54
LA DISTRIBUTION DES RICHESSES
tact avec les travailleurs d'autres industries et d'autres pays, se figent facilement dans l'observance de procédés désuets. Trop souvent aussi, l'occasion manque, à la campagne, d'écouler les produits. Cet écoulement est incomparablement plus facile dans les villes, où les acheteurs affluent de tous les coins du pays parce qu'ils trouvent dans un espace restreint tout ce dont ils ont besoin. A la ville le chef d'entreprise, visité par des acheteurs de tous les pays, est informé des besoins des consommateurs, de l'état du marché, des prix, etc. Tout cela manque à ses concurrents ruraux. Ceux-ci, au lieu de recevoir chez eux l'acheteur, doivent voyager eux-mêmes, perdre du temps et de l'argent à visiter la clientèle. Ils doivent s'informer du prix des matières premières, de l'état du marché étranger, de la solvabilité des clients, etc., par des détours n'offrant souvent qu'une garantie insuffisante. De plus à la campagne, il faut acheter les matières premières par quantités beaucoup plus grandes qu'en ville, où l'on ne se fournit qu'à mesure des besoins. .Si, par inadvertance, il manque à l'industriel de la campagne un produit ou une simple vis, voilà toute l'entreprise paralysée jusqu'à ce qu'on ait fait venir « de la ville » ce qui manque. Qu'une panne survienne à une machine, et il faut faire venir « de la ville» un homme avec ses outils. En attendant, nouveau chômage. Bref, les désavantages de la campagne sont tellement nombreux pour le travail, pour l'achat des matières premières et pour l'écoulement des produits, que le chef d'entreprise, qui doit affronter la concurrence de la ville, n'est pas en mesure de payer les mêmes salaires que celle-ci ; de sorte que ce que lui et ses ouvriers épargnent en rente foncière, ils le perdent en revenu de leur travail. Voilà pourquoi on ne voit se développer à la campagne que les entreprises exigeant tant de place, que les inconvénients susdits se compensent par l'économie de charges foncières, ou les industries impraticables dans les villes (scieries, briqueteries, laminoirs), insalubres (fours à chaux, poudreries, tanneries), ou dont l'organisation technique est si simple, nécessite si peu la présence du patron, qu'il peut installer ses bureaux en ville. Dans tous les autres cas, la ville aura la préférence. Nous savons donc d'où vient l'argent pour payer les 116 millions de rente foncière de la ville de Berlin. Et nous savons aussi quelles sont les limites fixées à l'extension des villes. Les avantages du travail en société sont monnayés par les propriétaires fonciers. Si la ville prend de l'extension, ces avantages augmentent. Si la rente foncière augmente plus vite que les avantages offerts par la ville, l'extension de la ville est enrayée. Si tu veux jouir des avantages que. la ville offre pour tes affaires, paie ces avantages aux propriétaires fonciers. Si tu prétends en faire