"La Tombe du Quaker à Nantucket" suivi e "Ulysse et Circé" et "Epilogue" - Robert Lowell

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Robert Lowell

La

tombe du Q uaker à N antucket suivi de

Ulysse et Circé Épilogue Traduit de l’américain par Thierry Gillybœuf

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Robert Lowell

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tombe du Q uaker à N antucket suivi de

Ulysse et Circé Épilogue Traduit de l’américain par Thierry Gillybœuf

Cette publication marque l'exact centenaire de Robert Lowell, l'un des plus grand poètes anglophones du XXème siècle dont se réclament nombre de poètes anglais et américains. Son œuvre reste encore méconnue en France.

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La Tombe du Quaker à Nantucket



[POUR WARREN WINSLOW, MORT EN MER] Que l’homme domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur le bétail, sur toute la terre, et sur tous les reptiles qui rampent sur la terre.



I Un banc de sable saumâtre au large de Madaket – La mer continuait de se briser violemment et la nuit était Entrée à toute vapeur dans notre Flotte de l’Atlantique Nord, Quand le marin noyé agrippa la seine. Sa tête ébouriffée Et ses pieds de marbre projetaient de la lumière, Il s’accrochait au filet Avec ses muscles cruraux torsadés de sauteur de haies : Il n’y avait plus de sang dans le cadavre, un gâchis de rouges et de blancs, Ses yeux ouverts, fixes Étaient des contre-sabords vitreux Ou des hublots de cabine sur une épave échouée Pleine de sable. Nous lestons le corps, refermons Ses yeux et le traînons vers le large d’où il est venu, Où le squale à tête de carène lui écorche le nez Sur le vide et le front d’Achab, et le nom Est bloqué dans la craie jaune. Marins, qui jetez ce présage à la mer Où les cuirassés confesseront


Sa déité endiablée, Quand vous êtes impuissants à renforcer Avec des sacs de sable ce rempart atlantique, faisant face À l’immensité, verte, inlassable et chaste Dans ses écailles d’acier : n’attendez pas de luth orphique Pour remorquer la vie. Les canons de la flotte cuirassée Reculent avant de s’égosiller À répéter leur salut.

II Chaque fois que les vents soufflent et se soulèvent Devant les remparts entourés de cordes de cette jetée, Les sternes et les mouettes tremblent devant ta mort Dans ces eaux familières. Marin, entends-tu Les ailes marines du Pequod, claquant côté terre, retomber La tête la première et se briser sur notre mur atlantique Au large de Sconset, où les bateaux de classe S éclaboussent La bouée à cloche, en faisant une embardée, avec des spis gonflés, Tandis que la grand’écoute emmêlée et grinçante libère Les palans : au large de Madaket, où les lourdauds fouettent Le lourd ressac et jettent leurs longs calamars de plomb À la recherche de tassergal ? Les mouettes clignent leurs lourdes paupières Vers le large. Les ailes du vent viennent frapper sur les pierres,


Cousin, elles crient après toi et les griffes se ruent Sur la gorge de la mer qu’elles tordent dans la gadoue De cette vieille tombe de Quaker où les os, Dans la longue nuit, réclament la bête blessée Flottant près des baleinières d’Achab à l’Est.

III Tout ce qui fut repêché de toi, repris à Poséidon, est mort Avec toi, mon cousin, et l’océan hersé Est stérile sur la barbe bleue du dieu, Qui nous dépasse et se déploie jusqu’aux châteaux en Espagne, Le port de Nantucket à l’ouest. Jusqu’au Cap Cod Les canons, bercés sur le ressac, Détruisent les zostères autour d’une clepsydre De sentine et de remous, troublent le sel et le sable En cinglant l’échafaudage de la terre, ballotent Nos navires de guerre dans la main Du grand Dieu, où la contrition du temps dilapide Tout ce qu’ont perdu ces marins quakers Dans la folle mêlée de leurs vies. Ils sont morts Quand le temps avait les yeux ouverts, Qu’il était en bois et puéril ; seuls les os demeurent Dans ce néant, où leurs bateaux furent lancés


Jusqu’au ciel, où les marins avaient vent de légendes Sur IL EST, le monstre blanchi. Ce que cela leur a coûté, C’est leur secret. Dans la nappe d’huile du cachalot Je vois les Quakers se noyer et j’entends leur cri : “Si Dieu Lui-même n’a pas été de notre côté, Si Dieu Lui-même n’a pas été de notre côté, Quand l’Atlantique s’est dressé contre nous, alors Il nous a engloutis bien vite.”

