Jasmin Limans Catherine Bernis
Jument de la nuit
Jument de la nuit Te xt e
Jasmin Limans Pei nt ure s , papie rs , s cu lpt ure s
Catherine Bernis
Elle a des soupçons au sujet de l'automne. Elle l'a dit samedi soir mais personne ne s’en souvient, juste avant qu'elle ne serve une soupe de poisson. Elle l'a dit doucement, entre deux propositions simples, une phrase complexe : pleine de subordonnées relatives. Elle a comme ça digressé, discrète mais directe, sur la qualité de cette saison. Ce n'était pas à proprement parler poétique mais plus personne à cette table ne parle à proprement. Elle a laissé la phrase en suspens, s'est contentée de demander qu'on lui passe les assiettes en agitant au-dessus de la marmite, une grosse cuillère qui cette fois ferait office de louche. Après, chacun s'est concentré sur sa part en s'efforçant
de ne pas parler la bouche pleine, chacun a ajouté du poivre, du sel, du piment d'Espelette, de la rouille, des croutons, du fromage râpé puis la conversation a repris sans que personne ne soit, cette fois encore, accusé de faire trop de bruit en avalant la soupe. C'était pourtant une tradition, le bruit dans la bouche quand on avale la soupe. Cette aspiration toujours un peu trop forte et la conséquence qui en découle : ne peux-tu donc pas faire un peu moins de bruit quand tu manges ?
⁂ Elle pleure parmi les fleurs maintenant. Elle s'est cachée dans le jardin Elle a appris au téléphone la mort de sa grand-mère flamande.
Elle ne veut pas que les enfants la regardent. Elle leur a dit si souvent qu'il ne faut pas être triste, que ça servait à rien les larmes. Elle veut qu'on la laisse seule, un peu. Elle pense que c'est idiot ces phrases que l'on assène, comme ça, aux enfants sous prétexte que l'on est une grande personne. Elle pense que l'on ne se sait pas à quel point l'on peut être ridicule quand on veut expliquer les choses. Elle pense surtout que ces larmes, elle ne doit pas les retenir, elle ne peut pas. Elle pleure et elle pense parmi les fleurs, comme ça, dans le jardin. Elle a un moment à elle. Elle passe un moment seul. Elle imagine à présent que ces larmes qui tombent la contiennent toute entière et qu'elle tombe comme ça pareil dans la terre parmi les fleurs avec les larmes, les pensées, le moment. Elle se dit que c'est sans doute un peu ça aussi le sens de la vie.
Elle ne dira plus aux enfants l'inutilité des larmes. Elle ravale sans bruit son chagrin, revient avec les yeux rouges dans la cuisine et dit doucement : Beau Maman est morte aujourd'hui. J'ai eu besoin de pleurer un peu. J'ai avalé des larmes, je n'ai pas faim. Quand on est triste les enfants, on peut pleurer même si ça ne sert rien, même si ça ne change pas, on n'est pas obligé mais l'on peut. Parfois ça peut même parait-il soulager. Je ne sais pas. C'est comme après une chute, on doit juste apprendre à se relever. Elle dit maintenant à Jules qui lui demande pourquoi Beau Maman est morte, que c'est normal : on meurt tous, un jour. Personne n'est éternel, chacun à un moment doit terminer sa vie ou plutôt la vie se termine pour chacun. Jules lui demande si elle aussi, elle devra bientôt terminer sa vie. Elle répond : oui, mais un
peu plus tard j'espère, en souriant à peine. Jules n’en reste pas là, il a sept ans et beaucoup de questions dont elle n'a ou ne peut ne veut pas toujours apporter de réponse, mais Jules sent que c'est le bon moment, il continue sur sa lancée. Après les larmes dans le jardin, parmi les fleurs, la mort de Beau Maman, on peut encore lui révéler d'autres secrets : est-ce que ça veut dire que moi aussi je mourirai ? Elle rit très vite puis reprend Jules : tu ne mouriras pas mais tu mourras. Jules semble triste à son tour. Jules, sans doute, se pensait éternel. Elle ajoute maladroitement mais avant tu as la vie devant toi. Jules dans son chagrin naissant demande : c'est quoi la vie devant, à l'instant même où le père rentre. La phrase de jules reste en suspens comme
les soupçons au sujet de l'automne de la semaine dernière.
