Jean-François Mathé Isabelle Lévesque Cécile A. Holdban
En
Ce
qui
reste
passer par là
En
passer par là P oèmes
J ean -F rançois M athé P hotographies
I sabelle L évesque E ncres
C écile A. H oldban
Ce
qui
reste
1. Comment reprendre souffle quand l’arbre qui était en automne est désormais en toi ?
2. Matins qui me berciez maintenant me blessez, matins sans matinées disparues comme l’eau d’un puits dont ne m’attendent que les pierres du fond.
L’ombre de ce soir n’a pas encore connu la nuit tout comme le soir de notre temps n’a pas encore connu la mort. L’ombre de ce soir conjugue ce qui se clôt en nous serrant le cœur et un reste de transparence où nous cherchons des mots ultimes dont on se contenterait d’un seul pour poème. Un poème qui desserrerait le cœur dans la vie encore avant la mort déjà.
Dans le jardin où le vent prenait par moments la forme d’une rose pour t’en apporter le parfum tu as avancé aussi longtemps que ton regard fut un chemin. Tu ne sais pas ce qui t’attend maintenant que la nuit efface regard et chemin. Maintenant que te manque aussi le chemin vers les mots, peut-être voudrais-tu seulement retrouver le nom que tu donnais avant à ce passage du clair au sombre quand il se faisait par le gué de la confiance aujourd’hui perdue.
Moment étranger au monde, on dirait le vent empli de silence et les rues ne menant nulle part. Et pourtant toi tu marches jusqu’à l’épuisement qui te laisse debout au bord de lendemains qui ne t’appellent pas. Il y aura bien quelqu’un qui viendra vers toi et même à seulement te sourire te donnera raison de t’appuyer à ton ombre pour continuer d’être fragile et vivant.
Je cueille entre les fleurs leur ombre et j’en fais un bouquet de silence pour le vase de la table de chevet. Puis je poserai ma tête à côté du sommeil en attendant qu’il me recouvre de l’absence du monde. Le temps enfermé dans l’horloge tournera comme dans le manège où j’ai oublié mon enfance et ce qu’elle est devenue tic après tac. Le cadran de la lune est sans aiguilles. On les aura retirées avant qu’elles laissent du sang dans ma vie.
Les auteurs
Jean-François Mathé Jean-François Mathé est né dans l’Indre en 1950. Il a été professeur agrégé de lettres en lycée jusqu’en 2010. Il vit dans un village du Poitou. Il a publié 15 livres de poèmes aux éditions Rougerie, dont Contractions supplémentaires du cœur, 1987 (Prix Artaud) ; Corde raide fil de l’eau, 1991 ; Le Temps par moments, 1999 (épuisé – Prix du Livre en Poitou-Charentes) ; Le Ciel passant, 2002 (épuisé – Prix Kowalski de la ville de Lyon) ; Chemin qui me suit précédé de Poèmes choisis 1987-2007, 2011 ; La vie atteinte, 2014… Aux éditions Folle Avoine : Retenu par ce qui s’en va, 2015. Des textes et des poèmes ont paru dans diverses revues (Poésie Présente, La N.R.F, Sud, Autre Sud, Poésie 92, 93, 98, 2002, Aujourd’hui Poème, Le Coin de Table, Poésie/Vagabondages, Multiples, Lieux d’être, Jointure, Arpa, Friches, Voix d’Encre, Décharge, Phoenix, Spered Gouez, Diérèse, etc.) et dans les revues en ligne Recours au Poème, Terres de Femmes, Poezibao, Lieux-Dits, Terre à Ciel, Incertain Regard, Beauty will save the world, Ce qui reste, Possibles, La Toile de l’un… Certains de ses poèmes ont été traduits en allemand, anglais, tchèque, espagnol. Entre 1970 et 1985, il a collaboré en tant que dessinateur humoriste à différents périodiques, dont Télérama, La Vie, Tribune Socialiste… Membre du comité de la revue Friches, il y a écrit des chroniques sur l’actualité poétique et des dossiers (Senghor, Cluny, Wellens, Pérol, Perrin). Il a reçu en 2013 le Grand Prix International de Poésie Guillevic-Ville de Saint-Malo pour l’ensemble de son œuvre.