IV C’est la fin de la route de la baleine et de la baleine Qui a recraché les os de Nantucket sur la houle rossée Et fait tourbillonner les eaux troubles Pour envoyer le Pequod au diable : C’est la fin de ces hommes aux trois quarts fous, S’accrochant à un semblant d’espoir pour voguer Toujours plus au large sur la baleine en fuite, Soufflant du sang et de l’eau en roulant, Malade comme un chien, vers ces bancs de sable atlantiques : Clamavimus, Ô abîmes. Que les mouettes pleurent Pour de l’eau, pour l’océan où la marée haute Marmonne à son être blessé, marmonne et reflue. Les vagues se vautrent dans leur clapotis, s’éloignent


Et ne laissent que le cliquetis de mort des crabes, La plage s’accroissant, son énorme museau Tétant au flanc de l’océan. C’est la fin de la course sur les flots ; Nous sommes déversés comme de l’eau. Qui fera danser Le maître des Léviathans cinglé par les mâts Depuis ce champ de Quakers dans leurs tombes sans stèles ?


V Quand les viscères de la baleine disparaîtront et que le roulis De sa corruption envahira ce monde Par-delà Nantucket, Woods Hole et Martha’s Vineyard, Aux arbres battus par le vent, Marin, ton épée Va-t-elle siffler, s’abattre et sombrer dans la graisse ? Dans la grande fosse de Josaphat Les os réclament le sang de la baleine blanche, Les barbillons de graisse s’arquent et claquent autour de ses oreilles, La lance mortelle baratte dans le sanctuaire, déchire L’écangue bleu de canon, se soulevant comme un fléau, Et taillade la vie torsadée : elle travaille, tire Et met en pièces le diaphragme du cachalot, De petits morceaux de blanc de baleine s’éparpillent au vent, Marin, et les mouettes tournent autour des moignons de membrures Là où les étoiles du matin chantent ensemble, Où le tonnerre ébranle les blancs embruns et démembre La bannière rouge fichée sur la tête de mât. Cache Notre fer, Jonas Messias, dans Ton flanc.



VI NOTRE DAME DE WALSINGHAM Là, jadis, les pénitents retiraient leurs chaussures Avant de parcourir pieds nus le dernier mile ; Et les petits arbres, une rivière et des haies défilent Lentement le long de la route anglaise en mâchonnant, Comme des vaches vers l’ancien autel, jusqu’à ce qu’on perde La trace de sa douleur gravative. La rivière coule sous l’arbre druidique, Les tourbillons de Siloé gargouillent et réjouissent Le château de Dieu. Marin, tu étais content Et sifflotait Sion près de cette rivière. Mais regarde : Notre Dame, trop petite pour son dais, Est assise près de l’autel. Il n’y a absolument Aucune grâce ni aucun charme dans ce visage Inexpressif aux lourdes paupières. Comme avant, Ce visage, un souvenir depuis des siècles, Non est species, neque decor, Inexpressif, exprime Dieu : il dépasse Les châteaux de Sion. Elle sait ce que Dieu sait, Pas la Croix du Calvaire, ni la crèche à Bethléem À présent, et le monde viendra à Walshingham.


VII Les vents vides grincent et le chêne Gicle encore et encore sur le cénotaphe, Les rameaux tremblent et un espar Flotte sur le coup prématuré Des remous graissés explosant sur la cloche d’un écueil Dans l’ancienne embouchure de l’Atlantique. C’est bien ; Atlantique, tu es pollué par les marins bleus, Les monstres marins, les anges ascendants, les poissons descendants : Jadis salle des ventes célibataire, corrosive Et étique de hautains clippers ailés, Atlantique, à l’endroit où ton piège à cloche vide son butin Tu pouvais tailler les vents saumâtres avec un couteau, Ici, à Nantucket, et rejeter le temps Quand le Seigneur Dieu façonna l’homme avec le limon de la mer Et insuffla dans son visage le souffle de la vie, Et que les déferlantes aux poumons bleus avançaient jusqu’à la mise à mort. Le Seigneur survit à l’arc-en-ciel de Sa volonté.