⁂ Elle lit maintenant un roman noir traduit de l'américain par une amie anglaise. Elle n'avait jusque-là jamais compris l'étymologie du mot cauchemar. Elle se souvient alors d'un mauvais rêve où sa petite sœur disparaissait sous la mer gelée. Un étang en hiver. Une petite mare de glace. Elle se rappelle aussi que ce rêve ne lui appartient pas, que son sommeil n'en n'est pas l'origine, elle cherche. Elle sait que ce n'est pas elle. Quelqu'un le lui a raconté. Quelqu'un a mis ce rêve en mot
un matin devant elle, la mer gelée et sa sœur sous la glace. Un rêve glacé et sombre qu'elle avait oublié, qui ne lui appartient pas lui revient l'envahit en lisant un roman noir traduit de l'américain par une amie anglaise. Elle éprouve le besoin de découvrir qui lui a raconté ce mauvais rêve et pourquoi elle en a fait ainsi le sien au point de plus tard s'en souvenir. Elle sait, elle se souvient, elle frissonne maintenant. Un matin Jules ne voulait pas parler un matin Jules avait perdu l'usage de sa langue un matin Jules ne disait rien jusqu'à ce qu'elle lui demande : à quoi donc avait-il pu rêver et il lui avait dit : la mer gelée, Hélène en apnée sous la glace, leurs coups inutiles conte la paroi hermétique, la surface trop froide et trop solide, les larmes de Jules. Hélène disparaissant peu à peu dans les eaux et des che-
vaux au loin dans un champ recouvert de neige. Des chevaux effrayés par les larmes et les cris de l'enfant sur la glace. Les chevaux au galop avec lesquels Jules aurait sans doute voulu fuir quand il a compris qu'il ne pouvait pas, qu'il n'avait pas assez de force, que la surface ne pouvait pas se briser qu'elle ne céderait pas. Elle se souvient. Elle essaye d'oublier maintenant. Elle n'y parvient pas. Elle sait qu'avant aujourd'hui ou plutôt avant que Jules ne lui raconte ce rêve atroce, elle n'avait jamais considéré le mot cauchemar. Elle n'en connaissait pas l'étymologie. Elle se souvient que quand Jules a rapporté ce rêve, plus que de la petite sœur prisonnière sous la glace, l'impuissance de son enfant, ce sont les chevaux effrayés lancés au grand galop dans les champs de neige qui l’ont marquée. C'est à cause de ça, à cause des chevaux qu'elle s'en souvient maintenant. Elle le sait. Elle
acte désormais dans sa mémoire une bonne fois pour toute que Nightmare en anglais, signifie au mot près : Jument de la nuit. Elle ne l'oubliera pas Elle referme le roman noir traduit par une amie anglaise. Elle pense Jules n'a peut-être jamais fait ce rêve, il l'a inventé au réveil à cause de l'hiver qui vient et des hennissements de chevaux que l'on entend depuis sa chambre chaque soir juste avant qu'il ne s'endorme. Elle pense roman américain série noire rêve et traduction. Elle s'endort. Il y a dix jours que Beau Maman est morte. Anvers n'est pas la porte à côté. Elle n'est pas allée à l'enterrement. Elle ne pouvait pas. Elle a une famille maintenant dont elle doit s'occuper. Elle n'y déroge pas. Elle ne pouvait pas faire le trajet comme Hélène, toute seule en voiture depuis le sud de la France, pour aller voir
quoi ? Une grand-mère morte, un vieux corps sans vie allongée sur le lit d'une chambre, dans une maison de retraite avant que l'on ne l'enterre tout ça le lendemain. Elle s'endort. Elle rêve qu'elle pleure parmi les fleurs. Elle rêve qu'elle est dans chacune de ses larmes. Elle rêve que Jules jamais plus ne lui raconte de mauvais rêves. Elle n'a pas aimé cette histoire de mer gelée de surface de glace et de petite sœur séparée prisonnière dans les eaux. Elle dira à Jules un jour comment il faut apprendre à oublier, que l'oubli est important, qu'il permet la vie. Elle pense à ça peut-être dans son sommeil. La puissance de l'oubli. Elle dirait sinon on ne peut pas vivre on n'accepte pas ce temps de passage qu'est la vie.
