter ici convertis directement en produits). 2.— L'apport des autres producteurs de matières premières est égala la masse des produits que ceux-ci peuvent amener des lieux d'origine les plus mauvais, les plus éloignés et partant libres de tout propriétaire, jusqu'au marché. (Moins l'intérêt.) 3.— L'apport des travailleurs de l'industrie, des commerçants, des artistes, etc. est égal à la somme de ce qu'ils pourraient produire sans les avantages de l'organisation économique des villes, dans des entreprises isolées, dispersées. (Moins l'intérêt.)

En rassemblant toute cette production et en la partageant d'après l'échelle actuelle des salaires, chacun recevra exactement ce qu'il obtient réellement aujourd'hui en échange de son salaire, dans les magasins et au marché.

Toute la différence entre ce montant et la production réelle représente la rente foncière et l'intérêt du capital.

Que peuvent donc faire les travailleurs (toujours au sens le plus large du mot) pour augmenter le fonds des salaires, pour obtenir une majoration des salaires individuels ; une augmentation sur toute la ligne, et qui ne puisse être neutralisée par la hausse des prix ?

La réponse est simple. Ils devront mieux protéger le fonds des salaires contre les parasites. Il leur faudra défendre leur trésor comme l'abeille et le hamster défendent le leur. Il faudra que toute la production, sans aucune déduction au profit de la rente ni de l'intérêt, soit versée au fonds des salaires, et partagée exclusivement entre ceux qui travaillent. Comment y arriver ? C'est ce que nous dira la théorie du sol franc et de la monnaie franche.

DEUXIÈME PARTIE

LE SOL FRANC

1. La notion de sol franc

1. — La compétition entre les hommes ne peut s'exercer sur une base juste et ne peut atteindre son but élevé que si tous les privilèges fonciers — privés et nationaux — sont abolis. 2. — En ce qui concerne le globe terrestre, tous les hommes auront des droits égaux ; et sous le nom d'hommes nous désignons sans aucune exception tous les hommes, sans distinction de religion, de race, de formation ou de conformation. Sur cette terre, chacun pourra tendre vers les buts que lui assignent sa volonté, son cœur, sa complexion. Vis-à-vis des anciens occupants, tous les hommes auront des droits égaux à la terre. Aucun individu, aucun État, aucun groupe n'aura le .moindre privilège. Nous sommes tous d'anciens occupants de la planète. 3. — La notion de Sol Franc ne souffre aucune exception. Elle n'admet quant à la terre aucun droit seigneurial, national ou émanant du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. Le globe terrestre est l'héritage des hommes, non des peuples. A ce titre, aucun peuple n'a le droit d'établir ni des frontières, ni des douanes. Les frontières ne peuvent être qu'administratives, à l'instar des limites des divers cantons de Suisse. 4. — De cette définition, sans aucune autre, il découle que les expressions « charbon anglais, potasse allemande, pétrole américain », etc., serviront à désigner uniquement l'origine géographique de ces produits. Il n'y a pas de charbon anglais ni de potasse allemande. De quelque origine qu'il soit, chaque homme a un droit égal au « charbon anglais », au « pétrole américain » et à la « potasse allemande». 5. — L'accès du sol est concédé à l'exploitant par voie de bail enlevé aux enchères publiques, enchères où peut participer tout homme, et bien entendu tout homme de la terre sans exception. 6. — Les baux sont versés dans les caisses publiques et partagés intégralement en allocations mensuelles aux mères, au prorata du nombre d'enfants. Aucune mère, d'où qu'elle vienne, ne peut être privée de ce revenu. (Apanage des mères.) 7. — La répartition du sol se fera entièrement d'après les besoins des exploitants : donc, de petits lots pour les petites familles et de grands lots pour les familles nombreuses. De grands lots également proportionnels pour les communautés communistes, anarchistes, social-démocrates ou religieuses.

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8. — Les peuples, les États, les races, les groupes linguistiques, les groupements religieux, les associations économiques qui tendraient à rejeter l'affranchissement du sol, seront jugés, bannis et déclarés hors la loi. 9. — L'abolition de la rente foncière privée actuelle s'accomplit par voie d'expropriation contre complète indemnisation, payée avec des titres de l'emprunt d'État.

2. Les finances du sol franc.

Donc, l'État achète toutes les propriétés foncières privées i champs, terrains à bâtir, mines, eaux, forêts ; bref, tout. L'État paie ce- qu'il acquiert; il indemnise le propriétaire foncier.

Le prix à payer se calcule d'après la rente foncière que le bien rapporterait ou aurait rapporté. La rente en question est capitalisée sur la base des intérêts hypothécaires, et le capital est paye aux propriétaires fonciers en titres de l'emprunt d'État portant intérêt. Pas un centime de plus ni de moins.

Mais comment l'État peut-il payer les intérêts de sommes aussi énormes ? Réponse : avec le fermage qui alimente dès lors les caisses de l'État. Ce rapport représente la somme des intérêts à payer : pas un centime de plus, pas un centime de moins, puisque les dettes représentent la rente foncière capitalisée.

Admettons que le sol rapporte annuellement 5 milliards de fermage ; dans ce cas l'État a payé, à titre d'indemnité au taux de 4 % : 5.000.000.000 X 100 : 4 = 125 milliards. Ce capital rémunéré au même taux, exige aussi 5 milliards. De la sorte, Doit — Avoir.

L'énormité de ces chiffres ne doit effrayer personne. Le montant du débit se mesure au montant du crédit. A cet énorme « Doit » correspond un aussi énorme « Avoir ». Il serait donc inutile d'entreprendre d'avance le calcul de cette somme. Si cela représente 100 milliards, c'est bien. Si cela fait 500 milliards, c'est encore bien. Pour les finances de l'État, cela ne constitue qu'un compte de passage. Ces milliards passeront par la Caisse de l'État sans laisser la moindre trace. Un banquier s'effraie-t-il qu'on lui confié la garde d'une fortune ? Le président de la Banque Nationale se laisse-t-il épouvanter par les sommes gigantesques qui passent... par son encrier '? Le chef de cette institution dort aussi paisiblement que le directeur de la Banque d'Heligoland. Les dettes de la Prusse sont-elles devenues plus lourdes depuis l'achat des chemins de fer avec des titres de l'emprunt de l'État ?

Certes, une objection se présente : un certain risque est lié à la nationalisation du sol, en ce sens que le niveau de la rente foncière est déterminé par des facteurs variables de l'économie politique (douanes, tarifs de transports, salaires, change) tandis que l'intérêt

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