L'herbier lunatique – Laurent Albarracin & Cécile A. Holdban

Page 1

Laurent Albarracin CĂŠcile A. Holdban

L'herbier lunatique



L'herbier lunatique Extraits d'un recueil à paraître en 2019 aux éditions Rougerie

Po è me s

Laurent Albarracin Pe int u re s

Cécile A. Holdban



Ajoutez une pierre dans le ruisseau et rien n’est changé sauf l’expérience rajeunie d’un pas de géant le cours des choses dévié dans les choses


Retirant la pierre de l’eau elle luit vivante et morte On aurait donc arraché un cœur à ses battements ?




Mouille un caillou assombris-le et son éclat sèche aussitôt comme un peu de brume lui venant Souffle sur la pierre pour attendrir ton souffle


En soupesant une pierre sentir la pierre faire bloc avec son poids faire pierre avec la pierre On ne sĂŠpare pas le chacun du tout


Tout l’opaque de la pierre est le durcissement d’une clarté tout le dur de la pierre l’éclat de sa durée


La pierre le fruit de l’arbre de la chute repose comme la hache dans la hache



Toute la mer est une paupière qui bat contre un grain de sable Les oiseaux avec leur feuille universelle rÊcompensent les blessures


La goutte d’eau qui se détache tombe de la lenteur dans la vitesse comme un fruit mûrit longuement sa chute et comme la vie prépare l’impromptu



L’œil est intouchable il s’est tellement frotté au monde La perle est un peu comme confier ton pansement à ce qui te blesse


Jette une pierre dans le lac pour ĂŠveiller son gouffre La clef serre dans son monde toutes les ouvertures




Déchirante est la troisième aile de l’oiseau, celle qu’il déploie quand il chante et qu’il glisse dans le registre des doléances


La loutre aide la rivière à rêver dans son lit Le caillou que tu ramasses bouleverse ton collier


Un coup d’épée dans l’eau vous change l’eau en eau Une goutte d’eau dans l’océan l’atteindra toujours au cœur


Un caillou n’est pas si bleu sauf à être parmi les cailloux un œuf Le bleu : un coup reçu avec son baume



Le rond de la lune comme si l’on avait enlevé le verre posé sur le ciel et que resterait marquée d’un bleu la nappe qui dresse la table vivante des choses




| Les auteurs |


Laurent Albarracin né en 1970 à Angers. Il s’installe en Corrèze en 1995. Rencontre déterminante avec le poète Pierre Peuchmaurd auquel il consacrera une étude en 2011 (éditions des Vanneaux). Depuis 2009 il anime les éditions Le Cadran ligné qui éditent principalement de la poésie (François Jacqmin, Boris Wolowiec, etc.). Il publie essentiellement des poèmes et donne régulièrement des notes de lecture consacrées à la poésie, sur le site de Pierre Campion, « À la littérature », ou sur Poezibao. Depuis 2017 il anime, avec Pierre Vinclair et Guillaume Condello, une revue de création en ligne : Catastrophes. Parmi ses ses dernières publications : – Le Grand Chosier, éditions Le Corridor bleu, 2015 ; – Cela, Rougerie, 2016 ; – À, éditions Le Réalgar, collection L’Orpiment, 2017 ; – Broussailles, avec des peintures d’Aaron Clarke, éditions L’Herbe qui tremble, 2017 ; – Plein vent (111 haïkus), éditions Pierre Mainard, 2017 ; – Res rerum, éditions Arfuyen, 2018.


Cécile A. Holdban Hongroise d’origine, elle vit à Paris. Elle est coéditrice de la revue Ce qui reste depuis l’automne 2015. Elle est également plasticienne, pratique surtout l’aquarelle et l’encre, et participe à un certain nombre de livres d’artistes avec différents poètes et plasticiens. Bibliographie – Ciel Passager, L’Échappée Belle, 2012 – Un nid dans les ronces, La Part Commune, 2013 – Poèmes d’après suivi de La Route de sel, Arfuyen, 2016 – Une robe couleur de jour, La lune Bleue, 2016 – Silence, Carnet sous la glycine, février 2017 – Viens dans mon poème, éditions du petit flou – L’été, Al Manar, mai 2017 – Toucher terre, Arfuyen, octobre 2018 Diverses traductions de poèmes et textes littéraires d’auteurs hongrois, américains et néo-zélandais, en revue et chez plusieurs éditeurs (Weöres, Karinthy, Mark Strand, Janet Frame, Dezső Kosztolányi...)


�� L a

revue

Ce

q u i r e s t e ��

Ralentir poème 1 Un poème est un pont jeté en travers du temps Jean-Michel Maulpoix

Prendre le temps de lire un poème est un acte de résistance libérateur, une manière de rester dans l’instant présent, d’échapper à la fuite en avant permanente que nous impose le rythme de notre époque. C’est reprendre sa respiration avec l’inspiration des autres. La revue Ce qui reste, coéditée par Cécile A. Holdban et Sébastien de Cornuaud-Marcheteau, vous propose de marquer cette pause en vous faisant découvrir chaque semaine un auteur et un artiste (peintre, graveur, sculpteur, photographe, mais aussi pourquoi pas, musicien, cinéaste, etc). Ralentir travaux de René Char, Paul Éluard et André Breton, recueil de trente brefs poèmes précédés de trois préfaces, 1930, José Corti 1


…nous suivre…

© Octobre 2018 — Poèmes de Laurent Albarracin extraits d'un recueil à paraître en 2019 aux éditions Rougerie Peintures de Cécile A. Holdban La revue Ce qui reste pour la présente édition 16, chemin des Androns 33710 Bayon sur Gironde www.cequireste.fr — revue.cequireste@gmail.com Revue numérique hebdomadaire - ISSN 2497-2363


L’œil est intouchable il s’est tellement frotté au monde La perle est un peu comme confier ton pansement à ce qui te blesse L'herbier lunatique (extraits) Poèmes de Laurent Albarracin Peintures de Cécile A. Holdban


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.