L'oeil du peintre - Sophie Marie Van der Pas & Vincent Magni

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Le lac

L’œil du peintre (extraits)

Sophie Marie Van der Pas Vincent Magni

Ce

qui

reste



L’œil du peintre

(extraits) Poèmes de

Sophie Marie Van der Pas Peintures de

Vincent Magni

Ce

qui

reste



L’œil du peintre est le travail accompli après le choc ressenti au regard des peintures de VINCENT MAGNI peintre et sculpteur contemporain. Après une écriture en prose émotionnelle et narrative, j’ai recomposé mes émotions en poésie sur une structure commune m’impliquant comme si je traversais chaque tableau. Voici ici quelques extraits de l’aboutissement de ce travail.



Comment arriver là Où il suffit de dire Où en ouvrant la fenêtre On bouscule le soleil Heather Dohollau, Pages aquarellées, 1989


Le lac


Bleu de verre bordé de mousses miroir sous l’œil du dragon au-delà des transparences une ligne rosée vestige d’un repas berges rongées d’insectes aux feuilles de légende s’attarder au silence au parloir se cogner à la vitre des contes se blottir dans le clapotis des mots le lac résiste tu souris à la barque


Torrent


La pluie n’en finit pas de gonfler le ruisseau au grondement des pierres mêlant son inquiétude la mer s’est retournée dans un mélange d’herbes et de cailloux roulés un musicien joue seul le torrent bat ses cuivres les terres torturées se nouent à pleines boues il pleut soudain lointaines des harmonies intimes tu te mords la langue


Falaise


A l’échappée des brumes derrière l’ombre le soleil baille repose les beiges venus de la lune La marée se dépêche Pressée d’oublier ses naufrages aucun bateau en vue trop tôt cet instant sans voile appartient aux falaises bruyères maquillées le tableau cherche un cadre à la pointe du jour tu t’assois dans ce regard là


Balade


Matinée de bourgeons avril se détend retard de caresses la palette des verts nuance les collines le chant de l’eau invite l’oiseau à lisser son plumage au creux des anémones tout est doux sur le rocher humide je nourris le ruisseau l’Iris voilé mouille un nœud de secrets tu reviendras demain laver tes souvenirs


Montagne


Surprendre le sommet ne pas se laisser mordre les cailloux roulent sur le dos du glacier mêlant la neige lourde au vertige du brouillard la montagne trempée retrouve ses couleurs respire le soleil droit debout Pour qui le calme revenu ? la coulée d’avalanche se tait tu cherches le passage


été


Bonheurs timides de menthe et de poivre épicés verts piqués d’olives l’eau du soleil s’évade les poussières chantent les abeilles repues s’endorment sans un rêve dans les draps de juillet les rires se répondent l’été incline sa nuque pour raconter la plaine cueille le romarin pour le bleu de ses fleurs juste s’asseoir au miel de l’instant tu ouvres ton corsage


incendie


Sournois le feu file furieux au ras des écorces suantes les broussailles crépitent sans perdre de temps pierres étonnées herbes en fuite le charbon fait surface imprime son odeur tant de beautés s’effondrent hier le calme savourait le soupir du soleil le chaos aujourd’hui s’enlise sous les cendres l’eau puisée à la source déverse ses larmes futiles tu sauves une brindille


Avant l’orage


Gestes de soif l’été fatigue Près du soleil blanc les prairies cherchent l’eau le silence pose peu à peu ses conditions c’est le temps annoncé du ruissellement le noir ose la première goutte terre épuisée d’attente devenue prière aux graminées mourantes le monstre éclat d’orgueil cède sous les éclairs l’orage arrive tu rassures l’oiseau



Les auteurs


Sophie Marie Van der Pas est née en 1954. Elle vit aujourd’hui en côtes d’Armor, après des années en Sologne. De 1977 à 1985, auteur-compositeur-interprète, elle débute dans les cabarets parisiens : « Chez Georges », « Le bateau ivre ». Très vite, sous l’influence et la découverte d’auteurs tels Jacques Bertin, Jean Vasca, Gilles Elbaz, elle a la chance de chanter en première partie d’artistes reconnus : Francis Lemarque, Mouloudji, Leny Escudero, et Anne Vanderlove. Trente années plus loin, au fil des rencontres artistiques, elle reprend le chemin des mots, à travers la poésie qui ne l’a jamais quittée. Ses choix, Ses regards, Ses passions se posent aujourd’hui en Bretagne, qu’elle respire comme une évidence, sous le souffle du vent et de la côte d’émeraude.


Vincent Magni est né en 1963 à St Etienne. Peintre et sculpteur il vit et travail à Saint-Sauveur en Puisaye. Depuis 1991, il a exposé partout dans le monde : en France, en Suisse, en Allemagne, aux Etats-Unis, en Chine, etc. « Inspiré par les atmosphères, la force ou la sérénité d’un lieu ou d’une situation, je cherche à peindre l’intraduisible, l’inexplicable, l’impalpable beauté de la vie, ce qu’on ne pourra jamais dire avec des mots. » www.vincentmagni.com



La revue

Ce qui reste Ralentir poème Un poème est un pont jeté en travers du temps Jean-Michel Maulpoix

Prendre le temps de lire un poème est un acte de résistance libérateur, une manière de rester dans l’instant présent, d’échapper à la fuite en avant permanente que nous impose le rythme de notre époque. C’est reprendre sa respiration avec l’inspiration des autres. La revue Ce qui reste, coéditée par Cécile A. Holdban et Sébastien de Cornuaud-Marcheteau, vous propose de marquer cette pause en vous faisant découvrir chaque semaine un auteur. La création n’étant pas que langage, la revue ouvre également son espace à des artistes plasticiens.

© Mai 2016 — Poèmes : Sophie Marie Van der Pas Peintures : Vincent Magni La revue Ce qui reste pour la présente édition www.cequireste.fr - revue.cequireste@gmail.com


Contraste

hier le calme savourait le soupir du soleil le chaos aujourd’hui s’enlise sous les cendres l’eau puisée à la source déverse ses larmes futiles tu sauves une brindille Sophie Marie Van der Pas Peintures de Vincent Magni

Ce

qui

reste


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