Elle dort. Elle rêve qu'elle dort. Il n'y a plus aucun cheval dans son rêve. Un jour avec Jules, ils iront ensemble sur la tombe de Beau maman. Anvers, ce n'est pas si loin, on peut toujours y déposer des fleurs.
⁂ Aujourd'hui, elle veut voir les choses du bon côté, alors elle dit souvent : d'un autre côté, ce n'est pas plus mal. On ne sait pas cependant si elle pense ça : que les choses puissent s'éprouver autrement. Est ce une question de place ? Elle n'a pas la réponse. Elle dit d'ailleurs qu'elle n'est pas douée avec la géométrie dans l'espace, qu'elle confond souvent
sa gauche et sa droite, alors pour voir les choses dans un ensemble sous des angles différents : c'est compliqué. Elle noie le poisson comme ça, elle digresse doucement, elle modalise les faits. C'est sa façon à elle de relativiser.
⁂ Jules n'aime pas son prénom mais il ne le dit pas. Il sait depuis quelques semaines qu'il doit mourir un jour. Ça lui a mis un coup. Jules trouve ça injuste. ça l'a beaucoup marqué cette affaire de mort et ça l'affecte encore. Il n’avait pas pensé jusque là que ça pouvait le concerner. ça lui est venu comme ça ou plutôt, c'est advenu un soir dans la cuisine, quand il a vu de l'autre côte de
la fenêtre sa mère en larmes toute seule parmi les fleurs. L’idée était peut-être même déjà là avant qu'elle ne parte pleurer dans le jardin avant qu'elle ne s'accorde un moment à elle avec des larmes dans le jardin. L'idée comme la lumière de l'ampoule électrique flottait dans l'air au-dessus de la table avant que le téléphone ne sonne et qu’une voix familière annonce une mauvaise nouvelle au sujet de Beau Maman. Avant l'appel l'idée dansait sans doute depuis des lustres dans la cuisine. Il n'y avait pas accès c'est tout, ou simplement l'idée ne l'intéressait pas. Il ne lui prêtait aucune importance. Il y avait toujours de quoi s'occuper avec la fourchette ou la petite cuillère une soupe de poisson des œufs cocote un bœuf bourguignon une mousse au chocolat liégeois.
L’idée cette fois est tombée dans l'assiette ou plutôt il l'a saisie au vol avant la chute parce que Jules a eu peur cette fois du poids de l’idée. Elle n'était plus assez légère, l'idée pour voler dans l'espace rempli par la lumière de l'ampoule électrique l'air de rien, elle pouvait choir l'idée et Jules donc a eu peur un instant qu'elle ne casse l'assiette dans sa phase descendante. Sa mère n'aurait pas aimé ça. Ce n'était pas le moment, il le sentait bien. Il a même pensé alors qu'avec les idées , il faut faire très attention oui, il s'est dit avec les idées, on ne sait jamais, on n'envisage pas ou alors après coup et souvent pas assez tous les dégâts qu'elle peuvent causer. Jules parfois se parle comme ça. Jules converse et considère raisonne puis anticipe. Jules entretient avec la langue une relation particulière faite d'incor-
rections et de formules grammaticales. Les compléments d'objet direct et indirect ne lui ont à vrai dire jamais suffi. Il préfère les compléments circonstanciels. Il a besoin de précisons : il veut les causes les conséquences, le lieu, le temps et les fonctions. Il a besoin d'explications, de circonstances. Il a aussi comme sa mère l'amour des phrases complexes. ils partagent ensemble plusieurs subordonnées conjonctives et quelque relatives qu'ils ne savent jamais comment finir, enfin Jules sait que les mots ne peuvent pas tout exprimer mais parfois il s'y essayent. Il met des mots en bouche. Il les mâche, les prononce puis les parle. Parfois aussi, il n'y arrive pas. Parfois l'idée ne peut se dire. Parfois c'est comme ça, alors il pense mais ne dit rien parce que voilà tout n'est pas toujours facile, il le sait comme il sait qu'il a la vie devant mais doit un jour mourir.
