Florence Saint-Roch CĂŠcile A. Holdban
La nouvelle chute des graves
La nouvelle chute des graves Poème
Florence Saint-Roch Aquarelles
CĂŠcil e A. Holdban
Pour James
1. Parfois on se demande Si l’on fait bien de croire au ciel Vrai qu’il peut à tout moment Nous tomber sur la tête Comme le reste
Chute des corps simples Plume ou plomb Même poids à même vitesse On a beau dire Ça heurte l’esprit
2. Les nuages s’éboulent Le gris aujourd’hui S’écrase au sol
On voudrait juste Être un petit caillou Sur le bord d’un chemin Qu’il pleuve qu’il neige Ou qu’il vente On resterait là sagement Tout doux bien gentil Dans une attente polie
3. Surprises aléas déceptions On ne connaît pas toujours le nom De ce qui nous échoit Puisque la pesanteur impose sa loi On fait bloc on s’endurcit Grès basalte granit Bosses cahoteuses Têtes de pierre
On est comme ces pavés Qui regardent le ciel Souvent on s’allonge dans l’herbe Les yeux grand ouverts À l’affût de ce qui s’annonce là-haut
Masses d’air charge des nuages Comment dire l’impondérable
4. Tant de choses inattendues Venues d’on ne sait où Graves tombés sur la terre Dans un grand fracas Aérolithes imprévisibles Débris en fin de carrière Quand ça arrive On ne sait plus où se mettre Mots qu’on retient Questions muettes On attend que ça passe On fait le dos rond
5. Le vent se lève Avec lui se résout la poussière Mais la dispersion n’est pas pour nous Plantés côte à côte bout à bout On se serre les coudes On sait les voies impénétrables Les possibles coups du sort Malgré tout On forme un chemin
6. Sur la chaussée après l’averse Les bosses plus lisses plus brillantes Les pavés déclinent leur subtilité Café au lait chocolat caramel Nuances de rose et de violet On les dirait nés de la dernière pluie Comme nos pas l’un derrière l’autre Ils se commencent sans cesse De la rincée ils ont pris le meilleur Un cadeau du ciel en somme Leur nouveauté
Les auteurs
Florence Saint-Roch Florence Saint-Roch est née en 1965 à Saint-Omer, dans le Pas-de-Calais ; à ce jour, elle y vit et y travaille beaucoup. Et apparemment, cela lui plaît. Publications Hauts cris, Tarabuste 2013 Aimer, grand jour, Les Venterniers, 2014 Écrire un poème/ Lire le poème, James Sacré et Florence SaintRoch, Les Venterniers/La Main qui écrit, 2015 Ce que nous attendons du poète, La Main qui écrit, 2015 La poésie ne sert à rien, La Main qui écrit, 2016 D’en haut le jardin, Cahiers du Museur, 2016 Le Sens du vent, Tarabuste, 2016 Embarque, Les Venterniers, 2017
Prochaines publications Éclipses, Ed. Vincent Rougier, 2018 La Nouvelle chute des graves, Ce qui reste, 2018 En préparation : Rouge peau rouge, pour Tarabuste. En charge de la rubrique « Se mettre à la page » pour la revue Décharge Chroniques et articles pour Terre à ciel et Terres de femmes Responsabilité de L’épais des forêts, anthologie pour Terre à ciel, oct. 17 Publications en revue : N4728, Décharge, Terre à ciel, etc.
Cécile A. Holdban Hongroise d’origine, elle vit à Paris. Elle est coéditrice de la revue Ce qui reste depuis l’automne 2015. Elle est également plasticienne, pratique surtout l’aquarelle et l’encre, et participe à un certain nombre de livres d’artistes avec différents poètes et plasticiens. Bibliographie Ciel Passager, L’Échappée Belle, 2012 Un nid dans les ronces, La Part Commune, 2013 Poèmes d’après suivi de La Route de sel, Arfuyen, 2016 Une robe couleur de jour, La lune Bleue, 2016 Silence, Carnet sous la glycine, février 2017 Viens dans mon poème, éditions du petit flou L’été, Al Manar, mai 2017 Diverses traductions de poèmes et textes littéraires d’auteurs hongrois, américains et néo-zélandais, en revue et chez plusieurs éditeurs (Weöres, Karinthy, Mark Strand, Janet Frame, Dezső Kosztolányi...)
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Ralentir poème 1 Un poème est un pont jeté en travers du temps Jean-Michel Maulpoix
Prendre le temps de lire un poème est un acte de résistance libérateur, une manière de rester dans l’instant présent, d’échapper à la fuite en avant permanente que nous impose le rythme de notre époque. C’est reprendre sa respiration avec l’inspiration des autres. La revue Ce qui reste, coéditée par Cécile A. Holdban et Sébastien de Cornuaud-Marcheteau, vous propose de marquer cette pause en vous faisant découvrir chaque semaine un auteur et un artiste (peintre, graveur, sculpteur, photographe, mais aussi pourquoi pas, musicien, cinéastre, etc).
Ralentir travaux de René Char, Paul Éluard et André Breton, recueil de trente brefs poèmes précédés de trois préfaces, 1930, José Corti
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© Janvier 2018 — Poème de Florence Saint-Roch Aquarelles de Cécile A. Holdban La revue Ce qui reste pour la présente édition 16, chemin des Androns 33710 Bayon sur Gironde www.cequireste.fr — revue.cequireste@gmail.com Revue numérique hebdomadaire - ISSN 2497-2363
« On est comme ces pavés Qui regardent le ciel Souvent on s’allonge dans l’herbe Les yeux grand ouverts À l’affût de ce qui s’annonce là-haut » Poè m e de Fl ore n ce Saint-Roc h Aq u are ll e s de Cé c ile A. Holban