Bibliographie Editions Folle Avoine Retenu par ce qui s’en va, 2015 Editions Rougerie La vie atteinte, 2014 Chemin qui me suit précédé de Poèmes choisis 1987 – 2007, 2011 Agrandissement des détails, 2007 Le ciel passant, 2002, Prix Kowalski de la Ville de Lyon 2002 Le Temps par moments, 1999, Prix du Livre en Poitou-Charentes 1999 Sous des dehors, 1995 Saisons surgies, 1993 Corde raide fil de l’eau, 1991 Passages sous silence, 1988 Contractions supplémentaires du cœur, 1987, Prix Antonin-Artaud 1988 Navigation plus difficile, 1984 Mais encore, 1982 Ou bien c’est une absence, 1978 Instants dévastés, 1976 L’Inhabitant, 1973 Editions diverses Grains de fables de mon sablier, 2014, Les Carnets du Dessert de Lune 1 La rose au cœur, 2011, Le Cadran ligné Poèmes poids plume, 1998, Coll. « Le farfadet bleu », Cadex 2 Passages sous silence, 1996, bilingue français/allemand, traduction de Rolf A. Bourkart, graphismes de Minos Meininger, éditions Maldoror, Berlin
1 & 2 Poésie jeunesse
Isabelle Lévesque poète, est née et vit en Normandie. Ses derniers livres publiés : Nous le temps l’oubli, avec des peintures de Christian Gardair (Éditions L’herbe qui tremble, 2015). Voltige ! avec des peintures de Colette Deblé et une postface de Françoise Ascal (Éditions L'herbe qui tremble, 2017). Elle écrit des articles pour plusieurs revues : La Nouvelle Quinzaine Littéraire en particulier, mais aussi Europe, Diérèse, Terres de Femmes, Recours au Poème, Terre à ciel… En photographie, ses sujets de prédilection sont les fleurs, le ciel, les herbes et les arbres.
Cécile A. Holdban Hongroise d’origine, elle vit à Paris. Elle est coéditrice de la revue Ce qui reste depuis l’automne 2015. Elle est également plasticienne, pratique surtout l’aquarelle et l’encre, et participe à un certain nombre de livres d’artistes avec différents poètes et plasticiens. Bibliographie Ciel Passager, L’Échappée Belle, 2012 Un nid dans les ronces, La Part Commune, 2013 Poèmes d’après suivi de La Route de sel, Arfuyen, 2016 Une robe couleur de jour, La lune Bleue, 2016 Silence, Carnet sous la glycine, février 2017 L’été, Al Manar, mai 2017 Diverses traductions de poèmes et textes littéraires d’auteurs hongrois, américains et néozélandais, en revue et chez plusieurs éditeurs (Weöres, Karinthy, Mark Strand, Janet Frame, Dezső Kosztolányi...)
La revue Ce qui reste RALENTIR POÈME 1 Un poème est un pont jeté en travers du temps Jean-Michel Maulpoix
Prendre le temps de lire un poème est un acte de résistance libérateur, une manière de rester dans l’instant présent, d’échapper à la fuite en avant permanente que nous impose le rythme de notre époque. C’est reprendre sa respiration avec l’inspiration des autres. La revue Ce qui reste, coéditée par Cécile A. Holdban et Sébastien de Cornuaud-Marcheteau, vous propose de marquer cette pause en vous faisant découvrir chaque semaine un auteur et un artiste (peintre, graveur, sculpteur, photographe, mais aussi pourquoi pas, musicien, cinéastre, etc).
Ralentir travaux de René Char, Paul Éluard et André Breton, recueil de trente brefs poèmes précédés de trois préfaces, 1930, José Corti 1
© Mai 2017 — Poèmes de Jean-François Mathé Photographies d'Isabelle Lévesque Encres de Cécile A. Holdban La revue Ce qui reste pour la présente édition 16, chemin des Androns 33710 Bayon sur Gironde www.cequireste.fr — revue.cequireste@gmail.com Revue numérique hebdomadaire - ISSN 2497-2363
« Maintenant que te manque aussi le chemin vers les mots, peut-être voudrais-tu seulement « ne sens-tu retrouver le nom que tu donnais avantpas la possibilité de continuer à ce passage du clair au sombre dans le silence des pierres quand il se faisait par le gué dans l’extase des flammes de la confiance aujourd’hui perdue. » Jean-François Mathé
sans rien dire sans tourner la tête sans respirer le parfum des jours à venir ? » Andrea Moorhead
Photographies d'Isabelle Lévesque Encres de Cécile A. Hodban
Ce
qui
reste Ce qui
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