Jules n'a pas aimé cependant malgré la mort de Beau Maman voir par la fenêtre sa mère pleurer dans le jardin. il aurait presque voulu lui reprocher cette sortie de table en milieu de repas. Déjà le coup de téléphone, la mauvaise nouvelle pour après se planter là, de l'autre coté parmi les fleurs devant la fenêtre qui donne sur la cuisine, les larmes et le moment juste un peu plus loin. C’est idiot. C'est ridicule. il pense cependant qu'elle ne l'a pas fait exprès ou plutôt qu'elle ne pouvait pas faire autrement, maman à ce moment de l'autre côté de la fenêtre dans le jardin, des larmes. Enfin malgré l'idée, l'assiette ne s'est pas cassée et Jules sait maintenant que les idées n'ont pas aussi graves ou dangereuses qu'elles puissent être cette propriété : d'éclater sur le champ en tombant des assiettes. Leurs gravités n'ont que des conséquences secondaires.
Sa mère est rentrée maintenant et Jules sait qu'il va devoir un jour mourir. Jules, l'aurait voulu être éternel. Depuis, il ne sait plus s'il doit croire en Dieu, il trouve ça un peu hasardeux.
⁂ Maintenant, elle soupçonne l'automne dans son étymologie même. Elle ne sert plus depuis des semaines de soupe de poisson ; ça lui rappelle Jules de l'autre côte de la fenêtre avec son frère, seul ensemble à table pendant qu'elle dans les fleurs et la terre laisse des larmes tomber dans sa bouche. Elle sait, elle se souvient que Léon n'a pas aimé quand Jules a demandé si pour elle un jour aussi il y aurait une terminaison il n'a pas aimé son rire ni même l'incorrection. Elle ouvre un dic-
tionnaire, elle cherche, elle trouve. Elle tombe sur une source latine, une racine ancienne signifiant : augmentation avant l'hiver. Elle pense la mer gelée les non-dits de Léon les rêves que l'on ne devrait pas ou si peu raconter elle n'aime pas que Jules n'aime pas son propre prénom Elle se dit qu'on ne devrait pas nommer les enfants avant qu'ils ne prononcent leurs premiers mots elle déteste les pronoms indéfinis et les phrases qui ne parviennent pas à sortir qui restent comme ça bloquées dans la trachée elle pense la mer gelée le hennissement des chevaux à la tombée de la nuit dans la chambre des enfants et Léon heureusement qui lit l'île au trésor Elle pense la mer gelée l'étang de glace le givre maintenant chaque matin sur la fenêtre dans la cuisine les lèvres de Jules et les mains qui des-
sinent des images et des mots la gelée blanche sur le chemin la route qui mène les enfants à l'école elle pense la mer gelée il fait froid elle frisonne le rêve de Jules revient vivant autrement dans la cuisine peu avant midi quelques jours avant la fin de l'automne le rêve vivant revient une trouée de soleil passe par la fenêtre elle pense la mère je l'ai
⁂ Jules plus tard après la mort Jules une subordonnée relative un rêve en suspension sa mère dans une automobile ancienne et minuscule presque un modèle réduit une monoplace une voiture de course sa mère après la maladie sa mère l'été dans un rêve sans parole le mouvement de la route et les mains de maman sur le volant Jules après la
mort et l'automne maintenant les soupes de poisson son prénom qu'il n'aime toujours pas une assiette qui manque des couverts que l'on met en trop sur la table dans la cuisine des soustractions violentes des souvenirs indicibles que l'on aurait du briser pour casser le silence pour rompre des idées fixes des habitudes à prendre des évènements nouveaux la vie devant soi qui continue qui prend de l'âge l'horizon et le large des voyages des chemins des parcours des terminaisons aussi des fins volontaires celle de Léon un dimanche soir dans la grange une corde autour du cou des phrases en suspension des souvenirs encore les hennissements la nuit des chevaux les aboiements des chiens les larmes des grandes personnes les sanglots de son père comme un enfant debout devant la tombe la vente de la maison des chemins et des arbres que l'on abandonne les bras ballants
des visages des ruisseaux et des pierres que l' on oublie des paysages et des saisons dont on ne doit plus se souvenir une porte qu'on ferme des clefs que l'on donne que l'on ne trouvera plus cachées à gauche dans les fleurs là où maman pleurait une grand mère-flamande l’étang de glace la mer gelée un rêve un roman noir américain un fait divers traduit par une amie anglaise Anvers sous la neige vingt ans après