ULYSSE ET CIRCÉ


I Dix ans avant Troie, dix ans avant Circé – les choses se changèrent dans les noms qu’il leur donna, avant de perdre leurs noms : Myrmidons, Spartiates, soldats du féroce Ulysse… Pourquoi devrais-je raviver son illustre chagrin ? Il a eu sa part, il a eu l’idée de construire le cheval de bois aussi grand qu’une maison, et mis fin à la guerre de dix ans. “Par la force de la ruse”, dit-il, “j’ai fait ce que ni Diogène, ni Achille fils de Thétis, ni les Grecs et leurs mille navires… j’ai détruit Troie”.


II Qu’y a-t-il de plus conjugal que de se réveiller à cinq heures avec le soleil et trois heures de libres ? Il voit le fleuve brun-bleuâtre familier qui pendille à son avant-bras lisse et jeune, avant de s’entrecroiser. Le soleil se lève, rouge feu de joie, crépitant faiblement dans les branches inférieures – qui mange comme une sauterelle et laisse l’arbre entier. D’ici une dizaine de minutes peut-être ou quand il se réveillera à nouveau, le soleil sera blanc comme presque toujours, qui change monotone la nuit en jour, lui-même immuable, dans la guerre ou la paix. Les persiennes projettent des raies de lumière, des raies d’ombre, mais ces dernières l’emportent sur la sincérité de son lit sybaritique. Elle est couchée contre lui, délicieuse bûche assoupie. Elle dit : “On m’a raconté tant de choses merveilleuses – je dors depuis si longtemps, je ne puis répondre”.


III Oh ! puisse le matin venir sans le jour – au lit, éveillé, il redoute les domestiques, les assauts de courtoisie de leurs voix sauvages et empressées. Cela échappe à tout contrôle… son palais exotique filé en cercles où nul Grec sobre ne peut naviguer. Il a peur que les animaux gras et geignards qui enterrent de la viande mâchée sous ses fenêtres ne soient qu’humains et ne réclament sa place d’honneur dans son lit. Son cœur se serre dans sa gorge ; ce n’est qu’un mal de l’esprit, le crépuscule du petit matin… “Pourquoi suis-je mon propre fugitif, parce que sa beauté m’a fait me sentir pareil aux autres hommes ?”


IV Elle est debout, ses cheveux aussi emmêlés et tortueux que son cœur. Ils parlent comme deux invités qui attendent que l’autre quitte la maison – son harmonie hybride de l’irréconciliable. Ici, son choix délaissé devient nécessité ; la compassion est terreur, nul schisme ne peut lézarder l’impitoyable franchise de son caractère conciliant. Ses yeux exorbités hypnotisent ses compagnons, les animaux attardés. Ils ne parviennent pas à rester éveillés et n’ont pas d’horaire, comme des dégénérés absorbant le jour et l’exsudant dans une soumission hystérique.


Jeune, il fit des choix stratégiques ; à l’âge mûr il accepte sa vie improbable à venir ; il mourra comme les autres selon la volonté des dieux, noyant son ultime équipage dans l’océan inexploré, à la recherche du monde inhabité par-delà le soleil, perdu dans la rudesse tumultueuse d’un grand vent. Sur la petite île de Circé, l’exiguïté l’a fait grandir – à force de bassesse, il s’est élevé pour s’adapter à la maison. Rien ne lui convient dans sa pauvre vie de mythe. Le lotus porte en lui une nostalgie des duels sans quartier qu’il détestait ; mais elle n’est que là où elle est. Elle parle une langue que pimente l’argot flétri d’une génération plus jeune que la sienne – désormais le patois de l’île. Sa pleine saison s’en repart avec elle ; les superbes filles qu’elle connaissait


sont toujours ses meilleurs amies, leur réputation perdue comme celle d’Hélène, sauvée par sa grâce. Elle est de celles qui taillent dans le vif – ses rebuts gisent à même le sol, l’inutilisé, le mésusé, vareuses et insignes, la bête décapitée. Elle veut que sa maison soit de guingois – a conservé les clefs des serrures perdues, les portraits non identifiables, les choses mortes enveloppées dans du papier couleur poussière… les vapeurs du vin avant la querelle. De petites plaisanteries laissent de durables brûlures – l’air dans le grand salon frémit dans les solives grinçant à cause d’un millier d’insectes ; bien qu’on soit au cœur de l’automne, le moment où les insectes meurent instantanément comme on l’attendrait d’un ami.


