Ecarts - Harry Szpilmann & Mara Spitia

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H a r r y Sz p i l ma n n

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H a r r y Sz p i l ma n n

Ma r a S p itia

E c a r t s (extraits)

Ce

qui

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Le désert du jour est cet immuable qui enjoint la détresse à tremper ses lambeaux à la forge des passions. À chaque dislocation des vents répondent, impénitentes, les salves du sang. Asymptote de l’amour et des fureurs. Ainsi gronde l’immensité rouge en nos corps.


Chaque mot, chaque pierre, chaque étoilement vient au poème pour y désaltérer mon sang. Mon sang, brisé et concassé, est cette histoire d’une lutte qui n’en finit pas de se répéter. Lutte de la terre avec la terre, de l’eau, de l’air – d’un broiement qui respire. Mon sang suffoque, mon sang a soif, mon sang appelle. Appelle chaque mot, chaque pierre, chaque étoilement pour qu’il y vienne éradiquer ma soif perdant la face dans les décombres de l’absolu.




Ce qui tendrement brûle, ou sauvagement dans l’amplitude, dans l’invisible ou le verger, ce sont, délires d’orang, ces sortilèges d’onyx, ces envoûtements d’opoponax qui, à l’étanchement de ma soif, l’attisent plus rouge encore, et désœuvrée, liée aux désespoirs du coudrier.


Aride aridité. La terre ici est un œil révulsé où chaque mirage épuise les possibilités de la soif. Vivre a la saveur du sel sur la langue d’un pendu. La mort devance la mort dans l’étendue que l’asphyxie censure.




La lumière du jour œuvre en ravages. En son apesanteur grésillent encore les résidus d’un temps d’avant le temps où le rêve omnivore dévore l’impossible séjour.



Les auteurs


Harry Szpilmann est né à Liège en 1980. Adolescence passée en internat aux portes des Ardennes. Licences à l’Université Libre de Bruxelles, en philosophie et en arts du spectacle. Ensuite de quoi il s’envole pour le Mexique, où il passera plusieurs années. À Querétaro, à San Luis Potosi, à Guanajuato. Officiant comme professeur de français, et s’initiant à l’écriture ainsi qu’à la photographie. De retour à Bruxelles, il travaille quelques années dans l’enseignement spécialisé. Avant de repartir à nouveau pour Mexico City, où il réside encore aujourd’hui. Récemment, il a également séjourné à Berlin, New York, et Istanbul. Lauréat du Prix Emile Polak 2012 et de la bourse de poésie SPES 2015, photographe amateur et traducteur à ses heures, il est l’auteur de Sable d’aphasie, Ces espaces à la base, Les rudérales, Liminaire l’ombre, et Du vide réticulaire (à paraître prochainement).


Mara Spitia (Mexique) est licenciée en arts visuels (faculté des beaux-arts de l’université de Querétaro) ainsi qu’en éducation artistique (centre des arts de San Luis Potosi). Elle a réalisé diverses expositions et a participé à de nombreuses expositions collectives. En 2009 et en 2014, elle fut sélectionnée au concours 20 de noviembre dans la catégorie peinture de l’année. En 2011, elle travailla comme assistante d’Alain Kerriou à la quadriennale des arts scéniques de Prague. Elle a également réalisé des projets scénographiques pour la compagnie théâtrale La Carrilla ainsi que pour Corazon Compañia. Son travail, portant sur la signification des objets dénués d’utilité, a souvent été rapproché de l’informalisme. Dernièrement, elle a réalisé diverses installations et des interventions dans les espaces publics. Elle dirige aujourd’hui la Casa Bauen, espace d’échanges culturels où elle anime des ateliers expérimentaux, et chaque année elle dirige le festival Arte Armadillo.



La revue Ce qui reste RALENTIR POÈME Un poème est un pont jeté en travers du temps Jean-Michel Maulpoix

Prendre le temps de lire un poème est un acte de résistance libérateur, une manière de rester dans l’instant présent, d’échapper à la fuite en avant permanente que nous impose le rythme de notre époque. C’est reprendre sa respiration avec l’inspiration des autres. La revue Ce qui reste, coéditée par Cécile A. Holdban et Sébastien de Cornuaud-Marcheteau, vous propose de marquer cette pause en vous faisant découvrir chaque semaine un auteur. La création n’étant pas que langage, la revue ouvre également son espace à des artistes plasticiens. © Janvier 2017 — Poèmes d’Harry Szpilmann extraits d’Ecarts Peintures de Mara Spitia La revue Ce qui reste pour la présente édition 16, chemin des Androns 33710 Bayon sur Gironde www.cequireste.fr — revue.cequireste@gmail.com Revue numérique hebdomadaire - ISSN 2497-2363


« Chaque mot, chaque pierre, chaque étoilement vient au poème pour y désaltérer mon sang. Mon sang, brisé et concassé, est cette histoire d’une lutte qui n’en finit pas de se répéter. »

Harry Szpilmann


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