Œuvres de Catherine Bernis 1 – Ābyssus, huile, pigments, charbon de bois sur toile, 60x60, 2015 2 – Ābyssus, pigments, fibres de papier sur toile, 80x80, 2018 3 – Ābyssus, pigments, fibres de papier sur toile, 50x50, 2018 4 – Ābyssus, huile, pigments, charbon de bois sur toile, 100x81, 2015 5 – Mapping, huile, pigments, fils de lin, charbon de bois sur toile, 90x116, 2016 6 – Monade, fibres de papier, 80x89, 2017 7 – Flux, huile, pigments, fils de lin, charbon de bois sur toile, 139x97, 2015 8 – Monade, fibres de papier, 26x28, 2017 9 – Monade, fibres de papier, 60x60x70, 2018 10 – Monade, fibres de papier, 26x28, 2017 11 – Monade, fibres de papier, 50x60x60, 2018 12 – Ābyssus, huile, pigments, charbon de bois sur toile, 92x 110, 2014
| Les auteurs |
Jasmin Limans Né en 1978 à Perpignan, Jasmin Limans, travaille dans l'import/ export de produits marocains il vit maintenant entre Blois, Marseille et Casablanca. Il a été publié la première fois sur Sitaudis (dans la rubrique « Apparition ») au cours de l'été 2017 puis en octobre de la même année dans les « Soliflores » de la revue Nouveaux Délits de Cathy Garcia. En 2018, il apparaît dans le numéro 10 du Cafard et dans le n° 24 et 25 de Lichen.
Catherine Bernis Le parcours de Catherine Bernis commence tard. Bien qu'ayant développé des préoccupations artistiques très jeune, elle décide de se former comme restaurateur de tableaux anciens. Un métier qu'elle exerce pendant plusieurs années, en acquérant une profonde connaissance des matériaux, techniques et outils. Elle abandonne progressivement la restauration pour se consacrer exclusivement à la peinture. A partir des années 90, elle expose régulièrement à Parie et à Limoges. Son langage est alors consolidé : la matière devient substance de son travail, elle définit les formes, avec un accent particulier pour le blanc. Le dessin et la figure humaine émerge de cette matière, pour finalement disparaître vers un niveau quasi abstrait. Ses longs séjours sur l'Atlantique donne une tri-dimensionnalité à son travail, elle commence à utiliser de la peinture plus épaisse avec addition de charges, terre, charbon, sable, pigments, appliqués sur le support lui-même accidenté. Ces nouvelles textures nous renvoient vers l'état naturel, végétal, fuyant l'artifice et la représentation.
Sur ces œuvres les plus récentes, sculptées sur papier, le volume et ses conséquences, comme les ombres et les vides, créent des territoires dépourvus d'échelles. En parallèle à cette œuvre, Catherine Bernis tient un carnet qui est un laboratoire de travail indispensable à sa quête. Amélie Aranguren www.catherine-bernis.fr
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revue
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q u i r e s t e ��
Ralentir poème 1 Un poème est un pont jeté en travers du temps Jean-Michel Maulpoix
Prendre le temps de lire un poème est un acte de résistance libérateur, une manière de rester dans l’instant présent, d’échapper à la fuite en avant permanente que nous impose le rythme de notre époque. C’est reprendre sa respiration avec l’inspiration des autres. La revue Ce qui reste, coéditée par Cécile A. Holdban et Sébastien de Cornuaud-Marcheteau, vous propose de marquer cette pause en vous faisant découvrir chaque semaine un auteur et un artiste (peintre, graveur, sculpteur, photographe, mais aussi pourquoi pas, musicien, cinéastre, etc). Ralentir travaux de René Char, Paul Éluard et André Breton, recueil de trente brefs poèmes précédés de trois préfaces, 1930, José Corti 1
…nous suivre…
© Mai 2018 — Texte de Jasmin Limans Peintures, papiers, sculptures de Catherine Bernis La revue Ce qui reste pour la présente édition 16, chemin des Androns 33710 Bayon sur Gironde www.cequireste.fr — revue.cequireste@gmail.com Revue numérique hebdomadaire - ISSN 2497-2363
« Elle acte désormais dans sa mémoire une bonne fois pour toute que Nightmare en anglais, signifie au mot près : Jument de la nuit. Elle ne l'oubliera pas » Jument de la nuit
Texte de Jasmin Limans Peintures, papiers, sculptures de Catherine Bernis