Alors qu’il regagne son navire, un arbre solitaire perd soudain la moitié de ses feuilles ; elles restent vertes sur le sol. Les autres arbres tiennent bon. Dans un jour ou deux, leurs feuilles tomberont elles aussi, comme ses compagnons salies par leur hésitation marron avant l’heure.


V “Surnageant longtemps et touchant souvent le fond à la grande lumière verte de la mer j’ai trouvé mon épuisement la lumière du monde. La terre n’est pas la terre si mes yeux se posent sur la lune, sa ressemblance prise dans l’instant précis de la vacuité – sournoise, ouverte à tous les hommes, infidèle. Après tant de millénaires, Circé, es-tu lasse de changer les porcs en porcs ? Comment puis-je te donner du plaisir si je ne suis pas un homme ?


Mes os sont à nu à force de survivre – moi qui espérais quitter la terre plus jeune qu’à mon arrivée. L’âge est la sentine que nous ne pouvons repousser avec le faubert. L’âge marche sur nos visages – au bout du tunnel, si l’on peut croire à la foi, notre chair se fera plus légère”.


VI PÉNÉLOPE Ulysse décrit des cercles – ni la faiblesse de son fils, ni la passion pour sa femme, qui aurait pu l’aider, ne l’ont retenu. Elle ne voit aucun exploit dans sa fuite ou dans son retour – dix ans dans un sens, dix dans l’autre. À pied et visible il rentre chez lui par le Long Embarcadère. Personne à Ithaque ne le reconnaît, mais on le remarque beaucoup trop. Ses genoux courent plus vite que ses pieds, sa bouche réprimée est bouffie, ses yeux qui ont vu du pays sont accueillants. Il cherche son phare, jadis d’un blanc si agressif – un amer, à présent une marina. Qu’il était pâle, qu’il avait l’air malheureux vingt ans plus tôt,


même à la veille de son embarquement et du carnaval de gloire, quand il séduisit Pénélope qui dansa jusqu’à s’évanouir dans ses bras. Le risque était son métier*. Sa route poussiéreuse et ensoleillée le ramène désormais chez lui ; il l’imagine qui court vers lui dans sa chemise ardente pareille à un sac qu’elle portait pendant son dernier mois de grossesse. Ses yeux qui ne portaient pas de lunettes étaient des étoiles – un lapin acculé… Aujourd’hui sa demeure est plus conviviale et condescendante ; elle est à la maison, bien entourée, son fils, les amis de son fils, les amants – le chaos habituel du bien-être, santé et richesse en atours clinquants – seule l’infirmité pourrait justifier la difformité… Il a vu le monde connu, la médiocrité et les fanaux des hommes ; la fougue de son pèlerinage s’arroge le poids et la gravité d’être en vie.


Il pénètre dans la maison, les yeux clos, la bouche flasque. Le lit conjugal n’est qu’à un pas ; il prend par erreur une fille pour sa mère. Ce n’est pas surprenant. Les hommes le délogent – un animal stupide mais méchant. Il est dehors ; ses mains importunes sont maladroites, elles disent je t’aime à travers la fenêtre close. À quarante ans, elle est encore la plus belle poitrine de la salle. Il la regarde, elle le regarde qui l’admire, puis se tourne vers les prétendants – sachant que l’art mensonger de la divine Minerve ne le rendra pas aussi l'invincible qu’il était, il y a une vie de cela, ni aussi jeune… Volte-face – il décrit des cercles comme un requin visible derrière la fenêtre – la chair fougueuse, les yeux endoloris, fier de ses cicatrices,


un assassin par vocation dans le machisme de la sénilité, savourant l’apogée du massacre – fendant l’eau pour détruire son sillage. Il est démesuré. Pour ses prétendants, il est Tom, Dick ou Harry – ses branchies sont plissées et alignées – évents contre-nature refermés par un seul et même levier comme des cellules dans une prison – dix ans en arrière et dix en avant.




ÉPILOGUE



Ces structures bénies, intrigue et rime – pourquoi ne me sont-elles d’aucune aide maintenant que je veux faire quelque chose relevant de l’imaginaire, pas du souvenir ? J’entends le bruit de ma propre voix : La vision du peintre n’est pas une lentille, elle tremble de caresser la lumière. Mais parfois tout ce que j’écris avec l’art rebattu de mon œil semble un instantané, effroyable, rapide, criard, groupé, rehaussé par la vie, mais paralysé par le fait. Tout est mésalliance. Alors pourquoi ne pas dire ce qui est arrivé ? Prie pour la grâce de la précision que Vermeer donna à l’illumination du soleil qui s’éloigne comme la marée sur une carte vers sa fille à la langueur massive. Nous sommes de pauvres faits passagers, ce qui nous incite à donner à chaque personne sur la photographie son nom vivant.



Table des illustrations En couverture Alfred Edmund Brehm, La vie des animaux illustrée : description populaire du règne animal, Édition de l'Institut bibliographique, Leipzig, 1883 (source Wikipédia). Pages 13 et 15 Histoire naturelle de Lacépède, Éditions Jouvet et Cie, Paris, 1876. Page 42 Else Dorfman, Robert Lowell at the Grolier Bookshop in Harvard Square in the 1960s (source Wikipédia).



L’auteur


Robert Lowell Robert Traill Spence Lowell est né le 1er mars 1917 à Boston, fils d’un officier de marine et appartenant à une éminente famille dont les racines plongent jusqu’aux Pilgrim Fathers. Il entreprend des études à Harvard, qu’il interrompt, et se convertit au catholicisme. Objecteur de conscience pendant la Seconde guerre mondiale, il sert plusieurs mois dans une prison du Connecticut. Par la suite, il sera un virulent opposant à la guerre contre le Vietnam. En 1940, il épouse la romancière Jean Stafford (1915-1979), dont il divorce en 1948, et épouse l’année suivante la romancière et critique Elizabeth Hardwick (1916-2007), dont il aura une fille, Harriet, née en 1957. Maniacodépressif, il effectue de nombreux séjours en hôpital psychiatrique. Il est l’auteur d’une douzaine de recueils, dont Lord Weary’s Castle, qui lui vaut le prix Pulitzer de poésie en 1947 et The Dolphin, qui lui vaut un second prix Pulitzer en 1974.


“The Quaker Graveyard in Nantucket” est extrait de Lord Weary’s Castle ; “Ulysses and Circe” et “Epilogue” sont extraits de Day by Day (1977), dernier recueil publié de son vivant. Robert Lowell meurt dans un taxi à New York le 12 septembre 1977. Un seul de ses recueils a été traduit en français, il y a près de cinquante ans.


La revue Ce qui reste RALENTIR POÈME Un poème est un pont jeté en travers du temps Jean-Michel Maulpoix

Prendre le temps de lire un poème est un acte de résistance libérateur, une manière de rester dans l’instant présent, d’échapper à la fuite en avant permanente que nous impose le rythme de notre époque. C’est reprendre sa respiration avec l’inspiration des autres. La revue Ce qui reste, coéditée par Cécile A. Holdban et Sébastien de Cornuaud-Marcheteau, vous propose de marquer cette pause en vous faisant découvrir chaque semaine un auteur. La création n’étant pas que langage, la revue ouvre également son espace à des artistes plasticiens.


© Mars 2017 — Poèmes de Robert Lowell “The Quaker Graveyard in Nantucket”, Lord Weary’s Castle, Harcourt Brace, 1946 “Ulysses and Circe” et “Epilogue”, Day by Day, Farrar, Straus and Giroux, 1978 Traductions de Thierry Gillybœuf La revue Ce qui reste pour la présente édition 16, chemin des Androns 33710 Bayon sur Gironde www.cequireste.fr — revue.cequireste@gmail.com Revue numérique hebdomadaire - ISSN 2497-2363


« Les vagues se vautrent dans leur clapotis, s’éloignent Et ne laissent que le cliquetis de mort des crabes, La plage s’accroissant, son énorme museau Tétant au flanc de l’océan. C’est la fin de la course sur les flots ; Nous sommes déversés comme de l’eau. Qui fera danser Le maître des Léviathans cinglé par les mâts Depuis ce champ de Quakers dans leurs tombes sans stèles ? » Robert Lowell Ce

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